Introduction - Université de M`sila

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Introduction - Université de M`sila
Niveau : 3ème Année (LMD) 2015/ 2016.
Enseignante : Dr. SOUAMES. A
Module : Etude de textes de civilisation.
Corrigé type EMD °1
Commentaire de texte
Introduction
Situation du passage :
L’Antigone de Sophocle Thèbes, 445 av. J-C. est sans doute la plus grande des tragédies
grecques, qui illustre l’apogée de la réussite culturelle antique proposant un modèle parfait du
phénomène de civilisation que fut la tragédie grecque du Vème siècle avant J.C.[phrase d’accroche]
Cet extrait se trouve juste après l'arrestation d'Antigone. Les gardes du roi ont fait arrêter
Antigone alors qu’elle essayait de recouvrir le corps de son frère Polynice, bravant ainsi le décret royal
qui interdit de rendre les honneurs funèbres au fils d’Œdipe considéré comme un traitre à sa patrie.
Antigone se ressaisit et refuse de céder au roi.[ Présentation du texte]
Problématique :
La confrontation entre le roi de Thèbes Créon et Antigone est la scène centrale de la pièce. Cet
extrait pose la problématique suivante : en quoi cette scène constitue -t-elle un affrontement
argumentatif ?
Doit-on choisir la famille ou l’État, l’humanité ou l’autorité, la religion ou les lois de la Cité ?
Au nom de quelles lois Antigone conteste-t-elle l’autorité de Créon ? De quelle manière a-t-elle
enfreint ses ordres ?
Présentation du plan :
Nous verrons dans un premier temps que l’opposition entre Antigone et Créon est sans
concession tout en analysant l’argumentation des deux protagonistes. Cependant, force est de constater
que le sens de cette scène peut être enrichi par deux systèmes de valeur, ce que nous développerons
dans un deuxième temps concernant le discours qui véhicule la contestation de l’héroïne. Enfin, nous
verrons que la dualité Antigone / Créon créé hybris qui bouleverse l’ordre naturel des choses et qui est
à l’origine de la tragédie.
Développement
Dès l’instant où ils sont en présence, Antigone et Créon s’affrontent. Loi divine contre
loi humaine. En effet, Antigone veut donner une sépulture à son frère mort (= loi divine)
« Certes, non, car il n'y a aucune honte à honorer ses proches ».
Les liens du sang sont prépondérants. Créon représente les lois humaines, celles de la cité. Antigone a
enterré son frère contre la volonté du roi, Créon (loi humaine ). « Et ainsi, tu as osé violer ces lois ? »
Dans cet extrait, l’auteur a utilisé également dans un premier temps de longues phrases pour
donner lieu aux répliques plus au moins convaincantes de la part des deux protagonistes :
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Antigone et Créon. Ces longues répliques justifient d’une manière persuasive ; l’utilisation de
courtes phrases par la suite entrecoupées par des points de suspension ou de fausses interrogations.
Antigone emploie souvent des phrases interrogatives et semble moins définitive. Elle interroge
le discours de Créon pour mettre en évidence les contradictions : «Veux-tu faire plus que me tuer,
m'ayant prise ? ». Le seul endroit où Antigone utilise des points d'exclamation sert peut-être à marquer
son désarroi. « Que je ne sois plus un homme, qu'elle en soit un elle-même, si elle triomphe impunément, ayant
osé une telle chose ! ». D’autre part, la longueur des répliques semble toujours inversée : lorsque
Créon parle beaucoup, Antigone prend peu la parole. Lorsqu'au contraire elle parle, Créon
intervient moins. Le dialogue n'est pas équilibré et la répartition de la parole témoigne déjà
d'un désaccord.
Progressivement, la conversation devient tellement dérangeante pour Créon qu'il ne cherche
plus qu'à y mettre un terme. On note la répétition de l'impératif.
Enfin, Antigone, elle, plutôt que de se confronter directement à Créon, maintient une
certaine distance ironique » Que tardes-tu donc ? ……. Tous ceux-ci diraient que j'ai bien fait, si la terreur
ne fermait leur bouche ; mais, entre toutes les félicités sans nombre de la tyrannie, elle possède le droit de dire et
de faire ce qui lui plaît. »
Le vocabulaire employé est volontairement peu métaphorique et tend à rendre la situation plus
complexe. Créon parle comme une personne d'expérience. Beaucoup de ses arguments font appel au
passé.
Concernant le discours qui véhicule la contestation de l’héroïne, la scène commence par un cri de
révolte de l’héroïne, un cri de ralliement, de résistance : une Antigone résistant au pouvoir établi par
Créon. Le non d’Antigone va s’affirmer quand elle va s’opposer à la loi de Créon : « […] tout ce que
tu dis m’est odieux, - je m’en voudrais du contraire – et il n’est rien en moi qui ne te blesse.»
Nous voyons que la tonalité pathétique domine le discours d’Antigone qui se manifeste dans
les sentiments de douleur qu’Antigone extériorise à travers ses paroles. Le discours pathétique se
manifeste dans sa voix qui dit le « je et le moi » qui s’expriment. A travers ce discours nous voulons
que l’autre réagisse. Le pathétique fait appel à la compassion et c’est à travers ce discours que la
parole devient action .Elle est pragmatique en quelque sorte parce qu’elle provoque la réaction de
Créon. Et c’est là justement qu’est exprimée une véritable contestation. Le lexique utilisé dans le
passage est placé sous le signe d’une totale subjectivité. En effet, ce passage regorge d’invectives et
mises en cause directes, accentuées par des modalités expressives : exclamatives, impératives et
surtout interrogatives. Le discours d’Antigone montre la fréquence de la prise de position et la force
du dire comme celui l’agir. Antigone ne cherche pas à fuir ses responsabilités : elle reconnaît
ouvertement son acte :
« Oui, je l’avoue, je les ai accomplis ; je ne le nie pas. ». Elle reconnaît également avoir procédé aux
rites funéraires du mort en toute connaissance de l’interdiction de Créon :
« Oui, je la connaissais. Comment en eût-il été autrement ? Elle était notoire. »
Antigone ne craint pas d’affronter Créon et même de condamner sa décision. Elle considère qu’elle
n’avait pas à s’y tenir puisqu’elle émane d’un mortel. Antigone conteste par des négations la décision
de Créon en lui déniant toute légitimité, sur un ton de défi et l’interdiction qu’il a proclamé est
qualifiée à ses yeux : » : « Ce ne sont pas eux [les dieux] qui ont imposé de pareilles lois aux hommes,
et je ne croyais pas que ……………………………………….de subir le châtiment de la divinité. »
Antigone justifie son acte par les arguments suivants :
Les liens du sang sont sacrés à ses yeux : «Tandis que si ce mort, un frère né de la même mère, je
l’avais laissé sans sépulture, j’en eusse éprouvé une souffrance. Le reste me laisse insensible. »
Les devoirs religieux dus à un mort, qu’elle considère comme un impératif auquel elle ne peut se
soustraire : fausses interrogations : «Comment acquérir une gloire plus éclatante qu’en donnant la
sépulture à son frère ? » « L ‘Hadès n ‘en exige pas moins ces rites. »
- Créon prône la vengeance jusque dans la mort : «Même quand il est mort, jamais l’ennemi ne prend
figure d’ami. »
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Ainsi, l’affrontement s’aggrave et s’intensifie et ceci est rendu par le biais de l’échange de vers à vers
qui a lieu entre Créon et Antigone.
Créon ne veut pas seulement faire reconnaître son crime à Antigone, il veut qu’elle se soumette à son
autorité. A ses yeux, elle n’est pas seulement coupable d’avoir enfreint son interdiction, elle est
également, et surtout coupable de « s’en vanter » et de refuser de se soumettre à sa volonté ; elle nuit
ainsi à son orgueil de roi tout puissant qui entend affirmer son autorité :
« Sache-le bien, les caractères trop rigides se brisent très facilement. Le fer le plus résistant, quand on
le remet au feu pour le durcir encore, on le voit qui le plus souvent se rompt et casse »
Cette déclaration de Créon n’empeche en rien la détermination d’Antigone. Elle continue à le défier
ouvertement en affirmant l’impossibilité d’approuver ses paroles et en condamnant ce qu’elle
considère comme un abus de pouvoir :
«Alors, qu’attends-tu donc ? Aucune de tes paroles ne m’est agréable, et puissent-elles ne jamais me
plaire ! Les miennes ne te font pas plaisir non plus »
Chacun des deux protagonistes s’enferme dans sa position et le bras de fer engagé entre eux se
transforme en folie :
« Et si je te parais agir en folle……………… voilà qu’une poussière ensanglantée accordée à ceux
d’en bas la dissipe encore une fois dans la démence des paroles et la frénésie vengeresse » chante le
chœur à la fin de ce deuxième épisode.
En définitive, il n’y a pas d’autre issue possible qu’une fin tragique pour Antigone.
C’est la volonté hybris de Créon qui bouleverse l’ordre naturel des choses qui est à l’origine de la
tragédie : il fait mourir les vivantes et garde les morts chez les vivants, il empiète sur le rôle des dieux.
Mais Antigone aussi bouleverse l’ordre des choses : elle ne vit que pour les morts en ignorant les
vivants : elle n’a ni mari ni enfants.
Il existe une véritable dualité entre Créon et Antigone, tous deux, dans leur obstination, leur solitude
et leur certitude sont de purs héros sophocléens. C'est la lutte de l’État contre la famille, le supplice de
Polynice contre l'enterrement en grandes pompes de son frère (l’un ne se comprend que par rapport à
l’autre, honorer Etéocle serait banal si l'on accordait le même honneur à Polynice).
Enfin, Antigone résume sa pensée dans une alternative tragique : « je veux être sûre de tout
aujourd’hui et que cela soit aussi beau que quand j'étais petite ou mourir ». Elle refuse
d'abandonner ses idéaux d'enfance et est prête à sacrifier sa vie pour cela. Elle devient alors
une véritable héroïne tragique, qui lutte pour son destin.
Ainsi, Antigone représente la résistance, celle qui a lutté pour défendre ses idéaux même si cela ne lui
permettait pas un bonheur facile.
Conclusion
Au terme de l’étude de cette scène qui véhicule une réflexion sur le rapport des individus avec
le pouvoir, on peut dire que l’enjeu politique s’ancre donc dans cet affrontement entre Antigone qui se
réclame des « lois non écrites », celles d’une justice ancestrale qui touche au sacré, et Créon qui
défend « les lois écrites », celles de la Cité. Cet affrontement met en scène le conflit des hommes et
des Dieux.
Ainsi, cet extrait de la pièce Antigone présente une grande scène d’affrontement entre Créon et
Antigone, où chacun expose ses principes et sa conception du monde : Antigone s’appuie sur « les lois
non écrites et infaillibles des dieux », Créon sur celles édictées par la cité.. Enfin, Antigone, pour
justifier son geste, met en avant les droits inaliénables des liens du sang, tandis que Créon récuse leur
valeur lorsqu’il s’agit d’un ennemi. [ Reprise de l'essentiel ]
Donc, on peut dire qu’Antigone reste d’actualité, autant par les valeurs au nom desquelles elle
conteste que par les résultats de cette contestation. Elle est obnubilée par son entêtement et n'accède
pas à la demande de son oncle Créon et provoque donc son énervement. Comme Antigone est elle-
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même l’auteure de son châtiment et a en pleine conscience, défié la mort. Cette héroïne a choisi, en
toute liberté sa voie. [ Ouverture ]
Le commentaire composé est un exercice de réflexion. Sachez mobiliser vos connaissances acquises en cours en les
mettant au service d’un raisonnement. Un commentaire composé est une étude argumentée qui montre que vous avez bien
lu un texte, que vous le comprenez et que vous avez été sensible aux techniques utilisées par l'auteur. L'étude doit être
logique et structurée. Elle doit ainsi rassembler les remarques et les organiser sous forme d'idées justifiées par le texte, de
façon cohérente et logique.
Erreurs comises par la majorité des étudiants :
- raconter l’histoire de la scène (paraphrase).
- séparer le fond et la forme du texte.
- présenter une juxtaposition de remarques grammaticales, stylistiques, rhétoriques sans commentaires pertinents ;
Introduction
Barème
Qualité
5pts
Amorce
2pts
* Siècle – auteur (notions principales données
* Œuvre étudiée – situation de l’extrait
* Titres soulignés
* Thème de l’extrait
Problématique
1pts
* Bien choisie, assez large mais pas trop vague
* Bien formulée
Annonce
du plan
2pts
* Claire
* Complète
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* Axes annoncés dans l’ordre de leur apparition
DEVELOPPEMENT
6pts
Barème
Qualité
Etape
* Annoncée par une phrase en début de paragraphe
Premier axe
* Présence de sous-parties reliées à l’axe annoncé
* Paragraphes à chaque idée nouvelle
* Mots de liaison entre les parties
2 ,5pts
* Citations présentes, mises entre guillemets et introduites par des phrases
* Citations expliquées, exploitées
* Figures de style analysées et interprétées
* Absence de paraphrase
* Accrochée au début du 2ème axe, après avoir sauté 1ligne
Transition
1pts
* Résume bien le premier axe sans entrer dans les détails
* Annonce le deuxième axe sans entrer dans les détails
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Deuxième axe
2,5 pts
* Présence de sous-parties reliées à l’axe annoncé
* Paragraphes à chaque idée nouvelle
* Mots de liaison entre les parties
* Citations présentes, mises entre guillemets, introduites par des phrases.
* Citations expliquées, exploitées
* Figures de style analysées et interprétées
* Absence de paraphrase
CONCLUSION :
Etape
Barème
4 pts
Qualité
* Ordre d’apparition des axes respecté
Résumé
2pts
* Pas de nouvelles idées sur le texte
* Nouveau texte cité ; titre (souligné) et auteur précisés
Ouverture
2pts
* Véritable comparaison (points communs / différences).
Correction de la langue et la richesse du vocabulaire 5pts
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