Circulaire 2012 d` Orizabita et Iztapalapa Aborder une nouvelle

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Circulaire 2012 d` Orizabita et Iztapalapa Aborder une nouvelle
Circulaire 2012 d’ Orizabita et Iztapalapa
Aborder une nouvelle année, c’est un peu comme, lorsqu’enfant
nous commencions un nouveau cahier, espérant le remplir de
bonnes notes et le garder impeccable jusqu’a la dernière page.
N’en n’est-il pas ainsi, pour chacun de nous, quand sonnent les 12
coups de minuit ouvrant un horizon nouveau. Les vœux échangés
débordent de souhaits positifs.
Cette année qui s’ouvre porte toutes les marques de celle que
nous quittons, cependant c’est plein d’espoir que nous la
voulons chargée de paix, d’amour, de compréhension, de
justice entre les hommes. Ce sont les vœux que nous
formulons, plus spécialement pour vos familles, thème que
nous voulons partager avec vous.
L’année dernière nous vous annoncions les 50 ans du diocèse
de Tula créé pour le peuple Hña-Hñu. De Septembre 2010 à
Septembre 2011 l’année fut marquée par divers évènements :
rencontre culturelle, sessions ou formation théologique, visite
du Nonce apostolique… Après une ouverture festive de
l’année jubilaire, la clôture a rassemblé, dans un stade de
foot, 5000 personnes pour une messe solennelle, 80 prêtres,
38 évêques célébrants dont les 4 évêques qui se sont
succédés à la tête de ce diocèse, occasion aussi de célébrer
les 50 années d’épiscopat du 1er évêque.
La majorité du diocèse a gardé ses racines indigènes et pour eux pas de fête sans danse. Des
groupes de danseurs ont alors marqué de leur rythme cette fête.
La messe a débutée par le rite de la fleur aux 4 points
cardinaux.
Chaque année une fête culturelle a lieu dans un village du
diocèse. En Juin 2012 ce sera à notre paroisse d’Orizabita
d’organiser cet évènement, nous commençons de le préparer
vous en aurez écho dans
une prochaine circulaire.
Ce type de rassemblement
permet aux familles de conserver leur identité culturelle, de
transmettre aux jeunes générations des valeurs profondes
qui ont tendance à se perdre à cause du phénomène
migratoire, ce qui vient des Etats-Unis paraissant plus
attractif, pourtant dans la vallée du Mezquital ,où nous
vivons, un effort du gouvernement est fait pour avoir des
écoles bilingues (espagnol - Hña-Hñu) cette langue est reconnue comme langue officielle dans
le pays.
La migration est une réalité omniprésente pour ceux avec qui nous vivons. Un membre ou
plusieurs d’une même famille (principalement les hommes) sont aux Etats-Unis ou dans un
autre état du Mexique. Pour ces derniers ils ne reviennent chez eux que tous les 2-3 semaines
voir des mois afin d’éviter de dépenser leur argent dans les voyages. Dans tous les cas cette
absence se fait douloureusement sentir et engendre bien des conséquences néfastes.
Écoutons ce qu’ils nous disent :
« Cela affaiblit l’amour entre les époux et cassent la relation avec les enfants. »
« Le mari peut aussi reconstruire une famille et abandonner celle du Mexique. »
« Le manque de documents officiels rendant très dangereux la passage à la frontière,
empêche les familles de se retrouver et la séparation peut durer des années.
« Assez souvent il y a aussi perte de la culture et de la religion »
Cependant l’apport d’argent permet une vie
meilleure, aidant à l’éducation, l’école, l’alimentation,
parfois l’achat d’un véhicule de transport. Il permet
d’améliorer le cadre de vie sans oublier les fêtes et
les temps d’amitié.
Certains seraient heureux de revenir au pays mais
pour quel travail et quel salaire ?
Pour ce qui est de l’éducation, les enfants vont tous
à l’école. Chaque petit village a sa maternelle. Pour
le primaire et le collège 2ou 3 villages se
regroupent. Pour le lycée les jeunes doivent aller à la ville la plus proche. Ils partent pour la
semaine et logent dans l’auberge de jeunesse ou chez l’habitant, ou même loue à plusieurs une
petite maison. Le problème se pose au niveau des enseignants de la maternelle et du primaire.
Ce sont souvent des classes uniques avec peu d’élèves (minimum 5-6). Les enseignants sont
souvent des débutants logés et nourris par le village. Ils reçoivent une formation succincte et
changent souvent de poste même en cours d’année.
Après le lycée peu continu en université, la proportion des indigènes est de 3 sur 20 jeunes,
En général les filles étudient plus que les garçons, le gouvernement semble prendre cela en
considération et ouvre des universités de proximité, sur Ixmiquilpan par exemple. Mais même
ainsi pour beaucoup de familles cela reste onéreux et beaucoup partent aux Etats-Unis
rejoindre père, oncle ou cousin. Ils partent illégalement et ne reviennent que 5 ou 6 ans plus
tard.
La vie quotidienne des familles peut-être bien différente si on l’observe au centre d’Orizabita
ou dans les villages qui l’entourent.
Ainsi au centre, un certain nombre de professionnels, surtout enseignants, ont un salaire
assuré, même s’il est modeste il leur permet de vivre décemment, de manger, de se vêtir,
d’offrir à leurs enfants une éducation qui va jusqu’à l’université.
Dans les villages où la terre est très avare de ses dons c’est la
vie au jour le jour, utilisant au maximum ce que la nature offre
suivant les saisons. Couper la lechuguilla (cacté) y préparer la
fibre est le travail bien aléatoire de beaucoup de familles. Une
autre activité est d’aspirer le pulqué des agaves ; celui-ci frais
est nourrissant mais après quelques heures il s’alcoolise et
devient un problème.
Le manque d’opportunité donc
manque de ressources fragilise les familles. Bien des
jeunes filles de 15-16 ans sont mamans sans horizons et
restent à la maison paternelle. Trouver un travail sans
qualification est la porte ouverte à tous les abus : salaires
dérisoires, conditions de travail déplorables. Le transport
à la ville complique la situation.
La famille n’est pas que difficultés et problèmes. La
simplicité et la frugalité n’enlèvent pas la joie de vivre, la
participation à la fête, l’ingéniosité, surtout des femmes
pour ajouter quelques ressources : artisanat, cuisine…
Le partage communautaire dans les villages donne saveur à un quotidien laborieux.
Avec toutes ses familles nous recherchons ce qui peut
contribuer à améliorer le quotidien. Ainsi dans le cadre de la
santé.
La
réflexologie
complète bien les soins par
les
plantes.
Tous
les
mercredis de 10h. à 12h.
une
permanence
est
ouverte, 3 ou 4 personnes
ayant suivi la formation viennent assurer un moment de soin
et le pratique également dans les villages.
Ayant le souci de l’homme dans son intégralité la formation spirituelle suit aussi son cours,
Nous constatons avec plaisir que d’autres adultes et jeunes
viennent préparer leurs sacrements. Un catéchumène de
l’année dernière a répondu à l’appel
pour accompagner le groupe
d’adulte.
La Communauté d’Orizabita :
Mie-Thérèse, Yvonne,
Nicole, Jacqueline.
Dans notre colonia d’Iztapalapa, les familles ont des visages différents suivant leur histoire
et leur évolution, mais des aspects sont communs
puisque notre colonia a un passé de seulement
40 années et que des apports nouveaux de
population continuent de la faire exister.
Nous allons vous parler un peu de ces
familles avec qui nous vivons.
La famille « migrante » est la réalité
de tous.
Dans le « pueblo », des générations ont vécu simplement, frugalement au rythme de la nature…
mais diverses influences et évolutions mondiales ont provoqué des conditions sociales et
économiques difficiles. La production de la terre ne suffisait plus à nourrir la famille, à
permettre aux enfants de poursuivre des études. L’absence de
travail et de salaire a provoqué la migration des familles vers la ville
qui offrait d’autres possibilités. C’est ainsi que les pentes
volcaniques autour de Mexico ont vu
arriver des familles qui se sont installées
sur un bout de terrain qu’il a fallu
prendre au volcan, construire un embryon
de maison avec de petits moyens
économiques. La ténacité et le travail ont
permis une amélioration de la vie. Les
premiers arrivés ont ouvert la porte aux
frères et sœurs restés au village. Ainsi des quartiers sont peuplés
de gens de Puebla, Oaxaca, Veracruz…une première migration qui
oblige à une adaptation de vie très précaire quant au travail, à des
mentalités nouvelles, à un « entassement » de familles dans un espace réduit.
Au fil du temps, cette migration pour une survie, forge des luttants qui gardent dans le secret
du cœur la « saveur » du pueblo.
Certains ne peuvent pas s’adapter et faire face, d’autres souffrent de l’illettrisme, se
complexent et deviennent des exploités. Beaucoup retournent au village pour la fête du St
patron…ce sont les retrouvailles des anciens, des rites culturels, de la nourriture locale…et,
avec nostalgie, ils reviennent à la ville. Une évasion « ressourçante » pour les parents.
Quant aux enfants, ils ont leur vie ici : scolarité, ambition d’une vie meilleure ou intégration à
des bandes qui vivent du commerce de la drogue avec toute la violence et la dépendance que
cela entraine.
Ici aussi la vie économique est rude, alors c’est la seconde migration vers les Etats Unis où le
salaire d’une semaine correspond au salaire mensuel mexicain. Des familles ont construit leur
maison grâce à cet apport, et lorsque les enfants se mettent en couple la maison monte d’un
étage !
De cette migration, la cellule familiale éclate. Le père parti de
« l’autre côté » parfois refait sa vie là-bas et la femme reste seule à
élever les enfants, ou lorsque le père revient, ses enfants sont
devenus des adolescents qu’il ne connaît pas. Actuellement, des
femmes et des enfants tentent aussi ce mouvement migratoire, avec
beaucoup de souffrances, vers le pays du « dollar »
Dans toutes ces familles il y a aussi des femmes et des hommes
déterminés, solides, travailleurs, que la vie pousse à se dépasser,
sensibles à la misère de l’autre, ou parfois endurcis et peu solidaires,
mais avec au cœur une foi profonde en un Dieu qui les accompagne et les protège.
Ceux qui se sont « installés » il y a quelques années, ont trouvé leur place au soleil… l’absence
de plan d’urbanisation font que rues et ruelles sont zigzagantes…un vrai labyrinthe.
Dans ces familles plus traditionnelles, généralement la femme reste à la maison pour s’occuper
des enfants pendant que le mari cherche un travail sur place, ou dans les environs,
habituellement dans la maçonnerie. Les enfants suivent une
scolarisation normale certains jusqu’à l’université, ou cherchent
rapidement des petits boulots pour avoir un peu d’argent. Très
jeunes ils vivent en couple, c’est alors que la maison de famille
monte d’un étage et se transforme un peu en HLM ! Dans
beaucoup de cas, la mère ou la belle-mère veille sur les petits
enfants et se mettent protectrices, gardiennes des petits. Cette
cohabitation entraine des difficultés pour les jeunes mamans qui
sont en second dans la prise en charge de leur propre enfant.
Il existe aussi des familles plus ouvertes…comme ce couple avec
leurs 2 garçons. Ils vivaient chez les parents de l’un d’eux. Mais
ils ont désiré avoir leur propre maison… l’achat d’un petit terrain, la construction d’une seule
pièce pour commencer, puis une autre, et une suivante…ainsi, dans le temps, la maison se
complète avec une chambre pour les parents et une pour les enfants, ainsi qu’une salle d’eau.
Toute la semaine le père travaille comme comptable à 7 h. de chez lui, il rentre le vendredi
tard, pour repartir le dimanche en début de nuit. La maman travaille quelques journées par
semaine et a un engagement de parent d’élèves dans l’école des garçons. Ces parents sont
engagés aussi dans la paroisse comme catéchiste et animateur de chorale, leurs enfants se
forment aussi pour un service dans l’église locale. Dans cette famille existe une éducation
humaine et chrétienne et une volonté missionnaire au service des autres.
Quand nous visitons les familles, nous sommes étonnées de ne rencontrer souvent que des
femmes avec des enfants, des jeunes, un handicapé, une grand-mère avec une fille ou une
belle-fille. Il est parfois difficile de comprendre les liens de parenté, de savoir ce qui s’est
passé avec le reste de la famille…Où sont les hommes ? au travail ? en ville ? à l’étranger ?
Partis avec une autre femme ? Ou la femme a-t-elle fait le nécessaire pour qu’il ne revienne
plus à la maison, en raison de la maltraitance reçue suite aux effets de l’alcool…ou est-il
décédé d’une manière plus ou moins tragique ? Il existe un secret sur les évènements vécus
dans la famille. Puis, peu à peu la confiance s’établit, la femme, chef de famille raconte les
faits douloureux vécus. En cela s’ajoutent les dures conditions économiques pour sortir du
problème. La femme cherche du travail : ménage, lessive, repassage dans des familles plus
riches, petites boutiques de produits alimentaires, le porte à porte pour vente de tout genre.
Tout cela pour subvenir aux nécessités essentielles de la famille : se nourrir, se soigner,
donner aux enfants le nécessaire pour l’école.
En pensant à toutes ces familles de notre colonia qui souffrent, qui
luttent, surtout quand le travail se fait rare, les trajets pénibles, la
santé précaire… nous voyons certains écrasés par cette survie au
quotidien, d’autres qui implorent Dieu et Nuestra Señora de
Guadalupe, qui sont leur force. Pour tous, le merci à Dieu et aux
autres est toujours au bord des lèvres.
A travers nos diverses activités d’accompagnement des personnes,
des familles, des communautés de base, nous vivons avec eux, un
service de proximité, en liturgie ou en social.
Si nous partageons de notre vie, de notre savoir-faire, nous
recevons beaucoup de ce peuple.
Vivre avec eux nous désinstalle et modifie le regard et le cœur.
C’est avancer sur un chemin d’humilité que de vivre le respect de
nos différences culturelles.
Apprendre à se contenter de ce que l’on a, donner valeurs aux petites choses du quotidien,
savoir dire merci et rendre grâces.
Vivre la cohabitation est difficile et exigeant et dans la fête passe le pardon.
Faire la fête avec peu, ne pas tout avoir, être « en désir de… » peut donner un bonheur ! ainsi
que vivre l’accueil, la confiance, l’entraide mutuelle.
Annick a quitté notre communauté d’Iztapalapa :pour un service du conseil général de la
congrégation.
Louisette, qui était en mission à Orizabita, a entendu l’appel pour faire partie de la
communauté d’Iztapalapa avec Cécile, Mie-Jo, Jeannette.
Nous vous souhaitons, au cours de cette année 2012 qui se profile avec la crise
économique de trouver le chemin du bonheur pour chacun de vous et pour votre famille,
ainsi que le bien précieux de la santé.
Que le Dieu de Noël venu en notre humanité, vous accompagne et vous bénisse .

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