à l`orIgIne de l`assocIatIon aurore: la socIété générale pour le

Transcription

à l`orIgIne de l`assocIatIon aurore: la socIété générale pour le
à l’origine de l’association Aurore:
la Société générale pour le patronage des libérés
L’émergence d’une action sociale à l’ère industrielle
Jusqu’à la proclamation de la IIIe République, le discours social ambiant consiste à se méfier
des classes laborieuses, perçues comme des « classes dangereuses », selon l’expression de
l’historien Louis Chevalier. La croissance du nombre d’ouvriers, les révolutions européennes
auxquelles ils prennent part en 1848, contribuent à entretenir cet amalgame. Sur le plan de
la législation sociale, la France est relativement en retard en Europe, notamment par rapport
à la Belgique, la Hollande, le Royaume-Uni, la Toscane ou le Piémont, ce qui s’explique en partie par la peur sociale d’une partie de la bourgeoisie d’aborder ces questions après le choc de
la Révolution. Le peuple de Paris est réputé particulièrement instable. En avril 1847, Alphonse
Bérenger (1785-1866), présente à la Chambre des pairs le projet de loi relatif à la réforme du
régime pénitentiaire prévoyant la création de sociétés de patronage pour les libérés adultes,
«autant dans l’intérêt de ceux-ci que dans celui de la société toute entière». Dans son esprit,
la loi doit au moins autant protéger la société qu’aider les individus à se relever. La Révolution
de 1848 ne permet cependant pas l’adoption de la réforme pour les adultes. La loi du 5 août
1850 place seulement l’éducation et le patronage des jeunes détenus sous l’autorité de l’Assistance publique pendant au moins trois ans.
Dans ce domaine, les premières initiatives sont prises par des hommes d’Église ou des philanthropes. En pleine reconquête, l’Église joue un rôle pionnier pour prévenir la délinquance.
Pendant la Restauration et la monarchie de Juillet, elle finance de nombreuses œuvres. En
1824, les sommes rassemblées par la Commission de surveillance des prisons de Lyon pour le
patronage des libérés proviennent de sommes récoltées dans le tronc des églises. En 1842, le
ministre de l’Intérieur, le comte Duchâtel, confirme que « c’est la charité privée qui doit fonder
des sociétés de patronage et, sous la direction des commissions de surveillance3, s’occuper du
relèvement des libérés par le placement individuel ».
Sous la monarchie de Juillet, l’action sociale de l’Église est alors complétée par un grand
nombre d’initiatives privées. En 1833, Alphonse Bérenger, alors magistrat, président de la
Cour de cassation, et Charles Lucas, un des introducteurs en France de la science pénitentiaire, fondent la Société de patronage des jeunes détenus et des jeunes libérés du département de la Seine, dont le rôle consiste à suivre et à accompagner les jeunes détenus à leur
sortie de prison et à favoriser leur réadaptation dans la société. A Rouen, « La société pour le
patronage des jeunes libérés naît de l’initiative de MM. Duhamel et Lecointe, membres du comité cantonal gratuit pour l’instruction primaire de Rouen. Ils proposent de mettre en place, au
sein de la prison Bicêtre de Rouen, une école d’apprentissage. Cette école dite « d’enseignement
mutuel » est fondée le 21 février 1833 et dirigée par eux. L’objectif de cette entreprise est de faire
diminuer le nombre élevé de récidives des jeunes détenus après qu’ils aient purgé leurs peines
Ils veulent ajouter à l’enseignement élémentaire, moral et religieux « une profession utile, afin
de joindre l’exemple au précepte ».
En 1836, Frédéric-Auguste Demetz fonde le patronage des enfants acquittés de la Seine. Ils
réagissent à une certaine paupérisation, facteur de troubles révolutionnaires.
3 Patronage pour les jeunes libérés, 1859, Trésors de la langue française.
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