Effet de la granulométrie des aliments sur les performances et le

Transcription

Effet de la granulométrie des aliments sur les performances et le
2001. Journées Rech. Porcine en France, 33, 165-172.
Effet de la granulométrie des aliments sur les performances
et le comportement des truies en gestation-lactation
J. CASTAING, D. CAMBEILH
Association Générale des Producteurs de Maïs (A.G.P.M.) - 21 chemin de Pau, 64121 Montardon
Avec la collaboration de R. Coudure et C. Meymerit
et la participation du personnel technique du Service Utilisations Animales de l’A.G.P.M.
Effet de la granulométrie des aliments sur les performances et le comportement des truies en
gestation-lactation
Trois granulométries d’aliments distribués en farine ont été comparées avec 508 portées.
Les aliments (céréales + pois + soja + son), à 35 g de C.B./kg, broyés avec des grilles de 3 ou 5 ou 8 mm, présentent
un diamètre médian des particules de 0,45, 0,65 et 0,85 mm. Cette dernière granulométrie renferme des grains entiers
de blé et d’orge et se démélange au stockage par accumulation de grosses particules en périphérie.
La productivité est identique avec 0,45 et 0,65 mm (10,5 sevrés de 8,5 kg à 28 jours). Avec la granulométrie de
0,45 mm la constipation des truies est marquée, sans conséquence sur le déroulement des mise-bas ou les stéréotypies.
Avec la granulométrie de 0,65 mm la constipation est moins marquée et la station debout après les repas est prolongée.
Avec la granulométrie de 0,85 mm les truies ne sont pas constipées, mais la durée de la mise-bas est allongée de 10 %.
La mortalité supérieure de 3 % des porcelets, plus légers à la naissance de 70 g, réduit le nombre de sevrés de 0,9 par
truie par an. La moindre valorisation de l’aliment (-6 % comparativement à 0.45mm) sans amélioration du comportement limite l’intérêt de cette granulométrie pour les truies.
Effects of feedstuff particle size on the growth performance and the behaviour of sows during
pregnancy and lactation
Three meal particle sizes were compared using 508 litters. The diets (based on cereals + peas + soya + bran), 35 g
crude fibre/kg, were ground using either a 3, 5 or 8 mm wire mesh, producing median particle diameters of 0.45, 0.65
and 0.85 mm, respectively . The largest particle size group included whole kernels of wheat and barley. There was an
accumulation of the larger particles around the periphery of the feed during storage.
The productivity was similar with the 0.45 and 0.65 mm meals (10.5 pigs were weaned at 28 days of age, weighing
8.5 kg). The meal of 0.45 mm particle size caused pronounced constipation in sows, however there was no effect on
farrowing or stereotypic activity. The 0.65 mm particle size meal caused a lower incidence of constipation and the sows
remained standing for a longer period after feed distribution compared to the other diets.
The feed of 0.85 mm particle size did not cause constipation, however the farrowing period was longer (+10 %) compared to the other diets. The death rate with the 0.85 mm particle size diet was 3 % higher, piglets weighed less at birth
(-70 g) and fewer weaned piglets were produced (-0.9/sow/year) compared to the other diets. In addition, this diet was
used less efficiently by the sows (-6 % compared to the 0.45 mm particle size diet) and sow behaviour was not improved. Therefore, the largest particle size diet is of little interest for sows.
166
INTRODUCTION
La conduite d’élevage actuelle, tout en assurant la productivité, composante majeure du revenu, doit aussi prendre en
compte le bien être des animaux et la maîtrise des pollutions.
Pour les truies, l’incorporation de fibres dans l’aliment assure
le calme avant les repas (PABOEUF et al., 2000), permet un
allongement de la prise alimentaire et une diminution des
stéréotypes ultérieurs (CARIOLET et al., 1997 ; RAMONET et
al., 1997 ; ROBERT et al., 1992), ainsi qu’un abaissement
du rythme cardiaque après les repas (ROBERT et al., 1997).
La connaissance de la valeur alimentaire des matières premières fibreuses et l’effet de leur association dans les aliments sont indispensables (MATTE et al., 1993). Un régime
à base d’orge, de teneur en cellulose brute modérée
(58 g/kg), n’optimise pas la croissance des porcelets sous la
mère et n’assure pas l’état des truies (CASTAING et al.,
1993). Une granulométrie élevée, au-delà de la réduction du
coût du broyage, peut-elle se substituer à l’effet lest des
fibres et présente-t-elle un intérêt sur la maîtrise des pollutions en facilitant la séparation des phases du lisier.
Cependant la moindre digestibilité des nutriments sur porcs
en croissance en relation avec l’augmentation de la granulométrie (ALBAR et al., 2000 ; GUILLOU et LANDEAU, 2000)
permet-elle d’assurer un haut niveau de productivité des
truies ?
1. MATÉRIEL ET MÉTHODES
La fabrication des aliments et le suivi zootechnique des truies
sont réalisés à la station expérimentale de l’AGPM à
Montardon (64121) de janvier 1998 à juillet 1999.
1.1. Aliments expérimentaux
Les traitements expérimentaux étudiés (tant en gestation
qu’en lactation) se différencient par les diamètres médians
des particules de 0,45 mm pour le traitement 1, de 0,65 mm
pour le traitement 2 et de 0,85 mm pour le traitement 3. Ils
sont obtenus avec des grilles à trous ronds de 3 ou 5 ou 8 mm.
La composition des aliments (tableau 1), en gestation comme
en lactation, sont identiques. Les taux cellulosiques de 36 et
34 g/kg sont faibles afin de juger l’effet de la granulométrie
sur le transit digestif.
Le broyeur utilisé est à double rotor et la mélangeuse est
horizontale. Les trois grilles neuves sont dédiées à cet essai.
Les marteaux, neufs au début, présentent un taux d’usure de
50 % en fin d’essai du fait de leur utilisation continu par
l’usine.
Les matières premières pesées par additivité sont broyées
ensemble. La farine de poisson, le son et l’AMV sont directement introduits dans la mélangeuse. Après 3 mn de mélange
dans chaque sens, les aliments sont transférés pneumatiquement, avec incorporation en continu des fines suite au décolmatage des manches à air.
1.2. Conduite de l’étude
Le troupeau de 168 truies (LW – LF : Camborough), conduit
en 7 bandes de 24 avec sevrage à 28 jours, est scindé en
trois lots au sein de chaque bande. Les aliments ont été distribués à toutes les truies dès le début de gestation d’une
bande et sont poursuivis sur les 21 bandes suivantes.
Chaque truie conserve le traitement expérimental au cours
des cycles successifs. En gestation les truies sont en cage de
contention individuelle sur gisoir béton et caillebotis fonte.
Les maternités sont équipées de bac à lisier à la loge et de
caillebotis fonte pour les truies.
1.3. Conduite alimentaire
Les truies sont alimentées 2 fois par jour et abreuvées simultanément (moyenne de 14 litres en gestation et 35 litres en
lactation).
Pour un objectif d’état d’engraissement à l’entrée en maternité,
elles reçoivent 7500 kcal d’E.D./jour durant les 3 premiers
mois de gestation, puis 9000 kcal d’E.D./jour le dernier
Tableau 1 – Composition et caractéristiques des aliments.
Aliment
Gestation
Lactation
Composition des aliments (%)
Maïs
Blé
Orge
Tourteau de soja "48"
Pois
Farine de poisson "66"
Son
A.M.V.
30
10
35
6
8
2
4,7
4,3
39,9
10
15
13,5
13,5
2
2
4,1
Caractéristiques (kg brut)
Énergie digestible et nette (kcal)
M.A.T. (g)
Lysine dig./ E.N. (g/Mcal)
Lysine tot./E.D. (g/Mcal)
Cellulose brute (g)
3090/2270
136
2,5
2,2
36
3200/2320
168
3,7
3,0
34
167
mois. Lorsqu’elles sont jugées trop maigres, elles reçoivent
8100 ou 9000 kcal dès 10 jours après l’insémination. Le
lendemain de la mise bas, l’apport d’aliment est de 2,5 kg
et augmente ensuite de 0,5 kg/jour. L’aliment de lactation
est distribué 4 jours après mise-bas ; il est plafonné à 9,0 kg/j
au 15ème jour, soit 29 000 kcal d’E.D.. Pour les multipares
ce plafond est relevé à 10,5 kg/jour au 21ème jour. Après un
jeûne alimentaire le jour du sevrage, l’aliment lactation est
distribué jusqu’au lundi après sevrage à raison de 3,4 kg/j
(11000 kcal E.D.).
1.4. Contrôles réalisés
Les truies réparties en début d’essai puis les cochettes introduites dans les traitements sont contrôlées. Les truies et les
porcelets sont pesés individuellement. Les conditions de misebas, la taille des portées, les mutations-adoptions, les causes
et le nombre de porcelets morts sont enregistrés. L’état des
truies est jugé (échelle de 1, très maigre à 5, bon état) et
l’épaisseur de lard est mesurée par ultrason au point P2 au
moment de la saillie, à 90 jours de gestation, en entrée et
sortie de maternité. La consistance des fèces est jugée selon
une échelle de 0 (aspect de petites billes) à 3 (forme de boudins) 4 fois en cours de gestation (28 – 46 – 70 – 98 jours),
à l’entrée en maternité, après mise-bas puis 5 jours après
sur les 14 dernières bandes. Par traitement 200 observations
comportementales sont réalisées 1 heure après le repas du
matin au cours de la dernière moitié de gestation sur
5 bandes consécutives de la dernière vague ; la majorité de
ces truies ont reçu les mêmes aliments pendant trois cycles.
Les aliments sont échantillonnés sur la largeur totale de la
base des boisseaux de stockage. La granulométrie est déterminée par tamisage d’échantillons de 250 g en 10 tamis
pendant 15 mn.
1.5. Traitement statistique
22 truies en moyenne par traitement (sevrées aux 3ème,
4ème et 5ème cycle) sont suivies pendant 3 cycles successifs.
Cette population qui représente seulement 38 % du total des
portées sevrées, n’a pas été étudiée par analyse multidimentionnelle en mesures répétées sur 3 cycles.
L’unité expérimentale est la truie sevrant des porcelets. Les
variables qualitatives, les causes d’élimination des truies et la
mortalité des porcelets sont comparées par un test d’indépendance (Khi-2). Les critères de productivité numérique et
pondérale sont analysés avec SAS. L’analyse des résultats
s’appuie d’une part sur l’analyse par cycle des cycles 1 à 5
selon la procédure MIXED (en présence de facteur aléatoire,
la vague, et en effectif déséquilibré) et d’autre part pour l’ensemble des truies de l’essai (les mesures répétées aux cycles
successifs sur les mêmes truies sont considérées indépendantes) avec, dans le modèle, l’effet traitement, l’effet cycle
(1 à 5) et l’effet vague (3 vagues de 7 bandes). Les interactions traitement x cycle et traitement x vague sont testées.
2. RÉSULTATS
L’effet vague est surtout marqué sur les variables de poids et
de variation de poids des truies.
En l’absence d’interaction cycle x traitement, le commentaire
porte sur les performances moyennes des portées contrôlées
par traitement.
2.1. Les aliments
2.1.1. Caractéristiques physiques des aliments
L’observation visuelle des aliments conduit à juger ceux du
traitement 1 de mouture fine et homogène. Les aliments du
traitement 3 sont jugés grossiers. Des strates de démélange
se forment par accumulation de grosses particules contre les
parois du boisseau, avec des grains d’orge ou de blé
entiers; ceux de maïs ou de pois étant au minimum concassés. Les aliments du traitement 2 ne présentent pas de démélange marqué.
En moyenne, sur la durée de l’essai, les diamètres médians
des particules sont de 0,45 mm, 0,64 mm et 0,86 mm pour
les traitements 1, 2 et 3, sans écarts importants entre analyses.
Le pourcentage de particules très fines (< 0,2 mm) n’est pas
très différent entre les 3 granulométries : 21,5 % pour le traitement 1 et 15,1 % pour le traitement 3. La différence de
granulométrie s’observe au-delà de 0,2 mm. Les classes des
particules moyennes et fines, diminuent chacune de 31 à 20 %
Tableau 2 – Résultats d'analyses physiques des aliments (moyenne de 5 résultats granulométriques par aliment).
Traitement
1
2
3
Diamètre grille (mm)
3
5
8
Aliments
Répartition granulométrique (%)
Grosses > 1 mm
dont > 1,6 mm
Moyennes 0,5 à 1 mm
Fines 0,2 à 0,5 mm
Très fines < 0,2 mm
Diamètre médian (mm)
Densité (kg/l)
Gestation
16,2
1,8
32,0
30,0
21,8
0,47
0,60
Lactation
Gestation
13,9
1,4
31,9
32,9
21,3
0,44
0,63
32,8
9,7
27,0
22,8
17,4
0,67
0,61
Lactation Gestation
28,8
8,1
28,0
24,2
19,0
0,61
0,65
46,4
24,4
20,8
18,1
14,7
0,92
0,62
Lactation
41,1
19,7
23,9
19,4
15,6
0,80
0,67
168
du traitement 1 au traitement 3. La masse des grosses particules (> à 1 mm) relativement au traitement 1 (15,0 %) est
deux fois plus fréquente dans le traitement 2 (30,8 %) et trois
fois plus dans le traitement 3 (43,8 %), dans ce dernier représentées pour moitié par des particules supérieures à 1,6 mm
(22 %), quasi inexistante dans le traitement 1 (1,6 %). Les aliments de lactation sont légèrement plus fins que ceux de gestation. L’écart atteint 0,12 mm avec le traitement 3, la
moindre part d’orge dont les enveloppes restent entières avec
de grosses grilles en est probablement l’origine.
Seules les moutures du traitement 1 sont considérées homogènes (plage de variation de 0,67 mm). La densité des aliments est supérieure avec les moutures grossières et pour les
aliments de lactation. Selon les différentes zones de stockage
(cône de chute 2/10ème du volume, partie intermédiaire
“d’écoulement” 5/10ème et contre les parois 3/10ème du
volume), les granulométries sont identiques pour le traitement
1. Pour les traitements 2 et 3, les résultats de granulométrie
ne sont pas très différents entre le cône de chute et la zone
intermédiaire. Contre les parois elle est supérieure de
0,1 mm avec le traitement 2 et de 0,15 à 0,20 mm pour le
traitement 3 où les particules supérieures à 1,6 mm peuvent
dépasser 30 % de la masse totale.
2.1.2. Analyses chimiques des aliments
Les résultats moyens d’analyses chimiques des 3 traitements
de chaque aliment indiquent les mêmes caractéristiques
moyennes de MAT (137 et 171 g/kg) et de cellulose brute
(36 et 34 g/kg) pour les aliments de gestation et de lactation. Les valeurs en cellulose brute sont légèrement disper-
sées entre échantillons avec la grille de 8 mm.
Les teneurs moyennes en calcium et phosphore total sont
légèrement inférieures avec la plus grosse granulométrie
d’environ 0,5 g/kg (moyennes : 11 g de calcium, 7,5 g de
phosphore). Des variations de teneurs en matières minérales
selon les zones du stockage sont observées avec les grilles de
5 et 8 mm : les teneurs les plus élevées en calcium mesurées
dans la zone intermédiaire atteignent 20 g/kg ; les concentration analysées sous le point de chute et contre les parois
sont proches et inférieures à la zone intermédiaire.
2.2. Performances zootechniques
Les performances antérieures des multipares (cycle moyen 2,6)
présentes au début de l’essai ne sont pas significativement
différentes : note de constipation moyenne à 98 jours,
respectivement 2,11, 2,05 et 1,98 – durée de mise-bas :
3h50, 3h45 et 3h40 - nés totaux et sevrés : 13,7 et 10,3 ;
13,2 et 10,4 et 13,2 et 10,4 – poids moyen des porcelets :
1,40 et 8,6 ; 1,40 et 8,5 et 1,39 et 8,5, soit un poids de
portée sevrée de 88,5 kg avec les trois lots de truies.
2.2.1. Portées sevrées et causes d’élimination des truies
Les 3 populations sont semblables : 169 portées sevrées de
rang de portée moyen de 2,83 (tableau 3).
Chez les multipares les principaux troubles, problèmes de
reproduction et élimination de vieilles truies pour des causes
associées, sont semblables avec les 3 traitements. Suite à un
problème reproducteur, la réintroduction à la bande suivan-
Tableau 3 – Démographie des truies sevrées et causes d'élimination.
Traitement
1
2
3
Diamètre médian (mm)
0,45
0,65
0,85
Démographie des truies sevrées (cycles 1 à 8)
Nombre de portées
Rang de portée moyen en fin essai
cycle 1 (%)
cycle 2 (%)
cycle 3 (%)
cycle 4 (%)
cycles 5 à 8 (%)
166
2,75
29
23
16
16
16
175
2,87
27
20
19
17
17
167
2,86
28
21
19
15
17
Effectif de truies introduites (cycles 2 à 8)
Sevrées au cycle précédent
Réintroduites suite à un problème reproducteur
Total mises à la reproduction
159
8
167
171
4
175
173
1
174
4 (7)
3 (8)
7
6
21
3 (5)
2 (4)
4
8
26
7 (7)
5 (6)
1
9
31
Causes d'élimination des truies (cycles 2 à 8)
Non venue en chaleur (1)
Truies non gravides (1)
Trouble de locomotion
Problèmes maternels
Causes diverses
dont cycles élevés avec plusieurs observations
Élimination moyenne /cycle (%)
Nb moyen de cycles effectués par les truies éliminées
(1) Entre parenthèses : nombre de troubles observés
16
25,8
4,9
18
25,1
4,7
26
30,6
4,8
169
te est moins fréquente avec le traitement 3 (8, 4 et 1 truies,
en raison de causes d’éliminations associées). En conséquence, l’ISSF est réduit : 5,6 vs 7,0 jours pour les traitements 1
et 2. Les troubles de locomotion paraissent accentués par le
poids supérieur des truies du traitement 1. Peu de troubles
digestifs ont été observés : deux ulcères dans le traitement 1
et un dans le traitement 3, ainsi qu’une torsion d’estomac
dans ce dernier.
Le taux d’élimination moyen par cycle est supérieur dans le
traitement 3, 30,6 % contre 25,5 % pour T1 et T2 ; il est à
rapprocher d’éliminations de truies en cycle élevé.
L’évolution du poids des truies est différent selon le traitement. Pour un poids moyen à la mise à la reproduction identique (148 kg à 234 jours), les truies du traitement 3 sont
significativement plus légères à partir de l’entrée en maternité du 2ème cycle. Le gain net de gestation est en moyenne
inférieur de 2 kg, même en 1er cycle pour des apports identiques (7500 kcal/j puis le dernier mois 9000 kcal/j)
En lactation la perte de poids des truies est supérieure avec
le traitement 2 (11,6 kg vs 10,25 pour T1 et T3). Le gain de
poids par cycle est supérieur pour celles du traitement 1.
2.2.3. Productivité numérique et pondérale
2.2.2. Consommations, épaisseur de lard et poids des truies
(tableau 4)
Les quantités distribuées ont toujours été consommées.
En gestation, l’objectif d’homogénéité d’état recherché (note
moyenne de 3,9 à l’entrée en maternité) a induit davantage
d’apports supplémentaires pour les multipares des traitements 2 et 3 (49 % de supplémentées dont 77 % à 9000 kcal
et dans le T1 39 % avec 60 % à 9000 kcal). Ainsi la
consommation totale de gestation est significativement supérieure pour les traitements 2 et 3 (295,5 vs 292,0 kg). Cette
adaptation alimentaire assure une même épaisseur de lard
aux 4 stades physiologiques (13,4 ; 15,6 ; 15,9 et 13,9
mm) pour chacun des 3 traitements. L’épaisseur de gras
n’évolue pas en cours de carrière des truies (14,3 mm à
13,7 mm du 1er au 5ème sevrage). En lactation le haut
niveau de consommation des truies des 3 traitements est
identique, 179,5 kg en 27,9 jours de lactation (primipares :
158,4 kg, multipares : 188,1 kg).
A la naissance (tableau 5, p 170) le nombre de porcelets
nés totaux (13,04) et nés vivants (12,0) est identique avec les
3 traitements. Malgré un même nombre d’adoptés, 0,6 par
portée, la taille de la portée avec le traitement 3 est significativement inférieure à 48 heures, à 14 jours et au sevrage
(10,16 vs 10,61 et 10,49 pour T1 et T2). Cet effet significatif
se manifeste essentiellement aux cycles 2 et 3 (P = 0,12 et
P = 0,06 ; -0,8 porcelet). La productivité annuelle (P=0,11)
est réduite de 0,9 porcelet (25,1 vs 26,0 pour T1 et 25,7 pour
T2). La mortalité des porcelets est supérieure avec le traitement
3 (18,6 % vs 15,6 et 16,1 pour T1 et T2) essentiellement en
relation avec davantage de porcelets morts nés (8,5 % vs 6,5 et
7,4 %). Les autres causes de mortalité sont semblables entre
traitements : 5,8 % de chétifs, 3,5 % d’écrasés et 0,7 % de
causes diverses.
Les porcelets nés du traitement 3 sont plus légers (P = 0,17)
de 70 g comparativement à ceux du traitement 1 (1,42 kg vs
1,49 et 1,46 pour le traitement 2). Cet effet est principale-
Tableau 4 – Consommation moyenne, épaisseur de lard et poids des truies, cycles confondus.
Traitement
Diamètre médian (mm)
1
2
3
C.V.
Probabilité
0,45
0,65
0,85
résiduel (%)
sous Ho (1)
4,4
< 0,01
13,0
NS
Consommation (kg/cycle)
Gestation
292,0a
multipares supplémentées ( % )
39
Lactation
178,8
295,4b
49
180,0
295,5b
48
180,0
Note d'état à 105 j gestation
3,92
3,94
3,91
-
-
Épaisseur de lard ( mm, point P2)
À la saillie
À 84 jours de gestation
À 105 jours de gestation
Au sevrage
13,4
15,7
16,1
14,1
13,2
15,6
15,9
13,8
13,6
15,6
15,8
13,9
21,9
20,0
20,0
23,2
NS
NS
NS
NS
205,3a
199,1a
263,5a
243,6a
233,4a
44,5a
10,3a
34,2a
206,2a
198,7a
262,0a
243,6a
232ab
44,9a
11,6b
33,3b
202,9b
196,4b
258,0b
239,2b
229,1b
42,8b
10,2a
32,7c
5,4
5,8
4,0
4,3
5,8
17,8
70,0
27,0
< 0,05
< 0,01
< 0,01
< 0,01
< 0,01
< 0,01
< 0,01
< 0,01
Poids des truies (kg)
Entrée fécondation
Saillie
Entrée maternité
Après mise-bas
Sevrage
Gain net de gestation
Perte de lactation
Bilan de cycle
Les résultats affectés de lettres différentes sont significativement différents au seuil P = 0,05
NS : P > 0,20.
(1) Ho : hypothèse d'égalité des moyennes, cycles confondus
170
Tableau 5 – Productivité numérique et pondérale et efficacité alimentaire, cycles confondus.
Traitement
1
2
3
C.V.
Probabilité
0,45
0,65
0,85
résiduel (%)
sous Ho (1)
13,04
12,19
0,60
10,67a
10,61a
26,0
12,95
11,91
0,58
10,56a
10,49a
25,7
13,14
11,90
0,56
10,20b
10,16b
25,1
23,9
24,5
21,6
13,6
12,9
13,4
NS
NS
NS
< 0,01
< 0,05
0,11
6,5a
15,6a
27,9
7,4ab
16,1a
27,8
8,5b
18,6b
28,0
122
71
5,5
< 0,05
< 0,05
NS
Poids des porcelets (kg)
À la naissance
À 14 jours
Au sevrage
G.M.Q. individuel (g/j)
1,49
4,54
8,48
250
1,46
4,58
8,52
253
1,42
4,49
8,43
250
16,1
11,9
11,6
10,8
0,17
0,08
NS
NS
Poids des portées (kg)
À la naissance
À 14 jours
Au sevrage
Gain de poids portée journalier (kg)
19,0
48,2a
89,3a
2,56a
18,6
48,1a
88,9a
2,57a
18,2
45,6b
85,3b
2,45b
20,4
14,4
14,1
15,2
0,20
< 0,01
< 0,05
< 0,01
Indice de consommation
Partiel (2)
Total (3)
5,61a
4,03a
5,75ab
4,13ab
5,98b
4,27b
16,8
11,0
< 0,01
< 0,01
Diamètre médian (mm)
Taille des portées
Nés totaux
Nés vivants
Mutés
À 14 jours
Au sevrage
Sevrés/truie/an
Mortalité (%) :
Morts nés
Mortalité totale
Durée de lactation
Les résultats affectés de lettres différentes sont significativement différents au seuil P = 0,05 NS : P > 0,20
(1) Ho : hypothèse d'égalité des moyennes, cycles confondus
(2) Indice de consommation partiel = kg consommés (fécondation + gestation + lactation + portée)/poids de portée sevrée
(3) Indice de consommation total = kg consommés (fécondation + gestation + lactation + portée)/(poids de portée sevrée + gain de poids de la
truie)
ment marqué au premier cycle (-120 g/porcelet) malgré la
même taille de portée (12,2 nés totaux). Au sevrage le poids
moyen des porcelets tous cycles confondus est identique
(8,5 kg). Le poids de portée est inférieur avec le traitement 3,
de 6,7 % à la naissance et de 4,5 % au sevrage (85,3 kg vs
89,3 kg). Le GMQ individuel des porcelets des 3 traitements
est identique mais le gain de poids journalier de la portée
est inférieur de 4,3 % avec le traitement 3 (2,45 vs
2,56 kg/j).
Le traitement 3 conduit à une moindre valorisation de l’aliment
de 6,7 % relativement au poids de portée sevrée (“I.C. partiel”
5,98 vs 5,61 pour T1) et de 6,0 % en y intégrant le gain de
poids des truies (“I.C. total” : 4,27 vs 4,03).
2.2.4. Observations d’élevage
• Constipation
La constipation (tableau 6) est significativement différente
entre les 3 traitements à 28, 46 et 70 jours de gestation.
En fin de gestation (avec des apports alimentaires supérieurs) et en début de lactation, les traitements 1 et 2 sont
semblables et significativement différents du traitement 3.
Le délai mise-bas – première défécation, plus long avec le
traitement 1, n’est pas significativement supérieur.
La matière sèche des fèces diminue légèrement du traitement
1 au 3 (33,7, 32,5 et 31,5 %). La méthode de mesure de la
granulométrie des aliments, appliquée à la matière sèche
des fèces reflète la hiérarchie des aliments. Entre les traitements 1 et 3 la proportion de grosses particules (> 1 mm)
augmente de 29 à 61 % tandis que la part des fines et très
fines (< 0,5 mm) diminue de 39 à 16 %.
• Comportement des truies
Une heure après le repas du matin les truies du traitement
1 sont plus fréquemment couchées, 59 % , et seulement 26
% sont debout, alors que la moitié (48 %) de celles du traitement 2 sont encore debout. Ces écarts de position ne
sont observés qu’à partir du 3ème cycle où 80 % de celles
du T1 sont couchées et seulement 25-30 % pour les T2 et T3.
Aucun stéréotype n’a été associé à un traitement. La mastication bouche vide est la plus fréquente (63 % des truies). Le
mordillage du tubulaire ou de la sucette, plus fréquent dans
le traitement 2, est à rapprocher de la position debout supérieure.
171
Tableau 6 – Fèces, constipation et granulométrie – comportement des truies.
Traitement
1
2
3
Diamètre médian (mm)
0,45
0,65
0,85
Moyenne des notes de constipation
28 jours gestation
46 jours gestation
70 jours gestation
98 jours gestation
Entrée maternité
Après mise-bas
5 jours après mise-bas
Intervalle mise-bas – 1ère défécation (j)
1,99c
2,05c
2,10c
2,49b
2,16b
1,77
2,20b
2,8
2,18b
2,28b
2,28b
2,57b
2,17b
1,80
2,32b
2,6
2,33a
2,61a
2,64a
2,79a
2,44a
2,09
2,55a
2,5
Granulométrie des fèces de gestation
Particules > 1,6 mm
Grosses > 1,0 mm
Moyennes 0,2 à 1,0 mm
100 %
Fines 0,2 à 0,5 mm
Très fines < 0,2 mm
Diamètre médian (mm)
}
9,8
28,6
32,3
26,7
12,4
0,65
19,8
41,3
28,3
21,2
9,2
0,82
38,0
60,7
23,1
12,5
3,7
1,20
Comportement des truies 1 h après le repas (200 observations/traitement réparties sur 5 bandes)
Position (%)
Couchées
59a
36a
46a
Assises
15a
16b
20b
Debout
26b
48b
34b
Stéréotypes pendant 1 mn (%)
Mastication à vide
Mordillage barreaux
Joue avec sucette
Balancement tête
Fouinement sol
63
5
5
2
1
• Déroulement des mises-bas
Le pourcentage de contrôles urinaires positifs à un paramètre
en fin de gestation est identique entre traitements (20 ; 22 et
23 %). La durée de gestation est en moyenne identique
(114,5 jours), ainsi que le pourcentage de mise bas provoquées (74 %). Avec le traitement 3, moins de mises-bas sont
surveillées de jour (43 % vs 51 % pour T1 et T2) ; elles sont
plus longues (3h50 vs 3h30 avec T1 et T2). La fréquence des
interventions sont identiques : 27 % d’ocytocine, 16 % de
fouilles. Les pathologies post-partum (températures élevées et
écoulements) sont plus fréquentes avec le traitement 1 (35 %
pour chacun des deux vs 23 % avec T2 et T3).
3. DISCUSSION - CONCLUSION
Les trois moutures étudiées, d’un diamètre médian de 0,45,
0,65 et 0,85 mm sont obtenues avec des grilles à trous
ronds de 3, 5 et 8 mm. Elles ne se différencient pas par la
proportion des particules très fines inférieures à 0,2 mm
(21,5 à 15,1 % avec les grilles de 3 et 8 mm), mais surtout
par celles supérieures à 1 mm qui triplent (15 à 44 %, pour
ces deux mêmes grilles), avec dans cette dernière des
grains entiers de céréales à paille. Seule la granulométrie
la plus grosse entraîne un démélange notable au stockage.
Les grosses particules, plutôt fibreuses, s’accumulent contre
les parois alors que les matières minérales (et probable-
65
9
8
2
1
60
5
5
2
1
Ho
Khi-2
< 0,01
< 0,01
< 0,01
0,02
< 0,01
< 0,01
0,36
-
< 0,01
-
ment des composants des AMV) se concentrent dans une
zone intermédiaire entre le cône de chute et contre les
parois.
Les aliments, quelle que soit la granulométrie sont bien
consommés par les truies et permettent un bon niveau de
performance (10,2 sevrés de 8,4 kg à 28 jours) sans
problème d’élevage notable (ulcères, mortalité, troubles de
reproduction). Cependant chaque gradient de granulométrie
conduit à des observations spécifiques.
La mouture la plus fine, 0,45 mm de diamètre médian,
assure la plus forte prise de poids des truies et les porcelets
les plus lourds à la naissance. La constipation marquée avec
des aliments à 35 g de cellulose brute n’apparaît pas
défavoriser le déroulement des mises-bas ni la survie des
porcelets malgré quelques observations de troubles pathologiques post-partum. Les truies, calmes, ne présentent pas de
stéréotypes particuliers.
Avec la granulométrie intermédiaire, 0,65 mm, les apports
d’aliment supplémentaires plus fréquent dès le début de gestation, assurent la même prise de poids des truies. Moins constipées dès le début de gestation, elles sont plus actives après les
repas. Le poids des porcelets nés, légèrement inférieur, ne
compromet toutefois ni leur survie ni leur croissance.
172
Avec la granulométrie la plus grossière, 0,85 mm, malgré
des apports supplémentaires pour la moitié des multipares,
leur gain de poids est inférieur de 2 kg par cycle. Les
troubles de locomotion sont moins fréquents. Les truies non
constipées présentent des mises-bas plus longues et donnent
naissance à des porcelets plus légers de 70 g plus fréquemment morts nés. Si cette dernière observation a déjà été
noté antérieurement (CASTAING et al., 1993), l’allongement de la durée de mise-bas ne peut s’expliquer par ce
seul critère. La mortalité totale supérieure réduit le nombre
de porcelets sevrés (- 0,9/truie/an). L’efficacité alimentaire
de cet aliment grossier, relativement au poids de portée
sevrée et au gain de poids des truies, est réduite de 6 %
comparativement à la mouture fine. Ce résultat est en
accord avec la moindre digestibilité observé chez les porcelets et les porcs charcutiers (ALBAR et al., 2000 ; GUILLOU
et LANDEAU, 2000).
qu’elle pourrait présenter : broyage moins coûteux, particules
des fèces plus facilement séparables et truies non constipées.
L’augmentation de mortalité des porcelets entraînant la réduction du nombre de porcelets sevrés d’une part, et la moindre
valorisation de l’aliment d’autre part, ne permettent pas de
satisfaire l’objectif économique. De plus avec des aliments plus
“fibreux” et l’automatisation de la distribution, surtout de type
volumétrique, le risque d’accentuation de l’hétérogénéité de la
farine stockée puis distribuée ne peut que s’aggraver.
En pratique, avec les aliments utilisés en farine, la granulométrie la plus grossière n’est pas à rechercher malgré les atouts
À l’Union Européenne et au Conseil Régional d’Aquitaine
pour leur soutien financier
Avec les formules utilisées, à 35 g de cellulose brute, la granulométrie intermédiaire de 0,65 mm de diamètre médian
semble un compromis, limitant la constipation comparativement à 0,45 mm tout en assurant la performance d’élevage
et l’activité des truies.
REMERCIEMENTS
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
• ALBAR J., SKIBA F., ROYER É., GRANIER R., 2000. Journées Rech. Porcine en France, 32, 193-200.
• CARIOLET R., VIEUILLE C., MORVAN P., et al., 1997. Journées Rech. Porcine en France, 29 , 149-160.
• CASTAING J., CAMBEILH D., COUDURE R., 1993. Journées Rech. Porcine en France, 25, 181-192.
• GUILLOU D., LANDEAU E., 2000. INRA Prod. Anim., 13 (2) 137-145.
• MATTE J.J., ROBERT S., GIRARD C.L., et al., 1993. Journées Rech. Porcine en France, 25, 203-208.
• PABOEUF F., RAMONET Y., CORLOUËR A., et al., 2000. Journées Rech. Porcine en France, 32, 105-113.
• RAMONET Y., MEUNIER-SALAÜN M.C., DOURMAD J.Y., 1997. Journées Rech. Porcine en France, 29, 167-174.
• ROBERT S., MATTE J.J., GIRARD C., et al., 1992. Journées Rech. Porcine en France, 24, 201-206.
• ROBERT S., RUSHEN J., FARMER C., 1997. Journées Rech. Porcine en France, 29, 161-166.
173

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