Enseigner à L`école maternelle

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Enseigner à L`école maternelle
ENSEIGNER À L’ÉCOLE MATERNELLE (2)
« PEDAGOGIE DE L’ORAL
Janvier 2013
ANIMATIONS DES CIRCONSCRIPTIONS
BREST IROISE, BREST VILLE, BREST NORD, BREST EST, LANDIVISIAU
La pédagogie de l ’oral
Constats et préconisations du rapport des IGEN
En règle générale dans les classes, il est indéniable qu’il y a du langage mais
peu de situations d’apprentissage.
La présence diffuse du langage oral (on fait du langage tout le temps et
partout) est un leurre : des pratiques réelles mais aléatoires ne peuvent tenir
lieu d’enseignement.
L ’enseignement de l’oral n’est , de manière fréquente
ni programmé, ni organisé. (1)
Des objectifs variés insuffisamment clairs pour les enseignants
Le premier objectif est que chaque élève « parle »
Mais pour parler, il faut avoir des sujets de conversation: c’est à l’école de les créer car la
libre expression à partir des situations extérieures à l’école désavantage les moins
favorisés.
Elaborer des situations de communication (2)
Le deuxième objectif et objectif clé, est que les enfants doivent
apprendre l’usage du langage éloigné c'est-à-dire séparé de l’action.
Enseigner le langage d’évocation (3)
Il y enfin l’objectif d’amélioration linguistique des énoncés afin qu’ils soient
de plus en plus longs et structurés, de plus en plus précis du point de vue lexical.
Développer les activités d’étude du fonctionnement de la langue (4)
Une autre activité langagière essentielle est la compréhension, activité que
l’on peut qualifier d’activité langagière invisible, délicate à travailler.
Travailler la compréhension orale (5)
Des préconisations du rapport des IGEN
à la classe....
1) Enseigner , programmer et organiser ....
 Enseigner: du point de vue des contenus, les activités langagières sont de
deux types :
Les activités d’échanges qui visent les compétences langagières pour
apprendre à communiquer
 Compétences de communication ( capacité à écouter, à comprendre, à prendre la
parole, à émettre des hypothèses, à argumenter, justifier, convaincre, faire des
déductions, émettre une opinion …)
 Compétences concernant le langage en situation
 Compétences concernant le langage d’évocation
Les activités d’étude du fonctionnement de la langue qui permettent de
construire des connaissances nécessaires à la pratique de la langue
( Les outils de la langue)
- Savoirs liés aux structures de la langue (syntaxe)
- Savoirs liés au lexique
- Savoirs liés aux matériaux sonores de la langue (phonation, discrimination auditive,
rythme, intonation et articulation
 Programmer
Programmation langue orale école matenelle.pdf
L'oral dans Emploi du temps PS-MS.pdf
L'oral dans l'emploi du temps MS-GS.pdf
 Organiser son enseignement:
Extraits video : (CD Rom Sceren « Apprendre à parler)
Agnès Florin
« Favoriser le développement du langage »
video oral\vlc-rAgnes Florin Groupesdvd___E__VIDEO_TS_-.mpg
 Situations de dialogues adulte/enfant
 Situations individualisées dans des petits groupes
pour donner des occasions de parler
 Groupes conversationnels avec des objectifs clairs
(autour du lexique, langage évocation)
 Organiser sa classe pour mettre en place ces interactions adultes/enfants
Les modalités d'organisation pour interagir le plus efficacement possible sont :
l'échange inter-individuel
le petit groupe de 5 à 7 enfants, dont 2 à 3 en difficulté, à faire fonctionner au moins
une fois par semaine.
 Lors des ateliers :L'enseignant peut privilégier ce moment pour entrer en interaction
individuelle avec certains enfants, au sein même de ces ateliers.
Lors d'un décloisonnement ou de des heures d’aide individualisée :entre 2 classes ou
dans toute l'école, avec l'aide de tous les adultes de l'Equipe Educative.
 Le travail en petit groupe de langage, une ou deux fois par semaine est un
lieu d'interactions irremplaçable pour des enfants en difficulté langagière
 Les temps de travail du langage peuvent être courts (10mn)
Pour les enfants les moins expérimentés, le fonctionnement en petits groupes
de langage n'est pas un luxe, c'est une nécessité pour compenser l'absence de
milliers d'interactions positives.
 Multiplier ces interactions adulte-enfant
Elles jouent un rôle essentiel dans la construction du langage chez l'enfant.
L’interaction est efficace pour faire progresser l’élève car elle est, en quelque
sorte, construite « sur mesure ».
Elles rendent possibles les émergences syntaxiques et les multiples
réitérations de ces structures.
« L'art de la conversation avec l'enfant allie relances et feed-back
d'étayage»«(P. Boisseau)
Les relances aident à la production du message enfantin et entretiennent la
conversation.
Les feed-back permettent à l'enfant de vérifier qu'il a été bien compris de
l'adulte ce qui le motive à continuer son effort d'expression.
Surtout, ils concluent les tentatives malhabiles et parcellaires de l'enfant en
une forme clairement émise qui constitue un modèle à sa portée en direction
duquel sa syntaxe est naturellement incitée à se construire.
Exemple avec un enfant de trois ans, autour d'une photo de lui prise en motricité
Relances
Feed-back
Qu'est ce que tu fais là?"
Je marche sur la poutre
"Tu marches à quatre pattes comme un
"Est-ce que tu marches debout sur la chien…
poutre?"
Non, … je fais le chien
"Ah! Il marche comment le chien?"
I marche à quatre pattes
Eh oui, y'Alexandre qui te regarde«
"Et puis là, derrière ?"
Y'a Alexandre …i regarde.
Elles visent au total la quantité des
productions de l'enfant
Ils visent donc l'amélioration progressive
de la qualité des productions de l'enfant
La réponse attendue, dans cet exemple est de type argumentatif, avec l'emploi de « parce
que… ».
L'adulte doit essayer de poser un feed-back :
-
au niveau (syntaxique, lexical…) de l'émission du locuteur ;
en fonction de ce dont il est capable d'exprimer et de comprendre.
C'est la « théorie de l'escalier », où l'adulte doit essayer de situer la relance
juste une marche au dessus des possibilités langagières du moment de
l'enfant
Si on exige tout de suite un langage plus académique (c'est-à-dire plus
proche de l’écrit), l’enfant ne sera pas capable de s’en emparer.
Lorsqu’on est dans le registre de l’oral, il faut y rester.
A titre indicatif, on peut encourager l’académisme à partir du CE2
(formulation orale proche de l’écrit).
2) Elaborer des situations de communication
Promouvoir des situations "authentiques et variées"
L'authenticité de la situation est assurée par l'existence d'un vrai récepteur à qui
s'adresser.
La maîtresse et les autres enfants de la classe sont des récepteurs fictifs puisqu'ils
vivent la même situation.
La présence d'un vrai récepteur oblige l'enfant à expliciter plus, motivant aussi plus
clairement ses prises de parole.
Cette authenticité peut augmenter considérablement la quantité de production.
( Atsem, élèves autre classe , tout autre adulte de l’école....)
La variété de la situation
Cette variété a trait à son référent, à ce dont on parle.
D'évidence, ce dont on parle motive plus ou moins les enfants plus et, dans ce
domaine, l'impact des situations varie avec l'âge, le milieu socioculturel…, si bien que
l'attention permanente que porte le pédagogue à l'intérêt de ses élèves est
irremplaçable.
La variété des thèmes, le degré de motivation qu'ils suscitent chez les enfants jouent
considérablement.
Illustration : des ateliers de communication orale
D’après Chantal Mettoudi: Enseigner la maîtrise de la langue à l’école maternelle)
Lorsque des élèves sont en ateliers
• ils discutent
• ils commentent leurs actions,
• Ils parlent de choses et d’autres,
• Ils se proposent d’imiter l’autre ou de faire mieux
• Ils collaborent dans le meilleur des cas.
Les échanges peuvent exister mais ils sont fortuits et peu complexes
Exemple de l’atelier « peinture »
 Si l’atelier peinture présente pour l’enseignant le moyen de réaliser un objectif
d’éducation artistique, les échanges langagiers qui peuvent exister ou non sont
seconds. L’objectif prioritaire reste artistique et non langagier.
 Par contre, on peut viser par l’atelier peinture, un objectif langagier précis:
Les élèves vont toujours peindre mais la finalité pédagogique prioritaire portera sur la
langage.
Pour que le langage s’exerce, se précise, se complexifie, il faut que la situation proprement
dite nécessite des échanges.
Ex: Réalisation d’un panneau collectif
• Avant l’activité, les élèves doivent se mettre d’accord sur l ’élaboration du panneau
et sur son contenu. Le maître intervient à la fin de l’échange pour se faire préciser le
projet, s’assurer qu’il fait l’objet d’un consensus.
• Pendant l’activité, les élèves peuvent se donner des conseils techniques, réagir,
interroger, discuter par rapport au projet défini ensemble.
• A la fin de l’activité, les élèves exposeront aux autres la façon dont ils se sont
organisés pour produire le panneau.
La réalisation du support concret, le panneau est indispensable pour les enfants , mais
la situation engagera les enfants dans des productions langagières importantes et
exigeantes.
L’objectif d’activité pour l’enfant ne rejoint donc pas l’objectif pédagogique du
maître.
Qu’est ce qui provoque la nécessaire communication entre enfants?
• Le différence de connaissances: l’un est « expert », l‘autre non.
•la différence de rôle: l’un exécute, l’autre donne des consignes
• la différence d’information: l’un dispose des informations, l’autre non
• la nécessite de relever un défi: les deux enfants sont de niveaux proches
•Le rôle de l’enseignant
•Il consiste à créer les situations et surtout à préparer les élèves à jouer ces
différents rôles;
•Ces ateliers de communication intéressent beaucoup les élèves qui se
sentent valorisés dans des rôles de grands.
•Ils leur permettent à la fois d’exercer et de consolider leurs compétences
langagières et de mesurer les effets de leurs messages. ateliers com
orale.docx
3) Enseigner le langage d’évocation
Extrait vidéo conférence V.Bouysse
15_Faire_classe_evocation_mpg_converted.flv
Ce que nous dit V.Bouysse:
Les situations d’évocation sont fréquentes dans les classes:
- Rappel des situations vécues en commun
- Activités, sorties, à venir, projets
- Création de monde imaginaire( invention)d’histoires...
Ce qui est important dans ces situations, ce n’est pas l’évocation,
mais la qualité du langage exigible à ce moment-là.
Ce qui compte c’est le langage qu’il faut produire, c’est le langage spécifique
nécessaire à l’évocation qui nécessite un vocabulaire précis, une syntaxe adaptée et
situer les actions dans l’espace et le temps.
Il ne suffit pas qu’on se comprenne approximativement, il faut qu’on le dise clairement.
Pratiquer le rappel des expériences vécues en commun en classe est une bonne entrée
dans le langage d’évocation, si l’on parle du modèle que peut produire le maître.
En PS: il est important que le maître , pratique ce langage d’évocation dès qu’il rappelle
ce qui a été fait dans la classe, quand c’est lui, qui redit les choses.
Il rend tout explicite, avec un vocabulaire précis, une construction de phrase précise: il
donne un bon modèle. Les élèves peuvent comprendre parce qu’ils ont vécu la
situation. C’est une bonne situation
Si on les met, en situation de pratiquer du langage d’ évocation en racontant ce qu’ils
ont fait, le risque, puisqu’ils l’ont vécus ensemble, c’est qu’ils n’ont pas besoin de
l’explicitation pour comprendre totalement et on ne les rend pas conscients
précisément de ce qu’il faut dire pour qu’un autre puisse comprendre.
Exemple d’une autre modalité : la sortie racontée à d’autres à l’aide de photos que l’on
va légender:
On crée ici, une situation de décalage, on ne parle pas pour se comprendre mais pour
que d’autres comprennent ce que l’on a fait ensemble.
C’est une situation très difficile avec une charge considérable pour un jeune enfant,
sur le plan cognitif; et mental
Pour produire ce langage, Il faut être capable de gérer 3 choses en même temps:
• Être au clair sur le contenu (suite ordonnée)
• Se représenter que l’autre ne connaît pas tout ce dont on parle, demande un gros
effort de décentration est donc nécessaire pour savoir ce qu’il faut dire
• Il faut aussi et en même temps avoir la bonne manière de le dire (avoir les moyens
linguistiques , les bons mots, bons enchainement de phrases)
Il faut donc alléger la tâche pour commencer à travailler la langage en production:
Exemples de situations;
 Soutenir leur mémoire avec des images, des photos, des traces
 Partir d’histoires lues ou racontées à partir d’images et de demander un rappel de
récit écrit Le fait d’avoir déjà lu l’histoire donne à l’enfant les moyens linguistiques
(vocabulaire, formules, tournures de phrases) dont il va pouvoir se servir.
Le langage d’évocation doit absolument être travaillé régulièrement : en
imprégnation en PS et en production en MS et GS .
4) Permettre aux élèves « d’ engranger des connaissances »
( Etude de la langue)
Des connaissances nécessaires à l’étude de la langue:
La syntaxe
Le lexique
La construction de la syntaxe
Vers 3 ans
Certains enfants (en retard dans la construction du langage d'un an ou plus) passent
des formes infra syntaxiques telles que le mot phrase ( mangé) ou la phrase à deux
mots ( mangé dateau ) aux phrases élémentaires de l'oral du français, la forme
Pronom + Groupe Verbal ( (Pn, GV), Il mange un gâteau (Pn, GV
Vers 4 ans
Durant l'année des 4 ans, beaucoup d'enfants amorcent nettement la
complexification de leur syntaxe par addition de ces formes élémentaires entre
elles:
- Il met les pieds sur le côté parce que y'a des crocodiles.
- Je veux qu'on joue au cheval.
- Elle traverse l'échelle pour aller sur la montagne.
Plus tard ils renforcent ces complexités et en acquièrent de nouvelles
- "pour que" et "pour »+ infinitif
- quand et gérondif, comme.
Par ailleurs le système temporel de beaucoup d'enfants s'ouvre avec:
•
l'apparition de l'imparfait, plus que parfait et futur aller dans l'imparfait:
- Moi, je traversais le mur d'escalade
- Juste avant, j'avais touché le foulard bleu.
- Après j'allais attraper le foulard rouge
•
Alternance passé composé, imparfait
- Je suis allé à la cantine.
- Y'avait louis à côté de moi. On a mangé des frites
• Production de conditionnels
- On s'rait des monstres.
- Toi tu s'rais le gentil
• Alternance futur aller et futurs simples
- Quand on va aller au terrain de jeux, j'vais faire du vélo.
- Quand on ira au terrain de jeux, j'pourrai faire du vélo
Vers 5 ans
La complexité concerne des connecteurs plus difficiles à conquérir comme les questions
indirectes et les relatives en "que" et "où« :
Je vais lui demander ce qu'on va planter
Au regard de la construction de la syntaxe, les élèves sont loin de progresser au même
rythme. Des écarts considérables les séparent, qui peuvent subsister en fin d'école
maternelle.
Ex (GS)
Nathalie dit: Moi, j'veux dire que quand on va aller chez les correspondants j'vais pouvoir
faire du vélo parce qu'é me dit qu'é va me prêter le sien, ma correspondante.
Azim tente d'exprimer le même message : moi i vais faire du vélo, i dire çà.
Cette différence concerne surtout trois des domaines essentiels de la
construction de la syntaxe: les pronoms, les temps et les complexités
•
Les pronoms sujets permettent d'ancrer dans le message les personnes qu'il
concerne.
• Les temps des verbes permettent d'ancrer, de situer le message dans le temps
• Les complexités enchâssent les phrases simples les unes dans les autres pour en
faire des phrases complexes successibles de bien rendre compte de relations de
temps (simultanéité, succession, de causalité, de finalité…)
Combattre l'inégalité linguistique
Les trois décalages que révèle l'exemple précédent doivent être
transformés en objectifs syntaxiques par le pédagogue du langage
• Aider l'enfant à diversifier ses pronoms
• L'aider à se construire un système de temps de plus en plus diversifié
• L'encourager à complexifier sa syntaxe
•
•
Grilles de boisseau6-grille_d_evaluation_GS.pdf
Grille_d_evaluation- PS-MS.pdf
Exemple de situations
situations de langage pour la classe.doc
Situations delangage efficaces.docx
L ’appropriation du lexique
Extrait vidéo 2 : Michel Fayolvideo oral\vlc-record-2012-12-0613h07m34s-dvd___E__VIDEO_TS_-.mpg
 Engranger du vocabulaire passif et des structures syntaxiques par le langage
élaboré du maître , les moments collectifs et les textes littéraires
 Travailler la production en petits groupes et utiliser le lexique (vocabulaire
actif)
Extrait vidéo 3 : Illustration en PS : « le grand monstre. »
 video oral\Le monstre vert12h23m09s-dvd___E__VIDEO_TS_-.mpg
«
Philippe Boisseau ( Enseigner la langue orale en maternelle)/Retz 2005
Régulièrement, dans la diversité des situations de classe, les élèves rencontrent
de nouveaux mots ; ils prennent conscience du fait que plusieurs mots peuvent
désigner les mêmes choses.
 Un mot, avant de venir enrichir le vocabulaire actif (compréhension et
production) doit avoir été rencontré plusieurs fois, dans des situations
différentes.
 Pour les introduire, le maître les mettra en relief dans son discours
(intonation, articulation) et les associera ou les opposera à des mots déjà
connus.
 Pour faciliter leur appropriation, il planifiera le réemploi fréquent des
mots nouvellement acquis.
On pourra:
Mettre en place des activités autour des thèmes travaillés dans la classe.
(réalisation d':imagiers thématiques)
Veiller notamment à provoquer le retour du lexique acquis en situation:
dans les ouvrages documentaires ou de littérature de jeunesse, dans les jeux,
imagiers, lotos, mémorys, Catégo...
Les mots rencontrés dans des contextes différents prennent progressivement
un sens et peuvent être identifiés
Boisseau recommande l’acquisition d’un capital mots se rapportant à des
thèmes porteurs par tranche d’âge Oral\listes de mots\voc750PS.pdf
PS (750 mots)
1) La grande motricité
2) Les animaux
3) La nourriture
MS 1750 mots
3 thèmes de PS +7 thèmes
1) Fêtes
2) Temps
3) Moi et ma famille
4) Mon quartier
5) Accidents, maladies
6) Le jardin
7) Les sorties
GS 2500 mots
3thèmesPS+ 7 thèmes MS+3
1) Les moyens de transport
2) Les métiers
3) Les activités scientifiques
Illustrations: séance d’apprentissage du lexique dans le thème de la cuisine.
.Exemple situation lexique MS GS.doc
Exemple situation lexique PS-MS.doc
5) Enseigner la compréhension
5.1 Comprendre une histoire
L’activité de compréhension consiste à se construire progressivement une
« représentation mentale » des lieux, des univers, des personnages, des évènements
auxquels l’enfant participe, à partir d’informations prises dans le récit et mises en
relation.
C’est une activité complexe qui exige un véritable travail de compréhension des
différentes informations, de mises en relation de ces informations et de l’élaboration
progressive de sens à partir de ce que l ’enfant sait et de ce qu’il est.
Cela suppose que l’univers de référence (connaissances préalables relatives à cet
univers)
- ne soit pas étranger à l ’enfant
- ou s’il l’est, qu’un travail préparatoire soit engagé.
De plus, comprendre un récit engage le stockage d’informations organisées
logiquement en mémoire et mobilisables aisément. On peut comprendre une étape
d’une histoire mais ne pas comprendre une histoire elle-même. Sans mise en mémoire
des constituants du récit, on perd le fil du récit dans son entier.
La complexité de l’activité nous engage à un travail progressif de compréhension
des histoires.:
Comprendre des histoires simples
Si la compréhension n’est pas innée, c’est qu’elle doit faire l’objet d’un apprentissage
portant d’abord sur des énoncés simples, c’est-à-dire des énoncés dont le contexte est
familier, la langue proche de la langue commune, la chaîne évènementielle courte et
aisément perceptible.
C’est ce qui explique que des pédagogues comme Philippe Boisseau préconisent la
réécriture de certains albums afin que la charge cognitive dont doit faire preuve
l’enfant dans la réception d’une histoire ne soit pas trop grande et rende l’activité
possible pour tous.
L’enjeu est de taille, et même si notre sensibilité littéraire nous conduit à proposer des
textes plus construits, plus fins, notre responsabilité pédagogique doit rappeler cet
impératif pour tous les enfants d’apprendre à comprendre.
Démarches et illustrations.
Comprendre le langage écrit (maternelle).pdf
formes de travail et compréhension.pdf
Exemple situationde compréhensionPS-MS.pdf
Exemple situation de questionnement de textes en GS.pdf
Rappel de récitl.pdf
Scénario Rappel de récit .pdf
Scénario Oral-album .pdf
DispositifOIE.pdf
Scénario OIE -BB-Chouettes.pdf
5.2 Comprendre un texte documentaire
Texte narratif et texte documentaire obéissent à des logiques très différentes:
Le texte narratif
• Il s’appuie sur une structure particulière: un récit réel mais plus souvent imaginaire
s’inscrivant dans un cadre chronologique, des personnages situés dans des espaces
et des temps plus ou moins précisés et, un schéma et un rythme narratif assez
classiques.
• Sa finalité à l’école maternelle est plus souvent, de faire rêver, de réfléchir par le
biais des personnages.
• La lecture d’un texte narratif est linéaire. Il s’agira, la plupart du temps d’albums de
littérature de jeunesse.
Le texte documentaire
• Il a pour finalité première de transmettre de l’information pour que le jeune élève
comprenne le monde qui l’entoure: il est donc dominé par les données objectives,
soutenues par un vocabulaire précis dans le cadre d’un discours très structuré.
• La forme extérieure du texte documentaire est aisément identifiable.
• Sa lecture n’est pas nécessairement linéaire...
• Il s’agira le plus souvent de recettes, de règles de jeu, de modes d’emploi, de fiches
d’identité d’un animal
Même si le texte narratif est dominant à l’école maternelle, la découverte,
l’observation, et la lecture accompagnée de textes documentaires y ont tout à fait
leur place et plus particulièrement en grande section.
Les activités proposées permettront aux élèves :
• de repérer de quoi parle le document (ex: c’est la recette d’un gâteau)
• d’expliquer comment le document a été identifié (ex: j’ai reconnu le mot chat,
c’est peut-être pour expliquer les chats/ il y a des dessins du jeu, alors c’est pour
expliquer le jeu).
• de comprendre le type d’information qui peut être donné (ex: dans une recette on
trouve ce qu’on met pour faire la soupe, les casseroles et comment on faite la
soupe)
• de savoir à quoi le document (ex: pour savoir utiliser l’ordinateur tout seul)
• Exemple de situation:
Exemple situation documentaire.pdf
5.3 Comprendre une consigne
Le fait qu’une consigne se présente comme une phrase courte, simple s’adressant
directement à un enfant en le tutoyant , qui lui donne les indications minimales et
utiles pour engager son travail, peut donner à penser que la compréhension en
serait immédiate.
Or, de nombreuses évaluations prouvent que la compréhension de la consigne et
le comportement des élèves face à la consigne sont sources de nombreuses
difficultés.
Cela tient à trois types de causes:
- La formulation de la consigne
- La compréhension de l’élève de ce qu’il doit faire
- Et son comportement.
Ces causes, parfois se conjuguent, mettant l’élève dans l’incapacité de faire preuve
de ses compétences réelles.
Or, il ne se passe pas d’heure à l’école où l’élève ne soit confronté dans tous les
domaines d’activités, à des activités plus ou moins complexes.
Comprendre une consigne est une activité intellectuelle qui nécessite que l’élève:
- comprenne le sens des mots employés
- identifie ce qui lui est demandé de faire: quoi? dans quel ordre?
- garde en mémoire les termes de la consigne donnée essentiellement à l’oral
- ait une bonne représentation du travail achevé (quelle forme finale doit avoir son
travail )
- puisse le réaliser seul
Cet acte langagier est loin d’être anodin pour l’enfant. Il l’est d’autant moins que
l’enfant pense avoir compris la consigne mais l’a interprétée à sa manière.
Exemple: L’enseignant dit: « Vous allez dessiner l’histoire que je viens de raconter. »
Certains élèves vont comprendre « dessiner librement » quelque chose de
l’histoire,(un personnage ou un moment) alors que l’enseignant attend que soient
représentées les grands étapes de l’histoire sur chacune des cases de la bande de
papier.
Le terme principal est « dessiner »: l’enfant le connaît, le comprend, il sait le faire et la
situation, elle, est exprimée de manière tellement abstraite, générale, qu’il se
précipite vers ce qu’il vraiment faire.
• Si l’enfant a un doute parce qu’il n’a pas un degré de connivence et de
familiarité avec la tâche présentée il posera plusieurs fois la question à
l’enseignant jusqu’au moment où il sera prêt à réaliser la consigne.
• S’il n’ose pas lui faire répéter la question, s’il se résigne il dessinera
quelque chose en rapport avec l’histoire ou qui n’a rien à voir avec elle et
se débarrassera au plus vite de ce pensum.
Quelle que sot la réaction des élèves, il apparait indispensable de leur
apprendre à comprendre une consigne et à se préparer à la mettre en
œuvre.
En amont, il revient à l’enseignant: accorder un soin tout particulier à
la formulation des consignes mais aussi veiller à clarifier les finalités de
la tâche.
Rendre explicites les attentes de l’enseignant
• Donner les consignes les unes après les autres , pour éviter une surcharge
mémorielle, pour détailler les étapes de l’action, pour préciser les conditions de
réalisation. La clarté de la formulation pourra alors assurer à l’ élève les appuis
cognitifs indispensables à la réalisation de la tâche.
• L’enseignant par ses consignes indique à ses élèves ce qu’il faut « faire » et les élèves
font ce que l’enseignant dit de faire mais il est nécessaire pour eux d’aller au-delà de
ce « faire ».
• Ce qui importe au point de vue des objectifs de l’école, ce n’est pas de faire mais de
« faire apprendre ».
• Or, certains élèves et particulièrement ceux issus des milieux les moins familiers de
l’univers scolaire, demeurent très souvent dans le « faire ». Ils collent à la tâche. C’est
à dire qu’ils ont du mal à percevoir qu’au delà de la tâche scolaire, il y a une enjeu
d’apprentissage qui les dépasse.
• Il est du rôle de l’enseignant d’aider ces élèves en annonçant pour chaque situation
les enjeux d’apprentissages , en explicitant en permanence comment on fait pour
apprendre.
L’enseignant, maître du langage d’abord, maître du langage toujours...
« Le parlé professionnel »
-video oral\16_Faire_classe_parler_20professionnel_mpg_converted.flv
Bibliographie
 Apprendre à parler à l’école maternelle (Sceren +DVD)
 Enseigner la langue orale à l’école maternelle (Ph.Boisseau/Retz)
 Comment enseigner la maîtrise de la langue à l’école maternelle
(C. Mettoudi/HachetteEducation)