L`Union européenne et la crise au Moyen
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L`Union européenne et la crise au Moyen
Cahiers de Chaillot Juillet 2003 n° 62 L’Union européenne et la crise au Moyen-Orient Muriel Asseburg, Dominique Moïsi, Gerd Nonneman et Stefano Silvestri Sous la direction de Martin Ortega 62-French-COVER.qxd 17/07/2003 09:45 Page 2 Cahiers de Chaillot n° 62 Sous la direction de Martin Ortega Les Cahiers de Chaillot sont des monographies traitant de questions d’actualité et écrites soit par des membres de l’équipe de l’Institut soit par des auteurs extérieurs commissionnés par l’Institut. Les projets sont normalement examinés par un séminaire ou un groupe d’experts réuni par l’Institut et sont publiés lorsque celui-ci estime qu’ils peuvent faire autorité et contribuer au débat sur la PESC/PESD. En règle générale, la responsabilité des opinions exprimées dans ces publications incombe aux auteurs concernés. Les Cahiers de Chaillot peuvent également être consultés sur le site Internet de l’Institut : www.iss-eu.org L’Union européenne et la crise au Moyen-Orient En janvier 2002, l’Institut d’Études de Sécurité (IES) est devenu une agence autonome de l’Union européenne, basée à Paris. Suite à l’Action commune du 20 juillet 2001, il fait maintenant partie intégrante des nouvelles structures créées pour soutenir le développement de la PESC/PESD. L’Institut a pour principale mission de fournir des analyses et des recommandations utiles à l’élaboration de la politique européenne de sécurité et de défense. Il joue ainsi un rôle d’interface entre les experts et les décideurs européens à tous les niveaux. 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:47 Page 1 Cahiers de Chaillot Juillet 2003 n° 62 L’Union européenne et la crise au Moyen-Orient Muriel Asseburg, Dominique Moïsi, Gerd Nonneman et Stefano Silvestri Sous la direction de Martin Ortega Institut d’Etudes de Sécurité Union européenne Paris 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:47 Page 2 Remerciements L’annexe 2, « Chronologie », a été préparée avec l’aide de Leïla Almi et Christian Kaufholz, stagiaires à l’Institut. Institut d’Etudes de Sécurité Union européenne Paris Directeur : Nicole Gnesotto © Institut d’Etudes de Sécurité de l’Union européenne, 2003. Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés réservés pour tous pays. ISSN 1017-7574 Publié par l’Institut d’Etudes de Sécurité de l’Union européenne, imprimé à Alençon (France) par l’Alençonnaise d’Impressions. Conception graphique : Claire Mabille (Paris). 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:47 Sommaire 1 Page 3 n° 62 juillet 2003 Préface Nicole Gnesotto 5 Introduction Martin Ortega 8 De la rhétorique à la pratique ? Les trois dimensions de la politique européenne à l’égard du conflit 12 Muriel Asseburg • Au centre de l’action européenne : le soutien économique et financier • Créer un environnement favorable à la paix : les efforts de l’Union pour stabiliser la région et rechercher des solutions multilatérales • Soutien à la construction étatique et institutionnelle de la Palestine • Un rôle plus politique pour l’Europe ? • Et maintenant ? 2 L’Europe face à l’« universalité » du conflit israélo-palestinien 13 17 19 22 26 29 Dominique Moïsi • Comprendre pour agir • Agir à la marge de l’histoire • Conclusion 3 Le rôle des Etats-Unis dans le conflit israélo-palestinien : un point de vue européen 31 33 34 36 Gerd Nonneman • Les paramètres de la politique américaine • La politique américaine dans les faits • Evaluation • Conséquences politiques 4 L’Union européenne, les Etats-Unis et le Moyen-Orient : quelques scénarios Stefano Silvestri 36 40 44 47 50 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:47 Page 4 Préfac Sommaire Conclusion : la paix est entre leurs mains 55 Martin Ortega • Bilan du rôle de l’Union pendant le conflit • Leçons du rapport entre les Etats-Unis et l’UE en tant que médiateurs • Possibilités à l’égard d’un rôle futur de l’UE dans la solution du conflit • La volonté des deux protagonistes, élément principal pour atteindre la paix Annexes • Les auteurs • Chronologie (juillet 2000 - mai 2003) • • Bibliographie • Déclarations du Conseil européen sur le Moyen-Orient 55 58 60 63 68 68 69 85 88 p en p une attaq un théâtr World Tra la questio Qaida. To terrorisme vent être trations, d semble du rable au r taque suic donnée au a renforcé surtout, m même du priorité d ment une sous-jacen Au mo dès 2002, conflit isr Unis au M que le no israélo-pa très vite de ricain, via tique dans roriste a f condamn A 62-French-Text.qxd Préface 17/07/2003 09:47 Page 5 Nicole Gnesotto près le 11 septembre 2001, le terrorisme est venu brouiller encore davantage la donne déjà si troublée du conflit israélopalestinien. Certes, il est difficile de parler de lien direct entre une attaque suicide contre un bus à Jérusalem, une prise d’otages dans un théâtre de Moscou, et les attentats meurtriers contre les tours du World Trade Center à New York : le conflit israélo-palestinien, comme la question tchétchène, ne sont pas réductibles au phénomène d’AlQaida. Toutefois, entre les événements du Moyen-Orient et le nouveau terrorisme international, au moins deux sortes de liens indirects peuvent être décelés : sur le terrain d’une part, l’accumulation des frustrations, des échecs et des désespoirs, en Palestine comme dans l’ensemble du monde arabe, nourrit sans aucun doute un terreau favorable au recrutement, par les groupes terroristes, de candidats à l’attaque suicide. Dans les perceptions d’autre part, la priorité désormais donnée au terrorisme international dans la liste des menaces majeures a renforcé la solidarité radicale des Etats cibles – Etats-Unis et Israël surtout, mais aussi Russie et Europe – au détriment de la complexité même du réel, et notamment du conflit israélo-palestinien. Mais la priorité donnée à la lutte contre le terrorisme n’implique pas forcément une analyse concordante des problèmes et des crises régionales sous-jacents. Au moins deux conséquences furent immédiatement perceptibles, dès 2002, dans les politiques américaines et européennes à l’égard du conflit israélo-palestinien. Le terrorisme a d’abord ramené les EtatsUnis au Moyen-Orient et renforcé le soutien américain à Israël : alors que le nouveau président Bush s’était peu impliqué dans le conflit israélo-palestinien au début de son investiture, le Moyen-Orient allait très vite devenir, après le 11 septembre, la priorité de l’engagement américain, via l’Irak tout d’abord, puis via la thèse du « domino » démocratique dans tout le Moyen-Orient. Du côté européen, le phénomène terroriste a fortement compliqué l’expression des positions : séparer la condamnation du terrorisme et le soutien à l’Autorité palestinienne A 5 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:47 Page 6 Préface devenait un exercice plus subtil, condamner les pratiques de répression israélienne devenait également plus délicat. L’Union européenne n’a jamais renié le principe du droit palestinien à un Etat indépendant et sûr, pas plus qu’elle n’a transigé sur la condamnation du terrorisme et le droit d’Israël d’assurer sa sécurité. Mais les Européens, depuis le 11 septembre, furent souvent critiqués, de façon très simpliste, par certains milieux en Israël et aux Etats-Unis, comme « complices » du terrorisme palestinien. Pour autant, l’Union européenne a maintenu ses positions de principe et son engagement direct en faveur d’une solution pacifique du conflit. Ce Cahier de Chaillot, sous la direction de Martin Ortega, n’épuise certes pas la question du rôle de l’Union au Moyen-Orient. Mais il en éclaire très utilement les différentes dimensions, en rendant compte notamment de la spécificité de l’Union par rapport à la politique américaine, et en excluant deux options extrêmes également fatales à la sécurité future des deux parties : l’apartheid de fait d’une part, et la violence infinie de l’autre. Depuis la fin de l’intervention américaine en Irak, les cartes ont de nouveau changé. Le président Bush s’est désormais investi personnellement dans la recherche d’une solution politique au conflit : en acceptant d’une part de publier la feuille de route du Quartet (que les Etats-Unis, comme membre du Quartet, avaient de toute façon déjà acceptée à la fin de novembre 2002) et en reprenant à son compte l’objectif de deux Etats indépendants et sûrs dans des frontières reconnues. Les problèmes rencontrés par les Américains en Irak – absence pour l’heure d’armes de destruction massive, difficile pacification du territoire, lenteur du processus de dévolution démocratique du pouvoir à une autorité irakienne – jouent sans doute un rôle moteur dans ce nouvel engagement américain à l’égard d’un processus de paix. Mais quelles qu’en soient les raisons, la balle mérite d’être saisie. Les Européens se sont profondément divisés sur la politique américaine à l’égard de l’Irak, autrement dit sur le libre usage que Washington entend faire désormais de sa puissance 6 militaire, Unis se re nien de sa ceux de l’U gager dav contenu e rédigée da multilatér 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:47 Page 7 Nicole Gnesotto militaire, et ces divisions demeurent après la guerre. Mais si les EtatsUnis se retrouvent maintenant tenus de sortir le conflit israélo-palestinien de sa spirale meurtrière, sur des termes et des principes qui sont ceux de l’Union européenne, le soutien s’impose : l’Union devrait s’engager davantage dans l’application de la feuille de route, dont le contenu et l’esprit sont d’autant plus équilibrés qu’elle fut négociée et rédigée dans un cadre multilatéral. Et, par définition, un plan de paix multilatéral ne peut être appliqué avec succès de façon solitaire. Paris, juin 2003 7 62-French-Text.qxd 17/07/2003 L’Union européenne et la crise au Moyen-Orient 09:47 Page 8 Introduction Martin Ortega A l’été 2000, les négociations entre Israéliens et Palestiniens à Camp David, sous les auspices du président Clinton, permirent de croire à une solution pacifique des aspects les plus délicats de leurs controverses, après neuf ans ou presque d’échanges difficiles mais prometteurs issus de la Conférence de Madrid de novembre 1991. Toutefois, le refus de Yasser Arafat d’accepter les termes négociés à Camp David et l’éclatement de la deuxième intifada le 28 septembre 2000 déclenchèrent une spirale de violence qui changea les perspectives de paix en guerre de faible intensité. L’élection d’Ariel Sharon comme Premier ministre en février 2001 ne rendit pas plus facile le retour à la table de négociation. Les deux parties estimèrent alors qu’elles auraient plus à gagner par des actes de violence qu’à travers des pourparlers et des accords. La violence au Proche-Orient a donc été la continuation de la diplomatie par d’autres moyens. Les acteurs extérieurs, quant à eux, ne pouvaient ou ne voulaient pas arrêter ce cercle infernal. Le conflit régional le plus envenimé depuis la Seconde Guerre mondiale entrait dans une nouvelle phase d’ébullition et ce, après une phase de pacification que l’on avait crue acquise. L’Union européenne et ses Etats membres, mais aussi l’opinion publique européenne, ont considéré cette évolution négative avec beaucoup d’inquiétude, car la rupture du processus de paix symbolisait la fin d’une décennie d’optimisme quant aux possibilités de la communauté internationale de promouvoir la paix non seulement au Proche-Orient, mais aussi dans bien d’autres régions telles que l’Afrique australe, l’Amérique centrale, les Balkans ou le Sud-Est asiatique. En septembre 2002, l’Institut d’Etudes de Sécurité organisa un séminaire afin d’examiner le rôle de l’Union européenne (UE) pendant deux années de conflit entre Israéliens et Palestiniens, et de proposer des initiatives concrètes pour sa pacification. Des experts et universitaires européens, des diplomates des capitales des Etats membres ainsi que des fonctionnaires de l’Union ont été 8 réunis da membres à écrire d tâche don Entreétait déba crise irak pour la pe tefois, ces publicati plus récen européen intérêt gé PESC. En tions resp tions et d préventio trent son Faire un b en profon la crise au importan ans de co guerre en l’Union a en effet, s route », e nécessité Certes tives de rè « feuille presse, ce dictoires déclaré q négociati nouveau parmi ceu Palestinie le calend déclench 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:47 Page 9 Martin Ortega réunis dans le but d’identifier les points d’accord parmi les quinze membres de l’UE. Quatre participants au séminaire ont été invités à écrire des contributions pour le présent Cahier de Chaillot, une tâche dont ils s’étaient acquittés en février 2003. Entre-temps, la guerre en Irak se préparait à Washington et était débattue à New York. En fait, les événements suscités par la crise irakienne ont modifié l’horizon de la scène internationale et, pour la petite histoire, ont retardé la publication de ce Cahier. Toutefois, ces événements ne changent ni la nature ni la valeur de cette publication. D’abord parce qu’elle fait référence aux évolutions les plus récentes. Deuxièmement, parce que l’étude du rôle de l’Union européenne dans la crise au Proche-Orient depuis l’été 2000 a un intérêt général, voire central, pour l’analyse de l’ensemble de la PESC. En effet, les relations de l’Union avec les Etats-Unis, les positions respectives des Etats vis-à-vis de la PESC, l’action des institutions et des représentants de l’UE et leurs moyens, les notions de prévention et de gestion des crises et les obstacles qu’elles rencontrent sont autant de questions globales que soulève ce conflit. Faire un bilan de la PESC n’est guère possible si l’on ne connaît pas en profondeur ce que l’Union a fait, et ce qu’elle n’a pas fait, lors de la crise au Proche-Orient. La troisième raison pour laquelle il est important d’analyser aujourd’hui le rôle de l’Union durant trois ans de conflit a trait à la continuité de ce rôle avant et après la guerre en Irak. Les aspects les plus significatifs de l’action de l’Union au cours des derniers mois, avant et après la guerre, sont, en effet, sa participation au Quartet, qui a proposé la « feuille de route », et son insistance, dans toutes sortes de déclarations, sur la nécessité de mettre fin à la violence. Certes, la fin de la guerre en Irak a ouvert de nouvelles perspectives de règlement de la crise, notamment avec la publication de la « feuille de route ». Toutefois, à l’heure où nous mettons sous presse, cette « feuille de route » a été reçue avec des signaux contradictoires. D’une part, les Etats-Unis et l’Union européenne ont déclaré que la violence doit s’arrêter et qu’une nouvelle phase de négociation entre les parties devrait commencer. D’autre part, le nouveau plan de paix suscite certaines divergences non seulement parmi ceux qui l’ont proposé, mais aussi parmi les Israéliens et les Palestiniens, car ils perçoivent de manière différente le contenu et le calendrier esquissés par la « feuille de route ». Sans doute, déclencher une nouvelle phase de négociation après une longue 9 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:47 Page 10 Introduction crise exigera une grande détermination des deux parties ainsi qu’un soutien ferme de la part des Etats-Unis et de l’Union européenne. L’objectif de ce Cahier de Chaillot est de contribuer à la réflexion sur le rôle de l’UE pendant la crise au Moyen-Orient, et non de présenter des propositions concrètes pour la solution du conflit1. Le premier chapitre contient une analyse exhaustive par Muriel Asseburg des trois volets du rôle de l’Union européenne dans le conflit israélo-palestinien : le soutien économique et financier au processus de paix, la participation aux cadres multilatéraux et l’appui à la création d’institutions palestiniennes efficaces et démocratiques. L’auteur propose également une participation plus dynamique de l’Union aux aspects politiques du conflit. Dans la deuxième contribution, Dominique Moïsi offre une réflexion profonde et enrichissante sur les obstacles psychologiques, présents dans bien des pays d’Europe, qui rendent très difficile la définition d’une position commune de l’Union. Il suggère une approche européenne équilibrée, fondée sur le « devoir d’humanité » et encourageant les deux parties à faire des compromis, afin de « ne pas laisser les deux peuples s’enfoncer dans une dérive suicidaire ». La troisième contribution, de Gerd Nonneman, examine de façon fascinante la politique américaine vis-à-vis du conflit, et les raisons profondes qui la déterminent, d’un point de vue européen. Même si les Européens doivent soutenir le rôle médiateur des Etats-Unis, car ils sont les seuls à avoir l’influence nécessaire pour se faire entendre, M. Nonneman se demande si les Européens sont condamnés pour toujours à jouer ce rôle d’accompagnement. Enfin, Stefano Silvestri introduit un schéma très intéressant pour analyser la politique des Etats-Unis au Proche-Orient et, par extension, dans le monde. Il présente plusieurs scénarios, et affirme que, forts de leur pouvoir politique et militaire inégalé, les Etats-Unis peuvent choisir librement entre une politique mondiale de puissance impériale et une politique mondiale où ils acceptent des limites et des responsabilités. Le dernier chapitre de ce Cahier tente de tirer quelques conclusions de ce débat, bien que la tâche soit très difficile. Pour l’instant, une conclusion peut être avancée. En dépit de son engagement ferme en faveur de la paix et de l’action de toutes les institutions dans ce sens, le bilan de l’intervention de l’Union européenne pen- 1. Des propositions officielles et universitaires existent (voir listes dans la conclusion) ; ce qui manque est la volonté politique de les mettre en pratique. 10 dant la cr pas tout à à l’Union établissen crise, da recherche Pour c annexes. dont la va (dates, no normalem documen l’Union e Conseil e 1999, son de l’Unio 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:47 Page 11 Martin Ortega dant la crise entre Israéliens et Palestiniens depuis l’été 2000 n’est pas tout à fait satisfaisant. Il faut donc, de l’avis général, demander à l’Union (et, ce faisant, aux Etats membres, qui, à l’heure de vérité, établissent sa politique extérieure) une présence plus active dans la crise, dans le but d’arrêter la violence et de contribuer à la recherche d’une solution négociée. Pour compléter ce Cahier, il a été jugé utile d’inclure quelques annexes. D’abord, une chronologie du conflit depuis l’été 2000, dont la valeur est seulement indicative puisque certaines données (dates, nombre de victimes) changent légèrement selon la source, normalement la presse. Ensuite, une liste des livres, articles et documents récents, nécessaires pour comprendre le rôle de l’Union européenne pendant le conflit. Enfin, les déclarations du Conseil européen sur le Moyen-Orient, depuis Berlin en mars 1999, sont reproduites, car elles synthétisent la position politique de l’Union. 11 62-French-Text.qxd 17/07/2003 L’Union européenne et la crise au Moyen-Orient 09:47 Page 12 De la rhétorique à la pratique ? Les trois dimensions de la politique européenne à l’égard du conflit 1 Muriel Asseburg Après le bond en avant historique d’Oslo et la reconnaissance mutuelle d’Israël et de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) en septembre 1993, l’Union a eu à cœur de soutenir activement le processus de paix. Plutôt que de rechercher une solution politique entre les parties au conflit, elle s’est attachée à la création d’un environnement propice à une paix durable dans la région. Ce soutien, parallèle aux négociations politiques, était censé les compléter. C’est seulement avec l’échec du processus d’Oslo et l’éclatement de la seconde intifada (ou d’Al-Aqsa) que les Européens ont modifié leur approche. Ils ont en effet admis que leur soutien à l’instauration de la paix et au développement économique ne pouvait être efficace en l’absence d’un processus de paix authentique. Ils ont donc fini par jouer un rôle plus politique – dans le domaine aussi bien de la gestion des crises que de la diplomatie multilatérale – en vue de trouver les moyens de sortir de la spirale de violence en cours. Pourtant, loin de se traduire par des progrès tangibles sur le terrain, ces efforts n’ont pas empêché la situation de se détériorer rapidement. Le présent chapitre évalue la politique menée par l’Union pour soutenir le processus de paix au Moyen-Orient depuis le processus d’Oslo et analyse la situation depuis l’échec de cette initiative et l’éclatement de l’intifada. Pour éviter les poncifs habituels sur l’inefficacité de l’engagement européen, nous diviserons la politique de l’Union en trois volets : (1) soutien financier et économique au processus de paix, (2) efforts de stabilisation régionale et recherche de solutions multilatérales, et (3) soutien à l’Etat palestinien et à la construction étatique. Dans la pratique, bien entendu, ces trois dimensions se recoupent et ne sont pas définies de manière aussi distincte. Nous présenterons toutefois ici clairement les domaines où des progrès ont été faits, ceux où ils ont été insuffisants et les raisons pour cela. Enfin, nous ferons des recommandations politiques pour que l’engagement européen soit plus efficace. 12 Au centr et financ Depuis le financièr l’UE et se d’aide fin qu’au pro principes mique : ( nienne de tions rad Palestinie gible ; (2) est dans société ci populatio ter ses eff saires au niens ; so palestinie de la soci Le dévelo L’aide fou des proje toires pa d’égouts, ment, un réglemen Mais, tiniens n’ dendes d pect posi habitant chômage résulté d’ « clôture Palestinie de se dépl mis israé 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:47 Page 13 1 Muriel Asseburg Au centre de l’action européenne : le soutien économique et financier Depuis le début du processus d’Oslo, la dimension économique et financière a été au cœur de l’approche européenne. De 1993 à 2000, l’UE et ses Etats membres ont en effet été les principaux donateurs d’aide financière et technique à l’Autorité palestinienne (AP) ainsi qu’au processus de paix au Moyen-Orient en général1. Plusieurs principes ont présidé à l’aide financière et à la coopération économique : (1) il est possible de convaincre la population palestinienne de soutenir le processus de paix et de neutraliser les positions radicales si, grâce au développement économique, chaque Palestinien voit ses conditions de vie s’améliorer de manière tangible ; (2) la création d’un Etat palestinien démocratique et viable est dans l’intérêt d’Israël ; et (3) des projets communs dans la société civile peuvent contribuer à réduire l’inimitié entre les deux populations et faciliter la réconciliation. L’Union a donc fait porter ses efforts sur trois domaines : création des conditions nécessaires au développement économique dans les territoires palestiniens ; soutien financier de l’AP et mise en place de structures palestiniennes autonomes ; soutien à des projets de coopération de la société civile entre les Israéliens et les Palestiniens. Le développement économique dans les territoires palestiniens L’aide fournie par l’Europe après les accords d’Oslo a été destinée à des projets ayant pour but d’améliorer l’infrastructure des territoires palestiniens (réseaux routiers, puits et pipelines, réseau d’égouts, port et aéroport de Gaza, hôpitaux et écoles). Simultanément, un effort a été fait pour aider les Palestiniens à élaborer la réglementation nécessaire à une économie de marché. Mais, contrairement à ce qui avait été envisagé à Oslo, les Palestiniens n’ont pas bénéficié, pendant les premières années, des dividendes de la paix qui auraient contribué à les convaincre de l’aspect positif du processus de paix. Entre 1992 et 1996, le revenu par habitant dans les territoires palestiniens a diminué de 35% et le chômage a augmenté d’environ 30%. Cette débâcle économique a résulté d’un ensemble de facteurs, notamment de la politique de « clôture de sécurité » introduite par Israël – interdisant aux Palestiniens d’entrer en Israël (ou d’y travailler) et à Jérusalem, et de se déplacer entre la Cisjordanie et la Bande de Gaza sans un permis israélien spécial2. L’année 1997, pendant laquelle se sont 1. L’UE (et ses Etats membres) a été le principal donateur d’aide financière et technique à l’Autorité palestinienne, en fournissant plus de 50% du financement de la communauté internationale à la Banque occidentale et à la Bande de Gaza entre 1994 et 1998. L’aide totale de l’UE aux territoires palestiniens s’est élevée à 1,42 milliards d’euros entre 1993 et 2001, selon les chiffres fournis par la Commission européenne. Voir également Commission de l’Union européenne, « The EU & the Middle East Peace Process. The Union’s Position & Role », http://europa.eu.int/comm/external_relations/mepp/. 13 62-French-Text.qxd 17/07/2003 1 09:47 Page 14 Les trois dimensions de la politique européenne instaurées relativement peu de clôtures, s’est terminée avec des indicateurs macro-économiques signalant une amélioration de la situation. Mais, pendant la période qui a suivi, la dépendance économique des territoires palestiniens vis-à-vis d’Israël (surtout en ce qui concerne les offres d’emploi et le commerce) n’a pas diminué et rien n’a été fait pour promouvoir le développement. L’Etat de droit n’existant pas sous l’AP et l’évolution du processus de paix étant bien incertaine, les investissements ont stagné dans le privé et, dans le public, se sont limités à des secteurs non productifs comme l’emploi dans l’administration. Le revenu par habitant n’a même pas atteint le niveau d’avant 1993 (année des accords d’Oslo). La seconde intifada et la riposte israélienne ont gravement détérioré la situation économique et le niveau de vie des Palestiniens, hypothéquant sérieusement le développement économique futur. La réoccupation des territoires, les couvre-feux et les clôtures de sécurité ont engendré non seulement une rupture totale des activités économiques palestiniennes, un chômage massif, la pauvreté et une dépendance vis-à-vis de l’aide humanitaire, mais aussi la destruction des infrastructures et des capacités administratives palestiniennes nouvellement créées, autant d’entraves pour le développement économique. L’UE a réagi à la crise en cessant de soutenir les activités de développement au profit de programmes d’aide humanitaire et d’urgence pour l’emploi, de reconstruction et de réadaptation des victimes de la violence. L’aide d’urgence aux Palestiniens pose en fait un dilemme : en aidant les Palestiniens, l’UE reprend les fonctions humanitaires de la puissance occupante – des dépenses considérables qu’Israël s’efforce d’éviter – et contribue donc à prolonger une situation imposant aux Palestiniens la réoccupation, les clôtures de sécurité et le couvre-feu au lieu d’œuvrer à leur disparition. Il va de soi que l’UE doit étendre l’aide d’urgence et l’aide humanitaire à la population palestinienne. Mais elle doit en même temps faire comprendre aux deux parties que ce n’est qu’une mesure d’urgence, qu’à terme, elle se refuse à financer l’occupation ou une résistance violente, et qu’elle attend un effort sérieux de la part des parties pour reprendre le processus politique et éliminer tout acte de violence de l’une contre l’autre. 2. Voir UNSCO (Office du Coordinateur spécial des Nations unies pour les territoires occupés) : Quarterly Reports, ici : Rapport du printemps 1997, Gaza, avril 1997, www.arts.mcgill.ca; Sarah Roy, « The Palestinian Economy after Oslo » dans Current History, 97 (janvier 1998) 615, pp. 19-25. Avec l’accord intérimaire de septembre 1995, la rive occidentale a été divisée en zones ayant un statut et des compétences différents de ceux d’Israël et de l’Autorité palestinienne (zones A, B et C), qui ont permis d’introduire les « clôtures internes » isolant les zones A, B et C les unes des autres et empêchant tout mouvement entre elles, souvent en réponse à l’attentat suicide ou pour empêcher d’éventuels désordres lors des fêtes juives. Ce système de clôtures internes et la suppression de (pratiquement) tous les permis d’entrée à Israël sont devenus une caractéristique permanente depuis le début de la deuxième intifada. 14 Retour à Après Os d’institut bases d’un crucial po nemental 1998, cel budget ac rés par le nomique l’aide plu réaction transfert (Fonds m millions d tion, asso perte de r retrouvée ce désastr pour lui garantir l sécurité, e Le sou tiel d’évi dans les t l’anarchie des cibles l’impress bation qu La coopé L’UE a so entre Isra entre les frontières et de l’env au rappro 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 15 1 Muriel Asseburg Retour à un soutien financier direct à l’AP Après Oslo, l’Europe a considérablement contribué à la création d’institutions palestiniennes autonomes, dans le but de jeter les bases d’un Etat palestinien viable. Son soutien financier direct a été crucial pour la mise en place et le maintien d’institutions gouvernementales pendant les premières années difficiles de l’AP. Depuis 1998, celle-ci est (presque complètement) capable de couvrir son budget actuel à travers les impôts, les droits et les sommes transférés par les autorités israéliennes conformément au Protocole économique de Paris. L’Union a donc pu concentrer ses efforts sur l’aide plutôt que sur un soutien financier direct. Toutefois, par réaction à l’intifada, Israël a, depuis le début de 2001, retenu les transferts – qui représenteraient, selon les statistiques du FMI (Fonds monétaire international), une somme d’environ 650-700 millions de dollars en septembre 2002. Conséquence de cette rétention, associée à l’effondrement de l’économie palestinienne, et à la perte de revenus que fournissaient les impôts et les droits, l’AP s’est retrouvée au bord de la faillite financière. L’UE a réussi à empêcher ce désastre en fournissant chaque mois 10 millions d’euros à l’AP pour lui permettre de couvrir ses coûts de fonctionnement, et garantir le traitement des fonctionnaires (enseignants et forces de sécurité, entre autres) et le fonctionnement des services de base. Le soutien financier à l’AP pose un autre dilemme : il est essentiel d’éviter l’effondrement total des structures indépendantes dans les territoires palestiniens, surtout pour empêcher le chaos et l’anarchie de se propager et pour désamorcer des attentats contre des cibles israéliennes. Mais il importe que l’Union ne donne pas l’impression à l’AP que son soutien financier est un signe d’approbation quelconque à sa gestion de la violence. La coopération sans le rapprochement L’UE a soutenu des projets de coopération régionale et bilatérale entre Israéliens et Palestiniens ayant pour but d’instaurer des liens entre les sociétés civiles et dans le cadre de la coopération transfrontières dans les domaines de l’eau, de l’économie, du commerce et de l’environnement. Mais ces projets conjoints n’ont pas conduit au rapprochement ou à la réconciliation entre les populations. Ils 15 62-French-Text.qxd 17/07/2003 1 09:48 Page 16 Les trois dimensions de la politique européenne ont peut-être influencé les attitudes et le comportement des participants à titre individuel, mais ils n’ont pas eu d’effet tangible sur l’ensemble des populations ou sur le leadership de l’une ou l’autre partie. En effet, seul un groupe très restreint et très spécifique de la population (habituellement déjà convaincue de la nécessité de coopérer et de dialoguer) a participé à ces activités. Mais le problème fondamental est qu’un rapprochement authentique et une coopération réelle ne sont tout simplement pas possibles tant qu’une relation asymétrique et hiérarchique entre occupants et occupés continue à dominer la vie quotidienne de tout un chacun3. L’impact global du soutien financier économique européen Globalement, le soutien financier économique de l’Union n’a pas eu les résultats escomptés : l’AP n’a pas réussi à se passer d’un financement extérieur pour son budget de fonctionnement et la réconciliation entre Israéliens et Palestiniens n’a pas eu lieu. Très peu de progrès ont en outre été faits dans le domaine du développement économique ; plus précisément, les progrès économiques réalisés ont été trop tardifs pour rendre les populations plus favorables au processus de paix et on a même assisté à une régression avec le récent effondrement économique et la destruction des infrastructures. Même avant l’intifada, il était devenu évident qu’un développement économique durable n’était pas possible avec la politique israélienne de clôture de sécurité et la fragmentation des territoires palestiniens résultant des nouvelles implantations et de la construction de routes transversales. Les pertes économiques dues à la politique des clôtures ont de loin dépassé les versements des donateurs internationaux aux zones palestiniennes. Le principal obstacle à l’usage efficace de l’aide européenne a donc été le maintien de l’occupation. L’Europe a adopté une approche d’« instauration de la paix après un conflit », comme s’il ne s’agissait pas d’une situation de conflit et d’occupation faisant obstacle au développement économique, à la réconciliation et à la construction étatique. L’UE doit prendre conscience, pour sa planification future, que le développement durable et l’instauration de la paix dans les territoires palestiniens ne peuvent effectivement avoir lieu qu’une fois un règlement politique accepté. 3. Voir Manuel Hassassian, Edward (Edy) Kaufman, « Israeli-Palestinian Peace-Building: Lessons Learnt », dans People Building Peace: 35 Inspiring Stories from around the World, Utrecht 1999, pp. 112123. Pour une analyse et une critique de ces projets d’un point de vue palestinien, voir le document EuroMeSCo de Ghassan Andoni, « The People-to-People Programs: Peace Making or Normalisation? », Lisbonne, janvier 2003. 16 Créer un les effor recherch L’UE a co recherche ment dan ou proces du proce développ spécial et aux effor de 2001. Le PEM de résoud instrume processu parties la tionnalis humaine servir l’ob terme en tégration Le pro cessus de bolique – acceptati tie. Penda de dialog même qu plus le c novembr tester con nué à la C que le PE crises. En d’Oslo ni 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 17 1 Muriel Asseburg Créer un environnement favorable à la paix : les efforts de l’Union pour stabiliser la région et rechercher des solutions multilatérales L’UE a concentré ses efforts sur la stabilisation régionale et la recherche de solutions multilatérales. Elle a été active essentiellement dans deux cadres : le Partenariat euro-méditerranéen (PEM), ou processus de Barcelone, et les groupes de travail multilatéraux du processus de Madrid, notamment le Groupe de travail sur le développement économique régional (GTDER). En outre, l’Envoyé spécial et le Haut Représentant de l’UE ont activement contribué aux efforts multilatéraux, notamment à la fin de 2000 et au début de 2001. Le PEM n’a jamais été conçu comme un mécanisme permettant de résoudre le conflit au Moyen-Orient et il n’offre à cet égard ni instrument ni forum spécifique. Il était plutôt censé compléter le processus de paix au Moyen-Orient en donnant, entre autres, aux parties la possibilité de créer un climat de confiance et d’institutionnaliser leurs relations aussi bien politiques, économiques et humaines qu’en matière de sécurité. Il était également supposé servir l’objectif de la paix et de la stabilisation régionale sur le long terme en jetant les bases du développement économique et de l’intégration régionale. Le processus de Barcelone a permis plusieurs avancées du processus de paix au Moyen-Orient : participation – hautement symbolique – de l’AP en tant que partenaire méditerranéen égal et acceptation par les Etats arabes qu’Israël en fasse également partie. Pendant quelques années, le partenariat a donc servi de forum de dialogue entre les parties au conflit au Moyen-Orient alors même que la violence atteignait son paroxysme. Ce n’est toutefois plus le cas depuis le boycott de la réunion de Marseille de novembre 2000 par les représentants syriens et libanais, pour protester contre la réaction israélienne à l’intifada, boycott qui a continué à la Conférence de Valence en avril 2002. Il s’est en outre avéré que le PEM ne pouvait pas servir d’instrument de prévention des crises. En fin de compte, le PEM n’a jamais freiné le processus d’Oslo ni les flambées de violence. La confiance n’a pu s’instaurer 17 62-French-Text.qxd 17/07/2003 1 09:48 Page 18 Les trois dimensions de la politique européenne entre les partenaires du Sud en l’absence d’une solution politique au conflit israélo-arabe et à cause du décalage important entre Israël et ses voisins du point de vue militaire et économique. Ainsi, le projet de « Charte méditerranéenne de Paix et de Sécurité » est au point mort depuis des années. Au lieu de l’environnement favorable à la paix améliorant l’atmosphère des négociations entre Israël et ses partenaires que préconisait le processus de Barcelone, l’impasse des processus d’Oslo et de Madrid depuis la période Netanyahu a eu des effets négatifs sur le PEM et a bloqué tout progrès, notamment dans le domaine du « Partenariat politique et de sécurité »4. Les groupes de travail multilatéraux Le processus de Madrid a établi cinq groupes de travail spécifiques (arms control, réfugiés, eau, environnement et développement économique régional) en vue de trouver des solutions aux principaux problèmes du Moyen-Orient, qui débordent des frontières et ne peuvent être résolus efficacement que dans un cadre multilatéral tenant compte des intérêts de toutes les parties concernées. Dans ce cadre, l’Union assure la présidence du GTDER. Ce groupe, qui suit une approche fonctionnelle, concentre son attention sur l’interdépendance et l’intégration économiques régionales. L’UE met à disposition son expérience dans ce domaine et offre son soutien financier et technique aux réseaux régionaux de coopération et d’intégration économiques. Elle a créé un secrétariat permanent du GTDER à Amman, qui organise des séminaires et fait profiter de son expérience. Cependant, comme pour les autres groupes de travail multilatéraux, les résultats du GTDER ont été jusqu’ici très modestes. Depuis la fin des années 1990, aucun groupe de travail ne s’est réuni officiellement et toute tentative de relancer le processus multilatéral a échoué. Depuis quelques années, les forums régionaux sont dans l’impasse et il apparaît clairement que tous les efforts entrepris pour promouvoir la confiance ainsi que l’intégration et le développement économiques régionaux ne porteront leurs fruits qu’avec un processus de paix durable et authentique – voire même seulement après la conclusion d’un accord mettant fin au conflit israéloarabe. Cela n’enlève rien aux approches régionales et multilatérales : les problèmes globaux doivent être résolus dans des cadres 4. L’objectif est ici d’examiner l’impact du PEM sur le processus de paix au Moyen-Orient et non pas d’entreprendre une évaluation générale des progrès et des lacunes de ce processus. Pour une récente évaluation du PEM, voir Annette Jünemann, « Six Years After : Reinvigorating the Euro-Mediterranean Partnership », dans Christian-Peter Hanelt et al., Europe’s Emerging Foreign Policy and the Middle Eastern Challenge, Munich/Gütersloh 2002, pp. 59-77 ; Dorothée Schmid, « Optimiser le processus de Barcelone », Occasional Paper 36, Institut d’Etudes de Sécurité de l’Union européenne, Paris, juillet 2002. Pour une information générale sur le PEM, voir http://europa.eu.int/comm/external_relations/euromed/. 18 multilaté concerné Abandon les travau solutions Participa D’une ma de l’UE de les partie elles-mêm construct 1999 a co l’UE à l’ég plus, été d Cheik à l dans le Q européen certaines Soutien Palestine Si l’UE so Palestine négociati et pacifiq d’Israël e région », c péenne d son aide, formatio latif, à la p ting Corpo timité dé importan palestinie dination 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 19 1 Muriel Asseburg multilatéraux compte tenu des intérêts de toutes les parties concernées et de l’expérience acquise dans les différents domaines. Abandonner ce type d’approche serait donc faire fausse route car les travaux de ces forums serviront de base à la recherche future de solutions. Participation directe de l’UE aux négociations D’une manière générale, Miguel Angel Moratinos, l’Envoyé spécial de l’UE depuis la fin de 1996, a joué le rôle de point de contact entre les parties et l’UE, ainsi qu’à certaines occasions, entre les parties elles-mêmes, et il a présenté plusieurs propositions spécifiques constructives. En outre, l’existence d’un Haut Représentant depuis 1999 a contribué à donner une plus grande visibilité à la PESC de l’UE à l’égard de la région. En représentant l’UE, Javier Solana a, de plus, été directement impliqué dans les négociations de Charm-elCheik à la fin de 2000, ainsi que dans la commission Mitchell et dans le Quartet, comme nous le verrons plus loin. Les médiateurs européens ont également permis à la situation de progresser dans certaines instances de gestion des crises. Soutien à la construction étatique et institutionnelle de la Palestine Si l’UE soutient la construction étatique et institutionnelle de la Palestine, c’est parce qu’elle a la conviction que « la création, par la négociation, d’un Etat palestinien souverain démocratique, viable et pacifique (…) constituerait la meilleure garantie pour la sécurité d’Israël et l’acceptation d’Israël comme partenaire égal dans la région », comme l’indique la déclaration de Berlin de l’Union européenne de mars 1999. Pour créer de telles institutions, elle a fourni son aide, en termes de financement, de biens d’équipement ou de formation, aux principaux ministères et agences, au Conseil législatif, à la police, au bureau des statistiques, à la Palestinian Broadcasting Corporation, aux autorités locales, etc. Afin de conférer une légitimité démocratique à l’AP, l’Union a en outre accordé un important soutien financier et technique aux premières élections palestiniennes en 1996, dont elle a assuré la surveillance et la coordination globale. 19 62-French-Text.qxd 17/07/2003 1 09:48 Page 20 Les trois dimensions de la politique européenne Construire un Etat en faillite ? Tous ces efforts sont loin d’avoir donné des résultats spectaculaires : il n’existe pas encore à ce jour d’institutions légitimes, viables, efficaces et démocratiques dans les territoires palestiniens. Bien au contraire, le système politique palestinien se caractérise par des arrangements institutionnels informels et par le clientélisme, par des pratiques gouvernementales autoritaires et des atteintes aux droits de l’homme, par un secteur public démesuré, inefficace et rompu aux malversations. Des éléments essentiels lui font défaut : influence des représentants élus, transparence et responsabilité, équilibre des pouvoirs, Etat de droit, et monopole efficace du pouvoir5. Ces dernières années, l’AP a beaucoup perdu de sa légitimité aux yeux de sa propre population, déçue de constater l’enrichissement et la corruption de ses dirigeants et de ne pas pouvoir participer à cette administration. Surtout, les Palestiniens ont reproché à leur leadership de ne réussir ni à garantir leur indépendance ni à réaliser des progrès économiques. Avec l’intifada et la réoccupation des villes palestiniennes, la légitimité de l’AP s’est encore davantage effritée. Les invasions israéliennes et la destruction des infrastructures des services de sécurité et de l’AP ont également contribué à éroder le monopole du pouvoir et la capacité de l’AP à gouverner, à garantir le maintien de l’ordre et à assurer les services de base. L’Union a sa part de responsabilités dans cet échec : privilégiant la stabilité à court terme et la continuité du processus d’Oslo, elle a soutenu Arafat, qui lui semblait être le partenaire palestinien fort et fiable du processus de paix – tant qu’il écrasait efficacement l’opposition au processus – en dépit de son autoritarisme, de ses atteintes aux droits de l’homme et de l’absence de participation populaire. L’UE a également consacré une grande partie de son aide aux aspects techniques et matériels de la construction étatique, plutôt qu’à sa substance. Elle a accordé beaucoup plus d’importance à la transparence et à la responsabilité financières de l’AP quant à l’usage de l’aide européenne qu’au caractère démocratique du mécanisme décisionnel, aux élections locales ou à l’Etat de droit6. 5. Pour une analyse détaillée de la construction de l’Etat palestinien après Oslo, voir Muriel Asseburg, Blockierte Selbsbestimmung : Palästinensische Staats- und Nationenbildung während der Interimsperiode, BadenBaden, 2002. 6. Pour une évaluation précoce de la politique européenne à l’égard du processus de paix au MoyenOrient, notamment en ce qui concerne la construction d’un Etat palestinien, et des recommandations en vue de la rendre plus efficace, voir Muriel Asseburg, ibid. 20 Réforme Le proces l’opératio cette con boré ; Ara ciaire ; de en cours a l’ordre de ministère que dema Dans tielles et 2003 et d surprena palestinie nauté int pour dése bien. Ces de la réfo d’influen 2003, le p Premier m sous la di lution q israélo-pa nement d palestini par des m tion seul qu’ils jug sociétal e dans la ré 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 21 1 Muriel Asseburg Réformes et élections Le processus de réforme des institutions palestiniennes lancé après l’opération Defensive Shield tente de combler certaines lacunes de cette construction étatique. Un plan de réformes détaillé a été élaboré ; Arafat a fini par adopter une constitution et un système judiciaire ; des réformes dans les domaines financier et de sécurité sont en cours afin de rationaliser les comptes et les forces de maintien de l’ordre de l’AP, et de clarifier les compétences entre les différents ministères. Le système politique doit également être réformé, ce que demandent les Palestiniens depuis des années. Dans le cadre des réformes politiques, des élections présidentielles et législatives palestiniennes étaient prévues pour janvier 2003 et des élections locales pour mars 2003. Mais il aurait été très surprenant que ces scrutins conduisent à un nouveau leadership palestinien plus pragmatique et enclin aux réformes. La communauté internationale n’a donc guère exercé de pressions sur Israël pour désentraver la liberté de circulation et mener ces élections à bien. Ces dernières ont finalement été reportées et d’autres aspects de la réforme – réduction du pouvoir institutionnel et du réseau d’influence d’Arafat – sont devenus prioritaires. Au printemps 2003, le président Arafat a dû accepter la création d’un poste de Premier ministre et d’un gouvernement prêt à mener des réformes, sous la direction de Mahmoud Abbas (dit Abou Mazen), une évolution qui pourrait véritablement relancer les négociations israélo-palestiniennes. Mais il faudra tout de même tenir prochainement des élections générales en vue d’élire un gouvernement palestinien représentatif. S’ils entrevoient la fin de l’occupation par des moyens politiques dans un avenir proche, et à cette condition seulement, les Palestiniens choisiront des représentants qu’ils jugent capables de mettre sur pied un système politique, sociétal et économique plutôt qu’une administration excellant dans la résistance et la lutte armée. 21 62-French-Text.qxd 17/07/2003 1 09:48 Page 22 Les trois dimensions de la politique européenne Un rôle plus politique pour l’Europe ? Depuis Oslo, la dimension politique de l’engagement européen visà-vis de la paix au Moyen-Orient a largement concerné le soutien à la construction étatique et institutionnelle dans les territoires palestiniens, les cadres multilatéraux et la politique déclaratoire. Toutefois, depuis l’éclatement de la seconde intifada, l’UE et ses Etats membres se sont engagés de manière croissante dans la gestion des crises et ont joué un rôle de plus en plus dynamique dans la recherche d’une solution soutenue par la communauté internationale. Gestion de crise Lors des violentes confrontations de l’intifada, l’UE a multiplié ses efforts en matière de gestion des crises. Même si ces activités n’ont pas été à la une des médias internationaux, elle est parvenue à diminuer les tensions dans différents cas. Les observateurs européens ont garanti les cessez-le-feu locaux au tout début de l’intifada entre Gilo et Beit Jalla. La médiation du Premier ministre allemand Joschka Fischer entre le président Arafat et le Premier ministre Sharon après l’attentat suicide contre le delphinarium (juin 2001) a empêché des représailles massives de la part d’Israël et une escalade immédiate. Les médiateurs européens ont également contribué à trouver une solution à la crise de l’Eglise de la Nativité et à celle de la Muqataa au printemps 2002. Mais, en l’absence d’une volonté politique des parties au conflit, les activités de l’UE dans ce domaine n’ont eu qu’un impact limité et temporaire et n’ont pas conduit à une forme durable de cessez-le-feu. Au contraire, la situation sur le terrain s’est encore détériorée et l’UE a semblé complètement impuissante dans des situations comme le siège et la destruction quasi totale de la Muqataa en septembre 2002. La cohérence accrue des déclarations européennes L’UE peut s’enorgueillir d’un discours politique très cohérent sur la question de l’autodétermination palestinienne et le conflit israélopalestinien. De Venise (1980) à Berlin (1999) en passant par Cardiff (1998), sa position a évolué de façon linéaire, devenant de plus en plus franche et précise tout en restant fermement ancrée dans le 22 droit inte approche dateurs. L préconisé à la résol controver les déclar gressives Unis – do différente niens, etc Jusqu n’ont pa concrètes tion, les n Souvent, la pressio palestinie insignifia tique dél essentiell dées à Isr des règles condamn Israël po tions, elle geler les v Les succè mise en œ Depuis le possibilit contacts, impact no gement so a déjà don tielle dan salem. L’U question 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 23 1 Muriel Asseburg droit international. L’Union a, par la suite, également précisé son approche sur la nature même du règlement et sur ses principes fondateurs. La déclaration du Conseil européen à Séville en juin 2002 a préconisé une solution définitive qui ne se référerait pas seulement à la résolution 242 du Conseil de sécurité, à l’origine de tant de controverses, mais serait fondée sur les frontières de 1967. Surtout, les déclarations européennes ont été beaucoup plus concises, progressives et unifiées que la politique menée à cet égard par les EtatsUnis – dont les administrations successives ont eu des approches différentes à propos du statut de Jérusalem, des territoires palestiniens, etc. Jusqu’ici, cependant, les positions déclaratoires de l’Europe n’ont pas été suffisamment soutenues par des politiques concrètes ou symboliques. C’est le cas pour l’illégalité de l’occupation, les nouvelles implantations et l’annexion de Jérusalem Est. Souvent, les responsables politiques européens ont accepté, sous la pression israélienne, de ne pas rencontrer leurs homologues palestiniens à Jérusalem Est. Les produits des colonies – (presque) insignifiants sur le plan financier, mais posant une question politique délicate – sont encore importés par des pays européens essentiellement dans le cadre des conditions préférentielles accordées à Israël même si, à l’évidence, ils ne tombent pas sous le coup des règles d’origine de l’Accord d’association. De même, l’Europe a condamné à plusieurs reprises le recours excessif à la force par Israël pour contenir l’intifada, mais, en dépit de ces condamnations, elle n’a jusqu’ici ni décidé ni même envisagé sérieusement de geler les ventes d’armes à Israël. Les succès du dialogue et de la diplomatie — l’insuffisance de la mise en œuvre Depuis le début du processus d’Oslo, l’UE a offert aux parties des possibilités supplémentaires d’entretenir un dialogue et des contacts, qui, même en marge de la scène internationale, ont eu un impact non négligeable. Surtout, l’UE et ses Etats membres ont largement soutenu la diplomatie informelle (track two diplomacy) – qui a déjà donné lieu à des négociations et a été ou sera à l’avenir essentielle dans la quête de solutions pour des questions telles que Jérusalem. L’UE a également contribué à trouver des solutions à des questions quotidiennes entre les parties au conflit. Son Envoyé 23 62-French-Text.qxd 17/07/2003 1 09:48 Page 24 Les trois dimensions de la politique européenne spécial a, par exemple, instauré un « dialogue conjoint UE-Israël », au sein duquel praticiens et experts européens et israéliens examinent régulièrement les moyens de surmonter les obstacles (israéliens) au développement économique des territoires palestiniens7. En outre, en 2002, les Européens (représentés, en l’occurrence, par le Britannique Alistair Crooke) ont engagé des groupes palestiniens dans un dialogue afin de les convaincre de renoncer aux attentats contre des civils israéliens. L’approche juste est non seulement de condamner le terrorisme dans autant de déclarations que possible et de contraindre Arafat à renoncer à la violence, mais aussi d’amener progressivement les rangs du Fatah (ainsi que les Islamistes) à changer d’état d’esprit et de stratégie. Il est crucial en effet d’atteindre la société israélienne dont la majorité souhaite la paix avec les Palestiniens et accepterait des compromis tels que le démantèlement des implantations. Si les principaux représentants de la société palestinienne renonçaient à utiliser la violence contre les civils, les Israéliens seraient un peu moins convaincus que le conflit actuel est existentiel et qu’il n’existe aucun partenaire palestinien avec lequel parler et envisager un accord de paix. Grâce aux nouveaux instruments dont elle s’est dotée en matière de Politique étrangère et de Sécurité commune (PESC), l’UE a pu, d’une manière générale, être très présente dans le processus de paix à travers les activités de son Envoyé spécial et du Haut Représentant, Javier Solana, depuis 1999. La création du bureau du Haut Représentant a en particulier contribué à accroître la visibilité de la PESC de l’UE à l’égard de la région. L’UE a participé non seulement aux négociations de Taba en janvier 2001, mais aussi à la réunion de crise de Sharm al-Sheikh en octobre 2000, à la commission Mitchell, puis au Quartet. Mais elle n’en a pas pour autant été acceptée par les deux parties au conflit comme une tierce partie respectée. Surtout, elle n’est pas parvenue à rendre les dirigeants et l’opinion de l’Etat hébreu moins méfiants à l’égard de ses motivations et de sa position jugée un peu trop proarabe. Régulièrement rabroués par le gouvernement israélien, les représentants européens n’ont pas toujours été autorisés à rencontrer le président ou les représentants palestiniens. La Muqataa a été bombardée alors même que l’Envoyé spécial de l’UE rendait visite au président Arafat. 7. Voir plus en détail Joel Peters, Europe and the Arab-Israeli Peace Process: The Declaration of the European Council of Berlin and beyond, dans Bound to Cooperate: Europe and the Middle East, publié par Sven Behrendt/Christian-Peter Hanelt, Gütersloh 2000, pp. 150-171, surtout p. 161. 24 Surto considéra cher dire solution tions de T dien Haar tions rest nouveau résoudre principe tionnerai efforts de Depui mis Peres dans les m présenté Orient, le ment mi conseil in eu un imp en septem nauté in Nations palestinie établie pa un grand L’Union péenne, a liste et d’u deux part borée un de l’UE e une appr nettemen nistration portance mination l’AP. 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 25 1 Muriel Asseburg Surtout, depuis le début de l’actuelle intifada, et après un délai considérable, l’UE joue un rôle plus politique et s’est mise à chercher directement un moyen de sortir de la crise actuelle et une solution politique au conflit. Dans un document sur les négociations de Taba en janvier 2001, publié en février 2002 par le quotidien Haaretz, faisant état des compromis trouvés comme des questions restées ouvertes, l’Envoyé spécial de l’UE a tenté d’orienter à nouveau le débat en Israël et en Palestine sur les questions à résoudre dans les discussions sur le statut définitif – partant du principe européen que l’approche « sécurité d’abord » ne fonctionnerait pas car il fallait une vision politique pour que tous les efforts de cessez-le-feu soient efficaces et durables. Depuis le début de 2002, des discussions partant du « compromis Peres-Abu Ala » sur le moyen de sortir de la crise ont eu lieu dans les milieux européens. Afin de « matérialiser » le point de vue présenté par le président Bush en juin 2002 sur la paix au MoyenOrient, les ministres des affaires étrangères de l’UE se sont finalement mis d’accord sur une feuille de route en trois phases, au conseil informel d’Elsinore tenu le 30 août 2002. Cette approche a eu un impact considérable sur les déclarations faites par le Quartet en septembre et en décembre 2002, dans lesquelles la communauté internationale, sous l’égide des Etats-Unis, de l’UE, des Nations unies et de la Russie, proposait un plan pour un Etat palestinien et un règlement de paix d’ici 2005. La feuille de route établie par le Quartet en octobre 2002 peut être considérée comme un grand succès, certes partiel, de la diplomatie européenne. L’Union est en effet parvenue à faire valoir une approche européenne, autrement dit la nécessité d’une perspective politique réaliste et d’un calendrier clair ainsi que des gains immédiats pour les deux parties pour qu’un cessez-le-feu soit efficace et que soit élaborée une initiative conjointe des Etats-Unis, des Nations unies, de l’UE et de la Russie8. L’UE s’est également efforcée de trouver une approche commune avec les Etats-Unis, malgré des priorités nettement divergentes, au moins dans certaines sphères de l’administration américaine. Et elle a réussi à convaincre celle-ci de l’importance non seulement de protéger Arafat contre un risque d’élimination physique, mais aussi d’empêcher la destruction totale de l’AP. 8. Il convient toutefois de noter que la déclaration du Quartet est un sérieux retour en arrière par rapport à la déclaration d’Elsinore. Elle ne fait plus référence aux frontières de 1967 et n’autorise le passage aux phases successives que si certains objectifs sont atteints. L’ensemble du processus est à nouveau très vulnérable et ses détracteurs pourraient facilement le faire dérailler comme ce fut le cas pour celui d’Oslo. 25 62-French-Text.qxd 17/07/2003 1 09:48 Page 26 Les trois dimensions de la politique européenne Et maintenant ? L’urgence aujourd’hui est de concrétiser rapidement sur le terrain les initiatives diplomatiques et déclaratoires. Certes, il est important d’empêcher une catastrophe humanitaire dans les territoires palestiniens, d’empêcher l’AP de s’effondrer, ce qui plongerait les territoires palestiniens dans le chaos, et de maintenir ouvertes les voies de communication, mais il est encore plus crucial désormais de progresser dans le domaine politique. Les progrès nécessaires sont les suivants : Les Européens doivent surmonter leurs divergences, qui les empêchent souvent de parler d’une seule voix et de promouvoir efficacement leurs positions à travers une action politique et des mesures symboliques. L’UE doit coopérer avec les Etats-Unis car sa politique ne peut être efficace si elle va à l’encontre de la superpuissance américaine, dont les acteurs régionaux attendent qu’elle garantisse un règlement définitif. L’UE doit œuvrer pour que l’administration américaine s’engage pleinement et rapidement dans la mise en œuvre du plan du Quartet. Pour appliquer le plan du Quartet, il faudra exercer de fortes pressions sur les deux parties au conflit pour qu’elles s’engagent dans le cadre de la feuille de route ainsi que vis-à-vis de son objectif final – sans un engagement clair des deux parties, ce plan ne tarderait pas à avoir le même destin que les recommandations Mitchell et l’accord Tenet. L’une des principales difficultés sera de savoir comment traiter, d’un côté, avec un gouvernement israélien qui ne souhaite pas reprendre des négociations sur le statut définitif en partant du principe « territoire contre paix », et, de l’autre, un leadership palestinien qui a perdu sa légitimité et n’est plus capable ni de garantir le cessez-le-feu ni d’appliquer un éventuel accord. L’UE et le Quartet devront faire preuve de créativité pour encourager les parties à s’engager davantage dans le processus. Il leur faudra pour cela contribuer à résoudre les difficiles questions liées au statut définitif, comme celle des réfugiés, et offrir les garanties politiques et militaires d’un règlement définitif ainsi que les mesures y conduisant. 26 Il est né que les cela un institut réform tion pré l’occup avoir lie L’Union nir le m financi surer à l lieu à Jé les terr seulem et d’un nité de nale da désesca activité tions n israélie d’un pr Jérusale élection Entre-t politiqu popula devrait sages cl la coexi israélie futurs. Mais la l’UE ell pris en l’égard tie pub 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 27 1 Muriel Asseburg Il est nécessaire de réformer le système politique palestinien, ce que les Palestiniens réclament depuis des années. Il faut pour cela un soutien financier et technique afin de mettre en place des institutions plus efficaces, fiables et responsables. Mais cette réforme et ce changement de régime ne doivent pas être la condition préalable au retour à la table des négociations et à la fin de l’occupation. Une véritable démocratisation ne peut en effet avoir lieu qu’une fois l’occupation terminée. L’Union européenne devrait utiliser son expérience pour soutenir le mieux possible les élections palestiniennes aussi bien financièrement que techniquement. Elle devrait également s’assurer à l’avance que des élections peuvent (comme en 1996) avoir lieu à Jérusalem Est et qu’une surveillance sera assurée dans tous les territoires palestiniens. Cette surveillance ne consiste pas seulement à garantir la légitimité démocratique d’un leadership et d’un parlement nouvellement élu ; elle offre aussi l’opportunité de commencer à créer le noyau d’une présence internationale dans les territoires palestiniens, qui pourrait contribuer à la désescalade. Par conséquent, l’un des principaux aspects des activités diplomatiques de l’UE devrait être de garantir les conditions nécessaires à des élections sérieuses : retrait des troupes israéliennes en deçà des lignes antérieures à l’intifada ; relance d’un processus de paix sérieux ; participation des Palestiniens de Jérusalem Est aux élections et à la surveillance internationale des élections. Entre-temps, dans l’attente d’une vraie relance du processus politique, il est essentiel de poursuivre les activités incitant la population à soutenir un futur accord de paix. A cet égard, l’UE devrait aider les Palestiniens à formuler des positions et des messages clairs sur les questions telles que le terrorisme, les réfugiés, la coexistence, etc., afin de pouvoir communiquer avec la société israélienne et de jeter les bases d’un dialogue et d’une confiance futurs. Mais la diplomatie publique est également une difficulté pour l’UE elle-même. Jusqu’ici, les Européens n’ont pas réellement pris en compte la profonde méfiance de la société israélienne à l’égard d’un engagement européen plus important. La diplomatie publique est nécessaire pour influencer l’opinion publique 27 62-French-Text.qxd 17/07/2003 1 09:48 Page 28 Les trois dimensions de la politique européenne israélienne et expliquer l’approche européenne. Cela ne veut pas dire se ranger à l’actuelle interprétation du gouvernement israélien de ce que l’UE devrait ou ne devrait pas faire, mais, au contraire, expliquer la position et les convictions européennes et les étayer par des politiques cohérentes et crédibles. Cela signifie également tout faire pour persuader les Israéliens qu’il est dans leur intérêt de parvenir rapidement à une solution, autrement dit la création d’un Etat palestinien indépendant et viable. L’Eur du co Dominiqu L’année 2 mencé, da sus d’Osl désespoir au-delà d impuissa qui consi sans dou mais en l tions. Où ment ren jouer aujo de Washin unilatéra mettre fi attentats revient ré l’Europe reprendre tive du fo lantique s qui ont ex d’hui ent sont que réelle ent arabe et u l’Etat héb ment de l Plus d de quaran sans dou l’Europe manière 28 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 29 L’Union européenne et la crise au Moyen-Orient L’Europe face à l’« universalité » du conflit israélo-palestinien 2 Dominique Moïsi L’année 2002 s’est terminée au Moyen-Orient comme elle a commencé, dans le sang et la violence. En l’espace de dix ans, du processus d’Oslo jusqu’à nos jours, la région est passée de l’espoir au désespoir. Dans ce contexte décourageant, que peut faire l’Europe au-delà de dénoncer l’escalade de la violence et se lamenter sur son impuissance ? La ligne qu’elle s’est fixée depuis plusieurs années et qui consiste à soutenir avec passion les modérés des deux camps est sans doute, moralement et diplomatiquement, la seule possible, mais en l’absence de résultats tangibles, elle est source de frustrations. Où sont les modérés quand chaque camp par son comportement renforce l’extrémisme de l’autre ? Le rôle que l’Europe entend jouer aujourd’hui ne saurait être d’équilibrer le soutien sans faille de Washington au gouvernement d’Israël, par un soutien appuyé et unilatéral à une Autorité palestinienne qui ne veut ni ne peut mettre fin au terrorisme sous la forme la plus inacceptable des attentats kamikazes contre les civils. Une telle tentation, qui revient régulièrement, aurait pour seule conséquence d’exclure l’Europe d’un éventuel processus de paix qui finira bien par reprendre demain. Elle se traduirait par une aggravation significative du fossé émotionnel qui existe déjà entre les deux rives de l’Atlantique sur la question du conflit israélo-palestinien. Les tensions qui ont existé avant la guerre en Irak et qui existent encore aujourd’hui entre l’Europe et les Etats-Unis sur la question irakienne ne sont que peu de chose, comparé à ce que pourrait être une crise réelle entre une Europe qui prendrait fait et cause pour la partie arabe et une Amérique qui soutiendrait sans la moindre restriction l’Etat hébreu. Mais surtout une telle politique conduirait à l’éclatement de l’Europe. Plus de cinquante ans après la Seconde Guerre mondiale, plus de quarante ans après la fin de la guerre d’Algérie, Berlin et Paris et sans doute au-delà de ces deux capitales, l’Europe du Nord et l’Europe du Sud perçoivent le conflit du Moyen-Orient de manière différente. A Berlin et dans la majorité de l’Europe du 29 62-French-Text.qxd 17/07/2003 2 1 09:48 Page 30 L’Europe face à l’« universalité » du conflit israélo-palestinien Nord sans parler de l’Europe centrale qui va rejoindre l’Union dans un peu plus d’un an, le soutien à Israël est pour partie au moins le résultat direct d’un sentiment de culpabilité à l’égard de la communauté juive et d’un sentiment de loyauté à l’égard des Etats-Unis. En Europe du Sud, géographiquement plus proche du conflit, le sentiment de culpabilité, produit de l’histoire coloniale, le dispute à la peur, face aux émotions d’une communauté islamique toujours plus nombreuse aujourd’hui, pour expliquer une sensibilité plus proche de la cause palestinienne. La seule politique qui puisse être réellement européenne, qui maintienne une alliance à peu près harmonieuse avec les Etats-Unis et qui permette à l’Europe d’être acceptée comme un interlocuteur valable par les deux parties au conflit est donc celle qui est menée depuis près de dix ans. Un rôle de complémentarité équilibrée entre les deux parties à côté des Etats-Unis et non pas une vision alternative comme à la fin des années 1970 et au début des années 1980, culminant avec la déclaration de Venise. Que peut donc faire aujourd’hui l’Europe, elle qui maintient à bout de bras, par son seul soutien financier, l’Autorité palestinienne ? Du haut de son impuissance politique et diplomatique en dépit de son poids financier, l’Europe doit-elle se contenter de rappeler aux deux parties ce que sont le droit et la justice, évoquer son modèle de réconciliation, s’offrir en quelque sorte comme exemple, sinon faire miroiter aux deux parties, l’éventualité demain d’une intégration dans des conditions particulières, à notre « paradis » de paix et de prospérité. Israël, au niveau des émotions populaires, des compétitions sportives au concours de chansons comme « Eurovision », ne fait-il déjà pas partie de l’Europe ? N’y a t-il pas demain place pour une catégorie d’acteurs, européens par l’histoire et la culture, sinon par la géographie, et qui ont vocation à constituer une catégorie à part dans la grande famille européenne ? Ce que peut faire l’Europe pour agir sur le conflit du MoyenOrient, c’est d’abord d’en comprendre et d’en faire comprendre à son opinion publique les origines et le déroulement. L’ignorance est à la base de l’intolérance. Et l’intolérance débouche trop facilement sur le rejet sinon la haine de l’autre. 30 Compre L’échec d tendance annoncé dent malh de calcul lée et le pa sans reco les Palest sur l’Etat tion, alib soi une in le monde cident ch ses fronti rique, l’ab terres aux Ce sen liation de douloure entrer da n’ont fait qui a con Moyen-A déclin de une critiq responsa Occident n’est pas mais qui société. C musulma vité à l’éga tence mê tifier les s sinon la c 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 31 1 2 Dominique Moïsi Comprendre pour agir L’échec du processus de paix ne constitue pas, comme certains ont tendance à le penser aujourd’hui, la chronique d’un désastre annoncé et inévitable. Il n’est pas, non plus, le produit d’un accident malheureux de l’Histoire et de la simple faiblesse ou de l’erreur de calcul des hommes. On ne saurait comprendre la décennie écoulée et le passage de l’espoir du processus d’Oslo au désespoir actuel sans recourir à la psychologie et à l’Histoire. Le regard que portent les Palestiniens et sans doute la grande majorité des nations arabes sur l’Etat d’Israël peut se résumer en trois mots : injustice, humiliation, alibi. Pour le monde arabe, la création de l’Etat hébreu est en soi une injustice historique, un anachronisme colonial. Pourquoi le monde arabo-musulman devrait-il payer pour les crimes de l’Occident chrétien à l’encontre du peuple juif ? Le retour d’Israël dans ses frontières de 1967 constitue déjà en soi un compromis historique, l’abandon au nom du réalisme historique de la moitié des terres auxquelles le monde arabe a le sentiment d’avoir droit. Ce sentiment d’injustice profonde s’accompagne d’une humiliation devant la puissance et les succès d’Israël qui contrastent douloureusement avec l’échec du monde arabe et islamique à entrer dans la modernité et la démocratie. Les dix dernières années n’ont fait que renforcer le sentiment de déclin d’une civilisation qui a connu sa « renaissance » lorsque l’Europe chrétienne était au Moyen-Age, et dont la Renaissance a coïncidé avec le début du déclin de l’Islam. Une réflexion mélancolique s’est transformée en une critique de plus en plus virulente d’un Occident que l’on tient responsable de ses échecs et que l’on accuse de tous les maux. Un Occident qui maintient en place des régimes souvent honnis et qui n’est pas seulement coupable d’imposer un statu quo politique, mais qui pervertit les esprits par la séduction de son modèle de société. Comme l’écrit fort justement Olivier Roy, plus les élites musulmanes sont occidentalisées, plus elles font preuve d’agressivité à l’égard d’un Occident « corrupteur ». Dans ce contexte, l’existence même de l’Etat d’Israël devient un alibi commode pour justifier les sacrifices imposés à la population, l’absence de réformes, sinon la corruption érigée en système de gouvernement. 31 62-French-Text.qxd 17/07/2003 2 09:48 Page 32 L’Europe face à l’« universalité » du conflit israélo-palestinien Le regard que portent les Israéliens sur les Palestiniens et l’ensemble du monde arabe peut, lui, se résumer en trois expressions : ignorance, indifférence et mélange complexe d’insécurité et de supériorité. Ce contexte psychologique et culturel est essentiel pour comprendre les grandes étapes d’une histoire tragique qui pourrait porter le titre d’une pièce de Pirandello, « A chacun sa vérité ». Deux tournants décisifs, dont un s’est produit pendant la décennie écoulée, dominent tous les autres ; la guerre des six jours en 1967 qui transforme le petit Etat pionnier, dont le droit à l’existence n’est toujours pas reconnu par ses voisins arabes, en une grande puissance régionale et introduit le poison de l’« occupation » de la Cisjordanie et de Gaza. L’assassinat de Rabin en 1995, le seul homme sans doute qui aurait pu imposer la paix, l’équivalent israélien de De Klerck en Afrique du Sud, Arafat hélas, n’ayant jamais été dans le rôle de Mandela en dépit de son prix Nobel de la paix. Au lendemain de la première intifada et de l’engagement malheureux de Yasser Arafat aux côtés de l’Irak de Saddam Hussein pendant la guerre du Golfe, le processus d’Oslo est le produit de la rencontre pour chaque camp de la résignation et de l’espoir. Oslo naît de la conviction raisonnable que chacun, pour mener une vie normale, doit accepter le droit à l’existence de l’autre. En reconnaissant le principe d’un Etat palestinien, Israël entend vivre en sécurité et compléter ainsi la série de traités de paix bilatéraux signés avec l’Egypte, puis la Jordanie. En se résignant à l’existence d’Israël, les Palestiniens espèrent acquérir plus de prospérité et de légitimité internationale. Cet espoir commun débouchera sur un échec retentissant. Chacun à sa manière s’est retrouvé frustré, en matière de sécurité pour les Israéliens, en matière de légitimité et de prospérité pour les Palestiniens. Les extrémistes de chaque camp peuvent ainsi prendre le processus de paix en otage. Et les responsables au pouvoir font preuve de trop de calcul et de faiblesse. Arafat n’a pas pu et n’a pas voulu mettre fin au terrorisme, utilisé comme une arme de pression dans la négociation avec Israël. Les dirigeants successifs de l’Etat hébreu ne savent pas ou ne veulent pas mettre fin à la politique des colonies de peuplement. 32 Le pro pendant deux ans la haine niveaux i dans l’Un internati lui deman toire d’Is Non seul une sécur d’Israël co Agir à la Pousser l équilibré mière des choisi. A concentre européen habile, pe tion de la tersection en croire israélien, mencent gouverne Common démontra souhaiten les fronti l’échec sa barbarie e tion d’êtr réaliser q doute été 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 33 2 Dominique Moïsi Le processus d’Oslo a été le résultat d’un dialogue direct, et pendant longtemps secret entre les deux parties. Aujourd’hui, deux ans après l’échec de Camp David en été 2000, la dialectique de la haine et de la violence entre les deux peuples a atteint des niveaux inconnus jusqu’ici. Arafat est comme Gorbatchev hier dans l’Union soviétique, plus populaire dans la communauté internationale qu’auprès de son peuple, qui sera amené un jour à lui demander des comptes sur sa stratégie et sa gestion. Mais la victoire d’Israël sur le terrain militaire est une victoire à la Pyrrhus. Non seulement la force incontestable de l’Etat ne se traduit pas par une sécurité accrue de ses citoyens, mais l’image toujours dégradée d’Israël contribue à l’auto-isolement de l’Etat hébreu. Agir à la marge de l’histoire Pousser les Etats-Unis à s’impliquer davantage et de manière plus équilibrée dans le conflit constitue aujourd’hui l’ambition première des Européens. Le moment n’est pas nécessairement mal choisi. Au lendemain de la guerre en Irak, Washington devra concentrer davantage de ses énergies vers la région, et des pressions européennes, pour peu qu’elles s’exercent de manière discrète et habile, peuvent être bien accueillies par les Américains. L’application de la « feuille de route » du Quartet peut servir de point d’intersection entre Américains et Européens. De la même manière, à en croire les sondages d’opinion, les deux peuples palestinien et israélien, après plus de deux ans d’une escalade suicidaire, commencent à donner des signes d’épuisement. L’organisation non gouvernementale qui œuvre pour la réconciliation « Search for Common Ground » a publié en décembre 2002 des études d’opinion, démontrant qu’une majorité des Israéliens comme des Palestiniens souhaitent la paix et une reconnaissance mutuelle de l’autre dans les frontières de 1967. Les Palestiniens ne peuvent que constater l’échec sanglant de la deuxième intifada, et le basculement dans la barbarie et les sacrifices humains d’un peuple qui avait la réputation d’être un des plus cultivés du monde arabe. Ils commencent à réaliser qu’une stratégie de la non-violence à la Gandhi aurait sans doute été plus profitable et moins coûteuse pour leur peuple. Au 33 62-French-Text.qxd 17/07/2003 2 09:48 Page 34 L’Europe face à l’« universalité » du conflit israélo-palestinien fond d’eux-mêmes, une majorité d’Israéliens savent également que la sécurité de leur pays passe par la légitimité de leur Etat aux yeux de ses voisins. L’existence d’un Etat palestinien viable et idéalement démocratique est une condition nécessaire sinon suffisante à la survie à long terme d’Israël. Les deux peuples n’ont plus aucune confiance l’un dans l’autre, mais ils commencent à nouveau, comme il y a dix ans, à rechercher les conditions d’un compromis raisonnable qui leur permette de vivre une vie normale, sinon ensemble, tout du moins l’un à côté de l’autre. Le rôle de l’Europe aujourd’hui, en rappelant les deux peuples au respect du droit et au devoir d’humanité, consiste précisément à encourager ces tendances au compromis qui existent à nouveau, à se placer dans un horizon de temps qui aille au-delà du couple « infernal » constitué par Sharon et Arafat, à rappeler que si la paix aujourd’hui n’apparaît pas comme une alternative, il n’existe pas d’alternative à la paix, car toutes les autres sont bien pires. Dans le processus des guerres civiles, l’épuisement est bien souvent l’étape préalable qui mène à la sagesse. Sortir les Palestiniens du désespoir, sortir les Israéliens de cette peur qui les pousse à une politique suicidaire, tel est le double rôle de l’Europe. Parce que le continent européen est à l’origine du problème, il se doit d’être partie à sa solution, même si cela se fait à la marge d’une intervention décisive des Etats-Unis. Condamner sans ambiguïté le recours au terrorisme et à la violence ainsi qu’à l’humiliation systématique de l’autre, par le biais des colonies de peuplement par exemple, dénoncer toute forme d’encouragement à la haine raciale par le biais des livres scolaires ou des programmes télévisuels, agir de manière plus déterminée encore pour réformer l’Autorité palestinienne, telles sont les priorités de l’Union européenne. Elles ne peuvent que faire l’objet d’un consensus au sein des Quinze et même parmi les Vingt-Cinq de demain. Conclusion Ne pas céder sur l’essentiel de ses principes, ne pas sombrer dans le désespoir à court terme, ne pas laisser les deux peuples s’enfoncer dans une dérive suicidaire : que signifient concrètement ces impératifs pour l’Europe ? Cela implique d’abord de rappeler aux Israéliens qu’en privilégiant la terre sur la vie, ils trahissent les valeurs 34 profonde Cela sign niens qu poursuit. internatio 2003, c’es « laissent langage d sont faib d’impuis L’autorité au Moyen les décenn 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 35 2 Dominique Moïsi profondes qui devraient être les leurs compte tenu de leur histoire. Cela signifie aussi sans la moindre ambiguïté rappeler aux Palestiniens que certains moyens remettent en cause les fins que l’on poursuit. Si le gouvernement d’Israël n’est pas plus isolé sur le plan international, si le Premier ministre Sharon a été ré-élu en janvier 2003, c’est bien parce que les pratiques terroristes palestiniennes ne « laissent pas d’autre choix » à l’opinion publique israélienne. Le langage de l’Europe doit être d’autant plus élevé que ses moyens sont faibles. Rien ne serait pire pour l’Union que la conjonction d’impuissance et de cynisme, de petits calculs et de grande lâcheté. L’autorité morale que l’Europe sera en mesure d’affirmer demain au Moyen-Orient contribuera à définir son rôle international dans les décennies à venir, bien au-delà de la région elle-même. 35 62-French-Text.qxd 17/07/2003 L’Union européenne et la crise au Moyen-Orient 09:48 Page 36 Le rôle des Etats-Unis dans le conflit israélo-palestinien : un point de vue européen 3 Gerd Nonneman Depuis longtemps, le rôle de l’Amérique au Moyen-Orient donne lieu à toutes sortes d’appréciations. Les principales perceptions sont les suivantes : a) bienveillance ; b) maladresse ; c) conspiration : pétrole et Israël ; d) calcul rationnel des intérêts nationaux. Ces différentes interprétations existent également en Europe. Bien entendu, elles ne s’excluent pas mutuellement, même si leurs plus fervents partisans pensent le contraire. Même (ou surtout) pour les critiques de la politique américaine à l’égard du conflit israéloarabe, il est important de ne pas se livrer à une analyse simpliste concluant à la conspiration, mais de reconnaître la dynamique complexe qui a toujours caractérisé la politique étrangère de l’Amérique en général et sa politique au Moyen-Orient en particulier. Toutefois, l’effet global, en particulier sous l’administration de George W. Bush, semble finalement assez négatif. Les paramètres de la politique américaine Aux Etats-Unis comme dans tout autre Etat, il n’y a pas qu’un « intérêt national » qui guide la politique : les intérêts sont divers, et souvent antagoniques. Ils peuvent aussi bien être le fer de lance de certains acteurs et groupes rivaux que susciter des conflits à l’intérieur de ces groupes eux-mêmes. A cette multiplicité d’acteurs et d’intérêts s’ajoute tout un éventail de points de vue sur les principes et leur mise en oeuvre. Cette diversité a caractérisé la politique américaine au Moyen-Orient et en Palestine comme ailleurs. On peut néanmoins identifier un certain nombre de facteurs généraux déterminant la politique américaine au Moyen-Orient, y compris sur la question israélo-arabe. Un premier groupe de paramètres importants est lié à l’évolution de l’environnement international. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, ce sont : les différentes phases de la guerre froide, parallèlement à un ensemble de questions stratégiques mondiales ; 36 la dynam les imp avec l’O les attit les que nécessa l’impac Israélie S’agis oppositio bué à dét l’égard du et économ approvisi ment, de souvent à sent parfo tifs » ne d manière i Troisi importan est le rôle matière d l’importa savoir-fai deurs et d ce privilè entouran Le deu groupes d sant de la pant ent niveau d’ années 1 associées pathisant aucun de Hormis l cette diff ment hom religieuse 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 37 3 Gerd Nonneman la dynamique du système onusien ; les implications et les opportunités des relations de l’Amérique avec l’OTAN et l’Europe ; les attitudes spécifiques des pays arabes et du Moyen-Orient sur les questions politiques, y compris à l’égard du rôle possible, nécessaire ou réel des Américains ; et, enfin, l’impact des attitudes et de l’influence des Palestiniens et des Israéliens. S’agissant, deuxièmement, des intérêts « nationaux » – par opposition aux intérêts de groupes ou d’individus – qui ont contribué à déterminer la politique américaine au Moyen-Orient et à l’égard du conflit israélo-arabe, ils ont été avant tout stratégiques et économiques. Les intérêts économiques nationaux (marchés, approvisionnement énergétique des Etats-Unis et, plus généralement, de l’économie mondiale ; flux financiers et stabilité), sont souvent à la base des intérêts « stratégiques », même s’ils s’y opposent parfois. Bien entendu, l’existence présumée d’intérêts « objectifs » ne dit ni comment ils seront perçus et interprétés, ni de quelle manière ils seront satisfaits. Troisièmement, l’environnement intérieur américain est d’une importance cruciale et se caractérise par trois facteurs. Le premier est le rôle prédominant joué par un petit groupe de décideurs en matière de politique étrangère, et surtout du Moyen-Orient. D’où l’importance de divers éléments : la position, le parti-pris et le savoir-faire de ces responsables ; la possibilité d’accéder à ces décideurs et de les influencer ; la position et les intérêts de ceux qui ont ce privilège. De ce point de vue, la composition de l’élite politique entourant George W. Bush présente un intérêt bien spécifique. Le deuxième facteur domestique, lié au premier, est le rôle des groupes de pression dans le processus politique américain. S’agissant de la politique au Moyen-Orient, il existe un contraste frappant entre le lobby pro-israélien, qui bénéficie d’un excellent niveau d’organisation, de financement et de relations (depuis les années 1980 et 1990 surtout, les organisations juives sont associées à la droite fondamentaliste chrétienne et d’autres sympathisants purs et durs), et le « lobby » pro-arabe, qui ne possède aucun de ces atouts pour lutter à armes égales avec son concurrent. Hormis leur rôle dans l’establishment politique et économique, cette différence s’explique par le contraste entre l’objectif relativement homogène des pro-israéliens et l’absence d’unité politique et religieuse parmi les Américains d’origine arabe (dont une forte 37 62-French-Text.qxd 17/07/2003 3 09:48 Page 38 Le rôle des Etats-Unis proportion est chrétienne). L’électorat juif américain constitue bien entendu un électorat beaucoup plus actif que la moyenne et il assure traditionnellement la moitié du financement du parti démocrate et le quart de celui du parti républicain1. Le rôle du lobby pro-israélien se confond avec le premier facteur domestique (rôle des décideurs) lorsque ses éléments les plus actifs entrent au gouvernement à différents niveaux – organes consultatifs tels que le Defence Policy Board du Pentagone, en passant par des postes d’ambassadeurs, le National Security Council (NSC) ou administration elle-même. Cette présence, déjà manifeste sous les administrations de Bill Clinton et George W. Bush, est encore plus frappante à l’heure actuelle. Le nouveau directeur des affaires moyen-orientales du NSC, Elliott Abrams, nommé en décembre 2002, défend depuis longtemps une position proche de celle du Likoud – il s’est, dans le passé, opposé aux accords d’Oslo et à la médiation américaine. Richard Perle, membre du Defence Policy Board, est depuis longtemps un militant d’Israël et il appartient au Jewish Institute for National Security Affairs (JINSA) – groupe de réflexion créé spécifiquement pour que la question d’Israël soit une des priorités du programme politique américain2. Le secrétaire adjoint à la défense, Paul Wolfowitz, est un associé de longue date de Richard Perle, et le numéro trois du département, Douglas Feith, a écrit avec lui le document de 1996, ainsi que d’autres textes très proLikoud, défendant les prétentions d’Israël sur la rive occidentale et la bande de Gaza. Le vice-président Dick Cheney a été membre du JINSA avant de figurer sur la liste électorale de George W. Bush. La réflexion du secrétaire à la défense Donald Rumsfeld en août 2002 à propos des « prétendus Territoires occupés » relève du même état d’esprit3. Ce tableau va nettement plus loin que sous la présidence Clinton, même si Martin Indyk, directeur à l’époque des affaires moyen-orientales du NSC, avait été auparavant directeur adjoint de l’AIPAC – le principal lobby pro-israélien – et directeur du Washington Institute for Near East Policy, également favorable à Israël. Le fait qu’une administration républicaine – traditionnellement moins liée au lobby pro-israélien – aille aussi loin dans cette direction est un paradoxe qu’explique en partie l’alliance de facto, relativement récente, entre les néo-conservateurs et la droite évangélique chrétienne (représentée, par exemple, par la Coalition chrétienne) d’un côté et le lobby pro-israélien de l’autre4. 1. George Joffé, « American Policy in the Middle East and the ArabIsraeli Peace Process », dans The Middle East and North Africa 1994, Europa Publications, Londres, 1993, pp. 3-10. 2. En 1996, Richard Perle a dirigé un groupe de réflexion qui a élaboré un document politique pour le nouveau Premier ministre Benjamin Netanyahu, suggérant de quelle manière Israël pourrait échapper à la pression américaine, et plaidait pour un rejet du principe « territoire-contre-paix » sur lequel se fondait le processus de paix. Chose frappante, le rapport, dont de nombreuses recommandations sont actuellement au cœur du gouvernement Sharon, était en partie écrit sous la forme d’un discours qu’aurait pu prononcer le Premier ministre israélien (« Nous, en Israël… » « Nous vivons dans un voisinage dangereux… », etc.). Voir Richard Perle et al., « A Clean Break; A New Strategy for Securing the Realm », report of the Study Group on a New Israeli Strategy Toward 2000, Institute for Advance Strategic & Political Studies, Jerusalem, 1996 (disponible sur le site de l’Institut : www.israeleconomy.org). 3. Pour un commentaire récent, voir Robert Kaiser, « Bush and Sharon Nearly Identical on Mideast Policy », Washington Post, 9 février 2003, p. A01. 4. Cela a été observé, entre autres, par William Quandt, directeur des affaires moyen-orientales du NSC sous l’administration Carter, lors de la Annual Conference of the Middle East Studies Association of North America, Washington (Wardman Mariott Hotel), 26 novembre 2002. Un haut responsable aurait affirmé : « les Likoudniks sont véritablement aux commandes maintenant ». Les représentants des deux côtés de cette coalition de facto ont ouvertement exprimé leur satisfaction vis-à-vis de ces tendances (voir Kaiser, op. cit.). A titre d’exemple, voir le communiqué de presse de la coalition chrétienne du 18 juin 2002 : « Christian Coalition of America Opposes Creation of a Palestinian State ». 38 Troisi corrélatio socio-pol politique tion entre taine « fa palestinie aux milit par calcu sables po semble de palestinie rêt à s’élo nante mo rés », il argumen tienne ait fait qu’ac naissance israélo-ar familiarit que prése que viole cer cette p Comp ainsi que évoqués p et d’objecti depuis le endigue endigue garanti tables ( protect protect La po sions ent ment mu fonction du gouve président 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 39 3 Gerd Nonneman Troisième facteur interne, il existe aux Etats-Unis une étroite corrélation entre l’efficacité du lobby pro-israélien et le contexte socio-politique dans lequel se forgent l’opinion publique et la politique sur la question israélo-arabe, autrement dit une interaction entre les calculs électoraux des hommes politiques et une certaine « familiarité » à l’égard d’Israël. Dans l’antagonisme israélopalestinien (voire israélo-arabe), aucune force ne fait contrepoids aux militants de la cause israélienne, que ce soit par conviction ou par calcul politique. Du Congrès à la Maison Blanche, les responsables politiques ont des perceptions analogues à celles de l’ensemble de la société, qui ignore purement et simplement les griefs palestiniens, et, même lorsque ce n’est pas le cas, n’ont guère intérêt à s’éloigner du consensus. Bien au contraire : vu l’impressionnante mobilisation du lobby pro-israélien contre les plus « timorés », il serait risqué pour un homme politique d’offrir cet argument à ses rivaux5. Le fait que la droite fondamentaliste chrétienne ait de nombreux adeptes au sein de l’opinion américaine ne fait qu’accroître le soutien de la population à Israël6. La méconnaissance générale du monde arabe, l’émergence du conflit israélo-arabe et son évolution ont contrasté avec le sentiment de familiarité éprouvé à l’égard de la culture juive aussi bien passée que présente ; le caractère réitératif d’épisodes aussi dramatiques que violents (1967, 1973, attaques terroristes) n’a fait que renforcer cette perception bancale et ses effets7. Compte tenu de tous ces facteurs et de leurs conséquences, ainsi que de la diversité des points de vue et des interprétations évoqués plus haut, il est possible d’identifier un ensemble d’intérêts et d’objectifs politiques américains au Moyen-Orient, qui ont prévalu depuis le début de la guerre froide : endiguement de l’Union soviétique ; endiguement d’autres menaces régionales ; garantie d’un approvisionnement énergétique à des prix acceptables (à l’échelle de l’économie mondiale) ; protection des régimes amis ; protection d’Israël. La politique américaine s’est caractérisée autant par les tensions entre ces différents intérêts et objectifs que par leur renforcement mutuel. Les moyens utilisés pour les satisfaire ont varié en fonction de l’évolution du contexte extérieur, de la composition du gouvernement, ainsi que de la position et des préférences du président. Dans ce sens, la tendance pro-israélienne des proches et 5. Lors des primaires démocratiques de 2002 au Congrès en Alabama (juin) et en Géorgie (août), Earl Hilliard et la députée Cynthia McKinney, qui avaient critiqué la politique israélienne et avaient des sympathies pour les Palestiniens, ont perdu. Selon The Economist (17 août 2002, p. 37), « la campagne consistant à enfoncer Israël dans la politique américaine reste claire. Bien que les Américains arabes aient largement contribué aux campagnes de Earl Hilliard et Cynthia McKinney, leurs efforts ont été anéantis par le lobby israélien ». 6. Selon certaines estimations, 19 millions de votes pourraient venir de la droite chrétienne évangélique, dont la vaste majorité a voté pour Bush lors des élections présidentielles. 7. Une excellente analyse de ce phénomène est faite par un ancien expert de la CIA : Kathleen Christison, Perceptions of Palestine: their influence on US Middle East Policy, University of California Press, 1999. Cette combinaison de malentendus et d’ignorance est également examinée dans Douglas Little, American Orientalism: The United States and the Middle East since 1945, University of North Carolina Press/I.B. Tauris, 2002. 39 62-French-Text.qxd 17/07/2003 3 09:48 Page 40 Le rôle des Etats-Unis de l’administration de George W. Bush est, bien entendu, un facteur important bien que non exclusif. La politique américaine dans les faits La politique américaine à l’égard du conflit israélo-arabe n’a pas simplement été « dictée par Israël », pas plus qu’elle ne s’est bornée à refléter un soutien inconditionnel à Israël. Elle a plutôt été un ensemble de tendances évolutives et croisées. Le soutien américain à Israël n’a cessé de croître (de manière exponentielle de 1967 à 1973). Mais il a été contrebalancé par des préoccupations variables pour les perceptions et la stabilité du monde arabe, compte tenu de la nécessité de garantir aussi bien une certaine protection des régimes amis (contre l’Union soviétique) ou d’autres alliés de fait, que la sécurité de l’approvisionnement énergétique. Les guerres de 1967 et 1973 ont engendré une double évolution : accroissement considérable du soutien matériel, militaire et politique à Israël, mais aussi intensification de la recherche de solutions aux conflits israélo-palestinien et israélo-arabe en général. Dans un premier temps, l’attention s’est portée sur les préoccupations des Arabes et des Israéliens dans les négociations sur le désengagement et les solutions possibles sur le long terme – le plan Rogers, par exemple, accepté en principe par le président Nasser peu avant sa mort (mais qui se heurtait à une forte opposition des Américains, Henry Kissinger notamment). Ce n’est qu’en 1988, avec l’acceptation par l’OLP d’une solution préconisant l’existence de deux Etats, qu’une nouvelle orientation de la politique américaine a permis de traiter directement avec les représentants palestiniens et leurs préoccupations. La guerre du Golfe de 1990-91 a recentré l’attention sur la recherche d’une solution à la question palestinienne. En effet, pour montrer que la stabilité de la région présentait un intérêt pour les Américains (et les Occidentaux), et qu’il importait de continuer à soutenir le monde arabo-musulman, il fallait démontrer que la guerre n’était pas simplement une affaire anti-arabe ou anti-musulmane et que les griefs arabes avaient également une résonance à Washington. En même temps, l’ordre issu de l’aprèsguerre froide signifiait que cette dynamique ne serait plus entravée comme avant par l’existence d’un monde bipolaire. Last but not 40 least, le le (OLP) a é à l’action dans cert comme u Madrid e sur le gou la rétenti garantie d politique blement a de sa cam Les n manière 1993, init palestinie du tout. I Le présid l’influenc monie de tembre 1 Lorsq bégayer, s en Israël, parvenir à un niveau cela n’a e s’étendre a en fait d de la conf les Territ dentale. mencé à p existante tacle à la Avec l comprom sonnel. S nienne, le 2000, de l’échec de 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 41 3 Gerd Nonneman least, le leadership de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) a été particulièrement affaibli par son incapacité d’adhérer à l’action internationale contre l’Irak, tandis que même Israël a été, dans certains milieux, considéré plus comme un handicap que comme un atout stratégique. Résultat : le processus de paix de Madrid et un exemple rare de pression exercée par les Américains sur le gouvernement (dominé par le Likoud) d’Itzhak Shamir, avec la rétention par l’administration républicaine Bush-Baker d’une garantie d’emprunt de près de 10 milliards de dollars à cause de la politique israélienne d’implantation. Cette mesure a vraisemblablement aidé le parti travailliste d’Itzhak Rabin à sortir victorieux de sa campagne électorale axée sur une plate-forme de paix8. Les négociations du processus de Madrid ont eu lieu de manière pour le moins hésitante. Quant au processus d’Oslo de 1993, initiative secrète et beaucoup plus efficace des négociateurs palestiniens et israéliens, les Américains n’y étaient pas impliqués du tout. Ils n’y furent associés qu’une fois le cadre d’Oslo accepté. Le président Clinton mit alors personnellement tout le prestige et l’influence de l’Amérique au service de cet accord lors de la cérémonie de signature dans le parc de la Maison Blanche en septembre 1993. Lorsque la mise en œuvre du mécanisme d’Oslo se mit à bégayer, surtout avec l’élection en 1996 de Benyamin Netanyahu en Israël, Clinton fit tout son possible pour sauver ce processus et parvenir à une série d’accords progressifs, correspondant chacun à un niveau d’attente moins élevé que le précédent. Sur le terrain, cela n’a empêché ni la confiance de se déliter ni les colonies de s’étendre. De 1993 à la fin de la décennie, la population des colons a en fait doublé9 – sans doute la cause principale de l’effondrement de la confiance des Palestiniens dans le processus de paix. En 2002, les Territoires occupés représentaient quelque 42% de la rive occidentale. C’est sous Clinton que la politique américaine a commencé à permettre officiellement l’expansion des implantations existantes – considérées jusque là comme illégales et faisant obstacle à la paix10. Avec l’arrivée au pouvoir d’Ehud Barak, l’espoir de trouver un compromis incita Bill Clinton à s’engager davantage à titre personnel. S’appuyant sur la dynamique interne israélo-palestinienne, le président américain s’efforça, à Camp David en juillet 2000, de parvenir à un statut définitif. Sa détermination, que l’échec de ces négociations ne réussit pas à entamer, conduisit en 8. Voir également l’analyse lucide de Joffé, op. cit. 9. Ce que confirme l’organisation israélienne des droits de l’homme B’Tselem ; voir Land Grab: Israel’s Settlement Policy in the West Bank, 10’Tselem, Jerusalem, 13 mai 2002. Voir également Nadav Shragai, « B’Tselem: Settlements control 42 % of West Bank », Ha’aretz, 14 mai 2002. 11. Joffé, op. cit., p. 9. Voir également « West Bank Settlements: Swallowing all before them », The Economist, 2 novembre 2002, p. 62. 41 62-French-Text.qxd 17/07/2003 3 09:48 Page 42 Le rôle des Etats-Unis décembre 2002 à la définition des « paramètres Clinton », qui, en dépassant les objectifs de Camp David, constituaient une base acceptable pour de nouvelles négociations entre les deux parties11. Malgré une importante contribution à travers les propositions de décembre 2000, les Américains brillèrent à nouveau par leur absence lors des pourparlers semi-officiels tenus à Taba en janvier 2001 pour développer ces idées. Le seul observateur extérieur directement concerné fut l’Envoyé spécial de l’UE au MoyenOrient, Miguel Angel Moratinos. Bien que ces pourparlers n’aient débouché sur aucun résultat concret, les négociateurs reconnurent qu’ils n’avaient jamais été aussi proches d’un règlement, et le « non-papier » de Moratinos joua le rôle de texte agréé par toutes les parties12. En dépit de ces nuances et de la volonté souvent authentique de trouver un accord, le parti pris américain en faveur d’Israël n’a pas disparu. Une attitude qu’il faut considérer dans le contexte de l’environnement domestique dont nous venons de parler et qu’il ne faut pas s’attendre à voir changer. Ce parti pris prend différentes formes : blocage fréquent des résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale des Nations unies posant problème à Israël et pressions exercées pour faire modifier celles qui ont été acceptées ; contacts privilégiés des officiels et des responsables politiques américains avec des représentants israéliens ; relations étroites avec des acteurs pro-israéliens (qu’ils appartiennent ou non à des groupes de pression) ; et coordination étroite avec Israël des positions avant de les soumettre aux négociations entre les parties (y compris à Camp David). Cette attitude partiale caractérisa également la manière dont Clinton interpréta l’échec de Camp David et des négociations ultérieures, en l’imputant à Arafat : simple reflet de la position d’Ehud Barak13. L’argument – repris ensuite par Clinton et par Bush (et plus généralement par l’administration américaine) – était qu’« Arafat [avait] choisi le terrorisme après avoir rejeté Camp David » –, ce que contredit explicitement le rapport de la Commission Mitchell chargée d’enquêter sur les causes de la seconde intifada14. L’une des conséquences de cette attitude fut la réticence américaine – sauf, peut-être, entre l’été 2000 et février 2001 – à voir l’Europe s’engager davantage et aller au-delà de son aide financière et de son soutien aux initiatives américaines. Une attitude qui conforte la perception des Israéliens, convaincus que l’UE, propalestinienne, ne comprend pas leurs inquiétudes15. 11. Voir Ha’aretz, 31 décembre 2000. Egalement International Crisis Group, Middle East Endgame II: How a comprehensive Israeli-Palestinian peace settlement would look, ICG, 16 juillet 2002, pp. 28-30. 12. Ha’aretz, 14 février 2002. Egalement ICG, Middle East Endgame II, pp. 31-36. 13. Voir Robert Malley et Hussein Agha, « Camp David: The Tragedy of Errors », New York Review of Books, 9 août 2001; ainsi que les échanges entre Ehud Barak et Benny Morris d’un côté, et Robert Malley et Hussein Agha de l’autre, les 13 et 27 juin 2002 dans la même publication (« Camp David and After – An Exchange »). 14. Le cabinet du ministre britannique Claire Short, à propos de la difficulté de mener une politique plus efficace sur la question de la Palestine, dans le contexte de la guerre contre le terrorisme et de l’impasse avec l’Irak, a fait récemment le commentaire suivant : « l’Amérique est ici le maillon faible (…) nous ne pouvons pas lui dire ce qu’il faut faire, et le débat est complètement différent à propos du Moyen-Orient ». Voir « How to make enemies and still influence people: Jackie Ashley meets Clare Short, the international development secretary », The Guardian, 18 novembre 2002. 15. Voir Joseph Alpher, « The Political Role of the EU in the Middle East: Israeli Aspirations », dans Sven Behrendt et Christian Hanelt (dir.), Bound to Cooperate: Europe and the Middle East, Bertelsmann Foundation Publishers, 2000, pp. 193-206. 42 Sous l aspects so conflits d a changé les respo tembre et lisme refa certains r mais les p tactique1 du moins social déc ment dep Bush a la politiq question, ricaine – q pro-israé administ Thomas ministrat 2002, de tions isra termine. lait évite signerait prévoyan israélienn Il ne f décideur l’égard du sincérité mainteni au mond plus. C’e ton20. Po seulemen antagoni un impac soutien t depuis 2 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 43 3 Gerd Nonneman Sous l’administration de George W. Bush, la plupart de ces aspects sont restés très visibles – y compris en ce qui concerne les conflits d’intérêt et les désaccords intérieurs traditionnels. Ce qui a changé est la prédominance croissante de l’unilatéralisme parmi les responsables politiques, à plus forte raison depuis le 11 septembre et la guerre contre le terrorisme – même si le multilatéralisme refait parfois son apparition par pur pragmatisme. Certes, certains responsables sont plus multilatéralistes par conviction, mais les politiques menées dans cet esprit ont plutôt un caractère tactique16. En même temps, l’incapacité de prendre en compte, ou du moins de comprendre, les griefs palestiniens (dans le contexte social décrit ci-dessus) est devenue encore plus flagrante, notamment depuis le 11 septembre17. Bush ayant affirmé qu’« Ariel Sharon est un homme de paix », la politique des purs et durs du Likoud n’a guère été remise en question, même lorsqu’elle allait à l’encontre de la politique américaine – qu’il s’agisse des implantations ou de Jérusalem. Le lobby pro-israélien en est conscient ; « Israël n’a pas eu de meilleure administration depuis Harry Truman », a affirmé, en février 2003, Thomas Neumann, directeur du JINSA18. Plus récemment, l’administration a refusé, en dépit de sa décision du 20 décembre 2002, de promouvoir la feuille de route du Quartet avant les élections israéliennes de janvier 2003 et avant que la guerre d’Irak ne se termine. Même si, selon certains proches du gouvernement, il fallait éviter de donner l’impression que la réélection de Sharon signerait l’arrêt de mort du plan, il était clair que la proposition prévoyant l’arrêt immédiat et inconditionnel des implantations israéliennes ne plaisait pas à l’administration19. Il ne fait guère de doute que, contrairement aux espoirs des décideurs européens, l’engagement de l’administration Bush à l’égard du Quartet et de la feuille de route est, malgré une certaine sincérité au sein du département d’Etat, surtout un moyen de maintenir les apparences et d’envoyer des signes positifs aussi bien au monde arabe qu’aux alliés européens et à la Russie – mais guère plus. C’est certainement ce que l’on pense en privé à Washington20. Pour autant, la politique américaine n’a pas été déterminée seulement par les positions pro-israéliennes : les avis et les intérêts antagoniques évoqués plus haut sont toujours présents et ont eu un impact significatif. Mais l’atmosphère générale a été celle d’un soutien très partial, sinon inconditionnel, d’Israël, en particulier depuis 2002, avec la nouvelle administration Bush. Les efforts 16. Ce que confirment en privé certains Britanniques ainsi que d’autres Européens et des responsables de l’OTAN, y compris ceux qui ont eu l’occasion de travailler directement au sein de l’administration américaine. 17. Voir, par exemple, le rapport Bertini (Catherine Bertini, envoyée spéciale personnelle du Secrétaire général des Nations unies sur les questions humanitaires) d’août 2002, qui a été presque ignoré par la presse américaine. 18. Kaiser, op. cit. 19. Graham Usher, « Road Ahead Blocked », dans Middle East International, 20 décembre 2002, p. 13. 20. En fait, selon un observateur proche de l’administration, le format même du Quarter a presque été conçu pour envoyer le message contraire à l’électorat américain, à savoir que l’exercice ne devrait pas être pris trop au sérieux puisqu’il implique trois des acteurs les moins respectés : l’ONU, la Russie et l’UE. 43 62-French-Text.qxd 17/07/2003 3 09:48 Page 44 Le rôle des Etats-Unis entrepris par les Européens (y compris les Britanniques) pour persuader les décideurs américains de l’intérêt d’adopter des approches différentes n’ont servi à rien car les interlocuteurs attentifs qu’ils ont (souvent à juste titre) pensé avoir au département d’Etat américain n’avaient finalement qu’une influence très limitée21. Evaluation Sans aucun doute, les Américains ont souvent émis des idées nouvelles sur un règlement partiel ou, du moins, une gestion de cette crise. Il est vrai également que Washington a contribué à faciliter et/ou à garantir plusieurs compromis importants : désengagements d’Egypte et d’Israël après 1973 et entre la Syrie et Israël ; Accords de Camp David entre l’Egypte et Israël ; Processus de Paix de Madrid ; et Processus d’Oslo. Le président Clinton a joué un rôle clé lors des pourparlers Barak-Arafat à Camp David et, malgré l’échec de cette rencontre, a, en grande partie, jeté les bases des négociations de Taba grâce à ses « paramètres ». Depuis la fin 2002, les diplomates européens se félicitent en privé d’avoir obtenu un résultat positif en impliquant les Américains dans la « feuille de route » du Quartet. Il est également clair que les décideurs américains ont cherché à rééquilibrer leur soutien à Israël en accordant une certaine considération au point de vue arabe, compte tenu de l’intérêt que représentent pour les Etats-Unis la stabilité de régimes amis et la sécurité de l’approvisionnement énergétique. Sous l’administration de George W. Bush, cette préoccupation est toutefois passée au second plan22. En témoigne le dédain suscité par le plan de paix du prince Abdullah en 2002, alors que cette proposition contenait pour la première fois un engagement collectif des Arabes de normaliser leurs relations avec Israël si un Etat palestinien viable voyait le jour dans les Territoires occupés. Ce changement d’attitude est dû à la nature même de la nouvelle administration : lors de son arrivée au pouvoir, celle-ci a manifesté, entre autres, un mépris relatif pour la politique étrangère et une forte réticence à s’engager à nouveau dans le conflit israélo-arabe après l’« échec » de Clinton ; elle s’est, entre autres, caractérisée par des liens accrus entre le parti républicain et le mouvement chrétien fondamentaliste, et l’alliance de facto récemment formée par ce 21. Ce phénomène n’est pas nouveau. Après tout, la décision américaine de soutenir le Plan de Partition proposé par les Nations unies en 1947 a été prise après que le président Truman passe outre le Conseil du département d’Etat ; et, même pendant l’époque relativement plus impartiale de la première administration Bush-Baker, les négociateurs palestiniens avaient fini par réaliser à quel point l’influence du département d’Etat sur la politique américaine à l’égard d’Israël était limitée (voir Joffé, op. cit., p. 9). 22. Voir par exemple « The Mideast’s tactics of tragedy », Financial Times, 1er avril, p. 10; Richard Wolfe, « Bush’s stance remains in Israel’s favour », Financial Times, 14 avril 2002, p. 3; et Bronwen Maddox, « The missing third pillar of Bush’s foreign policy », The Times, 11 septembre 2002, p. 14. 44 dernier av après le 1 nouveau risme, l’A 11 septem « Palestin ration du nien a eu pied une recomma ont certa jamais a constant Etats-Un tude amb Selon « Mal mouv liens. N lienne Palest notre g juives de rétr Ce com du confli tique am peut sem tifs, mais ment sur concerne ment dan Plus d’u réfugiés la rive o nuent d situatio dienne, solutio actuelle 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 45 3 Gerd Nonneman dernier avec le lobby pro-israélien. Cette attitude s’est intensifiée après le 11 septembre, qui, tout en conférant à l’administration un nouveau rôle international, recentrait l’attention sur le terrorisme, l’Afghanistan et l’Irak. En même temps, l’atmosphère post11 septembre a renforcé aux Etats-Unis la tendance à associer les « Palestiniens » à la violence et au terrorisme mondial23. La déclaration du président Bush appuyant le principe d’un Etat palestinien a eu lieu dans le cadre des efforts entrepris afin de mettre sur pied une coalition contre le terrorisme, puis contre l’Irak ; et les recommandations du Premier ministre britannique Tony Blair y ont certainement contribué. Cette déclaration n’a cependant jamais atteint son objectif. Indépendamment des pressions constantes exercées par Tony Blair et par les autres partenaires des Etats-Unis au sein du Quartet, l’équipe Bush a conservé une attitude ambiguë à cet égard. Selon l’ancien président américain Jimmy Carter : « Malheureusement, notre gouvernement renonce à promouvoir des négociations de fond entre Palestiniens et Israéliens. Notre politique consiste à soutenir toute action israélienne dans les territoires occupés et à condamner à isoler les Palestiniens en les considérant comme la cible obligée de notre guerre contre le terrorisme, alors que les implantations juives continuent de s’étendre et les enclaves palestiniennes de rétrécir »24. Ce comportement de l’actuelle administration Bush vis-à-vis du conflit israélo-arabe illustre on ne peut mieux l’échec de la politique américaine à l’égard de cette question. Une telle évaluation peut sembler brutale, étant donné certains « antécédents » positifs, mais elle est justifiée par les événements récents – non seulement sur le théâtre israélo-arabe lui-même, mais aussi en ce qui concerne les intérêts américains ailleurs dans la région, notamment dans le Golfe et en Irak : Plus d’un demi-siècle après la création d’Israël et du problème des réfugiés palestiniens, il n’existe encore aucun règlement – 42% de la rive occidentale sont aujourd’hui des implantations qui continuent de s’étendre, le reste est traversé de couloirs israéliens, la situation à Gaza ne cesse de se détériorer, la violence est quotidienne, la perspective d’un règlement semble lointaine et aucune solution ne semble possible avec l’approche asymétrique actuelle. 23. C’est ce que reflètent, et qui reflète, les convictions non seulement de l’opinion publique mais aussi des principaux responsables et conseillers de l’administration. Ces positions sont décrites dans le nouvel ouvrage du néo-conservateur canadien, David Frum, The Right Man: The Surprise Presidency of George W. Bush, Random House, 2002 : dès qu’il traite du MoyenOrient, comme le souligne The Economist (18 janvier 2003, p. 81), ce livre se transforme en diatribe où « Palestinien » semble toujours associé à « terrorisme » et « Israélien » n’est jamais suivi de « Territoires occupés ». Dans ce sens, il est relativement proche du langage et des convictions d’un bon nombre de personnes (y compris dans l’opinion publique américaine). 24. Jimmy Carter, « The Troubling New Face of America », Washington Post, 5 septembre 2002, p. A31. 45 62-French-Text.qxd 17/07/2003 3 09:48 Page 46 Le rôle des Etats-Unis Le ressentiment éprouvé par les populations du Moyen-Orient, notamment depuis l’échec du processus de paix sous Ariel Sharon, fait craindre l’instabilité aux régimes proches des Américains. L’attitude « deux poids deux mesures », perçue comme étant celle des Américains, a créé des difficultés inutiles pour la politique sur l’Irak et la « guerre contre le terrorisme ». Il est désormais indéniable que le monde arabe et des pans entiers du monde musulman et du tiers monde éprouvent de plus en plus de méfiance et de colère à l’égard des Américains. Compte tenu de l’explosion démographique et du pourrissement économique, ainsi que du ressentiment à l’égard des gouvernements inefficaces mais répressifs soutenus par les Etats-Unis, cette animosité nuit gravement aux intérêts américains (et occidentaux) sur le long terme. Une radicalisation des populations à travers « l’usage politique de la violence » est une éventualité qu’il ne faut pas écarter. Malgré les tentatives faites pour séparer la question d’Israël des autres problématiques de la région ou de la politique américaine, la réalité sur le terrain est que les gouvernements, les élites et les opinions publiques associent globalement les Etats-Unis à Israël. La politique de Washington est interprétée à la lumière de son attitude vis-à-vis d’Israël, elle-même considérée comme allant à l’encontre de tous les principes proclamés pour justifier la politique menée, par exemple, à l’égard de l’Irak. De plus, la façon dont l’Amérique est perçue compliquera considérablement les efforts entrepris pour traiter d’autres menaces actuelles ou futures pour la sécurité. Les sondages d’opinion montrent, en outre, que des perceptions aussi négatives, riches en conséquences pour les intérêts américains, ne sont pas inévitables. Les populations arabes ne ressentent pas de haine pour l’Amérique en tant que telle, ni pour ses valeurs démocratiques : c’est la politique américaine qui met le feu aux poudres25. Les extrémistes, qui condamnent tout ce qui est américain (ou occidental) ne sont qu’une petite minorité, mais la colère générale suscitée par la politique américaine leur donne de plus en plus de marge de manœuvre. 25. Cela est clairement démontré par Fahed Fanek, « Powell underestimates Arab anti-US anger », Daily Star (Liban), 19 décembre 2002. Son analyse s’appuie sur un sondage d’opinion de Gallup, the National Society of Public Opinion Studies, the World Values Survey and others, pour un résumé, voir « Muslim Opinion Polls », The Economist, 19 octobre 2002, p. 65. 46 Conséqu L’Amériq moyens d confiance manière p attitudes velles per mums au Une p entre elle besoins n tuel gouv De mê l’adminis ce fut le c dans les soit, en l’ sa capacit Que c promis vi ciations d gnés le R Même Eh déclarati aussi pro divergenc négociati plus déta comprom trouvent Group (IC un effort dont la p route du Taba et d l’approch 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 47 3 Gerd Nonneman Conséquences politiques L’Amérique joue un rôle d’autant plus crucial qu’elle seule a les moyens de garantir une éventuelle solution et qu’elle jouit de la confiance d’Israël. Il est donc urgent qu’elle s’engage à nouveau de manière plus constructive, en n’étant pas simplement le reflet des attitudes et des demandes israéliennes, mais en ouvrant de nouvelles perspectives susceptibles de répondre aux besoins minimums aussi bien des Palestiniens que des Israéliens. Une politique de non-intervention (« laisser les parties décider entre elles »), par définition trop favorable à Israël, ne satisfait les besoins ni de l’une ni de l’autre partie, à plus forte raison sous l’actuel gouvernement israélien. De même, la politique très pro-israélienne de ré-engagement de l’administration Bush ne peut se solder que par un échec, comme ce fut le cas dans le passé : soit le leadership palestinien impliqué dans les négociations sera incapable d’accepter un compromis, soit, en l’acceptant, il perdrait toute légitimité, et par conséquent sa capacité de le mettre en œuvre et de contrôler sa base nationale. Que ce soit dans les grandes lignes ou dans le détail, un compromis viable est déjà esquissé. Il se fonde sur les acquis des négociations de Taba de janvier 2001, tels que les a observés et consignés le Représentant spécial de l’UE, Miguel Angel Moratinos. Même Ehud Barak, avant sa défaite, a donné son imprimatur à la déclaration conjointe des deux parties : « elles n’ont jamais été aussi proches de parvenir à un accord et nous pensons donc que les divergences résiduelles pourraient être résolues en reprenant les négociations après les élections israéliennes »26. La description la plus détaillée et la plus réaliste de ce que devrait comprendre un tel compromis – et la feuille de route qui permettrait d’y parvenir – se trouvent dans le rapport en trois parties de l’International Crisis Group (ICG) de juillet 2002, qui suggère une stratégie de « sortie » : un effort international en vue de garantir un règlement définitif dont la plupart des détails ont été réglés à l’avance27. La feuille de route du Quartet reprend certains éléments des négociations de Taba et du rapport du ICG – mais pas la nécessité d’abandonner l’approche progressive utilisée par le passé. 26. Cette déclaration peut être consultée dans la section média du site Internet du ministère israélien des Affaires étrangères, où est reproduit le « non-papier » de Miguel Angel Moratinos : http:// www.mfa.gov.il/mfa/go.asp?MF AH0j7o0. 27. International Crisis Group, Middle East Endgame I: Getting to a Comprehensive Arab-Israeli Peace Settlement; II: How a Comprehensive Israeli-Palestinian Peace Settlement would look; III: Israel, Syria and Lebanon – How Comprehensive Peace Would Look, Amman/Bruxelles, ICG, 16 juillet 2002. 47 62-French-Text.qxd 17/07/2003 3 09:48 Page 48 Le rôle des Etats-Unis Etant donné l’urgence, aussi bien pour la région que pour les intérêts américains et européens, de parvenir à un règlement, et le refus catégorique du gouvernement Sharon de se fonder sur les accords d’Oslo, sans parler de ceux de Camp David ou de Taba, pour trouver une solution, il serait essentiel que les Américains fassent tout leur possible pour amadouer les Israéliens. Mais, compte tenu de la composition de l’actuelle administration, des évolutions depuis le 11 septembre et des perceptions de l’opinion publique américaine, cette perspective semble assez improbable. Raison de plus pour l’Europe de s’engager activement dans un effort concerté aussi bien vis-à-vis de l’Amérique que de la région : comme l’a affirmé Javier Solana, l’UE ne devrait pas être seulement un pourvoyeur de fonds, mais aussi un acteur dans la région (celleci serait alors un « playing ground » plutôt qu’un « paying ground »). L’Union devrait utiliser l’influence qu’elle a également sur les Palestiniens pour promouvoir une meilleure gouvernance et contribuer à éliminer la violence de leur politique. Une quête inutile si aucune solution définitive crédible ne se profile à l’horizon – surtout si le leadership israélien l’exclut explicitement (dans ses déclarations et dans ses actes) et s’il n’est pas mis au pied du mur par les Etats-Unis. L’Union, et les acteurs européens, tout en coordonnant au maximum leur action avec celle de leur allié américain, ne devraient donc pas hésiter à exprimer leur position de manière plus déterminée et à faire des propositions politiques à toutes les parties. Il est vrai que, dans l’exercice de ce rôle, l’Europe s’est heurtée et se heurtera à des contraintes pour plusieurs raisons : (1) ses divisions intrinsèques en matière de politique étrangère ; (2) le rôle encore très limité de la PESC ; (3) l’importance militaire réduite de l’Europe ; (4) les réticences de l’Allemagne et des Pays-Bas à critiquer Israël ; et (5) l’importance d’éviter de lézarder l’alliance de sécurité transatlantique que représente l’OTAN. D’un autre côté, le pourrissement de la situation entre Israël et la Palestine met en cause les intérêts mêmes de l’Europe et, en 2003, la menace du terrorisme d’origine moyen-orientale ne fait qu’accentuer le malaise. Le refrain a toujours été qu’il ne faut rien faire sans l’approbation (ni même l’invitation) de Washington, pour ne pas faire capoter d’éventuelles initiatives de paix sponsorisées par les Américains, mais cela ne suffit plus car leur politique actuelle est 48 défaillant intérêts d et la persu tée de l’Eu la plus ef duise rap doivent ê les acquis essentiell effort pol Enfin, ter un com litateur e garantie m personne plateau d propres i gnée, mai choses ; e garder le prônées p 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 49 3 Gerd Nonneman défaillante – ce dont pâtissent sérieusement non seulement leurs intérêts de sécurité mais aussi ceux de l’Europe. Certes, les conseils et la persuasion jouent un rôle important, mais une action concertée de l’Europe dans l’esprit des accords de Taba pourrait bien être la plus efficace. A moins que la feuille de route du Quartet ne produise rapidement des résultats concrets, les décideurs européens doivent être prêts à revisiter leurs principes. Se borner à « conserver les acquis », ce qui est parfois présenté comme une contribution essentielle de l’Europe28, devient inutile s’il est clair qu’aucun effort politique ne sera entrepris pour garantir leur mise en œuvre. Enfin, outre persuader Israël qu’il est dans son intérêt d’adopter un compromis de paix, l’Amérique pourrait jouer le rôle de facilitateur et de garant d’un tel règlement, à travers notamment une garantie militaire ; en mettant à disposition des observateurs et du personnel pour les postes d’écoute dans la vallée du Jourdain et le plateau du Golan ; en aidant les Palestiniens à développer leurs propres institutions de sécurité. Cette perspective semble éloignée, mais l’inaction européenne et américaine n’accélérera pas les choses ; et il n’existe aucun autre choix sérieux si l’on veut sauvegarder les intérêts américains et européens, ainsi que les valeurs prônées par l’Union européenne. 28. Discussion avec des diplomates européens s’occupant du Moyen-Orient, au cours de l’année 2002. 49 62-French-Text.qxd 17/07/2003 L’Union européenne et la crise au Moyen-Orient 09:48 Page 50 L’Union européenne, les EtatsUnis et le Moyen-Orient : quelques scénarios 4 Stefano Silvestri La politique européenne à l’égard du Moyen-Orient se heurte à un certain nombre de difficultés, qui sont d’autant plus complexes à résoudre que cette politique comporte une importante dimension transatlantique. Il y a toujours eu une division du travail « positive » entre l’UE et les Etats-Unis. L’Amérique a garanti la sécurité d’Israël et des gouvernements arabes modérés (ainsi que celle des principales voies de transit du pétrole et du gaz). L’Union a, pour sa part, toujours offert globalement son soutien politique aux Etats-Unis, tout en maintenant certains contacts avec des pays et des gouvernements plus « problématiques ». Parallèlement, elle a, avec d’autres alliés des Etats-Unis dépendant de l’approvisionnement en pétrole comme le Japon, largement contribué à couvrir le coût de l’engagement américain, offert un environnement économique international bienveillant pour les pays de la région et (dans le cas du conflit israélo-palestinien) financé l’Autorité palestinienne. Sur le long terme, le dialogue méditerranéen de l’UE, ou partenariat euro-méditerranéen, était supposé établir une communauté multilatérale d’intérêt entre tous les pays de la région, sous le parapluie dissuasif de l’Amérique. Dans le cadre de cette division du travail, lors de crises majeures, les Etats-Unis pouvaient sans problème recourir à la force militaire avec le soutien de leurs alliés, alors que l’Union était censée s’investir en matière de « stabilité » et/ou à travers sa présence et ses bons offices. Cet arrangement est aujourd’hui obsolète. Avec les nouvelles contraintes issues du 11 septembre (la guerre contre le terrorisme), les Etats-Unis continuent d’être présents et d’intervenir militairement, mais les Etats modérés de la région, loin d’être rassurés, se sentent menacés parce que les Américains ont adopté un programme et des priorités d’une autre nature. On pourrait dire que les Etats-Unis n’agissent plus en fonction du besoin de garantir la stabilité mondiale, mais pour satisfaire leurs propres besoins 50 de sécuri logue po duit de ré néenne d et la guer Dans croître la guerre en les priori sible à la f Comp et la régi identifiés A. Sur l’I 1. Délit d ment l dès qu la situa 2. Conqu en vue tique e tale. L’ Second 3. Victoi eux qu une ac gouve sées, et delà de B. Pour l 1. L’épre comm calade victoir 2. La pai milita pour q dans l démoc 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 51 4 Stefano Silvestri de sécurité. Par ailleurs, la tentative de l’Europe d’avoir un dialogue positif avec les puissances « problématiques » n’a pas produit de résultat significatif. Entre-temps, la politique méditerranéenne de l’UE a été prise en otage par le conflit israélo-palestinien et la guerre contre le terrorisme. Dans la pratique, il est devenu plus difficile pour l’UE d’accroître la stabilité dans la région pendant cette phase d’aprèsguerre en Irak. D’où une incertitude croissante sur les objectifs et les priorités de la politique américaine et sur le recours futur possible à la force militaire, ainsi que sur l’augmentation des coûts. Compte tenu de la situation actuelle dans l’Irak d’après-guerre et la région du Moyen-Orient, plusieurs scénarios peuvent être identifiés. A. Sur l’Irak : 1. Délit de fuite : après avoir éliminé le régime et occupé brièvement l’Irak, la coalition dirigée par les Etats-Unis quitte le pays dès que possible, sans s’inquiéter outre mesure de l’évolution de la situation. 2. Conquête et démocratisation : les Américains occupent l’Irak en vue d’y mettre sur pied une nouvelle société plus démocratique et d’influencer l’avenir de la géopolitique moyen-orientale. L’Irak devient une sorte d’Allemagne ou de Japon après la Seconde Guerre mondiale. 3. Victoire et remise en état : à un certain point, même si ce sont eux qui ont dirigé l’effort de guerre, les Américains organisent une action multilatérale afin de mettre en place un nouveau gouvernement avec l’aide de toutes les autres parties intéressées, et le soutien du Conseil de sécurité des Nations unies, audelà de la résolution 1483. B. Pour la Palestine et Israël : 1. L’épreuve : Israéliens et Palestiniens continuent de s’affronter comme bon leur semble, y compris dans différentes formes d’escalade (avec, éventuellement, un recours aux ADM) jusqu’à la victoire totale du plus fort, lequel dictera ses conditions. 2. La paix démocratique : toutes sortes de pressions politiques, militaires et économiques sont exercées sur les protagonistes pour qu’ils acceptent des compromis de paix ouvrant la voie, dans le cadre d’importantes garanties internationales, à la démocratisation, au désarmement régional et à de grands 51 62-French-Text.qxd 17/07/2003 4 09:48 Page 52 Quelques scénarios projets de développement économique. 3. Le divorce : le désaccord est constaté, permettant une séparation physique complète entre Israël et la Palestine, y compris un échange « forcé » de population, avec des mesures de compensation garanties par la communauté internationale ainsi que des garanties internationales. II. Puissa Les Amér sur pied u coopérati du mond A2, B2 et C. L’évolution de la guerre contre le terrorisme : 1. Prévention totale (pourrait également s’appeler intervention totale) : les Américains interviennent quand, où et comme ils le jugent approprié, selon leur propre perception de la menace, en mettant sur pied des alliances internationales variables. 2. Répression mondiale : les Etats-Unis et leurs principaux alliés coopèrent étroitement pour instaurer un système de sécurité multilatéral et intégré afin de contrer le terrorisme et d’imposer des mesures de maintien de l’ordre aussi bien nationalement qu’internationalement, en modifiant en conséquence les principes de droit international et constitutionnel. 3. Missions de stabilisation renforcée : une combinaison d’interventions militaires préventive et défensive, essentiellement (mais pas exclusivement) menée par les Etats-Unis, avec le consensus de la communauté internationale ou en accord avec celle-ci, pour traiter un certain nombre de crises (mais pas toutes), suivie d’opérations multilatérales de stabilisation plus ou moins efficaces, généralement sous les auspices des Nations unies. Ces scénarios peuvent s’organiser différemment selon les options offertes aux Américains en matière de politique étrangère, qui comprend également aujourd’hui la politique de défense et de sécurité. Cette politique est susceptible de suivre différentes voies ; en l’occurrence, elle peut déboucher sur trois options possibles dans les mois et les années à venir. III. Puiss Les Etatsreconnais envisagé J liser leur ment rec acceptan choix sera Une év gérer que la société humaine ainsi qu’u de pays. Bien e sible de l’ réalité, c options q nous aide l’Union e I. Puissance unilatérale La politique américaine revêt une dimension volontairement unilatérale, ne tenant aucun compte des intérêts des alliés et se concentrant avant tout sur les priorités nationales (le débat sur les affaires nationales occulte complètement celui sur la politique étrangère). Parmi les scénarios ci-dessus, A1, B1 et C1 correspondent à une telle politique. 52 Options Il est cla l’Union e caces vis-à tradition fois avec l pas fait p tent de lu d’entrepr importan sante dès 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 53 4 Stefano Silvestri II. Puissance impériale Les Américains acceptent le fardeau et la responsabilité de mettre sur pied une sorte d’empire moderne, comprenant des éléments de coopération multilatérale, convainquant ou contraignant le reste du monde à jouer le jeu. C’est ce qui se produirait dans les scénarios A2, B2 et C2 ci-dessus. III. Puissance limitée Les Etats-Unis, spontanément ou sous la pression des événements, reconnaissent les limites de leur pouvoir (plus ou moins comme l’a envisagé Joseph Nye dans son ouvrage1). Ils continuent ainsi d’utiliser leur impressionnante puissance militaire, mais ils ont également recours aux institutions et aux alliances multilatérales, en acceptant de partager le fardeau et les responsabilités avec elles. Ce choix serait compatible avec les scénarios A3, B3 et C3. Une évaluation prudente des tendances actuelles semble suggérer que deux de ces choix (I et III) sont plus faciles à accepter pour la société américaine que le scénario II, qui exigerait des ressources humaines, économiques, politiques et militaires considérables, ainsi qu’une coopération active et volontaire d’un grand nombre de pays. Bien entendu, chacun de ces scénarios reflète une vision possible de l’avenir et n’est qu’une possibilité parmi d’autres. Dans la réalité, c’est à une combinaison inattendue de ces différentes options que l’on assistera. Cette schématisation peut néanmoins nous aider à déterminer où se trouvent les principaux intérêts de l’Union européenne. Options pour l’Union européenne Il est clair désormais que les moyens traditionnels offerts par l’Union européenne en tant que « puissance civile » ne sont pas efficaces vis-à-vis des crises au Moyen-Orient. L’approche économique traditionnelle de l’UE est à l’évidence inappropriée pour traiter à la fois avec les Palestiniens et Israël. Les sanctions économiques n’ont pas fait plier l’Irak et il est encore moins probable qu’elles permettent de lutter contre le terrorisme. En même temps, la perspective d’entreprendre de nouvelles missions du type Petersberg est certes importante pour promouvoir la stabilité, mais totalement insuffisante dès lors qu’il s’agit des missions expéditionnaires. 1. Joseph S. Nye Jr, The paradox of American power: why the world’s only superpower can’t go it alone, Oxford University Press, New York, 2002. 53 62-French-Text.qxd 17/07/2003 4 09:48 Page 54 Quelques scénarios Par conséquent, l’Union européenne devrait être favorable à un engagement militaire accru des Etats-Unis dans la région, à condition que ceux-ci laissent une certaine marge de manœuvre aux alliés, en reconnaissant par exemple les limites de leur puissance (le troisième choix ci-dessus, avec les scénarios régionaux associés). Cette option exige toutefois un engagement de plus en plus important de la part des Européens, ainsi que de nouvelles formes de gestion politique de leurs relations avec les Etats-Unis. La PESD devrait aller plus loin que l’actuel Headline Goal d’Helsinki et les missions de Petersberg, et comprendre les moyens de mener des forces expéditionnaires (ou de coopérer avec les Américains dans ce domaine). A moins que l’Alliance atlantique ne passe par une réforme stratégique et institutionnelle majeure, devenant ainsi le centre opérationnel des futures opérations alliées à l’échelle mondiale (ce que les Américains ne souhaitent peut-être pas), il faudra créer une nouvelle forme de comité directeur conjoint (comme le nouveau Groupe de contact ou le Quartet – d’autres possibilités pouvant également être explorées). Entre-temps, en ce qui concerne le Moyen-Orient (et la Russie, avec laquelle il conviendrait d’instaurer des relations plus productives), il serait dans l’intérêt de l’Union européenne de renforcer ses liens avec certains pays clés à proximité des principales zones de crise, tels que l’Egypte, l’Iran, la Turquie et éventuellement l’Inde, le Pakistan ainsi que le Maroc. L’Europe devrait également commencer à élaborer une stratégie commune dans la région de la mer Noire et le Caucase afin d’accroître la coopération avec Moscou en matière de sécurité et de stabilité. Pour conclure, l’Union européenne devrait travailler étroitement avec les Etats-Unis afin de trouver des solutions pragmatiques aux nombreux problèmes du Moyen-Orient. La mise en oeuvre de la « feuille de route » sera l’occasion de vérifier que les deux médiateurs ont établi entre eux la bonne synergie. Reste à savoir quelle politique mondiale les Américains vont mener d’ici aux élections présidentielles de novembre 2004. Entre-temps, les Européens doivent réaliser que leur « puissance civile » traditionnelle conduit à une politique étrangère peu efficace pour traiter des crises aussi sérieuses que celle du Moyen-Orient. 54 Conc la pa Martin Or Il est touj richesse e que quatr rentes et qui perm ces contri en Europ de vue eu contient avancées subjectif, l’Union e rappeler q solutions l’Union d Les pa (1) leçons depuis l’é Unis en t l’égard du volonté d atteindre que la mé et les Pale Bilan du De l’avis g positifs. I rique, l’U dans la re suite à la c 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 55 L’Union européenne et la crise au Moyen-Orient Conclusion : la paix est entre leurs mains Martin Ortega Il est toujours difficile de mettre fin à un dialogue intelligent. La richesse et la variété des contributions précédentes démontrent que quatre Européens peuvent faire des évaluations à la fois différentes et pertinentes. Toutefois, il existe des éléments communs qui permettent de parler d’un point de vue européen. Bien entendu, ces contributions ne représentent pas toutes les positions possibles en Europe, et cette conclusion n’a pas pour but d’élucider ce « point de vue européen ». Tenant compte des chapitres précédents, elle contient plutôt une élaboration personnelle des principales idées avancées par les auteurs, ainsi qu’un regard vers l’avenir, non moins subjectif, sur les possibilités d’une influence pacificatrice de l’Union européenne sur la crise du Moyen-Orient. Il faut peut-être rappeler que l’objectif de ce Cahier de Chaillot n’était pas d’offrir des solutions pour régler le conflit, mais d’aider à réfléchir sur le rôle de l’Union dans la pacification du conflit. Les pages suivantes s’articulent autour de quatre grands sujets : (1) leçons de l’approche européenne du conflit israélo-palestinien depuis l’été 2000 ; (2) leçons du rapport entre l’Union et les EtatsUnis en tant que médiateurs dans ce conflit ; (3) possibilités à l’égard du rôle futur de l’UE dans la solution du conflit ; et (4) la volonté des deux protagonistes, comme principal élément pour atteindre la paix. En effet, l’argument final de cette conclusion est que la médiation des acteurs extérieurs ne peut rien si les Israéliens et les Palestiniens ne veulent pas la paix. Bilan du rôle de l’Union pendant le conflit De l’avis général, l’action menée jusqu’ici par l’UE a eu trois aspects positifs. Il faut souligner d’abord que, dans une perspective historique, l’Union européenne a confirmé son engagement progressif dans la recherche d’une solution pacifique au conflit israélo-arabe, suite à la création de la PESC dans le Traité de Maastricht, au lance55 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 56 Conclusion ment du processus de Barcelone en 1995, et au renforcement de la PESC par le Traité d’Amsterdam. L’Union a soutenu ou a été présente dans toutes les démarches internationales pour la recherche de la paix dans le différend entre Israéliens et Palestiniens, même lorsque le processus de paix s’est transformé en crise à partir de l’été 2000, puis en conflit ouvert. L’UE a élaboré, en vue de la résolution du conflit, une position claire et cohérente, fondée sur des principes acceptés par l’ensemble de la communauté internationale et consacrés tout au long du processus de paix, depuis la Conférence de Madrid en 1991 : acceptation par tous les pays voisins du droit d’Israël à vivre en paix et en sécurité, création d’un Etat palestinien, ce qui permettrait la coexistence de deux Etats dans des frontières stables, et négociation entre les parties fondée sur l’adage « paix contre territoire ». Les Etats membres de l’UE se sont efforcés de faire converger leurs vues, permettant ainsi à l’Union d’élaborer une position commune, qui a été exprimée lors d’importantes déclarations, et notamment, dans celles annexées à chaque Conseil européen depuis Berlin en mars 1999. Elle a fait tout son possible pour que cette position commune soit équilibrée, en condamnant la violence des deux parties et en demandant instamment la reprise des négociations. Deuxièmement, l’action directe de l’UE a été possible par l’intermédiaire du Haut Représentant et de l’Envoyé spécial de l’Union. Leur intervention a été constructive tout au long des quatre phases de la crise : participation aux négociations de Charm-el-Cheik et de Taba en hiver 2000-2001, participation à la commission Mitchell pour la recherche d’un cessez-le-feu, dialogue sécuritaire et action humanitaire pendant la période la plus grave du conflit au printemps 2002 (qui a été particulièrement efficace pour mettre fin au siège de la basilique de Bethléem), et participation active au Quartet depuis sa création en avril 2002, permettant la préparation de la « feuille de route ». La présence de Javier Solana, en tant que représentant de l’ensemble de l’Union plutôt que de tel ou tel Etat membre, est une démarche originale, qui a contribué à la visibilité de la politique européenne vis-à-vis du conflit. Troisièmement, l’Union a bien compris que la violence sur le terrain avait des retombées économiques et sociales très pernicieuses pour les deux parties. De ce fait, elle a fait de son mieux pour soulager ou au moins ne pas aggraver les conséquences négatives de ce qui s’est avéré une guerre d’usure. Ainsi, l’Union a 56 accordé u aussi qu violence) les deux p nomique crise et e violence. Dans l’Union p les critiqu tion à l’ég valent à d trop peu, contenté conséque sépare la nien – qu l’Union a conflit fo ciée et no politique dant pres pable de suffisam nale sign jouer. Cel des droits de vue, l’U aspects p même avi nomique Enfin, on reconn Etats me rables, m proposée Hubert V 2002), l’a saient en visites et août 200 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 57 Martin Ortega accordé une aide d’urgence à l’Autorité palestinienne (afin d’éviter aussi que son effondrement ne génère encore davantage de violence), et a exclu l’adoption de sanctions économiques contre les deux parties. La Commission s’est assurée que les rapports économiques et commerciaux ne seraient pas endommagés par la crise et elle a, elle aussi, insisté sur la nécessité de stopper la violence. Dans une large mesure, les aspects négatifs de l’action de l’Union pendant le conflit sont le revers de la même médaille, car les critiques adressées à l’Union reflètent une certaine insatisfaction à l’égard des progrès réalisés. Grosso modo, les critiques équivalent à dire qu’en dépit des éléments mentionnés, l’Union a fait trop peu, et qu’elle devrait aller plus loin à l’avenir. L’Union s’est contentée de suivre une « politique déclaratoire » qui n’a pas eu de conséquences pratiques, selon les critiques. Un véritable fossé sépare la position de principe de l’UE sur le conflit israélo-palestinien – qui est correcte – et son action réelle. Dans les années 1990, l’Union avait défini une vision très claire de la résolution du conflit fondée sur l’existence de deux Etats et une solution négociée et non unilatérale. Au moment de soutenir cette approche politique face à une escalade de la violence des deux parties, rendant presque impossible une solution négociée, l’UE a été incapable de le faire. Ainsi, l’Union européenne n’a pas défendu avec suffisamment de constance l’idée d’une intervention internationale significative, dans laquelle elle aurait un rôle important à jouer. Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne la défense des droits de l’homme, où l’UE a montré des carences. De ce point de vue, l’Union devrait faire davantage entendre sa voix dans les aspects politiques du conflit (même si elle n’est pas toujours du même avis que les Etats-Unis), et pas seulement pour le volet économique. Enfin, dans le bilan de la présence européenne dans le conflit, on reconnaît généralement que les contributions individuelles des Etats membres de l’UE n’ont pas eu de répercussions considérables, malgré la bonne volonté démontrée par les pays qui les ont proposées. Que ce soit l’idée du ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine d’établir une force d’interposition (au printemps 2002), l’action des présidences successives (même si elles agissaient en tant que présidence tournante de l’UE), que ce soit les visites et plans du ministre des Affaires étrangères allemand (en août 2001) ou de ministres de bien d’autres pays, ou la convoca57 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 58 Conclusion tion par le gouvernement britannique d’une conférence sur la réforme de l’Autorité palestinienne en janvier 2003, toutes ces initiatives ont montré, dans une perspective historique, leur faiblesse relative. A l’évidence, les initiatives étatiques n’ont pas beaucoup de chances de succès si elles ne sont pas soutenues par les autres membres de l’UE, mais il faut reconnaître qu’il est difficile d’avoir l’appui de tous les Etats de l’Union lorsqu’il s’agit de formuler des mesures pratiques concrètes, au-delà de l’accord sur les principes généraux contenus dans les déclarations de l’Union. Cela nous amène à la dernière leçon sur le rôle de l’Union dans la résolution pacifique du conflit du Moyen-Orient. Ce sont les divers points de vue des Etats membres sur l’application des principes pour la solution du conflit qui empêchent une action plus déterminée de l’UE. Les délibérations du Conseil ne sont pas publiques, mais il existe beaucoup d’indices pour affirmer qu’au sein de l’Union, il y avait une majorité en faveur de l’adoption de mesures spécifiques afin d’essayer d’accroître les pressions sur les deux parties. La décision du Parlement européen en date du 10 avril 2002, adoptée par une majorité de 269 voix contre 208, et 22 abstentions, et qui préconisait l’adoption de sanctions économiques contre les deux parties en est peut-être une preuve. La position de la Commission, exprimée surtout à travers les déclarations de son Président Romano Prodi et du Commissaire Chris Patten pendant les périodes les plus aiguës de la crise, implique également une volonté d’entreprendre une démarche politique plus engagée. On peut donc conclure que l’unanimité comme méthode de prise de décision privilégiée pour définir la politique extérieure de l’Union, qui empêche le renforcement de la PESC dans d’autres domaines, constitue aussi un obstacle pour l’exercice d’un rôle plus actif dans la pacification du conflit du Moyen-Orient. Leçons du rapport entre les Etats-Unis et l’UE en tant que médiateurs Le point de départ est que les Etats-Unis sont le seul médiateur capable de générer la confiance des deux parties et le seul qui peut garantir le respect des accords éventuels. Toutefois, si le président Clinton s’est efforcé d’être un médiateur objectif, le président Bush, en revanche, a changé l’approche et montré, au départ, qu’il ne voulait pas se mêler à une controverse trop dure. Certains y ont 58 vu une at et un man A l’éviden idées d’Ar Au co cadres de côtés de hiver 200 d’accomp complém une polit tion quel de propo de l’Unio niens (en péens ont n’a pas eu pire mom qu’ils rej lorsque l’ fat au mo nait avec sacrées d contrer J coopérat Quartet. de route » tous les m Par co Unis et l’U male lors montrer Unis s’ab tante des cette requ une grand semble de même si Unis, la m cès à long Quartet, 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 59 Martin Ortega vu une attitude de « laissez faire » pour la partie la plus forte, Israël, et un manque de volonté de comprendre le point de vue palestinien. A l’évidence, le président Bush a accepté beaucoup de prétentions et idées d’Ariel Sharon. Au cours des trois années écoulées depuis l’été 2000, divers cadres de négociation ont existé. Lorsque l’Union a participé aux côtés de l’Amérique à la recherche d’une solution négociée (en hiver 2000-2001, par exemple), l’Union a joué un important rôle d’accompagnement des Etats-Unis, avec lesquels il existait une complémentarité. Toutefois, lorsque les Etats-Unis ont préféré une politique d’abstention et ont laissé tomber l’idée d’une médiation quelconque, l’UE a été incapable d’avoir un rôle autonome et de proposer une médiation aux parties. Certes, les représentants de l’Union ont continué de parler avec les Israéliens et les Palestiniens (en l’occurrence, les initiatives individuelles des Etats européens ont proliféré à la même époque), mais la présence de l’Union n’a pas eu les répercussions souhaitables. Plus concrètement, au pire moment du conflit, les Israéliens ont clairement montré qu’ils rejetaient le rôle de l’Union européenne, par exemple, lorsque l’armée israélienne a bombardé le quartier général d’Arafat au moment où l’Envoyé spécial Miguel Moratimos s’entretenait avec lui le 6 mars 2002, bafouant ainsi les règles les plus sacrées de la diplomatie, et lorsque Ariel Sharon a refusé de rencontrer Javier Solana à la même époque. Un troisième cadre de coopération entre les médiateurs a vu le jour avec la création du Quartet. La synergie appropriée a peut-être été trouvée. La « feuille de route » est, en effet, un bon plan qui mérite le soutien ferme de tous les médiateurs. Par conséquent, la principale leçon du rapport entre les EtatsUnis et l’UE en tant que médiateurs est que leur influence est maximale lorsqu’ils agissent ensemble. Toutefois, l’Union devrait se montrer prête à avoir un rôle plus déterminé lorsque les EtatsUnis s’abstiennent. C’est peut-être la conclusion la plus importante des chapitres de Muriel Asseburg et Gerd Nonneman, et cette requête est également partagée par l’auteur de ces lignes, par une grande partie des experts européens et, certainement, par l’ensemble de l’opinion publique européenne. Une autre leçon est que, même si le médiateur le plus capable continue d’être les EtatsUnis, la médiation la plus objective qui a le plus de chances de succès à long terme est multilatérale, et plus concrètement celle du Quartet, où les Etats-Unis partagent leurs responsabilités avec les 59 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 60 Conclusion Nations unies, la Russie et l’UE. La médiation des pays voisins, et notamment de l’Egypte (par exemple, pendant la phase la plus aiguë de la crise, afin de garder le contact avec les différentes factions palestiniennes), s’est montrée aussi très utile à cet égard. En somme, une médiation impartiale est la seule garantie d’une paix stable et de la sécurité à long terme des deux parties. Possibilités à l’égard d’un rôle futur de l’UE dans la solution du conflit A travers des négociations tenaces entre les Etats membres pendant des années, l’Union européenne a développé une vision très achevée de la résolution du conflit au Moyen-Orient. Cette approche s’articule autour de l’importance des négociations entre les parties et l’exclusion de l’affrontement armé, de la création de deux Etats, et du respect des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité afin de parvenir à un accord sur le dossier central que représente l’attribution du territoire. Ces idées ont également inspiré le plan Clinton et les négociations de l’hiver 2000-2001. De même, le président Bush a finalement reconnu en octobre 2001 que la création d’un Etat palestinien à côté de l’Etat israélien était, à terme, la seule solution pour mettre fin au conflit, comme l’a aussi souligné la résolution 1397 du Conseil de sécurité du 12 mars 2002. Par conséquent, l’Histoire démontre que l’Union a maintenu une vision cohérente de la solution du conflit, dont les vertus sont peu à peu reconnues. Les principes mentionnés constituent donc une base solide pour une action européenne en faveur de la paix. L’Union devrait faire valoir son point de vue pour des raisons de principe mais aussi pour des raisons plus pratiques. Il est bien entendu dans l’intérêt immédiat de l’Union et de ses Etats membres de contribuer à trouver une solution pacifique à travers un accord fondé sur ces principes. La continuation de la violence au Moyen-Orient a des retombées négatives sur l’Europe, car la violence propage de l’instabilité à toute la région méditerranéenne, le différend est dans l’imaginaire arabe une source d’insatisfaction qui dégénère en terrorisme, et le conflit peut aussi avoir des conséquences économiques négatives très graves, comme ce fut le cas par le passé. Dans les pires scénarios, la violence pourrait aussi mener à l’instabilité politique dans d’autres pays de la région, ainsi qu’à la prolifération d’armes de destruction massive. En 60 revanche changem dont l’Un tion des c publique d’une faç S’il es conflit, r elle ? L’U conflit si trois type et militai notamme a une cap sus entre Haut Re conféren moyens devrait êt qu’elle a une gran tions isra l’UE. 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Suite à sa participation directe aux négociations, notamment dans le cadre du Quartet, l’Union a démontré qu’elle a une capacité diplomatique propre ; il suffit qu’il y ait un consensus entre les Etats membres pour donner le mandat approprié au Haut Représentant, ou aux institutions compétentes après la conférence intergouvernementale en 2004. En ce qui concerne les moyens économiques, l’Union, en tant que puissance civile, devrait être consciente de la grande importance des instruments qu’elle a entre ses mains. L’Autorité palestinienne dépend dans une grande mesure de l’aide de l’UE, tandis que 30% des exportations israéliennes et 40% de ses importations sont originaires de l’UE. L’Union ne doit pas prendre de sanctions économiques envers les deux parties du conflit de façon irresponsable ou arbitraire, mais elle ne doit pas non plus exclure ce type de décision. En refusant absolument l’emploi des sanctions, l’Union limiterait ses possibilités d’influence sur les parties, et n’exercerait pas la responsabilité qui lui incombe de contribuer à la pacification du conflit, avec les effets bénéfiques que cela apporterait à la région et en Europe. Enfin, l’Union dispose aussi d’instruments militaires puisque que, lors d’un futur accord de paix soutenu par la communauté internationale, elle peut mettre la force européenne à la disposition des parties afin d’effectuer des tâches d’interposition ou de maintien de la paix. L’UE a, par ailleurs, un autre atout en sa faveur : son impartialité et son objectivité vis-à-vis d’un différend très complexe. Il serait inacceptable qu’il ait un autre médiateur capable d’être honnête (honest broker), et que l’Union le soit moins. Au fil des ans, l’Union a amplement démontré qu’elle comprend les points de vue des deux parties, et elle a condamné la violence avec la même intensité quelle qu’en soit l’origine. L’Union ne peut pas accepter 61 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 62 Conclusion d’être accusée de soutenir la violence. Par exemple, lorsqu’il y a eu des doutes à ce sujet, la Commission et le Parlement européens ont entamé les recherches nécessaires et ont vérifié avec le plus grand soin que les fonds destinés à l’Autorité palestinienne n’étaient pas employés à cette fin 1. En définitive, l’objectif de l’Union n’est pas de soutenir politiquement une partie ou l’autre, mais de promouvoir une solution pacifique. De ce point de vue, la solution recherchée par l’UE est la plus juste possible, ce qui signifie aussi la plus durable, la plus stable, et la seule qui assurerait la sécurité et la prospérité des deux parties. En ce qui concerne le rôle futur de l’Union dans la pacification du conflit, un problème majeur reste à traiter : le développement d’une volonté politique au sein de l’UE induisant une présence plus active. Si l’Europe a une vision claire de la situation, si elle a les moyens d’agir, et si, en même temps, son action impartiale a toutes les chances de déboucher sur une solution pacifique assurant la sécurité et la prospérité des deux parties, pourquoi ne réagit-elle pas en se lançant dans une intervention plus déterminée et plus responsable ? La raison apparente, l’absence d’accord entre tous les Etats membres, peut aussi se décliner autrement : le véritable obstacle est le manque de confiance en soi de l’UE. Les Etats les plus entreprenants comme les Etats les plus réfractaires pensent que l’Union n’a pas le pouvoir d’influencer les parties, et notamment la partie la plus forte, Israël. De même, les Etats membres réfractaires craignent qu’une position plus déterminée de l’Union aille à l’encontre des intentions des Etats-Unis. Le handicap de l’Union n’est donc pas fonctionnel, mais plutôt d’ordre psychologique. Les Etats membres les plus puissants veulent intervenir dans le conflit, mais ils ne le peuvent pas : ils sont trop « faibles ». L’Union ne veut pas intervenir (certains Etats l’en empêchent), mais elle est la seule qui pourrait le faire : elle est assez forte et sa « faiblesse » n’est qu’apparente. L’UE sous-estime donc ses propres capacités. Par conséquent, les principes et les valeurs qu’elle (et ses Etats membres) déclare défendre sont mis à mal, les peuples des deux parties continuent à subir les dégâts de la violence, et les citoyens européens ne cessent de déplorer l’inefficacité des Etats et de l’Union face à ce conflit meurtrier. Même si la probabilité d’une présence accrue de l’Union dans le conflit semble à présent limitée, les Européens devraient réfléchir à cette possibilité et réaliser qu’elle peut être nécessaire à l’avenir. Les cadres de coopération entre médiateurs introduits dans la sec- 1. L’Office européen de lutte antifraude (OLAF) et le Parlement européen ont effectué des recherches exhaustives : voir réponse du Commissaire Chris Patten adressée à l’eurodéputé M. Laschet, 5 février 2003. 62 tion préc la présen pas consi ni s’atten quatre m l’Union e du confl route » n cause, en ment am revient à péens réc du confli les évolut si, après d portent le recomme l’Union p lement au accord, y militaire tion à ce C sance mo plus grav Européen La volon atteindr Notre con sent et fu mais l’im analysé. I limité dan le médiat points de de paix en Unis sur l facteurs. joué lors 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 63 Martin Ortega tion précédente sont très variés, et il peut y avoir des situations où la présence de l’Union sera souhaitable, voire inévitable. Il ne faut pas considérer le Quartet comme le cadre de coopération définitif, ni s’attendre à un accord permanent et inébranlable entre les quatre médiateurs. Dans au moins deux scénarios opposés, l’Union est susceptible de s’impliquer davantage dans la solution du conflit. D’une part, si d’ici à l’automne 2004, la « feuille de route » n’a pas un suivi satisfaisant d’un point de vue européen, à cause, entre autres, d’un manque d’appui de la part du gouvernement américain, et si le président Bush, réélu en novembre 2004, revient à une politique abstentionniste, il se peut que les Européens réclament une participation plus active dans la pacification du conflit, surtout si l’opinion publique européenne estime que les évolutions sur le terrain sont inacceptables. Dans le cas opposé, si, après des mois de frustration, ce sont les démocrates qui remportent les élections aux Etats-Unis, et si le nouveau président veut recommencer une politique d’engagement dans les négociations, l’Union pourrait alors être invitée à participer activement non seulement aux négociations mais aussi à l’application de l’éventuel accord, y compris dans les domaines politique, financier, voire militaire. Comme Stefano Silvestri l’a indiqué dans sa contribution à ce Cahier, les Etats-Unis peuvent choisir d’être soit une puissance mondiale impliquée dans les problèmes internationaux les plus graves ou bien une puissance détachée de ces questions, et les Européens doivent réagir en conséquence. La volonté des deux protagonistes, élément principal pour atteindre la paix Notre conclusion a été jusqu’ici une réflexion sur le rôle, passé, présent et futur, de l’UE dans la solution du conflit du Moyen Orient, mais l’impact réel des acteurs extérieurs sur le conflit n’a pas été analysé. Il ne faut pas se leurrer. Les médiateurs ont tous un rôle limité dans la pacification du conflit. L’Histoire montre que même le médiateur le plus influent, les Etats-Unis, ne peut imposer ses points de vue dans toutes les circonstances. Le début du processus de paix en 1991 s’est accompagné d’une forte pression des EtatsUnis sur les parties, qui a porté ses fruits grâce à l’existence d’autres facteurs. De même pour le rôle de « facilitateur » que la Norvège a joué lors des accords d’Oslo en 1993. Le différend est si enraciné 63 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 64 Conclusion dans l’Histoire, si difficile à rationaliser, et vécu de façon si intense par les parties impliquées que les acteurs extérieurs ne doivent pas se faire d’illusions sur leur influence. Cela s’applique d’autant plus à l’Union européenne qu’elle est un acteur très jeune sur la scène internationale, qu’elle souffre d’un manque de confiance, et que sa médiation n’est pas facilement acceptée par les deux parties. Quelle est l’incidence des médiateurs sur les parties ? Autrement dit, quelles sont leurs chances de contribuer effectivement à la pacification du conflit ? Il n’y a pas de formule mathématique précise pour mesurer l’efficacité de la médiation ou d’autres influences. Mais il existe des études très intéressantes qui permettent de replacer cette influence extérieure dans son contexte. Par exemple, une étude révélatrice de Karen Rassler2, montre que la pression des acteurs extérieurs n’est qu’un élément parmi d’autres durant les phases d’apaisement du conflit, car quatre éléments sont intervenus simultanément : (1) l’existence d’un « choc » pour une ou les deux parties (tel que l’invasion israélienne du Liban en 1982, l’intifada en 1987 ou la guerre du Golfe en 1991), qui prépare le chemin ; (2) le rôle des leaders charismatiques et « entrepreneurs » qui osent effectuer des démarches nouvelles vers la paix (comme Yasser Arafat et Itzhak Rabin en 1993) ; (3) la négociation entre les parties qui donne lieu à une réciprocité réelle ; et (4) la pression des acteurs extérieurs, qui pousse et aide les parties à passer des accords (par exemple, la médiation du secrétaire d’Etat James Baker en 1991). Cette observation oblige à une certaine modestie à l’heure de planifier une médiation ou une intervention quelconque des acteurs extérieurs. Probablement, la guerre en Irak a été un choc « indirect » pour les parties. Il est possible aussi que le gouvernement américain commence à exercer une nouvelle pression sur les parties à partir de l’été 2003 afin d’entamer une nouvelle phase de négociation. Reste à savoir si les Israéliens et les Palestiniens sont prêts à s’engager sur la voie pacifique. Face à cette situation incertaine, leurs efforts pour convaincre les parties, même si les circonstances ne sont pas idéales, la volonté et la détermination des acteurs extérieurs et, en tout cas, de l’Union devraient être fermes. En effet, dans le cas de l’UE, l’intervention n’est pas une question d’opportunisme politique, mais elle devient incontournable pour des raisons de principe et d’intérêt. 2. Karen Rassler, « Shocks, expectancy revision, and the de-escalation of protracted conflicts: the Israeli-Palestinian case », dans Journal of Peace Research, vol. 37, n. 6, novembre 2000, pp. 699720 (contient une importante bibliographie). Le professeur Rassler analyse la période de 1979 à 1998 et décrypte les causes qui ont amené Israéliens et Palestiniens à « dé-escalader » dans leur affrontement et, éventuellement, à parvenir à un accord. 64 La réf pale de p gonistes. Unis, ou négociati remplace continue elle devra Dans l tif n’était du confli déjà exist nombreu positions sont pas des partie 2000-200 chell, le p Quartet, dans la m think tank positions extérieur Face à doivent s tions resp et de la n perspecti vraiment nuent pen blir mutu nomique respectiv Pour l emprunt Palestini qu’ils n’a des méth leur caus 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 65 Martin Ortega La réflexion qui précède signifie que la responsabilité principale de parvenir à un accord reste entre les mains des deux protagonistes. L’Union européenne et ses Etats membres (ou les EtatsUnis, ou d’autres médiateurs) ne peuvent qu’offrir leur aide à la négociation et à une solution pacifique, mais ils ne peuvent pas remplacer les parties. Si elles préfèrent continuer à lutter, l’Union continuera à insister sur les principes d’une solution pacifique et elle devra aussi faire monter la pression sur les deux protagonistes. Dans l’introduction de ce Cahier, il a été indiqué que son objectif n’était pas de proposer des termes spécifiques pour la solution du conflit. A vrai dire, ce n’est pas nécessaire, car les propositions déjà existantes pour l’apaisement et la solution du conflit sont nombreuses. Les plans élaborés par les milieux officiels et les propositions faites par les experts et universitaires prouvent que ce ne sont pas les idées qui manquent, mais plutôt la volonté politique des parties de les appliquer. Au niveau officiel, les négociations de 2000-2001, le « non-papier » de Miguel Moratinos, le rapport Mitchell, le plan Tenet de cessez-le-feu, et la « feuille de route » du Quartet, représentent tous, avec des contenus divers, un effort dans la même direction3. Dans le domaine universitaire et des think tanks, il y a aussi une grande abondance de projets et de propositions sur le fond de la dispute et sur l’intervention des acteurs extérieurs4. Face à cette foule d’idées, il est temps d’agir. Les deux parties doivent se rendre compte que la violence n’améliore pas leurs positions respectives, et qu’elles doivent plutôt suivre la voie de la paix et de la négociation. Il faut qu’elles regardent le conflit avec une perspective historique de long terme et utilisent une approche vraiment stratégique. Autrement, le vrai risque est qu’elles continuent pendant des années et des années de s’entretuer et de s’affaiblir mutuellement, dans une spirale de dégradation politique, économique et morale, sans pouvoir faire avancer leurs positions respectives. Pour les Palestiniens, il est temps d’agir parce qu’ils doivent emprunter la voie des revendications pacifiques. Il est clair que les Palestiniens comptent continuer à lutter pour leurs droits, et qu’ils n’accepteront pas n’importe quel accord, mais l’utilisation des méthodes pacifiques de protestation politique ne nuira pas à leur cause. Au contraire, ce sont les méthodes violentes qui 3. Une liste utile des documents officiels disponibles se trouve sur les pages Internet des organisations suivantes : Bitterlemons (http://www.bitterlemons.org/ docs.html), Mideast Web (http://www.mideastweb.org/hi story.htm), UNISPAL (http://domino.un.org/UNISPAL.NSF), et Yale Law School (http://www. yale.edu/lawweb/avalon/mideast/mideast.htm). 4. Voir, par exemple, Michael Emerson et Nathalie Tocci, « Road Maps and final destinations for Israel and Palestine », Working Paper No. 12, CEPS avril 2003 ; Forum d’experts réuni par Jarat Chopra et Yezid Sayigh, « Planning considerations for international involvement in the Israeli-Palestinian conflict », avril 2003 ; Robert Malley, rapporteur, A Middleast Roadmap to Where ?, International Crisis Group, 2 mai 2003 ; Felix Neugart, Conflict in the Middle East – Which Role for Europe ?, Bertelsmann Stiftung, 17 février 2003 ; Denis Ross et al., Winning the peace in the Middle East, A bipartisan blueprint for postwar US policy, Washington Institute for Near East Policy, avril 2003. La conclusion du chapitre de Muriel Asseburg dans ce Cahier contient également des pistes d’action intéressantes. 65 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 66 Conclusion risquent d’endommager leurs demandes et, à la fin, elles peuvent conduire à la fatigue des médiateurs – de ceux qui sont plus proches de leur position, comme les pays arabes, et de ceux qui sont plus neutres. A l’évidence il y aura toujours des forces palestiniennes qui refuseront de renoncer à la violence, mais le gouvernement et la majorité des Palestiniens devraient imposer leur point de vue en faveur d’une solution pacifique, et contrôler le terrorisme. Pour les Israéliens, il est temps d’agir parce que c’est le moment de créer un Etat dans des frontières stables et sûres. Le peuple d’Israël a le droit de vivre en paix dans son foyer historique, tel qu’il a été reconnu par la communauté internationale en 1948. Ce droit a été corroboré par la nouvelle communauté internationale de l’après-guerre froide lors de la Conférence de Madrid de 1991 et tout au long des années 1990. La lutte du peuple d’Israël pour la défense de son territoire depuis 1948 s’est transformée, pendant la durée du processus de paix, en opportunité historique de consolider l’Etat. Les Israéliens devraient toujours avoir cela à l’esprit et ne pas chercher à transformer leur défense en conquête de nouveaux territoires. Ce désir d’extension territoriale est une démarche erronée qui mène à l’instabilité et à l’insécurité permanentes. Certes, il y aura toujours une minorité d’Israéliens qui souhaiteraient poursuivre ce processus par la violence, mais la majorité devrait endiguer ces instincts négatifs. Ces demandes raisonnables se heurtent à deux problèmes. D’une part, elles devraient être écoutées et exécutées simultanément. Dans la situation actuelle, il est capital que les deux parties reconnaissent la nécessité d’accepter une certaine réciprocité, ce qui impose faire des concessions. La deuxième difficulté est de savoir comment réagir si, au lieu d’une « minorité », c’est la majorité des Palestiniens et des Israéliens qui souhaitent continuer la lutte armée. Sans aucun doute, il faut soutenir les modérés des deux camps, mais, comme Dominique Moïsi l’a indiqué dans sa contribution à ce Cahier, en l’absence de modérés, il ne faut pas céder sur les principes, afin de ne pas laisser les deux peuples s’enfoncer dans une dérive suicidaire. Si c’est la plupart de la population des deux acteurs impliqués qui préfère continuer la violence, le rôle des acteurs extérieurs est d’autant plus important qu’ils sont les seuls capables de préserver la rationalité. 66 L’Unio économiq rôle décis est une v coexisten 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 67 Martin Ortega L’Union européenne, preuve vivante de réussite politique et économique à travers le dialogue et la coopération, doit jouer un rôle décisif à l’heure de convaincre les deux parties que la violence est une voie sans issue, et que la seule solution au conflit est la coexistence pacifique de deux Etats, dans des frontières stables. 67 62-French-Text.qxd annexes 17/07/2003 09:48 Page 68 a1 Les auteurs Muriel Asseburg est chargée de recherche au Deutsches Institut für Internationale Politik und Sicherheit, Stiftung Wissenschaft und Politik (SWP) de Berlin. Titulaire d’un doctorat en science politique, elle a récemment publié Blockierte Selbstbestimmung : Palästinensische Staats-und Nationenbildung während der Interimsperiode (Nomos Verlag, Baden-Baden, 2002 - Aktuelle Materialien zur Internationalen Politik Bd. 65). Dominique Moïsi est directeur adjoint de l’Institut français des relations internationales (IFRI) de Paris. Editorialiste dans divers quotidiens européens, dont le Financial Times, Die Welt et Ouest France. Il a récemment publié Les cartes de la France à l’heure de la mondialisation (Fayard, Paris, 2000), un recueil d’entretiens avec Hubert Védrine. Gerd Nonneman est professeur à l’Université de Lancaster, Relations internationales et politique du Moyen-Orient. Il était auparavant directeur de la BRISMES, British Society for Middle Eastern Studies. Il a récemment publié Terrorism, Self Security and Palestine: Key issues for an EU-GCC Dialogue (Robert Schuman Centre, European University Institute, Florence, 2002). Martin Ortega est chargé de recherche à l’Institut d’Etudes de Sécurité de l’Union européenne. Maître de conférences en droit international et relations internationales dans diverses universités espagnoles, il est l’auteur de « Military intervention and the European Union » (Cahiers de Chaillot n° 45, Institut d’Etudes de Sécurité de l’Union de l’Europe occidentale, Paris, 2001) et de « Irak: a European point of view » (Occasional Papers n° 40, Institut d’Etudes de Sécurité de l’Union européenne, Paris, 2002). Stefano Silvestri est président de l’Istituto Affari Internazionali (IAI) de Rome. De 1995 à 1996, il a occupé la fonction de sous-secrétaire d’Etat au ministère italien de la défense. Editorialiste, entre autres, à Il Sole 24 Ore sur les questions internationales. Il a publié « Global security after 11 September » dans The International Spectator, vol. 36, n° 3, 2001. 68 Juillet 200 Septembr Octobre 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 69 a12 Chronologie (juillet 2000 — mai 2003) Juillet 2000 2-3 L’OLP publie un communiqué préconisant la déclaration d’un Etat palestinien le 13 septembre 25 Echec des négociations de Camp David entre le Premier ministre israélien Ehud Barak et le président palestinien Yasser Arafat sous les auspices du président américain Bill Clinton Septembre 2000 9-10 Sous la pression diplomatique, les Palestiniens retardent indéfiniment la déclaration concernant la création d’un Etat palestinien 28 Le leader de l’opposition Ariel Sharon se rend sur le Haram-al-Sharif (Mont du temple), ce qui provoque des heurts à Jérusalem ; début de l’intifada Al-Aqsa Octobre 2000 6 Echec de la tentative de cessez-le-feu ; Israël ferme les frontières ; le Hamas appelle à un « jour de colère » contre l’armée israélienne 12 Le lynchage de deux soldats israéliens provoque des représailles contre la résidence et les bureaux du président Arafat dans la bande de Gaza 17 Le sommet de Charm el-Cheikh donne lieu à un accord précaire mettant fin à la violence des deux côtés 22 Le Premier ministre israélien Ehoud Barak annonce que son gouvernement a décidé une « pause » dans le processus de paix, exprimant sa colère à l’égard du communiqué du sommet arabe tenu au Caire 69 annexes 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 70 a2 Novembre 2000 Janvier 20 2 Une voiture piégée explose au marché de Jérusalem, tuant deux Israéliens et en blessant dix autres ; l’attentat est revendiqué par le Jihad islamique 7 Elections présidentielles aux Etats-Unis 8 Nomination d’une commission présidée par l’ex-sénateur américain George Mitchell, chargée d’enquêter sur l’éclatement de l’intifada 14 Réagissant à l’intensification de la violence, le gouvernement israélien décide d’interdire aux Palestiniens de se déplacer 20 Trois Palestiniens font exploser une bombe près d’un bus scolaire dans une colonie juive, à la suite de quoi Israël lance une série d’attaques d’artillerie et par hélicoptère contre des cibles du Fatah Février 20 Décembre 2000 7-8 Conseil européen de Nice 8 Sept Palestiniens et trois Israéliens tués en Cisjordanie dans une série d’attentats 9 Ehoud Barak annonce qu’il démissionne de son poste de Premier ministre et demande la tenue d’élections le 6 février 13 Le vice-président américain et candidat démocrate aux élections présidentielles Al Gore reconnaît la victoire du gouverneur républicain George W. Bush dans la course à la Maison Blanche 14 Yasser Arafat et le ministre israélien des Affaires étrangères Shlomo Ben-Ami ouvrent une nouvelle série de négociations de haut niveau 23 Le président américain Bill Clinton présente aux deux parties une série de propositions pour un règlement permanent du conflit 70 Mars 200 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 71 a12 Janvier 2001 8 Les autorités palestiniennes annoncent qu’elles n’accepteront pas les propositions de Clinton sans un accord détaillé fixant un calendrier de mise en oeuvre 12 Le président américain Bill Clinton laisse à la nouvelle administration le soin de gérer les efforts de paix au Moyen-Orient 20 George W. Bush est officiellement assermenté en tant que 43ème président des Etats-Unis 27 Echec des nouvelles négociations sur un « statut définitif », tenues entre Israéliens et Palestiniens à Taba (Egypte) Février 2001 6 Le candidat du Likoud Ariel Sharon est élu Premier ministre d’Israël 14 Un chauffeur de bus palestinien travaillant en Israël lance son véhicule sur un groupe de civils et de soldats israéliens à Tel Aviv, faisant huit tués et 20 blessés 26 L’UE annonce l’octroi d’un fonds de €60 millions dans le cadre de mesures économiques visant à empêcher l’effondrement de l’Autorité nationale palestinienne (ANP) 26 Le secrétaire d’Etat américain Colin Powell, qui effectue sa première visite officielle au Moyen-Orient, rencontre simultanément Yasser Arafat et Ariel Sharon Mars 2001 13 Le Commissaire européen aux Affaires extérieures Chris Patten dirige une délégation de l’UE pour la région et presse Ariel Sharon de desserrer le blocus contre les Palestiniens 19-20 Ariel Sharon se rend à Washington 23-24 Sommet du Conseil européen à Stockholm 71 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 72 a2 27-28 Sommet arabe à Amman, Jordanie 29 Les forces israéliennes attaquent le QG du garde du corps de Yasser Arafat à Gaza et Ramallah en réponse à l’attentat suicide contre une colonie israélienne en Cisjordanie Avril 2001 4 Le ministre israélien des Affaires étrangères Shimon Peres et son homologue palestinien Nabil Shaath se rencontrent à Athènes à l’occasion du premier contact diplomatique de haut niveau depuis les élections israéliennes 5 Le ministère israélien du Logement et de la Construction annonce la vente aux enchères d’un nouveau terrain de Cisjordanie dans le cadre des implantations juives Juillet 200 6 La présidence suédoise de l’UE publie une déclaration qualifiant d’illégales les implantations envisagées par Israël 11-17 Armée israélienne envoyée dans un territoire sous contrôle de l’ANP ; combats intenses Août 200 Mai 2001 17 Après un épisode particulièrement violent, Israël annonce son intention de conserver les positions qu’il pourrait en territoire sous contrôle palestinien 18 Attentat suicide du Hamas à Netanya, faisant quatre tués israéliens ; Israël riposte en lançant ses F-16 contre des cibles de Cisjordanie, tuant douze Palestiniens 19 Huit Etats arabes rompent tout contact « politique » avec le gouvernement Sharon 21 Publication du rapport d’enquête de la Commission Mitchell 25-30 Série d’attentats suicides et d’explosions de voitures piégées Juin 2001 1 Attentat suicide devant une discothèque de Tel Aviv tuant vingt Israéliens et blessant environ 120 personnes ; revendiqué par le Hamas 72 Septembr 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 73 a12 2 Yasser Arafat annonce un « cessez-le-feu véritable, immédiat et inconditionnel » 13 Le directeur de la CIA George Tenet, en visite dans la région, négocie un accord de cessez-le-feu entre les responsables israéliens et palestiniens de la sécurité 14 Israël commence à se retirer des points névralgiques de Cisjordanie et de la bande de Gaza 15-16 Sommet du Conseil européen à Göteborg ; rapport de Javier Solana sur le rôle de l’UE dans la crise 27-28 Le secrétaire d’Etat américain Colin Powell se rend au Moyen-Orient en vue d’élaborer des mesures de confiance Juillet 2001 22 Les dirigeants du G-8 demandent la surveillance par une tierce partie pour la mise en œuvre du rapport Mitchell et du cessez-le-feu du 13 juin Août 2001 9 Attentat-suicide, perpétré par un membre du Hamas dans une pizzeria au centre de Jérusalem, causant la mort de quinze Israéliens, dont six enfants, et blessant 90 personnes 10 Israël prend le contrôle de neuf institutions palestiniennes à Jérusalem Est et détruit le quartier général de la police palestinienne à Ramallah 27 Assassinat d’Abou Ali Mustapha, secrétaire général du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) Septembre 2001 11 Attentats terroristes de New York et Washington 16 Ariel Sharon exige 48 heures de « calme total » avant toute rencontre Arafat-Peres 18 Sous la pression des Américains et de l’UE, Ariel Sharon accepte un retrait israélien des zones contrôlées par les Palestiniens en Cisjordanie 26 Yasser Arafat et Shimon Peres se rencontrent dans la bande de Gaza et décident de consolider le cessez-le-feu du 13 juin 73 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 74 a2 Décembr Octobre 2001 2 Déclaration du président américain George W. Bush en faveur d’un Etat palestinien indépendant 4 Ariel Sharon met en garde les Américains de ne pas chercher à apaiser les Etats arabes au détriment d’Israël 7 Les forces armées américaines et britanniques lancent des opérations militaires contre des cibles militaires talibans et des camps d’Al-Qaida en Afghanistan 8 Violents heurts au sein de la communauté palestinienne entre les opposants à des frappes aériennes sous direction américaine en Afghanistan et les forces de sécurité palestiniennes 15 Deux membres d’extrême droite du cabinet d’Ariel Sharon, Avigdor Lieberman et Rehavam Zeevi, annoncent leur démission Novembre 2001 12-13 L’Alliance du Nord soutenue par les Américains s’empare de Kaboul Janvier 20 mi-novembre Le Haut Représentant de l’UE, Javier Solana, le Premier ministre belge Guy Verhofstadt et le président de la Commission européenne Romano Prodi se rendent au Moyen-Orient 19 Discours du Secrétaire d’Etat Colin Powell, demandant aux deux parties de mettre fin à l’engrenage de la violence 20 Deuxième session du Conseil d’association UE-Israël à Bruxelles 22 Cinq enfants palestiniens, âgés de sept à quatorze ans, sont tués par l’explosion d’un dispositif antipersonnel posé par des Israéliens 23 Assassinat du dirigeant du Hamas Mahmoud Abu Hannoud par un missile israélien lancé sur sa maison en Cisjordanie fin novembre Les envoyés américains, le général Anthony Zinni et le secrétaire d’Etat adjoint William Burns, se rendent dans la région pour rencontrer Arafat et des responsables israéliens 74 Février 20 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 75 a12 Décembre 2001 1-2 Un attentat suicide perpétré par le Hamas à Jérusalem et Haïfa fait au moins 25 morts israéliens 5 Les accords de Bonn portent création d’un gouvernement intérimaire de 29 membres en Afghanistan 10 Déclaration de l’UE sur le Moyen-Orient 11 Le Haut Représentant de l’UE pour la PESC se rend dans la région pour soutenir les efforts de l’envoyé américain, le général Zinni 12 La guérilla palestinienne attaque un bus israélien en Cisjordanie, faisant dix morts 13 Les forces israéliennes attaquent Ramallah et occupent le QG de Yasser Arafat 14-15 Conseil européen de Laeken 24 Israël refuse à Yasser Arafat l’autorisation de se rendre à Bethléem pour participer à la messe de minuit Janvier 2002 4 Israël intercepte un navire palestinien en mer Rouge, le Karine-A, chargé de 50 tonnes environ d’armes destinées à l’ANP 19 L’armée israélienne détruit les locaux de la chaîne de télévision Palestinian Broadcasting Corporation à Ramallah 21 Réoccupation de Tulkarem en Cisjordanie par les forces israéliennes 27 Premier attentat suicide perpétré par une femme dans le centre de Jérusalem, faisant un tué en plus de la kamikaze et 125 blessés Février 2002 7 Pourparlers Sharon-Bush à Washington, DC 19 Six militaires israéliens sont tués dans une embuscade tendue par un commando palestinien près de Ramallah ; Israël riposte par des attaques navales et aériennes contre le QG d’Arafat à Gaza 75 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 76 a2 26 Le Prince Abdullah d’Arabie saoudite présente un plan de paix prévoyant la normalisation des relations israélo-arabes en échange d’un retrait israélien total des territoires palestiniens 28 L’armée israélienne envahit et occupe deux camps de réfugiés, causant la mort de dix Palestiniens Mars 2002 2-3 Les Palestiniens lancent un vague d’attaques à Jérusalem, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, causant la mort de 22 Israéliens 6 Bombardement israélien du QG de Yasser Arafat pendant sa réunion avec l’Envoyé spécial de l’UE Miguel Angel Moratinos 11-12 Les Israéliens pénètrent à Ramallah ainsi que dans trois camps de réfugiés palestiniens au cours de leur plus grande opération militaire depuis leur invasion du Liban en 1982 ; 31 Palestiniens au moins sont tués 12 Le Conseil de sécurité des Nations unies vote en faveur de la Résolution 1397 avalisant l’idée d’un Etat palestinien 14 L’envoyé américain, le général Zinni, retourne dans la région 15-16 Conseil européen de Barcelone ; déclaration sur le MoyenOrient 26 Israël refuse à Yasser Arafat l’autorisation de se rendre au prochain sommet arabe à Beyrouth 27 Attentat suicide par un kamikaze du Hamas dans un hôtel de Netanya, faisant au moins 22 morts et 100 blessés 27-28 Sommet arabe de Beyrouth ; les dirigeants arabes approuvent l’initiative saoudienne « terre contre paix » dans le communiqué final 29 Le Premier ministre israélien Ariel Sharon déclare que le leader palestinien Yasser Arafat est un « ennemi » qu’il faut « isoler » 30 Le Conseil de sécurité des Nations unies vote la Résolution 1402, dans laquelle il exprime ses « graves inquiétudes » vis-à-vis de l’escalade de la violence 76 Avril 200 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 77 a12 31 Un attentat suicide cause la mort de quinze Israéliens Avril 2002 1-4 L’armée israélienne entre dans Tulkarem, Kalkilya, Bethléem, Naplouse et dans le camp de réfugiés de Jénine 2 Mary Robinson, Haut Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, demande l’envoi d’une mission ; le ministre français des Affaires étrangères Hubert Védrine parle d’une force d’« interposition » 3 Les ministres des Affaires étrangères de l’UE se réunissent d’urgence à Luxembourg. Le président de la Commission européenne Romano Prodi demande la convocation d’une conférence internationale sur le conflit au Moyen-Orient 4 Discours de George W. Bush sur le Moyen-Orient 8-17 Le secrétaire d’Etat américain Colin Powell, en déplacement dans la région, ne parvient pas à convaincre les Israéliens de se retirer de Cisjordanie et d’organiser un cessez-le-feu 9 Combats intenses dans le camp de réfugiés de Jénine 10 Déclaration du Quartet (UE, Russie, ONU, Etats-Unis) à Madrid 10 Vote par le Parlement européen d’une résolution recommandant des sanctions économiques contre Israël et l’ANP 15 Arrestation par les Israéliens de Marwan Barghouti, chef du Fatah, en Cisjordanie ; des agences de secours internationales entrent dans le camp de réfugiés de Jénine, car les Palestiniens font état d’un massacre perpétré par les Israéliens 20 Le Conseil de sécurité de l’ONU accepte qu’une enquête soit menée sur les récents événements de Jénine (Résolution 1405) et demande une aide humanitaire 21 L’armée israélienne commence à se retirer de certaines parties de Cisjordanie 22 Cinquième conférence euro-méditerranéenne à Valence, Espagne 77 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 78 a2 24 Le Haut Représentant de l’UE pour la PESC, Javier Solana, et l’Envoyé spécial de l’UE Miguel Moratinos rencontrent Arafat Mai 2002 1 L’ONU envoie une mission exploratoire à Jénine suite au manque de coopération d’Israël 2 Yasser Arafat libéré sous surveillance après sept mois de détention Juillet 200 7 Un attentat suicide palestinien dans un club près de Tel Aviv fait seize tués et cinquante-sept blessés israéliens 7 George W. Bush et Ariel Sharon s’entendent sur la nécessité d’une réforme fondamentale de l’ANP 10 Fin du siège de l’église de la Nativité à Bethléem 28 L’armée israélienne se retire de Jénine Août 200 Juin 2002 5-6 Dix-sept personnes tuées dans un attentat suicide perpétré par le Jihad islamique contre un bus près de Jénine ; raid de l’armée israélienne sur le QG de l’ANP à Ramallah 7-8 Le président égyptien Mohammed Hosni Moubarak rencontre le président George W. Bush à Camp David pour parler du soutien à la création d’un Etat palestinien 12 Le Likoud s’oppose à la création d’un Etat palestinien 17 Le PFLP, les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa et le Kach sont intégrés sur la liste noire des organisations terroristes de l’UE 18-19 Deux attentats suicide du Hamas contre des bus à Jérusalem font au moins vingt-six morts et plus de quatrevingt blessés israéliens ; lors de représailles, neuf palestiniens sont tués 21-22 Conseil européen de Séville ; déclaration de l’UE sur le Moyen-Orient Septembr 78 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 79 a12 24 Discours décisif de George W. Bush conditionnant la création d’un Etat palestinien à la mise en place d’une direction, d’institutions et d’arrangements de sécurité entièrement renouvelés 26 L’ANP annonce la tenue d’élections présidentielles et législatives pour janvier 2003 27 L’armée israélienne assiège les locaux de l’ANP à Hébron Juillet 2002 23 Raid de F-16 israélien sur Gaza tuant Salah Shihada, chef militaire du Hamas ainsi que douze autres personnes, et faisant 140 blessés ; ce raid provoque des heurts 31 Un attentat dans la cafétéria de l’université hébraïque de Jérusalem coûte la vie à sept personnes, dont cinq étrangers Août 2002 1 L’ONU publie un rapport sur les circonstances de la réoccupation israélienne de Jénine en avril 8-9 Le secrétaire d’Etat américain Colin Powell et la conseillère de sécurité nationale Condoleezza Rice rencontrent des ministres du cabinet palestinien à Washington 18 Palestiniens et Israéliens concluent un accord de sécurité dit « Gaza d’abord », prévoyant le retrait de l’armée israélienne de Bethléem 19 Mme Catherine Bertini, envoyée humanitaire du Secrétaire général des Nations unies dans les territoires palestiniens, diffuse son rapport de mission sur la situation humanitaire au Moyen-Orient 26 Israël suspend son retrait en guise de protestation contre la poursuite de la violence 29 Une attaque du Hezbollah le long de la frontière israélolibanaise fait trois blessés parmi les soldats israéliens Septembre 2002 11 Le Conseil législatif palestinien contraint le cabinet de l’ANP à démissionner 79 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 80 a2 16 Le gouvernement israélien accepte le retour inconditionnel Fin des inspecteurs de l’ONU en désarmement 17 Le Quartet sur le Moyen-Orient (UE, Russie, ONU et EtatsUnis) propose un calendrier pour la création d’un Etat palestinien 19 Des chars et des soldats israéliens encerclent le QG de Yasser Arafat 20 Terje Roed-Larsen, coordinateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient et Représentant personnel du Secrétaire général des Nations unies, informe le Conseil de sécurité de la situation Novembr 22 Yasser Arafat demande une intervention internationale 24 Neuf Palestiniens tués lors d’un raid israélien dans la bande de Gaza 24 Le Conseil de sécurité vote la Résolution 1435 présentée par le Royaume-Uni et la France, demandant un retrait d’Israël des villes palestiniennes et un retour aux positions tenues avant septembre 2000 29 Israël lève le siège du QG d’Arafat 30 George W. Bush signe la loi reconnaissant symboliquement Jérusalem comme la capitale d’Israël Octobre 2002 7 Quinze personnes tuées par des roquettes tirées d’un hélicoptère israélien sur la foule palestinienne 10 Le Congrès américain autorise le président Bush à entreprendre une action militaire contre l’Irak 21 Attentat suicide palestinien contre un autobus dans le nord d’Israël faisant au moins quatorze morts et plus de cinquante blessés 21 Troisième session du Conseil d’Association UE-Israël à Luxembourg 80 Décembr 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 81 a12 Fin octobre Le sous-secrétaire d’Etat américain pour le Moyen-Orient, William Burns, se rend dans la région pour examiner la « feuille de route » en trois phases proposée par le Quartet sur le Moyen-Orient 29 Le Conseil législatif palestinien approuve le nouveau Cabinet de l’ANP 30 Effondrement du gouvernement d’« unité nationale » dirigé par le Premier ministre israélien Ariel Sharon, chef du Likoud, lorsque les travaillistes se retirent de la coalition Novembre 2002 3 Benyamin Netanyahu accepte le poste de ministre des Affaires étrangères, en remplacement de Shimon Peres ; Shaul Mofaz remplace Benyamin Ben-Elizer en tant que ministre de la Défense 8 Le Conseil de sécurité des Nations unies approuve à l’unanimité la Résolution 1441 pressant le président irakien Saddam Hussein de désarmer, faute de quoi il lui faudrait s’attendre à de « sérieuses conséquences » 15 Douze Israéliens tués et vingt autres blessés à Hébron après que des tireurs palestiniens ouvrent le feu sur des soldats israéliens 17 Ariel Sharon demande l’extension des implantations autour d’Hébron 28 Ariel Sharon réélu chef du Likoud Décembre 2002 6 Dix Palestiniens tués alors que l’armée israélienne s’introduit dans le camp de réfugiés de Bureij dans la bande de Gaza 12-13 Conseil européen de Copenhague 20 Réunion du Quartet à New York 22 Des responsables palestiniens annoncent le report indéfini des élections en raison du maintien de l’occupation israélienne 81 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 82 a2 Mars 200 Janvier 2003 5 Vingt-deux personnes tuées dans un double attentat suicide à Tel Aviv 14 Conférence de Londres sur la réforme palestinienne 25-26 Au moins douze Palestiniens tués dans la bande de Gaza pendant un raid israélien 27 Premier rapport intérimaire des inspecteurs de l’ONU en désarmement sur l’Irak présenté au Conseil de sécurité des Nations unies 28 Elections générales en Israël ; victoire du Premier ministre Ariel Sharon, chef du Likoud Avril 200 Février 2003 5 Colin Powell présente des preuves contre l’Irak au Conseil de sécurité pour justifier une action militaire 6 L’Office européen de lutte anti-fraude (OLAF) et le Parlement européen enquêtent sur les versements de l’UE à l’Autorité nationale palestinienne suite à des affirmations selon lesquelles ces fonds auraient servi à financer des activités terroristes 14 Deuxième rapport intérimaire des inspecteurs de l’ONU en désarmement sur l’Irak présenté au Conseil de sécurité 17 Réunion d’urgence du Conseil de l’UE à Bruxelles sur la crise irakienne 19 Au moins treize Palestiniens tués dans la bande de Gaza et en Cisjordanie au cours de raids israéliens 23 Les travaillistes israéliens mettent fin aux pourparlers avec le Likoud sur la formation d’un gouvernement de coalition 82 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 83 a12 Mars 2003 5 Dix-sept tués, cinquante-trois blessés dans un attentat suicide contre un bus à Haïfa 7 Yasser Arafat nomme Mahmoud Abbas Premier ministre de l’Autorité palestinienne 8 Troisième rapport intérimaire des inspecteurs de l’ONU en désarmement sur l’Irak présenté au Conseil de sécurité 18 George W. Bush pose à Saddam Hussein un ultimatum de 48 heures pour quitter le pays ou l’exposer à la guerre 20 Une coalition militaire dirigée par les Etats-Unis attaque l’Irak Avril 2003 9 Les forces américaines avancent sur Bagdad 16 Conseil européen d’Athènes ; signature de l’élargissement de l’UE 29 Le Conseil législatif palestinien approuve la nomination de Mahmoud Abbas au poste de Premier ministre de l’Autorité palestinienne 30 George W. Bush rend publique la « feuille de route » du Quartet sur le Moyen-Orient pour une « solution permanente à deux Etats » d’ici 2005 83 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 84 a2 Dans l’abond paix, nous av du rôle de l’U Mai 2003 1 Le président Bush déclare la victoire sur le régime irakien 1 Raid israélien sur la maison d’un fabriquant de bombes du Hamas : dix Palestiniens tués Début mai Colin Powell et Javier Solana se rendent au Moyen-Orient pour soutenir la « feuille de route » 12 Attaque terroriste d’Al-Qaida à Riyad 17 Ariel Sharon rencontre pour la première fois le Premier ministre Mahmoud Abbas nouvellement nommé 18 Attentats terroristes à Casablanca 17-19 Série d’attentats suicide en Israël 26 Le gouvernement d’Ariel Sharon annonce l’approbation conditionnelle de la « feuille de route » 84 Alpher, Jo aspirations cooperate – E Gütersloh, Avineri, S Europe and I Ben-Ami, Exterior, N. Charillon Moyen-Ori PESC. Ouvr Chartoun dans le pro Euromesco P Chopra, J internation rapports pr l’université janvier et av Dosenrod Sheffield A Dieckhof Europe in t Readings in E Emerson, Israel and P Everts, St for Europe Guinsber chapter 5: P East peace Hanelt, C emerging for Munich/Gü Heller, M & Chartou Mediterrane 2001 Hutchenc process », d 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 85 a3 Bibliographie Dans l’abondante bibliographie existant sur le conflit au Moyen-Orient et le processus de paix, nous avons choisi certains travaux et documents récents sur le thème plus spécifique du rôle de l’Union européenne à l’égard de cette problématique. Alpher, Joseph, « The political role of the EU in the Middle East: Israeli aspirations », dans Behrendt, Sven & Hanelt, Christian-Peter (dir), Bound to cooperate – Europe and the Middle East, Bertelsmann Foundation Publishers, Gütersloh, 2000 Avineri, Shlomo & Weidenfeld, Werner (dir) Integration and identity: challenges to Europe and Israel, Europa Union Verlag, Bonn, 1999 Ben-Ami, Shlomo, « Europa y el conflicto de Oriente Próximo », Política Exterior, N. 66, 1998. Charillon, Frédéric, « La stratégie européenne dans le processus de paix au Moyen-Orient », dans Durand, Marie-Françoise & Vasconcelos, Alvaro (dir), La PESC. Ouvrir l’Europe au monde, Presses de Sciences Po, Paris, 1998 Chartouny-Dubarry, May, « La complémentarité entre l’UE et les Etats-Unis dans le processus de paix israélo-arabe : les implications pour le PEM », Euromesco Paper n. 12, Euromesco, Lisbonne, avril, 2000 Chopra, Jarat; Sayigh, Yezid, et al., « Planning considerations for international involvement in the Israeli-Palestinian conflict » (parts I & II), rapports préparés avec le soutien du Centre of International Studies de l’université de Cambridge et du ministère néerlandais des Affaires étrangères, janvier et avril 2003 Dosenrode, Søren & Stubkjær, Anders, The European Union and the Middle East, Sheffield Academic Press, Londres, 2002 Dieckhoff, Alain, Vitaly Naumkin & Anthony H. Cordesman, « The Role of Europe in the Middle East », dans Becher, Klaus et Marc Houben (dir), Readings in European Security, CEPS et IISS, Bruxelles et Londres, 2002 Emerson, Michael & Tocci, Nathalie, « Road Maps and final destinations for Israel and Palestine », Working Paper No. 12, CEPS, Bruxelles, avril 2003 Everts, Steven, The European Union and the Middle East: a call for action, Centre for European Reform, Londres, janvier 2003 Guinsberg, Roy H., The European Union in international politics: baptism in fire, chapter 5: Political impact of the EU on Israel, the Palestinians and the Middle East peace process, Rowman & Littlefield, Lanham, Maryland, 2001 Hanelt, Christian-Peter, Felix Neugart & Matthias Peitz (dir), Europe’s emerging foreign policy and the Middle Eastern challenge, Bertelsmann Foundation, Munich/Gütersloh, 2002 Heller, Mark A., « Europe in Israel’s foreign policy », dans Bazzoni, Stefania & Chartouni-Dubarry, May (dir), Politics, economics and the search for Mediterranean stability, Institut d’Etudes Politiques Méditerranéennes, Paris, 2001 Hutchence, Justin, « The Middle East peace process and the Barcelona process », dans Attinà, Fluvio & Stavridis, Stelios, The Barcelona process and Euro- 85 annexes 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 86 a3 Mediterranean issues from Stuttgart to Marseille, Giuffrè, Milan, 2001 Malley, Robert, rapporteur, A Middle East Roadmap to Where?, International Crisis Group, New York, mai 2003 Nonneman, Gerd, « Europe and the Middle East, review article », Mediterranean Politics, vol. 6, n. 1, printemps 2001 Neugart, Felix, Conflict in the Middle East –Which Role for Europe?, CAP, University of Munich et Bertelsmann Stiftung, Munich et Gütersloh, 17 février 2003 Perthes, Volker (dir), Germany and the Middle East: interests and options, H. Böll Stiftung & Stiftung Wissenschaft und Politik, Berlin, 2002 Peters, Joel, « Europe and the Middle East peace process: emerging from the sidelines », dans Stavridis, Stelios et al. (dir), The foreign policies of the EU’s Mediterranean states and applicant countries in the 1990s, Macmillan, Basingstoke, 1999 Peters, Joel, « Europe and the Arab-Israeli peace process: the declaration of the European Council of Berlin and beyond », dans Behrendt, Sven & Hanelt, Christian-Peter (dir), Bound to cooperate – Europe and the Middle East, Bertelesmann Foundation Publishers, Gütersloh, 2000 Ross, Denis et al., Winning the peace in the Middle East, A bipartisan blueprint for postwar US policy, Washington Institute for Near East Policy, Washington, avril 2003 Soetendorp, Ben, « The EU’s involvement in the Israeli-Palestinian peace process: the building of a visible international identity », European Foreign Affairs Review, vol. 7, n. 3, automne 2002 Shehadi, Nadim, « The EU role in the consolidation of multilateral peace in the Middle East: an Arab perspective », dans Bazzoni, Stefania & ChartouniDubarry, May (dir), Politics, economics and the search for Mediterranean stability, Institut d’Etudes Politiques Méditerranéennes, Paris, 2001 Steinberg, Gerald, « The European Union and the Middle East peace process », Jerusalem Letter, 15 novembre 1999 Sterzing, Christian, « Bewährungsprobe für die GASP: Die EU und der Nahe Osten », DGAP, Berlin, décembre 2002, disponible sur www.weltpolitik.net. Documents Commission européenne Rôle de l’Union européenne dans le processus de paix et assistance future au Proche-Orient, Communication COM (97) 715, Bruxelles, 16 janvier1998 Euro-Mediterranean Partnership and MEDA regional activities, Euromed Information Notes, juin 2002 Patten, Chris, Statement on the situation in the Middle East before the European Parliament, Strasbourg, 25 septembre 2002 EU funding to the Palestinian Authority: Commissioner Chris Patten’s response to a letter from Mr. Laschet, Member of the European Parliament, 5 février 2003 86 Reinvigor Mediterran Parliament Conseil e Déclaratio Conseil eur l’annexe 4 c Rapports diplomatiq Jerusalem w être consul Parlemen Résolutio Résolutio Recomma Résolutio Résolutio Haut Rep Solana, Ja Council, 15 Solana, Ja 24 octobre Solana, Ja Politiken, (C Solana, Ja Envoyé sp Moratinos, (Moratinos 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 87 a3 Reinvigorating EU actions on human rights and democratisation with Mediterranean partners, Communication to the Council and the European Parliament COM (2003) 294, Bruxelles, 21 mai 2003. Conseil européen Déclarations du Conseil européen : le texte intégral des déclarations du Conseil européen sur le Moyen-Orient depuis Berlin en 1999 figure dans l’annexe 4 ci-dessous. Rapports réguliers sur le Moyen-Orient : les missions consulaires et diplomatiques de l’UE en Israël produisent trois types de rapport (EU Jerusalem watch, EU settlements watch, EU human rights watch), qui peuvent être consultés sur http://ue.eu.int/pesc/MiddleEast/index.asp?lang=EN. Parlement européen Résolution, 5 octobre 2000 Résolution, 17 mai 2001 Recommandation, 13 décembre 2001 Résolution, 7 février 2002 Résolution, 10 avril 2002 Haut Représentant de l’UE pour la PESC Solana, Javier, Report on the Middle East to the Gothenburg European Council, 15 juin 2001 Solana, Javier, The European vision for the Middle East, The Jordan Times, 24 octobre 2001 Solana, Javier & Per Stig Moler, The role of the EU in the Middle East, Politiken, (Copenhagen), 23 mai 2002 Solana, Javier, How Europe sees the road ahead, Time Magazine, 12 mai 2003 Envoyé spécial de l’UE au Moyen-Orient Moratinos, Miguel Angel, « Account of the Taba talks of January 2001 » (Moratinos « non paper »), Ha’aretz, 14 février 2002 87 62-French-Text.qxd annexes 17/07/2003 09:48 Page 88 a4 Déclarations du Conseil européen sur le Moyen-Orient (1999-2003) Berlin, mars 1999 Processus de paix au Moyen-Orient Les chefs d’Etat ou de gouvernement de l’Union européenne réaffirment leur soutien à un règlement négocié au Moyen-Orient qui tienne compte du principe de l’échange de territoires contre la paix et assure la sécurité tant collective qu’individuelle des peuples israélien et palestinien. A cet égard, l’Union européenne se félicite de la décision prise par le Conseil national palestinien et les instances associées de réaffirmer que les dispositions de la Charte nationale palestinienne demandant la destruction d’Israël sont nulles et non avenues et de confirmer leur volonté de reconnaître Israël et de vivre en paix avec lui. Toutefois, l’Union européenne demeure préoccupée par l’impasse dans laquelle se trouve actuellement le processus de paix et invite les parties à mettre en oeuvre intégralement et immédiatement le mémorandum de Wye River. L’Union européenne invite également les parties à réaffirmer leur attachement aux principes fondamentaux établis dans le cadre de Madrid et d’Oslo et des accords ultérieurs, conformément aux résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Elle engage les parties à se mettre d’accord sur une prorogation de la période transitoire prévue par les accords d’Oslo. L’Union européenne demande en particulier que les négociations sur le statut définitif reprennent rapidement, dans les mois à venir, qu’elles soient menées promptement et qu’elles soient rapidement conclues et ne se prolongent pas indéfiniment. L’Union européenne considère qu’il devrait être possible de conclure les négociations en visant une période d’un an. Elle se déclare prête à apporter son concours à une conclusion rapide de ces négociations. L’Union européenne engage les deux parties à s’abstenir d’actions qui préjugent l’issue de ces négociations sur le statut définitif et de toute activité contraire au droit international, y compris toute implantation, et à combattre la violence et l’incitation à la violence. L’Union européenne réaffirme que les Palestiniens conservent un droit inconditionnel à l’autodétermination, comprenant la possibilité d’un Etat, et espère que ce droit sera concrétisé à bref délai. Elle lance un appel aux parties pour qu’elles recherchent de bonne foi une solution négociée sur la base des accords existants, sans préjudice de ce droit, qui ne saurait faire l’objet d’aucun veto. L’Union européenne exprime sa conviction que la création, par la négociation, d’un Etat palestinien souverain démocratique, viable et pacifique sur la base des accords existants constituerait la meilleure garantie pour la sécurité d’Israël et l’acceptation d’Israël comme partenaire égal dans la région. L’Union européenne déclare qu’elle est disposée à envisager la reconnaissance d’un Etat palestinien en temps opportun, conformément aux principes fondamentaux mentionnés ci-dessus. 88 L’Union eu sur les vol aboutissan sécurité des Cologne Moyen-Or 86. Après le qu’il a faite solution n comme à la et immédia possible les juste et dur 87. En out manifestée négociation formés pou troupes is multilatéra leurs trava régionales. l’Union eur rend homm M. Moratin Helsinki Processus 66. Le Con à la recherc que l’Union 67. Le Con prise par l reprendre l Conseil eu accord, qui sur le volet 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 89 a14 L’Union européenne demande également une reprise prompte des négociations sur les volets syrien et libanais du processus de paix au Moyen-Orient, aboutissant à la mise en oeuvre des résolutions 242, 338 et 425 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Cologne, juin 1999 Moyen-Orient 86. Après les élections qui ont eu lieu en Israël, le Conseil confirme la déclaration qu’il a faite à Berlin (le 25 mars 1999) et il souligne l’importance que revêt une solution négociée au Moyen-Orient. Il lance un appel à la partie israélienne comme à la partie palestinienne pour qu’elles mettent en oeuvre intégralement et immédiatement le mémorandum de Wye River et qu’elles reprennent dès que possible les négociations sur le statut définitif afin d’instaurer une paix globale, juste et durable dans la région. 87. En outre, le Conseil européen accueille avec satisfaction l’intention manifestée par le Premier ministre israélien nouvellement élu de reprendre les négociations avec les Palestiniens et les Syriens et, à cet égard, les plans qu’il a formés pour trouver une solution rapide permettant le retrait du Liban des troupes israéliennes. De plus, le Conseil européen appuie la dimension multilatérale du processus de paix et il encourage les groupes de travail à axer leurs travaux sur le développement de la coopération et de l’intégration régionales. Le Conseil européen confirme encore une fois la détermination de l’Union européenne à jouer pleinement son rôle dans le processus de paix et il rend hommage au travail accompli par l’Envoyé spécial de l’Union européenne, M. Moratinos. Helsinki, décembre 1999 Processus de paix au Moyen-Orient 66. Le Conseil européen se félicite de la nouvelle dynamique qui a été insufflée à la recherche d’une paix juste, globale et durable au Moyen-Orient et rappelle que l’Union soutient sans réserve ce processus. 67. Le Conseil européen se félicite particulièrement de la décision courageuse prise par le président Assad et le Premier ministre israélien, M. Barak, de reprendre les négociations sur le volet syrien à Washington, à la mi-décembre. Le Conseil européen espère qu’Israël et la Syrie parviendront rapidement à un accord, qui devrait ouvrir la voie à la reprise des négociations et à une solution sur le volet libanais. 89 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 90 a4 68. Le Conseil européen souligne l’importance des mesures prises jusqu’ici par Israël et par les Palestiniens pour mettre en œuvre l’accord de Charm El-Cheikh. La mise en œuvre dans les délais de tous les engagements pris par les parties à l’accord permettrait d’assurer des progrès réguliers. Le Conseil européen invite les deux parties à s’abstenir de toute action unilatérale. 69. Toutes les parties au volet multilatéral du processus de paix sont invitées à œuvrer à la reprise rapide et intégrale des activités dans ce domaine. Il est de l’intérêt de tous, dans la phase actuelle du processus de paix, que des progrès parallèles soient accomplis sur tous les volets. Santa Maria da Feira, juin 2000 Processus de paix au Moyen-Orient 59. Le Conseil européen considère qu’il existe une réelle possibilité de parvenir à une paix juste, durable et globale au Moyen-Orient, sur la base des principes arrêtés dans le cadre de Madrid, d’Oslo et des accords ultérieurs et conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies. 60. Le Conseil européen lance un appel au Premier ministre israélien, M. Ehud Barak, et au Président Arafat pour qu’ils intensifient leurs efforts en vue de conclure, dans les délais convenus, un accord global réglant toutes les questions relatives au statut permanent, mettant ainsi un terme au conflit et ouvrant la voie à la réconciliation. 61. Dans cet effort, l’engagement personnel des dirigeants d’Israël et de l’Autorité palestinienne et la confiance mutuelle qu’ils continuent à se témoigner revêtent une importance capitale. Le Conseil européen insiste par conséquent sur la nécessité d’appliquer pleinement les accords conclus, tels que celui concernant la troisième phase du redéploiement, et rappelle la déclaration du Conseil du 22 mai. 62. Le Conseil européen rappelle aussi la déclaration qu’il a adoptée le 25 mars 1999 à Berlin. Il est particulièrement important de tenir pleinement compte, dans les discussions sur le statut permanent qui se déroulent maintenant, de la viabilité de tout État palestinien qui pourrait en résulter. 63. À Helsinki, le Conseil européen avait salué la décision courageuse de feu le président Hafez el-Assad et du Premier ministre Ehud Barak de reprendre les négociations entre la Syrie et Israël. Le Conseil européen invite les nouveaux dirigeants syriens et le gouvernement israélien à suivre le choix stratégique de la paix. 64. Le Conseil européen se félicite du fait qu’Israël s’est récemment retiré du Liban conformément à la résolution 425 et que ce retrait remplit les conditions fixées par le Secrétaire général des Nations Unies dans son rapport du 22 mai 2000. Il invite toutes les parties concernées à coopérer avec l’ONU et la 90 FINUL et à efforts. 65. Le Cons du Secréta Commissio Liban et pa Biarritz, Déclaratio sur la situa Face au dan dirigeants e cessation im Chacun do raison et la le point de Il n’y a, po palestinien acquis de C de paix. Le temps e constructif dialogue. L’Union eu soutient pl demandon PESC, de p Nice, dé Déclaratio Le Proche-O Nul ne peu entre les pe La négociat l’engagem rité palestin 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 91 a14 FINUL et à s’abstenir de tout acte et déclaration susceptibles de nuire à leurs efforts. 65. Le Conseil européen invite le Conseil à examiner, sur la base de propositions du Secrétaire général/Haut Représentant, assisté de l’Envoyé spécial, et de la Commission, de quelle façon l’Union européenne peut apporter son aide au Liban et participer aux efforts de réconciliation et de redressement dans ce pays. Biarritz, octobre 2000 Déclaration des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne sur la situation au Proche-Orient Face au danger réel d’embrasement général, nous lançons un appel solennel aux dirigeants et aux peuples israéliens et palestiniens pour l’arrêt de l’escalade et la cessation immédiate de toutes les violences. Chacun doit faire preuve de courage politique et de responsabilité afin que la raison et la tolérance l’emportent sur la peur, la haine et l’extrémisme, avant que le point de non retour ne soit atteint. Il n’y a, pour le Premier ministre israélien et le Président de l’Autorité palestinienne, d’autre voie que celle de la paix et de la négociation, sur la base des acquis de Camp David qu’il est essentiel de préserver. Il faut sauver le processus de paix. Le temps est compté. Nous appelons les parties à participer, dans un esprit constructif, à une réunion au sommet, afin de reprendre de toute urgence le dialogue. L’Union européenne qui, plus que jamais, reste engagée en faveur de la paix, soutient pleinement les efforts du Secrétaire général des Nations Unies. Nous demandons à M. Javier Solana, Secrétaire général, Haut Représentant pour la PESC, de poursuivre sa mission dans la région. Nice, décembre 2000 Déclaration du Conseil européen sur le Proche-Orient Le Proche-Orient doit retrouver une perspective de paix. Nul ne peut se résigner à la violence, à la souffrance des populations, à la haine entre les peuples. La négociation doit reprendre. À cet égard, l’Union européenne juge nécessaire : l’engagement personnel du Premier ministre israélien et du Président de l’Autorité palestinienne ; 91 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 92 a4 la mise en œuvre intégrale et immédiate des engagements qu’ils ont pris à Charm-El-Cheik et à Gaza ; Götebor des gestes concrets de la part des deux parties, y compris la renonciation à la violence et, en ce qui concerne Israël, la question de la colonisation ; Moyen-Or la mise en place d’un mécanisme de mesures de confiance ; le début des travaux sur place de la Commission d’établissement des faits, à laquelle participe, comme représentant de l’Union européenne, M. Solana, Secrétaire général, Haut Représentant pour la PESC ; un accord sur la création d’une mission d’observateurs. L’Union européenne a des intérêts majeurs au Proche-Orient. Ses positions ont été clairement définies, notamment au Conseil européen de Berlin en mars 1999 et dans la déclaration de l’Union européenne du 12 septembre 2000. Elle est prête à se concerter avec toutes les parties sur les moyens d’atteindre ces objectifs en vue de la reprise de la négociation pour un accord de paix. Stockholm, mars 2001 Processus de paix au Moyen-Orient 63. Le Conseil européen, rappelant la déclaration qu’il a faite en mars 1999 à Berlin, réaffirme la détermination de l’Union d’apporter sa contribution à la paix, à la stabilité et à la prospérité future au Moyen-Orient. Dans l’immédiat, afin d’éviter un effondrement économique et institutionnel dans les territoires palestiniens, il lance un appel pour que d’autres donateurs internationaux se joignent d’urgence à l’Union européenne et s’engagent à soutenir financièrement le budget palestinien. Dans cette même optique, il faut qu’Israël mette fin aux mesures d’isolement et procède au paiement des arriérés et que l’Autorité palestinienne adopte sans délai un budget d’austérité et prenne des mesures efficaces pour lutter contre la corruption et améliorer la transparence démocratique. 64. L’Union collaborera avec les deux parties, ainsi qu’avec les États-Unis et d’autres acteurs internationaux, afin de chercher la voie qui mettra fin à la violence et permettra la reprise des négociations en vue de la conclusion d’un accord dans le cadre des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité des Nations Unies. À cet effet, elle invite le Haut Représentant, M. Javier Solana, à rester étroitement en contact avec toutes les parties concernées et à faire rapport, en pleine association avec la Commission et au plus tard lors du Conseil européen de Göteborg sur les possibilités qu’a l’Union européenne de jouer un rôle accru pour une reprise du processus de paix. 92 71. Le Con Commissio parties les a la base la pl parvenir ra pour leur m régionale. 72. Après maintenan Palestinien durablemen Le Consei colonisatio 73. Une pé permettre aboutissan l’accord sur sécurité des 74. Le Con se félicite, e avis selon l le rétablis situation su le rétablis relancer la l’aide aux européen internation Le Conseil l’ensemble européenne de Barcelon Le Conseil étroite coop en présence jouer un rô de nouvelle 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 93 a14 Göteborg, juin 2001 Moyen-Orient 71. Le Conseil européen appuie sans réserve les recommandations de la Commission d’établissement des faits constituée à Charm el-Cheikh. Les deux parties les ayant acceptées dans leur totalité, ces recommandations constituent la base la plus appropriée pour la reprise du processus de paix. Il est essentiel de parvenir rapidement à un accord sur les mesures à prendre et sur un calendrier pour leur mise en œuvre intégrale, dans l’intérêt des parties et de la stabilité régionale. 72. Après tant d’événements tragiques, il faut saisir l’occasion qui s’offre maintenant. Le Conseil européen se félicite du plan de sécurité conclu entre les Palestiniens et les Israéliens. Ce plan exige un engagement réel de faire progresser durablement la situation en matière de sécurité ainsi que la levée du bouclage. Le Conseil européen appelle également au gel complet des activités de colonisation. 73. Une période d’apaisement devrait commencer le plus tôt possible afin de permettre la mise en œuvre de mesures de confiance supplémentaires, aboutissant à la reprise de négociations complètes et constructives en vue de l’accord sur le statut définitif fondé sur les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité des Nations Unies. 74. Le Conseil européen remercie le Haut Représentant de son rapport, dont il se félicite, et il rend hommage à la contribution qu’il a apportée. Il partage son avis selon lequel : le rétablissement de la confiance exige de toute urgence une amélioration de la situation sur le terrain, le rétablissement de la confiance dans la paix nécessite notre appui en vue de relancer la coopération entre les sociétés civiles, l’aide aux institutions et à l’économie palestiniennes demeure un engagement européen auquel nous devons rester fidèles dans le cadre d’un effort international. Le Conseil européen accorde aussi la priorité à la stabilité et à la prospérité dans l’ensemble de la région méditerranéenne. Dans cette optique, l’Union européenne continuera de faire pleinement usage des possibilités du processus de Barcelone, y compris les accords d’association. Le Conseil européen invite le Haut Représentant à poursuivre ses efforts en étroite coopération avec la présidence et la Commission, ainsi qu’avec les parties en présence, les États-Unis et les autres acteurs, afin que l’UE puisse continuer à jouer un rôle actif. Le Conseil européen invite le Haut Représentant à formuler de nouvelles recommandations le moment venu. 93 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 94 a4 concentré s Laeken, décembre 2001 Déclaration sur la situation au Moyen-Orient L’extrême gravité de la situation place chacun devant ses responsabilités: mettre fin à la violence est impératif. La paix au M le Liban. La paix ne peut être fondée que sur les résolutions 242 et 338 des Nations Unies et sur : Barcelon La réaffirmation et la pleine reconnaissance du droit irrévocable d’Israël à vivre en paix et dans la sécurité à l’intérieur de frontières internationalement reconnues. Déclaratio L’établissement d’un État palestinien viable, indépendant et démocratique ainsi que la fin de l’occupation des territoires palestiniens. Pour négocier et pour éradiquer le terrorisme comme pour construire la paix, Israël a besoin du partenaire qu’est l’Autorité palestinienne et son Président élu, Yasser Arafat. Sa capacité de combattre le terrorisme ne doit pas être affaiblie. L’Union européenne réitère son appel à l’Autorité palestinienne à tout mettre en œuvre pour prévenir les actes de terreur. L’Union européenne rappelle les engagements suivants demandés aux parties : Par l’Autorité palestinienne: le démantèlement des réseaux terroristes du Hamas et du Djihad islamique, y compris l’arrestation et les poursuites judiciaires de tous les suspects ; un appel public en langue arabe à la fin de l’intifada armée. Par le gouvernement israélien : le retrait de ses forces militaires et l’arrêt des exécutions extrajudiciaires ; la levée des bouclages et de toutes les restrictions infligées au peuple palestinien ; le gel des implantations et l’arrêt des opérations dirigées contre les infrastructures palestiniennes. La mise en œuvre de ces engagements appelle une action déterminée à la fois de la part de l’Autorité palestinienne et d’Israël. La mise en œuvre sans délai et sans condition du plan Tenet de cessez-le-feu et des recommandations du Comité Mitchell reste la voie pour la reprise du dialogue politique. L’Union européenne reste convaincue que l’établissement d’un mécanisme impartial de surveillance servirait l’intérêt des parties. Elle est disposée à prendre une part active dans un tel mécanisme. Une action déterminée et concertée entre l’Union européenne, les Nations Unies, les États-Unis et la Fédération de Russie ainsi que les pays arabes les plus concernés est indispensable et urgente. À cette fin, le Conseil européen a chargé le Haut Représentant Javier Solana de poursuivre les contacts appropriés. L’Union attache une grande importance à un programme de relance économique 94 L’Union eu Palestine, p 1. Le Moye européenne immédiate militaire à la sécurité. 2. Pour tro aux aspects interdépen perspective politiques e Conseil eur 1397 du Co de la comm 3. Il impor l’exigence d les actes de l’appel lanc qu’ils coop rapport M politique. 4. Les actes nombreux condamnés d’assumer p tous les mo ne doit pa terrorisme, placées sou extra-judici implantatio doivent res 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 95 a14 concentré sur la Palestine comme encouragement à la Paix. L’Union européenne poursuivra ses efforts afin que deux États, Israël et la Palestine, puissent vivre côte à côte dans la paix et la sécurité. La paix au Moyen-Orient ne pourra être globale que si elle comprend la Syrie et le Liban. Barcelone, mars 2002 Déclaration de Barcelone concernant le Moyen-Orient 1. Le Moyen-Orient est en proie à une crise extrêmement grave. L’Union européenne lance un appel aux deux parties pour qu’elles prennent des mesures immédiates et efficaces en vue d’arrêter le bain de sang. Il n’y a pas de solution militaire à ce conflit. Ce n’est que par la négociation que l’on assurera la paix et la sécurité. 2. Pour trouver une solution à la situation actuelle, il est essentiel de s’attacher aux aspects politiques, économiques et de sécurité, éléments indissociables et interdépendants d’un seul et même processus. Il importe de rétablir des perspectives politiques saines et de mettre simultanément en œuvre des mesures politiques et de sécurité de manière à ce qu’elles se renforcent mutuellement. Le Conseil européen accueille avec grande satisfaction l’adoption de la résolution 1397 du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui traduit le ferme engagement de la communauté internationale à cet égard. 3. Il importe de mettre en œuvre d’urgence cette résolution, en particulier l’exigence d’une cessation immédiate de tous les actes de violence, y compris tous les actes de terreur et toutes provocations, incitations et destructions, ainsi que l’appel lancé aux parties israélienne et palestinienne et à leurs dirigeants pour qu’ils coopèrent à la mise en œuvre du plan Tenet et des recommandations du rapport Mitchell visant la reprise des négociations en vue d’un règlement politique. 4. Les actes de terrorisme aveugle de ces dernières semaines, qui ont fait de nombreux morts et blessés parmi la population civile innocente, doivent être condamnés. Il incombe à l’Autorité palestinienne en tant qu’autorité légitime d’assumer pleinement la responsabilité de la lutte contre le terrorisme, et ce avec tous les moyens légitimes à sa disposition. Sa capacité à s’acquitter de cette tâche ne doit pas être affaiblie. Sans préjudice du droit qu’il a de combattre le terrorisme, Israël doit immédiatement retirer ses forces militaires des zones placées sous le contrôle de l’Autorité palestinienne, faire cesser les exécutions extra-judiciaires, mettre fin aux mesures d’isolement et aux restrictions, geler les implantations de colonies et respecter le droit international. Les deux parties doivent respecter les principes internationaux en matière de droits de l’homme. 95 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 96 a4 Le recours excessif à la force ne saurait se justifier. Les actions menées contre les institutions médicales et humanitaires et leur personnel sont totalement inacceptables. Ces institutions doivent être en mesure de s’acquitter pleinement de leur mission. 5. Prenant note de la décision prise par le gouvernement d’Israël de mettre fin au confinement à Ramallah de M. Arafat, président de l’Autorité palestinienne, le Conseil européen demande que toutes les restrictions restantes à sa liberté de mouvement soient immédiatement levées. 6. Le Conseil européen se félicite de la décision du président des États-Unis d’envoyer à nouveau dans la région son Envoyé spécial, M. Zinni. L’Union européenne est disposée à conjuguer ses efforts aux siens, ainsi qu’à ceux de l’Envoyé spécial de la Fédération de Russie et du coordinateur spécial des Nations Unies, en particulier par l’intermédiaire de son représentant spécial, M. Moratinos. 13. L’Union Moyen-Ori 7. Le Conseil européen demeure convaincu qu’un mécanisme de surveillance extérieur aiderait les deux parties à poursuivre leurs efforts dans ce sens et il les invite instamment à examiner les propositions en vue d’accepter la présence d’observateurs. L’Union européenne et ses États membres sont prêts à participer à un tel mécanisme. Déclaratio 8. L’Union européenne est déterminée à jouer son rôle aux côtés des parties, des pays de la région, des États-Unis, des Nations Unies et de la Russie pour rechercher une solution sur la base des résolutions 242, 338 et 1397 du Conseil de Sécurité des Nations Unies et des principes de la Conférence de Madrid, des accords d’Oslo et des accords suivants, qui permettrait à deux États, Israël et la Palestine, de vivre en paix et en sécurité et de jouer un rôle à part entière dans la région. Le Haut Représentant, Javier Solana, poursuivra ses consultations régulières avec tous les acteurs internationaux concernés. 9. En ce qui concerne le conflit entre Israël et la Palestine, l’objectif général est double : créer un État palestinien démocratique, viable et indépendant, en mettant fin à l’occupation datant de 1967, et assurer le droit d’Israël à vivre à l’intérieur de frontières sûres, garanties par l’engagement de la communauté internationale, et en particulier des pays arabes. 10. Le Conseil européen se félicite de l’initiative récente du Prince héritier Abdallah d’Arabie saoudite, qui s’appuie sur le principe d’une normalisation complète et du retrait intégral conformément aux résolutions des Nations Unies, et offre une occasion unique qu’il convient de saisir dans l’intérêt d’une solution juste, durable et globale du conflit arabo-israélien. Le Conseil européen souhaite que le sommet de la Ligue arabe qui se tiendra prochainement à Beyrouth fasse progresser cette proposition et que le gouvernement et le peuple d’Israël y répondent positivement. 11. Le Conseil européen rend hommage à ceux qui, dans la société israélienne et palestinienne, continuent d’œuvrer inlassablement pour la paix, et soutient les contacts directs et le dialogue que mènent les deux parties. 96 12. Dans le une contrib région, dan consolider économiqu l’intégratio est prête à intégrante Séville, j La crise au situation d toutes seul internation en amorçan Le Conseil internation ainsi que s réaffirmer l et précis. Le Conseil perpétrés c région ne s terrorisme continuer p Un règlem négociation de Palestin frontières d parties. Le côte à l’int normales a équitable à et arrêtée d La réforme de l’Autorit 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 97 a14 12. Dans le prolongement de ses efforts actuels, l’Union européenne apportera une contribution économique substantielle à l’instauration de la paix dans la région, dans le but d’améliorer les conditions de vie du peuple palestinien, de consolider et de soutenir l’Autorité palestinienne, de renforcer la base économique du futur État palestinien et de promouvoir le développement et l’intégration économique régionale. Dans cette perspective, l’Union européenne est prête à contribuer à la reconstruction de l’économie palestinienne, partie intégrante du développement régional. 13. L’Union européenne demeure convaincue que, pour être durable, la paix au Moyen-Orient doit être globale. Séville, juin 2002 Déclaration sur le Proche-Orient La crise au Proche-Orient a atteint un point critique. Si l’escalade se poursuit, la situation deviendra incontrôlable. Les parties ne sont pas capables de trouver toutes seules une solution. Il est urgent que l’ensemble de la communauté internationale engage une action politique. Le Quartet a un rôle essentiel à jouer en amorçant un processus vers la paix. Le Conseil européen préconise la convocation à brève échéance d’une conférence internationale qui devra se pencher sur les aspects politiques et économiques ainsi que sur les questions touchant à la sécurité. Cette conférence devra réaffirmer les paramètres de la solution politique et arrêter un calendrier réaliste et précis. Le Conseil européen condamne fermement tous les attentats terroristes perpétrés contre des civils israéliens. Le processus de paix et la stabilité de la région ne sauraient être pris en otages par le terrorisme. La lutte contre le terrorisme doit continuer, mais la négociation d’une solution politique doit continuer parallèlement. Un règlement peut intervenir par la négociation, et uniquement par la négociation. Il s’agit de mettre fin à l’occupation et de créer rapidement un État de Palestine démocratique, viable, pacifique et souverain, sur la base des frontières de 1967, au besoin avec des ajustements mineurs convenus par les parties. Le résultat final devrait prendre la forme de deux États existant côte à côte à l’intérieur de frontières sûres et reconnues, et jouissant de relations normales avec leurs voisins. Dans ce contexte, il faudrait trouver une solution équitable à la question complexe de Jérusalem, ainsi qu’une solution juste, viable et arrêtée d’un commun accord au problème des réfugiés palestiniens. La réforme de l’Autorité palestinienne est essentielle. Le Conseil européen attend de l’Autorité palestinienne qu’elle honore l’engagement qu’elle a pris de réformer 97 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 98 a4 les services de sécurité, d’organiser rapidement des élections et de mener une réforme politique et administrative. L’Union européenne réaffirme qu’elle est prête à continuer de soutenir ces réformes. Les opérations militaires menées dans les territoires occupés doivent cesser. Les restrictions à la liberté de circulation doivent être levées. Ce ne sont pas des murs qui apporteront la paix. L’Union européenne est prête à contribuer pleinement à la consolidation de la paix, ainsi qu’à la reconstruction de l’économie palestinienne, qui fait partie intégrante du développement de la région. L’Union européenne travaillera avec les parties et avec ses partenaires de la communauté internationale, en particulier avec les États-Unis dans le cadre du Quartet, pour saisir toutes les chances d’instaurer la paix et d’offrir un avenir décent à tous les peuples de la région. Copenhague, décembre 2002 Déclaration du Conseil européen sur le Moyen-Orient La paix au Moyen-Orient est un impératif. Le Conseil européen engage les Israéliens et les Palestiniens à rompre le cycle infini de la violence. Il condamne une fois encore, fermement et sans équivoque, tous les actes de terrorisme. Les attentats suicides nuisent de façon irrémédiable à la cause palestinienne. L’Union européenne appuie les efforts des Palestiniens qui cherchent à faire avancer le processus de réforme et à faire cesser la violence. Elle lance un appel à Israël pour qu’il facilite ces efforts. Le Conseil européen, tout en reconnaissant les préoccupations légitimes d’Israël concernant sa sécurité, engage ce pays à mettre un terme à l’usage excessif de la force et aux exécutions extrajudiciaires, qui n’apportent pas la sécurité à la population israélienne. La violence et l’affrontement doivent céder la place à la négociation et au compromis. Les membres de la communauté internationale, y compris les parties, partagent tous la vision de deux États, Israël et une Palestine indépendante, viable, souveraine et démocratique, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité sur la base des frontières de 1967. Tous les efforts doivent à présent tendre à faire de cette vision une réalité. Par conséquent, le Conseil européen attache la plus haute priorité à ce que, le 20 décembre de cette année, le « Quatuor » adopte une feuille de route commune, comportant des échéances précises, pour la mise en place d’un État palestinien en 2005 au plus tard. La mise en œuvre de cette feuille de route doit être fondée sur la réalisation parallèle de progrès dans le domaine de la sécurité, ainsi que sur le plan politique et économique, et devrait être suivie de près par le « Quatuor ». À cet égard, le Conseil européen est très préoccupé par la poursuite des activités 98 illégales de solution fo et les activ nombreux européenn envenimen crainte qu’I C’est là un israélien à a avec effet colonisatio « clôture de Des mesu dégradatio plus en pl l’extrémism personnel h Afin de sou d’apporter d’objectifs e à s’associer efforts de mensuels d L’Union eu « Quatuor » de la récon pacifique a Bruxelle Moyen-Or 71. La crise régler les au 72. Le con préoccupa modération est temps d 73. Nous r communau sécurité, su responsabi 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 99 a14 illégales de colonisation, qui menacent de rendre matériellement inapplicable la solution fondée sur la coexistence de deux États. Le développement des colonies et les activités de construction qui l’accompagnent, dont on possède de nombreux témoignages, émanant notamment de l’Observatoire de l’Union européenne pour les colonies de peuplement, violent le droit international, enveniment une situation déjà instable et confortent les Palestiniens dans leur crainte qu’Israël n’a pas vraiment l’intention de mettre un terme à l’occupation. C’est là un obstacle à la paix. Le Conseil européen engage le gouvernement israélien à abandonner sa politique de colonisation en commençant par déclarer, avec effet immédiat, le gel complet et effectif de toutes les activités de colonisation. Il demande l’arrêt de la confiscation de terres pour construire la « clôture de sécurité ». Des mesures décisives s’imposent pour mettre un terme à la très forte dégradation de la situation humanitaire en Cisjordanie et à Gaza, qui rend de plus en plus insupportable la vie des Palestiniens ordinaires et alimente l’extrémisme. L’acheminement de l’aide humanitaire, ainsi que la sécurité du personnel humanitaire et de ses installations, doivent être garantis. Afin de soutenir les réformes dans les territoires palestiniens, l’UE continuera d’apporter son soutien budgétaire à l’Autorité palestinienne, en l’assortissant d’objectifs et de conditions clairs. L’UE invite les autres donateurs internationaux à s’associer à cet engagement, en vue également de favoriser la cohérence des efforts de reconstruction. Pour sa part, Israël doit reprendre les transferts mensuels de recettes fiscales palestiniennes. L’Union européenne est déterminée à continuer d’œuvrer avec ses partenaires du « Quatuor » pour aider tant les Israéliens que les Palestiniens à trouver le chemin de la réconciliation, de la négociation et d’un règlement définitif, juste et pacifique au conflit. Bruxelles, mars 2003 Moyen-Orient 71. La crise iraquienne rend encore plus impérieuse la nécessité de traiter et régler les autres problèmes de la région. 72. Le conflit israélo-palestinien, en particulier, demeure un sujet de vive préoccupation. Les deux parties devraient faire preuve de la plus grande modération. L’heure est à la négociation, au compromis et à la réconciliation: il est temps de briser le cercle vicieux de la haine, de l’affrontement et de la violence. 73. Nous réitérons notre ferme soutien à la vision, partagée par toute la communauté internationale, de deux États vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, sur la base des frontières de 1967. Tous les acteurs ont en commun la responsabilité historique de faire de cette vision une réalité. 99 62-French-Text.qxd 17/07/2003 09:48 Page 100 a4 74. La feuille de route avalisée par le Quartette le 20 décembre 2002 indique la voie à suivre pour parvenir à un règlement définitif, équitable et global. Elle doit être publiée et mise en œuvre immédiatement, et des progrès doivent être réalisés en parallèle dans le domaine de la sécurité, ainsi que sur le plan politique et économique. Nous sommes toujours disposés à aider les parties à mettre en œuvre cette feuille de route, aux côtés des États-Unis, de la Russie et des Nations Unies. 75. Dans cet esprit, nous accueillons avec satisfaction la déclaration du Président Bush du 14 mars, par laquelle il a annoncé son intention de favoriser la mise en œuvre de la feuille de route. 76. L’Union européenne accueille avec satisfaction et appuie le débat qui se déroule actuellement au sein de l’Autorité palestinienne et de la société civile au sujet de la promotion d’une réforme politique ambitieuse. La désignation d’un Premier ministre doté de compétences effectives est une première étape fondamentale à cet égard et imprimera un élan majeur au processus de paix. Le Conseil européen se félicite de la signature, par le Président Arafat, de l’acte législatif portant création du poste de premier ministre, ainsi que de sa décision de nommer Mahmoud Abbas à ce poste. 77. L’Union poursuivra son engagement et invite toutes les parties à soutenir les efforts cohérents en vue de la réforme et de la reconstruction de l’Autorité palestinienne. Des mesures doivent être prises de toute urgence pour mettre un terme à la tragédie humanitaire dans les territoires palestiniens. 78. L’UE renouvelle son appel à Israël pour qu’il abandonne sa politique de colonisation, qui constitue un obstacle à la paix à court et à long terme. Israël devrait aussi contribuer efficacement aux efforts visant aux réformes palestiniennes. Toutes les parties devraient s’efforcer de mettre fin à la violence. 79. L’Union européenne n’a pas ménagé ses efforts pour parvenir à la paix au Moyen-Orient, pour le bien des peuples de la région, mais aussi pour favoriser la paix et la sécurité internationales, et elle poursuivra dans cette voie. 100 62-French-COVER.qxd 17/07/2003 09:46 Page 3 Cahiers de Chaillot Tous les Cahiers de Chaillot peuvent être consultés sur internet : www.iss-eu.org n°61 L’UE et la réduction de la menace en Russie juin 2003 Kathrin Höhl, Harald Müller et Annette Schaper; sous la direction de Burkard Schmitt n°60 La Russie face à l’Europe mai 2003 Dov Lynch n°59 L’Europe de l’armement : les textes fondamentaux de la coopération européenne avril 2003 réunis par Burkard Schmitt n°58 Terrorisme, prolifération : une approche européenne de la menace mars 2003 Harald Müller n°57 De Laeken à Copenhague : les textes fondamentaux de la défense européenne, Volume III février 2003 réunis par Jean-Yves Haine n°56 Le terrorisme international et l’Europe décembre 2002 Thérèse Delpech n°55 Quel modèle pour la PESC ? octobre 2002 Hans-Georg Ehrhart n°54 Etats-Unis : l’empire de la force ou la force de l’empire ? septembre 2002 Pierre Hassner n°53 Elargissement et défense européenne après le 11 septembre juin 2002 Jiri Sedivy, Pal Dunay et Jacek Saryusz-Wolski ; sous la direction de Antonio Missiroli n°52 Les termes de l’engagement : le paradoxe de la puissance américaine et le dilemme transatlantique après le 11 septembre mai 2002 Julian Lindley-French n°51 De Nice à Laeken : les textes fondamentaux de la défense européenne, Volume II avril 2002 réunis par Maartje Rutten n°50 Quel statut pour le Kosovo ? octobre 2001 Dana Allin, Franz-Lothar Altmann, Marta Dassu, Tim Judah, Jacques Rupnik et Thanos Veremis ; sous la direction de Dimitrios Triantaphyllou n°49 Elargissement : une nouvelle OTAN octobre 2001 William Hopkinson n°48 Nucléaire : le retour d'un Grand Débat juillet 2001 Thérèse Delpech, Shen Dingli, Lawrence Freedman, Camille Grand, Robert A. Manning, Harald Müller, Brad Roberts et Dmitri Trenin ; sous la direction de Burkard Schmitt n°47 De Saint-Malo à Nice : les textes fondateurs de la défense européenne mai 2001 Réunis par Maartje Rutten 62-French-COVER.qxd 17/07/2003 09:46 Page 4 Dans ce Cahier de Chaillot, cinq auteurs européens expriment leur point de vue sur le rôle de l’Union européenne dans la pacification du conflit israélopalestinien depuis le début de l’intifada en septembre 2000. Parmi les aspects positifs de l’action de l’Union, il faut souligner d’abord qu’elle a défini une position claire pour la résolution du conflit, fondée sur la coexistence pacifique de deux Etats dans des frontières stables et le respect de la légalité internationale. Cette position, ainsi qu’une condamnation énergique de la violence, a été exprimée lors des déclarations successives du Conseil européen. Deuxièmement, la présence du Haut Représentant et de l’Envoyé spécial a permis une participation directe de l’Union dans les divers cadres de négociation, y compris le Quartet, qui a préparé la « feuille de route ». L’Union a également continué d’entretenir des relations économiques avec les deux parties afin d’empêcher une aggravation des conséquences négatives du conflit. En dépit de ces aspects positifs, l’Union devrait accroître son rôle dans la solution du conflit, car sa continuation met en danger aussi bien les principes et valeurs qu’elle défend que ses intérêts et ceux des Etats membres. Par conséquent, l’Union devrait travailler avec les Etats-Unis, qui sont le médiateur principal, à la mise en œuvre de la « feuille de route », et elle devrait être prête à utiliser tous les instruments dont elle dispose afin d’exiger des parties qu’elles renoncent à la violence et s’orientent sur la voie de la solution négociée. publié par l’Institut d’Etudes de Sécurité de l’Union européenne 43 avenue du Président Wilson 75775 Paris cedex 16 tél.: +33 (0) 1 56 89 19 30 fax: +33 (0) 1 56 89 19 31 e-mail: [email protected] www.iss-eu.org prix : 8 €