Météo - Œuvre du Marin Breton

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Météo - Œuvre du Marin Breton
Almanach 1905 : P. 89
PRONOSTICS DU TEMPS
INDICATIONS GÉNÉRALES
Pour apprendre aux jeunes marins les observations des anciens
Signes tirés de l’aspect des
nuages
Signes tirés de l’aspect des nuages. - Lorsque, après la pluie, les nuages paraissent
s’abaisser et marchent lentement, c’est un indice de beau temps ; au contraire, si les
nuages bas se forment après une petite pluie et ressemblent à de la fumée, on peut
s’attendre à une pluie abondante.
Lorsque les formes des nuages sont douces, mal définies, semblables à du duvet,
on peut croire au beau temps. Si les bords sont tranchés nettement, c’est un signe
de mauvais temps. Si les nuages laissent pendre des filaments de couleur foncée et
qu’ils chassent rapidement dans le ciel, c’est un signe de grand vent ; généralement
les teintes foncées sont des signes de pluie et de vent, les teintes douces indiquent
le beau temps.
Si avec des vents d’amont, on voit se former dans l’Ouest une panne de nuages
ou, si l’horizon dans cette partie devient brumeux, on peut s’attendre à des vents du
large.
Les vents commencent presque toujours à souffler dans les parties supérieures
de l’atmosphère avant de descendre à la mer ; aussi, lorsqu’on voit les nuages élevés
chasser en sens contraire du vent inférieur, on peut être à peu près certain que le
vent changera. Cet effet, toutefois, n’a pas lieu si la région des vents alizés est remontée jusqu’à dans le golfe de Gascogne.
Lorsque au coucher du soleil, les nuages se colorent d’une vive teinte de rouge,
et qu’à son lever l’horizon est blanchâtre et sans nuages, c’est une marque de beau
temps avec vent frais.
Lorsque les nuages forment un pied de vent, le vent soufflera prochainement du
côté du pied.
Lorsque au lever du soleil, l’horizon prend une teinte verdâtre, c’est un signe de
vent N.E. frais.
Les barbes de chat sont l’indice de vent frais.
Quand un gros nuage à l’horizon prend la forme d’une enclume, le vent viendra
prochainement du côté opposé à lui.
Si les nuages prennent une forme arrondie, si leur masse est compacte et leurs
contours nettement tranchés, c’est un présage de vent de N.E.
Dans un mauvais temps, quand on voit à l’horizon une éclaircie sous le vent et
qu’elle persiste à se montrer, elle annonce la fin du mauvais temps.
Il en est de même pour la fin de la brume.
En hiver, lorsque le matin le pont des bâtiments est couvert de gelée blanche,
on peut être certain d’un changement de temps et de l’arrivée prochaine des vents
d’aval.
En automne même observation lorsque, le soir ou pendant la nuit, il y a beaucoup
de rosée.
Lorsque les vents d’aval vont succéder à de belles journées de l’été, la veille du
changement de temps le ciel acquiert une grande transparence, les points éloignés
sont nettement accusés, il y a du mirage. Si, pendant la nuit, les étoiles scintillent
beaucoup, le ciel est très pur, il se couvre dans la matinée.
Lorsque le soleil, à son coucher, laisse passer à travers les nuages des rayons disposés en éventail et bien visibles, si le soleil a des jambes, c’est un indice de pluie et
de vent de S.O.
Des halos autour du soleil et de la lune : indices de pluie.
Un cercle autour de la lune indique des vents de S.O. frais ; ils sont d’autant rapprochés que le cercle se trouve près ou loin de la lune. Quand la lune est de couleur
rousse, jaune ou pisseuse, c’est un indice de pluie.
Lorsque les grains arrivent, ils sont plus à redouter s’ils ne sont pas accompagnés
de pluie que si la pluie les précède.
Lorsque au lever du soleil les vents sont de la partie E. et qu’ils tournent plus
rapidement que le soleil, on peut craindre pour la soirée des vents de S.O., s’ils sont
au Sud avant 9 heures du matin ; si les vents sont au contraire en retard sur le soleil,
le beau temps persistera.
Un lever de soleil rougeâtre annonce le mauvais temps ; si le soleil se lève avec
un disque bien tranché et rose, c’est une marque de beau temps avec vent d’amont.
En général les vents d’aval forcent vers le milieu de la journée, et aussi et surtout,
au moment du flot ; si l’heure du flot se passe sans que la brise du large fraîchisse, il
est probable qu’elle n’augmentera pas dans la soirée.
Le calme, le scintillement extraordinaire des étoiles, l’aspect particulier du soleil à
son lever ou à son coucher, le vol des oiseaux de mer qui rallient les terres au-dessus
desquelles ils planent, effarés, présagent souvent du mauvais temps.
Parfois aussi on remarque, peu de temps avant une tempête, un coup de tonnerre
subit au milieu d’une atmosphère sereine, une odeur particulière de l’atmosphère,
la chasse opposée des nuages supérieurs et inférieurs, la teinte vert sombre des eaux
de la mer, des nuages à l’horizon de la forme des montagnes de neige, les reflets du
ciel cuivreux, la mer houleuse, l’air étouffant, les hommes et les animaux agités...
Les mauvais temps, dans nos pays, commencent au S.E. avec bonne brise et temps
couvert, puis le vent tourne au S. et au S.O. avec pluie et forte brise ; si les vents
hâlent le N.O., le temps s’éclaircit et la tempête augmente pour, ensuite, se terminer
entre le N.O. et le N.
Si, au contraire, les vents après avoir été O. ou N.O., reviennent sur la gauche en
mollissant, c’est un indice d’un nouveau coup de vent. Les vents de N.E., d’E. et
certains vents de S.E., fraîchissent du lever du soleil à 10 heures du matin. Par beau
temps, quand les vents sont N.E. le matin, on peut compter sur des brises de S.O.,
d’O., de N.O. dans l’après midi. Si le vent est, le matin, E. ou S.E., on est presque
certain de calme plat pour l’après-midi.
Pronostic du temps pour la côte O.N.O. entre PERROS
et l’île de BATZ
D’après l’observation des vents
Observation des vents
Les marins de la Manche nomment vents d’aval les vents qui soufflent du N. au
S. par l’O. et vents d’amont ceux qui soufflent du N. au S. en passant par l’E. Les
vents d’aval peuvent être regardés comme dominants dans la Manche : ils règnent,
en général, pendant 7 à 8 mois et ce sont ceux qui ont le plus de force.
Parmi les vents d’aval, ceux du S.O. au N.O. en passant par l’O., sont les plus
dangereux ; lorsqu’ils sont accompagnés de pluie, ils soufflent par grains violents,
changent subitement de direction et rendent la mer extrêmement grosse. Les vents
de S.O., grand frais, chassent devant eux des nuages épais qui se tiennent dans la
partie basse de l’atmosphère et marchent avec rapidité ; pendant le jour, ces nuages
obscurcissent la terre ; et la nuit, ils masquent les feux ; dans ces circonstances, il est
souvent difficile de reconnaître les points, même lorsqu’on en est très rapproché.
Lés vents de S. au S.O., accompagnés de pluie, sont fréquents dans l’automne
et au printemps et dégénèrent presque toujours en coups de vent. Ils ont aussi lieu
quelquefois en été. L’on remarque, en général, qu’ils sont plus violents aux époques
des grandes marées : c’est ordinairement au commencement du flot qu’ils acquièrent
leur plus grande force. Ces coups de vent durent presque toujours trois ou quatre
jours et se terminent quand le vent se fixe au Nord ; mais s’ils retombent au S.O. et
que la pluie continue, le gros temps recommence.
Les indices les plus certains des grands vents d’aval sont : au large, la houle qui
vient de l’O. ou du N.O. et, dans le voisinage de la terre, le bruit du ressac sur les
roches et sur les plages.
Les coups de vent de N. au N.E. sont fort dangereux et rendent la mer très mauvaise, mais ils durent moins longtemps que les coups de vent d’aval ; ils sont aussi
moins fréquents, et le vent ne varie pas subitement comme dans ces derniers. Pendant toute leur durée, la terre est couverte d’une espèce de brume blanche qui la fait
paraître comme enfumée.
Les vents du N.O. au N.E. sont ceux qui amènent le beau temps.
Les vents d’amont soufflent quelquefois avec beaucoup de force. Les plus incommodes, dans les baies entre l’île de Batz et Perros, sont ceux du S.E. quand ils sont
accompagnés de pluie ; ils soufflent alors par grains et passent souvent subitement
au N.E., au N. et quelquefois même au N.O. Dans ces mouvements brusques, ils
dégénèrent presque toujours en coups de vent. Lorsqu’ils se fixent au N.E., au N. ou
au N.O. et qu’ils mollissent, le temps redevient beau ; mais s’ils retombent au S.E.
ou au S., le mauvais temps continue.
Il arrive souvent dans la belle saison que pendant plusieurs jours consécutifs, le
vent souffle du S.E. durant la nuit et mollit vers 9 heures ou 10 heures du matin ;
après quelques instants de calme, il passe au N.E. où il prend quelquefois beaucoup
de force, puis mollit tout à fait vers le coucher du soleil. Lorsque le vent suit cette
marche, le temps est superbe, et les terres, dégagées de vapeur, s’aperçoivent de fort
loin.
Les vents de N. à l’E.S.E. par l’E. ont quelquefois de la durée et beaucoup de force:
alors la terre paraît comme enfumée lorsqu’on la voit de quelque distance au large,
et on en distingue difficilement les formes.
D’après les renseignements recueillis près de vieux et intelligents marins pêcheurs,
nous allons donner quelques indications permettant de prévoir le temps qu’il va
faire, d’après l’observation des roches, des mouvements de marée, de la rosée, etc.
Cette année, nous ne nous occupons, dans ces pages, que de la côte qui s’étend
entre l’île de Batz et les Sept Îles.
D’après l’observation des roches
Observation des roches
Des signes, très utiles, sont tirés de l’observation de quelques roches aux abords
des principaux ports : l’aspect et l’intensité de leur brisant indiquent souvent avec
certitude le temps qui va se faire.
Environs de l’île de Batz. - Une des premières roches qui, par son brisant, annonce
du mauvais temps de l’O. ou N.O. est Mean Audi, roche couverte de 0m30 à basse
mer de grande marée ; elle s’élève à pic à l’accore des fonds de 12 à 30 m à basse mer,
tandis qu’à 400 m à l’O. on trouve des fonds de 50 m ; aussi, les marins, en pêche
dans l’O. de l’île de Batz, ont toujours l’œil sur le voisinage de cette roche qui leur
indique sûrement par son brisant la force du temps du S.O. au N.O. Les bateaux qui
se trouvent dans le voisinage de l’île de Siec aux environs de Mean Nevez n’ont pas
le temps de gagner l’île de Batz ou Roscoff et vont ordinairement se réfugier au petit
port de Siec ou à l’échouage de Port Nevez où ils sont en sécurité. D’où le dicton :
Quand la bass’ Mean Audi brise,
Marin, défie-toi : crains la brise !
Si tu es prés d’Mean Nevez,
Va t’abriter à Port Nevez.
La Chaussée de Raoumeur brise de différentes façons : quelquefois, les brisants
sont comme sur les autres roches, c’est-à-dire que la mer déferle sur cette chaussée
en volutes discontinues ; ceci a lieu avec des vents de N.N.E. et E. Mais, par temps
calme ou vents de la partie E., la chaussée le Raoumeur « roule », c’est-à-dire qu’elle
ne forme qu’un brisant continu : c’est apparence de vents de S.O. au N.O., forte
brise ou très mauvais temps. Les fortes brises d’O. sont indiquées par la chaussée de
Raoumeur, et les coups de vent par Mean Audi.
Astan est une roche située dans l’E. de Batz. Comme les précédentes, elle indique
par son brisant du mauvais temps, mais de la partie E. Avec des vents de N.O. et gros
temps, Astan ne brise pas, tandis que s’il y a apparence de vents du N.E. au S.E. par
l’E. même avec calme, Astan l’indique par son brisant.
Quand roule la chaussé’ d’Raoumeur :
C’est vent d’aval, mer en fureur.
Mais quand la houl’ blanchit Astan
Gros temps d’Nordé, assurément.
Les Duons et la basse Bloscon brisent par coups de vent de N.E. à l’E. ; par tous
les temps d’aval ces roches «dorment», alors les bateaux peuvent toujours travailler
dans la baie de Morlaix à l’abri de l’île de Batz et de Roscoff. Le Taureau, situé au
N.E. de l’île de Batz, brise de tous les temps excepté par calme plat ; des environs
de cette roche, en surveillant Mean Audi, Raoumeur ou Astan, on peut prédire les
vents prochains.
Lorsque Duons et Bloscon dorment
Y’aura pas d’vent : l’beau temps se forme;
Mais sitôt que l’Taureau s’réveille
Ouvre l’œil au bossoir et veille !
Au large de l’île de Batz, à 15 milles au N. 10° E. du monde du phare, il existe une
roche qui n’est pas portée sur les cartes : elle est recouverte de 7 m à basse mer et est
très poissonneuse. Elle s’élève, sans indices apparents, par des fonds de 80 m ; quand
elle «marque», sur l’eau, par son remous, c’est un signe de vent frais ; les remous sont
plus forts avec des vents de S.E. qu’avec ceux de N.O.
Quand la Bass’ de Sept mètres marque;
Pécheur, c’est temps d’rentrer la barque !
S’il fait calme, nage mon garçon
Et n’crains pas d’user l’aviron.
Environs de l’entrée de Morlaix. - Les marins des environs de Morlaix pêchent
aux abords des Duons, du Rater et du plateau de la Méloine. Pengaro est pour eux
une basse indicatrice du mauvais temps. Cette roche, située à l’extrémité N.E. du
plateau de la Méloine, ne brise que par des vents de S.O. au N.O. ou apparence
de vents d’O. Par les coups de vent de N.E. et d’E., Pengaro ne brise pas, aussi les
pêcheurs savent, quand ils passent près de cette roche, s’ils doivent, en rentrant, se
mettre à l’échouage ou rester à flot. La Vieille, dans la baie de Morlaix, est signalée
par une tourelle rouge : elle indique, quand elle s’entoure de brisants, un coup de
vent du S.O. au N.E. par le N.
Si tu vois Pengaro tranquille,
Tu n’auras pas besoin d’béquilles ;
Mais rentre bien vite à Morlaix,
Si la Vieille, jeune paraît.
Tous les bateaux, qui se trouvent en pêche entre les Duons et la Méloine, rentrent
s’ils voient briser le Rater ; ce rocher ne brise qu’avant et pendant une tempête de
l’O. au N. Quand, avec calme, le Rater et le Trépied brisent, les bateaux qui se dirigent dans la baie de Lannion ont souvent à prendre des ris avant d’arriver à la basse
Portenan.
Quand tu vois que le Rater mule,
Rentre sans attendre la lune ;
Si les Trépied en font autant,
T’auras, sans dout’, du mauvais temps
Avant d’doubler bass’ Portenan.
Si, du large des Duons, on voit briser les Bisayers (roches situées à l’abri de la mer
dans la baie de Morlaix), c’est que la mer est très grosse dans les passes ; ce qui arrive
avec coup de vent de N.O. au N.E. par le N. Enfin, quand les pêcheurs de Dourduff
ne voient pas la tourelle de Ricard, en sortant par le grand chenal, ils rentrent au
mouillage, car c’est signe de mauvais temps.
Des Duons si tu vois briser
Les Bisayers, il faut veiller !
Si la nuit t’prend avant Ricard,
Faut pas sortir : il est trop tard !
Observations à l’entrée de Perros. - Les pêcheurs de Perros et de Port Blanc se
livrent à leur métier aux Triagoz et aux Sept-Îles. La Fouillie, roche couverte de 4m50
d’eau à basse mer, se trouve à l’extrémité ouest du plateau des Triagoz. La mer est
intenable pour les bateaux de pêche, lorsque ce danger brise. Quand les bateaux sortent de Perros, ils veillent les abords de la Horaine pour s’assurer qu’ils pourront aller
aux Sept-Îles ; c’est la roche qui indique, par le mouvement de la mer autour d’elle, si
la mer est belle ou grosse au large. Basse Meur, roche couverte de 9m70 indique, par
ses remous et la houle qu’elle occasionne, l’arrivée prochaine des vents de S.O. au
N.O. par l’O. Avec des vents de N. au S. par l’E., cette roche ne marque pas que dans
le cas d’un changement de temps et de vent. Les Sept-Îles, pendant le mauvais temps,
changent de couleur suivant la teinte des nuages, lorsqu’on s’en trouve éloigné à plus
de 1 mille. Ces changements brusques de teintes indiquent, toujours du mauvais
temps ; les pêcheurs surnomment l’île aux Moines : la Gentille.
A la Pouillie, si la mer grossit :
Rentre à Perros chercher d’ l’abri.
Si mer est belle à la Horaine
T’iras jusqu’à la Godelaine ;
Mais si Basse-Meur marque : prend peur
Et fais vent arrière, bon pêcheur !
Si la Gentille paraît vilaine :
Bien sûr, il faut craindre sa haine
Quand Rougie parait sombre et noir,
Y’a pas à dir’ : rentre avant l’soir.
D’après l’observation des mouvements de la marée
Observation des mouvements
de la marée
Dans les ports on trouve, par le mouvement vertical de l’eau, quelques indices
précurseurs du mauvais temps. Dans la rivière de Morlaix, quand il fait ou qu’il y a
apparence de grand mauvais temps de l’O. et principalement du N.O. la mer monte,
en flot, à un niveau anormal, environ deux heures avant la P.M. qui atteint celui
du plein ; quelques instants après, le niveau baisse de 50 à 75 centimètres, pour
remonter ensuite graduellement jusqu’au moment du plein. Ce mouvement de la
mer indique un fort coup de vent de N.O. A Lannion, le mouvement de la mer en
baissée et en montée ne se produit que pendant le jusant ; les bateaux échoués se
remettent à flotter, puis s’échouent et flottent à nouveau jusqu’après la mi-marée de
jusant ; c’est là un indice sûr d’un grand mauvais temps de N.O.
D’après l’observation de la brume, de la rosée, de l’aspect des astres, etc.
Observation de la brume, de la
rosée, de l’aspect des astres, etc.
En mer, par des vents d’amont, lorsque le pont des bâtiments est couvert de gelée
blanche, on peut être certain de l’arrivée prochaine des vents d’aval.
Lorsque le soleil se lève ou se couche dans un banc de nuages, c’est signe de vent. Des halos
autour du soleil sont des indices de pluie. - Un cercle autour de la lune : indice de vent prochain
si le cercle est voisin de la lune, éloigné si le cercle est loin. - Si, avec beau temps, une panne de
nuages se forme dans l’O. ou le S., le vent viendra de ce côté. - Un lever de soleil rouge, avec des
petits nuages gris et bas, indique un coup de vent de S.
La brume est très fréquente : elle se forme dans les vallées de la rivière de Saint
Pol de Léon et de Morlaix, dans les baies de Lannion et dans l’anse de Perros où il
y a des cours d’eau. La brise du matin la pousse vers la mer ; dans la belle saison, la
chaleur du jour la fait disparaître vers 10 heures du matin mais, dans l’automne et au
printemps, il faut une forte brise pour la dissiper. Les signes précurseurs de la brume
de terre sont : les vents de S.E. au S. et presque calme. La brume qui vient de la mer
est épaisse, humide et tenace ; elle rend la mer houleuse, et presque toujours elle est
le précurseur de la pluie ou d’un grand vent ; quelquefois, de tous deux ensemble.
L’indice de la brume du large est une grande panne à l’horizon, ressemblant fort
bien à la terre et la houle moins forte que la houle de fond. La fin de la brume est
indiquée par une ou plusieurs éclaircies, sous le vent.
Le mirage est très rare sur la côte nord de France et quand il paraît, c’est un signe
précurseur de pluie ou de vent d’amont, de vents de S.E., surtout.
F. L. P.
Almanach 1905 : P. 89
Précautions à bord en temps d’orage
Il suffit d’établir à bord un chemin, un chenal, que la foudre
puisse suivre si elle tombe sur
le bateau et qui la conduira
dans la mer.
Deux accidents arrivés coup sur coup en juillet sur la côte du Finistère à deux bateaux de pêche qui ont été frappés par la foudre nous donnent l’idée de rappeler ici
aux pêcheurs le moyen à peu près infaillible d’échapper aux accidents de la foudre.
Cela peut se résumer en deux lignes : il suffit d’établir à bord un chemin, un chenal,
que la foudre puisse suivre si elle tombe sur le bateau et qui la conduira dans la mer.
Or, rien n’est plus facile. Chacun sait que le chemin préféré par la foudre, c’est tout
ce qui est en métal : cordages métalliques et chaînes font donc parfaitement l’affaire.
Voici, en pratique, comment nous conseillons d’agir.
Tous les bateaux de la côte N.O. ont dans leur gréement au moins un cordage
métallique : soit des haubans de travers, soit un étai de grand mât, il suffit donc,
aussitôt que l’on se trouve sous l’orage, de faire tremper dans la mer l’un des bouts de
la chaîne du bord, et de tourner l’autre bout autour de l’étai ou du hauban, et aussi
autour du mât. Si l’on veut être encore plus en sécurité, ou bien si le mât n’a aucun
cordage en fils de fer, il faut, au lieu d’entourer le pied du mât avec la chaîne, hisser
ce bout de chaîne en tête du mât, l’autre bout trempant de quelques pieds dans la
mer. On aura de la sorte établi un chemin, un chenal, pour le courant électrique de
la foudre : celle-ci, si elle vient à tomber sur le bateau, suivra certainement cette route
métallique et ira se perdre dans la mer sans faire de mal à l’équipage.
Si le bateau se trouve démâté et tenté, comme c’était le cas pour le bateau de Poulgoazec qui, en juillet 1904, a eu un homme foudroyé, il faut amarrer le bout de la
chaîne soit à l’extrémité la plus haute de l’espar incliné sur lequel se trouve la tente,
soit plutôt sur le haut d’un petit mât que l’on mâte exprès, dans une des emplantures ; l’important est que le chemin métallique offert à la foudre commence à une
certaine hauteur au-dessus de la coque du bateau, par exemple à deux ou trois mètres
au moins, l’autre bout de la chaîne toujours trempant à la mer par-dessus bord. Il est
extrêmement probable que si le bateau foudroyé dont nous venons de parler avait été
mouillé sur une chaîne, au lieu d’être à l’ancre sur un câble en chanvre, le courant
électrique se fût écoulé sans secousse par l’étrave et par la chaîne dans la mer.
Bien entendu l’équipage doit se tenir le plus loin possible de la mâture, des ferrures et de la chaîne pendant l’orage.
Il est à peine utile de rappeler que l’éclair et le coup de tonnerre ne font qu’un et
partent en même temps : seulement comme la lumière arrive plus vite à nos yeux que
le son à nos oreilles, il en résulte que nous voyons l’éclair avant d’entendre le coup,
de même que pour un coup de canon tiré à distance. Il s’ensuit que plus le coup
s’entend près de l’éclair, plus le tonnerre est rapproché de vous ; quand le tonnerre
tombe près de vous, vous entendez le coup en même temps que vous voyez l’éclair.

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