5. Rendre l`enfant acteur et auteur

5. Rendre l’enfant acteur et auteur
Quel a été, au départ, le but de l’instruction publique ? Une formation de base pour que
l’enfant devienne un « bon » citoyen et qu’à la différence de ses parents analphabètes, il soit
reconnu et ait un rôle à jouer dans la société.
Selon les périodes historiques et politiques, le but de l’école a évolué. Aujourd’hui, bien que
l’Education Nationale prône la pédagogie différenciée, elle évolue vers l’uniformisation des
élèves et l’accumulation des savoirs. Les enfants doivent suivre leurs tranches d’âge et les
programmes s’alourdissent.
Nous désirons que tout le monde ait accès aux études mais que celles-ci s’adaptent aux
possibilités, aux besoins et aux souhaits de chacun.
C’est par l’école de la diversité que nous accéderons à l’école de l’égalité.
L’école doit permettre à l’enfant de trouver sa juste place dans la société en devenant acteur et
auteur de sa propre vie.
A l’école maternelle
A l’école primaire
Au collège
Après le collège
Les élèves aux besoins spécifiques
L’évolution de l’enfant durant le temps où ses parents le confient à un établissement (crèche,
maternelle, école, collège…) se fait par paliers d’acquisitions ou de maturation.
Jusqu’à présent, on a souhaité que les enfants franchissent ces paliers au même rythme, pour
avoir des classes avec la même tranche d’âge.
Il nous apparaît plus judicieux aujourd’hui de laisser à chaque enfant son temps de
maturation propre, ainsi pourra-t-il avancer à son rythme jusqu’à son adolescence.
Par contre, à la puberté quel que soit l’âge, le sexe et le niveau de compétence acquis, le jeune
subit une telle transformation qu’il ne pourra plus être maintenu dans le même cadre. On
accueillera donc au collège des jeunes de niveaux différents.
Retrouver le sens du parcours éducatif est essentiel à l’école.
A L’ECOLE MATERNELLE
Durant les premières années de la scolarité, le petit enfant avance à son rythme. Ses
apprentissages se différencient. Les connaissances acquises sont fonction de sa curiosité et
donc non limitées.
L’âge n’est pas un critère rigide pour évoluer dans cette structure.
L’enseignant à l’écoute de ses élèves, propose, dans une même classe et ponctuellement, des
activités différenciées adaptées aux compétences de chacun.
Dans la classe, les enfants ont besoin d’un adulte référent : un seul maître ou une maîtresse
sera plus sécurisant pour eux, ce qui n’exclut pas la présence de familiers à l’école (parents,
intervenants, AVS, ATSEM…). Par la suite, l’élève grandissant, il acceptera la présence
d’adultes plus nombreux.
A L’ECOLE PRIMAIRE
Les premières années, un maître unique assure l’étude des fondamentaux pour l’acquisition
des bases nécessaires : lecture, écriture, calcul, éveil, activités ludiques, sportives et
artistiques. Sans oublier le développement de l’être, ce qui est déjà pris en compte par
certaines écoles telles que les écoles Montessori, Steiner, la ferme des enfants de Pierre
Rabhi…
Ce maître est aidé dans son travail par un adjoint (futur enseignant en formation) qui vient
épauler ponctuellement tout enfant, dès la première difficulté d’apprentissage et ce, pour être
non seulement l’école de l’épanouissement mais aussi de la réussite.
L’apprentissage des langues vivantes se fait de façon ludique avec un enseignant ou toute
personne maîtrisant parfaitement la langue intervenant au cours de la journée scolaire.
Des personnes extérieures, parents, grands-parents, professionnels, peuvent, en tant
qu’intervenants ponctuels, lire ou raconter des histoires, les initier à un sport, un art ou animer
une activité.
Les deux dernières années, l’enseignement s’enrichit. L’enfant va à la découverte de son
environnement. C’est le moment où la mémoire se développe, il a besoin d’engranger des
savoirs en apprenant par cœur.
L’enfant étant capable d’ouvrir son univers, des intervenants pourront épauler le maître,
toujours présent : des enseignants en langues, des personnes extérieures pourront venir
partager leur spécificité sans la présence du maître, augmentant progressivement le nombre
d’adultes face à l’enfant.
Le maître garde toutefois son rôle de référent.
L’acquisition des savoirs, lire, écrire, compter… continue à se faire à son rythme
jusqu’à l’adolescence.
En parallèle, a lieu :
Tout ce qui permet de développer la confiance et l’expression de soi : à travers des
ateliers artistiques, manuels et sportifs
Tout ce qui amène au respect de soi, des autres et de la nature : gestion des conflits,
conseils d’enfants, éducation à la citoyenneté, jardinage, soin des animaux…
Lorsque l’enfant devient adolescent (ce qui équivaut plus ou moins à la fin de la 6ème
actuelle), il présente un certain désir d’autonomie, d’esprit critique et de contestation.
A ce moment-là, ensemble, le jeune, ses parents et l’enseignant décident quel que soit le
niveau de l’élève, de son entrée au collège.
AU COLLEGE
Le caractère de l’enfant change : c’est l’adolescence avec ses rêves, ses révoltes, ses angoisses
et son apathie. C’est la période de l’initiation du jeune à sa vie d’adulte. Il lui est difficile de
se concentrer sur des cours magistraux, il a besoin de bouger. Il a le désir et la peur de
connaître le monde et de découvrir la sexualité.
Le collège devient un lieu de vie offrant des salles d’étude, de jeux, d’écoute individuelle, des
foyers. Il est ouvert, au-delà des heures de cours, avec des professionnels de l’animation.
Ceci, non pour déresponsabiliser les parents mais pour tenir compte des difficultés de chacun.
Nous proposons, durant trois ans (ce qui équivaut aujourd’hui à la 5ème, 4ème et 3ème) de sortir
au maximum le jeune du milieu scolaire pour lui faire découvrir la vie.
Sur les neuf mois de l’année scolaire, les collégiens passeraient environ un mois à l’extérieur
(soit trois mois sur les 3 années de scolarité du collège).
Les temps proposés dans l’établissement
Le collégien est présent dans son établissement, inscrit dans un groupe-classe d’une quinzaine
d’élèves. Ce groupe-classe est sous la responsabilité d’un professeur référent.
Ce professeur référent exerce :
Une fonction d’accompagnement : il aide chaque élève dans l’organisation de sa
journée, le suit, le motive. Il permet la parole et facilite les échanges dans la classe.
Il a également une fonction de lien avec les professeurs des pôles : ils échangent des
informations et, ensemble, prennent les décisions de soutien pour les élèves qui
rencontrent des difficultés.
En début de journée, il prend sa classe durant la première heure pour permettre la gestion du
travail de chacun, l’écoute des expériences vécues. Il fait, dans sa classe, le bilan de la journée
précédente.
Après cette mise en route, chaque élève rejoint les cours théoriques, ateliers, projets, visites,
sorties correspondant au pôle qu’il étudie et le professeur référent rejoint son pôle d’activités.
L’enseignement s’organise en pluridisciplinarité autour de cinq pôles d’activités (détaillés
dans le chapitre suivant) :
la communication
la connaissance de soi
le monde qui nous entoure
réflexion et abstraction
le monde d’hier et d’aujourd’hui
Il est assuré par des professeurs spécialisés dans une matière et par des intervenants.
Il y a trois niveaux dans chaque pôle :
un niveau de base
un niveau d’approfondissement
un niveau d’excellence
Q : Voudrais-tu nous expliquer comment tu prépares le voyage en
Allemagne que tu vas faire avec tes élèves avant Noël ?
R : Cela ne va durer qu’une seule journée, nous allons à Aix-la-Chapelle.
Mon idée était de leur y montrer les marchés de Noël. A ma surprise, les
élèves de 5ème m’ont tous demandé pourquoi on n’irait pas dans les
Thermes, chose que je n’avais pas envisagée. Comme c’était leur
demande, j’ai entendu, je me suis renseignée et me suis rendue compte
que c’était compatible et accessible aux enfants, si bien que tout le
monde a accepté ce projet (mes élèves de 4ème et de 3ème sont aussi du
voyage). Cela m’avait étonnée mais en fait c’était un souvenir qui les
ramenait à une période de l’Histoire qu’ils avaient étudiée en 6ème et
qu’ils voulaient vivre dans leur corps !
Q : En préparant d’autres voyages, tu as eu d’autres expériences de ce
genre ?
R : Dans chaque voyage je leur donne un temps libre pour développer
leur autonomie et leur permettre de partir à la découverte de l’endroit où
ils se trouvent. Riches de cette autonomie à laquelle ils ne sont pas
tellement habitués, ils développent leur esprit créatif et ensuite ils
choisissent eux-mêmes les lieux qui les intéressent et proposent d’aller
les visiter. Moi, je leur donne la base et ensuite ils développent.
Q : Au retour, tu leur demandes d’écrire ou de raconter, d’exprimer ce
qu’ils ont ressenti ?
R : L’an dernier, sans que je le leur demande, ils avaient pris des photos
et des films et ils ont monté un film sur leur voyage, bien sûr avec l’aide
des parents.
Catherine - Enseignante
Les temps proposés à l’extérieur
Chaque année, durant un mois, il est proposé au jeune de sortir du collège :
Pour découvrir différents milieux professionnels : stages suivis de bilans
Pour acquérir des notions de citoyenneté : chantiers du patrimoine, dépollution des
sites naturels, embellissement d’un lieu de travail, aide à une association sanitaire ou
sociale…
Pour s’ouvrir au monde : périodes en immersion pour découvrir une langue
étrangère…
Le professeur référent assure le suivi des temps passés à l’extérieur.
Le poste de C.P.E. (Conseiller Principal d’Education) et l’équipe de la Vie Scolaire, allégés
par le travail du professeur référent, prendront en charge l’ouverture du collège vers
l’extérieur (recherche, relation, gestion des différents partenaires).
A la fin des trois années de collège, il est demandé d’avoir au moins acquis le niveau de
base dans les cinq pôles d’activités.
Durant ces trois années, l’élève peut évoluer à son rythme. A 16 ans, il a une bonne
connaissance de ce qui l’intéresse, il sait ce qu’il veut, il a une notion de ce qui lui
convient, il est à même de décider de son orientation.
APRES LE COLLEGE
Suivant ses goûts et son niveau, l’élève :
décide de continuer au lycée où il approfondira les cinq pôles avec des niveaux plus
exigeants et des enseignements supplémentaires adaptés à son orientation
entame une formation professionnelle
entre dans la vie active
Les lycées maintiendront, pour l’équilibre de l’élève, les temps de sport et de créativité et
multiplieront les stages en entreprise.
LES ELEVES AUX BESOINS SPECIFIQUES
Dans le cadre de son projet personnalisé, tout au long de son parcours scolaire, l’élève porteur
d’un handicap est lui-aussi encouragé à devenir acteur et auteur. Pour ce faire, il est
accompagné par un personnel formé.