1 De la Gestion Différenciée au Développement Durable
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1 De la Gestion Différenciée au Développement Durable
DE LA GESTION DIFFERENCIEE AU DEVELOPPEMENT DURABLE Carole DARTENCET / Thierry CHARMARTY Conseil Général de la Dordogne Service Espaces Verts 1 Qu’est-ce que la Gestion Différenciée ? Une méthode éprouvée depuis plus de vingt ans dans de nombreuses villes Des techniques plus écologiques expérimentées et validées par de nombreux professionnels Un entretien adapté à chaque espace selon sa vocation et son utilisation. Des aménagements conçus en adéquation avec les ressources du site. Une biodiversité préservée et valorisée. Quels avantages apporte la Gestion Différenciée ? Faire face à la législation de plus en plus contraignante des produits phytosanitaires. Anticiper l’interdiction à plus ou moins court terme des produits phytosanitaires pour mieux préparer le changement de pratiques auprès des usagers et des agents. Redéployer les tâches des jardiniers pour faciliter l’absorption de nouvelles surfaces vertes. Idées reçues sur la Gestion Différenciée : La Gestion Différenciée ne propose pas de : laisser pousser les mauvaises herbes et ne plus entretenir. Mais faire des choix d’entretien en fonction des usages et de la fréquentation des sites. d'avoir des espaces verts sales et abandonnés. Mais de repenser les lieux pour adapter au mieux l’aménagement à son utilisation réelle. d'appauvrir le fleurissement. Mais préserver les ressources et diversifier les effets visuels en utilisant davantage les vivaces et les plantes à bulbes pour enrichir la palette végétale Jardin de prestige Le jardinier maîtrise l’espace, lieu de création, d’expression et d’imagination Entretien intensif Jardin Naturel Le jardinier observe et accompagne la nature Entretien extensif 5 Les objectifs 1 / Proposer un palette de paysages et de milieux aux usagers en variant les formes paysagères, depuis les jardins jusqu’aux espaces champêtres et sauvages. Sont ainsi valorisés les haies bocagères, les prairies humides, les mares, les bois , etc,.. 2/ Stopper progressivement toutes les nuisances environnementales entraînées par une gestion horticole intensive notamment diminuer voir supprimer la pollution par les produits de traitement, notamment les pesticides, et pratiquer une gestion extensive dans la mesure du nécessaire 3 / Rechercher un mode de gestion économe des ressources naturelles comme l’eau, l’énergie, le sols, et le recyclage des déchets de toutes origines. 4 / Préserver et enrichir les espaces naturels et favoriser les espèces indigènes, pour favoriser une diversité adaptée. 10 ha de Parcs et jardins 1000 ha d’espaces naturels 10 000 arbres d’alignement 4 centres de Vacances 38 collèges 17 km de voie verte Parc matériel de 250 machines 250 m² de serre 1 équipe de techniciens 50 jardiniers 10 apprentis 8 Comment mettre en place la Gestion Différenciée ? > Classification appropriée des espaces selon leur situation, leur taille, leur image, leur intérêt écologique, leur usage ainsi que l'attente sociale qu'ils suscitent. Cette classification permet de définir les objectifs de gestion pour chaque site, avec en face l'évaluation des moyens nécessaires et disponibles affectés à l'entretien (moyens humains, matériels, financiers, etc.), en privilégiant des actions qui soient respectueuses de l'environnement et qui favorisent l'embellissement du cadre de vie et des paysages. Il serait toutefois réducteur de limiter les choix d’entretien des espaces verts à leurs seuls aspects techniques et économiques. L’élargissement des missions démontre une implication de plus en plus forte des services concernés dans le domaine social comme dans le domaine culturel. La gestion différenciée ou optimisée des espaces verts s’inscrit ainsi dans la logique du développement durable selon 4 axes majeurs : l’environnement le social l’économique le culturel 13 > ENJEU ENVIRONNEMENTAL OU ECOLOGIQUE Préserver et enrichir la biodiversité : A une époque où un certain nombre d’espèces disparaissent ou sont menacées, l’intérêt de préserver et d’enrichir la biodiversité de la faune et de la flore parait essentiel. L’exemple des continuités végétales à travers le tissu urbain est édifiant : les réseaux verts constituent de véritables << corridors >>, permettant à la nature de pénétrer au cœur de la ville tout en facilitant l’échange et la préservation du patrimoine génétique végétal et animal. Reliés entre eux, des espaces peu intéressants prennent une véritable << valeur ajoutée écologique >>. > TRAME VERTE > TRAME BLEUE 14 Sur les Routes Départementales 4500 hectares de Dépendances vertes Routières 15 Abris à insectes Une généralisation sur l’ensemble des parcs et jardins du département 16 Prairie ou jachère fleurie. Que ce soit pour les abeilles, les papillons ou les couleurs………. Un fauchage par an contre 10 tontes auparavant Verger conservatoire avec préparation d’une futur prairie mellifère Attention : Seule les espèces indigènes sont acceptées Le jardinier observe et prend des initiatives. Des chemins se dessinent de façon aléatoire pour relier des zones de repos et permettre la découverte du site. PREPARATION DU SOL : L’ENJEU AGRONOMIQUE PRESERVER ET ENRICHIR LES MILIEUX SANS LES MODIFIER PRESERVER L’EQUILIBRE NATUREL Gérer les ressources naturelles : > l’eau Dans les années 70, le développement des surfaces gazonnées et la généralisation des systèmes d’arrosage intégrés ont augmenté de manière significative les consommations d’eau des services espaces verts. Comme toute ressource naturelle, qu’elle soit issue de la nappe phréatique ou des cours d’eau, l’eau doit être utilisée sans gaspillage. Les avancées technologiques de ces dernières années permettent d’optimiser les apports d’eau et de réaliser des économies très importantes, notamment grâce à la gestion centralisée de l’arrosage (arrosage de nuit, sondes hygrométriques...). 22 Récupération de l’eau de pluie Sensibiliser les enfants lors de la réalisation de jardins écoles 23 Privilégier les Arbustes et plantes vivaces pour le fleurissement Economie d’eau Economie de main d’œuvre Intérêt toute l’année Intégrer un arrosage par diffusion Systématiser les paillis (copeaux de bois, chanvre, coquilles de noix,) pour limiter l’évaporation 24 Limiter l’emploi des bacs et suspensions 25 Pour les gazons de prestige nécessitant l’irrigation > Privilégier l’arrosage intégré automatique avec sonde hygrométrique, pluviomètre relié à un calcul ETP > Consommation d’eau divisée par deux par rapport à un arrosage manuel > les déchets verts Autrefois brûlés ou mis en décharge, les déchets verts représentent un gisement de matières végétales intéressant, transformable en compost. Traité, ce compost peut suffire à couvrir les besoins en amendements organiques pour la création ou l’entretien des espaces verts à une époque où la France importe la plupart des amendements organiques qui lui sont nécessaires. Réfléchir aux moyens de les réduire ou les recycler in situ fait partie intégrante des missions des services espaces verts. « Le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas » 27 Quelques exemples pour limiter les déchets: > LES DECHETS DE TONTE > LES DECHETS LIGNEUX > LES ACHATS ECO-RESPONSABLES > LES DECHETS DE TONTE Le choix de la semence est primordiale. Elle doit être adaptée au climat, au sol, à l'exposition mais aussi à croissance limitée, ce qui réduit le nombre de tonte. > LES DECHETS DE TONTE Le ramassage du gazon qui se limite à des espaces précis et restreints (5 sites sur le Département). La tonte "mulching" qui se généralise et permet de retraiter les déchets sur place : (Gain de temps à la tonte, pas de transport de déchets, du matériel moins encombrant). > LES DECHETS DE TONTE Broyage ou pâturage ou fenaison des prairies 1 fois/an Favorise la biodiversité, Valorise le déchet En 2012, 35 hectares ont été exploités par des agriculteurs par conventions LES DECHETS LIGNEUX Le choix des essences tient compte du développement du végétal (arbres/arbustes) ce qui minimise les interventions de taille et donc les déchets. Les agents de travaux sont formés à la taille raisonnée (mieux tailler/moins tailler). LES DECHETS LIGNEUX Le mur végétal est banni. LES DECHETS LIGNEUX Le bois non valorisable en bois d'œuvre (ex. abattage d'arbres malades, tronc noueux, bois souillé) est stocké puis broyé en plaquettes par un prestataire. (Plan Bois Energie) LES DECHETS LIGNEUX Tous les déchets de tailles inférieurs à 10 cm de diamètre sont broyés ce qui réduit le volume/10. - réduction du coût de transport, - gain de productivité sur chantier, - revalorisation des déchets immédiatement. Les broyats sont utilisés en paillage sur plantation après stockage ou réemploi immédiat. Plusieurs avantages du paillage : > Limite la pousse des adventices, > Limite l'évaporation donc l'irrigation, > Améliore les qualités physio chimiques du sol, > Participe au bon développement et au bon état sanitaire des végétaux LES DECHETS LIGNEUX Le recyclage sur site Limite le transport et permet un réutilisation in situ LES DECHETS LIGNEUX Plateforme de compostage pour les grandes quantités : > Revalorisation des déchets pour l’ensemble de nos sites > Connaissance de la provenance des déchets 37 LES ACHATS ECO-RESPONSABLE Toile de paillage biodégradable qui remplace les toiles en polyéthylène et toiles tissées. Godets biodégradables ou privilégier les plantations en racines nues ou en mottes pour ne plus utiliser de contenants PVC. Utiliser dans les aménagements des matériaux locaux et recyclables comme le bois (Robinier, Douglas, Châtaignier) qui seront broyés puis compostés en fin de vie. Limiter les pollutions : Une remise en question des pratiques, être à l’écoute des changements et oser modifier son organisation de travail s’avère indispensable pour ne plus parler de « phyto »,engrais et autre produits chimiques. Les services espaces verts restent attentifs à la recherche de solutions alternatives aux intrants et traitements chimiques : - Binage, sarclage, ….. - Protection Biologique Intégrée (traitements préventifs, pièges à phéromones) - Pratiques culturales de compensation (mulch, plantation de vivaces, BRF) - Choix de végétaux adaptés au climat non sensibles aux maladies - Désherbage thermique, manuel, mécanique, etc… aux nuisances sonores : - Matériel espaces verts électroportatif 39 Plantes invasives Une espèce invasive est importée d'autres pays souvent d'Asie, Afrique ou Amérique. Une fois plantée en France, si les conditions lui conviennent elle va se développer et prendre la place des plantes locales. Les plantes invasives sont très résistantes et difficiles à détruire. 40 Préconisations Recensements des zones ou sont présentes ces espèces. Cartographie pour un suivi de l’évolution Transmission des informations au service de protection des végétaux. Mise en place de mesures visant à contenir la progression de ces espèces. 41 Renouée du Japon : Fallopia Japonica 42 Ambroisie à feuilles d’armoise > ENJEU ECONOMIQUE La connaissance des surfaces à entretenir et la définition des interventions a y pratiquer a permis : L’optimisation des moyens humains, matériels et financiers, essentielle pour faire face à l’évolution des surfaces et aux restrictions de main d’œuvre et budgétaire. La Mécanisation : Le matériel est : mieux dimensionné. professionnel mutualisé pour limiter l’inactivité de certaines machines appel à des prestataires (agriculteurs, etc…) La conception de certains espaces a été par ailleurs simplifiée afin de mécaniser au mieux l’entretien. (exemple : Eliminer les bordures saillantes) 46 Maîtrise des temps de travaux : La définition de ratios d’entretien par type de site, par tâche… constitue autant d’informations essentielles pour analyser l’activité d’un service et en tirer d’éventuels enseignements sur les modes d’organisation, les choix de matériels, d’équipements, etc… Un logiciel de suivi d’activité permet d’évaluer si le matériel et la main d’œuvre affectés à un site sont bien en rapport avec le résultat attendu. 47 Maîtrise des coûts de fournitures : La maîtrise des coûts de fournitures est également devenue une priorité pour continuer à assumer l’entretien des espaces verts malgré les budgets de fonctionnement bloqués, voire réduits : le contrôle de l’utilisation de l’eau, des produits, des carburants et la recherche d’économies de consommations par des démarches « qualité » permettent de réduire sensiblement les dépenses de fonctionnement. - Groupement des commandes de fournitures courantes - Choix de produits locaux - Gestion de stock rigoureuse 48 > ENJEU SOCIAL Actions sociales ou éducatives : JOURNEE NATURE JARDIN ECOLE ACCUEIL DES PMR 49 > ENJEU CULTUREL La dimension culturelle de l’entretien des espaces verts englobe la conservation et la valorisation du patrimoine qu’il soit végétal (les collections, la diversité des espèces végétales) ou historique (conserver ou restaurer les jardins botaniques, protéger les arbres remarquables), tout en veillant à la maîtrise et à la transmission du savoir-faire et de l’art du jardinier (tradition et modernité). Jardin des châteaux de Bourdeilles Jardin Ephémère à l’ECFM 50 COMMUNICATION 51 FORMATIONS Fleurissement par les vivaces Entretien des vivaces Taille raisonnée des arbres et arbustes Gestion de l’irrigation Connaissance de la flore spontanée Gestion des gazons et développement durable Gestion des ripisylves Gestion des plantes invasives Management, Communication, Savoir être, etc… Hygiène et Sécurité (CACES, permis, habilitations, etc…) 56 CONCLUSION De plus en plus conscient de la fragilité de l’environnement, le public est aujourd’hui prêt à admettre des pratiques d’entretien différentes si elles sont expliquées et motivées. On peut résumer la gestion différenciée : - A du bon sens Beaucoup de communication Concertation De l’énergie positive 58 Et surtout des jardiniers motivés et volontaires malgré l’ampleur de la tâche MERCI