Pour la dissertation littéraire B/L était proposée une citation de J
Transcription
Pour la dissertation littéraire B/L était proposée une citation de J
DISSERTATION LITTERAIRE B/L (épreuve n° 258) ANNEE 2011 Epreuve conçue par HEC PARIS Voie Littéraire NBRE CANDIDATS MOYENNES ECARTS-TYPE 168 9,77 3,36 168 9,77 3,36 HEC PARIS 150 9,85 3,40 ESCP-EUROPE 154 9,90 3,43 RESULTATS GLOBAUX VOIES PREPARATOIRES Littéraire ECOLES UTILISATRICES Pour la dissertation littéraire B/L était proposée une citation de J. Bouveresse (La Connaissance de l’écrivain), qui ne pose aucune difficulté de compréhension. A une période de prétendue crise de la littérature et des valeurs humanistes, en accord avec l’esprit qui anime le concours HEC, ce sujet interroge notre « besoin de littérature » : les causes et la finalité de la littérature, et la spécificité du savoir qu’elle apporte, que l’on nous invite à penser par rapport à la connaissance philosophique et à la connaissance scientifique. Ces causes et finalités recouvrent ce que la citation désigne comme des « problèmes » posés à chacun de nous. Les candidats ont majoritairement fait le choix d’un plan dialectique, habile, qui donne une illustration de la spécificité de la littérature par rapport à la science et la philosophie (I, argument rhétorique de la séduction par la littérature), et qui précise ce second point en montrant combien la littérature est diverse par les genres, les esthétiques, les effets produits, comme l’ignorance, l’égarement du lecteur, ou une multiplicité de vérités (II). Cette contradiction est résolue sur l’affirmation que la littérature n’a pas de finalité, argument kantien juste au demeurant, qu’elle n’est en conséquence que langage ouvert pour le lecteur. On reconnaît évidemment la référence souvent très explicite à Umberto Eco. Indéniablement, il y a un savoir faire. Malheureusement, la dissertation n’est pas qu’un exercice rhétorique où l’on distribue des topoi. Trois défauts majeurs pénalisent fortement les copies. Le premier, orthographique, est connu. On observe moins d’erreurs de langue que les années précédentes. Mais certaines erreurs demeurent fatales, comme les attributions fautives d’un texte, les fautes commises sur le nom d’un auteur (Laroche Foucault, Michel Foucauld etc.), les erreurs dans les citations… Le second porte sur la culture qu’il faut mobiliser : elle suppose la connaissance d’œuvres de différents genres, utiles en l’occurrence (la connaissance par l’essai diffère de la connaissance par le roman, la poésie ou le théâtre), la connaissance de différents siècles (par exemple, une connaissance de l’humanisme n’était pas inutile), la connaissance de textes critiques fondamentaux (par exemple Paul Ricoeur, Temps et récit, ou Michel Foucault, L’ordre du discours, Les Mots et les choses, Antoine Compagnon, Jean-Paul Sartre etc.). Cela suppose aussi que les candidats oublient certains jugements très répandus, par exemple la conception banalisée de l’écriture automatique et du surréalisme. Le troisième est de loin le plus important : il réside dans la capacité à s’interroger sur trois notions, la littérature, la connaissance par la littérature, la vérité et donc à problématiser ces notions. Le jury invite les candidats à une démarche simple : qualifier la connaissance (morale, intérieure, spirituelle, historique, politique), qualifier la démarche (par exemple le roman à thèse, la référence scientifique dans la littérature), spécifier la vérité (l’universalité, vérité et contingence, vérité et émotion), revenir, et c’est très difficile, sur la notion même de littérature qui n’a rien d’homogène, définir le besoin, ou plutôt les besoins, de littérature. Peut-être faut-il que les candidats apprennent à se défaire d’un savoir convenu et conventionnel. Le jury a valorisé les copies qui, à l’intérieur du plan dialectique, diversifiaient leurs exemples et interrogeaient directement les notions centrales. La vraie dialectique réside en cette problématisation des notions.