Les gaz dans la bouteille - Partie 1
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Les gaz dans la bouteille - Partie 1
Les gaz dans la bouteille - Partie 1 Bertrand ROBILLARD - Institut Œnologique de Champagne - EPERNAY Gérard LIGER-BELAIR - Laboratoire d’œnologie et de Chimie Appliquée - REIMS Il suffit de regarder le nombre de brevets relatifs aux bouchages pour réaliser que l’oxygène dans les vins n’est plus du domaine de la simple compréhension ! Il y a une trentaine d’années, tout le monde admettait que la bouteille de vin était un système clos, même si l’on savait que les bouchons - objets semi-perméables étaient capables de respirer. A l’heure actuelle, tous les techniciens admettent le rôle non négligeable de l’obturation sur la capacité des vins à évoluer. Il n’y a pas que le temps qui modifie la qualité des vins, les microgrammes d’oxygène capables de traverser le bouchon tous les jours sont suffisants pour le bonifier … ou l’abîmer ... On peut résumer pourquoi un tel engouement existe : € Les consommateurs, de plus en plus sensibles à la qualité des produits qu’ils absorbent, n’admettent plus de retrouver des vins différents d’une bouteille à l’autre quand ces bouteilles proviennent d’un même lot. Etre capable de produire un style homogène est un objectif crucial pour le vinificateur. € Beaucoup d’amateurs de vin savent que le dioxyde de soufre n’est pas un bienfait de la nature, même s’ils admettent que les œnologues ne peuvent que difficilement se passer de cet additif. Réduire significativement les teneurs en SO2 d’un vin sera donc toujours un argument marketing fort pour l’oenologue. € Du coté élaborateur, les divers travaux menés par les centres techniques publics ou privés ont abouti à une somme non négligeable de données sur les reprises d’oxygène durant les process de vinification. Ces travaux ont montré les différences notoires qu’il peut exister d’un process à l’autre ou d’un chai à l’autre ou à l’intérieur d’un même chai. Finalement et pour enfoncer le clou, lors du dernier International Wine Challenge et après dégustation de plus de 13.000 bouteilles, on note que juste après les goûts de bouchon, les dérives sensorielles sont liées à l’axe oxydo-réduction : sur 100% des défauts, plus de 50% sont dus à l’oxydation et la réduction. Une partie de ces défauts est liée à la qualité du bouchage (1). L’ensemble de ces données a fait prendre conscience aux techniciens du vin que contrôle et maîtrise de l’oxygène sont les conditions sine qua none de la garantie d’un produit stable en qualité et qui réponde à un style désiré et non subi. S’il y a bon nombre de travaux sur les teneurs en oxygène contenues dans le vin durant son élaboration, c’est moins le cas pour ce qui est du vin quand il est dans un système dit clos : la bouteille. Nous proposons dans cet article une revue qui fait la critique des échanges de gaz au travers de l’obturateur. Un aparté sera apporté pour les effervescents qui compliquent un peu le système par leur contenu voisin de 10g/L de gaz carbonique. 1 – Reprise d’oxygène lors des mises en bouteille : Dans un schéma classique de mise en bouteille, les teneurs en oxygène dissous dans le vin sont très variables. Outre la quantité d’O2 présente dans le vin avant la mise, les rentrées d’air dépendent essentiellement de la conception de la chaîne. Les mesures d’oxygène (effectuées après que le ciel gazeux soit mis en équilibre avec le vin) peuvent montrer de fortes disparités : les valeurs oscillent entre 1 et plus de 5 mg/l d’oxygène dissous s’il n’y a pas d’inertage. On explique communément l’origine de ces dispersions par la façon dont le vin est introduit dans la bouteille : une méthode turbulente avec formation de mousse explique les fortes reprises d’air, de même que les démarrages de ligne ou les fins de mise (2,3). Bon nombre de sites de vinification et d’embouteillage sont maintenant équipés de boucheuses dites sous vide ou inertées (4). Plus récemment, une technique de dropping à l’azote liquide a vu le jour (5). L’azote liquide au contact du verre permet son évaporation en quelques secondes et la chasse de l’air (1 volume d’azote liquide correspond à 600 volumes d’azote gazeux). Ces différentes méthodes permettent en général des reprises d’oxygène dissous inférieures ou voisines de 0,5 mg/l. II – Reprise d’oxygène lors du dégorgement (méthode traditionnelle) : En méthode traditionnelle, le gaz carbonique est un élément à considérer au moment du dégorgement (évacuation des lies, dosage et bouchage définitif). Lors de cette étape, où le vin est en contact avec l’air, il a été démontré que les entrées d’oxygène sont très essentiellement conditionnées par la quantité de mousse présente dans le col de la bouteille et son comportement (6). En régime de fonctionnement correct, les étapes qui précèdent le bouchage (dosage, mise à niveau, etc.) sont négligeables au regard des reprises d’oxygène dans le vin. II.1. Comportement de l’air dans le col de la bouteille Quand la mousse monte dans le col de la bouteille, celle-ci se comporte comme un piston qui chasse l’air qui y est contenu. A l’inverse, le collapse de la mousse peut laisser place à des rentrées d’air, comme on le montre sur la figure 1. En d’autres termes, le moment qui sépare ces comportements de mousse et le bouchage est primordial sur la qualité organoleptique du vin à court ou moyen terme. De ces constats, des outils d’inertage par jetting, issus de l’industrie brassicole pour certains d’entre eux, sont nés et actuellement à l’étude. Comme illustré sur la figure 2, par injection d’un liquide à haute vélocité, ces équipements permettent de diminuer les teneurs en oxygène voire de les maîtriser en fonction de la hauteur de mousse dans le col. bouteille dans de l’eau saturée en air et en faisant circuler tous les gaz à travers une solution saturée de soude qui combine le gaz carbonique, on peut alors quantifier par volumétrie tous les gaz autres que le CO2 présents dans le col. Ainsi et selon le fonctionnement des chaînes de dégorgement (la présence de chocs sur les convoyeurs par exemple), les arrêts-machines, les rentrées d’air peuvent varier de quelques millilitres à plus de dix millilitres (8). A la connaissance du volume de gaz non-CO2 présent dans les cols, il devient alors possible d’accéder à la carbonatation réelle du vin. En considérant par exemple une pression de 6 bars à 20°C et un volume de gaz non-CO2 de 15 ml, le volume occupé par l’air dans la bouteille fermée est de 15/6, soit 2,5 ml. En connaissant le volume de la chambre de gaz pour une bouteille bouchée (V•25ml), on obtient la fraction d’air contenue dans le col : 2,5/V • 0,10. Les gaz non CO2 exercent donc une pression de 6 x 0,1 • 0,6 bar. Ce qui fait que la pression due à la carbonatation seule est de 6 – 0,6 = 5,4 bars. Le taux de carbonatation peut alors être quantifié en reprenant les tables d’Agabaliantz. En d’autres termes, la mesure de la pression n’est pas un bon indicateur de la carbonatation, elle ne peut pas indiquer les reprises d’air et encore moins l’hétérogénéité de celles-ci d’une bouteille à l’autre. II.1. Quantité réelle d’oxygène introduit dans le col La figure 3 montre une corrélation entre la hauteur de creux présente dans le col et les teneurs en oxygène dissous après mise en équilibre du vin avec l’espace de tête (7). Pour mesurer la quantité d’oxygène qui se dissout dans le vin après bouchage, on utilise habituellement une méthode polarographique qui est sans aucun doute une des plus précises (9). Pour cela, on agite la bouteille, ce qui permet de réaliser plus rapidement l’équilibre de Henry de l’O2 dans la bouteille. Cet équilibre se réalise dans un temps suffisamment court pour qu’on puisse supposer que la masse d’O2 présente dans l’espace de tête après bouchage reste constante (i.e., il n’y a pas d’entrées d’ O2 à travers le bouchon, ni combinaison par le vin). Les équations qui régissent cet équilibre sont les suivantes : C Ovin2 ‚ H Ovin2 POET 2 (1), avec concentration en O2 dissous dans le vin ; C Ovin2 , H Ovin2 la : la constante de Henry de l’O2 dans le vin (sa solubilité) et POET 2 qui est la pression partielle de l’oxygène dans l’espace de tête. mOini2 ‚ mOvin2 ƒ mOET2 masse d’ O2 dissous dans le vin et A la connaissance des variations de rentrées d’air qui peuvent s’opérer avant bouchage, on peut se demander si, pareillement, le gaz carbonique subit de plus ou moins grandes hétérogénéités quantitatives. Pour s’en assurer, une des mesures faciles à effectuer est la mesure de la pression par la pose d’un aphromètre. Celle-ci nous renseigne sur la pression totale Pt = PCO2 +PN2 + PO2 mais cette méthode ne peut préciser la part des différents gaz présents dans le col de la bouteille. Pour connaître la pression exclusivement due au gaz carbonique (et donc la carbonatation du vin), il est nécessaire de connaître la quantité d’air présente dans le col. La technique de mesure des gaz non-CO2 utilisée par les brasseurs permet d’accéder à ce résultat. En dégorgeant une (2) où ET O2 m mOvin2 est la la masse d’O2 gazeux contenue dans l’espace de tête. ET O2 P constante des ‚ nOET2 RT gaz température (en °K) et tête. V ET (3) parfait (8,31 V ET le où R est J/K/mol), la T la volume de l’espace de L’équation (1) traduit l’équilibre de Henry à travers l’interface vin/espace de tête, la deuxième équation traduit la conservation de la masse d’O2 lors du processus de mise à l’équilibre, et l’équation (3) est celle des gaz parfaits appliquée à l’oxygène gazeux dans l’espace de tête. En combinant ces trois équations, on aboutit au rapport suivant, à l’équilibre : mOET2 mOvin2 V ET ‚ vin vin V H O2 RT Si l’on considère un volume d‘espace de tête VET de 25ml pour une bouteille de méthode traditionnelle, correspondant à un volume de vin V vin d’environ 750 ml, on arrive au calcul suivant (pour une mise à l’équilibre et une mesure de la teneur en oxygène dissous à 20°C) : H Ovin2 … 40 mg/l/bar ‚ 40 „ 1000 32000 ‚ 1,25 moles/m 3 /bar ‚ 1,25 „ 10 †5 moles/m 3 /Pa m OET2 m Ovin2 25 V ET ‚ vin vin … „ V H O 2 RT 750 1, 25 „ 10 †5 1 … 1, 09 „ 8 , 31 „ 293 Ce qui signifie qu’il y a autant d’oxygène encore disponible dans l’espace de tête que d’O2 dissous dans le vin après mise à l’équilibre. Pour mesurer l’oxygène dans l’espace de tête, diverses méthodes utilisant des techniques polarographiques ou de chromatographie en phase gazeuse sont proposées (9, 10), mais si on ne peut accéder à la mesure de l’oxygène gazeux, il est important de considérer le volume de l’espace de tête. Le négliger peut être une source d’erreur importante, surtout si le creux dans le col est important. Dans notre exemple, si la teneur en oxygène dissous est de 1,0 mg/l, le vin combinera en fait et dans le temps plus de 2 mg/l. Pour la majorité des vins tranquilles bouchés liège, les volumes d’espace de tête, voisins de 5 ml, font que la quantité d’oxygène ramenée par l’espace de tête après mise à l’équilibre reste minime : cela peut être le cas pour des vins blancs sensibles. contraintes que s’imposent l’œnologue vis-à-vis l’oxygène sont récentes et viennent s’additionner contraintes basiques comme la parfaite étanchéité liquides et la non-contamination des vins par chloroanisoles. Les de aux aux les En Champagne, les capsules de tirage ont un rôle fondamental sur le vieillissement des vins en cave après prise de mousse. Le travail du C.I.V.C. a permis d’éclairer les élaborateurs sur la sélection des capsules de tirage. On trouve actuellement sur le marché un large choix de capsules dont la perméabilité est contrôlée par le joint synthétique (15). On obtient ainsi des perméabilités au CO2 qui s’étalent de 0,085 ml/jour à 0,8 ml/j (ce qui correspond à des entrées d’oxygène entre 0,4 et 1,7mg/l/an). On peut alors choisir la capsule en relation avec la qualité du vin que l’on souhaite obtenir après vieillissement : une capsule dite perméable permettra d’obtenir un vin plus ouvert qu’une capsule dite non-perméable que les élaborateurs préféreront pour les cuvées vouées à un plus long vieillissement. Ainsi le style du vin peut être orienté par un choix judicieux de l’obturateur. Pour clore ce paragraphe, il est important de rappeler que les capsules ne sont sans doute pas les seules responsables de l’hétérogénéité que l’on peut noter d’une bouteille à l’autre. Il est facile d’imaginer que les tolérances des objets tels que le col de la bouteille ou le réglage des têtes des capsuleuses doivent avoir un impact non négligeable sur le résultat final. III – Bouchage et échanges gazeux Comme pour la capsule et le bouchon final en méthode traditionnelle, le bouchage des vins tranquilles est une étape essentielle. Dans la pratique, la pose du bouchon passe par une phase de compression de ce dernier qui peut atteindre un facteur de 2. Par cette compression, une partie de l’air est chassée avant la pose du bouchon. Cette chasse d’air est fonction de la compression du bouchon et des propriétés intrinsèques de celui-ci (16, 17, 18). Il faut rappeler à ce titre qu’un bouchon de 3 grammes contient plus de 15 ml d’air. Au moment de la pose, il y a compression des gaz situés dans le col et le bouchon est cependant toujours capable de laisser diffuser du gaz dans le temps selon son taux de compression et ses propriétés à relarguer l’air dans le temps (effet d’inertie dû à l’effet barrière des cellules du liège qui constituent un obstacle diffusionnel à l’air contenue dans le bouchon - figure 4) (16). Le bouchage est une étape déterminante, car le bon choix des outils détermine la conservation du produit et la qualité du vin quand le consommateur ouvrira la bouteille. Le plus à craindre reste sans doute l’hétérogénéité que l’on observe d’une bouteille à l’autre et qui peut être due à la variation de certaines caractéristiques des bouchons. Les travaux de Chatonnet et Labadie (11, 12) détaillent ces caractéristiques : l’examen visuel et la mesure de divers critères (pression d’étanchéité au gaz, mesure de l’adsorption de liquide, de l’angle de contact, …) sont autant d’éléments qui permettent de quantifier la qualité des bouchons et l’hétérogénéité des lots quand un nombre suffisant d’analyse est effectué. Dans la pratique, c’est souvent les essais de bouchage et de dégustation qui restent déterminants dans le choix de l’œnologue. Ces auteurs et d’autres (13, 14) soulignent l’importance de la capacité de divers type de bouchons à laisser diffuser l’oxygène et à provoquer à plus ou moins long terme une oxydation prématurée des vins, comme Les mesures de perméabilité à l’oxygène restent les plus pertinentes puisqu’elles rendent compte dire ctement de la perméabilité du bouchage lorsqu’il est posé sur la bouteille. Les récents travaux menés pas Lopes et al. (17) montrent que sur 20 mois, les entrées en oxygène oscillent entre 1,5 mg/l et près de 10mg/l (Tableau 1). Ces entrées d’O2 ne sont pas homogènes dans le ( mOET2 mOvin2 = 0,21). Ce n’est plus le cas pour les bouteilles des vins effervescents ou celles munies d’obturateurs à vis. temps. Le premier mois après la pose, les cinétiques sont supérieures pour tous les types de bouchage, ce qui peut être expliqué - au moins en partie - par le relargage de l’air résiduel présent dans le bouchon. Passé ce phénomène, l’entrée d’oxygène s’effectue par diffusion pure, mais que ce soit les premiers jours suivant la pose ou après un an, les entrées d’air sont fonction des propriétés physiques du bouchon. ¦ Tableau 1 : Quantités moyennes d’oxygène diffusé selon divers types d’obturateurs après 20 mois d’obturation. Type de bouchage synthétique Liège naturel Capsule à vis - 2 Liège technique Capsule à vis - 1 Entrée d’oxygène sur 20 mois • 9 mg/l 3,5 à 4,5 mg/l • 4 mg/l • 1,5 mg/l • 1,5 mg/l d’après P. Lopes et al. (2005) L’évolution de la teneur en SO2 total dans le temps ou les indices de couleur restent des critères pertinents à mettre en œuvre pour rendre compte de l’évolution du vin selon le type de bouchon. Même si certains résultats diffèrent, il est en général reconnu (10, 11, 13, 17, 19, 20) que les bouchons synthétiques montrent une tendance à oxyder les vins de manière plus nette que les bouchons traditionnels, même si pour ces derniers, une hétérogénéité existe du fait de la composition naturelle du bouchon liège. Dans le même sens, les vins bouchés avec des obturateurs peu perméables à l’oxygène révèlent une tendance à un accroissement de la teneur en sulfure de diméthyle, dont la présence en plus forte quantité traduit un état réduit (21). Cette influence du bouchage n’est pas si étonnante si l’on considère l’effet cumulatif de l’oxygène. L’effet bouchage proprement dit n’est parfois que la goutte qui fait déborder le vase. Les bouchons - par nature hétérogène – ainsi que l’opération de bouchage ellemême - s’il n’y a pas maîtrise des gaz contenus dans le col ou lors de la mise – contribuent à expliquer pourquoi d’une bouteille à l’autre au sein d’un même lot, des notes oxydatives puissent apparaître quelques mois après bouchage. Le contrôle de l’oxygène en cuverie est une nécessité pour prévenir toute dérive oxydative du produit, mais aussi pour éviter de créer de l’hétérogénéité dans les futures bouteilles. En effet, si des reprises d’air trop importantes ont eu lieu durant l’élaboration du vin dans le chai (sans pour autant observer une dérive organoleptique notable), après mise en bouteille et bouchage, l’hétérogénéité globale de cette opération risque de créer des dérives organoleptiques sur certaines bouteilles au sein du même lot. Le principe de cette hypothèse est décrit sur la figure 5. Somme toute, la gestion des gaz et de l’oxygène est un travail quotidien qui doit occuper l’œnologue dès les premiers instants de la vinification. 5 IV – En somme, quelle est l’importance de la reprise d’oxygène pour un vin en bouteille sur la qualité de celui-ci ? Quand on constate les quantités d’oxygène reprises post-bouchage (en moyenne une dizaine de microgramme/jour), on peut penser que celle-ci est négligeable par rapport aux diverses reprises d’air qu’a pu subir le vin au cours de son élaboration. On sait en effet qu’une simple stabilisation tartrique ou une filtration peut permettre, en une étape, de reprendre 2 à 5 mg/l d’O2 (22) et que l’ensemble des opérations vinicoles montrent des reprises d’air souvent supérieures à plus de 10 mg/l (22, 23, 24). Les ordres d’échelles sont très différentes entre les reprises d’air en cuverie (on parle en milligramme/litre) et celles en bouteille (on parle en microgramme/litre). Or, force est de constater que des dérives organoleptiques de type oxydatives sont parfois notées après quelques semaines de bouchage et sont, sans aucun doute, à imputer au bouchage et, sans négliger comme le soulignent Vidal et Moutounet, au volume d’air piégé dans le col de la bouteille ou dans le vin lors du conditionnement (25, 26, 27). Les quantités d’oxygène nécessaire au vin pour obtenir un optimal qualitatif au regard des attentes du client restent du domaine de l’inconnu et les modèles mathématiques qui permettront de connaître la quantité d’oxygène en fonction de la vendange, du process utilisé et des attentes du client ne seront pas créés demain. Néanmoins, il faut admettre que l’élevage du vin ne peut plus être dissocié de l’opération de conditionnement et bouchage. Comme le soulignent Lopes et al. (28), le mécanisme exact de diffusion de l’oxygène dans le vin reste encore méconnu. Nous tenterons dans le prochain article de mettre en équation l’ensemble des phénomènes qui participent à l’entrée de l’oxygène dans le vin quand celui-ci est en bouteille.