B. Activités artistiques : la Renaissance.

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B. Activités artistiques : la Renaissance.
B. Activités artistiques : la Renaissance.
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La Renaissance est un mouvement artistique caractérisé par un renouveau de tous les arts
et par la référence systématique à l’Antiquité classique, c’est-à-dire gréco-romaine. Elle prend son
essor à Florence au début du XVe siècle puis concerne toute l’Italie, pour se communiquer, au XVIe
siècle, à toute l’Europe.
1. Contexte historique.
La Renaissance s’épanouit d’abord et principalement dans le cadre des républiques
italiennes indépendantes et enrichies par le grand commerce maritime international. Elle est
fortement influencée, on l’a vu, par le courant humaniste (affirmation de l’individu, admiration pour
l’homme, recours systématique à la raison, retour à l’Antiquité), dont elle constitue en quelque sorte le
prolongement, ou l’expression artistique. Les artistes sont favorisés par l’important mécénat des
villes, des princes et des papes ; ils cessent d’être des artisans anonymes pour devenir des
personnalités célèbres, des princes de l’esprit, dont on recherche et conserve les oeuvres (premiers
musées).
2. Architecture et décoration intérieure.
A côté des églises, c’est à présent l’architecture civile qui prédomine : hôtels urbains
des seigneurs et grands hommes d’affaires, hôtels de ville, places publiques, villas à la campagne avec
leurs jardins géométriques.
a) L’architecture Renaissance se caractérise avant tout par le retour à l’Antiquité
gréco-romaine : son riche répertoire (surtout romain, le mieux connu et le plus opulent) est la
principale source d’inspiration, d’abord limité au décor pour s’étendre ensuite à la structure même des
édifices : frontons, colonnes, ordres, arc en plein cintre, dômes, frises, portiques, arcs de triomphe,
etc. ; extension principalement horizontale des édifices, ramenés à des hauteurs plus humaines.
Dans la ligne de leurs prédécesseurs antiques, les architectes de la Renaissance, refusant les plans
enchevêtrés et la complexité du gothique finissant, sont à la recherche d’une sorte de perfection
faite de beauté formelle idéale et d’harmonie. Ils élaborent des plans audacieux mais rationnels,
fondés sur une recherche mathématique en plein essor. Ils ont le goût des formes simples (plan carré
ou circulaire), des volumes clairs, des surfaces nettes, des compositions sobres.
b) La décoration intérieure se signale par une variété accrue ainsi que par la recherche
d’opulence et de confort.. Le mobilier (coffres peints, tables, bahuts, armoires) s’inspire des formes
architecturales empruntées à l’Antiquité et s’enrichit (notamment par la marqueterie ou des
incrustations diverses) ; la céramique (vases, carrelages) est en plein essor, de même que les arts du
métal (services d’apparat pour la table, lanternes en fer forgé, médaillons).
3. Sculpture et peinture.
Ces deux expressions artistiques atteignent enfin à l’autonomie complète par rapport à
l’architecture, c’est-à-dire que désormais le tableau ou la statue prend une valeur en soi,
indépendamment de son environnement ; il n’est plus un simple décor, une forme d’art
complémentaire de l’architecture. Elles sont marquées par une plastique nouvelle, plus souple et
inspirée du naturalisme idéalisant de l’Antiquité classique.
Deux caractères principaux :
a) Conquête du réel.
Tournant le dos aux compositions raides, superficielles et maniérées du gothique
international, poussés par une curiosité insatiable vis-à-vis de l’homme et de l’univers, appuyés sur
d’inlassables travaux de recherche mathématique et scientifique, peintres et sculpteurs (de bas-reliefs
notamment) se rapprochent de la nature (anatomie, modelé, proportions, etc.) et surtout font la
redécouverte de la troisième dimension (perspective). Cette conquête de la profondeur est un des
apports les plus importants de la Renaissance. Parallèlement à ces recherches, les artistes acquièrent un
véritable sens de la composition qui confère à leurs oeuvres un ordre et une harmonie dignes du
classicisme antique.
b) Triomphe de l’homme, perçu comme mesure de l’univers et principal centre
d’intérêt (anthropocentrisme, humanisme).
Il se manifeste notamment dans l’intérêt pour la destinée humaine (la vie et la
mort) et dans l’essor du portrait. Le corps humain s’affiche avec fierté et sans complexe. Aux formes
grêles et chétives souvent rencontrées au Moyen Age, la Renaissance substitue des corps puissants,
aux muscles saillants et à l’allure noble, parfois présentés dans une nudité inconcevable à la période
précédente ; la draperie à l’antique remplace les vêtements raides et permet à l’artiste de faire ressortir
la beauté du corps.
La nouvelle vision de l’humanité va même affecter les sujets religieux, dans un sens
bien éloigné de l’approche méditative en honneur au Moyen Age : envisagés eux aussi dans une
perspective de beauté formelle et de curiosité scientifique, ils se caractériseront par une humanisation
quasi profane, voire païenne : le Christ et les saints sont présentés comme des athlètes antiques, et
leur visage ne reflète aucune souffrance. Bien souvent, la volonté de donner aux personnages et à leur
environnement une présence plus vraie, plus vivante va faire perdre à la scène représentée tout
caractère sacré. Le fond d'or hérité de l'art byzantin fait place à un paysage ou à des détails d'intérieur
qui suscitent plus la curiosité et l'admiration que la dévotion. La ferveur religieuse des siècles
antérieurs a dès lors le plus souvent disparu. Certes, les sujets religieux restent nombreux, mais la
laïcisation de la société et la redécouverte du monde antique ont engendré un grand engouement pour
les représentations profanes ou mythologiques.
Ainsi, la tendance à l’humanisation que nous avons déjà relevée dans l’art gothique
s'accentue encore. Cependant le parti pris d'idéalisation se manifeste toujours, mais à présent il
s'attache bien davantage à exprimer la beauté formelle du corps humain et le tempérament (perspective
anthropocentrique) plutôt que de traduire la vie intérieure et le caractère sacré des personnages
(perspective théocentrique).
* Relevez de façon explicative les principales analogies entre le mouvement artistique (Renaissance)
et le courant intellectuel (humanisme) au début des Temps modernes.
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APPENDICE : Comparaison entre la peinture de la Renaissance italienne et celle des Primitifs
flamands (Siècle de Bourgogne dans nos régions).
Pour bien mesurer la spécificité de la Renaissance italienne dans le domaine de la peinture, il est utile
de la comparer à celle que l'on observe dans nos régions au XVe siècle.
- La référence à l'Antiquité (monuments, décoration intérieure, décor des scènes
religieuses) est quasi omniprésente chez les artistes italiens pétris d'humanisme, en quête de
représentations idéales et d'un retour aux sources ; elle n'apparaîtra chez nous qu'au siècle suivant. Les
Primitifs flamands l'ignorent encore et préfèrent un décor reflétant la réalité de leur région et de leur
temps - et ceci conformément à la démarche religieuse du Moyen Age finissant, qui cherche à associer
le fidèle à la scène représentée en la lui rendant familière. A l'approche idéalisante, historicisante et
plus profane des Italiens s'oppose la démarche plus spirituelle et méditative des Flamands.
- Dans les Etats italiens, très en avance sur le plan de la civilisation, des sciences
(mathématique et anatomie en particulier) et de la culture intellectuelle en général, les artistes, souvent
humanistes eux-mêmes, s'adressent à une clientèle fort cultivée (aristocratie, haute bourgeoisie, haut
clergé), tandis que nos peintres ont une clientèle surtout bourgeoise et marchande pour laquelle, le plus
souvent, les chiffres comptent plus que les lettres.
- Une autre différence s'explique par les origines de la peinture sur chevalet : ses
antécédents, en Italie, sont à chercher dans la mosaïque ou la fresque monumentale, alors que chez
nous le point de départ est la miniature. Ceci, lié au tempérament flamand, réaliste et expressif,
conduira les artistes à rechercher la vérité sur base d'une observation aiguë du réel (démarche
empirique). A l'opposé, les Italiens, à la recherche d'une beauté idéale, travaillent les formes et la
composition sur base d'études mathématiques et géométriques (démarche intellectuelle).
- Cette constatation se retrouvera au niveau du spectateur : la peinture italienne s'adresse
plutôt à notre esprit. alors que celle de nos régions fait appel à notre sensibilité, à notre coeur.
- La même différence d'approche du réel aura pour conséquence chez les Italiens une
vision dynamique, attachée à rendre le rythme et le mouvement. A l'opposé, les Flamands livrent une
vision statique du réel, résultat d'une mentalité plus grave et d'un tempérament moins exubérant, ainsi
que d'un esprit contemplatif conforme à la religiosité médiévale : cela donnera souvent des visages
impassibles, des attitudes raides, des gestes souvent lourds, mécaniques et maladroits. Il faut dire que
leur imagination était moins sollicitée qu'en Italie par les mouvements du corps humain. Dans les
cours et les villes de la péninsule, on s'adonnait à la culture physique et l'on avait le souci d'une
démarche élégante. Dans les villes nordiques, au sein d'une société indiscutablement moins raffinée,
les corps étaient souvent alourdis par des vêtements faits d'étoffe de laine presque feutrée, aux plis
lourds et cassants ; ils s'en trouvaient raidis. Ex.: Adam et Eve, thème traité respectivement par
Masaccio et par van Eyck (dans le polyptyque de l'Agneau mystique à la cathédrale de Gand).
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