Deleuze/Freud, quelques citations

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Deleuze/Freud, quelques citations
Deleuze/Freud, quelques citations
Deleuze admirateur de Freud ? Voici quelques éléments puisés rapidement dans un recueil posthume de textes
qui permettront à chacun de se faire une opinion sur le sujet. En tout état de cause, il semble que point n’est
besoin de livres noirs de la psychanalyse ou autres attaques grossières– celles d’un Michel Onfray, ad hominem,
par exemple - pour régler le cas du freudisme, Deleuze s’en était déjà bien chargé, dès les années 70.
Jean-François Py
« (…) nous ne désirons participer à aucune tentative qui s’inscrive dans une perspective freudomarxiste ».
Gilles Deleuze, L’interprétation des énoncés, in Deux régimes de fous, éditions de Minuit, Paris, 2003, p.79.
« La psychanalyse est inséparable d’un péril politique qui lui est propre, et qui se distingue des
dangers impliqués dans le vieil hôpital psychiatrique. Celui-ci constitue un lieu d’enfermement localisé.
La psychanalyse au contraire, fonctionne à l’air libre. Le psychanalyste a en quelque sorte la position
du marchand dans la société féodale selon Marx : fonctionnant dans les pores libres de la société,
non seulement au niveau du cabinet privé, mais au niveau des écoles, des institutions, de la
sectorisation, etc. (…) L’inconscient est perçu comme une contre-conscience, un négatif, un
parasitage de la conscience. C’est l’ennemi. »
ibid., p.72.
« Se fait-on psychanalyser, on croit parler et l’on accepte de payer pour cette croyance. En fait on n’a
pas la moindre chance de parler. La psychanalyse est faite toute entière pour empêcher les gens de
parler et leur retirer toutes les conditions d’énonciation vraie. (…) La psychanalyse procède ainsi : elle
part d’énoncés collectifs tout faits, du type Œdipe, et elle prétend découvrir la cause de ces énoncés
dans un sujet personnel d’énonciation qui doit tout à la psychanalyse. On est piégé dès le début. »
Gilles Deleuze, Quatre propositions sur la psychanalyse, in Deux régimes de fous, éditions de Minuit, Paris, 2003,
p.76.
« Dans la psychanalyse d’enfants, on voit encore mieux que dans toute autre psychanalyse comment
les énoncés sont écrasés, étouffés. Impossible de produire un énoncé sans qu’il soit rabattu sur une
grille d’interprétation toute faite et déjà codée. L’enfant ne peut pas s’en sortir, il est “battu“ d’avance.
La psychanalyse est une formidable entreprise pour empêcher toute production d’énoncés comme de
désirs réels. »
Gilles Deleuze, L’interprétation des énoncés, in Deux régimes de fous, éditions de Minuit, Paris, 2003, p.80.
« (…) le pouvoir en psychanalyse. Car la psychanalyse implique un rapport de forces très particulier
(…). Répondre comme beaucoup de psychanalystes le font que la source du pouvoir en psychanalyse
est le transfert, est une réponse éminemment comique, du même genre que celle qui trouverait dans
l’argent la source du pouvoir bancaire (les deux s’impliquent d’ailleurs, vu les rapports du transfert et
de l’argent). Toute la psychanalyse est construite sur la forme libérale-bourgeoise du contrat. »
ibid., p.78.