Fender Stratocaster : la guitare absolument rock

Fender Stratocaster : la guitare
absolument rock
GENCOD : 9782324008276
PASSAGE CHOISI
PREMIÈRE PARTIE
HISTOIRE
QUEL PLAISIR de vivre à une époque où le bon vieux rock'n'roll semblait au premier plan
d'une révolution culturelle et qu'une guitare électrique solid-body, bien balancée, aux
caractéristiques novatrices, passait pour une oeuvre d'art et de design des plus radicales.
Nous aimons croire que tout change vite à notre époque : «Le iMachin n'est sorti que l'an
dernier et il y a déjà le iMachin 5 !» Certainement, le iProgrès, et les biens de consommation
qui vont avec, a tout accéléré dans la deuxième décennie du XXIe siècle. Et pourtant, songez
un instant à la vitesse où les choses ont changé à une époque antérieure - certes,
pré-numérique, pré-ère de l'information, mais où le monde occidental des débuts de la
guerre froide fonçait vers un niveau d'innovation technique au quotidien extraordinairement
avancé par rapport à ce qu'il était vingt ans auparavant. Maintenant, appliquez cela à 1
univers qui nous préoccupe - celui des guitaristes et des amoureux de l'histoire de la guitare
- et le milieu du XXe siècle aura l'air de l'aube d'un nouveau monde, dans lequel les avancées
se sont enchaînées à un train d'enfer.
Il est évident que la sublimement sexy et très polyvalente Stratocaster, sortie en 1954, a été
un progrès prodigieux par rapport aux minimalistes Esquire et Broadcaster nées quatre ans
plus tôt (guitare bientôt - et toujours - connue sous le nom de Telecaster). Même un fan
absolu de Telecaster - et il existe plusieurs excellentes raisons de 1 être - ne peut nier que la
Stratocaster a embarqué la guitare électrique à un tout autre niveau en matière de
conception. Au début de Fender Telecaster : L'Histoire de la guitare qui changea le monde
(éditions Gründ),
J'ai décrit la Tele comme «un remaniement complet» de la guitare telle qu'on la connaissait
jusque-là. Le premier modèle électrique de Fender ne semble pas si radical à présent, mais
comparé à ses concurrents antérieurs - avec son manche étroit en érable vissé, son corps
stylisé et l'unité de l'ensemble chevalet-micro - il représentait une avancée révolutionnaire.
En examinant rétrospectivement ce qui arriva quatre ans plus tard, on ne penserait pas qu'un
nouveau type de chevalet doté de ressorts, une cavité supplémentaire dans le corps, un
micro de plus et quelques courbes feraient une telle différence. Et pourtant... Comparée à la
Telecaster, même aujourd'hui, la Stratocaster a tout d'une innovation audacieuse. À
l'époque, elle devait ressembler à un instrument d'une autre planète, ou du moins, d'une
autre génération, capable d'effrayer ceux qui l'avaient précédée.
Avec la Stratocaster, Leo Fender s'est détourné de ce que l'on concevait comme une
«guitare» une douzaine d'années plus tôt, à l'exception des six cordes et de l'accordage
E-A-D-G-B-E. De la reine du twang, avec son corps en planche et ses deux micros, se
dégagea une machine à jouer très polyvalente avec une allure égalant ses capacités sonores
révolutionnaires. Pour apprécier le parcours de Fender jusqu'à la guitare la plus
révolutionnaire jamais créée, nous devons remonter bien avant la naissance de celles qui
l'ont précédée. La Stratocaster est encore plus impressionnante quand on connaît ses
origines bien modestes, puisqu'elle ne vient pas d'un grand fabricant établi, avec plusieurs
décennies de réussite dans l'industrie, mais d'un homme seul et motivé, ayant plus d'un tour
dans son chapeau, l'aide de quelques électrons libres et la volonté de connaître les vrais
besoins des musiciens de son temps.
(...)
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