NEXTER-KMW Leclerc sur Leo II Les sociétés Nexter, ex

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NEXTER-KMW Leclerc sur Leo II Les sociétés Nexter, ex
NEXTER-KMW
Leclerc sur Leo II
Les sociétés Nexter, ex-Giat Industries, en France, et KMW (Krauss Maffei Wegmann), en Allemagne, sont
engagées dans des négociations devant mener à une fusion rapide.
Cela exigera une loi de privatisation en France, Nexter étant une entreprise détenue par l’Etat, tandis que KMW
est une entreprise familiale.
Les deux sociétés formeront une joint-venture détenue à 50% par chacune des parties, avec une «golden
share» pour l'Etat français lui permettant de protéger ses intérêts et les activités spécifiques telles que la mise au
point de systèmes d’armes ou la production de munition complexe (tel que les obus antichars à uranium enrichi .
Le CEO de Nexter, Philippe Burtin affirme qu’il y aura «maintien de la cohérence entre les systèmes et les
activités « munitions du groupe », permettant à Nexter de « préserver sa capacité à concevoir des systèmes
complexes au service des armées ». Reste la question des blindés, entre autres de la future génération de
MBT, puisque les garanties demandées par le gouvernement français ne concernent que l’Artillerie et les
munitions.
Mais alors que l'Etat français a reconnu qu'il possède des obus antichars à uranium appauvri, l’Allemagne, elle,
n'utilise pas d'armes, une première question se posera rapidement de savoir si la nouvelle entité NEXTER-KMW
maintiendra cette capacité de production située à Bourges (Cher – France).
L'idée d'une fusion circulait depuis près de dix ans.
Les discussions avaient été interrompues lorsque le gouvernement socialiste est arrivé au pouvoir en France,
mais ont été relancées par le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian au début de 2014.
La nouvelle entité souhaite clairement se positionner comme LE producteur de systèmes de combat terrestre en
Europe et concurrencer BAE à courte ou moyenne échéance. A sa création, le nouveau groupe franco-allemand
devrait constituer la troisième société sur les marchés internationaux de défense, derrière l’Américain General
Dynamics et le britannique BAE Systems, mais bien devant Rheinmetall, autre société avec qui une fusion de
KMW fut envisagée. Des partenariats industriels forts existant déjà, nous pouvons estimer qu’à l’orée des 5 ans,
alors que la fusion entre Nexter et KMW sera consommée, une approche sera engagée par ce dernier vers
Rheinmetall. En effet, la rationalisation de l’industrie de défense terrestre européenne que Laurent Collet-Billon
appelait de ses vœux, il y a trois ans, est une constante depuis deux ans et une inévitable conséquence de
l’intégration européenne.
Ce type de fusion (réorganisation) n'a pas été vu dans l'industrie depuis la création d’EADS en 1999 et MBDA en
2001.
La mise en place des process organisationnel et la gouvernance de la coentreprise mettra 9 mois (jusqu'à Avril
2015) à se mettre en place, et in fine, quatre à cinq ans pour que les deux groupes soient complétement
intégrés.
La société aura son siège aux Pays-Bas (on eut compris Bruxelles) avec un directoire co-présidé par un
Français et un Allemand, probablement Philippe Burtin et Frank Haun (PDG de KMW).
Le groupe ainsi créé représentera un chiffre d'affaires de 1,7 milliards d'euros et environ 6 000 employés. Les
deux entreprises ont commencé à informer leurs employés sur la fusion, en essayant de rassurer les craintes de
suppressions d'emplois. Il apparait évident pour tout observateur que les pertes d'emplois sont certaines,
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puisque les deux groupes sont presque identiques: mêmes unités de productions, ligne de produits similaires,
mêmes compétences industrielles, chiffre d'affaires proche.
Humour franco-allemand, l'opération de fusion a été surnommé KANT, pour "Krauss and Nexter together". C'est
assez ironique quand on sait qu’Emmanuel Kant a écrit, entre autres livres, un «projet de paix perpétuelle» ...
Nexter souhaite bénéficier du réseau commercial de KMW, qui est beaucoup plus développé que le sien. Nexter
vit principalement sur les commandes de l'armée française, avec des ventes inférieures aux coûts dans les
Émirats arabes unis.
Le carnet de commandes de KMW est, quant à lui, de 4 milliards €, soit deux fois celui de Nexter.
En raison de la réduction des budgets de défense, de la concurrence croissante (notamment sur les marchés
émergeant), le gouvernement français en est venu à penser que, en restant seul, Nexter était en promis au
déclin et, de facto, à la fermeture donc à la disparition d’une compétence industrielle de défense autonome pour
la France.
KMW espère bénéficier des technologies modernes de Nexter (en particulier les MBT, le Leo II étant pourtant
une référence), qui sont financés par les programmes de défense français. La privatisation doit être votée par les
députés français à la fin de 2014 ou au début de 2015, et Paris et Berlin devront s'entendre sur une licence
commune pour les exportations d'armes.
Bruxelles devra également approuver la fusion, mais les autorités au vu du faible niveau de concentration sur le
marché terrestre en Europe, Bruxelles ne devraient pas s’opposer au rapprochement.
Les entreprises répondront séparément aux appels d'offres jusqu'à la mise en place de la joint-venture.
Un rapport du ministère de la Défense français a récemment expliqué qu’après la difficile réorganisation de Giat
Industries en 2004, conduisant à de nombreuses pertes d'emplois et à la création de Nexter, l'entreprise a de
nouveau été fortement soutenu par l'Etat français, à travers le développement du canon Caesar et du véhicule
blindé Aravis, qui n'étaient initialement pas prévus dans la loi de programmation militaire (LPM).
Une des raisons qui ont conduit à l'achat de ces systèmes, quand Hervé Morin était ministre de la Défense, était
de soutenir l'activité du groupe. En effet, l’Aravis coûte 20% de plus que son concurrent allemand le "Dingo 2".
Mais tant les Aravis que le César furent et sont des succès à l'exportation, notamment en Arabie saoudite, qui a
acheté un peu moins de 200 Aravis (mieux équipés que la version française, ils auraient payé leur place à 1,7
millions d'euros par véhicule) et 76 canons Caesar.
Il est certain que cette fusion va également initier une réorganisation complète et une rationalisation de leur
« supply chain » respective. Nous devrions donc assister, au niveau de PME-PMI et de certaines ETI à une série
de fusions-acquisitions au niveau européen ou/et à une mise sur le marché de sociétés françaises et allemandes
ouvrant, à minima, leur capital à des fonds ou à des industries de pays émergeant désirant par ce biais combler
le gap technologique de leur BITD. On peut évidemment penser à l’Inde dont la BITD terrestre ne répond pas à
ses attentes en termes de plateformes complexes comme en témoigne le semi échec de l’Arjun.
Nous suggérons de veiller principalement le secteur terrestre français historiquement basé dans la région Centre
en France et en Bavière en Allemagne.
En complément de cet article nous recommandons pour une meilleur compréhension de l’évolution du
secteur terrestre européen la lecture de l'étude qu’Aude Fleurant qu'elle a coécrit avec Yannick Quéau
du Grip, en avril dernier et publiée à l'Ifri, titrée Quelles perspectives pour l'industrie européenne des
armements terrestres ?
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