Pourquoi les pilotes d`Air France ont décidé d`entrer dans ce

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Pourquoi les pilotes d`Air France ont décidé d`entrer dans ce
Roissy, le 11 juin 2016
AF 160611107
Pourquoi les pilotes d’Air France ont décidé d’entrer dans
ce mouvement de grève.
Quelles sont nos revendications ?
Notre mouvement est la conséquence d’un dialogue social mené sans conviction et sans volonté
d’aboutir par la Direction d’Air France.
Nos revendications peuvent se résumer en une phrase : le respect des accords et des
engagements par la Direction. Elles se déclinent ainsi :
Le respect de tous les accords en vigueur et le développement de l’emploi.
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Le rééquilibrage de la production entre Air France et KLM selon les ratios établis lors de la
fusion ;
L’engagement d’un développement du CC/MC AF en moyens propres ;
La défense du périmètre Air France vis-à-vis de co-entreprises et joint-ventures ;
L‘évolution des conditions et du développement de Transavia ;
L’amélioration des conditions de travail et de l’implication des pilotes dans les sujets
« métier » ;
Le juste retour des efforts comprenant notamment un rattrapage de rémunération.
La principale conséquence de ce non-respect est la délocalisation de l’emploi français.
En voici deux exemples :
KLM :
Lorsqu’en 2004, Air France et KLM (ex-compagnie nationale néerlandaise) fusionnent, le partage
d’activité est précisé afin d’éviter tout dumping social, afin que les deux parties profitent de manière
équitable de la croissance. Malgré cet engagement, la Direction a décidé de développer KLM aux
dépens d’Air France.
SNPL AF ALPA
Le Dôme – Bât 5 – 5, rue de la Haye - CS 19955 - 95733 ROISSY CDG CEDEX
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Concernant les pilotes, cette délocalisation a coûté plus de 600 emplois, soit 15 % de notre effectif.
Plus largement, la vingtaine d’avions qui manque chez Air France correspond à environ 6000 emplois au
total ! Sans parler des emplois induits sur les plates-formes aéroportuaires et des revenus
supplémentaires pour l’État et les collectivités locales.
Transavia :
Il y a un an, nous avons signé un accord pour le développement de Transavia (la filiale low cost
d’Air France-KLM). Il y était stipulé que le projet Transavia Europe (délocalisation de nos emplois à
l’étranger) était retiré. Malgré cet engagement, la Direction lance en mars dernier une base Transavia au
départ de Munich avec des pilotes auxquels elle impose un contrat précaire. C’est d’autant plus
inadmissible, qu’elle ne met pas en œuvre notre proposition d’un développement de Transavia France
sur plusieurs villes françaises. Ce faisant, elle se coupe d’un marché important et laisse la place à nos
concurrents low cost.
Cette délocalisation n’est-elle pas la conséquence du contrat des pilotes Air France trop
avantageux ?
Non. Les pilotes d’Air France ont un contrat qui se situe dans la moyenne basse des “majors”
européennes. Celui de nos confrères de KLM est, par exemple, bien meilleur. Sûrement, l’un des
meilleurs d’Europe. L'âge de départ à la retraite chez KLM est, par exemple, de 56 ans quand il est à 65
ans chez nous…
La délocalisation est un choix délibéré de la Direction qui n’est pas motivé par le niveau des salaires en
France mais guidé par la volonté de s’affranchir du mille-feuille de taxes et de redevances
aéroportuaires (ADP) qui pèse sur les comptes de la compagnie à hauteur de plus de 700 Md’€. Ces
taxes ciblent spécifiquement le Transport Aérien Français et l’inflation des redevances est inédite.
Il est parfois prétendu que nous ne volons que 550 heures par an. Ce chiffre est parfaitement inexact.
La moyenne en heures de vol sur le plus grand secteur d’AF, le Boeing 777, est de 760 heures par an.
Certains pilotes sont, chaque année, bloqués à la butée réglementaire de 850 heures de vol au cours
d'une année. Sur certaines périodes chargées (Noël et été), certains vols ont dû être annulés par
manque d'effectifs. Un comble lorsque la Direction a fait le choix de diminuer le nombre de pilotes
(-400 pilotes en 3 ans) voire les a menacés de licenciement.
Mais pourtant Air France est très endettée…
Oui, comme beaucoup d’entreprises qui ont intérêt à financer leurs investissements pour capter la
croissance qui s’offre à elles.
Cependant, nous constatons que le Groupe Air France est plus de deux fois moins endetté que le reste
du Groupe AF/KLM. Cela montre le choix délibéré de la Direction du Groupe d’investir plus à l’étranger
qu’en France. Nous ne pouvons continuer cette délocalisation, financée jusqu’ici par nos efforts !
Pourquoi sommes-nous contraints d’agir maintenant ?
Le 3 mai dernier, le Président-Directeur Général d’Air France a unilatéralement décidé une baisse de
nos conditions de travail sans les contreparties prévues. Comment, au moment où la rémunération du
PDG augmentait de 65 %, en raison des bons résultats du Groupe, justifier la baisse de salaire de 5 %
imposée aux pilotes ? C’est une nouvelle provocation qui empêche tout dialogue raisonné et constructif.
En 2012, au travers de l'accord Transform, afin de relancer le moteur économique de notre entreprise,
les pilotes ont accepté un gel de leurs salaires. Nous avons également modifié en profondeur nos
méthodes de travail, dans un but notamment économique.
Ces trois dernières années ont finalement montré que les efforts consentis par les pilotes, mais
également par l'ensemble des salariés d'Air France, n'auront été utilisés que pour financer
l'externalisation de notre activité (KLM et Transavia) : nos effectifs ont diminué, le nombre d'avions a
diminué quand, dans le même temps, l'activité externe augmentait. Comment accepter aujourd'hui de
nouveaux efforts lorsque l’on sait d’expérience qu’ils financeront un développement délocalisé ?
Malheureusement, la Direction n'a pas fait le choix de rétablir la confiance et préfère le conflit. A l’heure
où nos concurrents se développent en captant la forte croissance du transport aérien, nous ne pouvons
plus attendre que la Direction revienne à la raison toute seule.
Y a-t-il un rapport avec la « loi travail » ?
Non, même si nous sommes opposés à de nombreuses dispositions de ce projet qui ne résoudra rien de
nos difficultés et qui organisera un peu plus la dérégulation.
Quelle est la situation pour les autres salariés d'Air France ?
Les événements d'octobre dernier l'ont montré : le mécontentement est général dans toute
l’entreprise.
Voilà plus d'un an que la Direction d'Air France a fait le choix de diviser ses salariés et de les mettre dosà-dos. Elle prétend aux uns que les pilotes sont la cause des mauvais résultats économiques tout en
expliquant en même temps que les hôtesses et les stewards sont trop payés et ne travaillent pas assez.
Elle explique alors aux pilotes que le personnel sol est trop nombreux.
Cette stigmatisation des employés entre eux est la marque de fabrique du PDG d’Air France,
Fréderic Gagey. Elle est inefficace, tant nous sommes solidaires en intersyndicale, et ne fait que ralentir
tout dialogue constructif.
Une entreprise ne peut pas se penser contre ses employés. Nous attendons tous que la Direction
d'Air France prenne conscience de l'importance du dialogue social.
Le personnel de cabine a déposé un préavis de grève de sept jours au mois de juillet, le personnel sol
est en arrêt de travail aux mêmes dates que les pilotes...
Le mouvement est-il suivi ?
Au vu des enjeux très forts, le SNPL a consulté ses pilotes sur l’opportunité d’un mouvement de grève
long. 68 % ont répondu positivement.
Les déclarations de grève individuelles prévues par la loi Diard permettent de corroborer assez
fidèlement ce chiffre en matière de nombre de grévistes. (Plus de 7 pilotes sur 10).
AF triche quand elle annonce 25 % de grévistes pour décourager le mouvement. Elle tord la réalité,
comme souvent, en se basant sur le nombre de pilotes engagés théoriquement sur une journée. En fait,
seule une partie d’entre eux peut légalement faire grève et, de surcroît, le SNPL a demandé à ses
pilotes d'arrêter le travail uniquement sur des plages horaires de quelques heures (3 plages de
3 heures) afin de ne pas trop pénaliser nos clients. Air France agit donc un peu à l’image de la SNCF
qui annonce 8 % de grévistes et annule un train sur deux !
Le Bureau SNPL Air France ALPA