Présence et Mission – Sainte Edith Stein

Transcription

Présence et Mission – Sainte Edith Stein
Le Bulletin de
San Damiano Media
N° 27 - 2e Tr 2006
Email : [email protected]
Ascension
Jésus monte au Ciel après avoir donné sa Parole, sa
Vie et sa Résurrection à l’humanité. Il envoie ses disciples dans une mission universelle et les assure de sa présence parmi eux. Il donne ses pouvoirs à l’Église et il
annonce son retour glorieux. Chacun de ces chapitres est
l’occasion pour nous d’approfondir et de mieux comprendre le message de Notre-Dame des Roses à San Damiano.
Mission Universelle
Jésus, avant de monter au Ciel,
donne à ses apôtres sa dernière directive :
Allez donc, de toutes les nations
faites des disciples, les baptisant au
nom du Père et du Fils et du Saint
Esprit (Mt 28, 19).
Et comme ils étaient là, les yeux
fixés au ciel pendant qu'il s'en allait,
voici que deux hommes vêtus de
blanc se trouvèrent à leurs côtés ils
leur dirent : Hommes de Galilée,
pourquoi restez-vous ainsi à regarder le ciel ? (Ac 1,10-11)
Notre saint Père le Pape Benoît
XVI a justement commenté ces paroles lors de son voyage en Pologne.
Il explique la mission :
Moi aussi, Benoît XVI, Successeur du Pape Jean-Paul II, je vous
prie de regarder le ciel depuis la terre, de fixer Celui
qui - depuis deux mille ans - est suivi par les générations qui vivent et qui se succèdent sur notre terre, en
retrouvant en Lui le sens définitif de l'existence. Fortifiés par la foi en Dieu, engagez-vous avec ardeur pour
consolider son Royaume sur la terre: le Royaume du
bien, de la justice, de la solidarité et de la miséricorde.
Je vous prie de témoigner avec courage de l'Evangile
face au monde d'aujourd'hui, en apportant l'espérance
aux pauvres, aux personnes qui souffrent, aux laisséspour-compte, à ceux qui ont perdu l'espoir, à ceux qui
ont soif de liberté, de vérité et de paix. En faisant le bien
à l'égard de votre prochain et en vous montrant attentifs
au bien commun, vous témoignez que Dieu est Amour
(homélie de Benoît XVI à Cracovie le 28 mai 2006).
Le jour de Noël 1969, à San Damiano, comme dans
bien des messages, la Madone nous exhorte dans les
mêmes termes :
Que cette journée ne soit que pour Jésus. Offrez-là
toute à Jésus pour vous, pour vos chers, pour le monde
entier, pour l’Eglise, pour les nations. Que tous reviennent à la paix, cette paix d’amour de Jésus, cette paix
qui doit régner dans les cœurs. Qu’il n’y ait que paix,
amour et foi. Tous unis à mes côtés (SD jeudi 25 décembre
1969).
Comme ces paroles sont d’actualité dans des temps si
troublés!
Évangéliser, c’est aider notre
frère à approfondir ses expériences passées jusqu’au moment où
il reconnaîtra en la personne du
Christ, en sa mort et sa résurrection, la vérité qui illumine sa propre vie (commentaire de la Bible des Peuples Ed Sarment).
La mission, c’est aussi réaliser
cette harmonie avec Jésus et entre
les hommes comme le désire Marie :
Que dans votre famille règne la
paix, l’harmonie de Jésus, l’amour de Jésus dans votre famille,
dans les nations et dans le
monde entier (SD jeudi 25 décembre
1969).
Présence perpétuelle
Et voici que je suis avec vous
pour toujours jusqu'à la fin du
monde (Mt 28, 20).
Si, avant de partir pour le Ciel, Jésus nous assure de
sa présence parmi nous jusqu’au bout, il est normal et
consolant que sa Mère en fasse autant à San Damiano :
Ici est un lieu de prière et ce sera un lieu de prière
jusqu’à la fin du monde (SD jeudi 16 septembre 1965).
Moi, Je serai toujours au milieu de vous, Je l’ai promis : Je ne vous abandonnerai pas ! Sur toute personne
quelle qu’elle soit qui est à coté de ce petit jardin de
Paradis, Je la bénis et Je répands des grâces ! Même si
vous ne me voyez pas, même si Je ne parle pas, ma présence est toujours au milieu de vous que j’aime tant !
C’est ma joie et mon réconfort d’être au milieu de mes
enfants, spécialement ceux qui m’aiment et me consolent. Mais je veux aussi tous ceux qui ne m’aiment pas
(SD vendredi 19 juillet 1968).
Les Miracles
Avant de rejoindre son Père, Jésus remet sa puissance
à l’Église
Et voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom ils chasseront les démons, ils
parleront en langues nouvelles, ils saisiront des serpents, et s'ils boivent quelque poison mortel, il ne leur
fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux infirmes
et ceux-ci seront guéris (Mc 16, 17-18).
Cette parole pose le problème des miracles et prodiges dans l’Eglise. A San Damiano de nombreux pèlerins et fidèles attestent avoir vu des signes, avoir été
guéris, comme autant de prodiges qu’ils attribuent à la
puissance de l’Esprit par Marie. D’autres se plaignent
de ne rien voir, de n’être pas guéris suffisamment vite,
ou ont constaté ces prodiges dans les premiers temps
de l’apparition et regrettent qu’ils se raréfient. D’autres
encore critiqueraient volontiers les autorités de l’Eglise
qui ne reconnaîtrait pas suffisamment vite tous ces
fruits.
Une parole de saint Grégoire va nous permettre de
prendre du recul par rapport à ce débat :
" Ils imposeront les mains sur les malades, " etc. Notre foi est-elle donc moins vive, parce que nous ne
sommes pas témoins de semblables prodiges ? Non,
mais ils étaient nécessaires à l'Eglise naissante. La foi
des chrétiens a du, pour se développer, être nourrie
par des miracles. Ainsi, lorsque nous plantons des arbustes, nous les arrosons jusqu'à ce qu'ils se soient
incorporés à la terre, et nous cessons de les arroser
lorsqu'ils ont pris racine.
Mais ces miracles et ces prodiges ont une signification mystérieuse qui ne doit pas nous échapper; car la
sainte Église accomplit tous les jours dans les âmes ce
qu'elle faisait alors par les Apôtres pour les corps.
Lorsque les prêtres, en vertu du pouvoir qu'ils ont
reçu d'exorciser, imposent les mains sur les chrétiens,
et qu'ils défendent aux esprits mauvais d'habiter dans
leur âme, que font-ils autre chose que de chasser les
démons ?
Ainsi les fidèles qui renoncent au langage du siècle
2
pour consacrer leur parole à la prédication des saints
mystères, parlent de nouvelles langues ; et ils prennent
les serpents comme avec la main, lorsque par leurs
sages exhortations ils arrachent le mal du cœur de
leurs frères.
Ceux qui résistent aux pernicieux conseils qui voudraient les entraîner dans ses actions criminelles, boivent un breuvage empoisonné sans en recevoir de mal.
Ceux qui, toutes les fois qu'ils voient leur prochain
chanceler dans la voie du bien, le fortifient par
l'exemple de leurs vertus, imposent les mains sur les
malades et les guérissent.
Or, ces miracles sont d'autant plus grands, qu'ils appartiennent au monde spirituel, et qu'ils ont pour objet
de rendre la vie non aux corps, mais aux âmes (S. Gregoire. hom. 29).
A San Damiano, la Madone, au début, à donné beaucoup de signes afin d’enraciner notre foi ; elle en
donne peut-être moins actuellement, mais c’est pour la
faire grandir.
Le chapelet qu’elle nous met en main n’est-il pas
l’arme la plus puissante et fait fuir les forces du mal.
Renoncer au langage du siècle c’est aussi s’éloigner
de l’influence pernicieuse des médias et de l’évolution
des mœurs. C’est pourquoi si Marie invite à fuir la télévision, les théâtres, les cinémas, ce n’est pas pour
fuir la culture, mais pour s’éloigner de ce qui mène les
âmes à la perdition.
Marie invite les prêtres, les mamans, les papas et les
fidèles au bon exemple des vertus, et cela guérit les
consciences et les âmes :
Mamans, Papas, rappelez vos enfants auprès de vous
comme Moi je vous rappelle. Vous, rappelez-les par
l’amour, rappelez-les par la prière. Sauvez vos enfants, sauvez-les. Avec mon aide, vous pouvez tout
faire (SD vendredi 4 juillet 1969).
Et lorsque nous prenons l’eau de San Damiano c’est
la guérison de « l’âme et du corps » que nous demandons, c’est cette guérison qu’elle nous promet :
Jeunesse, jeunesse,… je vous donne tant d’amour, je
donne tant de paix à votre cœur et vous appelle au salut d’âme et de corps (SD samedi 24 mai
1969).
Quand à ce qui concerne la reconnaissance de ces fruits, Marie se désole surtout de nos futilités et de notre infidélité :
Je donne beaucoup de grâces, beaucoup, en ce lieu, mais personne ne
les annonce ! Personne ne veut mon
triomphe ! Vous demandez tant…
mais ne voulez que ce qui est vain…
Mais si vous annonciez les grâces
que vous recevez, ce serait la confirmation de ma présence. J’ai donné
tant de conversions ! J’ai mis tant
de joie dans les cœurs, j’ai mis tant
d’âmes sur la voie de la sainteté (SD
vendredi 27 septembre 1968).
2
ment de l'histoire (Rm 11,31) à sa reconnaissance par
"tout Israël" (Rm 11,26 Mt 23,39) dont "une partie s'est endurcie" (Rm 11,25) dans "l'incrédulité" (Rm 11,20) envers Jésus. Saint Pierre le dit aux juifs de Jérusalem après la
Pentecôte: "Repentez-vous et convertissez-vous, afin que
vos péchés soient effacés et qu'ainsi le Seigneur fasse
venir le temps de répit. Il enverra alors le Christ qui
vous est destiné, Jésus, celui que le Ciel doit garder jusqu'au temps de la restauration universelle dont Dieu a
parlé dans la bouche de ses saints prophètes" (Ac 3,19-21).
Et saint Paul lui fait écho: "Si leur mise à l'écart fut une
réconciliation pour le monde, que sera leur admission,
sinon une résurrection d’entre les morts?" (Rm 11,15).
L'entrée de "la plénitude des juifs" (Rm 11,12) dans le salut
messianique, à la suite de "la plénitude des païens" (Rm
11,25 cf. Lc 21,24), donnera au Peuple de Dieu de "réaliser la
plénitude du Christ" (Ep 4,13) dans laquelle "Dieu sera
tout en tous" (1Co 15,28) (CEC n° 674).
Il était donc naturel d’étudier la vie de sainte Thérèse
Bénédicte de la Croix (Edith Stein) dans ce numéro
consacré à l’Assomption. Avec elle nous pensons aux
Ratisbone, Max Jacob, le rabbin Zolly et autres Lustiger ;
autant de grands juifs convertis qui annoncent ces temps
nouveaux.
Marie descendra du Ciel :
Le Triomphe ?
Etant donc réunis, ils l'interrogeaient ainsi :
"Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas restaurer
la royauté en Israël ?" Il leur répondit : "Il ne vous appartient pas de connaître les temps et moments que le
Père a fixés de sa seule autorité. Mais vous allez recevoir une force, celle de l'Esprit Saint qui descendra sur
vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans
toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la
terre" (Ac 1, 6-8).
Les pèlerins de San Damiano sont très sensibles à ce
thème du retour du Christ car Marie parle souvent de son
Triomphe et de celui de son Fils.
Le Catéchisme de l’Eglise Catholique donne une explication très précise des circonstances de ce retour:
Le Christ a affirmé avant son Ascension que ce n'était
pas encore l'heure de l'établissement glorieux du
Royaume messianique attendu par Israël qui devait apporter à tous les hommes, l'ordre définitif de la justice,
de l'amour et de la paix. Le temps présent est, selon le
Seigneur, le temps de l'Esprit et du témoignage, mais
c'est aussi un temps encore marqué par la "détresse" (1Co
7,26) et l'épreuve du mal (Ep 5,16) qui n'épargne pas l'Eglise
(1P 4,17) et inaugure les combats des derniers jours (1Jn 2,18
4,3 1Tm 4,1). C'est un temps d'attente et de veille. (CEC n° 672)
Depuis l'Ascension, l'avènement du Christ dans la
gloire est imminent (Ap 22, 20) même s'il ne nous
"appartient pas de connaître les temps et les moments
que le Père a fixés de sa seule autorité". Cet avènement
eschatologique peut s'accomplir à tout moment même s'il
est "retenu", lui et l'épreuve finale qui le précédera (CEC
n° 673).
La venue du Messie glorieux est suspendue à tout mo-
Jean XXIII avait prédit une nouvelle Pentecôte d’Amour sur l’humanité. Nous vivons depuis deux siècles
une ère mariale avec des interventions où Marie annonce
partout ces temps nouveaux.
Gardons nous cependant de chercher un triomphe matériel et politique au travers des communications du Ciel.
En effet, l'Eglise enseigne qu’elle n'entrera dans la
gloire du Royaume qu'à travers une ultime Pâque où elle
suivra son Seigneur dans sa mort et sa Résurrection (Ap
19,1-9). Le Royaume ne s'accomplira donc pas par un
triomphe historique de l'Eglise (Ap 13,8) selon un progrès
ascendant mais par une victoire de Dieu sur le déchaînement ultime du mal (Ap 20,7-10) qui fera descendre du Ciel
son Epouse (Ap 21,2-4). Le triomphe de Dieu sur la révolte
du mal prendra la forme du Jugement dernier (Ap 20,12)
après l'ultime ébranlement cosmique de ce monde qui
passe (2P 3,12-13) (CEC n° 677).
C’est bien le même langage que tient la Madone :
Courage mes enfants, courage. Le démon fait rage
mais Je triompherai. J’écraserai l’ennemi, mais mon
Cœur doit triompher sur le monde entier (SD 25 octobre
1968).
Je suis Votre Maman qui vous appelle à la prière et à
la pénitence pour éviter les châtiments et que vienne Mon
Triomphe de joie et d’amour dans le monde (SD vendredi 27
décembre 1968).
Vous ne devez pas craindre ; c’est Moi qui viens. Je
suis la Reine de la miséricorde, et mes enfants, je les
veux tous sur mon Cœur !
Soyez-moi unis, soyez-moi unis et ne craignez pas.
C’est Moi qui vous appelle. C’est Moi qui vous inspire
pour vous embrasser et vous presser sur mon Cœur, Moi
qui vous aime tant ! (SD vendredi 26 juillet 1968). ■
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Jean-Romain Fabrikant
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Le Poirier de San Damiano, signe de présence trinitaire
Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit (Matt
Ce sont les dernières paroles de Jésus avant l’Ascension et la première fois qu’il est question dans les évangiles,
en une même occasion, des trois personnes trinitaires, comme si Jésus laissait à l’Église le soin d’en établir le dogme.
Le message de San Damiano fait souvent référence à cette réalité trinitaire du divin, ne serait-ce que dans l’envoi
final de chaque message sous forme d’une bénédiction faite par Marie au nom de son Fils, du Père Éternel et de l’Esprit Saint. Les citations dans ce domaine sont nombreuses mais nous verrons que le signe de la présence trinitaire peut
être retrouvé sur les lieux mêmes de l’apparition, au Jardin de Paradis.
28, 19).
Les pèlerins ont vu ces dernières années la lente agoIl est possible de comparer ce poirier avec la plante
dont on lit dans le Cantique des Cantiques (Ct 2, 3) :
nie d’un arbre, ce poirier qui fut le socle de la grande
« Comme le Pommier parmi les arbres d’un verger,
apparition du 16 octobre 1964. Cette plante restera le
symbole du 16 Octobre, or, nous savons que cette date
ainsi est mon bien-aimé parmi les jeunes hommes ».
Des commentateurs célèbres de l’écriture Sainte,
est aussi au centre de la vie de Jean-Paul II qui a été
notent que le pommier se trouve là en tant que plante
élu pape un 16 octobre !
Cet arbre est mort pendant l’année du Rosaire, ellequi porte du fruit. Un tel arbre qui répand son ombre
même initiée un 16 octobre ; il meurt la vingtagréable et saine, est un symbole de Jésus Christ, de sa
cinquième année du pontificat de ce Pape (2003). On
croix, de la vertu de laquelle vient l’efficacité de la
aura beau dire que « ce n’est qu’un arbre », il restera un
prière et l’assurance de la victoire4.
symbole fort, lié aux apparitions de San Damiano, et lié
Il est vrai que le poirier, s’il est inconnu dans la biau règne de Jean-Paul II. Il marque symboliquement la
ble, est cependant universellement symbolique de féfin d’un temps. Et lorsque nous parlons de symcondité, que son fruit est doux au
bole, cela veut dire, non pas figuration d'une abpalais, et que, poirier ou pommier
sence, mais ouverture vers une présence, vers la
(les deux arbres appartiennent à la
vie.
famille botanique des rosacées…
Le retour au Père de Jean-Paul II est une mort
encore des roses…!), sa présence au
centre du Jardin de Paradis n’est
qui donne la vie. De même la mort de cet arbre
ne tue pas le symbole : si le grain de meurt (Jn 12,
pas sans enseignement.
24)…
Sicut malus inter ligna silvarum,
Pour approfondir ce symbolisme reprenons
littéralement « Comme un pommier
notre lecture du Cantique des Cantiques1, notamparmi les arbres de la forêt » : les
ment au troisième verset du deuxième chapitre:
arbres de la forêt ne donnent pas de
fruits, ils sont stériles d’une cerComme le pommier parmi les arbres d'un vertaine manière, alors que le pomger, ainsi (est) mon bien-aimé parmi les jeunes hommier produit un fruit délicieux ; le
mes.
16 oct. 1964
contraste est donc grand et cette
J'ai désiré m'asseoir à son ombre,
détail de la floraison
image signifie : au milieu d’un
et son fruit est doux à mon palais2.
instantanée
du poirier monde stérile, mon Bien Aimé est le
Le Bien-Aimé est comparé à un pommier, arbre extrêmement rare dans la Bible puisqu’il n’en est
seul à donner un fruit de Vie (CBA70).
question que dans le Cantique et dans le prophète Joël.
Et Origène dira :
Le Bien-Aimé est l’Unique et c’est pourquoi l’épouse le
Tous les arbres sont forêts stériles en comparaison
compare à un arbre quasiment unique dans la Bible. Par
du Verbe de Dieu. Comparé au Christ tous (les autres)
ailleurs les rabbins font le rapprochement entre le nom
manifestent leur improductivité (CCO48).
du pommier (en hébreux) et le mot “haleine”, du livre
A la lumière de ces méditations, pourquoi le poirier
de la Genèse où il est écrit : Le Seigneur souffla dans ses
de San Damiano ne symboliserait-il pas cette présence
de Jésus qui est au centre de tout le message ?
narines une haleine de vie et Adam devint un être vivant
(Gn 2, 7) (CBA69).
En effet la Madone affirme : Réunissez-vous tous,
sous
ce petit arbre, ici en ma présence avec foi, avec
Présence du fils
amour, avec (une) grande pénitence. Jésus aura (de la)
A San Damiano, point de pommier, seulement un
pitié et (de la) miséricorde pour tous. Le Père Eternel
poirier, accompagné d’un prunier, au sein d’un verger
étendra ses bras et répandra sa miséricorde sur le
(les autres arbres fruitiers ont été retirés).
monde (SD vendredi 10 février 1967).
Dans un songe de Don Bosco que nous avons déjà
On notera que Marie nous invite près d’Elle, à l’omcommenté, il était question d’un poirier, lieu d’attache
bre de cet arbre, comme en écho au Cantique où il est
d’une corde symbolisant le chapelet, pour la destruction
dit que la bien aimée est assise à son ombre. Ce qui
du serpent maléfique3. Il nous plaît de relire l’explicasignifie donc qu’avec Marie, nous sommes tous invités
tion du commentateur de Don Bosco qui écrivait :
à nous blottir à l’ombre de Jésus.
1. Dans le 4Numéro 10 de nos Bulletins
nous avons médité sur les deux premiers
versets du 2e chapitre du Cantique.
2. Ct 2, 3
3. Cf. Bulletin N° 5
4. Memorie Biografiche di Don Bosco:
volume VII cap. XXIV, p 238-39.
5. Ct 2, 3
4
Présence de l’Esprit
Mes enfants, Je suis en ce lieu, ce lieu tout mien, que
Je veux enrichir de grâces et de trésors célestes. En ce
lieu est mon Jardin de Paradis. Un jour vous comprendrez ! (SD 20 mars 1967).
Le Jardin de Paradis est une icône vivante où cet arbre
indique la présence de l’Esprit.
En effet les rabbins comme on l’a dit plus haut, tiennent pour synonyme l’arbre, et l’haleine, celle qui donna
vie à Adam, donc le souffle, donateur de vie qui vient de
la bouche du Seigneur, qui vient de l’Esprit-Saint. Cela
signifie que, quand Adam a ouvert les yeux pour la première fois, il a vu, tout proche de sa bouche, la bouche
de Dieu qui soufflait sur lui ! Nous avons tous été créés
dans un bouche à bouche avec Dieu… Et il est écrit au
livre de Nombres : « Pour mon serviteur Moïse, toute
ma maison lui est confiée, Je lui parle bouche à bouche
(Nb 7, 7-8). On dit qu’il est mort «sur la bouche de Dieu »
(Is 58, 14) (CBA31).
A San Damiano, les enfants de Marie sont aussi
comme au “bouche à bouche” avec le Seigneur car
Marie est messagère de l’Esprit Saint et c’est dans ce
sens qu’il faut comprendre les baisers qu’elle nous
réserve :
Je donnerai bientôt un signe, mes enfants, et vous
étreindrai très fort, entre mes bras... et je vous envoie
une grande couronne de baisers, à tous les présents et
à ceux qui sont loin. Vous, par l’entremise de votre ange
gardien, envoyez à tous, dans toutes les parties du
monde, en mon nom une forte bénédiction et une couronne de baisers. Que la joie et la grâce que je donnerai dans les cœurs soient à tous un gage pour l’éternité
(SD vendredi 9 sept 1966).
Présence du Père
Dans cette exploration trinitaire, cherchons aussi avec
ce poirier, le signe de la présence du Père. Pour cela
nous pourrions méditer sur un autre verset du Cantique :
Sous le pommier je l’ai réveillée,
là même où ta mère t’a conçue, où
devint enceinte celle qui t’enfanta
(Ct 8, 5).
Chouraqui explique que le BienAimé est aussi le Père de la BienAimée ; c’est lui qui l’arrache au
sommeil naturel pour lui donner la
vie de grâce que permet l’éveil à
l’amour absolu (CCA77). Ce que
perçoit Chouraqui comme « amour
absolu », nous le traduirions par
« Miséricorde ». C’est bien le sens
du message qu’on déjà cité :
Réunissez-vous tous sous ce petit
arbre en ma présence avec foi,
avec amour, avec une grande pénitence. Jésus aura pitié, miséricorde
pour tous, et le Père Éternel étendra ses bras et répandra sa miséricorde sur le monde (SD vendredi
10 février 1967).
Il y a dans cette citation, comme une confirmation de
la présence Trinitaire à San Damiano : en ma présence,
(présence de l’Esprit qui vit en Marie) … et Jésus
(présence du Fils) aura pitié et miséricorde de tous et le
Père Eternel (présence du Père) étendra ses bras…
Les paroles de Marie, dans ce même message, se terminent dans l’espérance : Quand vous êtes dans l’angoisse, venez là, sous cet arbre, serrez-le entre vos bras,
vous trouverez le courage en tout et pour tout (SD vendredi 10 février 1967).
Il est évident qu’il ne s’agit d’embrasser cet arbre
qu’au sens figuré. Embrasser un morceau de bois serait
insensé.
Mais, ce bois, fut-il mort, s’il symbolise la vivante
présence trinitaire alors embrassons-le. En effet : si le
grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure
seul ; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit (Jn 12,
24).
Si ce bois symbolise la Croix de Jésus alors embrassons-là, car là est la consolation :
Que celui-là, que cet homme, que cette femme rare…
prenne avec joie, embrasse avec ardeur, et porte sur ses
épaules avec courage sa croix…
Qu'il la porte sur ses épaules à l'exemple de JésusChrist, afin que cette croix devienne l'arme de ses
conquêtes et le sceptre de son empire.
Enfin, qu'il la mette dans son coeur par l'amour, pour
la rendre un buisson ardent qui brûle jour et nuit du pur
amour de Dieu sans se consumer.
(St L-M Grignion de Montfort ; Lettre aux Amis de la Croix).
JRF
Bibliographie
CBA : Le chant du Bien aimé, Claire Patier. Ed Le livre
ouvert 2000.
CCO : Le Cantique des Cantiques d’Origène à saint Bernard. Ed. DDB 1983.
CCA : Le Cantique des Cantiques André Chouraqui. PUF
1970.
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LE MIRACLE DU FIL ROUGE
Le vendredi 16 octobre 1964, la Madone s’est montrée à
Rosa Quattrini dans une apparition prestigieuse, amplement décrite par la voyante en différentes versions qui se
révélèrent complémentaires (San Damiano, Histoire et document
Roland Maisonneuve ed Téqui p 34+).
Pour résumer, disons que la Madone s’est manifestée au
sein d’une lumière merveilleuse accompagnée d’un grand
globe rouge qui s’est posé entre les branches du poirier du
verger de Rosa. Ensuite, la Vierge Immaculée s’est adressée à Rosa pour lui confier son premier message. Elle lui
annonce qu’elle doit faire connaître ses messages au
monde. Rosa s’écrie qu’elle ne pourrait pas annoncer ces
choses et qu’on ne la croirait pas.
Alors, en guise de confirmation et de garantie, la Madone fait fleurir instantanément le poirier de ses fleurs
blanches en plein automne, ainsi qu’une branche du prunier que sa robe avait effleurée. Cette floraison
“miraculeuse” dura plusieurs semaines, jusqu’aux premières neiges ! Irma Barattini, amie et voisine de Rosa, qui, la
première, accourut voir le phénomène, dira : « l’arbre était
tout blanc, cela ressemblait à de la neige » (film vidéo “Il a parlé
par les prophètes” SD Media 1997).
Il y a dans ce récit beaucoup de symbolismes, et une
parole du prophète Isaïe devrait nous aider à en tirer des
lumières : « Quand vos péchés seraient comme l’écarlate,
comme neige ils blanchiront ; quand ils seraient rouge
comme la pourpre, comme laine ils deviendront » (Is 1, 18).
En effet, dans les tableaux de l’apparition du 16 octobre,
il y a successivement un globe rouge, puis la présence de
Marie Immaculée dans sa robe blanche, mais que seule
Rosa contempla, et enfin une floraison toute blanche,
comme de la neige, visible de tous. Comment, alors, ne pas
penser à la phrase d’Isaïe ?
Une histoire juive
Une belle histoire issue de deux textes juifs, le Zohar et
reprise par le Talmud, vient encore agrémenter ce passage
d’Isaïe.
(Le Zohar est un texte juif non canonique du IIe siècle
de notre ère et le Talmud est un texte juif composé entre le
IIe siècle avant J-C et le Ve après J-C. Ils comportent des
explications de la Torah et des lois juives.)
R.H. Schoeman rapporte l’histoire du miracle du fil
pourpre :
Ces livres contiennent des récits de l’époque du temple,
décrivant comment le grand prêtre entrait une fois par an
(le jour du Yom Kippour ou jour du “Grand Pardon”)
dans le saint des saints, afin d’offrir le sacrifice pour le
pardon de tous les péchés d’Israël. Il décrivent le
« miracle du fil écarlate » : un fil virait du rouge au blanc
pour signifier miraculeusement que Dieu avait accepté le
sacrifice:
“En ce jour tous les péchés sont remis […] la souillure
de l’âme et du corps, tous, ce jour-là. Dieu pardonne à
Israël et le purifie de ses péchés et nul n’est accusé devant
lui […]. Le prêtre expie pour lui-même, pour sa maison,
les prêtres, le sanctuaire, ainsi que tout Israël. On savait,
par le changement de couleur d’un certain fil écarlate
qui devenait blanc, si le prêtre avait réussi, et l’on se réjouissait partout. Si la transformation ne se produisait pas,
tous se désespéraient de savoir que leur prière n’avait pas
été acceptée” (récit du Zohar Vayikra 3).
6
D’après
le Talmud ce miracle avait cessé de se produire
quarante ans avant que ne soit détruit le temple. Le passage du Talmud constate:
“A l’origine, on attachait le fil écarlate sur la porte extérieure donnant sur la cour (du Temple). S’il devenait
blanc le peuple se réjouissait, et s’il restait rouge, ils
étaient tristes […]. Pendant quarante ans avant la destruction du temple, le fil écarlate ne devint jamais blanc, mais
demeura rouge” (Rosh Hashanah 31b).
Pratiques caduques
Le temple fut détruit autour de l’an 70 de notre ère. Le
miracle cessa de se produire vers l’an trente, époque de la
crucifixion, l’évènement qui remplaçait le sacrifice de
l’ancienne alliance par celui de Jésus sur la croix. Selon le
Nouveau Testament, au moment même où Jésus expirait, le
rideau du Temple qui séparait le Saint des Saints de l’assistance se déchira, symbolisant ainsi la fin de l’efficacité
des sacrifices de l’Ancienne Alliance (extrait de : Le salut vient des
juifs » R.H. Schoeman ed F.X.de Guibert 2006 p 97).
Le Talmud étant un livre écrit par des non-chrétiens,
cette histoire en prend d’autant plus de valeur !
En effet, le sacrifice du Christ rendait caduques les pratiques des rabbins car saint Paul écrit : En effet, le sang de
taureaux et de boucs est impuissant à enlever les péchés.
C'est pourquoi, en entrant dans le monde, le Christ dit : Tu
n'as voulu ni sacrifice ni oblation ; mais tu m'as façonné
un corps… Sacrifices, oblations, holocaustes, sacrifices
pour les péchés, tu
ne les as pas voulus
ni agréés, et cependant ils sont offerts
d'après la Loi, alors
il déclare : Voici, je
viens pour faire ta
volonté. Il abroge le
premier
régime
pour fonder le second. Et c'est en
vertu de cette volonté que nous sommes
sanctifiés par l'oblation du corps de
Jésus Christ, une
fois pour toutes.
Car par une oblation unique il a rendu parfaits pour toujours ceux qu'il sanctifie (He 9, 4… 14).
Le signe du Pardon
Ainsi semble plus évident le symbolisme du globe rouge
de l’apparition du 16 octobre, suivie de la présence de
l’Immaculée et du poirier tout fleuri en blanc, visible de
tous. Ce tableau voudrait signifier que Marie est venu porter un message de Pardon. Le Pardon pour l’humanité
toute entière par le sacrifice de son Fils, dont son Immaculée Conception est le premier fruit, selon qu’il est écrit dans
l’Apocalypse :
Ces gens vêtus de robes blanches, qui sont-ils et d'où
viennent-ils ?... Ce sont ceux qui viennent de la grande
épreuve : ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans
le sang de l'Agneau (Ap 7, 14).
Epanchez-vous en Jésus, car il est tout amour et miséricorde. Jésus attend avec tant de désir. Il vous attend à ses
pieds car il veut vous pardonner. Il veut vous prendre dans
ses bras et il veut s’épancher cœur à cœur, amour avec
amour… (SD vendredi 20 décembre1968).
6
Vocations sacerdotales à San Damiano:
Un beau témoignage à l’occasion du 30e Rassemblement
International de la Jeunesse et des Familles
Nous sommes heureux de reproduire ici un texte de notre ami Marcel Mora qui a fait le
compte rendu de ces journées mémorables.
Beaucoup d’entre vous savent déjà que lors du Rassemblement International de la Jeunesse et des Familles de début
mai 2005 lors de la messe du dimanche dans l’église de San Damiano, deux prêtres, l’un français et l’autre italien, ont
pris la parole au moment de l’homélie. Tous deux ont témoigné avoir reçu à San Damiano leur premier appel au sacerdoce et affirmé que de ce Lieu jaillira une génération de prêtres qui participera au développement de la Nouvelle Civilisation de l’Amour dans le monde
Ce mois de mai 2006, le dimanche 7 mai, à l’occasion du Rassemblement International des Jeunes et des Familles, le
curé de la paroisse, dom Pietro Dacrema présidait une messe concélébrée sur le parvis de l’église, devant une foule internationale considérable, à majorité italienne. Au cours de son homélie enflammée, il rendait grâce à Dieu en fêtant le
50e anniversaire de son ordination sacerdotale qu’il a tenu à célébrer avec les pèlerins et il exprimait sa joie d’en accueillir
un si grand nombre. Après lui un prêtre français de la communauté saint Jean, fondée par le père Marie-Dominique Philippe, a donné le témoignage suivant :
« C’est ici, à San Damiano qu’à l’âge de 36 ans, j’ai reçu pour la première fois mon appel à la prêtrise et je certifie que dans ma communauté, soixante prêtres ont entendu ici leur premier appel au sacerdoce ».
L’évangile nous apprend qu’un bon arbre produit de bons fruits dans de multiples domaines utiles au salut des hommes. L’examen du caractère surnaturel des faits de San Damiano relève de la compétence des autorités ecclésiastiques
responsables du diocèse. Nous devons leur faire entièrement confiance parce que l’Esprit Saint leur a promis sa permanente assistance et ne manquera pas, le moment voulu par Dieu, de mettre à leur disposition un « microscope électronique » assez puissant pour leur faire proclamer ce caractère surnaturel.
L’Eglise pratique la vertu de prudence à un degré héroïque. On attribue à un Cardinal de la Curie romaine, le mot suivant : « Ici, à Rome, nous avançons avec aux pieds, des chaussures de plomb ! Mais nous avançons » !
Pèlerins de Notre Dame des Roses, nous devons avoir Foi en la Promesse de notre Maman du Ciel. Elle nous dit :
« Faites et Je ferai », « Je compte sur votre fidélité, souffrez tout, pour faire connaître Ma Présence en ce Lieu »,
« Jour et nuit, Je serai avec vous, en ce Lieu sacré, dans ce Petit Jardin de Paradis, Je vous attends ici ».
Le président d’honneur Mr Marcel Mora
Association des amis de Notre Dame, à Castets, le 13 juillet 2006
Votre Panier d’intentions
de prières
- Prions pour le Liban si tragiquement
torturé.
- Prions pour ce Moyen Orient toujours ensanglanté.
- Prions pour le retour d’Israël au Christ seule solution apaisante pour cette terre assoiffée de Pardon.
- Prions pour nos amis pèlerins et sympathisants qui
sont malades, pour J. M. un père de famille qui est à
l’agonie.
- Prions pour tous les prêtres qui ont eu leur vocation
à San Damiano ou qui ont connu ce Lieu, notamment ceux qui sont en mission (Burundi, Taiwan,
Israël...).
Jubilé de Rosa
Le 5 septembre prochain, nous fêterons
de 25e anniversaire de la montée au Ciel de
Notre chère Rosa Quattrini.
Sachons marquer ce jour-là d’une prière
spéciale. Une commémoration particulière
sera organisée par l’association Ospizio Madonna delle Rose les 2 et 3 septembre sur le
lieu et de nombreux pèlerins ont choisi de s’y
rendre.
Demandons avec foi, à Rosa, d’intercéder pour la venue du Triomphe de Marie et
du Règne de Jésus, en ce Lieu et dans le
7
monde entier.
7
Message du vendredi 13 juin 1969
donné à Rosa di Gesù-Maria
Au Jardin de Paradis, à San Damiano
8
Je vous appelle ici, en ma Présence
8
9
9
« Vérité et Pardon »
SAINTE EDITH STEIN
Sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix
12 octobre 1891 - 9 août 1942 - canonisée 11 oct 1998 par JPII.
Patronne de l’Europe
Aux côtés de
saint Benoît, de sainte Brigitte de Suède et
sainte Catherine de Sienne
Lors de son voyage en Pologne, à la visite au camp de concentration d’Auschwitz, le saint Père nous confie :
… J’ai ressenti comme un profond devoir de m’arrêter de façon particulière devant la stèle en langue allemande. De là apparaît devant nous le visage d’Edith Stein, Thérèse Bénédicte de La Croix : juive et allemande, disparue, avec sa sœur, dans l’horreur de la nuit du camp de concentration allemand-nazi ; comme chrétienne et juive, elle accepta de mourir avec son peuple et
pour son peuple. Les allemands qui furent alors déportés à Auschwitz-Birkenau et qui sont morts ici étaient considérés comme
Abschaum der Nation - Déchets de la Nation - .
Mais aujourd’hui, nous les reconnaissons en revanche avec gratitude comme les Témoins de la
Vérité et du bien, qui, même au sein de notre peuple, n’avaient pas disparu. Remercions ces personnes, car elles ne se sont pas soumises au pouvoir du mal, et elles apparaissent à présent devant
nous, comme des lumières dans une nuit de ténèbres.
Avec profond respect et gratitude, nous nous inclinons devant tous ceux qui, comme les trois jeunes
face à la menace des fournaises de Babylone, surent répondre : Seul notre Dieu est capable de nous
délivrer. « Mais s’il ne le fait pas, sache, ô roi, que nous ne servirons pas ton Dieu, ni n’adoreront la
statue d’or que tu as élevée »(Dn 3, 17 sq.). Sa Sainteté le Pape Benoît XVI,Le 28 mai 2006
Selon notre habitude nous méditerons sur la vie d’Edith Stein en parallèle avec le
message de San Damiano. Les phrases en italiques sont d’Edith Stein
Enfance
Edith Stein naît le 12 octobre 1891, jour de Yom
Kippour (jour du grand pardon), à Breslau, dans une
famille juive pratiquante allemande. Son père décède
alors qu’elle n’a que deux ans. Elle est élevée par sa
mère, Augusta, qui prend en main la famille et l’entreprise de commerce de bois de son mari. Elle a déjà perdu quatre enfants et doit élever seule les deux fils et les
cinq filles qui lui restent; Edith est la petite dernière.
Frappe le roc et la sagesse en jaillira avait dit le
directeur du lycée à sa mère en parlant d’Edith. Malgré
son gros travail, Augusta est d’une vigilance extrême
dans la formation et l’éducation de ses enfants.
Très tôt, Edith Stein manifeste un grand désir d’apprendre. A six ans, elle demande de pouvoir aller à l’école et y découvre l’antisémitisme : Le chef de l’établissement la considère comme insignifiante et la relègue
constamment à la seconde place, malgré sa vivacité et
ses efforts.
Profondément marquée par les décès successifs de
deux de ses oncles, elle ne trouve finalement plus aucun
réconfort
10 dans la foi.
Edith cesse de prier et se détache progressivement
de la religion. Elle perd la foi de ses ancêtres et devient
athée. Choyée dans son milieu bourgeois, elle s’y sent
très tôt à l’étroit et mal à l’aise. Elle rêve d’espace, de
dépassement. Discipline, honnêteté, culture, indépendance, tel est son lot. A 14 ans, elle interrompt inopinément ses études et séjourne un an à Hambourg chez sa
sœur aînée, Else. Edith est calme, jolie, sportive, populaire, déterminée et surtout, elle a confiance en sa destinée !
Coup de foudre intellectuel
Elle reprend ses études et obtient brillamment à 19
ans son abitur, l’équivalent allemand du baccalauréat.
Aspirant à la carrière d’enseignante, elle s’inscrit à l’université de Breslau. Les matières sont l’allemand, l’histoire, la philosophie. La psychologie expérimentale l’intéresse particulièrement ; mais elle déchante bientôt,
l’essence de l’être humain y étant négligée. Dans ses
lectures, elle découvre le grand philosophe Edmund
Husserl, père de la phénoménologie, professeur à l’université de Göttingen. Coup de foudre intellectuel. Elle
quitte Brelau pour poursuivre ses études à Götttingen.
(int).
10
Docteur en philosophie
1914 : La première
guerre mondiale éclate,
les amphithéâtres se vident : Edith Stein s’inscrit bénévolement dans
un hôpital militaire. Aux
médecins, étonnés de la
voir interrompre ses études, elle explique : Mes
camarades sont sur le
champ de bataille, je ne
vois pas pourquoi je devrais avoir la vie plus
facile qu’eux ! Elle aime
particulièrement soigner
les patients en situation
de grande détresse, avec
qui elle a des contacts
privilégiés (C28) [1]. Après quelques mois au front
comme infirmière, elle suit Edmund Husserl à Fribourg
et obtient en 1916 son doctorat en philosophie avec la
plus haute mention : summa cum laude. A 25 ans Edith
devient sa principale collaboratrice !
La thèse d’Edith Stein :
L’“Einfühlung” (fuhlen, toucher) : Toucher de l’intérieur, c’est une étude de la vie intérieure,.
A l’origine, le mot “Einfuhlung” renvoie au contact
avec des objets sensibles et ce n’est qu’au courant du
XVIIe siècle qu’il commence à être employé pour des
sentiments psychologiques (A96).
Edith a définit l’Einfühlung comme un acte fondamental dans la relation à l’autre et le décrit comme un
acte d’amour. L’Einfühlung doit donc appartenir aussi
par essence à l’acte d’amour de Dieu pour l’homme et,
en conséquence, à l’oraison par laquelle s’actualise
l’amour pour Dieu [2]. Ce n’est que par l’Einfühlung
que je me sens personnellement concerné par l’autre, et
notamment par Dieu, par sa valeur, par sa personne.
Sinon la piété court le danger de devenir utilitariste,
d’une manière que M. Eckhart (1260-1328) avait déjà stigmatisée en termes cinglants : Certaines personnes veulent contempler Dieu avec les yeux qui leur servent à
contempler et aimer Dieu comme elles aiment une vache : On l’aime à cause du lait et du fromage, et d’une
manière générale pour le profit qu’on en retire. C’est
ainsi que se comportent tous les gens qui aiment Dieu,
pour le désir des richesses extérieures ou de consolations intérieures !
Concrètement, l’Einfühlung à l’égard de Dieu s’accomplit sous la forme de méditation qui est une Écoute
avant d’être un discours (…) il s’actualise dans la prière
silencieuse, contemplative, dans une attention amou1. Priez pour tous. Apportez à tous une parole de réconfort, surtout aux malades, aux éprouvés, aux prisonniers, aux affligés… SD
1er novembre 1969
2. Faites des heures d’adoration, même à la maison. Unissez-vous
à Jésus-Hostie… SD vendredi 26 septembre 1969
3. Je suis au milieu de vous pour vous combler de grâces, pour
reuse à la présence cachée de Dieu, selon l’expression
de Jean de La Croix, une attention par laquelle le priant
est réceptif au déversement de Dieu en l’âme, à cette
science que Dieu (lui-même) communique mystérieusement à l’âme et qu’il lui enseigne dans la perfection de
l’amour, celle que les contemplatifs appellent contemplation infuse ou bien théologie mystique (A117).
En Jésus de Nazareth, Dieu se rend perceptible à
nous par Einfühlung, il peut être authentiquement
connu. Notre amour de Dieu et notre amour du prochain auront la forme que nous leur donnerons – ou
non – par notre Einfühlung .
La pensée d’Edith Stein n’avait rien de pieux au début de sa rédaction (A124). Parallèlement à ses nombreux
travaux relevant du domaine de la pure rationalité, elle
poursuit inlassablement une quête métaphysique qui
l’approche lentement vers le Christ.
Edith cherche Celui qui l’attend
Malgré la foi profonde de sa mère, Edith n’avait visiblement jamais intériorisé la foi juive et n’en a gardé
que les aspects extérieurs qui la rebutaient plutôt, ainsi
que le montre sa description de l’enterrement d’un oncle : J’ai entendu bien des discours semblables. Ils reprennent tous la vie du défunt, mettent en avant ce qu’il
a fait de bien, ils n’ont rien de consolant, mais il n’y a
derrière cela aucune foi en une vie personnelle qui
continue, ni en des retrouvailles après la mort (A26).
Il y avait cependant un monde caché au plus profond de moi. Ce que je voyais et entendais au cours de
la journée y était comme assimilé et médité (A25).
Aucun doute qu’elle ait traversé une nuit intérieure :
Vouloir croire et ne pas pouvoir. Une foi qui vient
et qui s’en va [3]; un pressentiment intellectuel de la
vérité en Dieu mais sans pouvoir en faire l’expérience
encore de façon existentielle ; se sentir attirée par elle
mais sans en être encore complètement pénétrée(A33).
Le goutte-à-goutte de la foi
La foi rend les hommes capables de s’engager dans
des chemins qui les condamneraient à l’échec du point
de vue strictement humain. On s’y engage en solitaire,
car la masse des gens n’y comprend rien.
Le chemin de la foi mène vers le silence [4] et la
solitude, mais Dieu laisse l’âme y trouver du goût, car
c’est là que coulent les “sources de l’Eau vive” : des
clairvoyances et des vérités qui sont un don de Dieu. La
joie qui s’y rattache procure une force intérieure qui
relève les hommes lassés et accablés. La certitude intérieure renforce dans l’âme le sentiment d’être sur le
bon chemin, celui de l’imitation de Jésus-Christ, qui
sait dédommager l’âme en un instant pour tout ce
qu’elle a enduré pour Lui (C40).
vous donner une foi ferme, une ardente charité et un vrai repentir
de vos péchés… SD lundi 11 mai 1970
4. En avant, en avant. Avec la patience, la résignation et le silence,
vous trouverez tout. Dans le silence, vous trouverez les grâces,
dans le silence, le démon ne peut pas vous prendre parce
11 que je
suis à vos côtés et je vous inspire… SD vendredi 31 janvier 1969
11
Cheminement vers la Vérité
Trois évènements clefs touchent son âme :
Edith Stein visite en juillet 1916 la cathédrale de
Francfort ; elle est extrêmement surprise de voir une
femme agenouillée pour prier. Ici, au beau milieu des
affaires du quotidien, quelqu’un pénétrait dans une
église vide pour un échange confidentiel. Cela, je n’ai
jamais pu l’oublier (E18)!
En 1917, meurt au front un ancien assistant du philosophe et ami d’Edith Stein, Adolph Reinach. Venue
pour réconforter sa femme Anna, Edith est profondément impressionnée par l’attitude courageuse et digne
de la jeune femme, catholique pratiquante : Pour la
première fois, je rencontrais la Croix et la force
qu’elle donne [5] à ceux qui la portent.
Quatre ans plus tard, en 1921, elle lit chez une amie
la biographie de sainte Thérèse d’Avila : Je pris un
livre volumineux. Il portait le titre de Vie de sainte
Thérèse d’Avila, écrite par elle-même. Je commençai à
lire, je fus saisie aussitôt et ne m’arrêtai plus avant la
fin. En fermant le livre, je me dis : Là, est la Vérité. La
Vérité, non pas au sens philosophique du terme mais
au sens existentiel.
Edith Stein s’est directement exprimée sur Thérèse
dans trois écrits :
- Amour pour amour : Vie et œuvre de sainte Thérèse de Jésus.
- Une virtuose dans l’art d’éduquer et de former.
- Le château intérieur.
Le fait le plus marquant pour Edith est l’insistance
de Thérèse sur la prière, plus exactement l’Oraison :
La prière est une échelle de Jacob par laquelle l’esprit
de l’homme va vers Dieu en s’élevant, et la grâce de
Dieu vers l’homme, en descendant (…) C’est le dialogue intérieur de l’âme avec Dieu (A42). Le centre de
l’âme étant le lieu où la voix de la conscience se laisse
entendre, et le lieu de la libre décision personnelle
(A43).
Je compris combien il est avantageux de ne faire
aucun cas de tout ce qui ne sert pas à nous rapprocher de Dieu. Par là aussi, je compris ce que c’est que
de marcher dans la vérité, en présence de la Vérité. Et
Notre Seigneur me fit connaître qu’il est Lui-même
cette Vérité (A 48).
Entre Saint Jean de la Croix, lié à l’œuvre de Thérèse d’Avila, et soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix, il
y a un lien mystérieux et providentiel. Edith est née
lors du troisième centenaire de la mort de Jean et elle
est morte l’année du quatrième centenaire de sa naissance ! Elle éprouvait envers lui comme un lien de parenté, voire d’identification (A65).
Grand saint et docteur de l’Église, saint Jean de la
Croix était un homme de prière surnaturellement éclai5. Mais vous, tenez-vous prêt avec Jésus dans votre cœur, alors
vous aurez la force de porter la croix et avec la récitation du saint
rosaire que je demande nuit et jour à mes enfants… SD vendredi 24
avril 1970
6. Veillez12à rester petits, mes enfants chéris ! Humiliez-vous, pas
d’orgueil, ni de superbe, seulement l’amour avec tous ! Pardonnez
ré. Comme il jouissait depuis sa
plus tendre enfance de la protection particulière de la Mère
de Dieu, il était attiré dès l’éveil de sa raison à la pratique
de la pénitence, à la solitude, au
détachement de tout le créé et à
l’union à Dieu. Il a modelé spirituellement, en union avec la
sainte mère Thérèse, la première génération de carmes et
carmélites déchaussés(A73).
Si tu veux arriver à être tout,
désire n’être rien : C’est cette
phrase de lui qu’elle écrira dans
l’image souvenir de sa prise
d’habit ( A70) [6].
Ce questionnement et ce cheminement personnel aboutissent à son baptême, le 1er janvier 1922. Elle a trente ans (int).
Un pédagogue modèle
En 1923, Edith Stein est
nommée professeur au lycée de
fille de Spire et à l’établissement de formation des maîtres
du monastère SainteMadeleine. Elle y reprend en
même temps son travail scientifique.
Il importe d’avoir surtout un coin tranquille permettant d’entrer plusieurs fois par jour en contact avec
Dieu (…) La prière est le sommet de l’accomplissement pour l’être humain. Elle passe d’ailleurs des heures agenouillées sur son prie-Dieu, se cachant de préférence dans un coin de l’église (C51).
L’une de ses plus jeunes élèves écrit :
Nous avions 17 ans, le professeur Stein nous donnait
des cours d’allemand. En réalité, elle nous apportait
tout. Nous étions encore très jeunes mais personne
d’entre nous n’a oublié l’attrait de sa personnalité.
Chaque jour, nous la voyions s’agenouiller sur son
prie-Dieu, pendant la messe. C’est là que nous eûmes
l’idée de ce que signifiait de faire concilier à la perfection la foi et la vie. Pour nous, à l’âge critique où nous
étions, elle était le modèle à suivre rien que par son
attitude. Je serais incapable de répéter une quelconque
parole sentencieuse émanant d’elle parce que c’était
une personne calme, silencieuse, qui nous guidait simplement par sa manière d’être [7]. Quand elle formulait une critique, elle alliait de manière parfaite la bonté et la justice. Jamais nous n’avons vu chez elle autre
chose que le calme, la délicatesse et la paix ( C53).
à tous et donnez-moi beaucoup d’amour… SD samedi 2 août 1969
7. Jésus veut régner au centre de votre cœur. Il veut enflammer
votre cœur d’amour pour lui. Si vous vivez avec Jésus, vous
serez sereins…SD jeudi 25 décembre 1969
12
Le prix de sa conversion
L’annonce à sa famille de sa conversion s’avère déchirante. Elle voit pleurer pour la première fois sa
mère qui accepte sans comprendre la décision de sa
fille adorée. «Passe encore la religion luthérienne, respectable en Allemagne, mais l’Église catholique !
[8] Cet éteignoir de la pensée et ses pratiques absurdes ! Reniement de la foi d’Abraham »!
Vous ne savez pas ce que c’est pour moi d’appartenir au Christ non seulement par l’esprit mais aussi par
le sang (int) !
Une femme engagée et combative
Husserl refuse à Edith
Stein l’habilitation – nécessaire pour une femme – qui
lui permettrait d’enseigner la
philosophie à l’université.
Elle sera donc la première à
demander officiellement que
les femmes soient admises à
présenter une habilitation au
professorat. Après maintes
réunions, résolutions, pétitions, les portes de l’université allemande s’ouvrent enfin
aux femmes (E29). Edith est
une femme engagée.
Le sort de la femme l’intéresse et c’est vers ce thème
qu’elle concentre ses efforts.
La nature de la femme est
conforme à sa vocation d’origine, qui est d’être épouse et
mère. L’un et l’autre état sont
étroitement liés. Le corps de
la femme est formé pour être
une seule chair avec un autre
et pour nourrir en soi une
nouvelle vie d’homme. (…)
Elle est par ailleurs destinée
à être, pour d’autres âmes,
un refuge et une terre où elles puissent s’épanouir. Le
compagnonnage spirituel et la maternité spirituelle, ne
se limitent pas au domaine des relations charnelles,
maritales et maternelles, mais s’étendent à tous ceux
que la femme peut rencontrer.(…)
L’âme de la femme doit être large [9] pour s’intéresser aux personnes et aux situations humaines (E22).
8. Vous devez être une seule famille, tous unis avec l’Église de
Pierre, dans la foi et dans l’amour chrétien. SD dimanche 2 février 1969
9. Écoutez-moi, Écoutez-moi, Mamans. Éclairez vos enfants. Donnezleur l’amour chrétien et fortifiez-les toujours plus dans la foi et vous
vaincrez tout et vous aurez tout… SD jeudi 11 octobre 1969
Il en est tant qui ne se comprennent plus! tant qui ne s’aiment plus!
Mais moi, je veux donner tout mon amour car tous mes enfants
doivent s’aimer, doivent se pardonner et tous doivent rentrer au Ciel
parmi les anges et les saints… SD jeudi 16 octobre 1969
Réhabilitation de la femme
Psychologue d’une grande finesse, Edith Stein a su,
grâce à son expérience, donner une réponse sérieuse au
problème de l’essence et de la vocation de la femme,
sans céder à l’esprit du temps (C67).
Dans le premier quart de siècle, les femmes étaient
assimilées aux mineurs, c’est-à-dire aux enfants; et aux
personnes souffrant de retard mental. Et ce n’est qu’en
1919 que la constitution du Reich mettra la femme sur
un pied d’égalité, avec un statut de citoyenne à part
entière (C70).
L’homme et la femme sont appelés à garder leur
propre ressemblance avec Dieu, à dominer ensemble
la terre, à propager le genre humain. Mais chacun doit le faire à
sa propre manière ! C’est-à-dire
que chacun doit respecter et développer les caractéristiques propres
au fait d’être homme et femme, tout
en restant dans le cadre d’une vocation commune (int) [10].
Vocation de la femme dans
l’église
L’Église des origines avait admis
les vierges consacrées et les veuves
à certaines formes de participation
dans le cadre du service de l’Église
et elle avait reconnu le diaconat
féminin avec une “consécration”
spéciale. Mais l’histoire a imposé
une limitation des ministères
confiés aux femmes.
Les temps actuels, au contraire,
marquent une montée de la femme,
due à son juste désir d’occuper
dans l’Église une place correspondante à ses propres dispositions.
La femme,dit Edith Stein, sent la
nécessité d’édifier la réalité ecclésiale avec une contribution active,
spécifiquement féminine.
De telles aspirations pourront un jour être accueillies et réalisée avec la reconnaissance officielle de
certains ministères. Cependant, pour ce qui concerne
le sacerdoce, Edith n’a aucune difficulté à le reconnaître réservé à l’homme, [11] en considération du fait
que Dieu s’est incarné sur la terre dans la personne de
Jésus de Nazareth, homme de Dieu (int).
10. Réfléchissez, Mamans et Papas, réfléchissez ! Pour tenir unie
la famille, il faut l’amour de Jésus, mon amour, la prière et la pénitence. Alors, la famille sera sainte, la famille amènera les âmes au
Ciel et la Paix sur la terre. SD samedi 6 décembre1969
11. Courage, mes fils, courage, mes fils de prédilection ; prenez la
croix sur vos épaules, parce que votre mission est d’être SEULS pour
sauver les âmes et les préparer à l’éternité. Plus d’orgueil, plus de
13 est ce
superbe. Ne demandez pas de richesse parce que la richesse
qui porte à la perdition ; Pauvreté, pauvreté… SD vendredi 28 juin 1968
13
Plus une femme est sainte, plus elle est
mère
L’âme est un château intérieur avec de nombreuses
demeures où le moi peut se mouvoir, soit pour sortir au
dehors, soit pour rentrer à l’intérieur, au plus profond
de soi. Le moi n’est pas vraiment chez lui qu’au plus
intime de l’âme. Il peut vivre là une vie en plénitude et
se hausser au plus haut niveau de son être, lorsqu’il
vient à vivre en union avec les trois personnes divines
(B27).
Marie : Image originelle de la féminité
La Bonne Nouvelle commence par une conception
virginale : Pour s’incarner, Dieu choisit de naître du
sein d’une mère humaine, qu’il nous présente comme
l’image accomplie de la mère. Edith Stein voit en Marie, la nouvelle Ève qui participe à l’œuvre du Sauveur
et prend place à ses côtés. Tous deux sont issus de la
race humaine, mais l’un et l’autre sont libres de ce lien
qui ne permet pas à l’homme de voir l’accomplissement
de la vie ailleurs que dans l’union charnelle avec un
être et par celle-ci.
Marie et Joseph ne font qu’une seule chair sans
avoir connu l’union charnelle, car la reproduction n’est
pas le sens de ce mariage. Par l’institution idéale de la
virginité, la règle de l’Ancien Testament, selon laquelle
la femme ne pouvait accéder au salut qu’en assurant
une descendance à son mari, est interrompue.
Marie choisit librement la chasteté et en cela apparaît comme un modèle pour l’homme et la femme, et
plus particulièrement pour cette dernière puisqu’elle
représente l’image originelle de l’être féminin (dans sa
virginité, elle est la pure et primitive image de la
femme). Sa maternité spirituelle, qui dépasse l’ordre
charnel, est une voie précieuse pour les femmes puisqu’elle les conduit à une image du Christ qui est propre
à leur féminité.
Si Marie est l’image originelle de la pure féminité,
l’imitation de Marie devra être le but de l’instruction
des jeunes filles. L’imitation de Marie n’est pas différente de l’imitation du Christ : pour la simple raison
que Marie fut la première à imiter le Christ, qu’elle fut
le premier et le plus parfait portrait du Christ.
C’est pour cette raison que l’imitation de Marie
n’est pas seulement affaire de femmes, mais le devoir
de tous les chrétiens (int).
Le don de soi : un devoir ?
C’est en servant l’homme, par le don total de sa personne, que l‘être humain, tant la femme que l’homme,
parvient à son plein accomplissement. Celui qui voit la
vie de cette manière la reçoit en plénitude, grâce à la
source jaillissant en nous et par nous (C70) [12].
C’est mon secret, à moi.
12. Je suis ici pour vous donner tant d’amour, de joie, de sérénité …
SD vendredi 14 juin 1968
13 Allez souvent trouver mon Fils Jésus, le recevoir dans votre cœur.
Il vous purifiera et vous sanctifiera. Il vous illuminera de tant de Lu14 donnera tant d’amour et enflammera votre cœur d’amière, vous
mour pour Lui… SD 2 juillet 1968
Edith évite de parler de son expérience spirituelle à
ses amis. C’est plus tard qu’elle parlera de l’heure de
grâce, de sa vocation particulière, don de Dieu faisant
d’elle une prisonnière d’amour, qui l’a remuée et saisie
comme un coup de foudre [13] et lui a permis de reconnaître en toute clarté la vérité dont elle suivait la
trace. Cette expérience divine va changer radicalement
le cours de sa vie (C44).
La vérité bâillonnée
Dès 1933, la
montée au pouvoir d’Hitler et
du National socialisme interdit à
Edith Stein d’enseigner et de parler. Elle écrit immédiatement au
pape Pie XI pour
qu’il rédige une
encyclique
condamnant l’antisémitisme (lire
l’encadré
ci
contre p 15 Mit Brenender Sorge). Elle commence la
rédaction de la Vie d’une famille juive.
Encerclée par l’Amour
La même année, le 14 octobre 1933 s’ouvrent pour
Edith Stein les portes du carmel dans la banlieue de
Cologne. Voilà douze ans que j’y pensais ! Le 15 avril
1934, l’épouse du Christ deviendra sœur ThérèseBénédicte de la Croix : Une telle vie, de l’amour divin
en plénitude, éveille, nourrit, préserve et fait s’épanouir
la vie divine ; c’est le summum de l’élévation dans la
maternité, de son caractère sacré, et de l’accomplissement de la destinée humaine (C86).
Seul Dieu peut recevoir le don d’une personne ;
celle-ci ne perd pas pour autant son âme, bien au
contraire ! Et Dieu seul peut s’offrir à une personne,
qui sera alors comblée et ne perdra donc rien d’ellemême (C89) [13].
Le 14 septembre 1936, jour de la fête de l’Élévation
de la Croix, sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix renouvelle ses vœux comme tout le monde ce jour-là. Peu
après, elle dira à sa compagne de confiance : Quand
mon tour de renouveler mes vœux est venu, j’ai très
nettement senti que ma mère était auprès de moi. Or un
télégramme parvenu le même jour confirmera que c’est
au moment où sœur Teresia Benedicta renouvelait ses
vœux que sa mère était morte, à 87 ans, coïncidence qui
va être un grand réconfort pour elle (C93).
14. Donnez-vous TOUT à MOI. Donnez-moi tous vos péchés, que je
les présente à mon Fils Jésus et je vous soulagerai de tant d’inquiétude et donnerai tant de paix à votre cœur. SD samedi 3 janvier 1970
14
Nous reproduisons, ce texte qui donne une lumière sur la position de
l’Église dans une période sombre de l’histoire.
Mit brennender Sorge.
Quand Pie XI condamne le nazisme
D’après un extrait du « Livre des merveilles », Mame-Plon, 1999
Du haut des chaires de toutes les paroisses catholiques d'Allemagne, en ce 21 mars 1937, le dimanche des Rameaux, la lecture publique du texte pontifical vient de commencer. Les fidèles
retiennent leur souffle. « Mit brennender Sorge »... « C'est avec
une vive inquiétude ». Les premiers mots de l'encyclique de Pie
XI disent toute la gravité du moment. Ecrite en allemand et destinée aux vingt millions de catholiques du IIIe Reich, l'encyclique
sur la situation de l'Église catholique en Allemagne, signée par
Pie XI, a été acheminée au cours de la semaine en grand secret
dans tous les diocèses d'Allemagne, puis reproduite et distribuée
clandestinement. Pour chaque paroisse, il a été fait obligation par le Saint-Père de proclamer le texte. Dans beaucoup
d'églises, en attendant la lecture publique, on l’avait caché dans
les tabernacles.
Dans l'une de ces églises, l'écrivain français Robert d'Harcourt se tient parmi les fidèles. Il écoute et regarde avec intensité, et publie quelques jours plus tard, dans L'Écho de Paris du 2
avril 1937, un article resté célèbre, qui retrace, de façon saisissante, le climat de cette lecture :
« Dans ce silence actif d'une prodigieuse tension où était
moralement perceptible le battement des coeurs, coude à coude
avec les fidèles allemands et dans un sentiment accru de la solidarité de la grande famille catholique, nous avons entendu tomber, les uns après les autres, les mots terribles. Sur les visages,
sur presque tous, une expression qui ne pouvait tromper; une
expression nouvelle d'audace joyeuse dans la ferveur. Point de
trace d'abattement ou de consternation. Bien plutôt une expression de libération. Toute cette foule pressée n'avait qu'un coeur
et se taisait. Le service divin s'est achevé par une communion
presque générale. »
Les catholiques allemands ont bien besoin de la force du
Christ, car ils savent ce qu'ils risquent à prendre au sérieux les
directives du pape. Le concordat signé le 20 juillet 1933, entre
le Saint-Siège et l'Allemagne, pour protéger l'Église dans ses
droits essentiels, n'est pas respecté par le Reich : Multiplication
des procès contre le clergé catholique, embrigadement des enfants dans les jeunesses hitlériennes, répression des associations chrétiennes, pertes d'emploi, emprisonnements, déportations, exil... Les persécutions contre les chrétiens ont déjà atteint une ampleur inquiétante. Qu'en sera-t-il maintenant que le
pape porte le fer au coeur même de l'idéologie nazie, en désignant l'ennemi comme «prophète du néant»?
Pie XI n'ignore rien des risques encourus. Mais précisément, en publiant à cinq Jours de distance, les 14 et 19 mars
1937, Mit brenneder Sorge et Divini Redemptori, en opérant la
condamnation solennelle, conjointe et argumentée, des deux
idéologies totalitaires (nazisme et communisme) qui ensanglantent le siècle, le pape croit à la force de la Vérité. Il faut ouvrir
les yeux des catholiques sur la réalité perverse de ces doctrines,
et leur en faire mesurer les conséquences qui malheureusement
ne tarderont pas survenir.
Cela fait plusieurs années déjà que la lettre du pape sur le
nazisme est en gestation. À Pâques 1933, la philosophe Edith
Stein confiait à dom Walzer, archi-abbé de Beuron, un message
pour Pie XI, exposant la situation, prophétisant ce qui risquait de
suivre et demandant une encyclique.
Edith et sa sœur
Rosa unies dans le Christ
Rosa et Frieda sont désormais seules
à la maison. Rosa désire depuis longtemps adopter la foi catholique et veut
recevoir le baptême à Cologne près de
sa sœur Bénédicte (C93). Ce sera fait la
veille de Noël. Ensuite, les deux sœurs
vont au carmel où Rosa, au cours de
l’Office de Noël de minuit, reçoit la
Sainte Communion pour la première
fois. Quelle Joie pour les deux
sœurs (C95)!
10 novembre 1938, C’est la “Nuit de
Cristal” qui verra la persécution se
radicaliser contre les juifs : assassinés,
jetés dans des camps de concentration ; les synagogues brûlent et sont
pillées.
Sœur Bénédicte craint que sa présence mette la communauté toute entière en danger. Le carmel de Echt en
Hollande étant prêt à l’accueillir, elle
prend la fuite le 31 décembre 1938, à
la tombée de la nuit (C102).
1940 : Une lourde menace pèse sur
la Hollande. Le territoire est envahi.
La Gestapo ne tarde pas à entreprendre
ses violents assauts contre les monastères. La nouvelle prieure lui demande
d’écrire sur Saint Jean de la Croix
dont on doit fêter le 400e anniversaire.
Elle s’inspire de son ouvrage Ascension au Mont-Carmel pour rédiger la
Science de la Croix, en guise de testament (C105).
Mirador à Auschwitz-Birkenau
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VERITE ET PARDON SE RENCONTRENT
Arrêtée le 2 août 1942, (jour du pardon d’assise)
sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix est déportée, ainsi
que sa sœur Rosa, à Auschwitz-Birkenau.
Un juif originaire de Cologne, qui a pu échapper à
la déportation, raconte : « Parmi les nouveaux prisonniers en proie à des lamentations et à une excitation
indescriptible, sœur Bénédicte attirait notre attention
par son grand calme et sa sérénité [15]; Elle allait au
devant des femmes pour leur apporter aide, consolation
et réconfort, comme un ange, s’occupant de la toilette,
de l’alimentation et des soins de petits enfants que
beaucoup de mères, au bord de la folie et sombrant
dans le désespoir le plus total, avaient déjà abandonnés
depuis des jours.
Ce faisant, elle donnait le témoignage, dans le
camp, d’un amour immense, qui a frappé d’étonnement
tout le monde (C13) .
Sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix est gazée le 9
août. Ses dernières paroles sont :
« Nous partons pour notre peuple ».
15. Soyez toujours sereins, Offrez heure par heure vos croix, les
peines et tout, en échange de vos péchés et de ceux du monde entier. SD mardi 2 juillet 1968
Bibliographie :
A : Edith Stein, Disciple et maîtresse de vie spirituelle – Ed du Carmel
B : Edith Stein, la puissance de la Croix W. Herbtrith. Ed Nle cité
C : Edith Stein, prisonnière de l’amour.B. Weibel. Ed Tequi
D : Edith Stein, la prière de l’Eglise. AD solem
E : Lorsque Edith Stein se convertit. F. Gabriau. AD solem
Int : Internet
Compilation de messages de San Damiano – Père A Althoffer
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Seigneur,
Fais-moi prendre aveuglément les chemins
qui sont les
tiens.
Tes voies,
je ne cherche
pas à les comprendre
puisque je suis ton enfant !
Tu es le Père de la Sagesse,
et aussi mon Père.
Tu nous guides au travers de la nuit,
Mais c’est vers Toi que Tu nous conduis.
Poème écrit par Edith Stein
(à la mort de son père spirituel, le 17 sept 1927)
DU PARDON JUIF
AU PARDON CHRETIEN
Edith Stein naît un 12 octobre, jour du pardon juif.
Elle est arrêtée un 2 août, jour du pardon d’Assise !
Le plus beau fruit de la recherche
de la Vérité aboutit
AU PARDON D’AMOUR :
Sœur Thérèse-Bénédicte de La Croix
n’a-t-elle pas été choisie pour être
un phare de réconciliation
entre juifs et chrétiens ?
Aimez-vous,
aimez-vous mes enfants !
Donnez le baiser du pardon
et vous serez toujours pardonnés de
Jésus, Roi et Juge,
qui pardonne tout
et qui est tout amour.
Il suffit de vous jeter à ses pieds,
repentis.
Moi, je vous attends toujours, pour
demander pardon
et pitié au Père Éternel …
Toujours avec amour,
toujours avec patience,
toujours pardonner et
toujours accueillir
SD jeudi 15 août 1968
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