Peut-on suivre tout salarié à la trace - Feral-Schuhl/Sainte
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Peut-on suivre tout salarié à la trace - Feral-Schuhl/Sainte
Christiane Féral-Schuhl, DR avocate à la Cour, associée fondatrice du cabinet Féral-Schuhl/Sainte-Marie, et bâtonnier désigné du Barreau de Paris Peut-on suivre tout salarié à la trace ? Le fait : un arrêt de la Cour de cassation du 3 novembre a rejeté un pourvoi contre une condamnation d’une société pour utilisation illicite d’un dispositif de géolocalisation des salariés. Un vendeur disposait, en application de son contrat de travail, d’une liberté d’organisation, à charge pour lui de respecter le programme fixé et de rédiger un compte rendu journalier pour justifier d’une activité de 35 heures par semaine. En 2006, ce salarié a été informé que son employeur mettait en place dans son véhicule un système de géolocalisation, afin d’étudier a posteriori ses déplacements et d’optimiser ses visites. En 2007, ayant constaté que sa rémunération était calculée sur la base des informations collectées par le dispositif, le collaborateur a pris acte de la rupture de son contrat de travail aux torts de l’employeur. La justice vient de lui donner raison. Déclaration à la Cnil simplifiée L’employeur dispose d’un pouvoir de contrôle de l’activité de ses salariés. Toutefois, cette prérogative est encadrée par le Code du travail et, pour certains dispositifs de contrôle, par la loi informatique et libertés. L’entreprise doit, en toute hypothèse, respecter une obligation de transparence en informant ses collaborateurs et les éventuelles instances représentatives du personnel sur le dispositif et sa finalité. Elle est également soumise à une obligation de proportionnalité entre le dispositif mis en œuvre et la finalité poursui- vie qui doit répondre à un intérêt légitime de l’employeur. Le recours à la géolocalisation étant devenu courant, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) a émis en 2006 une norme simplifiée (n° 51) pour faciliter la déclaration du dispositif auprès de ses services en cas de parfaite conformité du dispositif à cette norme. Obligation de proportionnalité Dans cette affaire, la Cour de cassation se prononçait pour la première fois sur les dispositifs de géolocalisation. Elle rappelle que leur utilisation pour assurer le contrôle du temps de travail « n’est licite que lorsque ce contrôle ne peut pas être fait par un autre moyen ». Elle constate aussi que le dispositif a été employé pour une autre finalité – le contrôle de l’activité de son salarié – que celle déclarée à la Cnil. Enfin, la Cour précise que lorsque, du fait des fonctions exercées, le salarié dispose d’une liberté d’organisation dans son travail, recourir à un dispositif de géolocalisation pour contrôler son activité – même après l’en avoir informé – était illicite et justifiait la prise d’acte de la rupture. Mchristiane féral-schuhl CE QU’IL FAUT RETENIR La finalité déclarée à la Cnil d’un dispositif de géolocalisation doit être scrupuleusement respectée. Elle ne peut être de contrôler le temps de travail du salarié si celui-ci dispose d’une liberté dans l’organisation de son activité. Nouvel essai pour la carte musique Depuis le 25 novembre, la carte musique destinée aux 12-25 ans est disponible en magasin, alors qu’elle était jusqu’à présent uniquement commercialisée sur internet. Elle permet à son détenteur de télécharger de la musique à moitié prix sur certains sites déterminés, l’Etat doublant le montant des crédits dépensés par l’internaute dans la limite de 25 € par personne. Cette mesure était une des propositions du rapport « Création et internet » afin de promouvoir les modes de consommation légaux de la musique en ligne. Le communiqué de presse est consultable à l’adresse http://goo.gl/EAcoV. Condamnation des « piges immobilières » La Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) a prononcé une amende de 10 000 € à l’encontre d’une société de « piges immobilières » pour collecte déloyale. Cette activité consiste à aspirer automatiquement les annonces immobilières de particuliers publiées sur internet afin de les revendre à des professionnels. La Cnil avait déjà condamné ces pratiques sur le même fondement, considérant qu’en l’absence d’information des personnes dont les données étaient collectées, celles-ci ne pouvaient s’opposer à être contactées par des professionnels de l’immobilier. L’article est à lire sur le site http://goo.gl/4NSWh. Musique et jeux vidéo Le tribunal de grande instance de Paris a considéré, dans une décision du 30 septembre dernier, que les créations musicales accompagnant des jeux vidéo peuvent constituer des œuvres originales. Le fait qu’elles aient « été réalisées à partir de techniques informatiques ne peut empêcher leur protection par le droit d’auteur, dès lors qu’il ne s’agit pas d’un simple travail technique ». 01business & techno I 15/12/2011 I 01net-entreprises.fr juridique Nul n’est censé… expériences 37