La politique étrangère de la France en Syrie

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La politique étrangère de la France en Syrie
La politique étrangère
de la France en Syrie
Agnès Levallois*
C
« e qui frappe évidemment chez nos deux derniers présidents dans
leur rapport au monde arabe, c’est à la fois leur interventionnisme,
leur amateurisme et leurs incohérences1. » Ce constat s’applique à
l’ensemble de la région et nous allons voir si cela est juste concernant
la gestion du dossier syrien.
La politique de la France vis-à-vis du monde arabe manque de
clarté depuis le déclenchement des mouvements de contestation
dans la région en 2011. L’incompréhension par Paris de ce qui se
passait à Tunis après l’immolation de Mohamed Bouazizi en Tunisie
a représenté un traumatisme pour la classe politique française qui
a essayé ensuite, lors des soulèvements en Égypte et en Syrie, de
montrer qu’elle comprenait les mouvements populaires et qu’elle
entendait les accompagner. La diplomatie a donc rapidement apporté
son soutien aux manifestants syriens alors que l’ambassadeur français
à Damas minimisait la répression menée par le régime. Le 3 mai
2011, Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, déclare que la
France demande des sanctions de l’Union européenne à l’encontre
de Bachar al-Assad car son régime tire sur la population. Deux jours
plus tard, en réaction à cette déclaration, près de cent cinquante
manifestants se rassemblent devant l’ambassade de France à Damas
aux cris de « France dehors, la Syrie ne se mettra pas à genoux ».
* Consultante, spécialiste du Proche-Orient, chargée de cours à Sciences Po Paris.
1. Ignace Dalle, journaliste qui suit les relations entre la France et le Proche-Orient,
auteur de la Ve République et le monde arabe. Le désenchantement, Paris, Fayard, 2014 et « Les
relations entre la France et le monde arabe », Confluences Méditerranée, no 96, hiver 2015-2016.
Mai 2016
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