compte-rendu de l`événement
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compte-rendu de l`événement
Compte-rendu « Entreprises et Droits de l’enfant : agir tout au long de sa chaîne de valeur » Le jeudi 16 juin 2016 dans les locaux de PwC France & Afrique francophone Le Global Compact France, en partenariat avec l’UNICEF France, organisait une journée d’étude « Entreprises et Droits de l’enfant : agir tout au long de sa chaîne de valeur ». Cet événement était accueilli et modéré par PwC. Sylvain Lambert, associé Développement Durable à PwC a ouvert l’évènement en parlant de l’évolution du contexte réglementaire en matière de responsabilité sociétale mais et de son aspect moral notamment concernant le Droit des enfants. Rémi Vallet, Responsable Partenariats/Philanthropie pour l’UNICEF France a rappelé le cadre de référence proposé par l’UNICEF que sont les Droits de l’Enfant et Principes régissant les entreprises mis au point par l’UN Global Compact, l’Unicef. Des entreprises de tous secteurs étaient présentes pour mieux comprendre au-delà du travail des enfants, les impacts et les rôles des parties prenantes. Atelier participatif : « Entreprises et Droits de l’enfant : agir tout au long de sa chaîne de valeur » Subajini Jayasekaran, CSR manager à l’UNICEF (Genève) a d’abord rappelé la définition d’un enfant puis a interrogé la salle afin de déterminer en quoi la question du droit des enfants relève du champ de l’entreprise. En effet, 1/3 de la population mondiale sont des enfants soit 2,2 milliards d’enfants dont on estime que 6,8% subissent du travail forcé. Au-delà du travail des enfants, les enjeux de droit à la santé, à un environnement sain, mais aussi les questions d’éducation, de lutte contre l’exploitation sexuelle, de protection de la maternité ont été évoqués comme partie intégrante des Droits de l’Enfant. Subajini Jayasekaran a ensuite présenté les 10 Principes des Droits de l’Enfant et Principes régissant les entreprises, composés de 3 grands thèmes: lieu de travail, lieu de consommation et de marché et lien avec les communautés et l’environnement. Pour les entreprises cela signifie de se mettre à hauteur d’enfant et voir les choses dans leur perspective afin de mieux prendre en compte leurs besoins dans ses activités. Subajini Jayasekaran a par la suite évoqué le lien réel et patent entre Droits des enfants et les chaines mondiales d’approvisionnement. La parole a ensuite été donnée à 3 entreprises de secteurs différents afin de proposer un retour d’expériences opérationnel sur le sujet. Communication et marketing responsables du pôle médias de Lagardère Céline Durand-Girard, Directrice des relations institutionnelles et des affaires réglementaires de Lagardère Active a présenté la politique du groupe en faveur du Droit des enfants notamment à travers l’engagement des chaînes jeunesse du groupe Gulli, Tiji et Canal J. Au travers de ces chaînes télévisées, Lagardère endosse la responsabilité de protéger les jeunes publics en proposant des contenus exemplaires et adaptés aux enfants. Pour ce faire, Lagardère possède deux comités d’éthique pour les chaînes Gulli et Tiji composés d’experts externes à l’entreprise qui garantissent ainsi leur autonomie. Le groupe Lagardère, outre la conformité des programmes (avec le CSA), prend l’engagement de proposer des contenus accessibles et sécurisés à tous âges et sur tous supports (tablettes, ordinateur…). Le groupe Lagardère s’efforce de préserver les enfants de la pression des annonceurs dans ses coupures publicitaires, en particulier en ce qui concerne l’alimentation. Lagardère est par ailleurs signataire de la charte alimentaire (« manger-bouger ») et diffuse massivement les messages en faveur d’une alimentation équilibrée sur ses antennes. Lagardère enfin a noué plusieurs partenariats, notamment avec l’Unicef, et promeut la journée internationale des Droits de l’enfant le 20 novembre au sein de ses médias jeunesse (jeparledemesdroits.fr). Actions concrètes de Sanofi en matière de Droit des enfants et de reporting 2 Laurent Lhopitallier, Directeur Axes Stratégiques RSE de Sanofi, a rappelé l’implantation privilégiée du groupe dans les pays émergents et a fait le lien entre les Principes Droits de l’Homme et Entreprises (Principes de Ruggie) et ceux des Droits de l’Enfant. Ceux-ci sont une préoccupation et un acteur intégré dans tous les codes de conduite de Sanofi, qui, notamment, a développé un guide sur les Droits de l’Homme et de l’enfant, notamment sur le cycle de vie du médicament. Pour s’assurer du déploiement de cette politique, des formations à l’audit interne ont été développées. De par son cœur de métier, Sanofi est particulièrement vigilant dans le domaine des Droits de l’enfant / Droit à la santé notamment en ce qui concerne les essais cliniques, pour lesquels évidemment le défi est de tester les solutions sur des enfants. En effet, les médicaments adultes en doses adaptées aux enfants ne fonctionnent pas nécessairement. Afin d’ancrer des initiatives dans une approche business tout en démontrant un engagement responsable Sanofi a expliqué produire ponctuellement des médicaments sans brevet (ex. médicament contre le paludisme en 2007). Sanofi a également soulevé le problème de l’accueil de la jeunesse dans l’emploi, du don de médicaments, via la Fondation Sanofi, et surtout du marketing responsable vis-à-vis des enfants. Chaînes d’approvisionnement et Droits des enfants pour le Groupe Carrefour Carole de Montgolfier, Responsable RSE du Groupe Carrefour, a rappelé, que, dès les années 90, a lancé avec d’autres professionnels de la distribution l’Initiative Clause Sociale afin d’améliorer les impacts des audits sociaux chez les fournisseurs et sous-traitants en mutualisant les informations et les efforts en tant que regroupement de donneurs d’ordres, notamment pour favoriser les changements de pratiques chez les fournisseurs. Par ailleurs, dès les années 90, le groupe Carrefour a multiplié les projets avec les ONG locales et avec la FIDH afin de prévenir les atteintes aux Droits de l’Homme chez les fournisseurs et les sous-traitants. Sur la question spécifique des enfants ou des jeunes travailleurs, Carrefour a mis en place une démarche holistique. Par exemple en Chine, où plus de 250 millions de travailleurs migrants viennent des campagnes, un problème de malnutrition et d’enfants laissés à l’abandon a émergé. Pour essayer d’apporter des solutions, la Fondation Carrefour en partenariat avec le CCTF (China Children and Teenagers’ Foundation) a financé un projet visant à lutter contre la malnutrition et l’échec scolaire des enfants « laissés pour compte » en zone rurale, qui consiste à la création de 150 « Happy Centers » d'ici 2017 dans les régions les plus affectées. Toujours concernant la malnutrition des enfants, Carole de Montgolfier a rappelé l’engagement de la Fondation Carrefour avec la Coopérative pour la Nutrition Infantile (CONIN) auprès des banques alimentaires en Argentine. Grâce à la contribution de Carrefour, le programme CONIN a accompagné plus de 600 enfants, âgés de zéro à 5 ans. Enfin, la Fondation Carrefour est engagée en Roumanie en faveur de la scolarisation précoce des populations les plus démunies, et ce projet a été repris par le Gouvernement roumain. Méthodologies et cas pratiques La dernière partie de la journée s’est articulée autour de cas pratiques présentés par Subajini Jayasekaran et sur lesquels la salle a travaillé en petits groupes. Le premier cas pratique concernait les conséquences d’utilisation du cyanure sur des enfants dans une exploitation au Pérou ; le second cas pratique s’articulait autour de la responsabilité juridique d’une entreprise vis-à-vis de l’implication de l’un de ses employés impliqué dans une situation d’abus sexuel sur mineur lors d’un voyage d’affaires ; le troisième cas pratique a permis aux participants d’incarner toutes les parties prenantes dans un cas lié au secteur extractif en République Démocratique du Congo. Les travaux pratiques se sont achevés sur la présentation par l’UNICEF de politiques d’entreprises en faveur des Droits de l’Enfant. Conclusion Les discussions de la journée ont souligné la volonté des entreprises de trouver des solutions pratiques, en cohérence avec leurs business et leurs stratégies, pour faire avancer la prise en compte des Droits de l’enfant dans leur quotidien. La mise en place de partenariats, le partage d’informations et la mutualisation des efforts des parties prenantes apparaissent comme des leviers à mobiliser pour que les entreprises assument leurs responsabilités sur le sujet. Les entreprises doivent se mobiliser pour être exemplaires dans leurs opérations courantes sans pour autant venir en compensation des responsabilités du Pouvoir Public. Charlotte Frérot, Secrétaire générale du Global Compact France a clôt la journée en rappelant l’attachement du Global Compact aux Droits Humains ainsi qu’aux Droits de l’enfant et a appelé les membres du Global Compact France à devenir des « ambassadeurs des Droits de l’enfant » tout au long de leur chaine de valeur et dans toutes leurs activités, ce thème étant pour l’heure encore sous-évalué par les entreprises.