"La médecine hyperbare, une bouffée d`oxygène et un soin 100

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"La médecine hyperbare, une bouffée d`oxygène et un soin 100
"La médecine hyperbare, une bouffée d'oxygène
et un soin 100 % bio qui n'a pas fini
de nous révéler ses vertus… à Marseille"
Mathieu Coulange en interview…
Dr Mathieu Coulange,
médecin urgentiste spécialisé
en hyperbarie.
Traiter les accidents de décompression ou régénérer des tissus
altérés font partie des traitements de la médecine hyperbare… Pour cette
toute jeune spécialité (50 ans à peine), Marseille fait partie des villes
pionnières grâce au Pr Philippe Ohresser qui démarre l'aventure dans
les années 70 à l'hôpital Salvator. Depuis 2005, plus de 7 000 séances
sont réalisées chaque année dans les trois caissons de l'hôpital Ste
Marguerite. Mathieu Coulange, médecin hyperbare, nous plonge dans
les ambitions de ce domaine encore peu connu…
> Pouvez-vous revenir sur les fondements de cette spécialité ? Et expliquer les effets de
l'oxygène…
Mathieu Coulange : La médecine hyperbare consiste à faire ventiler du gaz sous pression pour obtenir dans
le sang, sous forme dissoute, de fortes doses d’oxygène. Nous obtenons alors une aide précieuse à la cicatrisation chez les diabétiques, les artériopathes et les traumatisés. Cette hyperoxygénation répare également
les tissus irradiés après une radiothérapie, stimule les défenses immunitaires en cas d’infection et détoxifie le
sang lors d’une intoxication au CO. Par ailleurs, l’augmentation de pression permet de fragmenter les amas
gazeux intravasculaires et ainsi de limiter les effets délétères d’un accident de plongée ou les conséquences
pathologiques d’un passage de gaz accidentel lors d’un acte médical.
> De quelle manière se déroule une séance dans le caisson ?
Mathieu Coulange : Le service fonctionne H24. Une séance dure en général 90 minutes, une à deux fois par
jours, mais peut dans certains cas s’étendre jusqu’à 5 ou 7 heures. Nous
pressurisons la chambre hyperbare afin de parvenir à la pression requise
pour le traitement puis nous administrons le gaz via un masque facial.
Nous restons en contact constant avec le patient par l’intermédiaire d’un
système vidéo-phonique et pouvons nous rendre dans le caisson ou
nous en extraire via un SAS. Grâce à une collaboration étroite avec la
société COMEX S.A., mondialement connue, nous travaillons actuellement sur l’ergonomie à l’intérieur des caissons en vue d'améliorer le
confort des patients et d'optimiser l’efficience des équipes soignantes
Les trois caissons de l'hôpital Ste-Marguerite
dans cet environnement contraignant.
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> Quels sont actuellement vos projets, vos ambitions et les développements en cours
concernant cette spécialité ?
Mathieu Coulange : Si cette spécialité est nouvelle, le niveau de preuve ne cesse d’augmenter, à ce titre,
les principales indications ont été validées par la Haute autorité de Santé en 2007. C'est très important, car
cela permet de développer une crédibilité au sein des institutions, indispensable pour faire accepter la nécessité
de créer de nouveaux centres hyperbares en France et ainsi améliorer l’offre de soin. Nous travaillons en
parallèle sur des projets de recherche pour affiner la compréhension des accidents de plongée et développer
de nouvelles indications en particulier dans la médecine du sport et la fécondation in vitro.
> Dans quels autres domaines peut intervenir la médecine hyperbare et hypobare(1) ? Travaillez-vous en partenariat, si oui, lesquels ?
Mathieu Coulange : Nous sommes également capables de nous projeter sur le terrain pour évaluer l’impact
physiologique des environnements extrêmes sur l’individu, proposer des axes de prévention et développer
des stratégies de prise en charge en cas de survenu d’événements indésirables en situation d’éloignement
des secours. Nous avons ainsi initié des partenariats avec les professionnels de la mer (sapeurs pompiers,
douaniers, gendarmes, archéologues, biologistes, marins…) mais également avec le monde de l’aéronautique
comme par exemple les équipages héliportés de la Sécurité Civile dans le cadre de stages de survie en cas
de crash, ou encore avec les stagiaires de l’Ecole du Personnel Navigant d’Essais et de Réception du Centre
d’Essai en Vol d’Istres au cours de séances de sensibilisation au risque hypoxique.
> Vous avez fait la connaissance de Provence Promotion de manière originale, paraît-il…
Mathieu Coulange : Oui, j'ai connu Provence Promotion à travers la remarquable pugnacité dont ses
équipes ont fait preuve pour "booster" le projet d’implantation du Centre National de Plongée de la Sécurité
Civile. Pour cela je ne peux que saluer ses actions. Devant la demande forte de nos institutions en matière
de développement des interactions entre l’Hôpital, l’Université et le monde des entreprises, cette agence
représente une interface dont on ne saurait se passer pour créer des réseaux et mettre en contact les bons
interlocuteurs. Peu de gens savent ce que nous réalisons… Par exemple, notre plateau technique exceptionnel
et notre thématique originale nous ouvrent de nouvelles perspectives telles que le sport avec les nageurs
internationaux du Cercle des Nageurs, la plongée nucléaire avec Comex Nucléaire du groupe ONET ou
encore la sécurité maritime. Il est aussi essentiel de rappeler que nous pouvons mettre à la disposition des
industriels notre chaîne de mesures pour tester du matériel dans des conditions contraignantes. Nous disposons
à Marseille d’un vrai pôle de compétitivité dans les domaines physiologiques, médicaux et technologiques
appliqués aux environnements extrêmes.
(1)
Le caisson hypobare simule la haute altitude (faible pression atmosphérique).
En savoir plus :
> Le centre hyperbare de Marseille
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