névralgie cervico-brachiale
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névralgie cervico-brachiale
DOSSIER FMC Examen d’une névralgie cervico-brachiale GESTES PRATIQUES !Quels sont les éléments de l’examen clinique qui permettent d’attribuer une douleur du membre supérieur à une origine névralgique ? PAR LE DR JEAN-MARC ZIZA* (PHOTOS VOISIN/PHANIE) De quelle douleur parle-t-on ? Ce n’est pas la coiffe débute par l’interrogatoire qui fait préciser au patient le mode de début des douleurs, le trajet exact de la douleur, qui part en général de la partie cervicale pour irradier le long du membre supérieur selon un trajet bien défini dépendant de la racine en cause [voir schéma]. Il est possible que la douleur se situe, voire prédomine au niveau du rachis dorsal, fréquemment dans la région interscapulo-vertébrale, au bord interne de l’omoplate.La douleur peut être tronquée. On précisera son rythme (pendant la journée, en fonction des mouvements, ou durant la nuit, parfois insomniante). On précisera les signes d’accompagnement — fièvre, altération de l’état général, éruption (zona) —, le mode d’installation de la douleur, son ancienneté et l’efficacité des traitements déjà employés. EVANT une douleur du membre supérieur, une des difficultés est d’éliminer une pathologie de la coiffe des rotateurs. Une façon simple est de demander au patient de mettre la main derrière le dos, comme pour dégrafer un soutien-gorge [photo 1 ]. Cette manœuvre, qui étudie la rétropulsion, la rotation interne, l’adduction de l’épaule, est en général normale dans le cadre d’une névralgie cervico-brachiale. Il en est de même de la manœuvre d’élévation abduction et rotation externe du membre supérieur [photo 2 ]. D EXAMEN L’ Territoires sensitifs radiculaires du membre supérieur 1 DIAGNOSTIC TOPOGRAPHIQUE D’UNE ATTEINTE RADICULAIRE DU MEMBRE SUPÉRIEUR Racine Réflexe ostéo-tendineux Déficit moteur Territoire sensitif C5 Bicipital Abduction et rotation externe de l’épaule Face antéro-externe de l’épaule et du bras C6 Stylo-radial Flexion du coude et pronosupination de la main Face antéro-externe de l’avant-bras, pouce et index C7 Tricipital Extension du bras, de l’avant-bras, de la main et des doigts Face postérieure du bras, de l’avant-bras et dos de la main, jusqu’au majeur Cubito-pronateur Muscles intrinsèques de la main Face antéro-interne de l’annulaire, de l’auriculaire, de l’avant-bras (C8) et du bras (D1) C8/D1 2 Mobilisations du cou ES mobilisations cervicales cherchent à reproduire la douleur du membre supérieur (radiculalgie) par la mobilisation du cou. Le mieux est de pouvoir obtenir une résolution musculaire complète, en mobilisant le cou, la tête pendue hors du lit. Il est alors procédé à des manœuvres d’extension [photo 3 ], de latéro-flexion [photo 4 ] et de rotation. L 3 1 4 N° 2174 - VENDREDI 8 FÉVRIER 2002 FMC L’examen des réflexes ostéo-tendineux 5 6 L’examen recherche l’abolition d’un réflexe. • L’abolition du cubito-pronateur signe une atteinte de C8 [photo 5 ], • L’abolition du stylo-radial celle de C6 [photo 6 ], • La perte du réflexe bicipital oriente vers une atteinte de C5 ou de C6 [photo 7 ], • Celle du tricipital [photo 8 ] vers une atteinte de C7. 8 7 9 11 L’examen de la force musculaire sera segmentaire [photos 9 , 10 , et 11 ]. Enfin, un examen sensitif recherche une hypoesthésie qui évoque, en fonction de sa topographie, l’atteinte d’une racine nerveuse (voir tableau page 1). 10 L’examen clinique reste indispensable et doit être général. Recherche d’adénopathie [photo 12 ]. Auscultation des vaisseaux du cou, auscultation pulmonaire. 12 Remonter à la cause U terme de cet examen, il est en général possible de rapporter une douleur du membre supérieur à une douleur radiculaire prenant son origine au niveau du rachis cervical. Des clichés radiographiques seront dans un premier temps demandés (rachis cervical face, profil, trois quarts). Chez le sujet âgé, on envisage avant tout le diagnostic de cervicarthrose avec sténose dégénérative foraminale. Chez le sujet jeune, surtout s’il existe une douleur à la toux et un trajet monoradiculaire post-trauma- A tique, une hernie discale est fréquemment en cause. Après un traumatisme, il faut également penser à une fracture de l’odontoïde, à une luxation des articulaires postérieures. En cas de syndrome inflammatoire, surtout s’il existe une pathologie néoplasique évolutive, on recherche une métastase ou un myélome chez le sujet âgé. En cas de fièvre, de frissons et de syndrome infectieux, il faut toujours penser à une spondylodiscite. En cas d’éruption, de morsure récente de tique, de syndrome fébrile, a for- tiori s’il existe une raideur cervicale, on évoque l’éventualité d’une méningoradiculite (zona, maladie de Lyme). En cas de douleur mal systématisée ou d’altération de l’état général, on évoque une tumeur du creux susclaviculaire ou du sommet, a fortiori s’il existe un empâtement du creux sus-claviculaire homolatéral et un signe de Claude Bernard-Horner. Au moindre doute, une radiographie de thorax complètera les clichés radiographiques. Le recours à des examens radiographiques plus sophistiqués, tels que IRM ou scanner, doit être discuté en collaboration avec le spécialiste, en sachant que le scanner est l’examen de choix en cas de pathologie discale (à condition de procéder à une injection de produit de contraste) et que l’IRM est plutôt réservée aux suspicions de pathologie type tassement, métastase, épidurite, spondylodiscite, ou si l’on suspecte une pathologie neurologique de type multifocale (sclérose en plaques). ■ * Service de rhumatologie-médecine interne, hôpital de la Croix Saint-Simon, Paris. N° 2174 - VENDREDI 8 FÉVRIER 2002 2