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CONVENTION SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET PROTOCOLE DE KYOTO Bibliothèque du Parlement Capsule d’information pour les parlementaires TIPS-113F Le 26 mai 2005 Introduction Objectifs de la CCNUCC La seule tentative d’envergure internationale de lutte contre le changement climatique s’appuie sur la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), ainsi que sur son protocole contraignant, le Protocole de Kyoto. Le changement climatique est généralement considéré comme un problème qui appelle une solution, laquelle sera plus ou moins musclée selon la mesure où le changement climatique est pris au sérieux. Certains croient qu’il s’agit du problème le plus grave auquel l’humanité est confrontée, alors que d’autres estiment qu’il en existe de plus urgents. D’autres encore croient que le problème est sérieux, mais insoluble, de sorte qu’il vaut mieux s’y adapter. Pour d’autres enfin, la seule façon d’éviter un changement climatique catastrophique consiste à réduire (ou atténuer) les émissions de gaz à effet de serre (GES). On a proposé plusieurs façons de réagir au changement climatique, mais une chose est sûre : pour être efficace, toute tentative de réduction des émissions doit se situer à l’échelle internationale. Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques Contexte La CCNUCC a été élaborée en prévision de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (Sommet de Rio ou Sommet de la Terre), et le premier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat a servi de point de départ aux discussions. Il s’agit d’un accord non contraignant qui sert à encadrer la lutte contre le changement climatique, surtout par des mesures d’atténuation des émissions; 189 pays l’ont ratifié. Il est très difficile de coordonner une réponse internationale au changement climatique. La CCNUCC est forcément liée à toutes les autres réalités politiques nationales et internationales, telles que la pauvreté et les questions Nord-Sud. Son principal objectif, cependant, est : de stabiliser […] les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique. La Convention ne définit pas explicitement le niveau en question, mais elle en expose les caractéristiques : Il conviendra d’atteindre ce niveau dans un délai suffisant pour que les écosystèmes puissent s’adapter naturellement aux changements climatiques, que la production alimentaire ne soit pas menacée et que le développement économique puisse se poursuivre d’une manière durable. Bien que la CCNUCC ne fixe pas d’objectif précis de réduction des émissions, on s’entendait généralement pour dire qu’il fallait les ramener aux niveaux de 1990, et ce, avant l’an 2000. Tel était aussi l’objectif national officiel du Canada. Seuls les pays développés devaient effectuer les premières réductions, parce qu’ils sont les principaux responsables de l’accumulation de GES dans l’atmosphère. Les pays en développement devaient réduire leurs émissions à une date ultérieure et, entretemps, les pays développés devaient les aider à se développer de manière plus durable. Ce document est la version papier d’une capsule d’information Web consultable en ligne à http://lpintrabp.parl.gc.ca/apps/tips/index-f.asp LIBRARY OF PARLIAMENT BIBLIOTHÈQUE DU PARLEMENT 2 Le processus de Kyoto Le besoin d’un accord contraignant s’est fait sentir en 1995, lorsqu’il est devenu manifeste que les pays développés étaient en voie de manquer l’objectif volontaire de la CCNUCC. (Les émissions du Canada en 1995 ont dépassé d’un peu plus de 8 p. 100 celles de 1990.) C’est alors que les parties ont convenu de travailler à la préparation d’un tel accord. En 1997, à la troisième réunion de suivi des pays signataires de la Convention (Troisième Conférence des Parties ou CdP3), les parties se sont entendues sur le Protocole de Kyoto, un accord contraignant qui visait à réduire la moyenne des émissions de GES des pays industrialisés d’un peu plus de 5 p. 100 par rapport aux niveaux de 1990 entre 2008 et 2012 (la première période d’engagement). Cet objectif comporte de sérieux défis, et le Protocole à lui seul risque d’avoir une incidence négligeable sur l’accumulation de GES dans l’atmosphère. De fait, il n’est considéré que comme un premier pas vers des réductions beaucoup plus conséquentes. À la fin de 2005, le Canada accueillera la 11e Conférence des parties (1re Réunion des parties au Protocole), qui sera la première séance de planification de la deuxième période d’engagement de Kyoto, soit au-delà de 2012. À titre de pays hôte de cet événement, le Canada compte faire preuve de leadership en ce qui concerne les questions qu’il faut régler à long terme pour ralentir le changement climatique. Ratifié par la Fédération russe en 2004, le Protocole est entré en vigueur 90 jours plus tard, soit le 16 février 2005. Les États-Unis, sous l’administration Bush, ont annoncé qu’ils ne ratifieraient pas le Protocole. Selon eux, l’absence d’objectifs contraignants pour les pays en développement ferait subir à leur pays un désavantage concurrentiel, sans pour autant que soit réglé le problème du changement climatique. L’année de référence du Protocole, les États-Unis ont été responsables de 36,1 p. 100 des émissions de l’Annexe I. Étant donné cette abstention de taille, la Russie devait ratifier le Protocole pour que soit respectée la seconde condition. Les mécanismes de Kyoto et les puits Le Protocole a été assorti de mécanismes qui réduisent le coût de réalisation de ses objectifs, afin de faciliter sa ratification par certains pays et donc son entrée en vigueur. Ces mécanismes visent à encourager les pays développés à soutenir des projets de réduction des émissions dans les pays en développement. Le mécanisme de développement propre permet aux pays développés d’acquérir des crédits en lançant des projets de réduction vérifiable des émissions dans les pays en développement. Le mécanisme d’application conjointe permet aux pays développés d’acquérir des crédits en lançant des projets dans d’autres pays développés ou dans des pays en transition vers une économie de marché. Un mécanisme international d’échange de droits d’émission sera également mis au point pour réduire les coûts. Il permettra à un pays qui trouve trop coûteux de réduire ses émissions d’acheter des crédits à un pays à qui la réduction a coûté moins cher. Beaucoup de pays élaborent aussi des mécanismes d’échange nationaux. Le Protocole de Kyoto Entrée en vigueur L’entrée en vigueur du Protocole de Kyoto était assujettie à deux conditions nécessaires. Au moins 55 parties à la Convention devaient ratifier le Protocole. Les pays industrialisés et les pays en transition vers une économie de marché (c.-à-d. les pays de l’Annexe I, qui seraient liés par les objectifs du Protocole) qui le ratifieraient devaient être responsables collectivement d’au moins 55 p. 100 des émissions de l’Annexe I (selon l’évaluation pour 1990, l’année de référence du Protocole). En outre, le Protocole permet d’utiliser les forêts et les terres agricoles (puits) pour compenser les émissions. La forme que pourraient prendre les puits et la mesure dans laquelle ils pourraient servir à compenser les émissions ont fait l’objet d’une vive controverse. La première réunion de la CdP6, à La Haye, en LIBRARY OF PARLIAMENT BIBLIOTHÈQUE DU PARLEMENT 3 novembre 2000, a achoppé, en grande partie sur la question des puits, dont le Canada préconisait l’utilisation. À la deuxième réunion de la CdP6, qui a eu lieu en juillet 2001, un compromis a été dégagé; il a été pleinement étoffé à la CdP7, à Marrakech, en octobre 2001. Un document de travail en trois volumes, les Accords de Marrakech, expose en détail les modalités de fonctionnement du Protocole. Le Canada a réussi à négocier la capacité de déclarer une réduction de CO2 de 44 mégatonnes (Mt) au titre des puits forestiers. La Fédération de Russie a négocié une réduction possible de 121 Mt de CO2 au même titre. Les crédits excédentaires Les émissions de GES sont directement liées à la croissance économique. Comme beaucoup de pays en transition vers une économie de marché ont vu leur économie s’effondrer peu après l’année de référence du Protocole (1990), leurs émissions ont chuté d’environ 30 à 40 p. 100. Ils auront donc peut-être beaucoup de crédits dits « excédentaires » à vendre, et l’objectif global de l’Annexe I, à savoir une réduction de 5 p. 100 par rapport aux niveaux de 1990, pourra être atteint malgré l’augmentation des émissions des pays développés. Ces crédits excédentaires pourraient avoir une valeur élevée si la demande est forte. Cependant, le retrait États-Unis du Protocole de Kyoto risque d’affaiblir la demande, ce qui réduira leur prix et leur valeur pour les pays en transition. De plus, bien des pays se sont dits disposés à n’acheter que des « crédits vérifiables », provenant de réductions réelles des émissions de GES. Observation La question de l’observation a été confiée à deux comités : l’un qui est chargé d’en faire la promotion et l’autre, d’en contrôler l’application. Le second examinera les rapports annuels sur les émissions et avisera les pays industrialisés et les pays en économie de transition (ceux de l’Annexe I) s’ils ne respectent pas leurs objectifs de réduction des émissions. Les parties au Protocole qui n’atteindront pas leur cible durant la première période d’engagement (2008-2012) verront l’écart qui les sépare de leur cible actuelle majoré de 30 p. 100 et reporté sur la deuxième période, en sus de la nouvelle cible. En outre, elles ne seront pas autorisées à vendre des crédits sur le marché international. Le Canada et le Protocole de Kyoto Engagement du Canada Le Canada s’est engagé, dans le cadre du Protocole, à ramener ses émissions de GES à 560 Mt d’équivalents CO2(1) par an en moyenne, entre 2008 et 2012, soit 6 p. 100 de moins que les niveaux de 1990. Or les émissions canadiennes de GES ont plutôt augmenté sensiblement, passant de 596 Mt en 1990 à 740 Mt en 2003. Si cette tendance se poursuit, le Canada verra l’écart entre ses émissions estimées pour 2010 et son objectif de Kyoto atteindre les 270 Mt par an. De toute évidence, la tâche ne sera pas facile, surtout pour une économie à forte intensité d’énergie (liée aux ressources naturelles) comme celle du Canada. Mise en œuvre canadienne Réponse initiale (2000) En vue de respecter ses engagements de Kyoto, le Canada a dressé une Stratégie nationale de mise en œuvre, à laquelle les ministres fédéral et provinciaux (à l’exception de l’Ontario) de l’Énergie et de l’Environnement ont adhéré en octobre 2000. La Stratégie est assortie de son Plan d’activités, ainsi que du Plan d’action 2000, qui décrit les mesures précises que compte prendre le gouvernement fédéral pour atteindre un tiers de l’objectif national. La mise en œuvre intégrale de la Stratégie dépendra de ce que feront les partenaires commerciaux du Canada et de la clarté de la politique canadienne. Une vérification non publiée du Plan d’action 2000 indique qu’il ne permettrait de réaliser que la moitié des réductions qui y sont prévues. LIBRARY OF PARLIAMENT BIBLIOTHÈQUE DU PARLEMENT 4 Le Plan du Canada sur les changements climatiques Le principal plan de mise en œuvre du gouvernement, le Plan du Canada sur les changements climatiques, a été rendu public le 21 novembre 2002. Le Plan faisait abstraction d’environ 60 Mt des 240 Mt de réductions requises (à ce moment-là). Les grandes entreprises étaient censées réduire leurs émissions de 91 Mt : 36 Mt auraient été la conséquence du Plan d’action 2000 et d’innovations à venir, et 55 Mt, celle d’ententes négociées avec les grands émetteurs finaux (GEF). Le secteur de l’automobile devait réduire volontairement de 25 p. 100 les émissions de ses véhicules. Les puits forestiers et agricoles devaient réduire les émissions de près de 40 Mt, dont 30 Mt découlant des pratiques courantes. Le reste devait provenir des mesures que prendraient les Canadiens pour réduire leur consommation d’énergie au foyer et dans les transports. Le gouvernement fédéral a lancé le Défi d’une tonne afin d’inciter les Canadiens à agir. Depuis 1998, il a annoncé des investissements de 3,7 milliards de dollars dans des initiatives de réduction des GES; or, au début de 2005, il restait de ce montant deux milliards de dollars à dépenser. Aller de l’avant pour contrer les changements climatiques : Un Plan pour honorer notre engagement de Kyoto (2005) Le Plan de 2005 modifie celui de 2002 et décrit la façon dont les fonds affectés à la lutte contre le changement climatique dans le budget de 2005 seront utilisés. Selon le gouvernement fédéral, la mise en œuvre complète du Plan coûtera environ 10 milliards de dollars de 2005 à 2012, le budget de 2005 prévoyant un premier versement de 5 milliards de dollars sur cinq ans. Parmi les grands changements par rapport à 2002, on note le fait d’atteindre l’objectif de réduction des émissions en réglementant les GEF et de diminuer de 55 à 45 Mt la réduction attendue de ce secteur. Les GEF pourront aussi acheter jusqu’à 9 Mt de crédits par an du Fonds d’investissement technologique pour contrer les GES, crédits qui pourront être utilisés afin d’atteindre leur objectif, mais non le grand objectif de Kyoto du Canada. L’industrie devra aussi déclarer ses émissions de GES au gouvernement fédéral. Un Fonds pour le climat sera créé pour permettre au gouvernement d’acheter des réductions de GES aux agriculteurs, aux entreprises, aux collectivités et aux autres innovateurs du pays. Il permettra aussi d’acheter des crédits internationaux. Les fabricants d’automobiles canadiens ont signé un accord volontaire négocié selon lequel ils réduiront leurs émissions de 5,3 Mt par an d’ici 2010. Le financement pour la promotion des énergies nouvelles a été augmenté. Le gouvernement a intensifié la promotion du Défi d’une tonne et enchaînera avec des mesures d’« écologisation » de ses propres activités. Mesures provinciales de la lutte contre le changement climatique La plupart des gouvernements provinciaux ont préparé au moins un plan de lutte contre le changement climatique depuis 2000. En général, ces plans ressemblent au Plan d’action fédéral de 2000. L’Alberta a été la première province à adopter une loi sur le changement climatique et un registre des GES. Le fédéral a créé un fonds pour appuyer, de concert avec les provinces et les territoires, les activités susceptibles de réduire les GES. Le Canada et la ratification du Protocole Le 10 décembre 2002, la Chambre des communes a voté – 196 voix contre 77 – en faveur de la ratification du Protocole de Kyoto, que le Canada a ratifié sept jours plus tard. Le pays est responsable de 3,3 p. 100 des émissions mentionnées à l’Annexe I. Cette contribution est importante en soi, mais la ratification l’est aussi parce que le Canada est le seul pays des Amériques à avoir accepté des objectifs contraignants de réduction des émissions dans le cadre du Protocole. En décidant de ratifier le Protocole, le gouvernement a fixé deux conditions nécessaires. Premièrement, il devait y avoir un plan réalisable qui n’oblige aucune région du pays à supporter un fardeau déraisonnable. LIBRARY OF PARLIAMENT BIBLIOTHÈQUE DU PARLEMENT 5 Deuxièmement, ce plan devait être dressé en consultation étroite avec les provinces, les territoires, les parties intéressées et les Canadiens. Dans les mois précédant la ratification, il y a eu de grands débats acrimonieux sur la question du respect de ces conditions. Selon les adversaires du Protocole, les consultations menant au Plan de 2002 n’ont pas englobé l’éventail complet des vues des Canadiens, notamment celles de ceux qui n’étaient pas d’accord avec le gouvernement. On s’est aussi demandé si le plan était réalisable et s’il permettrait au Canada d’atteindre son objectif. Le plan le plus récent (2005) a aussi été critiqué, notamment en ce qui concerne le caractère volontaire de nombreuses mesures, l’incertitude du financement au-delà du budget de 2005 et l’abaissement de l’objectif de réduction pour les GEF. Même s’il a produit trois plans de réduction des GES dans le cadre du Protocole de Kyoto, le gouvernement fédéral s’est fait reprocher par plusieurs, notamment par le Sierra Club, de n’avoir pas agi avec fermeté dans le dossier. En plus de mettre en cause le respect effectif des conditions préalables à la ratification, on s’est aussi demandé s’il était opportun de ratifier le Protocole, peu importent les circonstances. Les adversaires du Protocole, comme la Chambre de commerce du Canada, croyaient que la décision des États-Unis de ne pas le ratifier ferait subir au Canada un désavantage économique sérieux du fait de ses efforts pour atteindre les objectifs du Protocole. Les partisans du Protocole, comme le Pembina Institute, croyaient que la ratification était nécessaire comme première mesure de lutte contre les conséquences dommageables du changement climatique et que, en atteignant les objectifs du Protocole, le Canada pourrait rehausser sa compétitivité. Notes (1) Nous utilisons l’équivalent CO2 parce que certains GES tels que le méthane contribuent davantage par unité de masse à l’effet de serre. Comme le CO2 est le plus courant des GES rejetés par l’industrie, il constitue la norme. préparé par Michel Charron Tim Williams Service d’information et de recherche parlementaires Pour en savoir plus… Voir la bibliographie ainsi que les hyperliens internes et externes de la version Web du présent document à : http://lpintrabp.parl.gc.ca/apps/tips/index-f.asp ou composer le (613) 996-3942