dossier pédagogique (N. Montaron ATM53)
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dossier pédagogique (N. Montaron ATM53)
KOKO LE CLOWN 7 Films d’animation de la série « Hors de l’encrier » (« Out of the Inkwell ») de Dave et Max FLEISCHER. 46 minutes. Etats-Unis, 1918-1929. Ressortie 2013. SOMMAIRE du DOSSIER I Avant la projection Affiche et consignes p.1 II Histoires et pistes d’exploitation Présentation des 7 épisodes et pistes Points de vue sur cette série p.1à 6 p.6, 7 III Le cinéma d’animation Fabrication d’un dessin animé Le dessin animé des frères Fleischer Principales techniques Importance de la bande-son p.7 p.7 à 9 p.9, 10 p. 10, 11 I AVANT LA PROJECTION - L’affiche : observer Le fond est de couleur bleue. Le titre du film est en haut. On voit le clown KOKO (le décrire) dont le chapeau est sur le premier O. En arrière-plan, une fusée arrive en direction de la planète Mars. Le nom des réalisateurs apparait sous le titre : Dave et Max Fleischer. - Les consignes : les rappeler pour un bon déroulement de la séance (cf. plaquette Ciné-enfants). II HISTOIRES ET PISTES D’EXPLOITATION Koko le clown naît de la plume à encre de chine de son auteur pour chaque nouvelle aventure. Il découvre le monde extérieur qui, il faut bien le reconnaître, regorge de choses inexpliquées et parfois bien compliquées à comprendre pour ce clown farceur et tellement maladroit C’est d’ailleurs pour cela qu’il préfère rentrer (ou que son dessinateur le force à rentrer) dans son encrier sitôt son aventure terminée !! 1 1- Une mouche qui agace (Tantalizing fly) 1919 / 5 min Une mouche virevolte dans le studio où Max dessine Koko ; elle s’infiltre même dans la feuille de papier pour agacer Koko. Comment vont-ils s’en débarrasser ? - Histoire détaillée : Le dessinateur, Max, dessine le clown Koko sur une feuille blanche. Il est importuné par une mouche qui vient même se poser sur Koko qui se contorsionne alors pour essayer de s’en débarrasser. Max va dans une autre pièce pour demander ce qu’il faut faire, on lui donne une tapette. Quand Max veut taper sur la mouche posée sur la tête de Koko, celui-ci voit 36 chandelles ; il est par terre. Koko prend le porte-plume pour attaquer la mouche, mais cela fait des taches d’encre sur max. Koko dessine un homme endormi dans un fauteuil et la mouche se pose sur son crâne. Koko frappe avec la tapette et le dessin de l’homme s’anime et se fâche contre Koko. Koko passe derrière la feuille et entre dans l’encrier. La mouche le suit et elle est capturée. - Pistes d’exploitation : Raconter l’histoire et sa fin. En imaginer une autre. Expliquer qui est Max (Fleischer) Essayer de dessiner Koko. Comparer avec d’autres clowns. (Eugénio…) 2- Casse-tête (Puzzle). 1923 / 8 min. Max a des soucis pour résoudre un puzzle, mais il en a encore plus avec le clown !! - Histoire détaillée : Max trempe la plume dans l’encrier, dessine un rébus et le découpe pour former un puzzle : en modifiant la place des morceaux, il obtient différentes figures : un pélican, un serpent, une vache, une femme, Koko en 2 moitiés puis Koko entier. Il dessine une chaise et place Koko dessus. Il met des morceaux de puzzle dans une boite. Koko regarde. Max dessine sur la feuille la boite et les morceaux. Koko joue avec. Max attache alors Koko sur la chaise, dessine des roulettes et l’animation la transforme en véhicule qui roule. Koko fabrique un frein et un volant et roule en zigzaguant sur la route. Il arrive dans la ville des puzzles et se retrouve sur un pont qui bascule, dans un labyrinthe, devant des miroirs. Il revient sur la feuille de dessin. Max dessine une sortie, Koko sort mais revient aussitôt. Max entre dans la sortie et se trouve enfermé dans un tunnel car la porte s’est fermée. Koko fait le puzzle. Max retrouve une sortie et monte sur une échelle en fer verticale. En même temps, on voit sa silhouette animée sur le tableau. Koko sort du tableau pour aller sous le bureau de Max. On voit Max sur l’échelle et sa silhouette animée dans le bureau. Finalement Max ressort de l’encrier, attrape Koko et le plonge dans l’encrier. 2 - Pistes d’exploitation : Raconter l’histoire. Repérer ce qui fait rire, ce qui fait peur. Comprendre les 2 personnages de Max visibles en même temps. 3- Voyage sur Mars (A Trip to Mars). 1924 / 6 min. Koko va sur Mars et y fait d’étranges rencontres. Après quelques aventures martiennes, il trouvera plus sûr de se réfugier dans son encrier ! - Histoire détaillée : Alors que Max dessine, un enfant accroche une silhouette en papier dans son dos. Les 2 se transforment en silhouettes animées : 2 personnages avec une fourche. On voit se succéder : Max donnant une fessée à l’enfant, puis un scarabée, une photo de tête de jeune fille, 2 chatons en photos, un salon de coiffure, un arrosoir (dessin puis vrai arrosoir), 2 personnages, l’enfant qui donne à Max un coup de poing, des formes qui bougent, un dessin de masque qui porte ensuite des pattes de poule, une succession de masques animés et finalement Koko avec une grosse tête qui redeviendra normale. Max anime ensuite des dessins faits chacun sur une feuille, selon le principe du folioscope (cf. paragraphe III), en tournant rapidement les feuilles. Max essaie de faire renter Koko dans l’encrier, mais ce dernier ne veut pas et de l’encre est renversée. Max dessine un paysage et une fusée dans laquelle il met Koko et l’envoie vers Mars. Là, Koko rencontre de drôles de personnages (Martiens ?). Koko prend un taxi sur pattes. Il est poursuivi par des diables noirs (dont on voit les dessins sur des feuilles). Koko finit par rentrer dans l’encrier, dans lequel on voit un lit. Koko se couche. - Pistes d’exploitation : Raconter l’histoire Chercher les caractéristiques de la planète Mars Expliquer l’animation avec un folioscope et en fabriquer un (cf. paragraphe III). Repérer les passages entre les vraies personnes filmées et les animations de silhouettes. Voir la technique de la rotoscopie : technique cinématographique qui consiste à relever image par image les 3 contours d'une figure filmée en prise de vue réelle pour en transcrire la forme et les actions dans un film d'animation. Ce procédé permet de reproduire avec réalisme la dynamique des mouvements des sujets filmés. (cf. paragraphe III). 4- Sculpture (Modeling) 1921 / 7 min. Doté de nouveaux patins à glace, Koko apprend à patiner sur sa feuille... Dans le studio, un sculpteur s’échine à faire le portrait en argile d’un homme très laid. Il aura bien besoin de l’aide de Koko !! - Histoire détaillée : Max trempe la plume dans l’encrier et le dessin de Koko se fait seul, à partir de gouttes qui bougent. Dans l’atelier arrive un homme qui vient faire sculpter son visage dans de l’argile. Il conteste la longueur du nez (pourtant réelle) qu’a représenté le sculpteur (frère de Max ?). Pour que Koko n’intervienne pas, Max dessine un paysage avec une maison et un lac gelé et des patins à glace sous les pieds de Koko. Comme ce dernier ne sait pas patiner, il tombe plusieurs fois, puis il patine bien. Koko dessine le visage de l’homme sur la glace puis il l’efface. Un ours arrive qui vole le chapeau de Koko et Koko le poursuit. Arrive une vache et un veau. L’ours et Koko qui étaient dans la maison la démolissent. Koko enferme l’ours dans une boule de neige et sculpte en 3D le visage de l’homme, avec son long nez. Furieux, Max envoie une boulette d’argile sur Koko. Pour s’en débarrasser, Koko tire sur l’argile et la boulette atterrit dans l’œil de l’homme. Koko sort du tableau, se déplace dans la pièce et monte sur la tête sculptée. Recouvert d’argile, Koko fait bouger le nez. Surpris l’homme tombe de son tabouret. Koko s’en va, ressemblant à une chenille. Les trois hommes sont surpris et se mettent à trois pour attraper cette chose : il ne reste que de l’argile car Koko est retourné dans le feuille de papier. Avant de partir, l’homme, mécontent envoie de l’argile sur le visage de Max. Pour éviter des représailles de la part de Max, Koko plonge dans l’encrier et met le bouchon. Max enlève ce bouchon et retourne l’encrier, mais il ne sort que de l’encre. - Pistes d’exploitation : Raconter l’histoire et retrouver les différents personnages. Repérer ce qui fait rire. La sculpture et le dessin par rapport à un modèle Le patin à glace 5- Les Bulles (Bubbles). 1922 / 5 min Koko aimerait faire des bulles, alors on lui donne une pipe spéciale, comme cela il peut faire ses propres bulles... - Histoire détaillée : Max verse de l’encre sur la feuille, puis rajoute de la peinture blanche et tourne : cela dessine Koko. Une petite fille fait des bulles de savon. Koko pleure car il veut en faire 4 aussi. Max lui dessine une pipe spéciale et Koko fait des bulles avec des choses dedans. Koko fait une bulle très grosse qu’il a bien du mal à faire sortir. Une bulle se transforme en diable qui court après Koko. Puis c’est une série de bulles et Koko se retrouve à l’intérieur d’une bulle. On lui prend son chapeau. Il sort un vrai chat d’une bulle. Max souffle aussi. Koko trouve un igloo marqué défense d’entrer. Une bulle a une forme de tête. C’est la tête de Koko qui est dans une bulle qui finit par éclater. Koko sort par la fenêtre car il est à l’intérieur d’une grosse bulle. Il rentre dans un bouchon de radiateur d’une voiture, ce qui n’est pas du goût du propriétaire. Pendant que les hommes se poursuivent, Koko ressort. Finalement, Max récupère Koko dans la mousse et il le fait rentrer dans l’encrier qu’il ferme avec le bouchon. - Pistes d’exploitation : Raconter l’histoire. Retrouver quelques exemples de bulles particulières faites par Koko. 6- C’est l’heure d’aller au lit (Bed time). 1923 / 7 min. Pendant que Max laisse Koko au sommet d’une montagne (dessinée sur le chevalet) afin de pouvoir faire une sieste, le clown va se venger en grossissant jusqu’à ressembler à un monstre ! Il se met alors à terroriser New York. Max n’aurait-il pas rêvé pendant sa sieste ?... - Histoire détaillée : max dessine Koko dans un ballon qu’il déforme, puis il perce un trou et le ballon disparaît. Max se couche, mais, pour être tranquille, il se relève et dessine des pics de montagne et place Koko au sommet de l’un d’eux (il ne bougera pas). Koko s’endort et tombe sans se faire de mal. Le vent souffle et il arrive devant la grotte des vents : voiture, linge, maison, tout est aspiré. Koko lutte pour ne pas entrer, mais, ses boutons, son chapeau, son habit sont aspirés. Il finit par renter et « nage » pour récupérer son chapeau et ressort. Un géant sort du sol à quatre pattes et veut chasser Koko qui est sur lui. Il poursuit Koko qui plonge dans l’eau. Le géant attrape un poisson puis boit toute l’eau et la course poursuite reprend. Le géant rattrape Koko et essaie de le saisir… En fait, c’était un cauchemar que faisait Koko. Koko se réveille, tombe du pic sur lequel il était et, à son tour, réveille Max. Koko, furieux, devient un géant. Max s’enfuit en pyjama. Koko explore la ville, il a une tête de diable et des grandes mains pour saisir Max et le secouer…mais c’était un cauchemar fait par Max. Il remet Koko dans l’encrier. 5 - Piste d’exploitation : Raconter l’histoire du point de vue de Max (et son cauchemar) et du point de vue de Koko (et son cauchemar). Comparer Koko géant à King Kong. 7- Le Petit frère du clown (The Clown’s little brother). 1920 / 6 min. Le petit frère de Koko vient semer la pagaille dans le studio des frères Fleischer... - Histoire détaillée : Max veut dessiner Kok, mais il n’y a plus d’encre sur la plume. Il en remet et Koko apparaît sur le papier. Le facteur apporte des lettres, un jeune chat à Max. Il y a une lettre pour Koko : en l’ouvrant, il apprend que son frère arrivera bientôt par la poste. En effet, Max donne à Koko un rouleau dans lequel est son petit frère. Koko et Max sont contents, mais pas le petit frère. Max les laisse seuls. Kok fait une démonstration de ce qu’il sait faire, le petit frère est plus doué. Koko fait des tours de magie avec des cartes, un lapin, une balle. Koko sort du tableau, enfourche le vrai chat et se bat avec lui. Le petit frère ne sait pas sortir du tableau ; il fabrique un lasso et attrape Koko qui plonge dans l’encrier. C’est le moment où Max revient. Koko et le petit frère sont dans l’encrier qui bouge beaucoup et tombe : il y a des taches d’encre et Max n’est pas content. - Piste d’exploitation : Raconter l’histoire en comparant les 2 clowns (taille, vêtements et capacités). Repérer le comique. 8- Points de vue sur la série des épisodes : - Deux atouts majeurs assurent le succès de la série. Tout d’abord, elle bénéficie pour la première fois de l'invention de Max Fleischer, le Rotoscope. Ensuite, l'inventivité des frères Fleischer permet à la série de se renouveler à chaque épisode alors qu'ils ont tous plus ou moins la même trame : la main d'un dessinateur, Max Fleischer, trempe sa plume dans un encrier puis trace la silhouette de Koko dont on voit les farces et les maladresses. Comparer avec le comique d’autres films muets : Keaton, Chaplin. L'épisode se conclut toujours par un retour à la normalité lorsque Koko retourne d'un plongeon dans l'encrier. Décrire le rôle de l’encrier (maison, abri qui permet d’échapper aux reproches du dessinateur)... [cf. épisode 3]. - Koko le clown est donc un personnage animé qui sort de son monde pour rejoindre un pseudo monde réel, celui du ou des dessinateurs présents dans le film. Les films de cette série montrent toujours un jeu de va-et-vient entre un monde réel, qui n’est pas LE monde réel car il est monté et mis en scène, et le monde animé. Dick Tomasovic, dans son article sur Le Cinéma d’animation, montre que ce va-et-vient entraîne parfois une confusion volontaire entre les deux mondes : " Le moment le plus fantastique dans la rencontre de ces deux mondes n’est pas celui de l’intrusion parfois fulgurante d’un élément animé dans l’univers réel et vice versa, mais de la transformation du monde réel en monde animé lorsque Koko fuit sa planche à dessin et traverse l’espace de l’atelier […] dès lors, le film change brusquement de logique : la démarcation entre les espaces animé et réel n’est plus maintenue et cette confusion effraie même les animateurs […]. Le beau principe 6 d’alternance est oublié, le montage des plans est désormais incertain. Les espaces ne sont plus en vis-à-vis, ni même adjacents, mais semblent s’enchevêtrer confusément, la planche à dessin semble appartenir au monde " réel " (plus rien ne bouge à présent sur les feuilles de papier), mais ce monde réel est lui-même animé de l’intérieur ". Comparer avec le film d’animation « Le tableau » dans lequel des personnages sortent du tableau et partent même à la recherche du vrai peintre : mélange de film et d’animation. III Le cinéma d’animation 1- Fabrication d’un dessin animé : Pour réaliser un film d’animation, 24 images par seconde d’action sont nécessaires pour reproduire correctement le mouvement, au minimum 12 images car un nombre inférieur donne un mouvement saccadé (cas de certains dessins animés japonais). Quand une histoire a été choisie, il faut l’adapter pour le dessin animé et écrire le scénario : succession de séquences avec une description précise des décors, des personnages, des évènements. Il est ensuite traduit en dessins par le réalisateur sous forme d’un story-board, sorte de longue bande dessinée, constituée d’une centaine de croquis. C’est un découpage détaillé, plan par plan de l’ensemble du film. Il indique le cadrage, la position des décors, des personnages, l’emplacement de la caméra et l’action. Il contient tous les dialogues et les bruitages. Chaque plan est représenté par une feuille numérotée, comprenant un dessin et des indications écrites. Pour faciliter le travail des animateurs et ne pas changer l’aspect d’un personnage, des dessins sont réalisés le représentant de face, de profil, de trois-quart, de dos, en entier ce qui détaille ses proportions et son volume : ce sont des feuilles de model-sheet Les maquettistes dessinent alors au crayon le décor de chaque plan du film en fonction de l’animation des personnages. Ces dessins serviront de base aux décorateurs pour la création des décors. Le décor est peint sur une feuille à l’aquarelle, aux encres ou à la gouache. L’animation est réalisée par différentes équipes : l’animateur esquisse au crayon les positions extrêmes du mouvement, des intervallistes comblent les espaces entre chaque dessin en suivant les indications de l’animateur. Plusieurs animateurs interviennent dans un même dessin animé. Les dessins sont ensuite tracés à la plume ou photocopiés sur des feuilles de rhodoïd transparentes ou cellulos (ou cellos). Les couleurs sont ensuite appliquées à la main au verso de chaque cellulo en utilisant de la gouache acrylique. 2- Les frères Fleischer et leurs techniques : - D’origine autrichienne, les frères Fleischer arrivent à New York en 1887. En 1915, alors qu’il travaille au magazine Popular Science Monthly, Max a l’idée d’une invention améliorant la qualité et la fluidité des mouvements des dessins animés : le Rotoscope. Cette technique d’animation permet de transformer une scène filmée en dessin animé à l’aide d’une table de projection transparente sur laquelle les images du film se succèdent. Avec Joe à la fabrication et Dave dans le rôle du clown, les trois frères utilisent cette technique pour monter un court 7 métrage d’une minute, Experiment n°1. Pendant la guerre, Max réalise de petits films pour l’armée. En 1919, il rejoint son ami J. R. Bray qui possède un studio pour lancer la série « Out of the inkwell » (Hors de l’Encrier) avec « Koko le clown » comme personnage principal. La série connaît beaucoup de succès en deux ans. Max et Dave s’associent alors en 1921 pour fonder la société de production OUT OF THE INKWELL FILMS INC. Le Rotoscope sera bientôt suivi du Rotograph qui permet de faire interagir un personnage dessiné avec des acteurs dans un décor réel. Les frères Fleischer se font ainsi une réputation d’excellence et de créativité. Le clown Koko est l'une des premières vraies stars de l'animation, avant même Félix le chat, popularisé au début des années 1920. Experiment N°1, premier court métrage d'animation des frères Fleischer produit en 1915, peut être considéré comme l'œuvre fondatrice annonçant la venue en 1919 du personnage récurrent, qui prendra son nom définitif Koko un peu plus tard. C'est aux studios J. R Bray à la fin de la première guerre mondiale que la série Out of the Inkwell voit le jour ; elle se poursuivra au sein du studio Out of the Inkwell Films. Avec l'apparition du parlant puis la série des Talkartoons dès 1929, Koko le clown se fera plus rare au profit de Betty Boop puis de Popeye. Il participe néanmoins à plusieurs films de Betty Boop, dont le très bon Snow White (Blanche Neige, 1933). A partir de 1962, deux nouveaux personnages Kokette et Kokonut rejoignent Koko pour une nouvelle série mais Max Fleischer, constatant que la qualité de la série n'est plus celle d'antan, décide de l'abandonner dès le premier épisode. Les Frères Fleischer sont les créateurs de Popeye, Betty Boop, Superman, et surtout de Koko le Clown, popularisé au début des années 20. Tout comme Otto Messmer, père de Félix le chat, les frères Fleischer pratiquent le surréalisme sans même connaître ce mot né bien loin d’Hollywood... L'animation leur permet de verser dans une sorte d'anarchie burlesque où le magique côtoie le rêve et où l'absurde est copain avec le slapstick (comédie issue de la Commedia dell'arte). Revoir les films de Koko aujourd'hui, c'est constater l'extraordinaire liberté avec laquelle les deux frères abordaient l'art de l'animation et du cartoon. Cette série qui combine images de prises de vues réelles et animation créée par Max Fleischer fut l’une des plus populaires des années 20. C’est Max qui met au point le procédé permettant d’éliminer le problème du chronométrage : il s’agit de décalquer image par image la séquence d’une action réelle pour ensuite réaliser une animation beaucoup plus fluide… Alors que le jour, Dave travaille chez Pathé comme monteur, il rejoint ses frères Max et Joe pour contribuer à la construction de l’appareil inventé par Max : le Rotoscope, dont le brevet est déposé en octobre 1917. Il s’agit d’un écran de verre dépoli derrière lequel était monté un projecteur assurant le défilement image par image d’un film quelconque. Chaque image du film est projetée et agrandie sur le dépoli. Il suffit ensuite de la décalquer. C’est Dave qui est devant la caméra, le plus souvent vêtu d’un costume noir de clown et qui réalise les pirouettes. Une fois terminé, chaque dessin est photographié un à un avec une simple caméra et la pellicule avance ainsi image par image. La technique s’apparente au bricolage car la caméra est placée sur une chaise et pointée horizontalement sur les dessins, euxmêmes fixés sur une autre chaise. Mais cette installation n’est pas totalement fiable et crée de légers sursauts ou décalages au moment de l’animation par le mouvement des chaises d’où l’idée de fixer une planche entre les deux chaises pour qu’elles restent équidistantes ! 8 Les tâches sont réparties entre les 3 frères : Max passe les dessins à Dave qui les fixent sur la chaise puis Joe tourne la manivelle et ainsi de suite, jusqu’à ce que les 2400 dessins soient photographiés. Grâce à un nouveau procédé mis au point dans les années 20, les Fleischer obtiennent une plus grande souplesse avec le Rotograph mais ils peuvent aussi combiner personnages réels et animation. Un projecteur placé sur un écran de verre dépoli, projette contre celui-ci un film montrant des personnages réels. Au-dessus du dépoli, une caméra est pointée vers le bas. Le film projeté est arrêté à chaque image pendant que le dessin sur cellulo est posé sur le dépoli et photographié en même temps que l’image projetée par en-dessous. 3- Les principales techniques d’animation : L’animation à partir de Marionnettes Cette technique consiste à fabriquer des marionnettes et à photographier les différentes étapes de leurs mouvements. Ces photos sont ensuite assemblées pour reconstituer le mouvement à la projection grâce à la persistance rétinienne. On peut l’observer dans les films d’animation : Fables de Tsarévitch, Fantastic Mr Fox, les films de la Série de Léon et Mélie… L’animation en écran d’épingles Cette technique consiste à enfoncer des épingles noires dans un écran blanc et à l’éclairer de biais. Il est ensuite possible de récréer des images grâce à l’ombre des épingles en les enfonçant plus ou moins dans l’écran. En photographiant chaque étape, on peut reconstituer le mouvement lors de projection grâce à la persistance rétinienne. Alexandre Alexeïeff invente l’écran d’épingles. En 1933, il réalise, avec Claire Parker, son premier court métrage : Une nuit sur le mont Chauve. Le Land art Technique consistant à composer des œuvres à partir d’éléments naturels et éventuellement à filmer les différentes étapes de leur évolution au gré des évènements naturels (vent, pluie, marée…) L’image de synthèse Technique d’animation apparue dans les années 1970-1980. Elle consiste à réaliser tout ou partie d’un dessin animé sur un ordinateur. Ce dernier calcule ensuite les dessins intermédiaires seul. C’est le cas du film La sorcière dans les airs. En 1995, John Lasseter réaliste Toy Story, premier long métrage en images de synthèse L’animation à partir de pâte à modeler Cette technique consiste à réaliser des figurines en pâte à modeler et à photographier les différentes étapes de leurs mouvements. Ces photos sont ensuite assemblées pour reconstituer le mouvement grâce à la persistance rétinienne. C’est le cas dans les films : Capelito et ses amis, Les aventures de Gros Pois et Petit Point, Wallace et Gromit, Chicken Run.... La pixillation C’est l’animation de personnes qui changent légèrement de position entre chaque prise de vue. Cette technique permet de faire apparaître ou disparaître quelqu’un, de le faire voler… Elle a été utilisée pour les premiers effets spéciaux au cinéma L’animation en papier découpé : dans le film Le petit monde de Léo. Cette technique consiste à fabriquer des figurines ou des objets en découpant du papier et à photographier les différentes étapes de leurs mouvements. Ces photos sont ensuite assemblées pour reconstituer le mouvement à la projection grâce à la persistance rétinienne. Les dessins animés des studios de Shanghai montrent des dessins découpés et déchirés ce qui permet de montrer le pelage des animaux, par exemple le film Malin comme un singe. L’animation avec du sable 9 Cette technique consiste à réaliser des tableaux avec du sable de différentes couleurs et à en photographier les différentes étapes afin de recréer le mouvement lors de la projection, grâce à la persistance rétinienne. Il est possible de restituer un mouvement dans le tableau en recréant un nouveau tableau pour chaque mouvement. Le dessin sur pellicule ou la pellicule gravée Cette technique consiste à dessiner ou à graver des formes, image par image, directement sur une pellicule de cinéma. Il suffit ensuite de projeter cette pellicule. Le réalisateur canadien Norman McLaren n’utilisait pas de caméra mais il dessinait directement sur pellicule L’animation d’objet Cette technique consiste à déplacer des objets du quotidien en photographiant chaque étape du mouvement. Ces photos sont ensuite assemblées pour reconstituer le mouvement à la projection grâce à la persistance rétinienne. L’animation traditionnelle Cette technique consiste à reproduire au crayon chaque étape du mouvement d’un personnage ou d’un objet. Il faut ensuite faire défiler chaque dessin devant une caméra pour reconstituer l’illusion du mouvement. L’animation en photocopie Cette technique consiste à redécouper une scène filmée image par image. Il est ensuite possible d’imprimer chaque image et de la modifier. Il faut ensuite photographier dans l’ordre chaque image pour recomposer le film ainsi modifié. Faire construire des objets - Le folioscope (ou « flip book »): Distribuer aux élèves des feuilles (5cm sur 10, au minimum 12 feuilles ou un petit bloc de « postit »ou un petit carnet à reliure collée) sur lesquelles on leur demande de dessiner (dans la partie droite de la feuille pour que les dessins soient toujours visibles pendant la manipulation). Chaque dessin doit être légèrement différent de celui qui le précède. Assemblés sur un côté, il ne reste plus qu’à faire défiler les dessins avec le pouce, à des vitesses différentes pour voir ce qui se produit. Si le rythme est d’environ 24 feuilles par seconde, le cerveau interprétera le défilement des images comme un mouvement. C’est ce qui se passe dans l’épisode du film « Voyage sur Mars » quand Max tourne très vite les feuilles. - On peut également construire un personnage en pâte à modeler (silhouette simple) et le photographier en modifiant, entre chaque photo, un détail : par exemple, il penche la tête de plus en plus puis la relève. Lorsque les photos sont développées, on les superpose dans l’ordre des prises de vue. En les tenant sur un côté, on les fait tourner rapidement (comme le bloc dans l’exemple précédent) et on a l’illusion du mouvement. 4- L’importance de la bande-son : - Dans les films muets, il pouvait y avoir des cartons sur lesquels étaient écrites des phrases donnant des renseignements au spectateur. C’est le cas dans le film « Safety last » (« Monte là-dessus » avec Harold Lloyd) 1923, c’est encore l’époque du muet. Bien qu’il y ait déjà des essais de synchronisation entre le son d’un phonographe et les images d’un film, il faudra attendre 1926 pour aboutir à des essais concluants sur des courts métrages. Ce ne sera donc qu’en 1927 qu’on utilisera ce procédé pour un long métrage, The Jazz Singer (Le Chanteur de Jazz) resté célèbre pour ses quelques séances sonores. Safety Last utilise donc un système d’intertitres, appelés aussi "cartons". Ces textes, parfois habilement illustrés, ont deux fonctions : 10 • Ils fournissent des indications sur les lieux, le temps, les personnages. Ils précisent les situations de chacun, les relations entre eux, leurs buts ou motivations... • Ils contiennent des éléments de dialogues plus ou moins nécessaires à la compréhension de l’histoire. Ils sont très peu illustrés et relativement simples. - La musique accompagne et rythme les actions ; traduit des sentiments, des émotions… Elle est importante quand il n’y a pas de dialogues. * Si le cinéma est né en absence de sons synchronisés, il n’était pas entièrement muet. Au tout début, un bonimenteur était présent dans la salle pour commenter les images. Afin de couvrir les bruits des projecteurs, on conviait un pianiste, parfois un orchestre pour accompagner le film. La musique occupait donc une large place dans une salle de cinéma de l’époque, mais souvent soumise à la personnalité... et aux capacités du musicien. Un circuit de distribution de catalogues et de partitions se mit progressivement en place pour accompagner les sorties des films, suggérant notamment tel morceau classique pour accompagner un orage, tel autre pour une scène d’amour. Chaplin, à partir de The Kid, écrira lui-même la musique de tous ses films, utilisant conjointement images et accompagnements pour raconter ses histoires. Ce n’est pas le cas pour la musique de Safety Last ; elle n’est donc pas indissociable de l’image. Plusieurs partitions coexistent. L’accompagnement de la version vidéo date de 1990 et est signée Carl Davis. *Projet de sonorisation du film Koko le clown « Suite au ciné-concert de l’ARFI [Compagnie de musiciens professionnels implantée à Lyon depuis sa naissance en 1977, qui représente l’une des réussites collectives de la scène du jazz européen et qui anime des ciné-concerts] et à l’initiative de Marc Bonny (Gebeka Films) et de Serge Bromberg (Lobster Films), nous avons mis en musique sept courts métrages des frères Fleischer : des dessins animés muets créés entre 1918 et 1929 pour en faire un film à destination du jeune public : Koko le clown. Stimulés par ces courts métrages décapants, nous proposons une musique originale faite de saxophone, contrebasse, lap-top, trompe, sifflet à coulisse, vocalises, onomatopées, compositions personnelles, improvisations, citations-hommage (Don Cherry, Sun Ra, Anthony Braxton, Eden Ahbez…). Ces sept films sont enveloppés d’un environnement électronique qui apporte une touche résolument contemporaine dans l’univers novateur du clown Koko. Créer la musique de ce film nécessita un travail précis de synchronisation en studio. Nous avons conservé en grand partie la partition que nous interprétons lors des ciné-concerts. L’image projetée de ce « nouveau Koko » sans notre présence sur scène nous a amenés à revisiter certaines séquences musicales… Il fallait également envisager une liaison type « jingle » humoristique entre les sketchs pour relancer la dynamique de la projection en remplaçant nos arrêts sur image habituels des concerts en direct pour, comme nos aînés, jouer les bonimenteurs du cinématographe forain de l'époque !... Quel bonheur de participer à la renaissance de ce nouveau Koko ! » Guy Villerd (saxophone ténor, laptop), Jean Bolcato (contrebasse, voix) et Thierry Cousin (programmateur MAO). RESSOURCE : - DVD - SITE : www.gebeka.com dossier de presse Dossier réalisé par Nicole Montaron, Atmosphères 53. Septembre 2015. 11