David Lewis, CausaGon

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David Lewis, CausaGon
David Lewis, Causa.on Objec.f •  Éviter problème qui se pose à l’analyse en termes de régularité (DN). •  Celle-­‐ci confond la causalité avec d’autres rela.ons non-­‐causales. 1.  Problème des effets. c sa.sfait les condi.ons pour être cause de e, mais c est l’effet de e. 2.  Problème des épiphénomènes: c est un effet (inefficace) d’une vraie cause de e. 3.  Préemp.on: c est une cause poten.elle (mais pre-­‐
emptée) de e. •  Mêmes problèmes se posent à la théorie en termes de dépendance contrefactuelle. •  Surmonter les deux premiers, grâce à l’asymétrie de la surdétermina.on et des miracles. •  Surmonter le 3e en deux temps: 1.  « pre-­‐emp.on précoce »: pb. résolu grâce à la défini.on indirecte. 2.  « pré-­‐emp.on tardive »: pb. surmonté grâce à la « quasi-­‐dépendance ». Analyse de la causalité en termes de contrefactuels Causalité analysée en termes de dépendance contrefactuelle indirecte entre événements. • 
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« événements » au sens de tous les jours: éclairs, batailles, conversa.ons, promenades, chutes…. Théorie de la causalité au niveau des év. par.culiers ≠ généralisa.ons causales, causalité entre variables générales. Pas de dis.nc.on entre causes et condi.ons d’arrière-­‐plan. Analyse applicable dans le cadre de déterminisme et indéterminisme. Similarité entre mondes possibles •  Repris de « Counterfactual Dependence and Time’s Arrow ». •  Jugements de similarité : vagues. •  à jugements de causalité vagues aussi. (p. 163) Dépendance contrefactuelle A ☐à C Si A était vrai, alors C serait vrai aussi. A ☐à C est vrai dans monde w ssi Ou 1) il n’y a aucun monde possible où A est vrai (A-­‐world) Ou 2) un monde où A et C sont vrais est plus proche de w que tous les mondes où A est vrai mais C est faux. •  Correspondance événement c – proposi.on que c a lieu : O(c). (p. 166) •  Dépendance contrefactuelle entre événements= dép. contrefactuelle entre les proposi.ons. Dépendance causale analysée en termes de dépendance contrefactuelle. •  E dépend causalement de c ssi •  O(c) ☐à O(e) et ¬O(c) ☐à ¬ O(e). •  En pra.que, on s’intéresse aux situa.ons où c et e sont événements actuels. •  Le premier contrefactuel est automa.quement vrai. Dans ce cas: “Event e depends causally on event c” Analysé par : If c had not occurred, e would not have occurred. c cause e: il existe une chaîne d’événements intermédiaires c…., ei, ei+1,… e, tel que : chaque ei+1 dépend contrefactuellement de son prédécesseur ei. “Event ei+1 depends causally on event ei” signifie : If ei had not occurred, ei+1 would not have occurred. Problèmes et solu.ons •  Problème des effets: (p. 270) •  c cause e mais e ne cause pas c. •  (pas de boucle causale. Lewis envisage ailleurs la possibilité de boucles causales) •  c est suffisant pour e. (« c could not have failed to cause e ») à e nécessaire pour c. •  Si e n’avait pas e lieu, c n’aurait pas eu lieu. •  « spurious reverse causal dependence » Solu.on rejetée •  « brute force » : condi.on selon laquelle c précède e dans le temps. •  3 raisons de la rejeter: 1.  Ne marche pas pour le problème des épiphénomènes. 2.  Rejeje l’hypothèse physique de l’existence de c. à rebours de manière a priori. 3.  Rend théories triviales qui réduisent la direc.on du temps à la direc.on de la causalité. Enoncés contrefactuels « a rebours » (backtracking) : un événement passé dépend d’un événement futur. (Dépendance contrefactuelle sans causalité) •  « Si l’onde (traversant l’océan) n’avait pas été à x en t, elle n’aurait pas été à x-­‐dx à t-­‐
dt », où « x-­‐dx » représente l’endroit où se trouvait le sommet de l’onde à l’instant t-­‐dt antérieur à t. •  En général, de tels énoncés contrefactuels à rebours semblent vrais si c est suffisant pour e et donc e est nécessaire pour c. •  Bombe explose à l’instant t. •  Si déclenchement du détonateur suffisant pour explosion, alors explosion nécessaire pour déclenchement. •  Si la bombe n’avait pas explosé, alors son détonateur n’aurait pas été déclenché. •  S’il y a des contrefactuels vrais à rebours, la dépendance contrefactuelle n’est pas suffisante à la dépendance causale, •  car l’événement dans le futur n’est pas la cause de l’événement dans le passé qui pourtant dépend contrefactuellement de lui : •  la vague à (x,t) ne cause pas la vague à (x-­‐dx, t-­‐dt), même si le contrefactuel à rebours semble exprimer le fait que la vague à (x-­‐dx, t-­‐dt) dépend contrefactuellement de la vague à (x, t) ; •  L’analyse contrefactuelle semble prédire à tort, que les effets sont causes de leurs causes. Problème des épiphénomènes c cause d’abord e puis f, mais e ne cause pas f. e est un effet epiphénoménal d’une véritable cause c de l’effet f. Supposons que c suffisant pour e, c nécessaire pour f. Apparemment : si e n’avait pas eu lieu, c n’aurait pas eu lieu, et si c n’avait pas eu lieu, f n’aurait pas eu lieu. “spurious causal dependence of f on e”. (170) (Dépendance contrefactuelle sans causalité) Pierre et Jean regardent tous les match de foot (et seulement ceux-­‐là) qui passent à la chaîne télé XY. Le jour J les deux ont vu le match M. Le fait que Pierre regarde M cause le fait que Jean regarde M. Solu.on de Lewis •  Nier les contrefactuels. •  La dépendance de e par rapport à c est « irréversible ». •  Si e n’avait pas eu lieu, c aurait eu lieu quand même, car le m.p. le plus proche con.ent un miracle qui précède immédiatement le temps de l’antécédent. •  Donc les conséquents des contrefactuels à rebours sont toujours faux. objec.on •  Pour évaluer le contrefactuel •  ¬e ☐à ¬ c, •  Il faut considérer un m.p. où il a un miracle (car ainsi il est possible d’avoir une large por.on de l’histoire parfaitement similaire à celle du monde actuel). •  Admejons que le miracle doit être dans le passé par rapport à l’antécédent (Cf. ar.cle « c. dep. and .me’s arrow »). •  MAIS : il faut le situer en dehors du laps de temps per.nent= en dehors de la période entre l’ant. et le cons. = avant e et avant c. •  Car, si miracle dans la période entre antécédent et conséquent, aucune intui.on sur valeur de vérité du contrefactuel: avec un miracle, tout peut arriver. •  C’est nous qui concevons les m.p. per.nents de telle sorte à avoir les intui.ons les plus solides possibles. Préemp.on cause redondante (“back-­‐up”) c1 cause e, Mais la cause de « réserve » c2 aurait causé e si c1 ne l’avait pas fait. Donc : e ne dépend pas contrefactuellement de c1 qui est pourtant sa cause. causalité sans dépendance contrefactuelle. Solu.on de Lewis (p. 171) •  Il s’agit de pré-­‐emp.on « précoce » (early preemp.on). •  Il y a un moment où la chaine entre c2 et e été interrompue, mais non celle entre c1 et e. •  Il faut considérer un événement intermédiaire d situé dans ceje période. •  e dépend de d, car au moment de d, il n’y a pas d’événement alterna.f « back-­‐up » qui aurait pu causer e. Donc, e dépend (indirectement) de c1. •  Il n’y a pas d’événements intermédiaires équivalents pour l’autre chaîne, car elle a été interrompue. Postscript A : Piecemeal Causa.on •  Causalité « par morceaux » •  E en tant que tout ne dépend pas contrefactuellement de e. (plutôt: est difficile à évaluer, car antécédent exige grandes diff par rapport au monde actuel). •  Ex. la dépression a causé une vague de banqueroutes. •  Pour chaque par.e de e, il y a une par.e de c dont ceje par.e de e dépend contrefactuellement. Dilemme concernant les ac.ons •  My raising my arm causes my arm to rise. •  Le fait que je lève mon bras fait que mon bras se lève. •  Problème : l’ac.on « je lève mon bras » est normalement conçue comme un processus, dont la décision cons.tue une par.e précoce et le mouvement corporel la par.e finale. (Dretske, Explaining Behaviour 1989). •  Pb: la cause (=l’ac.on) n’est pas dis.ncte de l’effet (=le bras se lève). solu.on •  C’est un cas de c. par morceaux: •  Une par.e (précoce) de l’ac.on cause le fait que le bras se lève (une par.e tardive de l’ac.on). Autre version du problème •  Décision cause trace sur l’oscillographe. •  Si la trace précède mouvement corporel (par.e finale de l’ac.on), •  L’effet (trace) semble précéder la cause (l’ac.on). •  Solu.on : trace est un effet d’une par.e précoce de la cause; trace est donc causée par l’ac.on. Postscript B: Causalité indéterministe •  Si c et e ont lieu tous les deux, et si la proba (chance) de e (à un moment t immédiatement après c) est suffisamment plus grande que la proba contrefactuelle de e sans c, alors c est cause de e. (p. 180) •  “Without the cause, the effect would have been very much less probable than it actually was.” (p. 176). •  Dans ce cas, e dépend contrefactuellement de c, et c cause e. •  Analyse en termes de condi.onnels contrefactuels qui portent sur des proba, ce n’est pas une analyse en termes de probabilités condi.onnelles. •  Ces dernières rencontrent (entre autres) le problème suivant: •  Si la proba de c est 1, les proba condi.onnelles « étant donné non-­‐c » ne sont pas définies, car elles auraient un dénominateur =0. (p. 178) Postscript C: Causalité robuste ou stable (insensi.ve) •  Différence entre tuer quelqu’un et causer sa mort. •  Pour que l’acte x qui cause y (=la mort de quelqu’un) soit un acte de tuer, il faut que la rela.on entre x et y soit stable. •  Cf. Woodward (2006): Sensi.ve and insensi.ve causa.on, et •  Woodward (2010): Causa.on in biology: stability, specificity and the choice of levels of explana.on. •  Lewis écrit lejre de recommanda.on pour X qui est embauché. Y, candidat malheureux prend un autre emploi, où il y a un 3e candidat Z malheureux. Z va ailleurs, se marie, a des enfants etc. les enfants, pe.ts-­‐enfants ne seraient pas nés et ne seraient pas morts sans la lejre. •  Le fait d’écrire la lejre est une cause de leur mort, mais Lewis ne les a pas tués. Solu.on •  Pour que la rela.on causale compte comme un acte de tuer, elle doit être « insensible aux circonstances » (p. 186). •  “Killing requires ‘that the causal chain run through a stable and durable structure rather than depending on intervening coincidental events.’” (L. cite Jonathan Bennej). •  Si elle est assez stable pour être prédic.ble, elle permet de tuer. Problème: tuer par l’intermédiaire d’un acte d’une autre personne •  Si un acte d’une autre personne sert d’intermédiaire entre mon acte et la mort de quelqu’un, je ne l’ai pas tué, même si je suis coupable (ou louable si le mort est Hitler). •  Dans la mesure où on traite quelqu’un comme une personne, on prend pour acquis que ses actes ne sont pas stables ou « insensibles » aux circonstances. •  Dans le cas d’un voyou (thug p. 188): si nous savons qu’il agit comme une machine, si je l’embauche pour tuer, j’ai moi-­‐même tué. •  Si on a l’impression que c’est incorrect, on traite finalement le voyou comme une personne (dont les actes ne sont pas prédic.bles). Postscript D: Causalité par Omission •  Omissions en tant qu’effets: •  Ne sont pas de véritables événements. •  L’omission survient sur des événements (qui ne sont pas des omissions) •  Le veuvage de Xanthippe n’est pas un événement véritable. Mais il peut être causé : •  Les causes de son mariage et les causes de la mort de Socrate ont pour effets des événements sur lesquels survient son veuvage. Survenance •  En termes de différence: •  Un ensemble de propriétés/prédicats A survient sur un ensemble de propriétés/
prédicats B ssi il n’y a pas de différence sur le plan des A sans différence sur le plan des B. •  Survenance faible: •  Sans opérateur de nécessité. C’est simplement un fait dans un monde possible donné (notamment dans le monde actuel) qu’il n’y pas de diff dans les A sans diff dans les B. Survenance forte •  Si deux objets x et y partagent toutes leurs propriétés B, alors il est nécessaire qu’ils partagent aussi leurs propriétés A. •  Survenance globale : •  Si deux m.p. partagent toutes les propriétés B (physiques), alors ils partagent leurs propriétés A (mentales). 1e déf. de la survenance faible par Kim (1987) •  A-­‐proper.es weakly supervene on B-­‐
proper.es if and only if for any possible world w and any individuals x and y in w, if x and y are B-­‐indiscernible in w, then they are A-­‐
indiscernible in w. •  (Kim, “'Strong’ and ‘Global’ Supervenience Revisited,” reprinted in Kim, Supervenience and Mind. Cambridge: Cambridge University Press, 1993, 79–91.) 1e déf. de la survenance forte par Kim (1987) A-­‐proper.es strongly supervene on B-­‐proper.es if and only if for any possible worlds w1 and w2 and any individuals x in w1 and y in w2, if x in w1 is B-­‐indiscernible from y in w2, then x in w1 is A-­‐indiscernible from y in w2. (Kim 1987) 2e déf. de la survenance faible par Kim (1984) A weakly supervenes on B if and only if necessarily, if anything x has some property F in A, then there is at least one property G in B such that x has G, and everything that has G has F, i.e., iff□∀x∀F∈A[Fx → ∃G∈B(Gx & ∀y(Gy → Fy))] (Kim, “Concepts of Supervenience,” reprinted in Kim, Supervenience and Mind. Cambridge: Cambridge University Press, 1993, p. 53–78.) 2e déf. de la survenance forte par Kim (1984) A strongly supervenes on B if and only if necessarily, if anything x has some property F in A, then there is at least one property G in B such x has G, and necessarily everything that has G has F, i.e., iff□∀x∀F∈A[Fx → ∃G∈B(Gx & □∀y(Gy → Fy))](Kim 1984) Omissions en tant que causes ? 3 stratégies (aucune pleinement sa.sfaisante) 1. Omissions sont des événements. •  Mais de tels événements seraient disjonc.fs : •  Le fait que Fred a omis les précau.ons est un év. où il dort ou discute ou … •  Pb: normalement, il faudrait rejeter les év. « disjonc.fs ». 2. Il n’y a pas d’év. d’omission. Il faut modifier l’analyse. Il ne faut pas, dans ce cas, considérer le contrefactuel « si l’omission n’avait pas eu lieu », mais : « si un év. du type de celui qui a été omis avait eu lieu … » Pb: c et e doivent être dis.ncts. Comment juger si 2 omissions sont dis.ncts ? Fred, dormant omet de prendre précau.ons contre feu et omet de prendre précau.ons contre cambriolage. 2 omissions ou une ? 3. stratégie •  L’omission de Fred est une sieste. •  Mais le contrefactuel per.nent pour la c. par omission n’est pas « si Fred n’avait pas fait de sieste… », mais : « si Fred n’avait pas de sieste, ni rien d’autre qui impliquerait qu’il a omis les précau.ons… ». •  Problème : les énoncés c. portant sur les omissions ne sont pas évalués comme d’autres énoncés causaux. Selon L., la stratégie pour évaluer les contrefactuels consiste à simplement les enlever, en les « découpant ». Postscript E: Causalité redondante •  = préemp.on, mais « c. redondante » peut désigner une situa.on où deux événements sont dans la même rela.on par rapport à l’effet. Deux .reurs .rent en même temps sur la même personne. fragilité •  Si on considère l’effet comme fragile, il n’y a pas de redondance : sans l’un des deux év, cela n’aurait pas été exactement le même effet. •  Mais de ceje manière, des événements non per.nents comptent comme causes, car sans eux, l’effet aurait été légèrement différent. •  (le soldat gen.l qui ne .re pas, a lui aussi causé la mort de la vic.me, car sans le fait qu’il ne .re pas, cela n’aurait pas été la même mort). •  (Schaffer : les molécules d’air qui dévient la trajectoire de la balle) Préemp.on tardive •  Problème de la pré-­‐emp.on précoce résolu par l’appel à une chaîne d’événements intermédiaires. •  Pré-­‐emp.on tardive : les chaines causales « back-­‐
up » ne sont interrompus que par l’effet. •  Stratégie de de la pre-­‐emp.on précoce ne marche pas: pour tous les événements intermédiaires zi qui précèdent l’effet, ce n’est pas vrai que l’effet dépend contrefactuellement de zi. Solu.on requiert changement de théorie : quasi-­‐dépendance •  Causalité est une caractéris.que intrinsèque d’un processus : •  Ne dépend pas des circonstances. •  (cela est peut-­‐être difficile à concilier avec la théorie des lois qui ne sont pour Lewis pas une affaire locale). •  e quasi-­‐dépend de c s’il existe, dans d’autres circonstances, des processus exactement semblables sur le plan intrinsèque, qui sont tels que, dans ces autres circonstances, e dépend de c. Postscript F: self-­‐causa.on •  Un événement ne peut se causer soi-­‐même qu’indirectement, par une boucle causale. •  Qu’il se cause soi-­‐même directement est exclu par l’exigence que c et e doivent être dis.ncts. •  L’univers dans son ensemble ? ne cause rien et n’est causé par rien. •  Cela oblige à modifier le critère causal de réalité (Armstrong): •  Tout ce qui existe à des pouvoirs causaux et tout ce qui a des pouvoirs causaux existe, mais il peut y avoir des choses (l’univers en.er) qui auraient des causes et des effets si l’histoire comportait des événements supplémentaires. •  Ou: il peut y avoir des choses qui ne causent rien mais sont composées exclusivement d’év. qui causent d’autres év. 

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