Marine Le Pen : « Oui, c`est une rupture »
Transcription
Marine Le Pen : « Oui, c`est une rupture »
Marine Le Pen : « Oui, c’est une rupture » LE FIGARO. - Peut-on parler de rupture au Front national ? Marine LE PEN. - On peut utiliser ce terme. D’autres brouilles se sont soldées par des réconciliations… Je me trouve obligée, dans l’intérêt de mon pays, de prendre une décision difficile qui met en cause des liens filiaux. Mais le Front national est le seul outil d’espérance pour la France. Personne ne peut l’affaiblir et je ne laisserai personne le faire. En tout cas, pas tant que je serai présidente. Pourquoi ? L’enjeu est trop important. Je ne parle pas du Front national mais de l’outil. On ne peut pas le casser. Il représente une espérance pour des millions de Français qui attendent un changement politique pour le pays. Considérez-vous que Jean-Marie Le Pen « casse » le Front national dont il est le fondateur ? Oui. C’est la stratégie de la terre brûlée que j’évoque dans mon communiqué. Ses provocations ne lui ressemblent-elles pas ? Non, rien ne lui ressemble dans tout ce qu’il fait. Ses propos sur les Français d’origine étrangère ne ressemblent pas à son parcours d’officier de la Légion étrangère. L’article de Rivarol ne correspond pas aux statuts du Front national rédigés de la main de Jean-Marie Le Pen. Son investissement, à 16 ans, et sa tentative pour entrer dans la Résistance ne ressemblent pas à ses propos sur Pétain. Même ses mots sur Chevènement ne ressemblent pas aux Lettres françaises ouvertes, écrites au moment des européennes de 1999 et adressées à tous ceux qu’il croyait prêts à participer à la défense de la nation, d’Alain Delon à MarieFrance Garaud, Charles Pasqua et Jean-Pierre Chevènement. Non, vraiment, rien ne lui ressemble. Quelles sont ses intentions ? Je ne sais pas. Je me perds en conjectures. Votre père a souvent tout sacrifié pour le FN, y compris certaines relations familiales. N’avez-vous pas le sentiment de reproduire une situation dont vous avez par ailleurs souffert ? Cela contribue à cette incompréhension partagée par beaucoup de camarades de combat qui, pendant des décennies, se sont battus à ses côtés. C’est une attitude quasi suicidaire. Incompréhensible. Que lui avez-vous dit dans votre bureau ? Je lui ai fait part de mon incompréhension face à la multiplication récidiviste de ses provocations qui, évidemment, nuisent au Front national. Je lui ai dit aussi que je ne soutiendrai pas sa candidature aux régionales en Paca. Le reste de notre échange n’a pas à être connu. Quelle sera sa réaction ? Toutes les options sont envisageables. Pourrait-il partir seul aux régionales sans l’investiture du parti ? Ce sont des choses qui arrivent. Il y aurait alors un candidat du Front et un candidat dissident. Marion Maréchal-Le Pen ne risque-t-elle pas de refuser une concurrence avec son grand-père ? Peut-être. Dans ce cas, quelqu’un d’autre le fera. Les gens de qualité ne manquent pas. Une fois encore : le Front national ne peut pas être pris en otage. Mettez-vous l’âge de votre père dans la balance ? Je n’ai pas le droit de le faire. Moi, j’assume mes responsabilités. Quand on dirige un mouvement politique on n’a pas à faire entrer en ligne de compte des éléments personnels car les dégâts politiques, eux, sont bien là. On ne peut pas faire régner l’autorité et imposer une discipline à tous, sauf au président d’honneur. Sinon, c’est l’anarchie, le chaos et la contradiction. Le bureau politique va donc se réunir et déterminer les moyens pour préserver les intérêts du parti, sa ligne politique et ses statuts. Le vote du bureau politique se fera-t-il à main levée ou à bulletins secrets ? Ce bureau politique se tiendra sous la forme d’une commission d’investitures. Je respecterai les règles statutaires. Mais je ne pense pas que cela changera grandchose. Je note que Jean-Marie Le Pen a toujours préféré le vote à main levée. Quand on a la volonté de diriger un pays, on ne vote pas à bulletins secrets. Affronter cette situation n’est pas facile, mais diriger la France ne l’est pas non plus.