La paix, ce n`est pas de beaux discours, c`est d
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La paix, ce n`est pas de beaux discours, c`est d
Extrait du discours de Pierre Barros, maire de Fosses, lors de la commémoration de l'Armistice du 11-Novembre-1918 le mardi 11 novembre 2014 à Fosses (...) Jules JAVOY Louis LIONNET Jules FREMONT Ernest LOUVET Albert DESCHARS Edmond DELIGNY Félix COCQUERET Louis LECHOPIER Albert ROLAND Pierre COLSON André ABANY Lucien MARISSAL Louis HULIN Louis Eugène ROLAND Eugène CHATELAIN Ils étaient instituteurs, crémiers, employés des chemins de fer, cressonniers, ouvriers agricoles, ajusteurs, ouvriers à la cartoucherie de Survilliers, employés d’assurance, bergers. Ils étaient tous Fossatussiens et, comme on dit, ils sont « morts pour la France » entre 1914 et 1918. Ils auraient certainement préféré rentrer chez eux, à Fosses, retrouver leur famille, leur travail, plutôt que voir leur nom gravé sur un monument. Ils auraient certainement préféré ne pas connaître l’enfer de la guerre, cette « connerie » de guerre comme disait Jacques Prévert. Inutile, destructrice, mutilant et traumatisant les hommes, les femmes, les enfants et les terres sur lesquelles ils vivent. Des champs de batailles, des champs de ruines, des champs de croix. Même cent ans après, la terre garde les stigmates de l’acharnement des combats, de la folie des hommes. Nous avons entendu tout à l’heure La Marseillaise, notre hymne national, chanté par les enfants. Le 11 novembre 1918, à 11 h 00, cet hymne a été chanté par toute la France. Au front, les clairons ont bondi sur les parapets et ont sonné le Cessez-leFeu, Levez-vous, Au Drapeau. La Marseillaise jaillit à pleins poumons des tranchées. C’est le même soulagement en face, dans le camp allemand. Le monde n’est plus en guerre, mais sans le savoir, la guerre d’après se prépare déjà. La Marseillaise, ce chant de la victoire, qui est d’abord un chant de guerre, ne me fait pas oublier d’autres chants. Celui de Craonne par exemple. Le chant de ceux qui en 1917 avaient fait le tour de la barbarie, notamment pendant l’offensive très meurtrière et militairement désastreuse du Général Nivelle au Chemin des Dames. Le chant de ceux auxquels la guerre avait fait perdre les illusions de la patrie agressée. Le chant de ceux qui, fatigués par l’horreur des assauts, ont un jour rangé les baïonnettes parce que ce n’était plus possible, cela n’avait plus de sens. Ils seront fusillés. Dans nos familles, que nous soyons Français de métropole ou d’outre-mer, nous avons tous un père, un grand-père qui a passé quatre ans de sa vie dans les tranchées. Mon grand-père s’appelait Jules Barros, il avait 26 ans en 1914, il était officier chasseur alpin, il s’est battu dans la Somme et en Alsace. En 1918, à l’Armistice, il avait été blessé deux fois, une balle de mitrailleuse dans la jambe et un éclat d’obus en plein visage. A 30 ans, il était une de ces « gueules cassées » qui a, toute sa vie, dû « faire avec » le souvenir de quatre années d’horreur et une chair mutilée. Il nous a quittés à presque 100 ans après avoir eu une vie bien remplie. Je n’ai pas souvenir d’avoir entendu mon grand-père évoquer cette période de sa vie même quand on le questionnait… J’ai compris plus tard qu’il y a des silences qui en disent long… Il faut entendre les témoignages de nos anciens combattants. Ne pas les juger, ni les rejeter, comme cela a trop souvent été le cas par le passé et même aujourd’hui. Leur parole est inestimable parce que rare. Tous portent des messages de paix car ils ont connu l’insoutenable et l’insoutenable ne se partage pas ! Ils nous rappellent qu’il n’y a qu’un combat qui vaille la peine d’être mené, c’est celui de la paix ! Et que la paix, ce n’est pas de beaux discours, c’est d’abord un engagement concret ! Alors engageons-nous… Engageons-nous pour la paix là où il y a la guerre ! Engageons-nous en Afrique, au Moyen-Orient, en Europe de l’est. Pas en envoyant des armes, des militaires et ensuite les multinationales pour profiter des richesses locales, mais en aidant les Etats et leurs populations à construire, ensemble mais à leur manière, les conditions de leur propre développement. Cela passe aussi par la reconnaissance en tant que partenaires, en tant qu’Etats. Dans un Etat laïc et républicain comme le nôtre, l’engagement doit d’abord être citoyen, parce que la paix, ça commence avec son voisin, dans sa commune. Alors, en mémoire de tous ceux qui ont vécu l’enfer de 14-18 et en mémoire de ceux qui vivent encore aujourd’hui la guerre : je nous souhaite la paix. Une paix durable en France mais aussi en Europe et dans le monde, une paix qui tire sa force de l’amitié et de la solidarité entre les peuples. Merci !