Les pleurs - La malle aux infos

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Les pleurs - La malle aux infos
Les pleurs
« Les pleurs sont un fantastique moyen de communication enfant-parents. Dès la
naissance, ils disent tout ce que le bébé ressent et qu’il ne peut exprimer autrement : il a
faim, il a soif, il a chaud, il a mal, il se croit abandonné. »1En lisant cette phrase du
pédopsychiatre Marcel Ruffo, tout à l’air d’être tellement simple. Bien sûr, le décryptage de
ces pleurs va venir au fur et à mesure. Progressivement, l’adulte en saisit les différentes
subtilités, alors il pourra apporter une réponse adéquate au besoin de l’enfant.
La naissance des pleurs
Le moment de la naissance marque une rupture : dans le ventre maternel, le bébé a des
repères liés à son environnement spatial et sonore (notamment la voix de ses parents), aux
odeurs et aux saveurs qu’il expérimente et il est nourri sans arrêt. Quand il naît, il entre
dans un monde inconnu et il a besoin de se rassurer en retrouvant ses marques, en
particulier le contact et la voix de son père et de sa mère. Au cours des 3 premiers mois de
vie, le bébé dort beaucoup, mais se réveille souvent, la plupart du temps parce qu’il a faim.
Souvent, il crie à ce moment-là et se calme, rapidement, si on lui offre une tétée. La succion
est un acte réflexe chez le nouveau-né qui allie le plaisir au besoin de survie. Il peut téter ou
suçoter même s’il n’a pas grand faim. Les cris de faim sont stridents et intenses, ils
deviennent vite identifiables.
À cet âge, les expressions de malaise peuvent paraître très intenses, il crie et pleure sans
larmes. Ses canaux lacrymaux ne sont pas encore efficients car pas encore dilatés. Au fur
et à mesure, les adultes reconnaissent de mieux en mieux les nuances que le bébé met
dans ses cris : ceux de la faim ne ressemblent plus aux autres cris…
Les réponses de l’adulte ne peuvent pas être parfaites du premier coup. Il est nécessaire
de faire des ajustements incessants. Ce dernier va d’abord s’assurer que les besoins
physiologiques du bébé sont satisfaits (froid, faim…), puis il réconfortera si les pleurs
persistent. Ce sont ces tentatives d’adéquation qui sont importantes, elles marquent
l’attention que le parent porte à son enfant et son souhait de le réconforter.
À ce stade, le nécessaire échange que l’assistant maternel va avoir avec les parents pour
comprendre l’enfant, prend tout son sens. Préparer l’accueil de l’enfant et maintenir un
échange constant entre les parents et le professionnel va permettre de donner du sens aux
pleurs et de partager les réponses que chacun peut y apporter.
Pleurer pour s’exprimer
Chaque enfant est unique et pleure de manière différente. Il n’y a pas de règle. Il faut tenir
compte de l’âge et surtout du stade de développement. Le pleur n’est pas toujours une
souffrance, c’est le plus souvent un appel : « j’ai du mal à m’endormir », « j’ai faim », « je
suis mal à l’aise ».
Les bébés communiquent, d’abord, par le langage non verbal, par des sons, du babillage,
des mimiques, en fonction des capacités propres à leur âge. Les pleurs sont un recours
pour signaler un besoin. C’est alors à l’adulte de répondre à celui-ci de façon sensible :
avec chaleur, rapidité et cohérence. Dans la majorité des cas, les pleurs s’arrêtent quand le
1
Pourquoi bébé pleure ? Pr Marcel RUFFO, Hachette pratique, 2008
besoin (proximité, alimentation…) est satisfait. Cependant, il arrive que la réponse
habituelle ne fonctionne pas.
En effet, cela peut être pour lui, dans certaines situations, une façon de sortir son énergie,
de se délester d’un trop plein d’émotions ou de stimulations emmagasinées au cours de la
journée. Il est parfois difficile de se laisser aller doucement au sommeil selon ce que l’on a
vécu dans la journée (que l’on soit un adulte ou un enfant). Il n’est pas toujours évident de
comprendre la raison des pleurs, mais il faut faire confiance au bébé. Il ne pleure pas pour
rien. Les « pleurs de décharge » ont pour fonction de vider un trop-plein.
Accompagner les pleurs
S’il est important de laisser un enfant se libérer en pleurant, si c’est ce dont il a besoin,
celui-ci a aussi besoin d’être accompagné dans ses pleurs. Ce besoin d’expression
n’indique en aucun cas le besoin d’être laissé seul avec son ressenti. Il faut savoir que les
mesures physiologiques de l’état d’un bébé hurlant montrent un rythme cardiaque
accentué, un taux d’émission de cortisol élevé (hormone marqueur d’un stress accru). Au
contraire, la présence rassurante et sécurisante d’un adulte va les aider à réguler leurs
émotions.
Les tout-petits sont encore trop jeunes pour gérer eux-mêmes des états assez intenses
pour les faire pleurer et pour s’auto-apaiser. S’ils se calment d’eux-mêmes, ce n’est pas
parce qu’ils finissent par s’auto-réguler, mais parce qu’ils se sont résignés au fait que l’on
ne répondra pas à leur besoin. Ils apprennent à réprimer leurs émotions.
Une façon d’accompagner un bébé en pleurs de décharge est de le laisser pleurer dans
nos bras ou en portage, collé contre nous. Par contre, certains enfants ont besoin de
bouger dans ces moments-là. Il est alors possible de s’allonger à côté d’eux, en les laissant
rouler et gigoter comme ils en ont besoin, tout en posant une main sur leur dos. Les
contacts physiques ont un impact très fort chez le bébé et chez l’adulte, en faisant secréter
de l’ocytocine (hormone de la relaxation, de l’apaisement, du réconfort).
Ce n’est pas toujours facile et face à des pleurs continus, l’adulte peut être en difficulté.
Dans ce cas, il est important pour l’adulte de pouvoir évacuer ses tensions, lorsque « le
vase est trop plein ». Par exemple, s’isoler un court temps pour souffler, en laissant l’enfant
dans un cadre contenant (son lit avec coussin d’allaitement). Il n’y a pas de remède miracle
et chacun devra trouver la « solution » qui convient à la situation.
Cela peut être éprouvant pour l’adulte si le bébé pleure beaucoup ou fort. Mais il faut garder
à l’esprit que l’enfant est en pleine construction psychique. C’est en accompagnant l’enfant
de façon sensible dans ses pleurs qu’on lui montre qu’il a le droit de s’exprimer, qu’on lui
assure un soutien inconditionnel. Ce maternage va être intériorisé au fil du temps et va
permettre à l’enfant de grandir et de développer sa personnalité en toute confiance.
« Se préoccuper des cris, des pleurs et des colères du bébé et du jeune enfant s’avère
essentiel. »2
2
Les pleurs du bébé, de Marthe BARRACO-DE PINTO, éd. Philippe Duval, 2013