Médicaments et risque de glaucome par fermeture de l`angle
Transcription
Médicaments et risque de glaucome par fermeture de l`angle
REVUE GÉNÉRALE J Fr. Ophtalmol., 2002; 25, 1, 91-101 © Masson, Paris, 2002. Médicaments et risque de glaucome par fermeture de l’angle F M C D. Pozzi, C. Giraud, M. Callanquin Service de Pharmacie, Hôpital Louis Mourier, 178, rue des Renouillers, 92701 Colombes Cedex. Correspondance : C. Giraud, à l’adresse ci-dessus Reçu le 23 mai 2000. Accepté le 28 mai 2001. Drugs and closed-angle glaucoma risk D. Pozzi, C. Giraud, M. Callanquin J. Fr. Ophtalmol., 2002; 25, 1: 91-101 Closed-angle glaucomas arise among predisposed patients (narrow iridocorneal angle) in response to various stimuli. Most of the attacks are of iatrogenic origin: all the topical and systemic mydriatic drugs can provoke an angle closure glaucoma attack. Dangerous active ingredients with closed-angle glaucoma are active substances with anticholinergic activity (peripheral action, central action, with anticholinergic side-effects), active ingredients with sympathomimetic alpha activity (alpha 1, alpha and beta with indirect effects), and the active ingredients with parasympathomimetic activity (anticholinesterases). The proprietary medicine, whether or not they are included in the French dictionary Vidal®, are classified according to the administration route and their different indications. The closedangle glaucoma risk after administration of these drugs is noted in the items’contraindications and precautions in the summary of the product characteristics enclosed in the marketing authorization. Key-words: Anticholinergic drugs, eye-drops, closed-angle glaucoma drugs, parasympatholytic drugs, sympathomimetic drugs. Médicaments et risque de glaucome par fermeture de l’angle Le glaucome aigu par fermeture de l’angle (GFA) survient chez des patients prédisposés (angle irido-cornéen étroit) mais nécessite des causes déclenchantes. La plupart des crises aiguës sont d’origine iatrogène : tous les médicaments mydriatiques utilisés localement ou par voie générale peuvent déclencher une telle crise. Les principes actifs dangereux en cas de GFA regroupent les principes actifs à potentiel anticholinergique (à effets périphériques, à effets centraux, à propriétés anticholinergiques accessoires), les principes actifs à potentiel sympathomimétique alpha (effets alpha 1 stimulants, effets mixtes alpha et bêta stimulants, effets indirects) et les principes actifs à potentiel parasympathomimétique indirect (inhibiteurs de l’acétylcholinestérase). Les spécialités concernées, inscrites ou non au Vidal®, sont répertoriées selon leur voie d’administration (usage local ou général) et leurs indications. Le risque de crise de GFA après administration de ces médicaments est notifié dans les chapitres contre-indications et précautions d’emploi des Résumés des Caractéristiques des Produits (R.C.P.) des Autorisations de Mise sur le Marché (AMM). Mots-clés : Anticholinergiques, collyres, glaucome par fermeture de l’angle, médicaments, parasympatholytiques, sympathomimétiques. © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 18/07/2014 INTRODUCTION Le glaucome primitif par fermeture de l’angle (GFA), affection biométrique dont certains facteurs sont héréditaires, est caractérisée par un cristallin plus épais et une profondeur de la chambre antérieure nettement plus faible que la normale (tableau I) [1]. Les patients atteints du glaucome primitif par fermeture de l’angle présentent une pression intra-oculaire normale en dehors des « crises » et un angle iridocornéen étroit qui résulte de la présence simultanée d’une petite taille de l’œil et d’un cristallin plus épais que la normale. Ceci prédispose ces sujets à déclencher, sous l’influence de divers facteurs, une hypertonie oculaire aiguë réversible ou irréversible à l’origine de l’altération de la papille optique, ainsi que, sauf exception [2], une douleur intense. Cette hypertonie résulte de la fermeture de l’angle iridocornéen après blocage pupillaire en semi-mydriase et de l’obstruction de l’évacuation trabéculaire de l’humeur aqueuse qui en découle (blocage trabéculaire), selon le mécanisme décrit (fig. 1). Il atteint préférentiellement les sujets hypermétropes, âgés, de sexe féminin, à cataracte importante et ayant des antécédents familiaux de glaucome. Il est exceptionnel [3, 4], avant 45 ans, la taille du cristallin augmentant avec l’âge. Les facteurs déclenchants sont essentiellement d’origine médicamenteuse. D’autres facteurs sont incriminés, en particulier psychologiques 91 D. Pozzi et coll. J. Fr. Ophtalmol. Tableau I Valeurs moyennes des différents paramètres oculaires dans le glaucome par fermeture de l’angle comparées aux valeurs normales d’après [1]. Normal (mm) Glaucome à angle fermé (mm) Diamètre cornéen 11,76 ± 0,42 10,85 ± 0,37 Rayon de courbure cornéen antérieur 7,92 ± 0,29 7,64 ± 0,25 Hauteur de la coupole cornéenne 2,61 ± 0,19 2,26 ± 0,17 PCA 2,91 ± 0,40 1,72 ± 0,22 Épaisseur du cristallin 4,46 ± 0,42 5,43 ± 0,46 Longueur axiale 24,0 ± 0,87 22,86 ± 1,25 Paramètre (PCA : profondeur de la chambre antérieure). SEMI-MYDRIASE diamètre pupille : 3-4,5 mm AUGMENTATION ZONE DE CONTACT IRIS-CRISTALLIN 92 CRÉATION D'UN GRADIENT DE PRESSION CHAMBRE ANTÉRIEURE/POSTÉRIEURE IRIS SE BOMBE BLOCAGE PRÉTRABÉCULAIRE ACCOLEMENT IRIS/CORNÉE FERMETURE DE L'ANGLE COMPLÈTE BLOCAGE TRABÉCULAIRE Figure 1 : Mécanisme de fermeture de l’angle. lors de stress aigu, en cas d’obscurcissement ou de refroidissement brutal (météorologie) ou en cas d’anesthésie générale associant souvent le stress à une prémédication de type atropinique. Le traitement prophylactique consiste à réaliser une iridectomie, au laser le plus souvent, permettant ainsi un passage de l’humeur aqueuse au travers de l’iris en supplément du passage pupillaire. Après iridectomie prophylactique, il ne peut plus se produire de « crise » de GFA. Les problèmes de contre-indications médicamenteuses chez les malades susceptibles de déclencher une crise de GFA, doivent être présents à l’esprit des ophtalmolo- © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 18/07/2014 gistes, des médecins généralistes et des pharmaciens d’officine du fait de la fréquence non négligeable de cette maladie, estimée à 0,5 % [5], et du nombre important de médicaments potentiellement dangereux. Ces médicaments renferment essentiellement des subtances pupillodilatatrices par action parasympatholytique ou sympathomimétique alpha. Les spécialités concernées, lorsqu’elles sont présentes dans le Vidal® [6], nous permettent d’apprécier le danger aux chapitres contre-indications et précautions d’emploi lorsque les monographies ont été validées par la commission de révision du dictionnaire des spécialités. En revanche, l’information dans les quelques monographies non révisées (absence d’étoile ✩ devant le nom de la spécialité) est plus aléatoire. Pour les autres spécialités (notamment les médicaments conseils et grand public) dont les laboratoires ne veulent plus engager la dépense de parution dans le Vidal®, la source officielle d’information la plus facilement accessible est la notice ou les inscriptions sur le conditionnement. Le Guide national de Prescription des médicaments est un autre support d’information pouvant utilement compléter le Vidal®, sans pour autant atteindre l’exhaustivité [7]. Seuls des articles assez anciens [5, 8] citent quelques principes actifs dangereux et leurs spécialités correspondantes. À côté d’une liste non exhaustive [9], il existe une liste moins récente dans les Tables d’utilisation des médicaments [10], mais regroupant, par ordre alphabétique, l’ensemble des spécialités à la date de parution. Notre but a été de poursuivre ce travail afin de permettre aux membres du corps médical et aux patients de facilement avoir accès à ce type d’information. Dans un premier temps, nous évoquerons les principes actifs concernés en fonction de leur mécanisme d’action. Ensuite seront présentées les spécialités correspondantes, classées par indication Vol. 25, n° 1, 2002 Médicaments et risque de glaucome par fermeture de l’angle thérapeutique, afin d’être facilement exploitables par les prescripteurs. PRINCIPES ACTIFS DANGEREUX EN CAS DE RISQUE DE GLAUCOME PAR FERMETURE DE L’ANGLE Principes actifs à potentiel anticholinergique Les principes actifs à potentiel anticholinergique ayant déjà été étudiés dans un article [11], ils seront simplement résumés sous forme de tableaux actualisés en fonction de leur classe pharmacologique principale. Les anticholinergiques à effets périphériques Les principes actifs concernés regroupent des médicaments naturels (plantes médicinales, alcaloïdes d’extraction), hémisynthétiques ou de synthèse qui sont employés dans les applications thérapeutiques usuelles des anticholinergiques (antispasmodique, antisécrétoire, mydriatique…) Les plantes médicinales concernées appartiennent à la famille des solanacées (belladone, datura et jusquiame) et sont regroupées dans le tableau II. Elles peuvent servir de matière première pour diverses préparations galéniques. Les alcaloïdes d’extraction (atropine, scopolamine) et diverses molécules hémisynthétiques ou obte- Tableau II Solanacées utilisées en thérapeutique pour leurs propriétés anticholinergiques. Belladone Datura Jusquiame d’Égypte Jusquiame noire (atropa belladonna) (datura stramonium) (hyoscyamus muticus) (hyoscyamus niger) Tableau III Principes actifs parasympatholytiques utilisés pour leurs propriétés antispasmodique, antisécrétoire ou mydriatique. Atropine Atropine oxyde Buzépide Clidinium Cyclopentolate Homatropine Ipratropium Oxitropium Oxybutynine Prifinium Scopolamine Tropicamide (sulfate) (chlorhydrate) (métiodure) (bromure) (chlorhydrate) (bromhydrate) (bromure) (bromure) (chlorure) (bromure) (base) (base) nues par synthèse totale sont listés dans le tableau III. En plus de ces produits spécifiques, ont été développés des antispasmodiques mixtes associant des propriétés anticholinergiques et musculotropes (tableau IV). Les anticholinergiques à effets centraux Dans la maladie de Parkinson où il existe une exacerbation du système nerveux autonome parasympathique, les anticholinergiques centraux sont aussi utilisés (tableau V). Principes actifs ayant accessoirement des propriétés anticholinergiques Ils seront distingués en fonction de leur classe pharmacologique principale : Antidépresseurs Ce sont les tricycliques qui ont le plus de propriétés anticholinergiques (tableau VI). Neuroleptiques Les phénothiazines et les dérivés du thioxanthène possèdent le plus de propriétés anticholinergiques (tableau VII). Antihistaminiques H1 Ils possèdent des propriétés anticholinergiques très variables et l’importance de leur rôle dans le déclenchement d’une crise de GFA est controversée. La Commission de révision du Dictionnaire des spécialités (Vidal®) les a tous placés sur un pied d’égalité en contre-indiquant toutes les spécialités renfermant ces principes actifs sauf les plus récents (cétirizine, loratadine, oxatomide) qui ne possèdent pas de propriétés anticholinergiques (tableau VIII). Autres principes actifs Tableau IV Principes actifs antispasmodiques mixtes. Dihexyvérine Prozapine Tiémonium (chlorhydrate) (chlorhydrate) (méthylsulfate) © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 18/07/2014 Parmi ceux-ci, la carbamazépine a le plus faible potentiel anticholinergique. Elle ne fait donc l’objet que d’une simple précaution d’emploi (tableau IX). Il faut enfin noter que la quinidine, l’hydroquinidine et la péthidine pré- 93 D. Pozzi et coll. J. Fr. Ophtalmol. Tableau V Principes actifs parasympatholytiques utilisés dans la maladie de Parkinson. Bipéridène Trihexyphénidyle Tropatépine (chlorhydrate) (chlorhydrate) (chlorhydrate) Tableau VI Antidépresseurs avec propriétés anticholinergiques. Amitriptyline Amoxapine Clomipramine Désipramine Dosulépine Doxépine Imipramine Maprotiline Quinupramine Trimipramine 94 (chlorhydrate) (base) (chlorhydrate) (chlorhydrate) (chlorhydrate) (chlorhydrate) (chlorhydrate) (chlorhydrate ou mésilate) (base) (maléate ou mésilate) sentent de faibles propriétés anticholinergiques ; les monographies des spécialités correspondantes ne font que mentionner ces effets à la rubrique pharmacodynamie. Principes actifs à potentiel sympathomimétique alpha Du fait de l’absence de récepteurs bêta (β) sur le dilatateur irien innervé par le système sympathique, seuls les sympathomimétiques à propriétés alpha (α) stimulantes sont potentiellement dangereux en cas de risque de GFA. Les sympathomiméthiques α1 Stimulants purs sont regroupés dans le tableau X. Ils sont utilisés surtout pour leurs propriétés vasoconstrictrices. Les sympathomimétiques mixtes α et β Stimulants sont aussi potentiellement dangereux (tableau XI). Les sympathomimétiques indirects Dérivés de l’éphédrine ou de l’amphétamine sont contre-indiqués en cas de risque de GFA (tableau XII). D’autres principes actifs À propriétés sympathomimétiques, dont le mécanisme d’action est mal connu en raison de leur ancienneté, sont également concernés (tableau XIII). Certaines substances non spécifiquement sympathomimétiques peuvent aussi être évoquées : Les substances dopaminergiques Elles possèdent à fortes doses des propriétés sympathomimétiques. Les antiparkinsoniens renfermant de la lévodopa doivent donc être utilisés avec précaution en cas de GFA. Les inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO) Ils possèdent un certain effet potentialisateur des sympathomimétiques par inhibition du catabolisme de la noradrénaline. Ils ne sont pas dangereux en euxmêmes mais le seraient en cas d’association avec des sympathomimétiques. Principes actifs à potentiel parasympathomimétique Ils diminuent la pression intra-oculaire en facilitant l’écoulement de © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 18/07/2014 l’humeur aqueuse (par ouverture des pores du trabéculum) et provoquent un myosis (par contraction du constricteur de l’iris). De par leur action myotique, ils s’opposent théoriquement au blocage pupillaire. Or dans certaines circonstances ils possèdent une action paradoxale car ils peuvent provoquer voire aggraver un blocage pupillaire en raison d’un contact très étroit entre l’iris et le cristallin. Cet effet est surtout marqué avec les parasympathomimétiques indirects de type anticholinestérasique (action puissante et prolongée) qui sont donc les seuls à être contre-indiqués en cas de GFA, car ils peuvent provoquer une crise de glaucome par fermeture de l’angle [12, 13], notamment en cas d’association avec l’épinéphrine [13]. Le principal produit concerné est l’écothiopate iodure. MÉDICAMENTS À USAGE LOCAL DANGEREUX EN CAS DE RISQUE DE GLAUCOME PAR FERMETURE DE L’ANGLE (INSCRITS AU VIDAL 2000) La notion de principes actifs dangereux en cas d’angle étroit, lors d’applications locales, recouvre principalement l’utilisation des collyres et pommades ophtalmiques, des produits rhinologiques et des antiasthmatiques par inhalation. Les autres applications locales (instillation de gouttes auriculaires, application cutanéomuqueuse de pommade, crème, gel…) ne sont pas concernées du fait d’une application à distance de l’œil et d’un très faible passage systémique sauf en cas de traitement prolongé sur une grande surface, sur une peau lésée (notamment brûlée), sur une muqueuse, en couche épaisse ou sous occlusion. En revanche, dans le cas des systèmes transdermiques du type Scopoderm TTS®, le danger est réel, avec comme preuve les effets secondaires anticholiner- Vol. 25, n° 1, 2002 Médicaments et risque de glaucome par fermeture de l’angle Tableau VII Neuroleptiques avec propriétés anticholinergiques. Classe chimique Phénothiazine Dénomination chimique Acépromazine (base) Chlorpromazine (chlorhydrate) Cyamémazine (base ou tartrate) Fluphénazine (chlorhydrate ou décanoate ou dichlorhydrate ou énantate) Lévomépromazine (maléate ou chlorhydrate) Perphénazine (énantate) Pipotiazine (base ou palmitate) Propériciazine (base) Thiopropérazine (dimésilate) Thioridazine (chlorhydrate ou base) Trifluopérazine (chlorhydrate) Thioxanthène Flupentixol (dichlorhydrate ou décanoate) Zuclopenthixol (chlorhydrate ou décanoate ou acétate) Dibenzo-oxazépine Loxapine (base ou succinate) Dibenzodiazépine Clozapine (base) Tableau VIII Antihistaminiques H1 avec propriétés anticholinergiques. Acéprométazine Alimémazine Bromphéniramine Buclizine Carbinoxamine Chlorphénamine Cinnarizine Clocinizine Cyclizine Cyproheptadine Dexchlorphéniramine Diménhydrinate Diphénhydramine Doxylamine Flunarizine Hydroxyzine Isothipendyl Méclozine Mépyramine Méquitazine Oxomémazine Phéniramine Phényltoloxamine Piméthixène Pizotifène Prométhazine Triprolidine (base ou maléate) (tartrate) (maléate) (dichlorhydrate) (maléate ou maléate acide) (maléate) (base) (dichlorhydrate) (chlorhydrate) (chlorhydrate) (maléate) (chlorhydrate ou diacéfyllinate) (succinate) (dichlorhydrate) (dichlorhydrate) (chlorhydrate) (dichlorhydrate) (maléate) (base) (base) (maléate) (citrate ou résinate) (base) (malate) (base ou chlorhydrate ou résinate) (chlorhydrate) © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 18/07/2014 giques fréquents. Cela justifie l’inscription de cette spécialité à la liste I et sa contre-indication en cas de GFA. De plus, les propriétés physiques intrinsèques du principe actif jouent un rôle important dans le passage systémique de celui-ci et donc dans la contre-indication d’une spécialité à usage local. Ainsi, les anticholinergiques à fonction ammonium quaternaire ne franchissent que faiblement les membranes physiologiques et en conséquence, les aérosols renfermant ces principes actifs (Atrovent®, Bronchodual®, Combivent® et Tersigat®) ne sont pas contre-indiqués dans le GFA. Néanmoins plusieurs cas de GFA dus à un aérosol d’ipratropium ont été décrits dans la littérature [14-19] dans des cas particuliers. Le risque de GFA concerne principalement les prescriptions des ophtamologistes, oto-rhino-laryngologistes et généralistes ainsi que les dispensations des pharmaciens d’officine (notamment en ce qui concerne les collyres et produits rhinologiques entrant dans la catégorie des produits conseils). Produits ophtalmologiques Les collyres sont responsables d’un nombre élevé de crises de GFA (30 % d’après [20]). Il est intéressant de les distinguer en fonction de leur mécanisme d’action et de leurs indications. Collyres à effet parasympatholytique Ils sont tous utilisés pour leurs propriétés mydriatiques, en particulier pour la dilatation pour fond d’œil. Atropine Atropine Faure®, Chibro-Atropine®. Elle est utilisée principalement pour traiter les uvéites antérieures (iritis, iridocyclites) et postérieures. Homatropine Homatropine Faure®, Isopto-Homatropine®. Elle possède une ac- F M C 95 D. Pozzi et coll. J. Fr. Ophtalmol. Tableau IX Autres principes actifs avec propriétés anticholinergiques. Carbamazépine Cétiédil Disopyramide Métopimazine Néfopam (base) (citrate) (base ou phosphate) (base) (chlorhydrate) Tableau X Principes actifs sympathomimétiques alpha 1 stimulants. Naphazoline Oxymétazoline Phényléphrine Tétryzoline (base ou nitrate) (chlorhydrate) (base ou chlorhydrate ou méglumine héparinate ou tartrate) (chlorhydrate) Tableau XI Principes actifs sympathomimétiques mixtes (alpha et bêta stimulants). 96 Dipivéphrine Epinéphrine Etiléfrine Synéphrine (chlorhydrate) (base ou chlorhydrate ou tartrate) (chlorhydrate) (chlorhydrate ou tartrate) tion plus rapide et moins longue que l’atropine. Tropicamide Mydriaticum®, Tropicamide Faure®. Cyclopentolate Skiacol®. Ces deux derniers principes actifs ne sont pas utilisables dans le traitement des uvéites du fait de leur brève durée d’action. Ils ont surtout un usage diagnostique. Collyres à effet sympathomimétique alpha Deux collyres à base de phényléphrine sont employés pour leur action pupillodilatatrice en réfraction, examen du fond de l’œil et chirurgie oculaire : Néosynéphrine Chibret® et Néosynéphrine Faure®. Le Martigène® possède la particularité de renfermer un antihistaminique pour les irritations conjonctivales d’origine allergique. Les autres collyres sont fréquemment utilisés pour leur action vasoconstrictrice dans les irritations conjonctivales. Ils renferment généralement des sympathomimétiques α1 stimulants ou des sympathomimétiques mixtes associés à des antiseptiques et/ou des astringents : Phényléphrine (DCI) Ou néosynéphrine (DCF) : Boroclarine®, Stilla®, Visiodose®, Vitasédine®, Vita 3®. Naphazoline Collyre bleu Laiter®, Collyre bleu Fort® Laiter Tétryzoline Constrilia® Synéphrine Antalyre®, Dacryne®, Dacryoboraline®, Dacryoseptil®, Posine®, Sédacollyre® Collyres antiglaucomateux (glaucome à angle ouvert) Alpha-1 adrénergiques À base de précurseur d’épinéphrine (dipivéphrine) : Propine® © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 18/07/2014 ou d’épinéphrine associée à un parasympathomimétique direct (acéclidine, Glaucadrine®) pour ne pas modifier le diamètre pupillaire, tout en diminuant la sécrétion d’humeur aqueuse (collyres hypotenseurs normocoriques). Avec ces derniers collyres il n’y a jamais de mydriase ni de GFA et il ne devrait donc pas y avoir de contre-indications pour ce type de spécialités. Alpha-2 adrénergiques – L’apraclonidine (Iopidine®) est un antiglaucomateux agoniste α2 adrénergique relativement sélectif. Après instillation dans l’œil, l’apraclonidine entraîne une réduction de la pression intra-oculaire (PIO) grâce à une baisse de la formation de l’humeur aqueuse. Elle est indiquée pour prévenir ou contrôler les élévations post-chirurgicales de la PIO chez les patients venant de subir une intervention au laser au niveau du segment antérieur. – L’apraclonidine, n’étant pas totalement sélective vis-à-vis des récepteurs α2 adrénergiques, elle peut provoquer une mydriase. Cette mydriase est décrite en effet indésirable mais ne fait pas l’objet d’une contre-indication ni d’une précaution d’emploi. – La brimonidine (Alphagan®) est un antiglaucomateux agoniste α2 adrénergique 1 000 fois plus sélectif pour les récepteurs α2 adrénergiques que pour les α1 adrénergiques. Du fait de cette sélectivité, on n’observe aucune mydriase ni vasoconstriction des microvaisseaux, contrairement à l’apraclonidine. Elle possède le même mécanisme d’action que l’apraclonidine et est indiquée pour réduire la PIO chez des patients ayant un glaucome à angle ouvert ou une hypertension oculaire et présentant ou susceptibles de présenter une intolérance et/ou une contre-indication aux β bloquants à usage local. Anticholinestérasiques (myotiques forts) Ces substances ont une action indirecte de type parasympathomimétique par blocage de la cholinestérase et entraînent un effet Vol. 25, n° 1, 2002 Médicaments et risque de glaucome par fermeture de l’angle Tableau XII Principes actifs sympathomimétiques indirects. Dérivés de l’éphédrine Ephédrine Phénylpropanolamine Pseudoéphédrine Dérivés de l’amphétamine Méthylphénidate (chlorhydrate) (chlorhydrate) (chlorhydrate ou sulfate) (chlorhydrate) F M C Produits antiasthmatiques en solution pour inhalation Tableau XIII Autres sympathomimétiques. Théodrénaline Tuaminoheptane L’Atrovent® solution nasale n’est pas contre-indiqué du fait de la structure ammonium quaternaire de l’ipratropium qui limite son passage oculaire. Toutefois, cette spécialité fait l’objet d’une précaution d’emploi en raison du risque de GFA lors d’une projection accidentelle oculaire en cas de mauvaise manipulation chez les sujets prédisposés. (chlorhydrate) (sulfate) myotique puissant et prolongé. Le seul collyre encore commercialisé en France est à base d’écothiopate (Phospholine iodide®). Ses indications sont restreintes (glaucome de l’aphaque ne présentant aucune prédisposition au décollement de la rétine…). Toxine botulique type A La toxine botulique type A (Botox®, Dysport®) est utilisée dans le blépharospasme et les troubles de l’oculomotricité. Des cas exceptionnels de crises ont été rapportés dans la littérature [21], mais aucune précaution n’est mentionnée dans le Vidal®. Insert ophtalmique Le Mydriasert® est une association de phényléphrine et de tropicamide pour mydriase préopératoire. Produits rhinologiques Les solutions destinées aux administrations nasales, dangereuses en cas de GFA, sont représentées par les décongestionnants utilisés dans les rhinites aiguës de l’adulte. Elles contiennent toutes (sauf le Biocidan®) des vasoconstricteurs sympathomimétiques α1 qui constituent un risque de GFA d’autant plus important que leur emploi est fréquent et prolongé. Cependant leur utilisation devrait être courte en raison du risque d’atrophie muqueuse irréversible dans les rhinites chroniques. L’inscription à la liste II des spécialités contenant des vasoconstricteurs a supprimé leur utilisation comme médicament conseil en officine, mais n’a pas éliminé complètement les risques d’automédication. En effet, il est toujours possible après une première prescription d’un médicament inscrit à la liste II d’en obtenir une nouvelle délivrance si le médecin n’a pas indiqué la mention « ne pas renouveler » sur l’ordonnance. Différents types de spécialités renfermant un vasoconstricteur sont disponibles : – association vasoconstricteur et antiseptique : tuaminoheptane (Rhinofluimicil®), – association vasoconstricteur et antibiotique : naphazoline (Soframycine® naphazoline), – association vasoconstricteur, antibiotique et anesthésique local : naphazoline (Frazoline®), – association vasoconstricteur et corticoïde : naphazoline (Dérinox®) et oxymétazoline (Déturgylone®), – association vasoconstricteur, corticoïde et antibiotique : phényléphrine (Polydexa à la phényléphrine®), – vasoconstricteurs seuls : éphédrine (Rhinamide®, Rhinosulfuryl®) et oxymétazoline (Aturgyl®). Un autre type d’association présente les mêmes contre-indications en cas de GFA : – association antihistaminique et antiseptique : phényltoloxamine (Biocidan® solution nasale). © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 18/07/2014 – Ipratropium : Atrovent® (solution pour inhalation, suspension pour inhalation), Bronchodual® (suspension pour inhalation) et Combivent® (suspension pour inhalation). – Oxitropium : Tersigat® (suspensation pour inhalation). Pour les mêmes raisons que l’Atrovent® solution nasale, ces spécialités font l’objet d’une simple précaution d’emploi. 97 MÉDICAMENTS À USAGE GÉNÉRAL DANGEREUX EN CAS DE RISQUE DE GLAUCOME PAR FERMETURE DE L’ANGLE (INSCRITS AU VIDAL 2000) Les médicaments à usage général recouvrent des classes pharmacologiques et cliniques très diverses. Ils sont classés selon les disciplines anatomo-cliniques traditionnelles. Médicaments antalgiques et antispasmodiques Antalgiques centraux injectables Le néfopam (Acupan®) présente une contre-indication en cas de GFA du fait de ses propriétés anticholinergiques. Antispasmodiques mixtes (anticholinergiques et musculotropes) Dihexyvérine chlorhydrate (Spasmodex®), tiémonium méthylsulfate (Viscéralgine®). D. Pozzi et coll. J. Fr. Ophtalmol. Ces deux produits existent sous forme injectable (la plus dangereuse) mais aussi sous forme orale ou rectale. Phénothiazines à noyau pipéridine Pipotiazine (Piportil®), propériciazine (Neuleptil®), thioridazine (Melleril®). Associations d’antispasmodiques et d’antalgiques Phénothiazines à noyau pipérazine Fluphénazine (Modécate®, Moditen®), perphénazine (Trilifan retard®), thiopropérazine (Majeptil®), trifluopérazine (Terfluzine®). Belladone (Gélumaline®, Suppomaline®), tiémonium méthylsulfate (Viscéralgine® Forte). La Lamaline® ne contient plus de belladone dans sa nouvelle formule depuis début 2000. Médicaments utilisés en neurologie et psychiatrie Psychostimulants Diazépines et oxazépines Clozapine (Leponex®), loxapine (Loxapac®), olanzapine (Zyprexa®). Antimigraineux Méthylphénidate (Ritaline ). Cyclizine (Migwell®), (Sanmigran®). Antidépresseurs Divers Tricycliques Amitriptyline (Elavil®, Laroxyl®), amoxapine (Défanyl®), clomipramine (Anafranil®), désipramine (Pertofran®), dosulépine (Prothiaden®), doxépine (Quitaxon®), imipramine (Tofranil®), maprotiline (Ludiomil®), trimipramine (Surmontil®). Cinnarizine (Sureptil® utilisé comme vasodilatateur cérébral), cyproheptadine (Périactine® antihistaminique utilisé comme orexigène). Paroxétine Deroxat®. Antidiarrhéiques ® 98 Thioxanthène Clopixol®, Fluanxol®. Antiépileptiques La carbamazépine (Tégrétol®) nécessite une simple précaution d’emploi en cas de GFA. Antiparkinsoniens Anticholinergiques Bipéridène (Akineton LP®), trihexyphénidyle (Artane®, Parkinane® LP), tropatépine (Lepticur®), utilisés à la fois dans la maladie de Parkinson et dans les syndromes parkinsoniens induits par les neuroleptiques. Dopaminergiques À base de lévodopa : Modopar®, Sinemet®. Neuroleptiques Phénothiazines à chaîne aliphatique Chlorpromazine (Largactil®), cyamémazine (Tercian®), lévomépromazine (Nozinan®). pizotifène Médicaments utilisés en gastro-entérologie Contenant de l’atropine : Diarsed®. Antiémétisants Métopimazine (Vogalène®). Antinaupathiques Antitussifs Antihistaminiques Alimémazine (Théralène®), bromphéniramine (Dimétane®), chlorphénamine (Broncalène®, Hexapneumine® sirops et comprimés, Pneumopan®, Quintopan®), dexchlorphéniramine (Polaramine® Pectoral), mépyramine (Nortussine®, Triaminic®), oxomémazine (Rectoplexil®, Toplexil®), phéniramine (Triaminic®), phényltoloxamine (Nétux®), prométhazine (FluiPaxéladine Noctée®, sédal®, ® Rhinathiol prométhazine, Tussisédal®), pimétixène (Calmixène®), triprolidine (Actifed® toux sèche). Anticholinergiques À base de teinture de jusquiame (Broncorinol® toux sèche), pentoxyvérine (action centrale avec des propriétés antispasmodiques) : Mérol®, Pectosan® toux sèche, Toclase® toux sèche. Médicaments utilisés en allergologie Antihistaminiques Alimémazine (Théralène®), bromphéniramine (Dimégan®), buclizine (Aphilan®), carbinoxamine (Allergéfon®), dexchlorphéniramine (Polaramine®), doxylamine (Méréprine®), méquitazine (Primalan®), prométhazine (Phénergan®). Dimenhydrinate (Dramamine®, Nausicalm®), diphénhydramine (Nautamine®), méclozine (Agyrax®), scopolamine (Dispositif transdermique Scopoderm TTS®). Association antihistaminique et corticoïde Antispasmodiques digestifs anticholinergiques Médicaments utilisés en cardioangéiologie Atropine N-oxyde (Génatropine®) utilisée dans le traitement des spasmes digestifs. Métiodure de buzépide (Vésadol®) et bromure de clidinium (Librax®) utilisés dans les colopathies fonctionnelles. Antiarythmiques Troubles dyspeptiques À base de prozapine (Norbiline®). © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 18/07/2014 Dexchlorphéniramine et bétaméthasone (Célestamine®). Disopyramide (Isorythm®, Rythmodan®). Atropine : formes injectables par voie intraveineuse utilisées notamment dans les bradycardies sinusales et les blocs auriculo-ventriculaires. Les spécialités à base de quinidine (Cardioquine®, Quinidurule®) Vol. 25, n° 1, 2002 Médicaments et risque de glaucome par fermeture de l’angle et à base d’hydroquinidine (Sérécor®) ne présentant pas de risque en cas de GFA en raison de leur très faible activité vagolytique mentionnée à la rubrique pharmacodynamie seulement. tement dans le Vidal en terme de contre-indication (Drill® rhinites, Néocitran® et Vicks® rhume ne sont pas contre-indiqués, Broncorinol rhume® fait l’objet d’une simple précaution d’emploi). Collyres à effet sympathomimétique alpha Vasodilatateurs À base d’antihistaminique Fervex®, Polaramine®, Quitadrill®, Rhinofébral®, Rumicine®. Phényléphrine (DCI) ou néosynéphrine (DCF) Collyrex®, Dulcibleu®, Isodril®, Novalux®, Uniphrine®, Visiolyre®. Cétiédil (Stratène®) utilisé dans l’artérite des membres inférieurs ou les troubles des extrémités (Syndrome de Raynaud). Antivertigineux Méclozine (Agyrax®). Hypotension orthostatique Étiléfrine (Effortil®), midodrine (Gutron®) et théodrénaline (Praxinor®). Médicaments utilisés dans les troubles du sommeil et/ou de l’anxiété Hypertension artérielle Hypnotiques antihistaminiques Moxonidine (Physiotens®) qui est déconseillée en cas de glaucome par prudence, en raison d’une absence d’expérience clinique documentée ! Médicaments utilisés en ORL Décongestionnants Association antihistaminique et sympathomimétique Actifed®, Actifed® jour et nuit, Broncorinol® états grippaux, Clarinase répétabs®, Humex Fournier® gélules, Humex Fournier® rhume, Rhinofeb®, Rinurel®, Rinutan®, Rupton® chronules, Sebral® ® Rhume, Sup-Rhinite . Association antihistaminique, sympathomimétique et anticholinergique Dénoral® comprimés. Association antihistaminique et anticholinergique Dénoral® sirop. À base de sympathomimétique Pseudoéphédrine (Broncorinol rhume®, Céquinyl®, Doli ® rhume, Drill® rhinites, Néocitran®, Nurofen Rhume®, Rhinadvil®, Rhinureflex®, Rhumagrip®, Sudafed®, Vicks® rhume). Bien que possédant toutes de la pseudoéphédrine, on peut s’étonner que ces spécialités ne fassent pas l’objet du même trai- ® Acéprométazine (Mépronizine ), hydroxyzine (Atarax®), doxylamine (Donormyl®, Lidène®). Association de deux phénothiazines (une antihistaminique et une neuroleptique) et d’une benzodiazépine Noctran®. Médicaments utilisés en urologie Oxybutynine (Driptane®), flavoxate (Urispas®), toltérodine (Détrusitol®). Antigoutteux À base de tiémonium : Colchimax®. MÉDICAMENTS À USAGE LOCAL DANGEREUX EN CAS DE RISQUE DE GLAUCOME PAR FERMETURE DE L’ANGLE (NON INSCRITS AU VIDAL 2000) Produits ophtalmologiques Ce sont des produits conseils utilisés comme décongestionnants oculaires : Synéphrine Polyfra®. Un collyre contient de la phényléphrine associée à un antibiotique (Néoparyl Framycétine®). Collyre antiglaucomateux (glaucome à angle ouvert) Isméline® collyre est un sympathoplégique à base de guanéthidine. Il provoque la libération des catécholamines à partir des granules de stockage et inhibe leur recapture d’où une déplétion en catécholamine dans le neurone et une hypersensibilité à l’adrénaline. Il est utilisé en association avec un collyre à l’adrénaline (en vue de sa potentialisation) et permet ainsi une réduction des doses de celle-ci. Produits rhinologiques Phényléphrine ou néosynéphrine (Humoxal®), éphédrine (Biphédrine® aqueuse). MÉDICAMENTS À USAGE GÉNÉRAL DANGEREUX EN CAS DE RISQUE DE GLAUCOME PAR FERMETURE DE L’ANGLE (NON INSCRITS AU VIDAL 2000) Médicaments utilisés en pneumologie Collyres à effet parasympatholytique Antitussifs à base d’anticholinergique (belladone, datura, jusquiame, atropine) Atropine (Atropine Alcon®, Atropine Martinet®) utilisée sur prescription d’un ophtalmologiste. Codotussyl® élixir, Dithiol® sirop, Humex Fournier® pâte à mâcher, n’ont pas encore été examinés © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 18/07/2014 F M C 99 D. Pozzi et coll. dans le cadre de la validation, mais leur principe actif anticholinergique devra être retiré (règle précédemment appliquée pour tous les autres antitussifs). Pentoxyvérine (action centrale avec des propriétés antispasmodiques) : Atoucline®. La quinidine (Longacor®) n’est pas contre-indiquée dans le glaucome en raison de sa très faible activité vagolytique mentionnée à la rubrique pharmacodynamie seulement. Médicaments utilisés en ORL Oxybutinine (Ditropan®). Décongestionnants utilisés dans les rhinites à base de : Sympathomimétique seul Pseudoéphédrine (Broncorinol® ® rhinite, Efryl rhinite). Antihistaminique seul Chlorphénamine (Arpha®), isothipendyl (Apaisyl®, Istamyl®). Association d’antihistaminique et de sympathomimétique Chronotrophir®, Efryl® état grippal. 100 J. Fr. Ophtalmol. Médicaments utilisés dans les troubles du sommeil et/ou de l’anxiété Hypnotiques antihistaminiques : doxylamine (Noctyl®), prométhazine (Insomnyl®). Médicaments utilisés en neurologie et psychiatrie Antidépresseurs Clomipramine (Clomipramine Merck®, Clomipramine RPG®), quinupramine (Kinupril®). Médicaments utilisés en allergologie À base d’antihistaminiques : chlorphénamine (Hyrvalan®). Médicaments utilisés en gastro-entérologie Antinaupathique à base de dimenhydrinate : Cloranautine®. Médicaments utilisés en cardioangéiologie Cétiédil (Vasocet®). Médicaments utilisés en urologie DISCUSSION Les opérations de « validation » des spécialités mises sur le marché avant 1976 ont permis : – d’éliminer un très grand nombre de médicaments à la suite des décisions de la commission de validation présidée par le Professeur J.M. Alexandre. C’est ainsi que les préparations galéniques à base de solanacées ne sont plus admises dans les laxatifs et les antitussifs. De même est préconisé le retrait de l’éphédrine de certaines spécialités compte tenu de ses effets indésirables cardio-vasculaires et cérébraux. Bien que de nombreuses spécialités aient connu un arrêt de commercialisation, ces dernières années, il reste encore un nombre très important de spécialités concernées du fait de l’ubiquité d’action des anticholinergiques, – d’employer, pour les spécialités concernées, le terme systématique « risque de glaucome par fermeture de l’angle » dans les chapitres contre-indications ou précautions d’emploi, en remplacement du terme « glaucome » sans précision supplémentaire. Ceci a permis de traiter des glaucomateux à angle ouvert avec ces médicaments de manière plus aisée. En effet, les prescripteurs, auparavant, n’osaient pas utiliser ces médicaments du fait de l’ambiguïté du libellé au chapitre contre-indication (glaucome sans précision supplémentaire). Ce travail, qui se veut exhaustif, a été réalisé sur la base du Vidal® édition 2000. Il est à noter que © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 18/07/2014 chaque année, un certain nombre de spécialités évolue (inscription ou non au Vidal®, changement de composition, arrêt de commercialisation…). Notre travail fait le recensement des spécialités impliquées dans les risques de déclenchement de glaucome aigu par fermeture de l’angle. La difficulté principale dans l’interprétation des données est l’établissement d’une réelle échelle de risque. Les collyres semblent être les plus dangereux du fait de leur utilisation sur le site même du déclenchement de la crise, ainsi que, dans une moindre mesure, les médicaments utilisés dans la région de l’œil (produits rhinologiques et aérosols dans le traitement des crises d’asthme). Toutefois, il est difficile d’établir une échelle de risque en fonction des collyres. Ils ne sont pas dangereux en eux-mêmes, c’est seulement la mydriase engendrée qui peut l’être chez les sujets prédisposés. Chez de tels patients, toute mydriase est dangereuse, quel que soit le produit utilisé. Le risque majeur n’est pas tant la dilatation complète mais la semi-mydriase. C’est pourquoi la crise de GFA ne s’observe pas immédiatement après instillation des gouttes, mais quelques heures après, au moment de la décroissance de l’effet mydriatique en dehors du cabinet du médecin. Ce problème est particulièrement important pour les ophtalmologistes lors de la réalisation de dilatation pour fond d’œil qui est principalement réalisée à l’aide du Mydriaticum® et de la Néosynéphrine®, seuls ou associés, et qui peut provoquer une crise de GFA chez les patients prédisposés [22-27]. En Angleterre, Mapstone [27] préconisait, déjà en 1977, l’utilisation du tropicamide (Mydriaticum®) de manière préférentielle au cyclopentolate (Skiacol®) qui ne devrait jamais être utilisé chez les sujets à haut risque. Il précisait que le protocole le plus sûr associait une mydriase provoquée par la néosynéphrine, suivie d’un myosis con- Vol. 25, n° 1, 2002 sécutif à l’instillation de thymoxamine 0,5 %, encore dénommé moxisylyte (alpha 1 bloquant préférentiel non commercialisé en France sous forme de collyre). Chez les sujets à risque, patients anatomiquement prédisposés ou ayant eu des crises de GFA spontanément résolutives, des tests de provocation sous surveillance attentive peuvent être utilisés avec le tropicamide [28] ou l’association pilocarpine – néosynéphrine [29]. En outre, il existe une limite de l’information officielle : par exemple, pour une même molécule comme la pseudoéphédrine, les monographies des différentes spécialités existantes ne mettent pas le risque de GFA sur un même pied d’égalité (certaines seront contreindiquées, d’autres présenteront uniquement une précaution d’emploi, et d’autres ne feront l’objet d’aucune précaution). RÉFÉRENCES 1. Collignon-Brach J. Biométrie in : Le glaucome primitif à angle fermé. Ed. Simep, Villeurbanne, 1984:13-22. 2. Rosenberg-CA, Adams-SL. Narrowangle glaucoma presenting as acute, painless visual impairment. Ann Emerg Med, 1991;20:1020-2. 3. Browning AC, Reck AC, Chisholm IH, Nischal KK. Acute angle closure glaucoma presenting in a young patient after administration of paroxetine. Eye, 2000;14 (Pt 3a):406-8. 4. Fivgas GD, Beck AD. Angle-closure glaucoma in a 10-year-old-girl. Am J Ophthalmol, 1997;124:251-3. Médicaments et risque de glaucome par fermeture de l’angle 5. Plane CH. Contre-indications médicamenteuses dans le glaucome par fermeture de l’angle. In : Le glaucome primitif à angle fermé. Symposium de Bordeaux. Villeurbane : Simep, 1984: 79-92. 6. Dictionnaire Vidal® 2000. Paris : OVPÉditions du Vidal®, 2000. 7. Guide National de Prescription des médicaments, Paris : OVP-Éditions du Vidal®, 2000. 8. Collignon-Brach J, Lapamus Ph. Médicaments et Glaucome, In : Giroud J-P, Mathé G, Meyniel G, et coll. Pharmacologie clinique : bases de la thérapeutique (2e édition), Expansion Scientifique Française, Paris, 1988,2041-2062. 9. Dorosz Ph. Guide pratique des médicaments, 19e éd. Paris : Éditions Maloine, 2000. Glaucome et médicaments, page X. 10. Giraud C. Médicaments et risque de glaucome par fermeture de l’angle, In : Giraud C, Sarrut B et coll. Tables d’utilisation des médicaments (4e édition), Éditions Frison-Roche, Paris, 1998, 366391. 11. Giraud C, Callanquin M. Médicaments à potentiel anticholinergique. Thérapie, 1988;43:219-28. 12. Jones DE, Watson DM. Angle-closure glaucoma precipitated by the use of phospholine iodide for esotropia in a child. Br J Ophthalmol, 1967;51:783-5. 13. Kéroub C, Hyams SW. Glaucome à angle fermant provoqué par la phospholine iodide et l’épinéphrine dans un cas de glaucome à angle ouvert. Arch Ophthalmol, 1976;36:575-8. 14. Packe GE, Cayton RM, Mashhoudi N. Nebulised ipratropium bromide and salbutamol causing closed-angled glaucoma. Lancet, 1984;2(8404):691. 15. Humphreys DM. Acute angle closure glaucoma associated with nebulised ipratropium bromide and salbutamol. BMJ, 1992;304(6822):320. 16. Malani JT, Robinson GM, Seneviratne EL. Ipratropium bromide induced angle closure glaucoma. N Z Med J, 1982;95 (718):749. 17. Reuser T, Flanagan DW, Borland C, Bannerjee DK. Acute angle closure © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 18/07/2014 glaucoma occuring after nebulized bronchodilatator treatment with ipratropium bromide and salbutamol. J R Soc Med, 1992;85:449-500. 18. Hall SK. Acute angle-closure glaucoma as a complication of combined betaagonist and ipratropium bromide therapy in the emergency department. Ann Emerg Med, 1994;23:884-7. 19. Kalra L, Bone MF. The effect of nebulized bronchodilatator therapy on intraocular pressures in patients with glaucoma. Chest, 1988;93-4. 20. Carre H. Le glaucome aigu iatrogène. Enquête sur les facteurs déclenchants. Ouest Méd, 1982;35:399-404. 21. Kremer I, Levy Y. Acute angle closure glaucoma following botulinum toxin. Br J Ophthalmol, 1991;75:383. 22. Talks SJ, Tsaloumas M, Misson GP, Gibson JM. Angle closure glaucoma and diagnosic mydriasis. Lancet, 1993;342: 1493-4. 23. Béchetoille A. Hypertonie oculaire provoquée par la tropicamide après traitement de l’angle au laser à argon. J Fr Ophtalmol, 1985;8:677-8. 24. Shaw BR, Lewis RA. Intraocular pressure elevation after pupillary dilation in open angle glaucoma. Arch Ophthalmol, 1986;104:1185-8. 25. Wolfs RC, Grobbee DE, Hofman A, De Jong PT. Risk of acute angle-closure glaucoma after diagnostic mydriasis in nonselected subjects: the Rotterdam Study. Invest Ophthalmol Vis Sci, 1997;38:2683-7. 26. Classe JG. Pupillary dilation: an eyeopening problem. J Am Optom Assoc, 1992;63:733-41. 27. Mapstone R. Dilating dangerous pupils. Br J Ophthalmol, 1977;61:517-24. 28. Brooks AM, West RH, Gillies WE. The risks of precipitating acute angle closure glaucoma with the clinical use of mydriatics agents. Med J Aust, 1986; 145:34-6. 29. Béchetoille A, Graftiaux X. Glaucome aigu à angle fermé : étiologie, physiopathologie, diagnostic, évolution et pronostic, traitement. Rev Prat, 1989, 39:263-7. F M C 101