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JEUDI 10 DÉCEMBRE 2015 WWW.SUDOUEST.FR Saveurs 80 recettes d’hiver dans « Sud Ouest Gourmand » Le nouveau hors-série de « Sud Ouest Gourmand », intitulé « Comme à l’auberge », est disponible dans les kiosques. Au menu : soupes, plats cuisinés et desserts d’enfance. Tarif : 4,90 €. Brindos repart de zéro CÔTE BASQUE Le château de Brindos a perdu son chef étoilé. François Adamski est venu à la rescousse CHRISTOPHE BERLIOCCHI [email protected] L e château de Brindos, hôtel 5 étoiles, Relais et Château, planté au bord d’un lac situé entre Anglet et Biarritz, propriété de Serge Blanco, repart de zéro. Nouveau chef (consultant), nouveaux chefs adjoints, nouveau maître d’hôtel et même un nouveau cocktail maison, le… Brindos, avec rhum spécial, citron vert et fruits de la passion ! Après le départ pour le Grand Hôtel de Saint-Jean-de-Luz, en mai dernier, de Christophe Grosjean, qui avait décroché l’étoile au restaurant gastronomique en 2013, Serge Blanco, à qui appartient l’hôtel de luxe depuis 2000, a contacté François Adamski, Bocuse d’or 2001, Meilleur Ouvrier de France (MOF) 2007, pour l’aider à relancer la machine. Même qualité en cuisine « Ce qui m’intéressait dans cette mission, confie François Adamski, ancien chef étoilé du Gabriel, place de la Bourse, à Bordeaux, c’était l’endroit, magique, le cadre, fabuleux, et la réputation du restaurant. L’objectif premier, c’est de maintenir ce degré d’exigence en cuisine, de poursuivre sur cette démarche de qualité, même si la défense de l’étoile n’est pas du tout une priorité, car on repart de zéro avec deux jeunes chefs. » La mission que ce cuisinier expérimenté (1) a acceptée est simple : aider les deux sous-chefs à mettre en place une carte attractive, à la tête d’une brigade rajeunie et pleine d’envie. Depuis le début de l’été dernier, Adamski, qui a également repris, en septembre, les cuisines de L’Imaginaire, prestigieux restaurant de Terrasson, en Dordogne, intervient à Brindos régulièrement. « Il a fallu gérer la saison estivale en urgence, mais là, c’est plus calme RENDEZ-VOUS Taste of Paris de retour au Grand Palais PARIS-BAYONNE 18 grands chefs réunis sous la nef du Grand Palais pour faire découvrir leur cuisine en petites portions, telle est la promesse de Taste of Paris, dont la seconde édition aura lieu du 11 au 14 février 2016. Le Bayonnais Sébastien Gravé – Pottoka à Paris et La Table de Pottoka à Bayonne – est à la manœuvre. et on a vraiment mis en place une belle carte pour cet automne avec John (Argaud) et Gabriele (Ferri). L’idée de départ est simple : des bons produits, des bons mélanges, des bonnes cuissons, pour faire plaisir au client », résume le chef consultant. « Il y a une vraie dynamique avec le chef Adamski, il est là pour nous guider, ses conseils sont précieux, autant sur les plats que sur la gestion des équipes », reconnaît l’Italien Gabriele Ferri, 27 ans, arrivé en mai et passé par La Tour d’Argent et Le Relais de la Poste (étoilé en Alsace). « Ce sont des jeunes cuisiniers avec du potentiel, qui ont eu de belles formations, ils sont capables de voler de leurs propres ailes », juge François Adamski, qui a apposé à la carte plusieurs de ses plats signatures : foie gras de canard rôti, poireaux aux huîtres et citron confit, jus acidulé, saint-pierre filet juste saisi, Eryngii et girolles, sauce vin rouge à la moelle ou la noix de ris de veau croustillante, salsifis et potiron, câpres et pignons, jus à la réglisse. « C’est intéressant d’avoir ce regard très pointu sur notre travail, surtout que le chef Adamski n’est pas contre des propositions, c’est dans les deux sens », ajoute John Argaud, 30 ans, arrivé lui en septembre d’Ithurria, à Ainhoa, après avoir été deux ans à la Table des frères Ibarboure, à Bidart, deux tables étoilées du Pays basque. Cet ancien élève de l’école Ferrandi a, par exemple, apporté sa touche sur ce canapé autour du cochon laqué, référence au plat fétiche de Xabi Ibarboure, le cochon Kintoa : une poitrine laquée, filet mignon rôti au chorizo, oreilles en millefeuille et croustillant canaille. « J’ai eu la chance de travailler avec de très grands chefs, comme Michel Bras, Philippe Etchebest et François Adamski, encadré par John Argaud (à gauche) et Gabriele Ferri. PHOTO JEAN-DANIEL CHOPIN Christophe Bacqué, enchaîne John Argaud, et le but de la manœuvre, c’est d’arriver à prendre le meilleur de ces expériences pour le reproduire. Ici, c’est possible ! » Un menu retour de marché Cette révolution en douceur en cuisine, avec une carte plus courte, montée en gamme, s’accompagne aussi d’une révision des prix. L’hôtellerie de luxe du Pays basque n’échappe pas aux difficultés économiques du moment, surtout hors saison. « Pour nous, dans un contexte de forte concurrence et en pleine période creuse sur la Côte basque, il était important de revoir nos prix et de partir à la conquête d’une nouvelle clientèle, notamment le midi », indique Carmen Llanos, la fidèle responsable commerciale de Brindos, originaire de Saint-Sébas- tien, qui a constaté une raréfaction de la clientèle traditionnelle basque espagnole après les attentats de Paris du 13 novembre. « La baisse a été flagrante, même si ces clients reviennent avec les différents ponts et qu’ils seront là pour les fêtes… » Le midi, Brindos propose ainsi une formule retour de marché à 34 euros, trois services avec trois canapés, mise en bouche et mignardises. « Ce geste est très apprécié par les clients », note Jean-Marc Mauberna, le maître d’hôtel – ex-Sissinou à Biarritz : « Il est important que Brindos tienne son rang car les tables étoilées et d’hôtels de luxe ne manquent pas ici… » C’est un peu la difficulté à Brindos, table réputée, mais qui a du mal à affirmer son identité au sein d’un établissement hôtelier. « J’ai toujours connu cette appréhension du client extérieur à venir dans un hôtel de luxe, dit Carmen Llanos. Il y a les repas d’affaires et de séminaires pour compenser, mais, là aussi, la concurrence est rude. Et toute l’hôtellerie de luxe baisse ses prix de nuitées de manière exagérée en ce moment, car c’est très calme. Ce qui n’est pas forcément gagnant sur le long terme… » Le château de Brindos, à l’instar de l’Hôtel du Palais voisin, est à la croisée des chemins. Serge Blanco, ce n’est un secret pour personne, même s’il reste très attaché à l’endroit, cherche un investisseur depuis des années. Pendant que le palace biarrot devrait en savoir bientôt plus sur son futur acquéreur, Brindos, lui, attend son heure. (1) Ils ne sont que trois à avoir la double casquette MOF-Bocuse d’or : lui, Michel Roth et Fabrice Desvignes.