Les associations, lieux de qualification et de
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Les associations, lieux de qualification et de
Les associations, lieux de qualification et de développement des compétences On entend souvent cette phrase : « Les associations devraient être gérées comme des entreprises ! ».Out r equ’ el l evi entdeper sonnesquiméconnai ssentgénér al ement totalement la réalité de la vie associative, elle est particulièrement insupportable par sa pr oj ect i on surune f or me de modèl e uni que,comme sil ’ Ent r epr i se ét ai tpar f ai t e, ne générait aucun dysfonctionnement sociétal, ne créait pas de pollution, ne générait pasd’ exclusion, respectait parfaitement toutes les règles collectives. On a alors envie de répondre : « Et si les entreprises étaient gérées comme des associations ? ». Si on veut sortir de ces niveaux de débat du café du commerce et ces anathèmes réciproques, apprenons plutôt à reconnaître les spécificités propres de chaque type de structure et à mieux identifier les champs sur lesquels elles excellent de façon spéci f i que.C’ estl acondi t i ondebasedevér i t abl espar t enar i at s. De façon plus opérationnelle, on ne développera pas rapidement la reconnaissance descompét encesdével oppéesdansl e cadr e de l ’ engagementbénévol e –que ce soit au travers des démarches formelles mais associatives du « Passeport bénévole » ® que France Bénévolat lance ou au travers des démarches de Validation des Acquis de l ’ Expér i ence( VAE)- si les acteurs externes aux associations (employeurs, recruteurs, f or mat eur s,membr es des j ur ys VAE…) ne compr ennentpas mi eux l a nat ur e des activités développées dans les associations et les compétences associ ées etqu’ en particulier les activités bénévoles sont des situations de travail qualifiantes à part entière. Réciproquement les associations doivent mieux expliquer concrètement les activités qu’ el l esdével oppentetl eurmode de f onct i onnementà l ’ égar d de cesact eur spour lesquels le Monde associatif est souvent une nébuleuse un peu floue. Les associations sont souvent des organisations complexes, donc génèrent les mêmes types de compétences que les autres organisations On ne connaît généralement, des associations, que leur activité la plus apparente à l ’ égar d del eur susager sf i naux,mai son méconnaî t–pour reprendre une expression familière aux entreprises - le « back office »qu’ el l esgénèr ent .Pour prendre quelques exempl espar mid’ aut r eset volontairement diversifiées : distribuer plusieurs centaines de repas chaud, le soir et dehors, nécessitent des compétences de logistiques extraordinairement pointues ; emmenerdescent ai nesd’ enf ant sà l a merdansdescondi t i onsde sécur i t é et d’ accuei l nécessite bien sûr beaucoup d’ engagement af f ect i fmai s aussiun savoir faire ancré dans des pratiques professionnelles ; or gani ser un f est i val d’ ét é ou un concer t spéci f i quement ouver t à des handi capés est beaucoup pl us compl i qué que l ’ or gani sat i on d’ un spectacle classique dans une salle fermée ; or gani ser une r encont r e spor t i ve ent r e des ét udi ant s des pays de l ’ Uni on Européenne nécessite des compétences sur des champs très diversifiées : transports, hôtellerie, accueil, sports, gestion de budgets, dr oi t … êt r eàl ’ écout edeper sonnesen déshér enceett r ouverl esbonnesf i l i èr espour les aider à entrer dans un cercle positif nécessite des savoirs faire sociaux et dessavoi r sf ai r et echni quessurdemul t i pl esr egi st r es… … On peut dire à travers ces exemples qu’ onr et r ouvel esmêmest ypesdecompét ences mi sesenœuvr eoudével oppées,quelquesoi tl et yped’ or gani sat i on,pouraut antque cette organisation est dynamique : gestion de projets, logistique, gestion de budgets, écout edesper sonnes… Dominique THIERRY, août 2007 page1 Les associations, lieux de qualification et de développement des compétences Les associations génèrent des compétences spécifiques Mais au-delà de ces compétences transversales universelles, on peut identifier des types de compétences qui sont prioritairement générées dans le fonctionnement associatif. Ce qui nous semble particulièrement intéressant , c’ est que ces compét encesi nt ér essentf or t ementl ’ Ent r epr i se. La r econnai ssance de cet t e spéci f i cité peut évidemment constituer un préalable à la constitution de véritables partenariats, c'est-à-dire égalitaires : 1) Lesassoci at i ons,l i eu d’ i nnovat i ons C’ est l e const at l e pl us i mmédi at pour ceux quiaccept ent de pénét r er l a vi e associative, surtout pour les équipes de France Bénévolat qui ont la chance de r encont r er de mul t i pl es associ at i ons. On est f r appé par l ’ ext r aor di nai r e capaci t é d’ i nnovat i ons,àl af oi ssurl esobj et sassoci at i f squesurl eurmi seenœuvr e.Bien sûr cescompét encesd’ i nnovat i onspar t entd’ abor d de la motivation etl ’ engagement des dirigeants associatifs, mais il y aurait matière à analyser de façon plus approfondie les ingrédients subtils decesmécani smesd’ i nnovat i ons. On peut même affirmer que le Monde Associatif constitue le premier lieu de recherche/développement pour répondre à une demande sociale implicite et mal expr i mée,avantd’ al l erensui t ever sdesdémar chesmar chandes plus classiques. Les exempl es de cet t e nat ur e sontl égi on.Ci t ons à t i t r e d’ exempl es: les services à la personne portés pendant plusieurs décennies par le seul secteur associatif ; les di sposi t i f sd’ accompagnementà l a cr éat i on d’ ent r epr i sesi ni t i ésau début des années 1980 pardes mi l i t ant s associ at i f s connai ssantbi en l ’ Ent r epr i se ( l es soci ol ogues l es qualifieraient de « marginaux sécants » !) ; une large part des méthodes personnalisées d’ accompagnementdesdemandeur sd’ empl oi; les démarches innovantes de l apédagogi edesadul t es… 2) l ’ appr ent i ssage à t ravai l l er en équi pe et à f onct i onner de f açon collective Si bien sûrl ’ Ent r epr i se essai e de f onct i onnerde f açon col l ect i ve etsil a not i on de management participatif a pris progressivement le pas sur le management aut ocr at i que,l ef onct i onnementassoci at i festparnat ur ecol l ect i f … oui ln’ estpas! Le f ai tassoci at i f ,c’ est«faire Société ensemble » surun Pr oj etpar t agé.Loi n d’ af f i r mer que toutes les associations sont des modèles de démocratie, on peut constater que celles qui se sclérosent et qui finalement meurent sont très fréquemment des associations où le pouvoir a été progressivement accaparé au détriment de démarches de consensus collectif, de participation des différentes parties prenantes et de délégation. Ce qui apparaît souvent comme lent et lourd, parfois irritant, pour desper sonnesayantl ’ expér i ence de l ’ ent r epr i se esten f ai tun f onct i onnementà l a japonaise, où le temps apparemment perdu dans la préparation de la décision sera du tempsgagnédanssami seenœuvr e. 3) l ’ appr ent i ssage à ani merdeséqui pesde bénévoles sans hiérarchie formelle (absence de liens de subordination et autorité de compétences) C’ estun cor ol l ai r e du poi ntpr écédent ,mai sessent i el l ementdansl ef onct i onnement de terrain des équipes de base, prioritairement pour ce qui concerne les bénévoles. L’ absence du l i en de subor di nat i on,qui lui caractérise fondamentalement le contrat det r avai l ,changer adi cal ementl ar el at i on dansl ecasdesbénévol es.I ln’ yapl usun employeur qui, finalement, décide et impose, même si le management est participatif. Il y a une personne qui décide, de son propre choix et sans aucune autre obligation que de répondre à ses motivations, de donner son temps. La relation ne peutêt r e qu’ équilibrée dans des règles du jeu claires, transparentes et réciproques, al or s que dans l e cont r atde t r avai l ,quel s que soi entl e degr é d’ i mpl i cat i on etl a qualité de la relation, cette dernière reste en dernier ressort déséquilibrée au bénéfice del ’ empl oyeur. Dominique THIERRY, août 2007 page2 Les associations, lieux de qualification et de développement des compétences C’ estl ar ai son pourl aquel l ei lestbeaucoup pl usdi f f i ci l ed’ ani merdesbénévol esque de manager des salariés ; cette animation ne peut être que participative et consensuel l e et en der ni er r essor t ,i ly a t ouj our s nécessi t é d’ un mi ni mum de charisme de l a par tde l ’ ani mat eur .C’ estévi demmentl e pr oj etcol l ect i f ,i nscr i tdans le Projet Associatif, qui fait ciment de cette relation par nature subtile. Quand on sait animer des bénévoles, on sait par définition animer des salariés, car qui peut le plus peut le moins ! 4) l ’ ef f i caci t édansdesor gani sat i ons« floues » Par l ons cl ai r ,l ef onct i onnementassoci at i fetl ’ or gani sat i on ne sontpas «toujours parfaitement rationnels ». Parfois il y a même des progrès significatifs à faire, même si ce qui peut apparaître comme un joyeux désordre est compensé par une motivation collective et le consensus interne. Mai s on ne peut ne pas const at er cet t e capaci t é de r éact i vi t é, d’ adapt at i on, de débrouillardise au quotidien, plus proches du fonctionnement des PME que des grandes organisations très rationnelles. Ces compétences de « savoir agir » dans des organisations pas totalement stabilisées sont les compétences recherchées par les ent r epr i ses cl assi ques dès qu’ el l es met t ent en pl ace des or gani sat i ons pl us décentraliséesouqu’ el l esencl enchentdespr ocessusdechangement s. 5) l ’ opt i mi sat i on desmoyensetla maîtrise de l ’ ef f i ci ence Pourr epr endr el a déf i ni t i on pr opr e des spéci al i st es de l ’ éval uat i on quidi st i nguent l ’ ef f i caci t é( capaci t éàt eni rl esobj ect i f sdéf i ni s) , de l ’ ef f i ci ence(capacité à optimiser l esmoyensmi sà sa di sposi t i on) ,on peutdi r e que gl obal ementl ’ Ent r epr i se estt r ès ef f i cace mai s peu ef f i ci ent e. L’ Ent r epr i se est même t er r i bl ement pr édat r i ce des ressources mises à sa disposition, en particulier des ressources naturelles et des ressources humaines. La définition même du développement durable, qui de façon heur euse etquiser a de pl usen pl usi ncont our nabl e, c’ estj ust ementl a capaci t éà gér er de f açon opt i mal e ses r essour ces, cer t ai ns par l ent d’ une gestion « raisonnable ». De ce point de vue, les associations ont une large avance sur les entreprises classiques, même si elles ne savent pas du tout évaluer leur efficience. Le « modèle économique » d’ uneassoci at i on,c’ estd’ abor d « une économie de bouts de ficelle où l ’ onappr endàf ai r edegr andeschosesavecdespet i t sr i ens» ! En conclusion, les associations sont bien des lieux qualifiants, parfois plus que les situations de travail plus classiques, parfois très déqualifiants. Il convient que le Monde Associatif en soit conscient sans complexe et sache mieux décrire ses activités et par voie de conséquence les compétences associées. D. Thierry Vice-président de France Bénévolat Août 2007 Dominique THIERRY, août 2007 page3 Les associations, lieux de qualification et de développement des compétences