28 DHAFER YOUSSEF, Abu Nawas Rhapsody En

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28 DHAFER YOUSSEF, Abu Nawas Rhapsody En
DHAFER YOUSSEF, Abu Nawas Rhapsody
En réunissant des musiciens d’exception, Dhafer Youssef enregistre un nouvel
album somptueux. Le pianiste-prodige Tigran Hamasyan illumine de son génie des
compositions métissées, enracinées dans l’orient natal de Dhafer, et projetées par la
puissance rythmique de Mark Guiliana — remarqué aux côtés d’Avishai Cohen comme
l’un des batteurs les plus doués de sa génération — et Chris Jennings.
Dhafer Youssef reprend ici en partie des textes d’Abu Nawas, poète persan profane du
milieu du 7ème siècle qui louait les attributs de l’alcool et particulièrement du vin. Dhafer
Youssef, artiste libre et nomade à la voix unique, transcende les genres.
Né en Tunisie, ce chanteur et joueur de oud vit depuis 1990 en Autriche. Il baigne dès
l’enfance dans la musique et les chants traditionnels d’islam. Enraciné dans la tradition
soufi, sa musique s’ouvre à présent à d’autres influences, notamment celles des
musiques improvisées. Son talent réside également dans l’approche poétique de son jeu,
ainsi que dans son chant profond et chargé d’émotion, qui fait de sa voix l’une des plus
intéressantes de la scène actuelle.
En 1998, sort Malak son premier album immédiatement salué par la critique. Par une
formule alchimique intelligente entre l’univers du jazz européen et le bassin musical
méditerranéen, Dhafer crée une oeuvre très personnelle, chargée d’émotion où alternent
climats, couleurs, et rythmes de l’Orient. Avec ce premier répertoire, Dhafer Youssef
et son quartet — Markus Stockhausen (trompette), Dieter Ilg ou Renaud Garcia-Fons
(basse), Patrice Heral (batterie) — sillonnent l’Europe jusque 2001. Entre deux tournées,
il donne à New York, Cologne ou Paris, la réplique avec son luth oriental et sa voix à
quelques grands stylistes du jazz. Il enregistre ensuite Electric Sufi ; Dhafer Youssef
poursuit sa quête d’un univers où se mêlent harmonieusement les racines de son
Maghreb natal et les musiques mystiques arabes avec les sonorités actuelles du monde
d’aujourd’hui, le jazz mais aussi les musiques électroniques ou le funk. Le disque suivant
Digital Prophecy se veut résolument moderne. Tous les artistes associés à cet album font
partie de la grande scène électro-jazz scandinave. Viendra ensuite Divine Shadows en
2008, avant cet opus prodigieux Abu Nawas Rhapsody.
Avec la complicité du déjà très grand Tigran Hamasyan, Dhafer Youssef a ainsi composé
« The Wine Ode Suite », oeuvre en trois parties disséminée dans le disque, qui livre un
duo à l’ivresse mystique entre l’impressionnante voix de Youssef et le toucher tour à
tour divin, tendre et rugueux de l’excellent pianiste arménien... Une méditation divine,
poétique, spirituelle, qu’il prolonge dans sa libre interprétation et mise en musique des
poèmes bachiques Khamriyyat d’Abu Nawas. Dans les autres pièces, la voix mystique
et auréolée étire ses méandres par dessus la batterie virtuose de Mark Giuliana et la
basse implacable de Chris Jennings : une mélopée qui ignore les ruptures mélodicorythmiques, pleines d’humour, pour un contraste entre béatitude céleste et remueménage groovy, terrestre. Dans cet univers hédoniste et dissipé, chaque instrumentiste
tournoie, repousse ses propres horizons pour créer cette fusion, tout en couleurs, en
lignes de faille et en jouissances, qui relie sacré et profane.
Juste extraordinaire.
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Dhafer Youssef (voix, oud)
Kristjan Randalu (piano)
Chris Jennings (contrebasse)
Mark Guiliana (batterie)
SR 12 | R 16 | N 19 | FAM 55 | -16 ANS GRATUIT*
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AVR
DIM
17:00
Dhafer Youssef photographié par Jessica Chaney & Vincent Knapp
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