Salle 3 - Musée Cognacq-Jay

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Salle 3 - Musée Cognacq-Jay
« Dédicaces & déclarations » - Parcours hors les murs YIA#05 au musée Cognacq-Jay / salle 3
Céline Cléron (née en 1976), Une minute de latitude, bois de noyer, coton, métal, 2014
© Musée Cognacq-Jay / Roger-Viollet
Céline Cléron Courtesy Caroline
Smulders Paris
« Depuis plus de dix ans mon travail emprunte à différentes périodes de l’histoire de l’art Antiquité, Renaissance, Siècles des lumières – des épisodes précis de l’histoire des
représentations, pour en rebattre les cartes. Le XVIIIe siècle fourmille d’objets insolites et
raffinés, de marqueteries, de mobilier, un « art-artisanat » précieux. Les collections du Musée
Cognacq-Jay rendent bien compte de ce savoir-faire et de cet art de vivre extravagant. Mes
pièces sont elles aussi souvent manufacturées et le fruit de plusieurs corps de métier. Pour
l’exposition « Dédicaces et déclarations », une grande sculpture en bois de noyer -réalisée avec
l’aide d’un ébéniste-, fait intrusion dans ce salon typiquement XVIIIe et en trouble la quiétude
par sa démesure. Une minute de latitude est une œuvre constituée d’un vaisseau évoquant
un galion du XVIIIe siècle, juché sur un toboggan qu’il semble sur le point de dévaler. Son titre
joue de la polysémie d’une expression qui désigne à la fois une distance en navigation et un
moment ménagé au libre arbitre. Le navire domine l’espace avec une certaine tension, comme
suspendu au sommet d’une vague gigantesque. Cette œuvre représente le point d’équilibre
ultime avant d’effectuer la grande bascule ou le grand saut. »
Lise Terdjman (née en 1975), Sans titre, 4 dessins au pastel sec sur papier, 220 x 324 cm, 2015
© Musée Cognacq-Jay / Roger-Viollet
« Ce sont les portraits intimistes caractéristiques du XVIIIe siècle qui m’ont interpellée lors de
ma réflexion pour cette exposition. En promenant mon regard à l’intérieur de L’Autoportrait au
jabot de dentelle de Maurice Quentin de La Tour, les couleurs de la carnation, les mouches, se
révèlent comme des paysages. Par l’intermédiaire du pastel sec, technique propre au genre du
portrait du XVIII siècle, les couleurs se transforment en maquillage reflétant l’importance de la
culture des apparences.
J’ai confronté ces éléments propres au portrait du XVIIIe siècle à notre culture de l’image
contemporaine. J’ai composé quatre dessins grands formats au pastel sec qui forment
ensemble une seule pièce. Mon travail est un extrait de trois oeuvres de la collection du
musée, c’est par le recadrage et dans mon choix de très gros plans que j’ai mis en scène et en
tension une mouche, une bouche, une boucle… avec les couleurs fardés de la carnation. »
Courtesy de l’artiste
Markus Åkesson (né en 1975), Sans titre, huile sur toile, 50 x 62cm, 2014
« Mon tableau représente une fille tirant la langue. Un tableau du XVIIIème siècle est peint, ou
imprimé dessus. L’image sur la langue symbolise l’art du XVIIIème siècle en général et mon
travail traite du fait que nous sommes des produits de notre héritage culturel, que cela nous
plaise ou non. L’art contemporain ne peut exister ou être reconnu en tant qu’art s’il ne fait pas
ce lien avec l’histoire de l’art. »
Courtesy de l’artiste et de la galerie
Da-End
© Musée Cognacq-Jay / Roger-Viollet
Markus Åkesson compose des peintures figuratives à l’atmosphère pesante et poétique. Au fil
de ses différentes oeuvres, il explore le thème orphique de la descente aux Enfers. En
franchissant les limites du monde des vivants, les protagonistes de ses oeuvres bravent leurs
peurs et l’obscurité.
Lidia Kostanek (née en 1975), La Paysanne, grès émaillé, h. 42 cm, 2015
Les sculptures de Lidia Kostanek défient et explorent les notions de la féminité idéalisée,
cherchent à inventer un nouveau rapport au corps. Dans les bustes surréalistes de femmes innocents et sensuels à la fois, inquiétants et transgressifs- on retrouve de nombreux niveaux
de lecture.
Courtesy de l’artiste et de la galerie
Da-End
© Stéphane Piera / Musée CognacqJay / Roger-Viollet
Sarah Jérôme (née en 1979), Sound of silence, technique mixte sur papier, 60 x 80 cm, 2015
« Depuis le Moyen Âge, la représentation de l’enfance accompagne l’histoire de la peinture. Le
XVIIIe siècle marque un tournant dans la représentation de cet âge de la vie, l’enfant devient
un être à part entière. Les relations familiales sont modifiées et davantage tournées vers plus
d’intimité, de naturel et de tendresse. Néanmoins, la représentation des jeunes filles répond
encore à une certaine image de la vertu car les femmes sont nées pour vivre une existence
monotone et dépendante. Leur imagination doit à tout prix être bridée.
Courtesy de l’artiste et de la galerie
Da-End
© Musée Cognacq-Jay / Roger-Viollet
Sound of silence est une manière de créer une tension entre un enfant à la fois sujet et objet.
Qui est-il, qu’attend-on de lui ? Quelle place peut-il prendre ? Les nattes de cette petite fille
sont-elles un jeu ou une entrave ? Un déguisement ou un carcan ? »
« Dédicaces & déclarations » - Parcours hors les murs YIA#05 au musée Cognacq-Jay / salle 3
Sarah Jérôme, Danaé recevant la pluie d’or et Psyché et l’Amour (d’après François Boucher),
technique mixte sur papier calque, 300 x 152 cm, 2015
« Danaé recevant la pluie d’or et Psyché et l’amour réalisés d’après François Boucher sont
typiques de la période rococo. Influencé par la clarté du style italien, le peintre donne une
ambiance érotique et souvent mythologique à ses œuvres dont certaines évoquent l’Arcadie,
lieu imaginaire suprême où règnent bonheur, justice et sagesse.
Le monde actuel trouve en bien des points des échos à cette période de l’histoire où les
hommes, faute d’un avenir certain, tentent de fuir la réalité. Hier, par le biais de la peinture ou
de la sculpture, on cherchait à représenter le divertissement, refoulant ainsi les angoisses sous
des apparences de légèreté. Aujourd’hui, les médias, la télévision, les réseaux sociaux sont
autant de façons d’exhiber le monde non pas tel qu’il est mais tel qu’on se persuade qu’il est.
Revisiter ces œuvres et les suspendre devant les fenêtres du musée est pour moi une façon de
mettre en lumière cette constance du besoin qu’ont les hommes de tourner le regard vers un
monde de chimères et d’illusion. »
© Musée Cognacq-Jay / Roger-Viollet
Courtesy de l’artiste et de la galerie
Da-End
Marc Molk (né en 1972), La Leçon de Musique, calligramme, encre de chine sur papier, 65 x 50
cm, 2015
Courtesy de l’artiste et de la galerie
Da-End
© Musée Cognacq-Jay / Roger-Viollet
« J'entretiens avec la figure d'Elisabeth Vigée Le Brun un rapport imaginaire ancien. Dans un
livre que j'ai écrit sur la peinture Plein la vue, la peinture regardée autrement, je consacre un
long texte à cette peintre qui a eu le courage du champêtre, de figurer l'amour maternel, la
coquetterie, avec le talent d'arracher ces sujets à leur mièvrerie intrinsèque. S'épanouit au
XVIIIème siècle un esprit de douceur, de légèreté, de piquant, qui me semble-t-il s'est
totalement perdu, et que j'essaie de rallier.
J'ai choisi de transposer en calligramme le Portrait de Marie-Louise de Robien par Elisabeth
Vigée-Lebrun. J'ai utilisé le texte de plusieurs lettres que s'échangent le chevalier Danceny et
Cécile Volanges dans "Les Liaisons dangereuses" de Pierre Choderlos de Laclos. Le chevalier
Danceny, jeune professeur de musique de Cécile Volanges, sera, à l'instar de son élève, la dupe
de la marquise de Merteuil et du vicomte de Valmont. Il m'a semblé que tramer la silhouette
de Marie-Louise de Robien, jeune guitariste ingénue, avec le récit de ce drame amoureux sur
fond de leçons de musique, restituerait l'ambivalence de cette époque, à la fois candide et, à
plusieurs égards, cynique. »
Célia Nkala (née en 1983), VASE VERTEBRAL, résine, 2013 et MELANCOLIE III, cire, 2013
« J’aime à noter que Mélancolie III, imposante planète de cire sculptée à la main, pourrait dans
le contexte du Musée Cognacq-Jay, apparaître comme la somme des cires coulées dans un
autre espace-temps, rendue aujourd’hui à une vanité toute contemporaine, celle du geste de
l’artiste. »
Courtesy de l’artiste
Axelle Remeaud (née en 1984), La chevelure, Bois et cheveux, 2013-2015
Courtesy de l’artiste et de la galerie
Da-End
© Carole Rabourdin / Musée
Cognacq-Jay / Roger-Viollet
Les oeuvres d’Axelle Remeaud travaillent ces relations substitutives (la réduction du tout à la
partie, du contenant au contenu, de l’artiste à l’oeuvre) pour exploiter au mieux la plasticité de
notre visibilité libidinale : le fétichisme, le voyeurisme, l’exhibition, en un mot les modalités du
fantasme, jusqu’à la plus sadique. Le mécanisme du désir n’est en effet pas ici pure affirmation,
il se compose des rejets et des différés dans lesquels se noue la relation à l’objet, selon un jeu
bien connu des psychanalystes entre pulsion de vie et pulsion de mort. A travers des chignons
montés en trophée ou une assemblée de sculptures-poings, Axelle Remeaud exploite, avec un
réel souci du matériau, la créativité plasticienne de nos regards intimes.