L`hybridation des ressources associatives

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L`hybridation des ressources associatives
L’hybridation des
ressources associatives
Alors que les inégalités et les besoins sociaux sont croissants sur les territoires, les associations voient
année après année, leurs parts de financements publics diminuer. Ceci évidemment n’est pas sans poser
différents problèmes (incertitude dans la pérennité de ces financements, fragilisation de la trésorerie,
érosion des fonds propres…). Et ce phénomène tend à s’aggraver avec à la fois, les tensions budgétaires
publiques qui amènent élu-e-s comme technicien-ne-s à opérer de nombreux choix, mais également avec
la prochaine réforme des collectivités territoriales qui va nécessairement nous impacter. Par exemple, en
supprimant la clause de compétence générale, les collectivités ne pourront plus financer certaines actions,
généralement portées par les associations.
Aujourd’hui, le monde associatif se retrouve pris entre deux options de taille :
 Celui de préserver un mode de financement essentiellement issu de subventions publiques au
risque fort de devoir réduire la voilure de son activité générale, voire mettre la clef sous la porte au
détriment (dans les deux cas), des actions en direction des populations ;
 Ou au contraire, celui de développer, pour le maintien de son projet, voire de la survie de
l’organisme, de nouveaux types de financements. C’est l’hybridation des ressources: subventions
publiques, privées, dons, mécénat de compétence, sponsoring, recettes d’activités, de
manifestations, cotisations, ventes de marchandises, de produits, de prestations, apports, prêts
bancaires, sans oublier les contributions volontaires en nature (valorisation du bénévolat, prêt de
locaux et matériel, mise à disposition de personnel).
Certaines associations ont déjà anticipé ce virage financier et conservent leurs actions, grâce à la
recherche de nouvelles ressources, sachant que ces dernières imposent parfois de développer de
nouvelles opérations, à mettre en place de nouveaux projets et doivent prospecter de ce fait de nouveaux
financements.
Cette diversité de financements permet donc de maintenir son action en place, de se développer et
d’innover.
Néanmoins, en ces temps difficiles, le risque est grand de jouer la carte de l’opportunisme et de
prendre l’entrée « finances » avant celle des « valeurs ».
Ainsi, faut-il financer ses actions au détriment parfois du sens que l’on donne ? Faut-il déformer son projet
associatif pour maintenir ses actions sur le terrain, ses salariés en poste, son volume d’activité ? Peut-on
se faire aider par certaines fondations issues de grands groupes privés lucratifs en recherche de bonne
conscience, alors même que l’on prône des valeurs à l’opposé de leurs actions (développement durable,
économie sociale et solidaire, santé-alimentation…) ?
De même, pour préserver l’ensemble de son activité, faut-il développer des recettes « marchandes » ?
Faut-il augmenter les cotisations, les entrées au risque de creuser un peu plus les inégalités d’accès des
populations aux services, aux loisirs, à l’éducation, à l’engagement ?
C’est donc cette adéquation ressources/valeurs qu’il s’agit de maintenir au quotidien.
L’hybridation des ressources doit être encouragée et facilitée, mais elle doit être raisonnée.
Cette hybridation ne doit pas nous faire abandonner le combat pour le maintien et la reconnaissance de
la subvention, car il n’est pas viable de remplacer celle-ci par d’autres modes de financements. En effet,
l’impossibilité d’obtenir une pluri-annualité, ni même parfois une simple reconduction de certains de ces
financements, les rendent incompatibles avec une action d’utilité sociale à moyen ou long terme.
Ensuite, il faut également avoir en vue que la multiplication des ressources augmente de fait, la charge
administrative et le déploiement d’énergie à gérer la survie de l’activité au détriment de l’action en
direction des publics. Les contraintes administratives et financières sont grandissantes et nécessitent parfois des services administratifs et comptables que seules les associations importantes possèdent.
Enfin, l’hybridation favorise la « multi-dépendance », et fragilise l’association en cas de désengagement
d’un des financements croisés d’une même action, rendant in fine, la structure plus vulnérable.
Cette recherche de financements diversifiés pose également deux autres questions : celle de l’accessibilité et celle de la temporalité.
En effet, compte tenu que les budgets sont serrés aussi bien dans les collectivités, dans les entreprises,
dans les banques que dans les foyers, qui en bénéficiera le premier ? L’association la plus grosse ? La
plus connue ? La plus visible ? La mieux reconnue ? La plus appréciée par la collectivité, le financeur ?
Quid de la petite association de quartier dont l’utilité sociale n’est même plus à prouver mais dont
personne ne parle ?
Concernant la temporalité, on le sait, le temps passé sur l’administration relative aux financements
(dossiers, bilans, compta…) est trop important et grandissant au détriment de l’action même.
C’est pourquoi, pour faire de l’hybridation des ressources associatives un modèle économique fort, nous
avons besoin de nos partenaires. Dans cette optique, nous demandons à ce que soit défini, de façon
partagée, un cadre propice à la pérennisation financière et opérationnelle de nos structures par :
 l’accès aux fonds européens (accompagnement, simplicité et souplesse des procédures)
 des campagnes publiques et privées pour permettre un meilleur rapprochement associations/banques
et associations/entreprises
 la réalisation d’excédents et de fonds propres associatifs afin de bénéficier d’un fond de roulement
nécessaire à son activité
 la clarification, la simplification et l’assouplissement du lien entre statut fiscal et système de
ressources des associations
 le développement des circuits-courts d’épargne et d’accès aux prêts bancaires
 la naissance d’un fond de sauvegarde de l’activité (pour les associations en difficulté)
 la prise en compte systématique par les pouvoirs publics des contributions volontaires en nature dans
les budgets et bilans financiers
 une simplification administrative des demandes de subventions (dossier unique dématérialisé à
l’ensemble des collectivités et des services)
 le maintien de la clause de compétence générale des collectivités
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