président de la chambre des notaires de l`Isère
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président de la chambre des notaires de l`Isère
la parole à M David Ambrosiano e président de la chambre des notaires de l’Isère E la parole à n Isère, 177 notaires exercent leur charge d’officier public et ministériel dans 90 études. En 2013, ils ont rédigé 80 681 actes. La chambre départementale des notaires de l’Isère est une instance particulièrement dynamique, ce dont se réjouit son nouveau président Me David AMBROSIANO, qui nous explique les priorités de la chambre pour les deux ans à venir. al 68 Les Affiches : Dans quel état d’esprit abordez-vous votre mandat ? Me David AMBROSIANO : Comme viceprésident durant une année, j’ai pu me familiariser avec les rouages de l’instance, les actions que la chambre départementale se doit de mener à l’égard de la profession. Mon prédécesseur Me Hervé BLANC m’a particulièrement bien accompagné dans cette prise en main des dossiers. J’aborde donc ce mandat avec une certaine sérénité, car je sais où je vais, même si le contexte économique est difficile. Mon rôle est de rassurer mes confrères, de poursuivre nos projets communs pour être encore plus efficaces et qualitatifs auprès de notre clientèle, mais aussi de les accompagner dans la gestion de leur étude. Durant ces deux années de mandat, impliquant de nouvelles obligations, je sais que je pourrai pleinement m’appuyer sur mes deux associés Me Philippe DELAYE et Me Emmanuelle PASTEUR (qui sont d’ailleurs plus des amis que des associés), et sur l’ensemble de nos collaborateurs, tous motivés pour cette formidable aventure. Je les remercie par avance très chaleureusement. A. G. D. : Sur quels sujets particuliers souhaitez-vous travailler ? Me D. A. : J’ai choisi de mener ce mandat en mode « projet » autour de trois axes. D’abord, moderniser le règlement intérieur des notaires de l’Isère, afin de l’adapter aux nouvelles méthodes de travail qu’imposent par exemple l’acte authentique électronique et la loi ALUR. Complétant le règlement national, ce règlement fixe des dispositions propres au département, notamment sur l’attribution des actes. Nous envisageons aussi de travailler sur les avant-contrats, tant au niveau du fond que de la forme, en proposant des méthodes de travail plus uniformisées, permettant de gagner en temps et en qualité, au bénéfice du client. A. G.D. : Quels seront vos deux autres axes de travail ? Me D. A. : Il s’agira de s’intéresser à « l’entreprise » notariale. Nous souhaitons former les notaires au management et associer les collaborateurs des études à l’excellence du service rendu. Un programme de formations sera ainsi mis en place, en lien avec le Conseil supérieur du notariat, à Paris. Enfin, nous travaillerons également à l’optimisation du fonctionnement des instances locales représentant le notariat, en restructurant les moyens humains et techniques, pour améliorer l’accueil tant des notaires que des clients de nos offices. LES AFFICHES DE GRENOBLE ET DU DAUPHINé 23 mai 2014 A. G.D. : Quelles autres actions souhaitez vous mettre en œuvre ? Me D. A. : Nous allons poursuivre les actions engagées depuis plusieurs années, en étoffant nos liens avec les chambres consulaires ou les entreprises, à travers par exemple l’Institut notarial des entreprises et des sociétés qui est très actif. Nous continuerons aussi notre accompagnement des collectivités locales, notamment auprès des nouveaux maires qui ont été élus en mars dernier, que nous rencontrerons lors du prochain congrès des maires, en octobre, à Grenoble. Dans ce cas, l’acte et ses annexes sont projetés sur un écran durant la lecture qu’en fait toujours le notaire. Puis la signature de l’acte est effectuée sur tablette numérique et non sur chacune des pages. C’est un gain de temps réel que l’on peut passer avec le client pour répondre à ses questions… L’acte signé est ensuite déposé par le notaire et stocké au minutier central électronique, un important Data Center qui se trouve près d’Aix-en-Provence. Une duplication des actes s’effectue dans deux autres endroits de France, tenus secrets pour une meilleure sécurité. A. G. D. : Quel est votre regard sur l’interprofessionnalisation des métiers du Droit ? Me. D. A. : Nous sommes très attentifs aux besoins de la justice en France, et particulièrement des tribunaux de grande instance. Concernant les divorces par exemple, l’Isère est un département en pointe sur les missions du notaire expert. Cette particularité nous amène à être en contact permanent avec les magistrats des tribunaux de grande instance de Grenoble, de BourgoinJallieu ou de Vienne, et avec les avocats. Cela a abouti à une convention tripartite signée en début d’année au tribunal de grande instance de Bourgoin-Jallieu, et que nous espérons décliner à Grenoble et à Vienne. A. G. D. : Vous participerez au 110e congrès national des notaires de France qui se tiendra à Marseille du 15 au 18 juin prochains. Quel thème d’actualité a été choisi ? Me D. A. : Celui de la protection du chef d’entreprise et de sa famille. Avec 241 000 mariages et 550 000 créations d’entreprises par an en France, et à l’inverse, 133 000 divorces et plus de 33 600 jugements de faillites, le constat s’impose : aujourd’hui, une vie est jalonnée de projets, de réussites et d’échecs. Vie professionnelle et vie familiale sont intimement liées, avec des questions qui ne se posent pas uniquement au niveau national. Aujourd’hui, nous nous devons d’offrir aux citoyens des outils d’adaptation à ces situations contemporaines, parfois complexes. Pour protéger de manière équilibrée son entreprise et sa famille, la solution est nécessairement contractuelle, selon nous : il s’agit d’établir le bon contrat au bon moment. La vocation des notaires, hommes et femmes de contrat par nature, est d’accompagner leurs clients tout au long de leur vie professionnelle et personnelle, dans une relation de confiance. C’est un vrai sujet de réflexion sur lequel la profession souhaite se pencher. « Être encore plus efficaces et qualitatifs auprès de notre clientèle » A. G. D. : Comment l’acte authentique électronique se met-il en place au sein du département ? Me D. A. : En Isère, entre 25 et 30 % d’offices sont équipés. Les confrères isérois sont convaincus de l’intérêt de cette technologie, mais les freins sont d’ordre financier car l’équipement est coûteux, mais aussi d’ordre logistique, car les SSII qui assurent l’installation et la formation sont débordées. L’acte authentique électronique a constitué une réelle révolution pour les notaires et leurs clients, car c’est d’abord une dématérialisation totale des échanges lors de la constitution du dossier, mais aussi lors de la signature elle-même. 23 mai 2014 A. G. D. : Autre sujet de préoccupation des notaires : le Gouvernement a décidé de se pencher sur leurs rémunérations, comme celles d’autres pro- Photos : © Patrick Leclerc la parole à Me David Ambrosiano. fessions réglementées. Qu’en pensezvous ? Me D. A. : Techniquement, c’est l’Autorité de la concurrence qui s’est autosaisie de ce dossier. Ce n’est pas une décision gouvernementale à proprement parler. Il n’y a eu aucune concertation sur le sujet ni d’information préalable. Il faut d’abord préciser que la rémunération du notaire n’est pas un salaire. Le notaire est un entrepreneur qui investit dans son entreprise. Le tarif rémunère à la fois son travail et le capital investi. Plus de la moitié des notaires sont endettés pour acquérir leur outil de travail. Le tarif des notaires est établi de manière à ce que la majorité des actes soient facturés à un prix inférieur à leur coût de fabrication, pour permettre à la majorité des Français d’accéder au service public notarial. Le tarif ne protège pas les notaires, mais protège les clients. Le système actuel est à la fois équilibré et mutualisé : les « gros » actes aident à payer les « petits » actes, car on peut estimer qu’environ 35 % des actes ne sont pas rémunérés à leur coût réel de production. C’est là toute la dimension du « service public notarial ». C’est notamment ce que le Conseil supérieur des notaires va expliquer à l’Autorité de la concurrence qui va investiguer sur ces questions durant plusieurs mois. ■ LES AFFICHES DE GRENOBLE ET DU DAUPHINé Propos recueillis par Caroline Fouché al 69