la mort des films

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la mort des films
LA MORT DES FILMS
Colloque international
Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3
Centre Censier, Salle 49
6–7 mai 2015
Appel à communications
« Les meilleurs films sont ceux qu’on n’a pas vus. »
Bernard Eisenschitz¹
Avec la généralisation de l’outil numérique au sein de l’industrie cinématographique se pose
plus que jamais la question du devenir des films. Les professionnels de la restauration de films,
les chercheurs et les archivistes du monde entier ne cessent de démontrer depuis plusieurs années, à l’occasion de colloques, de journées d’étude ou de festivals, que le numérique n’est pas
une solution en soi et qu’il entraîne des problèmes d’une complexité inégalée. La promesse d’une
« libération matérielle » du médium cinématographique demeure utopique, et les questions de la
conservation et de la diffusion des films se font elles plus profondes encore.
Malgré ces avancées techniques, le cinéma reste un art fondamentalement précaire. En raison de la fragilité des supports, qu’ils soient photochimiques ou numériques, les œuvres filmiques
peuvent disparaître à tout moment. La « mort des films » ne résulte pas seulement de la disparition
des copies, mais aussi de leur altération, et du bouleversement irrémédiable que celle-ci entraîne
sur leur contenu et ses possibles interprétations. Films perdus dont ne sont conservés que des projets écrits ou des articles dans des journaux ; films incomplets, décomposés par le temps, ou mutilés
lors de leur exploitation ; films inachevés ; films restés à l’état de projets ; ou encore films fantômes,
projetés une seule fois devant un public restreint… Ces « films morts » font partie intégrante de
l’histoire du cinéma.
En l’absence des matériaux d’origine et de copies, les oeuvres s’incarnent dans des archives
films (repérages, rushes, chutes...) et non-film (sources iconographiques, écrites, orales, collections d’appareils et d’accessoires). Les films morts nous renseignent sur la façon de conserver les
1. Jacques Aumont (dir.), Pour un cinéma comparé : influences et répétitions, Paris, Cinémathèque française, 1996.
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oeuvres encore en vie, sur des décisions artistiques, économiques, politiques prises lors du développement d’un projet cinématographique... Ils sont parfois même plus instructifs que les œuvres
dont l’intégrité a été (supposément) préservée. Alors que la préservation pérenne des copies reste
aléatoire, comment faire revivre une œuvre disparue ? Et quel est le statut des « films morts » dans
la recherche en cinéma et audiovisuel ?
L’altération – voire la disparition – de nombreuses copies passe même parfois inaperçue. La
question de la valeur de la copie que nous regardons est donc fondamentale. Elle prend d’autant
plus d’ampleur avec l’usage du numérique : la pléthore de normes matérielles et éthiques suscite
des usages extrêmement divers, à tel point qu’il semble impossible, malgré le mythe créé par des
discours publicitaires omniprésents, de parler de « version définitive » d’un film. Comment doit-on
considérer la question de la copie, et donc de la version, que nous, spectateurs, regardons ?
La « mort » des films doit donc être aujourd’hui pensée au regard des questions qu’elle pose à
l’historiographie du cinéma. Si la fragilité des œuvres doit absolument être prise en compte, doit-on
dès lors repenser le cinéma comme un « art vivant » ?
Pour débattre de ce sujet, nous serons heureux d’inviter chercheurs, professionnels et doctorants à venir présenter des exemples représentatifs et contribuer à une réflexion théorique générale
sur l’écriture de l’histoire du cinéma et la conservation des films.
Axes de réflexion du colloque
• Écrire l’histoire du cinéma sans les films ou à partir d’éléments fragmentaires : le statut des
films « morts » dans la recherche en cinéma et audiovisuel, la transmission écrite et orale de
ces films ;
• Le mythe de la « version définitive » : le choix des versions à conserver et à valoriser, la
critique des sources filmiques, l’expérience différente des films en numérique, la projection
comme un moment unique, la question des performances cinématographiques ;
• Histoire et économie de la conservation des films : l’évolution de l’idée de conservation des
films, la question des copies uniques, l’influence des bouleversements du médium (passage
au parlant, à la couleur, au numérique), la perte du savoir technique de la pellicule, les limites
de la conservation des films (quels films conserver).
Propositions de communication
Les personnes souhaitant présenter une communication, d’une durée de 20 minutes, dans
le cadre de cette journée d’étude sont invitées à nous adresser leur proposition accompagnée
d’un résumé (300-500 mots), d’un titre et d’une bibliographie indicative, avant le 5 janvier 2015, à
l’adresse suivante : mortdesfi[email protected]. Merci de nous faire parvenir également une notice
biographique précisant votre fonction et institution de rattachement. Les contributions définitives
devront être reçues avant le 13 avril.
Les langues de communication sont le français et l’anglais. Les actes de ce colloque feront
l’objet d’une publication à la fin de l’année 2015.
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Call for papers: The Death of Films
For the last several years, the spread of digital technology throughout the film industry has
brought renewed attention to the fates of films after their release and distribution. Film preservationists, researchers and archivists from across the world have demonstrated at conferences and
festivals that digital technologies are anything but a panacea, highlighting their pitfalls and the
multiple complex issues they raise. Any promise of “liberating” cinema from its material existence
remains a utopian ideal, as the advent of digital cinema has only prompted further questions about
conservation and future screening.
Despite technological advances, cinema remains a fundamentally precarious art form. Because
of the fragility of cinema’s material formats—celluloid and digital alike—films can disappear at any
moment. The “death” of a film can be caused not only by the disappearance of a copy, but also by
its alteration, and the irreversible changes thus imposed on its content and possible interpretations.
There are lost films, existing only as written projects, or as accounts in newspapers and magazines;
incomplete films, deteriorated over time or damaged during a screening; unfinished films; films
never actually produced; even phantom films shown only once to a limited audience. All of these
“dead films” are an integral part of the history of cinema.
In the absence the original work, a film can be embodied by remnants found in film archives (location scouting footage, rushes, outtakes) as well as non-film materials (photos, drawings, written
documents, oral accounts, collections of sets and costumes). “Dead” films teach us about artistic,
economic and political decisions made during the development of film projects, and can provide
essential information to help preserve films that are still “living.” They can even be more instructive
than some (supposedly) complete films. In a world where the preservation of films is uncertain,
how can “dead” films be brought back to life? And where do such works stand in the academic
field of media studies?
Since the alteration—or outright disappearance—of copies often goes unnoticed, the question
of which copy we are watching is fundamental. It has become even more important with the introduction of digital cinema: the plethora of formats and varying ethical standards have resulted in
uses so diverse that it would seem impossible to speak of the “final cut” of a film (despite ubiquitous
promotional hype to the contrary). As viewers, how should we think about the copy, and thus the
version, that we watch?
The “death” of films therefore forces us to ask essential questions about the historiography of
cinema. Since the basic fragility of films must be taken into account, should cinema be seen as a
“performing art”?
In order to discuss this subject in detail, we would like to invite researchers and professionals to
present representative examples and contribute to this theoretical analysis relating to the writing
of history and film preservation.
Topics of interest
• Writing film history without films, or working from fragments: the status of “dead” films in
media studies; oral and written transmission of these films;
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• The myth of the “final cut”: how versions to be preserved and screened are chosen, critiques
of primary sources of information about films, the different experience of digital cinema,
screening as a unique event and the question of cinematic “performances”;
• History and economics of film preservation: the evolution of the idea of film preservation,
questions about single remaining copies, the influence of large-scale changes in the medium
(change from silent to sound, introduction of color, switch to digital), the loss of technical
expertise on film formats, the limits to film preservation (choices about which films to preserve).
Paper proposals
Proposals for 20-minute presentations should include a 300- to 500-word summary, a title
and a provisional bibliography, as well as a few lines of biographical information including your
position and institution. Please submit proposals by e-mail to mortdesfi[email protected] before
January 5, 2015. Finished versions of contributions should be received by April 13, 2015.
Presentations and papers can be in French or English. The proceedings of the conference will
be published in late 2015.
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Comité Scientifique
Frédérique Berthet Maître de conférences, Université Paris Diderot–Paris 7 (CERILAC). Déléguée
de recherche au sein de l’équipe TRAM, CNRS/EHESS (IIAC)
Laurent Husson Doctorant, Université Sorbonne Nouvelle–Paris 3 (IRCAV)
Sébastien Layerle Maître de conférences, Université Sorbonne Nouvelle–Paris 3 (IRCAV)
Daniel Morgan Doctorant, Université Sorbonne Nouvelle–Paris 3 (IRCAV)
Béatrice de Pastre Directrice des collections des Archives françaises du film du Centre national
du cinéma et de l’image animé (CNC)
Ania Szczepanska Maître de conférences, Université Paris 1–Panthéon Sorbonne (HiCSA)
Laurent Véray Professeur, Université Sorbonne Nouvelle–Paris 3 (IRCAV), Président de la Cinémathèque Universitaire
Comité d’organisation
Manon Billaut Doctorante, Université Sorbonne Nouvelle–Paris 3 (IRCAV)
Laurent Husson Doctorant, Université Sorbonne Nouvelle–Paris 3 (IRCAV)
Nadège Mariotti Doctorante, Université Sorbonne Nouvelle–Paris 3 (IRCAV)
Daniel Morgan Doctorant, Université Sorbonne Nouvelle–Paris 3 (IRCAV)
Jitka de Préval Doctorante, Université Sorbonne Nouvelle–Paris 3 (IRCAV)
Elodie Tamayo Doctorante, Université Sorbonne Nouvelle–Paris 3 (IRCAV)
Cet événement est organisé en collaboration avec la Cinémathèque Universitaire.
Bibliographie
[1] 1895. Revue d’histoire du cinéma, Conservation / Restauration, n° 69, 2013.
[2] 1969-2009, les archives françaises du film : histoire, collections, restaurations, Paris, France,
CNC, 2009.
[3] François Albéra, « Restaurez, restaurez, il en restera toujours quelque chose… », in 1895. Revue
d’Histoire du Cinéma n° 40, 2003.
[4] Irène Bessière et Jean A. Gili (dir.), Histoire du cinéma. Problématique des sources, Paris,
France, INHA / Maison des Sciences de l’Homme / Université Paris 1, 2004.
[5] Dominique Budor et Denis Ferraris (dir.), Objets inachevés de l’écriture, Paris, France, Presses
de la Sorbonne Nouvelle, 2001.
[6] Paolo Cherchi Usai, The Death of Cinema : History, cultural memory and the digital dark age,
Londres, British Film Institute, 2001.
[7] Paolo Cherchi Usai, Burning Passions : An introduction to the study of silent cinema, Londres,
British Film Institute, 1994.
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[8] Sylvie Descoins, La Restauration des films de fiction des premiers temps : Problèmes éthiques
et esthétiques, Mémoire de D.E.A. dirigé par Michel Marie, Paris, Université Sorbonne Nouvelle
Paris 3, 1997.
[9] Marie Frappat, Cinémathèques à l’italienne : conservation et diffusion du patrimoine cinématographique en Italie, Paris, L’Harmattan, 2006.
[10] Laurent Garreau, Archives secrètes du cinéma français (1945-1975), Paris, Presses Universitaires de France, coll. Perspectives critiques, 2009.
[11] André Gaudreault et Philippe Marion, La fin du cinéma ? Un média en crise à l’ère du numérique, Paris, Armand Colin, coll. Cinéma / Arts visuels, 2013.
[12] André Habib, L’attrait de la ruine, Crisnée, Belgique, Yellow now, 2011.
[13] André Habib et Michel Marie (dir.), L’avenir de la mémoire : patrimoine, restauration et réemploi
cinématographiques, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2013.
[14] Éric Le Roy et Michel Marie, Cinémathèques et archives du film, Paris, Armand Colin, 2013.
[15] Michel Marie, Les films maudits, Paris, Armand Colin, coll. Albums Cinéma, 2010.
[16] Michel Marie, François Thomas (dir.), Le mythe du « director’s cut », Paris, Presses Sorbonne
Nouvelle, coll. Théorème, 2008.
[17] Dominique Païni, Le temps exposé : le cinéma de la salle au musée, Paris, Cahiers du cinéma,
coll. Essais, 2002.
[18] La persistance des images : tirages, sauvegardes et restaurations dans la collection films de la
Cinémathèque française, Paris, Cinémathèque française, Musée du cinéma, 1996.
[19] Preservation and restoration of moving images and sound, Bruxelles, FIAF, 1986.
[20] Esteve Riambau (dir.), Multiversions, Barcelone, Filmoteca de Catalunya, 2013.
[21] Marguerite H. Rippy, Orson Welles and the Unfinished RKO Projects : A postmodern perspective, Carbondale, Illinois, Etats-Unis, Southern Illinois University Press, 2009.
[22] François Thomas, « Dans la jungle du DVD : la prolifération des versions », in Positif n° 586,
décembre 2009.
[23] Laurent Véray, Les images d’archives face à l’histoire : de la conservation à la création,
Chasseneuil-du-Poitou, SCÉRÉN-CNDP-CRDP, coll. Patrimoine références, 2011.
[24] Alain Weber, Ces films que nous ne verrons jamais, Paris, L’Harmattan, 1995.
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Manifestations, colloques, journées d’études
[1] « Comparazioni tra restauro digitale e originale in pellicola », rencontre avec Schawn Belston, Grover Crisp et Ned Price (responsables des restaurations pour 20th Century Fox, Sony
Columbia et Warner Bros.) à l’occasion de la Summer School de la Fédération Internationale
des Archives du Film (FIAF), festival « Il Cinema Ritrovato », Cineteca di Bologna, 29 juin 2014.
[2] « Once Public Asked for Cinema : OPAC system and film archives », communication de
Rossella Catanese et Massimo Benvegnù, XXI MAGIS Gorizia International Film Studies Spring
School, 7 avril 2014.
[3] « Histoire et pratiques d’une archive singulière : autour des 40 ans de la Cinémathèque universitaire », journée d’étude organisée par l’IRCAV, Université Sorbonne Nouvelle Paris 3, et
l’HiCSA, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, INHA, 10 décembre 2013.
[4] « Conserver / Restaurer », rencontres organisées par le Festival « Toute la mémoire du
monde » (festival international du film restauré), Cinémathèque française, 6 décembre 2013.
[5] « Tra film e digitale, un futuro per il passato », dialogue avec Thierry Frémaux (Délégué général
du Festival de Cannes), festival « Il Cinema Ritrovato », Cineteca di Bologna, 2 juillet 2013.
[6] « La restauration des films à l’ère du numérique », table ronde organisée par la Cinémathèque
Universitaire en partenariat avec l’AFRHC à l’occasion de la sortie du n°69 de 1895. Revue
d’histoire du cinéma, Université Sorbonne Nouvelle Paris 3, 13 mai 2013.
[7] « Multiversions », symposium organisé à l’occasion du 69è congrès de la Fédération Internationale des Archives du Film (FIAF), Filmoteca de Catalunya, 22-23 avril 2013.
[8] « Le Lindgren Manifesto - 8e partie. Prélude à la fondation d’un Musée de l’Image Numérique » conférence de Paolo Cherchi Usai ; suivie de « Quelle éthique pour la restauration
de film en 2012 ? », table ronde organisée par la Fédération Internationale des Archives du
Film (FIAF) animée par Christophe Dupin, festival « Toute la mémoire du monde » (festival
international du film restauré), Cinémathèque française, 30 novembre 2012.
[9] « Financements et restaurations » et « Restauration et nouvelles technologies », tables rondes
animées par Serge Toubiana et Michel Romand-Monnier, festival « Toute la mémoire du
monde » (festival international du film restauré), Cinémathèque française, 29 novembre 2012.
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