Motion - UNCCD
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Motion - UNCCD
Le 12 février 2004, le parlement allemand a débattu la motion suivante (traduction non officielle). Après les délibérations dans les commissions relevantes du Bundestag (notamment la commission pour la coopération économique et le développement) elle a été adoptée par le Bundestag le 16 décembre 2004. Bundestag allemand e 15 législature Impression 15/2395 28. 01. 2004 Motion des députés Dagmar Schmidt (Meschede), Karin Kortmann, Detlef Dzembritzki, Siegmund Ehrmann, Gabriele Groneberg, Anke Hartnagel, Reinhold Hemker, Klaus Werner Jonas, Ulrich Kelber, Sascha Raabe, Walter Riester, Wilhelm Schmidt (Salzgitter), Ernst Ulrich von Weizsäcker, Brigitte Wimmer (Karlsruhe), Franz Müntefering et du groupe parlementaire SPD ainsi que des députés Thilo Hoppe, Hans-Christian Ströbele, Volker Beck (Cologne), Katrin Göring-Eckardt, Krista Sager et du groupe parlementaire ALLIANCE 90/LES VERTS Combattre efficacement la désertification - Vaincre la pauvreté, assurer l'alimentation, empêcher les conflits Le Bundestag est appelé à décider de ce qui suit : I. Le Bundestag allemand constate : La désertification est un problème environnemental et de développement de dimension mondiale qui ne touche pas uniquement les pays du Sud. Dans les pays riches du Nord, la surexploitation des sols et des forêts, la bétonisation de terres et l'évolution climatique causée par l'homme mènent également à la dégradation des campagnes et à la perte de la terre végétale. La lutte contre la désertification n'a pas pour objet les déserts déjà présents, mais elle vise à protéger des principes vitaux complexes qui sont menacés par la stérilisation de la terre. Chaque année, sur la terre, la dégradation du sol dans les zones arides, semiarides, subhumides et pauvres en eau entraîne la perte de 24 milliards de tonnes de terre et d'environ 41 000 km² de surface d'exploitation agricole. Les zones sèches représentent à peu près 40 pour cent de la surface terrestre ; elles constituent l'espace vital et la base de l'existence de pans entiers de la population mondiale. On constate les effets de la désertification dans 70 pour cent de toutes les zones sèches. Actuellement, 36 millions de km² de la surface terrestre sont concernés par le phénomène, soit 3,5 fois la superficie de l'Europe. La désertification, la sécheresse et l'érosion des sols menacent l'existence de plus d'un milliard d'êtres humains dans 110 pays : même si les proportions ne sont pas les mêmes, les pays en voie de développement les plus pauvres sont concernés au même titre que certains pays émergents (p. ex. Argentine, Brésil, Mexique, Inde, Chine) ainsi que les pays en transition d'Asie centrale et une série de pays industriels (États-Unis, pays du pourtour méditerranéen). Les scénarios envisagés par le Worldwatch Institute sont particulièrement menaçants dans l'hypothèse où la désertification se poursuit dans les deux prochaines décennies suivant la dynamique développée jusqu'à ce jour : il faut s'attendre, pour 2025, à une réduction de la surface cultivable de l'ordre de deux tiers en Afrique, d'un tiers en Asie et d'un cinquième en Amérique latine. La désertification est étroitement liée au problème du manque d'eau. La stérilisation de la terre réduit la possibilité de disposer de l'eau et du sol. La moyenne mondiale du volume d'eau disponible par habitant est de 7 000 m³ ; cette moyenne se situe sous les 1 000 m³ dans les zones sèches et une diminution de moitié de cette quantité est prévue pour les 20 prochaines années. D'autres facteurs contribuent à la désertification et font obstacle à une gestion durable des ressources : le manque de sécurité juridique offerte aux exploitants de la terre par le droit foncier, le manque de connaissances techniques et les conditions-cadres défavorables de l'économie mondiale, notamment les règles du commerce mondial. Les guerres et d'autres catastrophes déclenchées par l'homme contribuent elles aussi à des processus de stérilisation de la terre. Les conséquences sont graves pour les populations concernées. La désertification conduit en particulier dans les pays partenaires à la faim, au délitement des structures sociales, à l'émigration, à l'exode rural et à la déstabilisation politique. La désertification n'est pas un phénomène naturel, elle est essentiellement le fait des activités humaines. Des interactions complexes entre des facteurs physiques, biologiques, politiques, sociaux, culturels et économiques jouent ici un rôle déterminant : les pratiques d'exploitation de la terre des populations locales, non conformes aux principes d'une gestion durable, ainsi que la bétonisation de terres favorisent les processus de désertification. Les stratégies et méthodes d'exploitation de la terre, transmises de génération en génération, se révèlent aujourd'hui souvent insuffisantes face aux modifications économiques et politiques induites par la croissance démographique et la sédentarisation des nomades. Dans un cercle vicieux comme celui-là, la pauvreté est aussi bien la cause que la conséquence de la désertification. La lutte résolue contre la désertification doit jouer un rôle important dans la mise en œuvre du programme d'action 2015 de l'Allemagne visant à combattre la pauvreté et à atteindre les objectifs de développement de la Déclaration du Millénaire - notamment la diminution de moitié, à l'horizon 2015, du nombre de personnes vivant dans la pauvreté extrême et du nombre de personnes n'ayant pas accès à une eau potable saine. Avec la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD), les États signataires disposent depuis 1996 d'un cadre contraignant au plan du droit international afin de lutter contre le problème de la désertification. Outre la protection des sols dans les zones sèches, la Convention a pour objectif déclaré la lutte contre la pauvreté. Elle fournit une contribution importante au développement durable et respectueux de la dignité humaine et est basée sur les principes de la collaboration, du partenariat et de la décentralisation. Elle concourt ainsi à la promotion de la bonne gouvernance ainsi qu'au renforcement de la société civile et des structures démocratiques dans les pays partenaires. II. Le Bundestag allemand • soutient expressément le fait que la lutte contre la désertification soit depuis le milieu des années 1980 un aspect particulièrement encouragé dans la politique allemande de coopération bilatérale au développement. Le ministère fédéral de la coopération économique et du développement soutient actuellement environ 250 projets dans le monde pour un volume financier global de 1,5 milliard d'euros, dont 60 pour cent pour l'Afrique, 25 pour cent pour l'Asie et 15 pour cent pour l'Amérique latine. En outre, l'échange international d'expériences et la réalisation de projets pilotes sont soutenus sur place par des projets régionaux ; • se félicite que l'Allemagne ait assumé une responsabilité particulière dans ce domaine d'action grâce à l'installation à Bonn du Secrétariat de l'UNCCD. Outre sa contribution ordinaire, le gouvernement fédéral soutient le Secrétariat de l'UNCCD par des contributions volontaires à son budget de fonctionnement, pour un montant de 511 300 euros. Il vient en aide au Secrétariat, à raison d'un montant équivalent, dans l'organisation de conférences ; • se félicite que, dans le cadre d'un projet conjoint de l'Office allemand de la coopération technique et de la Convention de Nations unies sur la lutte contre la désertification, le ministère fédéral de la coopération économique et du développement encourage la mise en œuvre du processus de la Convention dans des pays en voie de développement sélectionnés et qu'il soutienne un réseau de scientifiques allemands (DesertNet) et l'apport de conseil au Secrétariat de l'UNCCD dans des questions stratégiques et d'organisation ; • prend connaissance et approuve la déclaration de Hambourg du DesertNet et du Hamburger Dryland Research Center du 24 juin 2003, qui demande que les pays industrialisés accordent une importance accrue à la Convention ; • salue la demande du Parlement européen du 4 septembre 2003 d'adopter le principe de la conversion de certaines créances en faveur de la gestion de l'eau ("Debt-for-Water-Swaps") dans le cadre d'un Fonds européen pour l'eau ; • est favorable à l'initiative de l'Union européenne visant à lutter contre la pauvreté par une utilisation durable du territoire. Elle entend promouvoir, en partenariat avec les pays touchés et les organisations internationales, le secteur privé et les organisations non gouvernementales, des projets appropriés et des programmes de lutte contre la désertification dans le cadre d'une approche globale de développement ; • se félicite que 190 États aient ratifié la Convention sur la lutte contre la désertification à ce jour et que plus de 70 États aient présenté des programmes d'action nationaux. La République fédérale d'Allemagne remplit son obligation d'État Partie à la Convention en présentant chaque année un rapport national ; • se félicite particulièrement que le Fonds pour l'environnement mondial (FEM), tel qu'il a été réclamé au Sommet mondial sur le développement durable à Johannesburg en 2002, a été reconnu officiellement en tant que mécanisme de financement de la Convention lors de la sixième session de la Conférence des Parties de l'UNCDD à La Havane, en septembre 2003. Grâce à ce Fonds, 500 millions de dollars US seront mis à disposition dans les trois prochaines années pour les programmes relatifs à la déforestation et à la désertification ; • soutient le programme d'action parlementaire - adopté par la Cinquième Table ronde de parlementaires organisée parallèlement à la Conférence des Parties sur la lutte contre la désertification, les 3 et 4 septembre 2003 à La Havane - et l'engagement pris par les parlementaires d'intensifier l'échange d'informations, de sensibiliser l'opinion publique et de renforcer le rôle des parlementaires dans la mise en œuvre, à tous les niveaux, de la Convention des Nations unies. III. Le Bundestag allemand invite le gouvernement fédéral • à continuer d'œuvrer pour organiser les négociations sur le commerce mondial en véritables négociations sur le développement, et à mettre en place, en particulier à travers la suppression rapide des aides agricoles générales et des subventions à l'exportation de produits agricoles provenant des pays industrialisés, la condition nécessaire à une lutte efficace contre la désertification dans les pays partenaires ; • à veiller à une meilleure coordination et à une action concertée des trois grandes conventions sur l'environnement - désertification, protection du climat, diversité biologique - afin de pouvoir utiliser les moyens financiers de manière encore plus efficace et ciblée ; • à s'engager pour que les programmes d'action nationaux de lutte contre la désertification et leurs mesures prévoyant l'utilisation durable du territoire, le reboisement et la gestion durable de l'eau soient intégrés dans les stratégies, tant nationales des pays partenaires que celles entamées par la communauté internationale pour chaque pays, de lutte contre la pauvreté ; • à entreprendre avant tout, dans le cadre de la coopération bilatérale au développement, l'amélioration des conditions-cadres de la lutte contre la désertification et à veiller à une orientation renforcée de toutes les mesures importantes de politique du développement vers la lutte contre l'érosion et la stérilisation des sols. Les projets des organisations exécutantes, des organisations non gouvernementales et des églises doivent être mis en réseau avec des mesures structurelles ayant pour objectif la gestion durable des ressources ; • à conformer les programmes de formation dans le domaine de la lutte contre la désertification aux besoins et aux connaissances traditionnelles dans les pays partenaires, à renforcer à travers ces programmes la participation des femmes et à garantir la participation des personnes touchées ; • à s'engager au niveau international pour que la gestion des biens communautaires tels que l'eau et la terre, ainsi que l'accès à ces biens soient soustraits à une logique orientée uniquement sur le profit ; • à obtenir au niveau de l'Union européenne le soutien à une régionalisation de la Convention sur la lutte contre la désertification et plus d'efficacité dans l'engagement de ses moyens financiers ; • à promouvoir, à travers des forums et des conférences publiques, l'échange d'idées constructif entre la science et l'économie dans le domaine du développement des semences, des énergies renouvelables et de la gestion de l'eau et à sensibiliser ainsi davantage l'opinion publique de la problématique de la désertification de l'UNCCD ; • à améliorer l'accès des populations des pays partenaires à cette connaissance et aux semences, de même qu'aux connaissances en matière de méthodes appropriées d'irrigation, de drainage et de systèmes efficaces de gestion de l'eau ; • à promouvoir à tous les niveaux des codes de conduite pour les entreprises, contenant des règles éthiques, sociales et écologiques à respecter dans le cadre d'investissements directs - notamment dans le domaine de l'approvisionnement de base - dans les pays en voie de développement et à renforcer la prise de conscience de ce sujet dans le cadre de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification. Berlin, le 28 janvier 2004 Franz Müntefering et le groupe parlementaire Katrin Göring-Eckardt, Krista Sager et le groupe parlementaire