proche-orient - Département d`information et de communication

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PROCHE-ORIENT
Le Machrek ( le « Levant » en arabe ) est l’appellation fréquemment utilisée pour désigner
les pays du Proche-Orient ou du Moyen-Orient.
Le Liban, dont la langue officielle est l’arabe et qui a été sous mandat français
( 1920‑1943, donné par la Société des Nations ), participe aux Sommets de la Francophonie; il comporte une minorité francophone très active dans le domaine culturel,
particulièrement dans le secteur littéraire ( Georges Schéhadé a été le premier Grand Prix
de la francophonie ).
L’Égypte, dont la langue officielle est l’arabe, participe aux Sommets de la Francophonie; bien que le pourcentage de francophones n’y soit plus très élevé, l’influence du français
reste tout de même appréciable, notamment dans l’enseignement et les médias.
En Israël, État dont la fondation remonte à 1948, l’hébreu est langue officielle; ce
pays ne fait pas partie de la Francophonie, mais l’usage du français y occupe une bonne
place, surtout dans le milieu politique ou universitaire. Il y existe une radio française.
La Syrie, autrefois également sous mandat français ( donné par la Société des Nations ), ne fait pas partie de la Francophonie institutionnelle, mais le français continue
d’y exercer une influence certaine.
En Iran, le français fut longtemps la principale langue de culture avec un quotidien
( Le Journal de Téhéran ), des institutions d’enseignement de langue française et plusieurs
écrivains francophones. La révolution islamique a changé la situation.
BARON X., Les Palestiniens, genèse d’une nation, Paris, Le Seuil, 2000.
CORM Georges, Le Liban contemporain : histoire et société, Paris, La Découverte, 2003,
256 p.
Dictionnaire de la civilisation musulmane, Paris, Larousse, 1995.
LAMLOUM Olfa, Al-Jazira, miroir rebelle et ambigu du monde arabe, Paris, La Découverte,
2004, 143 p.
SOULAVILLE P., Le Moyen-Orient arabe : le milieu et l’homme, Paris, A. Colin, 2000.
AFI 2007
253
PROCHE-ORIENT
Égypte
Liban
Israël1
Syrie1
République arabe
d’Égypte
République libanaise
État d’Israël
République arabe
syrienne
Le Caire
Beyrouth
Jérusalem2
Damas
1 001 450
10 400
20 770
185 180
rép. unitaire, régime
présidentiel 
rép. unitaire, régime
parlementaire
rép. démocratique
parlementaire
république, régime
présidentiel autoritaire
Chef d’État 
 
 
entrée en fonction
Mohammed Hosni 
Moubarak 
 
14-10-1981
Émile 
Lahoud
 
24-11-1998
Moshe 
Katsav
 
31-07-2000
Bashar 
al-Asad
 
17-07-2000
Chef du 
gouvernement 
 
entrée en fonction
Ahmed 
Nazif
 
09-07-2004
Fuad 
Siniora 
 
30-06-2005
Ehud 
Olmert
 
16-04-2006
Muhammad Naji 
al-Utri 
 
10-09-2003
Langues officielles 
 
Autres langues
arabe 
 
français
arabe 
 
français, anglais,
arménien
hébreu (arabe, anglais,
français)
arabe 
kurde, arménien,
araméen, circassien,
français, anglais
Principales religions et
spiritualités identifiées
en
% de la population
islam (90) 
autres (10)
islam (59,7) 
christianisme (39)
judaïsme (76,4) 
islam (16) 
christianisme (2,1)
islam (90) 
christianisme(10)
Population (en M)
Moins de 15 ans en % 
Plus de 65 ans en % 
Indice de fécondité 
Espérance de vie H/F 
Alphabétisation en %
78,9 
32,6 
4,5 
2,8 
68,8/73,9 
51,7
3,9 
26,5 
7
1,9 
70,4/75,5 
41,7
6,4 
26,3 
9,8 
2,4 
77,3/81,7 
95,4
18,9 
37 
3,3 
3,4 
69/71,7 
76,9
IDH (rang/177)
119
81
23
106
PIB (en G PPA)
PIB/hab. (PPA)
303,5 
3 900
23,7 
6 200
154,5 
24 600
72,3 
3 900
livre égyptienne 
0,1376 
0,1752
livre libanaise 
0,0005 
0,0007
nouveau shékel 
0,1832 
0,2332
livre syrienne 
0,0151 
0,0193
Principales  
exportations
pétrole brut et prod.
pétroliers, coton, textiles,
métaux, prod. chimiques
pierres précieuses, prod.
chimiques, biens de
consommation, fruits,
tabac, textiles
machinerie et équipements, logiciels, diamants
taillés, prod. agricoles,
textiles
pétrole brut, prod.
pétroliers, fruits et
légumes, fibres de coton,
vêtements
Principales 
importations
machinerie et équipement, prod. alimentaires,
prod. chimiques, bois
prod. pétroliers, véhicules, prod. médicaux,
vêtements, viande et
bétail, papier
matières premières,
équip. militaire, diamants
bruts, combustibles
machinerie et équip.
de transport, prod.
alimentaires, métaux,
prod. chimiques
Principaux 
partenaires 
commerciaux
É.-U., Italie, Espagne,
Syrie, Allemagne, France,
Royaume-Uni
Syrie, EAUS5, Suisse,
Turkie, Arabie Saoudite
É.-U., Belgique, 
Hong Kong
Irak, Arabie Saoudite,
Italie, Allemagne, Liban,
Égypte, France
Nom officiel
Capitale
Superficie (km2)
Politique
3
Monnaie4
EURO 
US $
1 Pays non membres de la Francophonie
2 Non reconnue par plusieurs pays
3 Taux de change à parité de pouvoir d’achat
4 Taux au 27 septembre 2006, donné à titre indicatif
5 Émirats arabes unis
254
Source : The World Factbook 2006
AFI 2007
ÉGYPTE
Politique et économie : Lana HABIB
Stagiaire en doctorat à l’Université Laval 
[email protected]
Culture : Sophie TURBIDE
Université Laval 
[email protected]
Grâce à un vaste programme de modernisation, l’économie égyptienne semble renaître
de ses cendres malgré un contexte politique qui, lui, reste embrasé.
POLITIQUE ET ÉCONOMIE
O
utre les mesures classiques à la veille
d’une élection ( hausse des salaires
dans la classe des fonctionnaires,
promesses d’un avenir meilleur, etc. ), la
campagne électorale présidentielle en 2005
fut précédée, accompagnée et suivie d’une
vaste réforme économique entreprise par
le gouvernement d’Ahmed Nazif, entré
en fonction en juillet 2004. Le 23 mars
ÉGYPTE
Géographie
Désert coupé par la plaine et le delta
du Nil, surpeuplés. 3 % des terres sont
cultivées. Hydro-électricité (barrage
d’Assouan), pétrole et gaz naturel.
Histoire
➤ 1805-1849 Règne de Mohamed Ali,
fondateur de l’Égypte moderne.
➤ 1859-1869 Construction du canal de
Suez par Ferdinand de Lesseps.
➤ 1936 Indépendance.
➤ 1952 ( 23 juillet ) Le roi Farouk détrôné. Nasser chef de l’État.
➤ 1953 Proclamation de la République.
➤  1956 Nationalisation du canal
de Suez; réaction militaire tripartite
( Grande-Bretagne, France, Israël ).
➤ 1967 ( 5-10 juin ) Guerre des Six-Jours.
➤ 1970 Décès de Nasser. Anouar alSadate lui succède.
➤ 1973 ( 2-22 oct. ) Guerre contre Israël.
➤ 1977 Visite de Sadate à la Knesset.
➤  1979 Traité de paix avec Israël.
L’Égypte au ban des pays arabes.
➤ 1981 Assassinat de Sadate. Hosni
Moubarak lui succède.
➤ 1982 L’Égypte récupère le Sinaï.
➤ 1989 Retour dans la Ligue arabe.
AFI 2007
2006, l’Assemblée du peuple renouvelle
la confiance au gouvernement reconstitué
partiellement, à la fin du mois de décembre 2005.
Le nouveau cabinet – issu du « clan »
jeune et réformateur du Parti national démocrate ( PND ) – témoigne d’une montée
en force, au sein du pouvoir, d’un modèle
occidentalisé de « ministre business man »
( sur les huit nouveaux arrivés, cinq appartiennent au secteur privé des affaires ). C’est
un choix qui, combiné à des mesures de
libéralisation et de modernisation de la vie
économique, révèle une résolution ferme
de la part du gouvernement de rompre avec
un héritage alourdi par un secteur public
« hypertrophié ».
Le relancement du programme de
privatisation déjà entamé par le ministère
de Atef Ebeid s’avère urgent tout comme
la restructuration du secteur bancaire, la
baisse considérable des tarifs douaniers
jumelée à une simplification des procédures
douanières ( septembre 2004 ), l’adoption,
en juin 2005, d’une nouvelle loi fiscale
prévoyant une réduction pouvant atteindre
jusqu’à 50 % sur le revenu aussi bien des
individus que des sociétés ( hors secteur
pétrolier ), avec pour objectif de limiter les
fraudes fiscales et de voir le nombre des
contribuables grimper.
Les résultats de telles mesures ne se
feront pas attendre : hausse de 50 % des importations en deux ans, ouvrant le pays à la
concurrence mondiale; hausse de 41 % des
exportations durant le deuxième trimestre
de l’année financière actuelle; croissance en
volume du PIB qui s’était élevé à 4,9 % pour
l’année fiscale 2004/05 à 5,9 % en 2005/06;
l’inflation est en recul, avec une prévision
pour 2006 d’environ 4 à 5 % selon la Ban255
PROCHE-ORIENT
que centrale; les prévisions pour 2006/07
avancent un chiffre supérieur à 6 %. Le
marché des changes livre égyptienne/US $
s’est progressivement stabilisé en 2005 et
2006. Les réserves de change de la Banque
centrale ont, pour la première fois, passé
le cap des 23 milliards US $. Les revenus
du Canal de Suez ont augmenté de 14 %
au cours des 10 premiers mois de 2006,
rapportant à l’Égypte 3,2 milliards US $.
Avec 6,4 millions US $ réalisés en 20052006, le tourisme reste la source principale
de devises étrangères pour le pays, et ce,
malgré le triple attentat terroriste perpétré
à Dahab, en avril 2006.
À cela vient s’ajouter la mise en place
de cellules administratives dépendantes du
ministère du Commerce et de l’Industrie
destinées à faciliter l’implantation d’entreprises étrangères au pays, ce qui explique
la forte progression des investissements
directs étrangers en 2005 ( la France à elle
seule a investi plus d’un milliard US $,
dont plus de la moitié dans le secteur
bancaire ).
Lors de sa visite officielle les 19 et 20
avril 2006, au Caire, le président Jacques
Chirac – pour qui « l’Égypte représente un
partenaire global et constructif, au service
de la paix, de la stabilité et du développement » – ne manque pas de mettre l’accent
sur les « excellentes relations bilatérales »
dans le cadre desquelles passion ne manque
pas de rimer avec action.
Deuxième investisseur étranger en
Égypte après les États-Unis, avec environ
90 entreprises présentes sur le marché dans
les domaines des services, du tourisme, des
transports, de l’informatique et des finances, 36 000 emplois, plus d’un milliard €
d’investissement, 500 000 touristes chaque
année, une coopération archéologique
datant de Champollion à Jean-Yves Empereur, la France est attirée par « une Égypte
en croissance qui s’ouvre et se libéralise »,
affirme Chirac. Le président français avance
un exemple concret de coopération industrielle entre les deux pays, à savoir la mise
en place d’un contrat d’expor tation de
gaz liquéfié signé par Gaz de France, selon
lequel l’Égypte assure 10 % des besoins
français en gaz.
Serait-ce à constater que le secteur
économique « se sort enfin la tête de l’eau »,
pour reprendre l’expression de Guillaume
de Dieuleveult ?
Pour le patron du bureau égyptien
d’Arkema ( entreprise française de pétro256
chimie installée en Égypte ), il manquerait
une vision à long terme qui consisterait à
investir dans le développement durable : la
protection de l’environnement coûte trop
cher aux yeux des décideurs égyptiens,
précise-t-il.
À un tout autre niveau, la croissance
démographique, proche de 2 % l’an dernier, reste, selon beaucoup de spécialistes,
un handicap majeur à l’amélioration du
niveau de vie de la population. Argument
que rejette en bloc une opposition de plus
en plus sceptique et acerbe à l’égard d’un
gouvernement qu’elle accuse de « corruption », de « gaspillage » et « d’absence de
toute perspective », restant, à ses yeux, dans
l’« incapacité totale d’apporter le moindre
changement sur le plan de la microéconomie », celle dont les enjeux toucheraient
directement la qualité de vie du citoyen
en termes d’emploi, de logement, de santé
et de croissance du pouvoir d’achat. Objet
du débat politique, au cœur du programme
électoral du président, 44 % de la population ( avec un revenu inférieur à 2 US $
par jour ) semble souvent rester à l’écart de
cette croissance dont elle paye pourtant
la facture : hausse du prix de l’électricité,
de l’eau, de l’essence, des transports et des
télécommunications comme conséquence
directe de la baisse considérable des subventions allouées par le gouvernement à
divers produits massivement consommés
par la population. Argument avancé : enrayer le déficit budgétaire. Danger encouru :
une levée de boucliers qui rappellerait les
émeutes de janvier 1977 – dites « révoltes
des affamés » – qui ont envahi l’Égypte
à la suite de mesures similaires prises, à
l’époque, par le président Anouar El Sadate,
à la demande du Fonds monétaire international ( FMI ).
Opposition croissante quoique encore
impuissante contre un pouvoir politique au
bras souvent de fer, mais à la popularité de
plus en plus décroissante.
En mars 2005, le président Hosni
Moubarak prend la décision de modifier
l’article 76 de la Constitution : désormais,
les élections présidentielles se feront au
suffrage universel direct et non plus par
référendum sur un candidat unique désigné par l’Assemblée du peuple. Cette
décision permet à Moubarak de convoiter
un cinquième mandat ( acquis d’avance
puisque la vraie question dans ces élections
– et c’est là que réside leur paradoxe – n’a
jamais été « qui » allait les emporter mais
AFI 2007
ÉGYPTE
plutôt « comment » allait se dérouler cette
première campagne présidentielle « pluraliste » dans l’histoire de la République ).
La question traduirait une incertitude au
niveau des « règles mêmes du jeu » et non à
l’égard de son issue ( ce qui aurait été tout à
fait normal, dans un régime qui se voudrait
démocratique ). Quant au « pourquoi », il
semble aller de soi. D’un tir, deux coups :
satisfaire, en premier, la Maison-Blanche
dont les critiques et les menaces ménagent
de moins en moins les régimes arabes et calmer ensuite une opposition parlementaire
et civile qui élève de plus en plus le ton des
revendications.
Plus que la victoire écrasante du président ( 88 % des votes ), c’est le débat autour
de ces élections, la mobilisation politique
et publique qui en découle, la levée de
tabous aussi bien politiques et sociaux que
religieux, la réforme économique que ces
élections auront exigée ou produite, bref,
c’est ce nouvel espace d’ouverture dans un
champ jusque-là clos et stagnant qui forme,
à nos yeux, les enjeux profonds de ce tournant crucial dans l’histoire de l’Égypte.
En dépit des juridictions d’exception,
du maintien de l’état d’urgence ( contrairement aux promesses électorales ), une
mobilisation généralisée – pour ne pas
dire un « ras-le-bol général », expression
qui réduirait des engagements se voulant
de plus en plus politisés à de simples manifestations de colère – marque le pays à
tous les niveaux : aussi bien sous la voûte
parlementaire ( où les séances houleuses
deviennent de règle ) que dans la rue, au
sein des ONG comme sur les pages des
journaux ( Al Dostour, Al Masri el Yom et
Sawt el Ouma étant les plus virulents ).
Ce mouvement de protestation n’a épargné ni les rangs des juges ni les campus
universitaires. Il se manifeste à l’occasion
d’élec tions estudiantines comme dans
le cadre d’élections syndicalistes; dans
la confrérie des Frères musulmans forte
de ses 88 députés ou parmi les militants
de l’opposition laïque réduits à 12 sièges
parlementaires; dans les coulisses d’une
gauche affaiblie par la perte de deux de
ses symboles ( voir encadré ) comme dans
le projet d ’une Nouvelle Union d ’une
gauche décidée à faire peau neuve. Une
« effervescence contestataire », pour reprendre l’expression de Pascal Meynadier
et Taha Samir dans le dernier Match du
monde consacré à l’Égypte, qui ne semble
plus connaître de ligne rouge.
CULTURE
Décoration
Mohamed Salm a w y, r é d a c t e u r
en chef d’Al-Ahram
Hebdo et président
de l’Union des écrivains égyptiens, a
reçu les insignes de
l ’Ordre du mérite
«   G ra n d O f f i c i e r   »
de la République
italienne, l’un des
hommages les plus
distingués accordés
par le gouvernement italien. La décoration
a été remise par le président de la République italienne, Carlo Azeglio Ciampi, dans
un acte symbolisant l’intégration entre
l’Égypte et l’Italie. Depuis cette occasion,
un accord entre les Unions des écrivains
égyptiens et italiens est en voie d’être
signé.
Le cinéaste égyptien Youssef Chahine
a, quant à lui, été élevé au grade d’officier
de la Légion d’honneur. Le plus célèbre des
cinéastes égyptiens, natif d’Alexandrie, n’a
AFI 2007
eu de cesse de dénoncer la censure et l’intégrisme qui, selon ses dires, n’ont jamais
cessé d’augmenter.
Cinéma et théâtre
Le best-seller de Alaa Al-Aswany, L’Immeuble Yacoubian publié en 2002, vendu à
plus de 100 000 exemplaires au MoyenOrient et traduit en plusieurs langues, a
été adapté au grand écran par le producteur
Emadeddine Adib, célèbre homme des
médias égyptiens. L’Immeuble Yacoubian
se veut une dénonciation sociale des réalités égyptiennes contemporaines et a été
remarqué tant dans sa forme littéraire que
dans son adaptation cinématographique en
2006 pendant les Festivals de Berlin et de
Cannes, en plus de faire partie des succès
cinématographiques de l’été dans les salles
en Égypte.
L’année 2006 fut aussi marquée par la
30e édition du Festival international du film
du Caire, du 29 novembre au 8 décembre.
Conformément aux enjeux mondiaux en
ce moment, plusieurs films présentés évoquent l’image de l’Arabe dans les sociétés
257
PROCHE-ORIENT
occidentales, à travers des films courageux
et de qualité.
Plusieurs festivals indépendants ont
occupé la scène théâtrale en 2006, notamment le Festival des femmes metteuses en
scène ( toutes indépendantes ), le Festival
national du théâtre ( auquel a participé un
bon nombre de troupes indépendantes ), la
9 e édition du Festival du théâtre indépendant et la 4e édition du Festival théâtral au
Centre Al-Saqia.
Presse urbaine
2006 a vu l’émergence d’un mouvement de presse alternative ( ou presse du
peuple ) dans les rues du Caire : le magazine Al-Rassif, dans lequel un groupe de
jeunes révoltés et marginalisés dénoncent,
attaquent et s’expriment sans inhibition
dans une publication hors normes éditée
et publiée sur les trottoirs du centre-ville
depuis une quinzaine d’années. En mars
2006, un autre journal de trottoirs, Al-
Hommage à deux figures historiques de la gauche égyptienne
Youssef Darwich ( 1910 – 8 juin 2006 )
C’est à Toulouse où il poursuit des études universitaires que le jeune Égyptien,
Cairote, francophone, de confession juive caraïte, rencontre les écrits marxistes.
En 1932, il est introduit au Parti communiste ( PC ) français, intègre une cellule,
croise le chemin de Borsher. De retour en Égypte en 1934, c’est désormais un jeune
avocat communiste qui prend part aux activités de la Ligue pacifiste, rencontre Paul
Jacot Descombes, forme avec deux autres Égyptiens juifs un petit cercle secret, futur
noyau d’un des courants de la gauche marxiste qui renaîtra en 1940. Avocat de 70
syndicats ouvriers, il crée des liens de confiance avec les militants qu’il fait évoluer
vers le communisme, réseau à l’origine d’importantes luttes et interventions qui
témoignent de la jonction entre lutte ouvrière et combat d’émancipation nationale. En 1947, il se marie avec une jeune militante de son groupe à Alexandrie et
se convertit à l’islam. Malgré les vastes campagnes répressives contre les activités
communistes, Darwish tâche avec Michel Kamel et Nabil El Hilali, à travers leur
cercle clandestin Chorouq, de réformer le Parti communiste d’Égypte ( PCE ) en 1975,
après son autodissolution en 1965. Ce même noyau, insurgé contre les pratiques
peu démocratiques de la direction, crée, en 1988, le Parti socialiste du peuple ( PSP )
qui, comme la plupart des forces de gauche, connaît un sérieux recul dans les années
1990. Malgré l’âge, ce « vieux stalinien » infatigable poursuit son combat pour l’unité
de la force de gauche, critique l’absence de liens réels avec les couches populaires et
exprime son inquiétude de la progression des Frères musulmans avec qui certains
secteurs de la gauche chercheraient à s’allier. En 2005, il commence la traduction en
arabe du livre de Jacques Hassoun, Histoire des Juifs du Nil, qui montre que les juifs
d’Égypte étaient bien Égyptiens et que le sionisme n’a jamais été influent parmi eux
( parution au Caire, fin 2006 ).
Nabil El Helali ( 1920 – 18 juin 2006 )
C’est la découverte de la misère ouvrière et paysanne autant que l’occupation de
l’Égypte qui conduisent ce fils de l’élite bourgeoise ( dont le père était même premier
ministre peu avant l’arrivée au pouvoir des Officiers libres en 1952 ) à s’engager dans
le mouvement communiste en 1945. Comme de nombreux militants, il connaît la
prison entre 1959 et 1964. Formidable avocat, par son dynamisme et ses compétences,
il se fait la voix des victimes de la répression et de l’injustice. Par souci d’équité, il
défend islamistes, nassériens, syndicalistes, paysans, artistes, intellectuels. D’ailleurs,
les obsèques de ce « saint » – pour reprendre un qualificatif à dessein sarcastique
employé par Moussa Sabri, l’une des plumes de Sadate, mais qui sied bien à un
homme de sa simplicité, de son intégrité et de son dévouement – furent à l’image
de sa vie : une foule de plusieurs milliers de personnes représentant un vaste éventail
de sensibilités et de générations comptant dans ses rangs le guide suprême des Frères
musulmans, Mehdi Akef, qui s’est déplacé et a même prié à sa mémoire.
Didier MONCIAUD, associé au GREMAMO 
( Université Paris VI Denis-Diderot ) [email protected] n
258
AFI 2007
ÉGYPTE
Rassif Al-Moqabel ( « le trottoir d’en face » ),
voit le jour et se veut une réponse aux
provocations d’Al-Rassif.
Ramsès II
Un événement à caractère historique
et culturel important a marqué l’année
2006. Ramsès II, la statue colossale ( près de
100 tonnes, mesurant 11 mètres de haut )
qui dominait la place du même nom, a
été enfin déplacée vers le nouveau grand
Musée des antiquités, près du plateau
des Pyramides. La pollution ainsi que
les vibrations du métro commençaient à
ternir son teint et à créer des fissures dans
sa structure.
Le troisième colloque international du CIDEF-AFI : un franc succès
Du 12 au 15 mars 2006 s’est déroulé, à Alexandrie, le 3 e colloque international du
Centre international de documentation et d’échanges de la Francophonie-Agora
francophone internationale ( CIDEF-AFI ), « La transmission des connaissances, des
savoirs et des cultures. Alexandrie, métaphore de la francophonie », organisé en
partenariat avec l’Université Senghor d’Alexandrie et la Bibliotheca Alexandrina. Au
programme : 124 communications de participants issus des quatre coins du monde
réparties dans 25 ateliers différents, ainsi que neuf conférences plénières. Au total :
plus de 500 participants, sans oublier la présence d’invités de marque tels Abdou
Diouf, secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie ( OIF ),
Michèle Gendreau-Massaloux, recteur de l’Agence universitaire de la Francophonie
( AUF ), Lise Bissonnette, présidente-directrice générale de Bibliothèque et Archives
nationales du Québec, Dominique Wolton, du Centre national de la recherche
scientifique ( CNRS ) à Paris, pour ne nommer qu’eux. Une forte présence égyptienne
fut également l’un des nombreux points forts de l’événement.
Le colloque était articulé autour de quatre axes généraux : la cité ( dans quel
environnement transmettre ? ), le livre ( avec quels outils transmettre ? ), la pensée
( que transmettre ? ) et l’information ( comment transmettre ? ). Puisque l’Égypte est
une terre où le brassage des cultures africaine, européenne et moyen-orientale a toujours été privilégié, un tel contexte historique, géographique et culturel, combiné à
l’indiscutable effervescence actuelle de la mondialisation, a suscité une interrogation
d’envergure : quels enseignements Alexandrie peut-elle encore initier quand plusieurs
considèrent la rencontre des cultures sous l’angle de la confrontation ?
Le soutien de quelques représentations diplomatiques ( Canada, France et
Belgique ), de même que l’appui des ministères canadien, français et québécois des
Affaires étrangères, ont contribué grandement au succès du colloque.
François MIREAULT n
Décès
Celui que l’on considère comme l’ambassadeur et le doyen des
lettres égyptiennes, Naguib Mahfouz, succomba à l’âge de 95 ans.
Son œuvre, qui évoque les contradictions les plus douloureuses
de la société égyptienne, lui a valu le prix Nobel de littérature en
1988, et lui a permis de changer la donne de la littérature arabe
dans le monde entier : ses ouvrages ont en effet été traduits dans
plusieurs langues.
L’ancien ministre adjoint de la Culture et célèbre écrivain,
Samir Sarhane, s’est éteint à l’âge de 64 ans, victime d’un cancer
du poumon. Dramaturge, essayiste et critique littéraire, Sarhane
laisse derrière lui une œuvre littéraire riche ainsi qu’une longue
carrière d’engagement politique et culturel.
AFI 2007
259
PROCHE-ORIENT
LIBAN
Politique : Wassim MANSSOURI
Docteur en Droit, professeur de Droit à l’Université libanaise 
[email protected]
Économie : Dr Boutros LABAKI
[email protected]
Culture : Franck MERMIER
Institut français du Proche-Orient, Beyrouth 
[email protected]
Les conflits guerriers ont évidemment ébranlé le pays tout au long de l’année, ce
qui a eu d’importantes répercussions aux niveaux économique et culturel. Tables
rondes et pourparlers ont lieu afin de résoudre d’indéniables divergences. De leur
côté, intellectuels et artistes se sont mobilisés de façon notable.
L
POLITIQUE
e Liban a vécu des moments difficiles après l ’assassinat de R afic
Hariri, ancien
p re m i e r m i n i s t re.
Et si les Libanais,
unanimement,
condamnent cet
assassinat, ils sont
en revanche divisés
quant à son auteur.
Ceci a conduit à
une scission entre
l’alliance du 14 mars formant opposition
( pour le retrait et la condamnation effective
de la Syrie ) et l’alliance du 8 mars ( non
opposée au retrait de la Syrie mais contre
la condamnation de celle-ci sans preuves
irréfutables ).
Après des vagues de manifestations,
des élections ont eu lieu avec la victoire de
l’opposition. Le nouveau gouvernement
a demandé une commission d’enquête
internationale sur l’assassinat de Hariri.
Alors que plusieurs attentats sont perpétrés
contre différentes personnalités libanaises,
la nouvelle majorité, l’alliance du 14 mars,
continue à accuser la Syrie, l’alliance du 8
mars restant quant à elle sur ses positions.
S’est ajoutée à tous ces problèmes l’invasion
israélienne qui a ravagé le pays, entraînant
des destructions massives.
Ainsi, l’investiture et le pouvoir du
tribunal international, l’éclatement d’une
crise gouvernementale déjà née majorée
par une invasion israélienne destructrice
ont marqué les 12 mois qui ont suivi septembre 2005.
260
LIBAN
Géographie
Pays méditerranéen constitué d’une
étroite plaine côtière et d’une autre
à l’est ( la Bekaa ) insérée entre deux
chaînes de montagnes ( le mont Liban
et l ’Anti-Liban ), plantées d ’ar bres
fruitiers et du fameux cèdre, emblème
national.
Histoire
➤ XVIe-XIXe s. Domination ottomane.
➤ 1920 La Syrie et le Liban sous mandat
français ( traité de Sèvres ).
➤ 1926 Constitution libanaise ( président
chrétien maronite; chef de gouvernement musulman sunnite; président de
la Chambre musulman chiite ).
➤ 1943 Indépendance.
➤ 1975 Début de la guerre après l’arrivée
massive de Palestiniens ( 1970 ). La Syrie
occupe le Liban ( 1976 ), Israël occupe
le Sud-Liban ( 1978 ). Troubles jusqu’en
1990; destruction du pays.
➤ 1989 Révision de l’équilibre institutionnel en faveur des musulmans et de
la Syrie ( accords de Taef ).
➤ 1992 Rafic Hariri premier ministre.
➤ 1996 Élections législatives.
➤ 1998 Élection présidentielle : Émile
Lahoud nouveau chef d’État.
➤ 2000 Retour au pouvoir de Hariri
après sa victoire aux législatives.
➤ 2002 ( 18-20 oct. ) Beyrouth accueille
le IXe Sommet de la Francophonie.
AFI 2007
LIBAN
Les résultats des investigations sur l’assassinat de Rafic Hariri et la mise en place
d’un tribunal « à caractère international »
Deux enquêtes ont été successivement
menées par deux juges différents. Le premier, Detlev Mehlis, très médiatisé, a laissé
sous-entendre la culpabilité de la Syrie avec
la désignation de plusieurs personnalités
politiques syriennes et la complicité de
Libanais détenus jusqu’à ce jour. Le rapport
effectué a été motivé par une hostilité face à
la Syrie due à sa non-coopération évidente
à l’enquête. Par conséquent, le Conseil de
sécurité a rendu la résolution 1680 obligeant la Syrie à coopérer. Le deuxième juge,
Serge Brammertz, plus discret, a quant à lui
obtenu plus de coopération, tout au moins
d’après les rapports rendus. Grâce à son
professionnalisme et sa dextérité ( toutes
les hypothèses ont été balayées ), son travail
a rencontré un accueil favorable au Liban
et en Syrie.
Pa r a l l è l e m e n t , u n c o n f l i t e s t n é,
entre gouvernement et opposition, sur la
nécessité de créer ou pas un tribunal international pour juger tout accusé potentiel de
l’assassinat. L’opposition voulait un rapport
d’enquête définitif avant toute formation
de tribunal s’appuyant sur l’idée que la
forme du tribunal diffère selon la nature
des accusés.
Ce conflit, malheureusement, n’était
qu’une des figures de divergences qui
opposaient dangereusement le pays. Ceci
a poussé Nabih Berri, président de la
Chambre des députés et également chef
du mouvement chiite Amal ( personnalité
respectée et qui a la confiance de tous les
partis ), à regrouper tous les partis autour
d’une table ronde.
Table ronde et discours d’entente nationale
Après les dernières élections de 2005,
qui ont vu la victoire de l’opposition ( l’alliance du 14 mars ), des changements de
positions politiques ont eu lieu, menant à
une forte division des partis politiques, le
caractère confessionnel de la vie politique
libanaise rendant ces conflits encore plus
menaçants. Les Chiites se sont trouvés
écartés du pouvoir ainsi que la majorité
des Maronites représentés par le général
M ichel Aoun ( ancien exilé en France,
revenu après le retrait des Syriens ). Ceci
a mené à une nouvelle coalition entre
le Hezbollah, parti chiite, et le Courant
patriotique libre, à majorité maronite et
présidé par Michel Aoun. Cette coalition
AFI 2007
a fait face à la majorité parlementaire ( qui
regroupe le Courant du futur, mouvement
sunnite présidé par Saad Hariri, le parti
socialiste progressiste, mouvement Druze
présidé par Walid Jounblat et les forces libanaises, mouvement maronite présidé par
Samir Geagea – qui a passé 11 ans en prison
après avoir été condamné pour différents
crimes et en est sorti à la suite d’un vote
de grâce par la nouvelle majorité ). L’essentiel de la divergence entre les différentes
coalitions se trouve dans le maintien ou la
« désinvestiture » de l’actuel président de
la République, Émile Lahoud. La majorité
considère en effet que le prolongement
de son mandat est anticonstitutionnel et
viole ainsi la résolution 1559 du Conseil
de sécurité. Le désarmement du Hezbollah
constitue quant à lui un des autres points
de divergence, sans compter la question
de la stratégie de défense nationale et le
changement gouvernemental.
Pour résoudre ces divergences, Nabih
Berri a réussi à réunir les chefs des partis
autour d’une table ronde. Cette initiative,
fructueuse, a mené à une stabilisation de la
situation politique, les divergences n’étant
pas définitivement résolues. Les réunions se
sont arrêtées lors de l’invasion israélienne
le 12 juillet 2006.
L’invasion israélienne destructrice
Le 12 juillet 2006, le Hezbollah a
enlevé deux soldats israéliens dans le but
de les échanger contre trois prisonniers
libanais détenus en Israël. Cette opération,
qui a suscité des réactions mitigées, est à
l’origine d’une destruction systématique du
Liban, tuant plus de 1 000 civils ( plusieurs
centaines d’enfants ) et en déplaçant plus
d’un million. La France a considéré que la
riposte israélienne était disproportionnée
et des journaux dans le monde, y compris
aux États-Unis, ont parlé d’une opération
préméditée, non liée à l’enlèvement des
deux soldats.
L’agression s’est achevée après le
vote difficile de la résolution 1701 des
Nations Unies. Les Israéliens se sont reconnus perdants dans cette guerre qui en
fin de compte a échoué à réaliser son but
annoncé : la libération des deux soldats,
et son autre but, inavoué celui-là : l’annihilation du Hezbollah. Toutefois, Israël a
bien réussi à détruire le Liban et à causer
des pertes énormes sur les plans humain et
économique. Les conflits ont éclaté après le
cessez-le-feu entre une partie de la majorité
261
PROCHE-ORIENT
qui tient le Hezbollah pour responsable de
la guerre et ce dernier qui considère qu’il
a été trahi pendant qu’il défendait la nation. Renforcé par sa victoire, le Hezbollah
a réclamé la démission du gouvernement
ou, au moins, un changement gouvernemental qui permettrait la création d’une
minorité de blocage au sein de l’exécutif.
Pour débloquer cette situation et éviter
des manifestations massives, le président
Nabih Berri est intervenu encore une fois
et a réuni tous les partis autour d’une table
ronde « consultative », afin de trouver une
solution à la crise.
ÉCONOMIE
Nous répartirons notre analyse en trois
périodes : la fin de l’année 2005 ( septembre-décembre ), le premier semestre de 2006
et l’été 2006.
L’année 2005 a connu un très for t
ralentissement économique vu les évé nements politiques qu’y eurent lieu :
assassinat du premier ministre Rafic Hariri,
retrait militaire syrien, élections législatives.
Le taux de croissance était estimé entre 0
et 1 % suivant les différentes sources, alors
qu’il était estimé à 4 % en 2004.
Pour les quatre derniers mois qui nous
intéressent, les différents secteurs économiques avaient eu une évolution contrastée.
Alors que le secteur de la construction
connaissait un certain recul, le secteur
touristique connut une certaine reprise; de
même, l’activité exportatrice avait repris
en fin d’année ainsi que l’importation. La
balance des paiements s’était améliorée,
accusant entre octobre et décembre une
nette augmentation des réserves nettes de
devises du secteur bancaire. Les prix étaient
relativement stables.
Le premier semestre de l’année 2006
démarre sur de bonnes perspectives économiques, poursuivant la lancée du dernier
trimestre 2005. La croissance de l’économie
était estimée à 6 % en valeur annuelle
par rapport au premier semestre de 2005
( semestre de référence pour notre propos
actuel sur le premier semestre 2006 ). En
effet, l’inflation s’était élevée à 4 % sur
le semestre. La balance des paiements
enregistrait un excédent record de 2,5 milliards US $. Les dépenses publiques totales
augmentaient de 7,5 % du fait d’une forte
augmentation du service de la dette. Les
recettes totales avaient augmenté de 15 %.
L’excédent primaire avait plus que quadruplé : 659 millions US $. Cet excédent ne
suffisait pas à couvrir le service de la dette
publique. En fin de semestre, cette dernière
représentait 179,2 % du PIB de 2005.
L’e x p o r t a t i o n av a i t a u g m e n t é d e
40,8 %, soit 1,3 million US $, dont plus de
90 % de produits industriels. Par contre,
262
l e s i m p o r t at i o n s n e s’é t a i n e t a cc r u e s
que de 13 % et elles s’élevaient à 5,05
milliards US $. Le volume du commerce
extérieur avait augmenté de 18,9 % et
le déficit commercial passait à 3,75 milliards US $, soit une hausse de 4 %.
La construction connaissait une forte
croissance de son activité avec les livraisons
du ciment multipliées par 2,5 entre janvier
et juin. Le tourisme marquait des développements semblables. Le nombre de visiteurs
étrangers ( Syriens et Palestiniens exclus )
atteint un chiffre de 630 804 personnes au
premier semestre 2006, soit une augmentation de 49 %. Pour l’industrie, l’importation
mensuelle d’équipements industriels se
hausse de 50 % entre janvier et mai 2006,
signalant une reprise de l’investissement,
parallèle à celle des exportations.
La guerre de juillet 2006 et l’été 2006
Les destructions physiques se caractérisèrent par de larges destructions de
l’infrastructure : aéroports, ports, ponts,
routes, autoroutes, centrales et réseaux électriques, téléphoniques, hydrauliques, écoles,
bâtiments publics, réservoirs de pétrole
( 170 millions US $ ), sans compter la destruction de plusieurs installations industrielles
dans différents secteurs et zones ( 290 millions US $ ). Finalement, ont été détruits des
logements et des commerces des villes et villages du Liban Sud, de la banlieue sud-ouest
de Beyrouth et de diverses régions au Liban,
AFI 2007
LIBAN
pour un total de 500 millions US $.
Les effets économiques les plus importants furent : l’effondrement complet
de la saison touristique d’été qui attire
normalement un million et demi de touristes; la paralysie partielle des activités
de services ( banques, assurances, importexport, transports, services techniques,
administrations publiques ) pendant près
d’un mois; le manque à gagner dans l’agriculture du fait des récoltes restées sur pied
ou non exportées ( 280 millions US $ ) et
dans l’industrie; une hausse de l’inflation
au cours du troisième trimestre, ce qui porte
à 7,8 % le taux d’inflation entre septembre
2005 et septembre 2006.
Les exportations ont également baissé
de 19,1 % et les importations, de 37,5 %
par rapport à l’été 2005. La balance des
paiements a aussi connu un déficit de
327 millions US $ au cours des trois
mois d’été dû aux sor ties de capitaux,
partiellement compensées par les aides.
Sur l’ensemble des neuf premiers mois
de l’année 2006, la balance des paie ments aurait enregistré un surplus de
2,47 milliards US $, contre un déficit de
191,7 millions US $ pendant la période
correspondante de 2005.
En ce qui concerne les finances publiques, les dépenses ont augmenté de 27 %
du fait de la guerre et de la hausse du service
de la dette. Les recettes publiques totales
ont diminué de 29 % à cause de la baisse
des recettes douanières et de la taxe sur la
valeur ajoutée ( TVA ), comme conséquence
de la chute de l’activité économique et en
dépit des aides extérieures reçues. Le déficit
total des finances publiques sur les neuf
premiers mois de 2006 passe à 55 % des
recettes totales et à 36 % des dépenses totales. Le PIB aurait chuté de 8 % ( en valeur
annuelle à prix courants ), soit 4 % en prix
constants pour les neuf premiers mois.
Les pertes totales dues à la guerre
de juillet-août 2006 ( en destructions et
manques à gagner ) seraient estimées à
2,5 milliards US $.
CULTURE
La guerre de 33 jours
La guerre de l’été 2006 a eu des répercussions dans le domaine culturel de manière
visible avec la destruction de lieux, d’entreprises et d’œuvres. Ses conséquences se
sont révélées particulièrement négatives
dans les secteurs de l’édition et de la presse.
Les bombardements de la banlieue sud de
Beyrouth ont frappé l’industrie du livre
puisque nombreux étaient les éditeurs et
les imprimeurs à s’y être installés. On estime ainsi qu’une quarantaine de maisons
d’édition et une dizaine d’imprimeries ont
été partiellement ou totalement détruites
par les bombes de l’aviation israélienne
sans compter plusieurs librairies. Le long
blocus israélien ( 12 juillet – 7 septembre
2006 ) a aussi contrecarré l’expor tation
des imprimés alors que le Liban assure la
circulation de près de la moitié des titres
de presse diffusés dans le monde arabe.
Plusieurs éditeurs ont, en outre, revu leur
production éditoriale à la baisse à la suite
de cette guerre. La Foire du livre arabe, organisée par le Club culturel arabe, s’est tenue
du 9 au 24 décembre 2006 et a accueilli un
pavillon français à la place du Salon du livre
francophone de novembre.
Les premiers mois de 2006 avaient
pourtant été marqués par une intense activité culturelle. Dans le domaine théâtral,
les metteurs en scène Nidal el-Achkar,
AFI 2007
Roger Assaf et Paul Matar, dont les noms
sont aujourd ’hui liés aux institutions
que sont, à Beyrouth, les Théâtres de la
ville ( Masrah al-madina ), du tournesol
( Dawwar al-Shams ) et Monot, ont monté
plusieurs pièces de théâtre. L’adaptation
par le dramaturge Mohamed Kacimi du
roman de Rachid El-Daïf, Qu’elle aille au
Diable, Meryl Streep, mise en scène par Nidal
el-Achkar et jouée à Beyrouth et au Théâtre
du rond-point à Paris, a connu un grand
succès de même que la reprise de la pièce de
Roger Assaf, Le Jardin de Sanayeh ( en arabe ).
Cette année aura été aussi particulièrement
fructueuse pour les cinéastes libanais avec
Bosta de Philippe Aractingi qui a connu un
grand succès public, A Perfect Day de Joana
Hadjithomas et Khalil Joreige, Dounya de
Jocelyne Saab, Falafel de Michel Kammoun,
Atlal de Ghassan Salhab et After Shave de
Hany Tamba ( Prix Attention talent du Festival du court métrage de Clermont-Ferrand ).
Si la manifestation Né à Beyrouth dont
l’ouverture était prévue le 18 août 2006 a
été reportée, la plupart des autres festivals
ont été maintenus pour, comme l’écrit
Haniya Muruwwé, directrice de Beyrouth
d’ici et organisatrice des Journées cinématographiques de Beyrouth, « exprimer notre
désir de vivre et de voir la vie culturelle
poursuivre son chemin » ( As-Safir, 21 août
2006 ). Au sein du Théâtre de la ville, une
263
PROCHE-ORIENT
salle d’art et d’essai, Metropolis, était inaugurée, le 10 juillet 2006, en plein cœur du
quartier Hamra où la plupart des cinémas
de l’avant-guerre sont restés désaffectés. Ces
initiatives ont pallié partiellement la programmation essentiellement commerciale
des circuits de distribution privés.
Durant la guerre, la mobilisation des
intellectuels et des différents acteurs de
la scène culturelle libanaise a été intense.
Le Théâtre de la ville a ainsi ouvert ses
portes pour héberger des déplacés du Sud.
Plusieurs de leurs enfants ont été associés
à la création d’une pièce de théâtre, Rire
sous les bombes, du metteur en scène Charif
Abdelnour, présentée le 5 août 2006. Roger
Assaf et l’Association Shams ont transformé
le Théâtre du tournesol en un centre d’information et de liaison par Internet avec les
milieux culturels internationaux. Refusant
d’endosser le rôle de victimes, ils insistaient
sur la vitalité du peuple libanais et sur
sa capacité de résistance. Leurs messages
étaient ironiquement intitulés « Nous
allons bien, et vous? ». Une des lettres les
plus cinglantes fut adressée à la rédaction
de TF1, lui enjoignant de faire son métier
correctement ou de se taire.
Le collectif In Concer t a présenté,
en septembre 2006, la 3 e édition de son
Festival Anti-crise afin qu’au sortir de cette
nouvelle guerre, les différentes musiques
libanaises continuent à aller au-devant
de leurs publics. Quant au Festival Liban
Jazz, il a délocalisé sa 3e édition à Paris en
septembre 2006 avec l’organisation d’un
concert de solidarité avec le Liban.
À l’occasion de la Biennale du cinéma
arabe qui s’est déroulée à l’Institut du
monde arabe ( IMA ) en juillet 2006, un
appel signé par plus de 300 réalisateurs
dont de nombreux Libanais dénonçait
« les bombardements et les massacres
commis par l’armée israélienne contre les
peuples libanais et palestinien ». Il invitait
les cinéastes à réaliser des films courts et
à les présenter dans des Festivals tels que
ceux de l’IMA et du film documentaire de
Lussas ( cinesoumoud.net ). À Beyrouth, un
collectif de cinéastes se réunissait, durant
la guerre, pour susciter, auprès d’étudiants
notamment, la réalisation de films documentaires ou réunir ceux réalisés par des
amateurs. Un site Internet ( cinemayat.
org ) a été créé pour constituer « un espace
de documentation et d’archivage indépendant, pour exprimer le quotidien ainsi que
les expériences sociales ou individuelles,
sur des supports vidéo, des photographies
ou des textes ». Ce projet était en gestation
depuis longtemps du fait des difficultés
rencontrées par de nombreux cinéastes
concernant la diffusion de leurs œuvres.
La nécessité ressentie par les réalisateurs de
trouver, durant la guerre, un espace d’expression en a accéléré la mise en œuvre.
Il est à espérer que cette nouvelle guerre
n’accentuera pas la polarisation du champ
intellectuel dont le fracas des armes a redessiné les contours. Elle ne devrait cependant
pas affaiblir la vitalité d’un secteur culturel
qui repose essentiellement sur l’initiative
privée et qui a fait de Beyrouth un foyer
majeur de la culture arabe et francophone.
La renaissance de L’Orient littéraire
Au sein de l’espace des lettres francophones, les écrivains et critiques les plus remarqués ( Antoine Boulad,
Hind Darwich, Jabbour Douaihy, Charif Majdalani,
Alexandre Najjar, Farès Sassine ) participent, depuis
juillet 2006, au comité de rédaction de L’Orient littéraire,
un supplément mensuel du quotidien L’Orient-Le Jour. Il succède à celui né en
1929 et qui avait pour rédacteur en chef le dramaturge Georges Schéhadé et à un
autre créé en 1956 et dirigé par le poète Salah Stétié. Cette publication, consacrée
à la critique littéraire, comble un vide certain. Elle se distingue par un grand éclectisme et procède, selon Alexandre Najjar, de ce constat : « l’urgence d’instaurer un
dialogue, de perpétuer la vocation du Liban, lieu d’osmose, à travers les lettres ». Les
romans de Charif Majdalani, Histoire de la grande maison, de Rachid El-Daïf, Fais voir
tes jambes, Leïla ( traduit de l’arabe ), d’Alexandre Najjar, Le Silence du ténor, de Hyam
Yared, L’Armoire des ombres et de Gabriel Boustani, Tabourni ou le camp Mié-Mié, ont
enrichi, en 2006, la littérature francophone.
264
AFI 2007
AU-DELÀ DES PAYS FRANCOPHONES
BIBLIOGRAPHIE
Sauf indications contraires, toutes les références citées sont datées de l’année 2006.
ÉGYPTE
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KAMAR Bassem, Politiques de change et globalisation : le cas de l’Égypte, Paris, L’Harmattan.
KHOUZAM Fouad, La Langue égyptienne au Moyen âge, le manuscrit copte 44 de Paris de la
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KOHSTALL Florian (dir.), L’Égypte dans l’année 2005, Le Caire, CEDEJ.
LUTHI Jean-Jacques et Mohamed Anouar MOGHIRA, L’Égypte en République. La vie quotidienne 1952-2005, Paris, L’Harmattan, coll. Comprendre le Moyen-Orient.
ROUSSILLON Alain et Fatima ZAHRA-ZRYOUIL, Être femme en Égypte, au Maroc et en
Jordanie, Paris/Le Caire, Aux lieux d’être/CEDEJ.
LIBAN
BOUSTANI Gabriel, Tabourni ou le camp Mié-Mié, Marseille, Pharos.
EL-DAÏF Rachid, Fais voir tes jambes, Leïla, traduit de l’arabe par Yves Gonzalez-Quijano,
Arles, Actes Sud.
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MERMIER Franck, Le Livre et la ville. Beyrouth et l’édition arabe, Arles, Actes Sud, 2005.
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SANTINI Maud Leonhardt, Paris, librairie arabe, Marseille, Éditions Parenthèses.
YARED Hyam, L’Armoire des ombres, Paris, Éd. Sabine Wespieser.
ISRAËL
Eliezer BEN-RAFAËL 
Université de Tel-Aviv 
[email protected]
Le français dans le paysage linguistique israélien
U
ne équipe de sociolinguistes a effectué ces dernières années une large
enquête sur le paysage linguistique
israélien. Une enquête qui a révélé des perspectives intéressantes sur le multilinguisme
dans ce pays.
Par paysage linguistique ( PL ), on se
réfère aux objets linguistiques que l’on
trouve dans l’espace public. Cette notion
inclut des significations des plus diverses
dans des contextes sociaux différents – sur
les routes interurbaines, dans les centres
commerciaux, dans les quar tiers administratifs, les endroits de divertissement
ou encore les environnements scolaires.
L’équipe de chercheurs a fréquenté une
variété de milieux – quartiers ultra-orthodoxes, bourgades arabes, centres-villes de
grandes agglomérations, espaces résidentiels
ou encore espaces abritant de nombreux
immigrants. Cette étude s’est concentrée
AFI 2007
particulièrement, dans les espaces publics,
sur la visibilité des deux langues officielles
d’Israël – l’hébreu et l’arabe – ainsi que
cette langue « non étrangère » ( qui ne jouit
d’aucun statut officiel mais qui est bien présente dans ce pays dans tous les domaines
de la vie sociale ) qu’est l’anglais.
Entre autres données, cette étude a
révélé que dans les quartiers juifs aisés
Centre commercial de la ville côtière de Natanya ( 30 km de Tel-Aviv )
prédominent les modèles PL combinant
l’hébreu et l’anglais; ces modèles tendent à
se réduire au monolinguisme hébreu dans
les quartiers juifs populaires. Dans les envi265
PROCHE-ORIENT
ronnements arabo-israéliens, le PL est par
contre souvent dominé par l’utilisation simultanée de l’arabe et de l’hébreu. Dans les
quartiers palestiniens de Jérusalem, ce sont
l’arabe et l’anglais qui prédominent. Des
réflexions relatives au contexte social et politique expliquent ces différences, aux yeux
des chercheurs : pour la classe moyenne
juive-israélienne, l’anglais est un symbole
de statut qu’il sied d’utiliser avec l’hébreu
pour indiquer la référence aux standards
internationaux; pour les Arabes israéliens,
l’utilisation de l’arabe est évidente en soi
et celle de l’hébreu vient renforcer l’attrait
que les commerçants ou les professions
libérales veulent exercer sur le public non
arabophone; pour Jérusalem-Est, le refus
de l’hébreu renvoie à une signification politique évidente et l’utilisation de l’anglais
permet alors quand même la sauvegarde,
en « terrain neutre », de la communication
avec la population israélienne.
En tout, le PL ne reflète pas, comme
on pourrait le supposer, une représentation
fidèle du réper toire linguistique d’une
population, mais plutôt des stratégies
d’utilisation de ces ressources langagières
dans des buts précis.
Une autre constatation s’impose : le
peu de place donnée au français. Seuls
quelques éléments épars sont apparus ici
et là, et surtout dans des quartiers bourgeois : les enseignes de certains salons
de coiffure, quelques cafés ou encore des
boutiques de mode. En tout, une partie
fort négligeable du PL dans son ensemble
et qui contraste même avec le russe que
l’on trouve beaucoup plus souvent, surtout
dans les localités où les immigrants russophones sont nombreux. Cette faiblesse
du français alors que la population d’origine francophone – immigrants d’origines
nord-africaine, française ou belge – compte
près de 10 % des Israéliens s’est pendant
longtemps expliquée par la politique vigoureuse d’hébraïsation menée par les autorités
israéliennes alors que, pour la plupart des
immigrants, adopter l’hébreu allait de soi
dans un État juif en terre d’Israël.
Les choses, cependant, ont changé
dès lors que certains groupes mus par une
volonté d’affirmer leur particularisme et
soutenus par des formations politiques nouvelles ont voulu faire la preuve qu’il y avait
moyen d’adopter l’hébreu en même temps
que conserver sa langue d’origine dans le
cadre de la famille, de la communauté
et d’une certaine consommation cultu266
relle. La tolérance du multiculturalisme a
fait, par exemple, que les communautés
moyen-orientales et nord-africaines ont pu
exprimer leurs particularismes culturels plus
pleinement, ce qui, toutefois, n’a eu dans
ce cas que peu d’incidences linguistiques et
n’a aucunement témoigné d’un retour au
judéo-arabe, judéo-espagnol, au français
ou autre langue d’origine qui étaient déjà
plus ou moins effacés depuis que l’hébreu
avait conquis la place de première langue.
Ainsi, cette nouvelle tolérance pour la
diversité culturelle arrivait-elle trop tard
pour arrêter le déclin d’un grand nombre
de langues d’origine. Par contre, pour les
immigrants russes des 25 dernières années,
décidés comme ils l’étaient à s’insérer dans
la société hébréophone sans pour autant
perdre leurs ressources linguistiques, la
tendance renforcée en Israël d’accepter le
multiculturalisme devait leur permettre
de profiter pleinement du nouveau climat
régnant dans le pays de ce point de vue.
Un nouveau fait se greffe sur cette
réalité et concerne le français particulièrement. Nous pensons ici au renouveau
de l’immigration francophone venant de
France souvent poussée par un sentiment
de malaise et d’insécurité caractéristique
de la communauté juive à la suite de la
montée de sentiments anti-israéliens – et
par fois anti-juifs – dans le contexte du
conflit moyen-oriental et du renforcement
permanent de la population musulmane.
Cette immigration, qui était tombée à
quelques dizaines de nouveaux venus annuellement en Israël dans les années 1990,
augmente progressivement pour atteindre
plusieurs milliers depuis l’an 2000. De
plus, nombre de Juifs français qui n’ont
pas encore pris la décision d’immigrer
acquièrent une deuxième demeure dans le
pays pour y passer leurs vacances tout en
se prévoyant des possibilités de transfert au
cas où ils le décideraient ultérieurement. En
outre, il s’avère aussi que, dans le climat
permissif des par ticularismes culturels,
ces immigrants réels ou potentiels – et le
plus souvent il s’agit d’individus de classe
moyenne, voire de cadres supérieurs – tendent à se grouper dans certaines localités
en y créant de nouvelles niches de francophonie. Une recherche complémentaire
a été effectuée dans des localités connues
où se retrouvent aujourd’hui ces nouveaux
immigrants francophones.
La principale ville d’accueil pour ces
immigrants est Natanya, située sur les bords
AFI 2007
AU-DELÀ DES PAYS FRANCOPHONES
de la Méditerranée, entre Tel-Aviv et Haifa.
Important centre de villégiature, Natanya
compte à peu près 170 000 habitants dont
un quart est constitué par des immigrants
d’Afrique du Nord et leurs descendants et
qui, en tant que telle, a toujours joui d’une
cer taine atmosphère francophone qui,
toutefois, ne s’est exprimée dans le passé
que d’une manière indirecte.
Tout cela contraste avec le PL que l’on
découvre de nos jours dès que l’on arrive
au centre de Natanya où sont arrivés depuis
l’an 2000 quelque 4 à 5 000 immigrants
francophones dans des quar tiers qui,
principalement, bordent le front de mer.
Le français que nous découvrons à présent
s’attache aux activités les plus diverses et
s’exprime ouvertement. En fait, on peut
dire que le centre-ville est inondé d’expressions linguistiques françaises : restaurants,
agences immobilières, magasins de souve-
nirs, joailliers, hôtels, projets de bâtiments,
informations sur les tableaux d’annonces
publiques, synagogues, etc. Partout, on
trouve des inscriptions françaises qui ne
s’adressent plus seulement à une élite aisée
pour qui la langue française est synonyme
de raffinement. Ce français-là est une
langue qui interpelle en premier lieu ceux
qui le connaissent et veulent le conserver
sans pour autant s’y enfermer. Aussi s’accompagne-t-il de l’hébreu, de l’anglais ou
même du russe.
Toutes ces contributions au PL créent
une mosaïque dynamique et intéressante,
représentative du multiculturalisme à
l’israélienne. Elles ne représentent pas un
bouleversement de la réalité socioculturelle
de ce pays, mais leur intérêt réside dans le
fait qu’elles illustrent une des manières
dont aujourd’hui est appréhendée en Israël
la diversité des cultures et des langues.
PALESTINE
Ziad MEDOUKH 
Professeur de français à l’Université Al-Aqsa 
[email protected]
La francophonie au service de la paix
C
omment la langue française voire la
Francophonie participe à développer
des initiatives pour la paix dans une
région qui souffre de la violence, de l’occupation et de l’instabilité?
En Palestine, et en particulier dans
la bande de Gaza, des universitaires francophones qui gardent toujours des liens
avec des organisations et associations
francophones ont décidé de créer un centre
pour enseigner les principes de la démocratie, de la non-violence et de la paix à des
étudiants palestiniens qui cherchent un
avenir meilleur.
Le Centre de la paix a été créé par des
universitaires palestiniens de l’Université
Al-Aqsa de Gaza, une université pédagogique qui forme des professeurs dans les
domaines littéraire et scientifique. Cette
université est la première université palestinienne qui a ouvert un Département
de français en 2000. Il a commencé ses
activités début février 2006 et est animé par
un comité de cinq personnes. Sa vocation
AFI 2007
est d’organiser des sessions de formation,
des rencontres, conférences ou débats sur
la non-violence, la démocratie et la paix
en Palestine.
Le Centre de la paix se situe au sein
d’un programme plus vaste associant des
organisations européennes et palestiniennes œuvrant pour la paix, en particulier au
Proche-Orient. Ces organisations, par leurs
actions d’information, de sensibilisation et
d’éducation, contribuent à la construction
d’un monde plus solidaire et au développement équilibré et durable.
L’enseignement du français dans cette
université palestinienne ainsi que les relations de coopération entre l’université et le
monde francophone ont aidé à la création
de ce centre.
L’objectif général du Centre est l’instauration d’une culture de paix destinée à
sensibiliser et former les nouvelles générations de jeunes Palestiniens, générations
ouvertes sur les principes de la paix, de la
démocratie et des droits de l’homme.
267
PROCHE-ORIENT
Pour ce qui est des objectifs spécifiques
du centre, on en dénombre cinq :
1 – Inculquer les principes de base
contribuant à la construction de la paix
( démocratie et droits de l’homme, création
d’un État de droit, tolérance et respect
mutuel ).
2 – Renforcer l’enseignement des modules concernant la démocratie et les droits
de l’homme qui existent à l’université.
3 – Encourager les échanges entre les
professeurs et les étudiants de l’Université
Al-Aqsa avec les autres universités locales,
arabes, internationales afin de bénéficier
de leur expérience, notamment de celle
acquise par les pays où la pratique démocratique est déjà ancienne; inviter des
intervenants extérieurs.
4 – Développer l’information à partir
de bibliothèques, des médias, d’Internet
en donnant la possibilité à tous d’y avoir
accès.
5 – Créer un pôle recherche-action
ayant pour but l’étude auprès de la population de ses demandes, de ses réactions
envers la paix, la non-violence, la démocratie et les droits de l’homme.
SYRIE
Sonia HINDIÉ 
Université d’Alep 
[email protected]
Alep : capitale de la culture islamique pour l’année 2006
P
our l’année 1427 de l’Hégire ( 2006 ),
l’Organisation islamique a porté son
choix sur la ville d’Alep pour désigner
la capitale de la culture islamique. C’est un
hommage rendu au patrimoine artistique,
scientifique et culturel, mais aussi au rôle
économique d’une cité qui représente un
modèle d’ouverture.
En effet, Alep demeure un modèle de
tolérance et de reconnaissance des autres
confessions, d’harmonie entre les religions,
de respect des savoirs. Les civilisations qui
s’y sont succédé ont toujours été accueillies,
constat général qui ne peut qu’inviter à la
réflexion et au dialogue, dans l’esprit de
ce qu’on nomme aujourd’hui le respect
de la diversité culturelle, un des enjeux
majeurs de la Francophonie. L’architecture de la ville donne à voir des signes
concrets de ce brassage culturel : sa célèbre
citadelle, plusieurs portes, caravansérails,
mosquées, églises, hôpitaux, monuments
et maisons singulières. Les diverses époques
( omeyyade et abbasside, hamdanide, zinc,
ottomane, etc. ) se trouvent ainsi inscrites
dans la ville même.
Alep a été le relayeur, tout au long de
son histoire, d’un riche héritage intellec-
268
tuel. La cour de Seif Al-Daoulat Alhamadani
a favorisé la naissance des premiers savoirs,
suivie de celles d’Al-Khuwarizmi, d’AlFarabi, d’Al-Moutanabiet, d’Al-Asfahani et
pour finir d’Al-Zaher Gazi Al-Ayooubi.
Sans oublier le fait qu’Alep fut et reste
un incontournable carrefour d’activités
économiques.
Al e p a d o n c fê té d i gn e m e nt s o n
statut : conférences, expositions et manifestations culturelles, festivals artistiques
et publication d’ouvrages ont eu lieu tout
au long de l’année. Le Campus numérique
francophone d’Alep, créé par l’Agence
universitaire de la Francophonie ( AUF )
en collaboration avec l’Université d’Alep
en 2004, a contribué grandement au succès des festivités. Ce campus, au service
des chercheurs, enseignants et étudiants
syriens, favorise l’usage des technologies
de l’information et de la communication
( TIC ) et participe de la sorte à une réelle
volonté d’ouverture du réseau universitaire
international aux chercheurs et enseignants
syriens. Sis au cœur de l’Université d’Alep,
le campus constitue avant tout une plateforme précieuse de ressources humaines,
matérielles et documentaires.
AFI 2007

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