Magazine SWISSLIFE Eté 2012 PDF , 13MB

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Magazine SWISSLIFE Eté 2012 PDF , 13MB
SWisslife
3e Année // 2e édition // 6.50 francs
Eté 2012 // A 1750 m d’altitude
Presque autant de fromages que de sommets
En Suisse, les régions de montagne sont autant
de régions fromagères. Presque chaque alpage
produit son propre fromage. En fait, les fromages
des alpages sont des fromages de montagne.
Mais les fromages de montagne ne
sont pas forcément des fromages
d’alpage. Le fromage de montagne est
fait à base du lait produit en montagne
de manière générale. Le fromage d’alpage
est fabriqué à l’alpage, à partir du lait
de l’alpage.
Recto L’Appenberger est un fromage
de montagne fabriqué par les paysans
de l’Appenberg (BE) à base de lait cru.
Verso Le Mutschli est un petit
fromage à pâte mi-dure fabriqué
sur pratiquement tous les alpages
de suisse alémanique.
Ci-contre En 2011, 13,5 tonnes
de fromage d’alpage ont été
fabriquées en huit semaines
seulement sur l’Engstlenalp (BE).
Editorial // 3
Bonjour,
Qu’y a-t-il de plus beau que de partir en montagne un
week-end d’été, de gravir des pentes et des cols et de
goûter pleinement le fabuleux panorama qui s’offre
à nos yeux? C’est ce que je me dis lorsque je me rends
au Brienzer Rothorn à partir de Sörenberg.
Mais la vue n’est pas qu’un simple plaisir des yeux. C’est
aussi un moment spirituel au cours duquel nos pensées
vagabondent. Lorsque l’on sort du flux tumultueux de
la vie quotidienne, la vue sur les majestueux versants
montagneux nous ouvre de nouvelles perspectives et
nous apporte des révélations intérieures.
«A 1750 m d’altitude» est le thème de cette édition qui
ne nous présente toutefois pas la montagne uniquement
comme idyllique. Que ce soit au centre d’entraînement
de St-Moritz ou sur l’alpage, loin de l’agitation urbaine.
Les motifs pour vivre au-dessus du brouillard sont variés.
Faites l’ascension avec nous. Vous ne serez pas déçus!
SWISSLIFE Eté 2012
Ivo Furrer, CEO Swiss Life Suisse: «A 1750 m
d’altitude, la Suisse nous propose des panoramas
splendides et des révélations.»
06
Swiss Photo Selection:
«Embrüf, embri»
Une grande transhumance a lieu tous les ans sur les versants
du glacier de l’Aletsch. Ce grand déplacement de moutons sur
les sentiers escarpés qui mènent à Belalp est le sujet d’images
impressionnantes du photographe Thomas Schuppisser.
16 Double face:
20
Show aérien en Thurgovie
Repères:
Le climat des champions
Bergers amateurs et moutons à têtes noires
Le rassemblement des moutons à plus de 3000 m
d’altitude est une tradition valaisanne ancestrale.
Les auxiliaires bénévoles sont récompensés par
une certification pour leur dur travail.
28 Déchiffrage:
Photo: Christof Sonderegger
L’Engadine est propice à la formation des globules rouges
et donc aux sportifs de haut niveau. Des coureurs comme
Viktor Röthlin ne jurent que par l’entraînement en montagne.
Mais après 40 ans, cette «méthode miracle» est remise en
question.
Rencontre au sommet
31 Guides de montagne:
L’avenir commence ici.
Dopage naturel
Plus un sportif a de l’ambition, plus il aime
l’entraînement en montagne. La Mecque de
l’élite est l’Engadine. A quelque 1800 mètres
d’altitude, la production de globules rouges
est augmentée.
Responsables du projet: Swiss Life Public Relations, Martin Läderach Comité de rédation: Ivo Furrer,
René Aebischer, Thomas Bahc, Monika Behr, Thomas Langenegger, Christian Pfister, Hans-Jakob Stahel,
Paul Weibel Rédacteur en chef UPDATE: Dajan Roman Adresse de la rédaction: Magazin SWISSLIFE,
Public Relations, General-Guisan-Quai 40, 8022 Zurich, [email protected] Direction du projet:
Mediaform, Christoph Grenacher, Ittenthal Concept et mise en page: Festland Werbeagentur, St-Gall/Zurich
Traductions: Swiss Life Language Services Impression et envoi: Heer Druck AG, Sulgen Parution: 3 x par
an; printemps, été, automne Edition: 100 000 exemplaires Vente d’annonces: Mediaform, Baumgärtli,
5083 Ittenthal, [email protected] Changements d’adresses et commandes: Magazin SWISSLIFE,
General-Guisan-Quai 40, 8022 Zürich, [email protected] Clause juridique: les informations fournies
dans cette publication sur les produits et les prestations ne s’assimilent pas à des offres au sens juridique du
terme. Aucune correspondance ne sera échangée au sujet des concours. Tout recours juridique est exclu.
Imprimé sur papier FSC.
Contenu // 5
42
A Swiss Life:
Corina Hefti
Lorsque ses amies partent pour les Canaries ou Ibiza,
Corina Hefti monte à l’alpage Chüetal. Elle passe ses
vacances loin de tout avec sa vache Pia. Nous leur avons
rendu visite.
51 Plaisirs culinaires:
53 Beni Frenkel:
Une amitié bucolique
Pia reste à l’écart sur le pâturage et est toujours la
dernière à rentrer à l’étable. C’est aussi pour cela
que cette vache est tout dans la vie de Corina.
54
Le soleil et la mer au menu
Une cabane de montagne
Gagnez un vol au-dessus des
Alpes dans le légendaire JU 52.
56 Encore!
Marc Lynn nous parle de la chanson «Starlight».
Supplément:
Devenez propriétaire de votre logement
avec Swiss Life
Les taux hypothécaires sont extrêmement bas,
si bien qu’il a rarement été aussi aisé d’acquérir
un logement. Il existe plusieurs options de
financement. Swiss Life vous les présente et
vous indique ce qu’il convient d’observer
dans ce contexte.
SWISSLIFE Eté 2012
Concours:
UPDATE
Tout ce que vous devez savoir sur le financement d’un logement en
propriété, l’assistance fournie par Swiss Life, le choix proposé aux
cadres pour le placement de leurs avoirs de vieillesse et comment
Jerôme Cosandey de Avenir Suisse voit l’évolution de la LPP.
«Embrüf,
embri»
Ou «en haut, en bas», en dialecte du Haut-Valais: chaque
automne, une dizaine de bergers occasionnels franchissent
les versants escarpés des montagnes qui surplombent le
glacier d’Aletsch. Ils mènent paître des centaines de moutons
qui passeront tout l’été dans la plus totale liberté et sans
surveillance.
›››
Dans «Swiss Photo Selection», Swiss Life
présente les travaux de photographes suisses
ayant été primés par le jury international
du «Swiss Photo Award – ewz.selection».
www.ewzselection.ch
Swiss Photo Selection // 7
Le splendide panorama sur le plus long glacier des Alpes laisse les moutons… de glace. En revanche, ils apprécient leur vie libre et débridée.
SWISSLIFE Eté 2012
Quand la technique moderne rencontre une tradition séculaire, cela facilite non seulement la tâche des bergers, mais aussi celle du photographe.
Swiss Photo Selection // 9
Une fois n’est pas coutume, il faut avoir l’esprit bien éveillé pour compter les moutons: jumelles et émetteurs-récepteurs radio ne sont autorisés que depuis peu.
Double page suivante: la descente vers Belalp depuis des versants culminant à 3000 mètres est un exercice d’équilibre, même pour les moutons.
SWISSLIFE Eté 2012
Après avoir passé l’été dans les montagnes, les moutons sont difficilement maîtrisables lors du tri,
opération durant laquelle ils sont remis à leurs éleveurs.
Swiss Photo Selection // 13
Spécialité valaisane: le mouton Nez Noir fournit jusqu’à 4,5 kilos de laine par an; peu exigeant et excellent grimpeur,
il est capable de pâturer même sur des pentes abruptes.
SWISSLIFE Eté 2012
Un rituel archaïque: une fois le troupeau rassemblé, c’est la descente d’un à deux jours vers la vallée qui commence.
Swiss Photo Selection // 15
Thomas Schuppisser:
«La diversité des expériences
vécues sur terre est fascinante.»
Après avoir travaillé comme chef de cuisine dans
divers cinq étoiles zurichois, Thomas Schuppisser a
décidé de se consacrer à la photographie. Il participe
entre autres à la création de la société Professional
Photographic Systems et travaille depuis 1995 en
tant que portraitiste et reporter. Ses clients sont des
entreprises nationales et internationales, des médias
et des institutions. Thomas Schuppisser vit avec sa
famille à Zurich.
Dans le livre Embrüf, embri: Die Heimkehr der
Schafe, Thomas Schuppisser livre des images
saisissantes sur les troupeaux de moutons dans le
Valais. La descente de l’alpage des pentes escarpées
à Belalp et le tri par propriétaire qui s’ensuit
sont des coutumes ancestrales. Et un sujet idéal pour
Thomas Schuppisser qui exerce son métier de
reporter-photographe avec passion. Ce livre est dispo­
nible en librairie pour la somme de 58 francs.
SWISSLIFE Eté 2012
Est-ce notre environnement qui nous fait
ou nous qui le faisons? Dans le cadre
de son projet «On Duty – Portraits»,
Thomas Schuppisser photographie des
personnes dans leur environnement
journalier. Il cible le côté improbable
de ce qui semble aller de soi, de notre
rôle dans ces situations et de notre état
d’esprit. L’espace et la personnalité
fusionnent de manière mystérieuse ou
sont en parfait désaccord. Les paysages
naturels et ceux façonnés par l’homme
proposent de nouvelles expériences et
distordent notre perception.
www.thomasschuppisser.com
A 1750 m d’altitude
La chartreuse d’Ittingen (Warth-Weiningen): à 1750 m, le Cessna 206 D-EIHW exécute une 40e boucle au-dessus de la Thurgovie. Le but est de photographier le canton dans ses
moindres recoins. 4000 prises de vue numériques reproduisent fidèlement les surfaces à l’échelle exacte et de manière parfaitement géoréférencée. L’orthophotographie permet de
zoomer jusqu’à 30 cm sur une zone au sol. Lors des vols affrétés spécialement par Swissphoto SA, le photographe fait une image par seconde. Chaque cliché a un volume de 600 Mo.
416 m d’altitude
Double face // 17
L’orthophoto est entre autres utilisée pour les images tridimensionnelles qui peuvent aussi être animées. Ces clichés à haute résolution sont par exemple des sources d’information pour
les offices cantonaux de l’environnement, du bâtiment ou d’archéologie. Mais aussi pour les travaux en rapport avec l’urbanisme ou l’évolution des sites naturels. Visitez la Thurgovie
d’une perspective aérienne sur www.geo.tg.ch
F O N D AT I O N D E L‘ É TAT
L IBÉR E Z-VOUS
DES VACAN CE S D`É TÉ EN NU YEUSES .
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PLUS D‘I NFOR MATIO NS ET
RÉ SE RVATIO N SU R
W W W.SAA S- FE E.CH
OU 027 958 18 58
Illustrations: Giancarlo Cattaneo
Repères // 21
Texte: Martin Born
Air raréfié pour
performances
record
Tout est question de globules rouges. Et de les multiplier
afin d’améliorer le transport de l’oxygène dans le corps: les
sportifs de haut niveau reviennent s’entraîner par dizaines
en Engadine dans la perspective des Jeux olympiques.
L’intérêt de l’entraînement en altitude ne fait pourtant pas
l’unanimité.
›››
C
haque année, une centaine
d’athlètes cherchent leur bonheur en Engadine dans l’entraînement d’altitude. La liste des sportifs qui se sont déjà préparés à de
grandes victoires dans l’air raréfié de
Saint- Moritz est longue: champions
du monde et médaillés olympiques
tels qu’Ed Moses, Carl Lewis, Wilson
Kipketer ou Kenesisa Bekele. Vainqueurs
du Tour de France comme Eddy Merckx,
Bernard Hinault et Lance Armstrong.
En vue des Jeux olympiques de Londres,
de jeunes espoirs suisses misent eux
aussi sur les vertus de l’entraînement à
1750 mètres d’altitude: les coureurs de
VTT réunis autour du prétendant à
la médaille d’or Nino Schurter, par
exemple. Ou encore les coureurs de
fond avec Viktor Röthlin. Mais, comment expliquer cet engouement pour
l’altitude? Pourquoi les sportifs de plus
de trente nations sont-ils venus s’entraîner en Engadine à l’approche des
derniers Jeux olympiques?
La réponse tient en trois lettres:
EPO, forme abrégée d’érythropoïétine.
Sous l’effet de la raréfaction de l’oxygène, cette hormone stimule la pro­
duction de globules rouges, ce qui
améliore les performances le plus naturellement du monde (cf. encadré en
page 25).
L’EPO existe aussi sous une forme
synthétique, dont les effets dépassent
de loin ceux de l’entraînement en altitude. Résultat: l’hormone de synthèse a
totalement dénaturé le sport d’endurance des deux dernières décennies. En
effet, son efficacité surpasse tous les
autres produits dopants. Elle n’a pas
donné des ailes qu’aux seuls coureurs
cyclistes. L’EPO a aussi contaminé
d’autres sports d’endurance. Ces dernières années, la situation s’est toutefois améliorée grâce à des contrôles
efficaces et les résultats des analyses
sanguines sont revenus à des valeurs
plus normales. Constat surprenant
toutefois: même durant l’âge d’or de
l’EPO, Saint- Moritz n’a jamais cessé
d’attirer les athlètes de sports d’endurance. Sans doute parce que même durant les périodes les plus noires, certains sportifs n’ont pas hésité à choisir
la voie de l’honnêteté pour réussir.
Mais ce qui est plus évident encore,
c’est que Saint- Moritz et l’Engadine
ont bien plus que de l’air raréfié à
offrir.
Gian Gilli, entraîneur en chef de la
délégation helvétique pour les Jeux
olympiques est de la région et connaît
son secret. «Ce qui incite les sportifs à
s’entraîner, c’est l’environnement et la
avec suffisamment d’oxygène, et les
25% restants en condition anoxique.
Au-delà, l’entraînement devient si dif­
ficile que même les paysages de montagnes les plus somptueux perdent
nettement de leur intérêt.
Sport et tourisme
Saint-Moritz enregistre chaque année
près d’un million de nuitées, dont
25 000 sont le fait de sportifs qui
donnent à la très chic station thermale
– avec sa clientèle jet set, ses boutiques
de luxe et ses hôtels cinq étoiles – un
petit air décalé et sympathique. Lorsque
la saison estivale bat son plein et
qu’une bonne centaine d’athlètes s’en-
«L’air vivifiant de la montagne donne un
véritable coup de fouet. A tel point que l’on
en fait parfois trop durant l’entraînement.»
lumière unique qu’on trouve ici», déclare-t-il. L’air vivifiant de la montagne
donne un véritable coup de fouet. A tel
point que l’on en fait parfois trop durant l’entraînement.»
Viktor Röthlin, champion d’Europe
de marathon, qui s’entraîne par conviction à Saint-Moritz avant chaque événement important, déclare: «L’Engadine
est un lieu hors du commun et un paradis pour l’entraînement. On y voit
des sportifs partout. Des joggers, des
cyclistes. Des groupes, voire des clubs
entiers se retrouvent comme une grande
famille dans les camps d’entraînement.
Il est plus motivant de bouger quand
on est plusieurs.»
Naturellement, tous ne se dépensent pas de façon aussi extrême que
V. Röthlin, qui parcourt 200 kilomètres
par semaine, dont 75% à bas régime
traînent côte à côte avant de s’affronter
pour le titre, la piste d’athlétisme située
près du lac se mue en une véritable attraction touristique. «Il est fascinant de
voir les Africains voler littéralement audessus de la piste», raconte Martin Berthod. L’ancien skieur, directeur des
sports de la station depuis 30 ans, veille
à ce que les sportifs se sentent bien
chez lui.
L’infrastructure est agréablement
simple et en grande partie offerte par la
nature. Les athlètes s’entraînent sur la
piste synthétique de 400 mètres à proximité du lac, courent et pédalent dans
la vallée, sur les chemins forestiers en
partie balisés avec des indications de
distance, franchissent les cols jusqu’au
Stelvio en vélo de course, nagent dans la
piscine couverte de Pontresina, font de
l’aviron et de la voile sur le lac de Silva-
Illustrations: Giancarlo Cattaneo
Repères // 23
Dans l’Engadine, les athlètes s’entraînent avec les touristes qui peuvent ainsi dépasser leurs limites en bénéficiant d’un climat propice aux performances.
SWISSLIFE Eté 2012
plana, et pour les rares jours de pluie, ils
disposent d’un gymnase à Samedan. Ils
soulèvent des poids dans la petite salle
de musculation à proximité de l’ancienne patinoire en plein-air tandis que
les patineurs de vitesse néerlandais et
russes s’entraînent aux départs et aux
virages, tout en appréciant que les côtés
de la patinoire soient protégés par des
rembourrages. Les sportifs qui ne sont
pas accompagnés de leur propre médecin et qui ont besoin d’un suivi médical
leur ajoutée résultant de la publicité
faite par les activités d’entraînement n’a
jamais été analysée; il faut dire qu’elle
est difficile à évaluer. M. Berthod affirme: «Lorsqu’à l’issue d’une course, un
sportif déclare dans une interview télévisée s’être préparé à Saint-Moritz, c’est
très bon pour l’image de l’Engadine.»
M. Berthod est l’interlocuteur désigné pour ceux qui souhaitent profiter
de l’infrastructure et des avantages
d’un séjour forfaitaire. Le directeur des
«Lorsqu’un sportif déclare dans une interview
télévisée qu’il s’est préparé à Saint-Moritz,
c’est très bon pour l’image de l’Engadine.»
ou souhaitent faire des tests peuvent se
rendre au Medical Center de la clinique
Gut. Celle-ci a reçu le «Gold Label»
de Swiss Olympic et peut se vanter
d’avoir un médecin, Andi Grünenfelder, qui s’y connaît en sports d’endurance. En 1988, il a remporté la médaille
de bronze du 50 kilomètres en ski de
fond aux jeux olympiques d’hiver de
Calgary.
La somme annuelle dont dispose
M. Berthod pour l’ensemble des acti­
vités sportives est une bagatelle pour
certains hôtes du Badrutt’s Palace ou
du Suvretta House: deux millions de
francs pour couvrir tous les frais, à
l’exception des investissements dans de
nouvelles installations, telles que la
piscine couverte avec salle d’entraînement et espace «wellness» déjà pro­
grammée. Ce budget doit permettre de
tout financer, de l’organisation des
activités d’entraînement au site Internet. A titre de comparaison, le budget
publicitaire de la ville de Saint- Moritz
est de sept millions. En revanche, la va-
sports de la station a négocié des conditions spéciales avec de nombreux hôtels
et n’a pratiquement jamais de problèmes pour loger les clients.
L’hôtel des sportifs par excellence
est le Laudinella, situé à Saint- MoritzBad. Il est apprécié pour ses volumes
généreux qui permettent d’entreposer
le matériel d’entraînement, mais aussi
pour son offre de restauration variée
qui assure le réconfort après l’effort.
«Nous sommes l’un des rares hôtels à
rester ouverts toute l’année», précise le
sous-directeur, Dominic Zurbrügg. «Grâce
aux sportifs, nous avons un taux d’occupation élevé, même aux mois d’avril,
mai et novembre.»
L’exemple de l’hôtel Laudinella est
éloquent: beaucoup de choses se sont
mises en place en 45 ans, depuis l’avènement de l’entraînement en altitude à
Saint-Moritz. La station et la communauté des athlètes ont appris à s’aider
mutuellement et à former un tout où
chacun trouve son intérêt; une évolution naturelle dans une localité qui a
presque toujours été pionnière en matière de sports et qui passe même pour
être le berceau des sports d’hiver.
L’essor après la débâcle
En septembre 1864, l’hôtelier Johannes
Badrutt proposa à quatre hôtes britanniques qui passaient l’été à SaintMoritz d’y rester l’hiver. Il se dit prêt à
leur payer le voyage s’ils devaient ne pas
s’y plaire. Ils s’y plurent et c’est bienbronzés qu’ils rejoignirent un Londres
pluvieux après Pâques. Le tourisme
d’hiver était né. Depuis, Saint-Moritz
a accueilli le premier tournoi de curling
sur le continent (1880), la première
compétition européenne de patinage
sur glace (1882), la première piste de
skeleton (1885), le premier tournoi de
golf dans les Alpes (1889), la première
piste de bob (1890), la première course
de chevaux sur neige (1906), le premier
vol motorisé sur sol suisse (1910), la
première école de ski suisse (1929),
deux éditions des jeux olympiques
d’hiver (1928/1948), quatre éditions
des championnats du monde de ski
alpin (1934, 1948, 1974, 2003) et plus
de 30 championnats du monde de
bobsleigh. Lorsqu’il a été question
pour la Suisse, en 1964, de se préparer à
relever le défi des jeux olympiques d’été
qui auraient lieu dans l’atmosphère raréfiée de Mexico, Saint-Moritz s’est
imposé comme une évidence.
La nation sportive était encore sous
le choc de la débâcle subie aux jeux
d’olympiques d’hiver d’Innsbruck, d’où
elle était revenue bredouille. Il ne fallait
pas que cela se reproduise. Cette détermination conduit à la création du Comité national pour le sport d’élite (qui
donna ensuite naissance à l’«Aide sportive») et marqua le coup d’envoi de la
construction du centre d’entraînement
en altitude de Saint- Moritz.
La piste d’athlétisme vit le jour
près du lac. Melch Bürgin et Martin
Repères // 25
Lorsque la foi déplace des montagnes
Les globules rouges, qui servent à transporter l’oxygène, sont très précieux pour
les sportifs de haut niveau. Nous en avons environ 25 milliards dans le sang,
dont deux millions sont renouvelés chaque seconde. Leur croissance est favorisée
par une hormone, l’érythropoïétine (EPO), un produit dopant très recherché sous
sa forme synthétique.
L’EPO stimule la production
de globules rouges. En
altitude, la diminution du
niveau d’oxygène dans le sang
entraîne la libération d’une
quantité accrue d’EPO.
La clé de la réussite se trouve à 1750 mètres au-dessus du niveau
En revanche, les capacités de l’entraînement d’altitude à
de la mer, où les effets de l’hormone sont censés être aussi
améliorer les performances du sportif même après son retour
simples qu’efficaces: un sportif qui s’entraîne plusieurs semaines
en plaine sont de plus en plus contestées. Des études récentes,
à cette altitude voit sa respiration accélérée – en raison de la
menées notamment par l’Université de Zurich, prouvent que
baisse de la pression partielle en oxygène dans l’air et dans le
l’entraînement en altitude ne produit pas les effets escomptés.
corps –, ce qui active la formation des globules rouges (érythro-
Même la toute dernière variante de l’entraînement d’altitude,
cytes). Il en résulte une meilleure alimentation des tissus en
«Live high, train low» (vivre en haut, s’entraîner en bas), qui
oxygène, qui se traduit par une augmentation des performances.
permet d’éviter les conséquences négatives de l’entraînement
Les premiers entraînements en altitude ont eu lieu pendant la
d’altitude, n’est pas aussi efficace qu’on pourrait le croire. Les
phase préparatoire des Jeux olympiques de 1968. Ils ont été
spécialistes estiment que c’est avant tout la croyance dans
motivés par l’altitude des sites olympiques de Mexico, qui
l’efficacité de telle ou telle méthode qui est déterminante; dans
atteint parfois 2240 mètres. Par la suite, l’entraînement dans
le sport comme dans le domaine médical, l’effet placebo joue
les hauteurs fut recommandé pour toutes les catégories de
un rôle capital.
sports d’endurance comme un excellent moyen d’augmenter les
performances. Aujourd’hui, les experts s’accordent à dire que
l’entraînement en altitude est indispensable pour se préparer à
disputer des compétitions dans des régions d’altitude.
SWISSLIFE Eté 2012
Le sport est très mental: la réussite, tout
comme l’échec, se font dans la tête.
Photo: Duri Zisler
Martin Berthod, directeur des activités sportives de Saint-Moritz depuis 30 ans: «Je ne savais jamais quand Armstrong était là. Et c’était très bien comme ça.»
Repères // 27
Studach – champions du monde d’aviron en deux de couple – ont ramé sur le
lac de Silvaplana, les gymnastes artistiques se sont entraînés sur la Corviglia
sous la direction de Jack Günthard,
tandis que les cavaliers de concours
complet ont perfectionné leur technique sur le terrain. Aujourd’hui âgé de
l’Eira, de Livigno et de la Bernina. Il
était souvent accompagné de Michele
Ferrari, le médecin controversé surnommé «docteur EPO», qui venait
souvent en «vacances» en Engadine
avec son camping-car. «Sans se faire
remarquer», affirme M. Berthod. «Je ne
savais rien non plus au sujet d’Arms-
Quand on a l’habitude d’accueillir des rois,
des princesses et des stars du grand écran, on
sait ce qu’est la discrétion. Une qualité également fort appréciée des sportifs.
68 ans, Melch Bürgin rame toujours en
Engadine et est persuadé que celui qui
réagit bien à l’entraînement en altitude
revient toujours ici: parmi les athlètes
qui s’y préparent pour les J.O. de
Londres, on ne compte qu’un seul
nouveau, indique M. Berthod.
Saint-Moritz et les célébrités des
sports d’endurance ont vécu des années
plutôt harmonieuses côte à côte. Quand
on a l’habitude d’accueillir des rois, des
princesses et les stars du grand écran,
on sait ce qu’est la discrétion. une qualité également fort appréciée des sportifs. Lance Armstrong a fait partie de
ceux qui se sont toujours entraînés
dans le plus grand secret en Engadine.
Il brouillait les pistes, laissait entendre
qu’il s’entraînait dans les Alpes françaises et avait l’habitude de sillonner
la région avec un maillot noir. Son programme comportait des unités d’entraînement sur «hometrainer» à la
station intermédiaire du Corvatsch et,
naturellement, le redoutable parcours
«inventé» à l’époque par Bernard
Hinault, qui passe par les cols de
l’Ofen, du Stelvio, de Foscagno, de
SWISSLIFE Eté 2012
trong. Et c’était bien comme ça. Ainsi,
je pouvais hausser les épaules lorsque
l’on me questionnait à son sujet ou que
des contrôleurs anti-dopage voulaient
des renseignements.»
Scandale à Saint-Moritz
Dieter Baumann, vainqueur olympique
du 5000 mètres à Barcelone en 1992, a
préparé toutes les courses importantes
de sa carrière à Saint-Moritz. L’enseigne
vivante du centre d’entraînement. On
l’appelait le «Kenyan blanc». Baumann
s’est illustré en s’engageant en faveur
d’un sport propre. Ardent défenseur
des contrôles anti-dopage plus efficaces, il s’est querellé avec des médecins
complices du dopage. Le choc a donc
été d’autant plus brutal lorsqu’il a été
convaincu de dopage en novembre 1999.
Des traces de nandrolone avaient été
découvertes dans ses urines.
Ayant toujours clamé son innocence, il s’est soumis à tous les tests
possibles et imaginables, a occupé la
police et les tribunaux et a enfin pu
prouver que le tube de dentifrice qu’il
transportait toujours dans son sac
avait été trafiqué. Bien que le parquet et
que le Tribunal du sport allemand
aient crû à cette version des faits, le
sportif a été suspendu par la Fédération internationale d’athlétisme. Les
auteurs du délit présumé n’ont jamais
été retrouvés. La thèse de Baumann
selon laquelle il faudrait les chercher
dans l’entourage du docteur Ferrari n’a
pas pu être confirmée.
C’est le seul scandale que SaintMoritz ait connu dans sa longue histoire de l’entraînement en altitude.
Une histoire qui pourrait être agitée ces
prochaines années. Depuis que la
double candidature de Saint- Moritz et
de Davos pour l’organisation des Jeux
olympiques d’hiver est avérée, il règne
un climat d’effervescence.
Pour Gian Gilli, qui assume la direction opérationnelle de la candidature suisse, les J.O. ne sont pas seulement une gigantesque manifestation.
Il y voit aussi une chance formidable de
donner un nouvel élan à l’activité sportive dans la région. Grâce à cet événement, on verra de nouveau plus d’enfants s’adonner aux joies des sports
d’hiver. Il faudra également construire
des installations dont le sport suisse
profitera directement. La réalisation
d’un tremplin de saut à ski est en cours
d’étude. L’ancienne rampe, restée inutilisée pendant plusieurs années, doit
être rénovée afin de répondre aux exigences des jeux olympiques. Juste à
côté, il est prévu de construire trois
rampes pour débutants et pour enfants – pour des sauts de 15, 30 et 60
mètres – qui seront ouvertes même en
été. Toutes les conditions seront réunies pour que la Suisse ait un nouveau
Simon Ammann.
Martin Born a travaillé comme rédacteur sportif
pour le Tages-Anzeiger. Aujourd’hui, il est journaliste
indépendant et écrivain.
Rencontre au sommet… à 1750 m
L’altitude moyenne des Alpes suisses est de tout juste 1700 mètres. Si, pour quelque raison que ce
soit, le niveau de la mer devait s’élever de 1750 mètres, il ne resterait de nos beaux paysages suisses
que ces sommets émergents. Aujourd’hui, les Alpes ne grandissent même pas d’un millimètre par an.
Rigi
1798
Pilatus
2119
Schratteflue
2092
Niederhorn
1963
Gantrisch
2175
Kaiseregg
2185
Le Moléson
2002
Schilthorn
2970
Doldenhorn
3638
Giferspitz
2542
Rochers de Naye
2042
Wildstrubel
3243
La Pare
2540
Cornettes de Bise
2432
Schynige Platte
2100
Männliflue
2652
Ritzlihorn
3282
Chandolin
Albrunhorn
2885
Simplonpass
2009
Gruben
Dents du Midi
3257
Mont Gelé
3023
Pic d'Artsinol
2998
Weisshorn
4506
Dent Blanche
4357
Petit Combin
3663
Arolla
Grand Combin
4314
Col du
Grand Saint-Bernard
2469
Saas Fee
Dom
4545
Rimpfischhorn
4199
Matterhorn
4478
Breithorn
4164
Dammastock
3630
Schreckhorn
Furkapass
Eiger
4078
2429
Grimselpass
3970 Mönch
2164
4107
Gletsch
Jungfrau
4158
Finsteraarhorn
4274
Galmihorn
Nufenenpass
3517
Aletschhorn
2478
4193
Helsenhorn
3272
Grand Muveran
3051
Mont Dolent
3820
Wetterhorn
3692
Bietschhorn
3934
Wildhorn
3248
Les Diablerets
3210
Titlis
3238
Sustenpass
2224
Niesen
2362
Dent de Ruth
2236
Huetstock
2676
Brienzer Rothorn
2350
Dufourspitze
4634
Weissmies
4017
Pizzo Quadro
2792
Déchiffrage // 29
Säntis
2502
Speer
1950
Churfirsten
2306
Fluebrig
2093
Falknis
2562
Spitzmeilen
2501
Glärnisch
2914
Fronalpstock
1921
Pizol
2844
Piz Segnas
3099
Ringelspitz
3247
Klausenpass
1948
Selbsanft
3029
Tödi
Gross Windgällen
3614
3187
Oberalpstock
3328
Oberalppass
2043
Passo
del San Gottardo Passo
2091 del Lucomagno
1915
Piz Terri
3149
Passo dello Spluga
2115
Piz di Strega
2912
Pizzo Cramalina
2322
Flüelapass
2383
St. Moritz
Bivio
Juf Pass dal Güglia
2284
Maloja
Cima di Castello
3379
Piz de Cressim
2575
Piz S-chalambert Dadaint
3031
Piz Nuna
3124
Piz Quattervals
3165
Pass d'Alvra
2312
Piz Corbet
3025
Pizzo di Claro
2727
Pizzo di Vogorno
2442
Preda
Muttler
3293
Piz Lischana
3105
Piz Kesch
3418
Piz Arblatsch
3203
Avers
Fluchthorn
3398
Piz Buin
3312
Pischahorn
2980
Arosa
Piz Curvér
2972
Surettahorn
3027
Pianca Bella
2163
Hochwang
2533
Piz Beverin
2998
Bärenhorn
2929
Rheinwaldhorn
3402
Monte Zucchero
2735
Calanda
2805
Aroser Rothorn
2980
Piz Tomül
2946
Samnaun
Madrisahorn
2826
Stätzer Horn
2574
Piz Mundaun
2064
Piz Medel
3211
Sulzfluh
2817
Piz Vaüglia
2974
Pass dal Fuorn
2149
Piz Murtaröl
3180
Pontresina
Passo del Bernina
2328
Piz Palü
3900
Piz Sena
3075
Piz Combul
2901
Corno di Gesero
2227
Monte Tamaro
1962
SWISSLIFE Eté 2012
Source: Office fédéral de topographie
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2188
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Une sensation que l’on ressent lorsque tous les poils de son corps se redressent
simultanément. Ce phénomène est également connu sous le nom de chair
de poule. Et c’est précisément dans ce but que chaque JAGUAR a été conçue:
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Guides de montagne // 31
Illustrations: Giorgio von Arb
L’avenir
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Elle ont accès à la formation depuis 1986 seulement
et travaillent dans un monde d’hommes: les 25
guides de montagne diplômées. Comme leurs quelque
1400 collègues masculins, elles accompagnent leurs
clients jusqu’aux sommets et les ramènent en bas.
Giorgio von Arb a photographié six aspirantes et trois
guides qualifiées. Vous pouvez réserver leurs services
par e-mail ou sur Internet.
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SWISSLIFE Eté 2012
Elli Meyer, 44 ans, guide de montagne, Brienzwiler BE
«La présence d’une guide de montagne permet au client de profiter pleinement d’une nature intacte.»
www.ellimeyer.ch
Angela Weibel, 32 ans, aspirante, Büren NW
«En montagne, tout le monde est soumis aux mêmes conditions. Les hommes comme les femmes.»
[email protected]
SWISSLIFE Eté 2012
Sina Böckli, 30 ans, aspirante, Berne
«Je veux devenir guide de montagne, car j’aime motiver les gens et
leur communiquer ma passion pour la montagne.»
Rhea Matter, 33 ans, aspirante, Berne
«J’aime le défi que représente l’ascension en groupe.»
www.rheamatter.ch
SWISSLIFE Eté 2012
Barbara Lechner, 37 ans, aspirante, Hergiswil NW
«Le risque zéro n’existe pas. En tant que guide, mon travail consiste à le minimiser au maximum.»
[email protected]
Andrea Lorenz, 30 ans, aspirante, Engelberg OW
«Le soleil, le vent, la neige, la chaleur: braver les éléments est un plaisir et un défi tout à la fois.»
[email protected]
SWISSLIFE Eté 2012
Andrea Peter, 37 ans, guide de montagne, Fribourg
«Je veux partager mon amour de la montagne pour le transmettre aux autres.»
www.seilschaft.ch
Angelina Huwiler, 30 ans, aspirante, Wilen OW
«Je suis captivée par l’authenticité de ces paysages de montagne qui nous font ressentir
toute la force de la nature sans aucune complaisance.»
[email protected]
SWISSLIFE Eté 2012
Stefi Käppeli, 42 ans, guide de montagne, Hochdorf LU
«Le métier de guide est passionnant. C’est un grand bonheur de voir la satisfaction et la joie
de mes clients lorsqu’ils arrivent au sommet.»
[email protected]
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Monsieur Lambert
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A Swiss Life // 43
I love Pia
Texte et illustrations: Giorgio Hösli
Un été à l’alpage n’est pas de tout repos. Encore moins
pour une ado de 15 ans. Pourtant, Corina échangerait
sans hésiter son quotidien contre une vie à la montagne.
Elle serait ainsi en permanence auprès de Pia, sa vache
bien-aimée.
›››
SWISSLIFE Eté 2012
P
ia n’est pas très bien vue ni par ses congénères, ni par
Lisi, la vachère. Elle reste à l’écart sur le pâturage et
est toujours la dernière à rentrer à l’étable. Une originale… Mais Corina adore Pia. Lorsqu’elle parle d’elle et des
petits désagréments dus à son caractère, elle a la larme à
l’œil. Pia est un cadeau des parents de Corina. Sa vache est
tout pour elle. Elle ne peut pas s’imaginer vivre sans elle.
Corina Hefti a 15 ans et habite Betschwanden, un village
minuscule situé au sud du canton de Glaris. Quelques villages plus loin, on arrive au pied du Tödiwand, une paroi
abrupte de 3000 m. Terminus.
Corina fréquente l’école de Linthal, ce qui l’empêche aussi de passer tout son temps à l’alpage. Six semaines sont suffisantes. Mais le regard de Corina se porte plutôt vers les
sommets que vers le tableau noir de la classe rempli de règles
grammaticales et de formules mathématiques indigestes. Il
faut connaître l’arithmétique pour contrôler les bovins, mais
le résultat final est nettement plus concret et satisfaisant que
celui de la variable x. Si toutefois Corina parvient à rassembler tout le troupeau
L’alpage Chüetal culmine à 1974 m et est entouré de
lieux aux noms imprononçables: Rot Ärd, Bützistock,
Heuerstöck, la crête de Schattenstock, Chli Chärpf… Un alpage difficile pour les hommes et les animaux. Les pâturages
sont situés sur des pentes abruptes dans des endroits
isolés, et la région est extrêmement pierreuse. En revanche,
l’eau coule de partout et se perd dans des marécages. Pour
arriver à l’alpage, il faut monter 1400 m à pied. Cela fait
bien transpirer tout en produisant des endorphines dans le
cerveau. Le marcheur arrive ainsi au sommet dans un état
quasi euphorique.
Werner, le père, a installé une station de traite en amont
de la cabane de montagne. L’on peut y attacher les vaches à
des piquet, et un petit toit protège les trayeuses. La simplicité de l’installation fait penser à un point d’eau sur les hauts
plateaux du Tibet. Le lait est mis en bidons que l’on transporte sur le dos jusqu’à la cabane. Ici, le vacher va aux vaches.
Normalement, ce sont les vaches qui ont un long chemin à
parcourir.
A l’heure de la traite, Corina dort encore. Elle voudrait
bien traire, mais c’est un auxiliaire qui s’en charge. Elle reste
donc au lit. Dans la petite pièce qui abrite les six lits des gardiens de l’alpage, l’air est lourd et sent le renfermé. Au petitdéjeuner, peu de paroles sont échangées. Ce n’est pas un
moment propice à la discussion. L’on entend le bruit de l’eau
chaude du thermos versée dans des tasses contenant du café
soluble. Werner et Priska, les parents de Corina, ne sont pas
des causeurs. Ils connaissent leur travail et le font sans bavardages inutiles. Werner est un berger calme. Pas du genre à
piquer des crises de rage, même lorsqu’il est énervé. Priska
s’occupe de tous les travaux dans la fromagerie, à la cuisine
et dans la cabane. Ceux que Werner, Lisi ou les auxiliaires
ne font pas. Elle est préoccupée par les mauvais résultats
scolaires de Corina mais veille aussi à ce que son fils Martin
ne s’ennuie pas.
Aujourd’hui, Corina doit contrôler si tous les bovins
sont là, s’ils sont en bonne santé et si la clôture est bien
électrifiée en continu. Dans son sac à dos, elle empile des
Corina doit contrôler si tous les
bovins sont là. Dans son sac à
dos, elle empile des jumelles, un
spray pour le traitement des
blessures et du sel. Elle a toujours son portable en poche.
Elle ne se déplace jamais sans
son téléphone.
jumelles, un spray pour le traitement des blessures et du sel.
Elle a toujours son portable en poche. Corina ne se déplace
jamais sans son téléphone.
Aujourd’hui, elle est de mauvaise humeur. La valse permanente des auxiliaires l’énerve. Il y en a déjà eu trois cet été.
Werner se dit qu’un peu d’aide ne peut pas faire de mal. Il
recrute ses auxiliaires sur Internet. Certains ont besoin de
réconfort après avoir perdu leur femme et leur travail,
d’autres tentent de convertir les bergers à la prière avant les
repas, d’autres encore sont là contre leur volonté, obligés par
leurs parents. Les conditions de travail ne sont pas toujours
ce qu’elles devraient être, et Corina aimerait bien que le
Vérification des sabots. Cet examen est obligatoire, même si les bêtes paissent dans les chardons.
Assez pour aujourd’hui. Après la traite du soir, les vaches se cherchent un endroit confortable pour la nuit.
SWISSLIFE Eté 2012
Une alpagiste est toujours en mouvement. Corina apporte du sel minéral aux bêtes sur le pâturage.
A Swiss Life // 47
quotidien soit un peu plus amusant. Mais elle fait son job
consciencieusement. Alors qu’elle est encore une jeune fille
lorsqu’elle s’amuse avec son petit frère Martin, elle est déjà
une femme dans son travail. Elle vérifie les sabots des animaux pour voir s’ils n’ont pas de parasites ou de maladies.
Corina ne peut pas retenir une vache toute seule. Elle ne peut
qu’appliquer du désinfectant sur les blessures avec un spray.
Ensuite, avec Lisi, elle administre des remèdes homéopathiques aux animaux malades. Si leur état ne s’améliore pas,
il faudra avoir recours aux antibiotiques.
Corina n’est pas toujours d’accord avec Lisi. Lorsqu’il y a
des frictions, Corina s’en va. Elle n’aime pas les conflits. Lisi
en sait souvent plus qu’elle sur le métier. Mais lorsque Lisi a
Un apprentissage? Corina ne
fera pas de 10e année scolaire et
ne restera pas chez ses parents.
Epouser un paysan? Plutôt
pas. Difficile à 15 ans de savoir
ce que l’on fera de sa vie.
tort, Corina s’en réjouit intérieurement. Elle sait aussi se
défendre par des piques lancées sur le ton de la plaisanterie.
Elle a par exemple affirmé que le fromage était raté et donc
invendable, et que Lisi devait payer pour le dédommagement. Pendant un moment, Lisi a eu un doute, mais surtout
une belle frayeur. Et Corina un grand moment de joie pour
cette bonne blague.
Mais il faut avant toute chose compter les 70 bovins.
Après quelques semaines, ce n’est plus un problème pour
Corina qui s’en sort très bien, même sans la liste des animaux. Les vaches paissent en groupe, comme dans la vallée.
Certaines ont les traits de caractère de leurs propriétaires.
Il y en a qui n’ont jamais assez et qui paissent là où l’herbe
est plus verte, d’autres qui restent timides tout l’été, d’autres
encore qui se vautrent toute la journée au soleil. Corina a un
SWISSLIFE Eté 2012
bon rapport avec les bêtes et les paysans. Elle parle la même
langue et a de la répartie. Un jour, un paysan de passage lui a
dit que la pluie rendait beau. Corina lui a alors demandé
pourquoi il restait à l’abri.
Un paysan est sédentaire alors qu’un alpagiste se déplace
en permanence. Il va de la vallée à la montagne, de la cabane
aux pâturages, installe des clôtures avant l’arrivée des bêtes,
déplace le troupeau d’un enclos à un autre. Pour Corina, ce
sont des expériences enrichissantes. L’on est à la maison tout
en étant toujours ailleurs. Mais il faut aussi penser à l’avenir,
à l’apprentissage après l’école. Corina veut travailler avec des
animaux. Ou comme cuisinière. Mais près d’ici. La région
n’offre toutefois que peu de possibilités d’apprentissage.
Corina ne fera pas de 10e année scolaire et ne restera pas chez
ses parents. Epouser un paysan? Plutôt pas. Difficile à 15 ans
de savoir ce que l’on fera de sa vie.
Ses parents ont confiance en elle. Ils lui ont déjà fait comprendre qu’elle pourrait reprendre la ferme. Mais il y a aussi
Martin, son cadet de cinq ans, qui connaît les vaches comme
d’autres enfants les modèles de voitures. Pourtant, il n’aime
pas vraiment les travaux d’étable et préfère aller à la piscine
qu’à l’alpage.
Corina n’est pas rémunérée pour son travail d’alpagiste,
car dans ce cas, elle devrait payer pour Pia. Un peu d’argent
est versé sur son compte de temps à autres. Rien d’extraordinaire. Corina a pourtant un portable dernière génération
avec caméra et lecteur MP3. Les textos et le chat permettent
de communiquer avec les amis, même si l’institutrice pense
que c’est une perte de temps. Corina va parfois en vacances
d’automne ou d’hiver, et reçoit un abonnement saisonnier
pour skier. Lorsque l’on grandit dans une famille de paysans, l’on apprend aussi à vivre modestement. L’on n’a pas
tout ce que les autres ont. Corina ne prend pas la chose au
tragique. Elle a Pia. Et aucune de ses amies n’a de vache.
Giorgio Hösli est graphiste, publicitaire, photographe et amoureux de la
montagne. Le portrait de Corina est tiré de l’ouvrage «Hirtenstock und
Käsebrecher: Älplerinnen und Älpler im Portrait» (74 francs, www.zalpverlag.ch)
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Plaisir culinaires // 51
Léger, aérien, gourmand: l’alliage subtil
des légumes du sud et des crustacés avec une
pointe de saveurs exotiques.
Timbale de poivrons et courgettes avec queues de langoustines
rôties au curry Madras
1) Laver, vider et couper le poivron rouge en morceaux. Cuire dans de
l’eau salée. // Egoutter. // Mettre deux feuilles de gélatine à tremper
dans de l’eau froide. Mixer la gélatine égouttée avec les poivrons et les
courgettes et un peu de jus de cuisson. Passer au chinois. Réserver au
froid 1 h 30. 2) Monter 3 dl de crème. // Incorporez la moitié de la crème
dans la préparation des poivrons et mouler à mi-hauteur dans des
emporte-pièces. Laisser 1 h au froid. Incorporez le reste de la crème
montée aux courgettes et verser sur les poivrons moulés. Remettre au
froid. 3) Décortiquer les langoustines, enlever l’intestin. Faire blanchir
les têtes et réserver. 4) Faire suer l’échalotte ciselée, déglacer avec le
vin blanc, ajouter le curry et le bouillon. Faire réduire. Ajouter la crème
et le beurre. 5) Faire chauffer l’huile d’olive dans une poêle, saler
légèrement les langoustines. Les faire sauter 20 secondes sur une face,
10 sur l’autre. // Faire chauffer la sauce. 6) Démouler la timbale sur
une assiette, ajouter les têtes de langoustines pour décorer, dresser
les langoustines rôties, verser un peu de sauce et garnir avec des herbes
ou des pousses de votre choix.
Illustrations: Sylvia Geel
Julien Rettler
nous parle de
l’art culinaire
et des produits
naturels
Ingrédients pour 8 personnes: 24 langoustines, 1 poivron rouge, 1 courgette, 1 échalotte,
1dl de vin blanc, 1dl d’huile d’olive, 1dl de bouillon de légumes, 4 dl de crème liquide,
30g de beurre, 4 feuilles de gélatine, 5g de poudre de curry Madras.
SWISSLIFE Eté 2012
En tant que cuisinier, le respect est
pour moi quelque chose de très
important. Il y a le respect des
convives qui doivent se sentir traités
comme des rois chez nous. Mais il
y a aussi le respect des produits que
nous travaillons en cuisine, leur goût
authentique, leur couleur et leur
saisonnalité. Il faut choisir des bons
produits, connaître les producteurs
et leur faire confiance, vouloir décou­vrir de nouveaux produits en permanence. Mais il est aussi décisif de
savoir cuisiner de manière à ce que
le client sache ce qu’il a dans son
assiette. Cela commence par la pre­mière impression en voyant l’assiette
dressée. Car on mange aussi avec les
yeux. Tout doit être assorti: les goûts,
les consistances. L’ensemble ne doit
pas être une suite d’éléments, mais
une harmonie parfaite. Et l’on y arrive
seulement lorsque l’on fait ressortir
le naturel des produits.
Le guide Gault&Millaut l’a consacré «Découverte
de l’année 2012» en Suisse romande. Julien Retler
est le chef de cuisine de l’Hostellerie du petit
manoir à Morges (VD). A 30 ans à peine, il est
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Illustrations: Sarah von Blumenthal
Beni Frenkel // 53
Il y a 25 ans exactement, je débarquais pour la première fois dans une
cabane du CAS. J’avais alors 10 ans et j’étais en cinquième, à l’école
primaire de Baden. Notre instituteur était un passionné de montagne.
Il avait décidé de nous emmener dans le canton d’Uri, à la cabane
Rotondo. Ce refuge est situé à 2500 m.
Je ne sais pas si notre instituteur vit encore. Il était déjà âgé
à l’époque. C’était un allemand qui dirigeait notre classe
comme un régiment. Nous sommes sortis du train à Andermatt. L’ascension à pieds fut longue. Les filles pleuraient et
les garçons devaient porter leurs sacs à dos. Röbi, le plus fort
d’entre nous, en portait même deux. Ceux de Sybille et de
Janine. Notre instituteur nous ordonna de chanter afin de
mieux supporter la pluie qui commençait à tomber. Il plut
toute la journée. Le soir, nous avons enfin rejoint la stupide
cabane et nous sommes réchauffés devant un vieux poêle
crachotant. Nous étions si fatigués que nous n’avons même
pas été dans la chambre des filles cette nuit-là.
Le matin suivant, l’instituteur nous informa que le torrent du Mülibach était en crue et que nous devrions donc
probablement rester plus d’une semaine ici. Les filles recommencèrent à pleurer de plus belle. Il nous expliqua où étaient
les commodités. Il s’agissait d’une fosse d’aisance, dehors.
Les latrines avaient la vue sur un glacier dont je ne me souviens plus du nom. En revanche, je connais encore le nom
de la montagne derrière la cabane: Il s’agit du Leckihorn.
«Lecken» voulant dire «lécher» en allemand, nous avions
tout de suite trouvé des jeux de mots grivois.
Comme la pluie était incessante, nous n’avons heureusement pas dû sortir pour apprendre la varappe. Mais notre
instituteur avait d’autres talents. Il nous a donné un cours de
correspondance commerciale. Date, formule d’appel, intro-
SWISSLIFE Eté 2012
duction, corps de texte, conclusion, formule de politesse,
signature. Nous étions dans la petite salle à manger. Dès le
premier jour, nous avons dû écrire une lettre. L’instituteur
voulait évidemment contrôler notre prose avant de l’approuver. Nous ne pouvions donc pas écrire: «Ici, c’est l’enfer. Manu
ronfle comme une turbine, les latrines puent et la pluie me
transperce le caleçon.» Notre instituteur avait prévu un autre
style: «Chère maman, cher papa, nous profitons de la vue sur
le Leckihorn (3068 m), et du programme divertissant préparé
par notre instituteur. Grosses bises, Beni.»
Pourtant, le mauvais temps souda le groupe. Nous
échangions des chaussettes et du chocolat. Et nous apprîmes
qu’il pouvait pleuvoir sans discontinuer deux semaines
durant. Tous les jours, l’instituteur demandait au gardien de
la cabane si nous pouvions descendre. Mais il faisait non de
la tête, tout en se réjouissant d’entendre sonner son tiroircaisse. Au bout de deux semaines, le soleil fit enfin son apparition. L’instituteur nous rassembla, et nous descendîmes.
Cette descente reste pour moi l’une des plus belles randonnées de ma vie. J’étais si heureux que je commençai à chanter.
Mais l’instituteur me foudroya d’un regard, stoppant net
mon bel élan lyrique.
Beni Frenkel est instituteur et travaille comme pigiste pour NZZ am Sonntag.
Il relate des moments de vie inoubliables dans SWISSLIFE.
Gagnez un vol
au-dessus des Alpes.
La Suisse est un pays de montagnes. Les cols relient les vallées, les régions, les cultures et les langues.
Comme le col le plus haut de Suisse qui fait la jonction entre le Tessin et le Valais. Mais quel est le nom
de ce col? Participez à notre concours! Le gagnant se verra offrir un vol pour deux personnes à bord
du célèbre Junkers JU 52 pour découvrir les montagnes au-dessus de leurs sommets.
Participez à ce concours via Internet (www.swisslife.ch/magazin) ou répondez à la question sur la carte-réponse (onglet au dos de la couverture).
Date limite de participation: mercredi 15 août 2012. Le nom de la gagnante ou du gagnant figurera dans le prochain numéro de SWISSLIFE. Le vol aura lieu
en 2013. Nous félicitons l’heureux gagnant du concours SWISSLIFE: Monsieur Olivier Kramer de Siviriez. La bonne réponse était: «Lugano».
Source: www.luftbilder-der-schweiz.ch; Institut für Bildungsmedien der PHBern; ©Schweizer Luftwaffe, 2002
Concours // 55
56 // Encore!
Marc Lynn, le bassiste du groupe
Gotthard, parle de «Starlight»
Une «Starlight»
nommée Nic
Marc Lynn (à droite) parle de Nic Maeder (2e à partir de la gauche):
«On peut compter sur lui.»
Starlight, I don’t even know
your name
Starlight, you sure you wanna
play my game?
La chanson «Starlight» est très liée à notre nouveau chanteur Nic Maeder. Nous l’avons rencontré alors que nous
cherchions un remplaçant pour Steve Lee, décédé dans un
accident. Le courant est passé tout de suite. Il venait d’Australie. Nous lui avons demandé de rester un peu en Suisse
afin de pouvoir travailler avec lui de manière intensive.
Nous avons ainsi écrit trois morceaux qui sont sur
l’album. Le premier, «Remember It’s Me», est sorti en tant
que single. Il marque aussi les débuts de Nic dans le groupe.
Le deuxième, et deuxième single également, est Starlight.
La chanson parle des émissions de castings, mais son titre
a aussi une signification plus profonde pour Gotthard:
nous avons trouvé une nouvelle lumière qui nous ouvre le
chemin vers l’avenir après la mort de Steve.
Il y a des gens très motivés au départ mais qui s’essoufflent au bout de quelques jours. Nic est différent. L’un
de nous a dit que Nic était un type bien, un autre qu’il était
également très créatif. Un autre a fait remarquer que nous
avions écrit quatre chanson en une semaine, ce qui est une
performance. Il y a des certitudes. Nous savons que nous
pouvons compter sur Nic. Cette période a été très intense.
Nous nous sommes réunis et nous sommes demandés
quelles étaient les idées du moment. Laquelle est assez
bonne pour faire une chanson? Et comment l’exploiter
pour faire un bon morceau? Imaginez-vous un écran blanc
auquel chacun apporte sa contribution. D’abord un arbre
vert, puis un soleil jaune, et un gazon vert également, mais
plus clair. Voilà comment ça marche lorsque nous «construisons» un morceau. Nous commençons généralement par la
mélodie, car c’est aussi le plus difficile. C’est elle qui va donner le rythme aux mots des textes. Nous y travaillons jusqu’à
ce qu’elle soit parfaite pour être chantée. La langue maternelle de Nic est l’anglais. Les mots lui viennent donc plus
facilement et plus vite. C’est ainsi qu’il a écrit Starlight.
Nous avons enregistré suffisamment de ballades par le
passé. Starlight est un rock classique, un morceau assez dur
dont les versions originale et single ne passeraient pas sur
les radios. C’est pourquoi nous avons fait une autre version
qui contient plus d’éléments acoustiques. Fire-Birth, le
nouvel album de Gotthard, est plus rugueux que les précédents, mais aussi plus dynamique et plus audacieux. C’est
grâce à la Starlight nommée Nic mais aussi à Steve, une
étoile qui brillera toujours sur Gotthard.»
Après Remember It’s Me, Starlight est le deuxième single extrait de Firebirth, le
nouvel album de Gotthard avec le chanteur Nic Maeder. Après une longue tournée
en Amérique du Sud, Gotthard jouera cet été en Europe et notamment en Suisse le
7 juillet à Locarno (TI), le 3 août à Avenches (VD) et le 20 septembre à Schupfart (AG).
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Illustrations: Armin Zogbaum /www.renehauser.com