Libre échange et diversité culturelle

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Libre échange et diversité culturelle
Gaëtan Tremblay, Ph.D.
Co-directeur du GRICIS
Université du Québec à Montréal
CANADA
La diversité culturelle vue de l'Argentine, du Brésil et du Chili
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_________________________________________________________
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2
La diversité culturelle vue de l'Argentine, du Brésil et du Chili
Les préoccupations pour la préservation et la promotion de l'identité culturelle sont relativement
anciennes au Québec, au Canada, en France et dans quelques autres pays. Elles ont conduit à l'exclusion du secteur des industries culturelles dans les accords de libre-échange entre le Canada et les
États-Unis en 1988, puis de l'ALÉNA en 1994. Elles se sont manifestées également par la revendication de l'exception culturelle dans les négociations du GATT, maintenant régis par l'OMC. Depuis
quelques années, elles s'affirment de plus en plus fréquemment sous les couleurs de la diversité
culturelle.
Ces questions, assez familières aux Canadiens, aux Québécois et au Français, sont cependant beaucoup plus récentes en d'autres régions du globe. Et elles s'y formulent de manières diverses, en
fonction de contextes et d'histoires spécifiques. En Amérique latine, comme on le verra plus avant,
le débat public sur la diversité culturelle, lorsqu'il existe, ne date que de quelques années et relève le
plus souvent de problématiques plutôt intérieures qu'internationales. Mais certains responsables politiques latino-américains se montrent de plus en plus sensibles à la question, comme, par exemple,
le maire de Lima, M. Alberto Andrade, qui déclarait récemment :
La mondialisation et l'influence énorme des médias menacent l'identité
culturelle. Je crois que le rôle des élus est de rechercher les moyens de renforcer cette identité1.
Le présent rapport résulte d'une recherche effectuée, grâce à une subvention du Ministère de la
Culture et des Communications du Québec, en collaboration avec les professeurs Claudio Avendaño, de la Universidad Diego Portales à Santiago du Chili, César Bolaño de la Universidade Federal
de Sergipe au Brésil, et Guillermo Mastrini, de la Universidad de Buenos Aires en Argentine. Les
objectifs poursuivis étaient les suivants :
1
Cité par Catherine Elton, « Le renouveau du centre historique de Lima », Américas, octobre 2000, p.20.
3
1. Tracer un portrait sommaire des principales interventions des pouvoirs publics en Argentine, au
Brésil et au Chili en matière de culture et d'industries culturelles (législations, énoncés de politiques,
programmes de soutien, mesures de restrictions quantitatives, contrôle des investissements, règles de
propriété, mesures commerciales ou fiscales, etc.) ? Les secteurs privilégiés seront le cinéma, le livre, la musique, la télévision, les nouveaux médias.
2- Décrire le traitement réservé à la culture dans les accords de commerce internationaux. Comment
est perçue l'interface entre le commerce et la culture dans les pays latino-américains, notamment
dans les milieux gouvernementaux ? Cherche-t-on à réserver à la culture un traitement différent dans
le cadre des accords internationaux de commerce multilatéraux, régionaux ou bilatéraux? (Accords à
l'OMC, négociations de la Zone de libre-échange des Amériques, Mercosur). Au sein du Mercosur,
il semble y avoir un protocole qui existe sur la culture. Comment se présente ce protocole et quelle
est sa portée à l'égard des relations commerciales au sein du Mercosur ? L'interface entre les politiques culturelles et les accords commerciaux est-elle l'objet de réflexions ? Si oui, quelles sont ces
réflexions ?
3- Faire le point sur la question de la diversité culturelle. Que signifie cette expression dans les trois
pays concernés ? Est-elle l'objet de débats dans les milieux académiques et culturels ? Si oui, quels
en sont les grands thèmes, les principaux protagonistes ? Peut-on identifier des individus ou des
groupes très actifs sur ce sujet ? Des associations professionnelles œuvrant dans le secteur culturel ?
Ce rapport est divisé en deux parties. Dans la première, je traiterai de la place de la diversité culturelle dans l'accord du Mercosur et dans son fonctionnement. Dans la seconde, j'aborderai brièvement
la problématique de la diversité culturelle dans deux États membres du Mercosur, le Brésil et l'Argentine, et dans un État associé, le Chili. Je rassemblerai en conclusion les principaux points qui se
dégagent de cette rapide exploration sur le sens de la diversité culturelle dans les pays du cône sud
américain.
Il est important de garder à l'esprit que les remarques qui suivent ne constituent qu'une première
approximation de la question. Des ressources limitées en temps et en argent n'ont guère permis qu'un
4
tour d'horizon sommaire du sujet. Une étude plus approfondie et plus exhaustive conduirait sans
doute à une vision plus complète, plus fine et plus nuancée.
5
1. La culture et la diversité culturelle dans l'accord du Mercosur
Avant d'aborder la place de la culture dans les accords du Mercosur, rappelons quelques données de
base sur l'histoire et le fonctionnement de cet accord régional.
1.1 Le Mercosur en bref
Le 26 mars 1991, l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay ont signé l'Accord d'Asunción,
intitulé Traité pour la constitution d'un marché commun. Le 17 décembre 1994, les représentants
des quatre pays ont paraphé le Protocole d'Ouro Preto, complément de l'Accord d'Asunción faisant
du Mercosur une personne juridique habilitée à conclure des traités et des ententes avec des pays ou
des groupes de pays, comme les accords sectoriels avec le Chili en 1996, la Bolivie en 1997, la
Communauté andine et le marché commun centre-américain en 1998. Déjà en 1991, les pays membres du Mercosur avaient signé à titre individuel un accord sur le commerce et l'investissement avec
les USA et, en 1992, une entente similaire avec l'Union Européenne. Mentionnons finalement la
signature à Buenos Aires, le 16 juin 1998, d'un Accord de coopération en matière de commerce et
d'investissement avec le Canada2.
Les objectifs principaux poursuivis par l'Accord du Mercosur sont les suivants :
•
Atteindre l'intégration des États membres;
•
Construire un marché commun par :
•
La libre circulation des biens, services et des facteurs de production;
•
L'établissement d'un tarif douanier commun et l'adoption d'une politique commerciale commune;
2
•
La coordination des politiques macro-économiques et sectorielles;
•
L'harmonisation normative.
On trouvera copie de tous ces documents officiels à l'adresse suivante :
http://www.mercosur.com/es/info/tratados_acuerdos.jsp
6
Comme on peut le constater, la culture est absente de cette liste d'objectifs, ce qui, comme l'ont fait
remarquer maints critiques, met en exergue le manque d'ancrage de l'Accord dans les dynamiques
sociales et les imaginaires de la région.
Les principaux organes du Mercosur sont :
•
Le Conseil du Marché Commun (CMC), qui constitue l'organisme le plus important du Mercosur. Il est composé des ministres des Relations extérieures et des ministres de l'Économie des
États membres. Il se réunit au besoin;
•
Le Groupe Marché Commun (GMC);
•
La Commission Commerciale (CCM);
•
La Commission Parlementaire Conjointe (CPC);
•
Le Forum Consultatif Economique et Social (FCES)
•
Le Secrétariat administratif du Mercosur (SAM)3.
En abordant la réalité du Mercosur, il faut garder en mémoire la disproportion de ses partenaires. Le
PNB du Brésil représente 42 % du total de tous les pays d'Amérique latine, incluant le Mexique.
Celui de l'Argentine équivaut à celui de l'intérieur de l'État de São Paulo (excluant la mégalopole).
Celui du Chili est égal à celui de la région métropolitaine du grand Campinas (dans l'État de São
Paulo), et celui de l'Uruguay est inférieur à celui du quartier de Santo Amaro, en banlieue de São
Paulo. Bref, l'économie du seul État de São Paulo produit autant de biens et services que celles des
autres pays membres du Mercosur. C'est dire combien le Brésil pèse lourd dans la région ! Pratiquement autant que les USA dans l'ALÉNA.
Rappelons également que les relations entre les partenaires du Mercosur n'ont pas toujours été des
plus harmonieuses. Elles ont même été carrément conflictuelles entre le Brésil et l'Argentine pendant une bonne partie du XXe siècle. Cette rapide évocation de la disparité des conditions démographiques, économiques et de parcours historiques souvent divergents laisse soupçonner que l'intégration de pays voisins dans un même ensemble régional ne va pas de soi et pose des difficultés qui ne
sont pas encore toutes surmontées, loin s'en faut. « Prendre cela en considération, ou pour le moins
3
Voir http://www.mercosur.com/es/info/organos_del_mercosur.jsp
7
ne pas l'oublier, pourra apporter des éléments de compréhension d'un processus qui, plutôt que
d'évoquer l'intégration, apparaît aux yeux de la société civile comme une nomenclature sans poids
significatif homogène pour les acteurs concernés. De plus, on enregistre progressivement des situations de conflit dans les régions frontalières (probablement les plus affectées par le Mercosur), produisant des réactions de nationalisme et de xénophobie, supposément disparues depuis la soi-disant
suppression des frontières nationales » (Mastrini et alii, p. 23).
Enfin, il semble que l'intégration du Chili comme membre à part entière ne semble pas pour demain,
le principal obstacle venant du fait que ses tarifs douaniers sont déjà plus bas que ceux des partenaires du Mercosur.
1.2 La place de la culture dans les accords du Mercosur
Absente des préoccupations centrales, la culture n'en a pas moins motivé des rencontres au sommet
des ministres de la culture des États membres et donné lieu à la création d'instances administratives
propres. La plus importante en est le Comité de coordination générale du Mercosur culturel. Une
Commission technique des industries culturelles y est rattachée.
Les autorités culturelles du Mercosur se sont réunies régulièrement depuis la première rencontre de
Brasilia en août 1992 jusqu'au Xe Sommet des Ministres de la Culture à Buenos Aires le 22 juin
2000. Un protocole d'Intégration culturelle du Mercosur a été signé à Fortaleza, le 17 décembre19964. On trouvera copie de ce protocole en annexe. En voici les principaux objectifs :
•
Promouvoir la coopération et l'échange entre les diverses institutions et agents culturels, comme
des programmes et projets communs dans le Mercosur, dans les différents secteurs de la culture,
qui définissent des actions concrètes, ayant pour objectif de favoriser l'enrichissement et la diffusion des expressions culturelles et artistiques du Mercosur.
•
Faciliter la création d'espaces culturels et, en priorisant la coproduction, promouvoir la réalisation d'actions culturelles qui expriment les traditions historiques, les valeurs communes et les diversités des pays membres du Mercosur, envisageant, entre autres initiatives, l'échange d'artistes,
4
Voir http://www.cultura.gov.ar/secretaria_cultura_nueva.html
8
d'écrivains, de chercheurs, de groupes artistiques faisant partie d'entités publiques ou privées reliées aux différents secteurs de la culture.
•
Favoriser les productions cinématographiques, vidéographiques, télévisuelles, radiophoniques et
multimédiatiques, sous le régime de la coproduction et de la codistribution, incluant toutes les
manifestations culturelles.
•
Promouvoir la formation commune de ressources humaines impliquées dans l'action culturelle
favorisant l'échange d'agents et de gestionnaires culturelles des États membres, dans leurs domaines respectifs de spécialisation.
•
Promouvoir la recherche sur des thèmes historiques et culturels communs, incluant des aspects
contemporains de la vie culturelle de ses peuples, de manière à ce que les résultats des recherches puissent contribuer à la définition d'initiatives culturelles conjointes.
•
Initier la coopération entre les archives historiques, les bibliothèques, les musées et les institutions responsables de la préservation du patrimoine culturel, dans le but d'harmoniser les critères
relatifs à la classification, au catalogage et à la conservation en vue de la création d'un fichier du
patrimoine historique et culturel des États membres du Mercosur.
•
Protéger les droits de propriété intellectuelle des œuvres originaires des autres États membres, en
accord avec la législation interne et les traités internationaux en vigueur auxquels adhère ou adhèrera un État membre.
•
Encourager l'organisation et la production d'activités culturelles conjointes en vue de sa promotion dans des pays tiers.
•
Consentir les plus grands efforts pour que la coopération culturelle dans le Mercosur inclue toutes les régions de chaque territoire.
Lors de la Ve réunion du Comité de coordination générale du Mercosur culturel, à Montevideo en
1997, une résolution a été adoptée visant à encourager les États membres à la création et à l'amélioration de normes juridiques et d'avantages fiscaux pour favoriser la circulation des biens culturels.
Mais le Comité n'a pas précisé quels genres de projets et d'institutions devraient bénéficier de tels
avantages.
Par ailleurs, à la même réunion, diverses mesures concrètes ont été adoptées :
9
•
programme d'échanges d'œuvres littéraires d'auteurs nationaux des pays membres. Donation à la
bibliothèque nationale des autres pays d'une sélection d'auteurs;
•
intensification du programme d'échanges d'auteurs;
•
création d'une instance chargée de définir des normes d'identification de biens du Patrimoine
culturel du Mercosur;
•
création d'une maison de la culture du Mercosur dans chacun des pays signataires.
De manière générale, les critiques déplorent 1) que les politiques publiques en matière culturelle
aient été limitées aux beaux-arts et au patrimoine; 2) que les propositions votées par le Comité de
coordination, ou lors des rencontres des ministres de la culture soient souvent ambiguës; 3) et que
les ressources nécessaires à la poursuite des objectifs soient grandement insuffisantes.
Ainsi, selon Mastrini et alii, la préservation du patrimoine culturel et quelques initiatives reliées à
l'éducation et au tourisme constituent les seuls éléments auxquels fassent référence ces politiques
culturelles. De plus, la réalisation de rencontres artistiques et culturelles n'a souvent pour objectif
que de promouvoir l'image du Mercosur.
Pour sa part, Jambeiro souligne que, malgré « l'existence d'un dispositif légal qui vise à assurer, implicitement ou explicitement, l'accès des différents points de vue à l'industrie de la télévision [...] la
question de la diversité culturelle, est pourtant restée exclue du débat et, par conséquent, du processus de régulation de la télévision » (Jambeiro, 2000, p. 201).
Le discours officiel valorise beaucoup l'intégration culturelle du Mercosur. Par exemple, lors de la
Xe réunion des ministres de la culture, à Buenos Aires, il a été proposé de « ratifier l'importance
stratégique de la culture dans le cadre de la construction de l'identité régionale et l'atteinte d'une
meilleure qualité de vie ». Il a été également résolu « d'intensifier, à l'intérieur de la région, des politiques concertées en matière de libre circulation des biens et activités culturelles comme base à une
stratégie commune d'échange avec le reste des pays et/ou régions » (cité par Mastrini et alii, p. 29).
De plus, les ministres ont souhaité que la diversité culturelle puisse s'exprimer dans les échanges de
produits culturels dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce.
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Lors de sa Xe réunion, le Comité de coordination générale du Mercosur culturel a résolu de
« favoriser l'échange de programmes de télévision culturels et de créer les conditions pour la réalisation de coproductions entre les télévisions publiques, d'État et privées des pays du Mercosur »
(Ibidem, p. 30).
Mais l'exemple du cinéma montre bien combien les obstacles se dressent nombreux devant l'intégration régionale de l'industrie. « Dans la perspective d'élargir le marché pour les films brésiliens, on
a beaucoup discuté des possibilités du Mercosur dans le domaine des industries culturelles, mais rien
ne s'est encore concrétisé. Pour les livres et les arts plastiques, il y a moins de bureaucratie et d'obstacles douaniers. Mais pour le cinéma, il n'y a pas de protection ni d'aides à la production; dans les
différents pays membres du Mercosur, il existe différentes législations du travail et des barrières
douanières qui empêchent, par exemple, l'importation d'une équipe pour une courte période, pour la
réalisation d'un film, sans que ne se paient des tarifs douaniers » (Simis, 1998, p. 13).
Marcelo Àlvarez y Nicolás Reyes (1998) estiment que « les actions approuvées [dans les différents
protocoles signés] s'inspirent d'une définition préservationniste et conservatrice de la culture, de
l'identité culturelle et d'une façon d'aborder l'intégration basée principalement sur les biens et les
institutions culturelles traditionnelles » (ibidem, p. 31-32).
Certains vont jusqu'à parler d'une « Mercosuridad », d'une « identité mercosurienne ». Mais la plupart des critiques soulignent le peu d'ancrage de ce discours dans la réalité socio-culturelle de chacun des pays. Le discours officiel valorise l'intégration mais en réalité, il y a de plus en plus de mesures qui restreignent le déplacement des personnes.
Que faut-il conclure de ces quelques considérations ? Premièrement, que la culture ne constitue pas
un secteur prioritaire pour le Mercosur. Deuxièmement, que des organismes ont tout de même été
créés pour coordonner les activités dans ce domaine. Troisièmement, que la conception de la culture
qui domine est relativement restreinte, limitée à la culture savante et au patrimoine. Quatrièmement,
que les discours sont nombreux mais les mesures adoptées sont souvent ambiguës, les moyens insuffisants et les actions concrètes trop rares.
11
2. La problématique de la diversité culturelle dans les États membres du Mercosur
Le budget limité de cette recherche a imposé certains choix. C'est pourquoi il ne sera pas question de
deux des quatre États membres du Mercosur, le Paraguay et l'Uruguay. Nous nous en sommes tenus
à un état de la situation dans les principaux pays du cône sud, le Brésil et l'Argentine, membres du
Mercosur, et le Chili, État associé au Mercosur, à cause de son importance commerciale pour le
Québec et le Canada. Le Chili et le Canada ont en effet signé une entente de libre-échange en 19975.
2.1 Le Brésil :
Rappelons, pour mémoire, que le Brésil a connu un coup d'état en 1964 et que la dictature militaire
s'est poursuivie jusqu'en 1985. Vingt-six années qui ont vu se succéder neuf gradés de l'armée à la
présidence de la République. Une nouvelle constitution a été adoptée en 1988 et l'élection du président au suffrage universel a été instaurée en 1989.
Quelques dates pertinentes à l'analyse de la régulation du système de communication au Brésil :
1962
Adoption du Code brésilien des télécommunications
Création de l'Association brésilienne des radiodiffuseurs et télédiffuseurs (ABERT),
dont le lobby a été déterminant dans l'adoption du code.
1967
Décret-loi du gouvernement militaire pour imposer des limites à la concentration et à la
propriété étrangère.
Création du ministère des Communications (MINICOM).
1985-1990 Gouvernement de transition de José Sarney.
1988
Adoption d'une nouvelle Constitution.
1990-1992 Gouvernement de Fernando Collor de Mello. Destruction d'importants instruments de
politique culturelle.
1991
Forum national pour la Démocratisation de l'information
1992-1995 Présidence d'Itamar Franco.
12
1995
Election de Fernando Henrique Cardoso, actuel président du Brésil
1995
Adoption de la loi sur la télévision par câble.
Création d'un Conseil de la Communication social mais qui n'a toujours pas été officiellement constitué jusqu'à présent.
1997
Adoption de la Loi générale des télécommunications.
Fragmentation et privatisation de TELEBRAS, monopole public des télécommunications.
Création de l'Agence nationale des télécommunications (ANATEL).
La Constitution Brésilienne de 1988 comporte un chapitre sur la communication sociale, dont il précise le rôle et l'importance dans la vie culturelle, éducative et artistique du pays. L'article 221 affirme que :
« La production et la programmation des émissions de radio et de télévision se conformeront aux
principes suivants :
I- priorité aux objectifs éducatifs, artistiques, culturels et informatifs;
II- promotion de la culture nationale et régionale et stimulation de la production indépendante qui favorise sa diffusion;
III- régionalisation de la production culturelle, artistique et journalistique, en conformité
avec les pourcentages établis par la loi;
IV- respect des valeurs éthiques et sociales de la personne et de la famille ».
Voilà un premier indice de l'importance que le Brésil attache à la promotion de la production et de la
diffusion culturelle.
La Constitution fixe également des exigences strictes pour assurer le contrôle brésilien du système
de radiodiffusion. L'article 222, qui porte sur la propriété des médias, prescrit que :
« La propriété d'une entreprise d'information et de radiodiffusion sonore et audiovisuelle est
5
Voir http://www.dfait-maeci.gc.ca/tna-nac/bilateral-f.asp
13
réservée aux Brésiliens de naissance ou naturalisés depuis plus de douze ans, qui seront imputables
de la responsabilité de son administration et de son orientation intellectuelle.
§ 1º La participation d'une personne juridique au capital social d'une entreprise d'information
ou de radiodiffusion est interdite, à l'exception d'un parti politique et de sociétés dont le
capital appartient exclusivement et nominalement à des Brésiliens.
§ 2º La participation mentionnée au paragraphe précédent consistera seulement en capital
sans droit de vote et ne pourra excéder trente pour cent du capital social ».
Les principaux acteurs du monde des communications au Brésil sont les suivants :
•
MINICOM (ministère des communications)
•
ANATEL (organisme de régulation des télécommunications)
•
ABERT (association des radiodiffuseurs)
•
ABTA (association des câblodistributeurs)
•
FITTEL (fédération des syndicats de travailleurs des télécoms)
•
Forum national pour la démocratisation de la communication
•
FENAJ (fédération nationale des journalistes)
•
TELEBRAS (ancien monopole public des télécoms, aujourd'hui démantelé et privatisé).
•
Les six groupes, pour la plupart familiaux, qui contrôlent les communications au Brésil :
•
Rede Globo
•
SBT (Système brésilien de télévision)
•
Record (seul groupe qui n'appartient pas à une famille mais au chef des Néo-Pentecôtistes)
•
Abril
•
Folha de São Paulo
•
Estado de São Paulo
À l'heure actuelle, le débat principal au Brésil concerne la participation du capital étranger dans le
secteur de la radiodiffusion. Pour l'instant, comme on l'a vu précédemment, la Constitution Brésilienne de 1988 l'interdit explicitement.
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Selon Bolaño, « l'intérêt du réseau Globo, dans le cas du Brésil, selon toute indication, est de manipuler la situation actuelle pour préserver la radiodiffusion de la concurrence étrangère et pour faciliter les alliances avec le capital étranger pour la télévision spécialisée et, surtout, pour le nouveau
marché de l'Internet. Ses concurrents, au contraire, se montrent intéressés à une ouverture du marché
qui leur donnerait accès à plus de capital pour faire face au leader. Celui-ci [le réseau Globo],
comme l'on sait, possède une puissance de feu beaucoup plus grande, tant dans le secteur politique
que dans le secteur économique » (Bolaño, p. 97).
Le président d'ANATEL considère que le processus croissant de fusion et de concentration est un
processus naturel et que la politique brésilienne doit préserver la compétitivité des entreprises nationales (Bolaño, p. 95).
Au Brésil, pour les esprits progressistes, la diversité se conjugue avec la démocratisation et la régionalisation. La production audiovisuelle est fortement concentrée à Rio et São Paulo et les cultures
d'origine africaine et autochtone ne reçoivent pas l'attention qu'elles méritent ni les moyens nécessaires à leur plein épanouissement.
Le manque de sanctions adéquates dans l'application de la réglementation et l'absence d'une politique industrielle pour le secteur audiovisuel constituent deux autres lacunes souvent relevées par les
analystes critiques.
Intérêt récent pour la diversité culturelle
Selon les analystes, la politique brésilienne a été marquée par un total désintérêt pour la régulation
des contenus et une absence de préoccupation pour la diversité culturelle, la régionalisation de la
production, etc. jusqu'à la parution, en août 2000, du Livre vert sur la société de l'information6, qui
propose en particulier de favoriser :
6
Sociedade da informação no Brasil, Livro verde, Ministério da Ciência e da Tecnologia, Brasília, 2000.
http://200.181.15.7/paginas_governo/8.htm
15
•
La promotion de la production de contenus et d'applications qui mettent l'accent sur l'identité
culturelle brésilienne et les sujets d'intérêt local et régional;
•
l'encouragement de projets de numérisation pour la préservation du patrimoine artistique, culturel, historique en science et technologie;
•
la promotion de projets de recherche et développement pour la production de technologies comportant des applications pertinentes pour la culture.
« Peut-être pour la première fois dans l'histoire récente des politiques de communication au Brésil,
le thème des contenus, celui de la diversité culturelle et celui de la problématique régionale ont été
posés de manière explicite dans un document d'envergure, soumis au débat public, afin de définir
une politique nationale de longue portée » (Bolaño, p. 102).
« En réalité, le chapitre sur les contenus et la diversité culturelle privilégie l'aspect national de
l'identité... » (Bolaño, p. 104).
Vu de l'Argentine cependant, le Brésil semble avoir une politique culturelle d'expansion beaucoup
plus articulée et dynamique. On en verra un indice dans l'importante augmentation du nombre
d'écoles de portugais et du nombre d'élèves qui en suivent les cours et dans la présence plus grande
d'artistes et d'auteurs brésiliens en Argentine. Selon Luis Fernando Panelli, conseiller culturel de
l'Ambassade du Brésil à Buenos Aires, « si le commerce est le combustible du Mercosur, la culture
en est le ciment » (Mastrini et alii, p. 36).
2.2 L'Argentine
Rappelons les grandes périodes qui ont scandé l'histoire politique de l'Argentine depuis la Deuxième
Guerre mondiale, essentielles à la compréhension du contexte d'évolution de la culture et des communications :
•
De 1946 à 1955, présidence de Juan Perón (le péronisme).
•
De 1973 à 1976, retour du péronisme.
•
De 1976 à 1983, dictature militaire.
16
•
De 1989 à 1999, le « ménémismo ». Application du modèle économique néo-libéral. « Inflation
zéro, violence infinie » (Mastrini et alii, p. 25). Dérégulation économique, réforme de l'État, application du plan Brady et du Consensus de Washington.
L'histoire de la radiodiffusion a quant à elle été marquée par les grands moments suivants :
•
1951, première émission de télévision. Création du canal 7, à l'initiative de l'État.
•
Entre 1960 et 1961, addition de trois nouvelles chaînes privées : 9-11-13, associées respectivement à NBC, ABC et CBS.
•
En 1973, au retour du péronisme, expropriation des chaînes privées. La dictature militaire les
conservera en son pouvoir.
•
En 1980, décret-loi de la dictature sur la radiodiffusion, encore en vigueur.
•
En 1989, Carlos Menem privatise les entreprises de service public. Création d'un duopole dans le
domaine des communications.
Actuellement, la scène médiatique est dominée par deux grands groupes multimédias :
•
Le Groupe Clarín, « incarnation du capital national » : quotidien Clarín, Télévision Canal 13,
Radio Mitre, Cable Multicanal, télécommunications CTI, télévision par satellite Direct TV.
•
Le Groupe CEI-TISA (Telefónica de España et Citibank, rachetée par H,M,T&F : télévision
sportive (TyC), télévision généraliste (canal 9), Editorial Atlántida (canal 11), Radio Continental
et FM Hit, Cablevision TCI.
En l'an 2000, deux changements de taille : la division des actifs entre Telefónica et H,M,T&F et la
vente de 18 % des actions de Clarín à la banque Goldman Sachs pour 500 millions de dollars.
Il faut se rappeler que l'Argentine possède le réseau de câblodistribution le plus développé d'Amérique latine.
Le cinéma argentin a connu son âge d'or entre 1945 et 1955. Il amorce par la suite un long déclin.
En 1994, l'Argentine adopte une nouvelle loi sur le cinéma, qui prévoit la création de l'Institut national du cinéma et des arts audiovisuels (INCAA), lequel administre le Fond d'aide cinématographi-
17
que. Ce dernier a disposé d'un budget de 35 millions de dollars en 1996. Depuis quelques années, le
cinéma argentin connaît du succès dans les concours internationaux mais il manque d'un public national important.
L'industrie du livre a connu un sort semblable à l'industrie cinématographique. Durant la première
moitié du siècle, l'industrie argentine a dominé l'édition en langue espagnole. La décadence générale
de l'économie et l'absence de mesure de protection ont entraîné le déclin de l'industrie du livre, dont
le leadership est passé à l'Espagne et au Mexique.
La diversité culturelle en Argentine
La problématique de la diversité culturelle en Argentine est traversée par la construction même de
l'État-nation. Selon Rita Segato, « la nation s'est construite en se posant comme la grande antagoniste des minorités » (Mastrini et alii, p. 103). La génération de 1880 a favorisé l'immigration européenne et son installation sur les terres indiennes en poursuivant une œuvre éducative et civilisatrice.
Cette politique a conduit à la suppression de la diversité.
En Argentine, selon la même auteure, « les identités politiques dérivent d'une fracture initiale entre
le port/capitale et la province/intérieur » (Ibidem, p. 106). La construction de l'État-nation argentin
s'est fondée sur une négation de la diversité indigène par la conduite d'un projet "civilisateur" prétendant éliminer la barbarie.
L'immigration intérieure, consécutive à l'industrialisation du pays à partir du milieu des années 40,
n'a pas été valorisée comme le fut l'immigration européenne de la fin du XIXe et du début du XXe
siècles. L'utilisation, pour la désigner, de qualificatifs péjoratifs comme « alluvion zoologique » et «
petites têtes noires » en témoignent. Certains analystes expliquent l'avènement du péronisme, en
rapport avec cette immigration intérieure, comme une tentative d'intégration étatique des « petites
têtes noires ».
L'immigration des dernières années se distingue encore des vagues précédentes. Elle est surtout latino-américaine, en provenance des pays voisins et du Pérou. On assiste parallèlement à des expres-
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sions de nationalisme, d'intolérance, de racisme, surtout dans les zones frontalières. De tels phénomènes relativisent les affirmations concernant l'intégration mercosurienne.
Selon les chercheurs argentins qui ont participé à la présente étude, « l'Argentine possède une tradition d'élimination de la diversité » (Mastrini et alii, p. 116).
Les instances académiques qui s'intéressent à la problématique de la diversité en Argentine sont les
suivantes :
•
Le Centre d'Études légales et sociales (CELS)
•
L'Institut de développement économique et social (IDES)
•
Le Centre des études migratoires latino-américaines (CEMLA)
•
Le Centre national d'Études sur l'immigration
2.3 Le Chili
Le Chili poursuit une politique qui donne priorité au marché, y compris dans les secteurs de la
culture et de la communication. L'intervention de l'État y est minimale.
Il y a même absence de restrictions sur la propriété des médias.
Dans les années 1930 à 1970, le Chili, comme la plupart des pays d'Amérique latine, a adopté une
politique de substitution des importations. De 1970 à 1973, le gouvernement socialiste de Salvador
Allende tente d'apporter d'importants changements dans tous les domaines de la vie. Dans le secteur
des médias, il accordera une grande importance à la télévision publique. En ce qui concerne la
culture, il élaborera un programme d'accession à la culture (d'élite).
De 1973 à 1990, c'est la dictature militaire d'Augusto Pinochet. Le néo-libéralisme de l'École de
Chicago et le conservatisme catholique triomphent mais provoquent une forte division du pays. La
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plupart des médias s'alignent sur le discours officiel. Il faudra attendre 1987 pour qu'apparaissent
quelques journaux et radio alternatifs.
À partir de 1990, s'amorce le programme de restauration démocratique. Les gouvernements qui se
succèdent au cours de la décennie sont de centre-gauche. On compte sur le marché pour la création
de la richesse et sur des politiques publiques pour favoriser l'égalité sociale. Le premier principe qui
guide la politique de communication du gouvernement est le respect de la liberté d'expression.
Le financement des médias repose entièrement sur la publicité, y compris la télévision nationale du
Chili. Le gouvernement n'y contribue qu'indirectement par son plan de publicité de biens publics et
de marketing social.
Industries culturelles au Chili
Il y a absence de consensus pour l'élaboration d'une politique culturelle. Mais on en discute actuellement à l'intérieur du nouveau gouvernement du socialiste Ricardo Lagos.
La principale institution publique d'aide à la culture est le Fond de développement des arts et de la
culture (FONDART), créé en 1992, qui dépend du ministère de l'éducation. Jusqu'en l'an 2000, le
Fond a financé 3,626 projets, pour un montant total de plus de 25 millions de dollars américains.
Suivent quelques informations pertinentes à la compréhension à la situation des diverses industries
culturelles du Chili.
Industrie télévisuelle
Les premières tranmissions expérimentales de télévision ont lieu dans les années 50.
1962
Mondial de football au Chili.
Attribution des chaînes aux principales universités du pays.
1970
Première loi sur la télévision.
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Création de la Télévision nationale du Chili.
Création du Conseil national de la télévision (organisme de régulation, composé de 11
membres, nommés pour 8 ans).
1975
Suspension de l'aide publique à la télévision nationale.
1989
Nouvelle loi sur la télévision. Ouverture à la télévision privée. Absence de restrictions sur
la propriété.
Industrie du livre
Au Chili, le livre ne bénéficie d'aucune réduction de taxes. La taxe de vente est de 18 %.
Le Conseil national du livre et de la lecture est un organisme autonome, chargé de la distribution de
l'aide du Fond national de développement du livre et de la lecture. Il agit également comme conseil
auprès du ministre de l'éducation dans l'élaboration des politiques dans le domaine. De 1993 à 2000,
il a distribué 12 millions 500 mille dollars à divers programmes : bibliothèques, encouragement à la
lecture, concours d'auteurs, aide à l'édition, etc.
Industrie de la musique
L'Unité de musique dépend de la Division de la culture du ministère de l'Éducation. Elle a pour rôle
d'améliorer les conditions de développement de l'activité musicale au Chili.
Une loi est en préparation. Domaine moins organisé et aidé que le livre et le cinéma.
Industrie du cinéma
Existence d'un fond de crédit pour le secteur.
La Section du cinéma et des arts audiovisuels de la Division de la Culture du ministère de l'éducation a pour responsabilité l'élaboration de politiques appropriées. Diverses activités comme des ate-
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liers, des concours, un programme d'aide au long métrage, en collaboration avec le le CORFO, corporation d'aide aux initiatives privées.
Télécommunications et société de l'information
Le Chili a privatisé son système de télécommunications dans les années 80, avec comme obligation
faite aux opérateurs de procéder à la numérisation du système, laquelle est pratiquement complétée.
En 1998, création de la Commission présidentielle "Nouvelles technologies de l'information et de la
communication" dont le rapport a été publié en 1999. Création de la Commission de l'infrastructure
nationale de l'information.
En 2000, 90 % des étudiants du Chili comptent sur une salle informatique reliée à l'Internet.
Participation au Mercosur
Le Chili est membre associé depuis 1996 mais il ne participe pas aux accords culturels.
Conclusion
La culture n'est pas absente des accords du Mercosur. Mais elle y a fait son entrée assez tardivement,
avec la signature du protocole d'Intégration culturelle du Mercosur en 1996. L'objectif principal
semble être de favoriser une intégration culturelle entre les pays membres par l'échange d'artistes,
d'écrivains et d'activités culturelles. Mais les ressources qui y sont allouées sont plutôt modestes et
restreintes à la culture d'élite ainsi qu'au patrimoine.
La diversité culturelle à l'échelle mondiale ne semble pas faire partie des préoccupations immédiates
des instances du Mercosur. À peine ont-elles formulé le pieux souhait que la diversité puisse s'exprimer dans l'échange des produits culturels dans le cadre de l'Organisation Mondiale du Commerce.
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Dans chacun des trois pays étudiés, les questions relatives à l'identité et à la diversité culturelles sont
abordées de manière relativement différentes. Elles semblent pratiquement absentes du débat public
au Chili. C'est sans doute celui des trois pays considérés où cette problématique est la moins développée.
En Argentine, ces questions évoquent un problème intérieur lié à la construction de l'identité nationale par un processus de valorisation de l'immigration européenne et un refus de reconnaissance de
la diversité des peuples autochtones.
Soulignons qu'au Chili comme en Argentine, les capitaux étrangers sont très présents dans les secteurs des médias et des télécommunications. Les règles à cet égard sont des plus libérales.
Le Brésil apparaît comme le pays du Cône sud qui accorde le plus d'importance aux activités culturelles. Son ouverture à la problématique de la diversité culturelle est sans doute récente (voir le Livre vert sur la société de l'information, publié en août 2000) mais sa stratégie de présence et de promotion sur la scène internationale manifeste beaucoup de dynamisme depuis quelques années. Elle
est particulièrement sensible en Argentine.
Le secteur brésilien des communications a été privatisé, libéralisé et s'ouvre aux capitaux étrangers.
Celui de la radiodiffusion reste cependant entre les mains d'intérêts brésiliens, en vertu de dispositions constitutionnelles adoptées en 1988. Mais la situation pourrait changer bientôt puisque la possibilité d'une ouverture est actuellement très discutée. Par ailleurs, le Brésil est de plus en plus conscient de son originalité et de sa forme en matière de culture. Il en résulte une certaine assurance face
à l'hégémonie américaine (la programmation télévisuelle est très brésilienne) et une volonté d'affirmation sur les scènes sud-américaine et mondiale.

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