L`anniversaire - Théâtre du Grand Rond
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L`anniversaire - Théâtre du Grand Rond
Acte I Peter : Il y a un nouveau spectacle qui vient au palace. Meg : Sur la jetée ? Peter : Non. Au Palace, en ville. Meg : Stanley aurait pu être dedans, si c’était sur la jetée. Peter : C’est du vrai théâtre. Meg : Qu’est-ce que tu veux dire ? Peter : Pas de danses ni de chansons. Meg : Qu’est-ce qu’ils font alors ? Peter : Ils parlent. Un temps. Meg : Ah. 2 La compagnie Modula Medulla La compagnie Modula Medulla est née en 2010 à Toulouse. Créée par Aurélie Gatet, plasticienne, et Gaëlle Levallois, comédienne, elle se place dans le champ de la pluridisciplinarité avec un goût certain pour l’expérimentation et la fantaisie. La compagnie se compose de comédiens, de clowns et de plasticiens. La création sonore s’est d’abord imposée comme terrain d’exploration : 3 pièces sonores doucement surréalistes sont créées à partir de textes inédits de Patricia Barberot et vouées à être entendues dans le noir par les spectateurs. Dans le cadre d’une résidence d’artiste dans la région Limousin, la compagnie réalise aussi une installation - performance en reprenant le principe d’écriture du cut-up, développé par l’Oulipo. En 2011, la compagnie créée Portrait en pied de Suzanne, monologue cauchemardesque à l’humour féroce d’après un roman de Roland Topor, spectacle toujours joué en 2014. En parallèle et depuis 2012, la compagnie propose aussi des formes courtes clownesques, solo, duo et trio qui sont présentés dans différents cabarets. Pour ce projet théâtral, Jérôme Thibault et Gaëlle Levallois seront tous les deux acteurs-metteurs en scène du texte d’Harold Pinter, et rejoints par Mallory Casas pour former un trio jouant les 6 personnages de la pièce. Hélène Dedryvère viendra apporter son regard sur la direction d’acteur. La création de la pièce aura lieu lors de la saison 2015-2016. Nous sommes d’ores et déjà soutenus par : le Théâtre du Grand-Rond et le Théâtre du Pont-Neuf à Toulouse L’atelier des Marches à Bordeaux. Nous avons déjà des périodes de résidences définies sur l’année 2015 avec : Le Centre Culturel St Simon à Toulouse L’atelier des Marches à Bordeaux Nous allons continuer à rencontrer d’autres lieux en régions tout au long de la saison prochaine pour faire en sorte que ce projet puisse voyager de lieu en lieu dès sa première année de création. Afin de contribuer à créer des liens entre les structures des régions Aquitaine et Midi-Pyrénées. 3 Travailler en amont avec le public Nous recherchons des lieux de résidences pour la saison 2014-2015 pour commencer et approfondir le travail tout au long de la saison. Nous proposons un échange avec les lieux qui nous accueillent : une vraie rencontre avec le public de ce lieu. Ateliers Théâtre et Clown pour adolescents et adultes autour de l’univers de Pinter. Gaëlle Levallois est intervenante auprès d’adultes et d’adolescents dans des ateliers théâtre notamment au théâtre du Grand-Rond. Par ailleurs, elle travaille depuis plusieurs années l’art du clown, qu’elle transmet également dans ses ateliers. Jérôme Thibault intervient lui-aussi dans des ateliers et stages à Bordeaux et en Hollande où il développe un projet théâtral en français qui permet aux élèves néerlandais de la 6ème à la terminale de s’approprier petit à petit les rudiments du langage par le biais du jeu scénique et des écritures contemporaines. Nous proposons des stages d’initiation au clown et/ou un travail sur une sélection de textes de Harold Pinter, auteur prolifique et passionnant. Tester des parties du spectacle avec le public. Nous aimerions tester des dispositifs qui permettraient de communiquer au public des émotions comme la peur ou la menace. Nous voudrions aussi garder tout au long de la pièce un rapport au public d’ordre clownesque : sans aller dans le clown pur, nous désirons garder une écoute profonde du public, en rendant le 4ème mur théâtral très friable. De cette façon, le jeu des acteurs en serait d’autant plus perçu comme imprévisible et surprenant. Et permettrait de cultiver ainsi le qui-vive des acteurs et des spectateurs. Nous proposons à la fin d’une session ou d’un cycle de résidences, de partager des moments de jeu avec le public suivis d’un échange où chacun pourrait exprimer son ressenti sur ce qu’il aura perçu, compris, retenu. Cela pourrait nous (et vous) permettre de tisser une relation avec ce public qui aura, en quelque sorte, participé à la création. Si bien que nous pourrions revenir jouer dans votre lieu en 2015-2016 une fois la création terminée, et avoir de nouveau un échange avec ceux qui nous auraient suivi l’année précédente et de proposer ainsi de nouveaux moments d’échange sur l’évolution du spectacle. Le public serait ainsi au cœur de la création. 4 La pièce entre comique absurde et effroi, Beckett et Kafka I can sum up none of my plays. I can describe none of them, except to say: That is what happened. That is what they said. That is what they did. Je ne peux résumer aucune de mes pièces, je ne peux les décrire qu’en disant : Voilà ce qui est arrivé. Voilà ce qu’ils ont dit. Voilà ce qu’ils ont fait. Harold Pinter Stanley vivote gentiment dans une pension de famille en bord de mer, unique résident choyé par Meg, maternelle maîtresse de la maison. Le jeune homme traîne son ennui et vogue dans une existence un peu débraillée, parfois relevée de quelques sautes d’humeur et siestes câlines. Il était pianiste de bar, avait voyagé de par le monde. Il se repose un peu, dit-il. Peter, le mari, loueur de transats dans la station balnéaire, annonce un beau matin la venue de deux clients, qui débarquent rapidement dans le cocon grisâtre de cet asile apparemment sans histoire. Deux porte-flingue hauts en couleurs, menaçants et décalés. Goldberg, cynique hâbleur, la violence muselée sous le sourire débonnaire, et McCann, inquiétant maniaque, sèment le trouble qui court tel un frisson glacial au dos des murs. Que cherchent ces sinistres complices? Pourquoi imposent-ils une fête pour l’anniversaire de Stanley? Est-ce bien d’ailleurs son anniversaire puisqu’il le nie? Pourquoi le bombardent-ils de questions ineptes et le mettent-ils k-o par leur verbe effréné, absurde et dévastateur ? Sont-ils des bourreaux désœuvrés ou des tueurs en service commandé? Avec l'Anniversaire, Harold Pinter a créé le modèle de ce qu'on a appelé le théâtre de la menace, et qui a suscité de nombreux disciples, tant en Angleterre que dans le monde entier. 5 Note d’intention 1 - UN THEATRE DE LA MENACE ET DE L’INSECURITE L’art dramatique de Pinter est d’abord compris comme une variante du théâtre de l’absurde, mais sera ensuite plus justement caractérisé comme « comédie de la menace», une menace sans vrai visage où l’auteur nous propose une réflexion profonde sur la condition humaine et sur les rapports de domination (physique, psychologique et sexuelle) et de soumission à partir de situations à priori banales. Une œuvre où planent fantasmes et obsessions érotiques, qui entretiennent haines et jalousies. Ce que les critiques ont appelé par la suite "le théâtre de l'insécurité", mot vulgarisé et récurrent de la vie quotidienne depuis les évènements de 2001. Dans la pièce théâtrale typique de Pinter, univers clos aussi protégé que rapidement étouffant, sont mis en scène des êtres qui se retranchent dans une existence réduite et contrôlée, sans qu’on puisse savoir si la menace provient d’intrusions étrangères ou de leurs propres pulsions. Dans cet univers, où le faux et le véridique se télescopent sans pouvoir être démêlés, le rapport à l’autre devient une réponse autant qu’un piège, la communication étant mise à mal, entre apaisement et tyrannie, créant un climat de violence latent et imprévisible. Le trouble exposé ici, que soutient le langage comme le rapport entre les personnages, demande d’installer une certaine proximité avec le public : pour traiter cette « comédie de la menace », il convient de partir de nos menaces actuelles, des plus sourdes, celles qui émanent des profondeurs du moi, pour mieux les confronter à celles d’hier, plus franches, plus collectives. En partant du postulat que la menace n’a aucun âge et que ses composants restent exactement les mêmes, peu importe l’époque ou la société. Cette ambiance menaçante décuple le malaise du spectateur: On y voit confrontés deux univers antinomiques : d'une part, des personnages apparemment banals, qui vivent tant bien que mal dans une sorte de cocon grisâtre, faux refuge contre le monde extérieur ; et d'autre part des inconnus apparemment dangereux qui font irruption dans un quotidien morne pour s'emparer d'une victime étrange, qui est celle dont on fête l'anniversaire. Pourtant, ce qui pourrait être un drame macabre baigne dans un humour de tous les instants, saturé de jeux de mots et de décalages absurdes, qui nous donne là une indication importante pour son traitement concret sur le plateau. 6 2 - L’INVENTION PARTAGÉE Les personnages sont des figures, dont il convient de remplir les failles ou le mystère, un passé qu'ils tentent de reconstituer à travers des récits flous et contradictoires. Les dialogues rajoutent de l’incertitude en mêlant un certain naturel d'expression à un dérapage verbal à la limite de l’onirisme : le style même de la pièce, comme la disponibilité des personnages, sont de véritables invitations à concevoir ce projet comme centré sur le jeu. Inspirés par le travail de la compagnie belge TgStan, qui pratique un théâtre d’avantage créé par le rapport des acteurs au présent de la représentation et revendique la destruction de l'illusion théâtrale, nous serons sur ce projet acteurs et metteurs en scène. Dans la mise en scène de l'Anniversaire, nous avons le désir de poursuivre un travail sur la capacité de l’acteur de passer instantanément d’un personnage à l’autre avec simplicité et amusement, indépendamment de son sexe, de son physique ou de son âge, pour ne faire théâtre que de la prise de parole, de la suggestion, de l’aveu des artifices. L’écriture de Pinter est un matériau qui se prête non pas à un théâtre du vide mais à un théâtre de l’invention. Il est question ici d’inventer un jeu d’apparitions/disparitions (des personnages, des acteurs, des éléments de décors). Sans effet propice à l’illusion, sans spectaculaire, avec l’envie d’instaurer avec le public un rapport authentique, de le rendre témoin de notre manière de faire du théâtre en direct, et de traduire le trouble de l’histoire avec les moyens dramatiques les plus simples. Le travail sur la lumière est intrinsèque à la pièce lors de la fête d’anniversaire : il permet de jouer avec différentes sources (électricité, bougies, lampes torches), tout en étant contrarié par des coupures de courant étrangères au déroulement de la fête. Le lumière devient ainsi un autre partenaire pour traduire l’intérieur (mobilier dont les lignes seraient mises en valeurs par des néons/led) ou traiter l’idée de vide ou de menace en faisant des allers retours avec une lumière classique de plateau. Passer de l’espace nu à l’espace habité. De la vie rêvée à la vie réelle. 3 -TOUT LE MONDE EST « STANLEY » La construction originale de cette pièce met en scène le personnage principal, caricature de l’artiste maudit qui n’a donné qu’un concert dans sa vie, et cliché de « l’assisté », figure contemporaine coupable de tous les maux de notre société. D’acte en acte, ce personnage devient victime potentielle, menacée, avant de finir prisonnier, littéralement lobotomisé. Son corps ne lui appartient plus. 7 Le choix de masques s’est très vite imposé : le personnage étant joué par deux comédiens, pour traduire cette existence double, ce passé incertain, ses différents rapports aux femmes. Pendant la fête d’anniversaire, outre les passages d’ombre et de mise en lumière des personnages, le point de vue de ce personnage multiple sera au cœur de la dramaturgie, puisqu’à chaque changement de lumière, le masque serait porté par un acteur différent, transformant tout corps présent, et conférant à tous la possibilité d’habiter un temps ce personnage. Pour densifier le rapport au présent crée par la mise en scène, le public deviendrait lui-même cette figure, en l’invitant à se masquer pour partager son point de vue. Quant aux autres personnages, le choix du masque est déterminant dans l’idée de toujours rendre complice le spectateur des codes de la représentation: considérant les deux intrus comme représentants de la culture mainstream, la culture indiscutable défendue par les médias de masse, le masque en question est un smiley, dessin extrêmement stylisé de visage souriant coloré en jaune et exprimant l’amitié. Dans ce monde clos hors du temps, hors d’une société qui cherche le coup d’éclat, traditionnellement appelé aujourd’hui buzz, faire porter ce masque oblige les personnages à entrer dans le rang et les acteurs à inventer un autre rapport au jeu. Et en proposant au public de le porter également, il se retrouve lui-même dans une position de suiveur ou de déserteur d’un théâtre dans lequel il n’a habituellement pas son mot à dire. C’est par un choix de contraintes claires que le projet prendra ainsi forme : trois interprètes pluridisciplinaires (acteurs, danseurs, clown, marionnettistes) pour prendre en charge le parcours de ces six âmes solitaires et enfermées, capables de s’entraider comme de s’empêcher dans une liberté qui tient non à la mise en scène mais à l’instantané du jeu. Trois interprètes avec un passé commun et des expériences différentes qui leur permettent de se compléter et de s’enrichir les uns des autres. Plus qu’un spectacle, c’est un véritable événement auquel nous convions le public. La fête d’anniversaire est ici le point cathartique de la confusion générale et de la libération des actes et des paroles de chaque personnage. Elle sera l’occasion de renforcer le rapport au public en traitant cette agitation pour accentuer un climat inquiétant, traduit par des codes repérés du fantastique. L’enjeu n’étant pas tant de malmener le public que de lui faire vivre de manière plus frontale l’évènement qui vient rompre le cours du temps, le temps du récit et le temps de la représentation. La proximité du public est alors essentielle, pour qu’il puisse être proche de la fête, invité à fêter un non-anniversaire, sollicité à participer à toutes sortes de jeux, et surtout devenir lui-même acteur, masqué, partie prenante du déroulement de l’histoire. Partager alors les codes du théâtre, le mettre dans une place différente qui n’est pas sans susciter de tension. Que cette tension puisse être palpable et s’approprier ainsi cette histoire qui donne des clés mais ne divulgue jamais l’endroit où se trouvent les portes. Gaëlle Levallois et Jérôme Thibault 8 Extraits Acte II Stanley : Laissez-moi… seulement préciser un point. Vous ne me dérangez pas. Pour moi, vous n’êtes qu’une mauvaise blague. Mais j’ai une responsabilité envers les gens de cette maison. Il y a trop longtemps qu’ils sont ici. Ils ont perdu l’odorat. Moi pas. Et personne n’abusera d’eux tant que je serai là. (…) De toute façon, cette maison n’est pas faite pour vous. Il n’y a rien pour vous ici, d’aucun point de vue, d’aucun point de vue. Alors pourquoi est-ce que vous ne partez pas tout simplement, et sans plus d’histoires ? Acte III Peter : Qu’est-ce qui lui est arrivé ? Goldberg : Ce qui lui est arrivé? Une dépression, monsieur Boles. Purement et simplement. Une dépression nerveuse. Peter : Mais qu’est-ce qui l’a provoquée si brusquement ? Goldberg : Eh bien, monsieur Boles, cela peut se produire de toutes sortes de façons. Un ami m’en parlait encore l’autre jour. Nous avions dû nous occuper ensemble d’un autre cas…pas exactement identique, bien sûr, mais… très similaire, très similaire. Bref, il me disait, voyez-vous, cet ami, que quelquefois ça arrive progressivement… jour après jour ça grandit, ça grandit, ça grandit… jour après jour. Et que d’autres fois ça arrive tout d’un coup. Pouf ! Comme ça ! Les nerfs craquent. On ne peut pas dire avec certitude comment ça va arriver, mais pour certaines personnes, on sait comment ça finira. 9 Visuels Par Frederic Diot 10 L’auteur Harold Pinter Il est né le 10 octobre 1930 d’une famille d'origine russe et de religion juive du faubourg populaire d'Hackney à Londres. Son père était tailleur pour dames. Durant sa jeunesse, l'auteur a été confronté au chômage, à la misère, au racisme et à l'antisémitisme qui sévissaient au Royaume-Uni à l'aube de la Seconde Guerre mondiale. Selon ses dires, ce contexte troublé a largement nourri sa vocation future de dramaturge (« l'expérience des bombardements ne m'a jamais lâché») et d’'illustrateur de l'absurdité et de l'horreur cachée du monde moderne tel qu'il apparait après cette guerre effroyable. The Birthday Party (L'Anniversaire, 1958) n'intéresse pas le grand public à sa sortie. Mais suite au grand succès rencontré par The Caretaker (Le Gardien) en 1960 et The Homecoming (Le Retour) en 1964, la pièce est rejouée et reçoit cette fois-ci un accueil triomphal. Pinter est considéré comme la figure la plus illustre du théâtre dramatique anglais de la seconde moitié du XXe siècle. Sa position en tant que classique moderne est illustrée par la création à partir de son nom de l’adjectif «pinteresque» (Voir encadré ci-dessus) Il ramène le théâtre à sa base élémentaire, pièce close et dialogue imprévisible. Avec une intrigue réduite au minimum, le drame prend souvent comme point de départ une situation en apparence anodine mais qui devient rapidement menaçante et absurde par le biais des acteurs dont les actions semblent inexplicables aux yeux du public et des autres personnages de la pièce. Drame qui surgit alors de la lutte et du cache-cache dans la confrontation verbale. À partir des années 1980 et 1990, Pinter trouve un nouveau souffle littéraire grâce à la contestation politique (militant très actif d’Amnesty International et du mouvement pacifiste antinucléaire CND) se livrant à de virulentes critiques de l'ère Thatcher, de l'invasion de l'Afghanistan, du libéralisme, de la guerre du Golfe, de la dictature de Pinochet et plus tard du blairisme2. La continuité de sa production est de fait remarquable, et ses thèmes politiques peuvent être considérés comme un développement de l’analyse du jeune Pinter sur la menace et la violation. Ainsi avec «Ashes to ashes», une de ses dernières pièces dont il signa lui-même la mise en scène à Paris, le citoyen et écrivain engagé qu’il est avance à visage totalement découvert sur la menace politique. 11 A l'annonce de l'attribution du prix Nobel 2005, Harold Pinter avait fait le commentaire politique suivant d'un pessimisme très "pinteresque": "Je pense que le monde ira à sa perte si nous n'y prenons pas garde. Le monde, tel qu'il est, est un monde très dangereux et je ne crois pas que mon pays fasse beaucoup pour l'améliorer [...] L'Irak n'est qu'un symbole de l'attitude des démocraties occidentales à l'égard du reste de la planète et de la manière dont elles choisissent d'exercer leur propre pouvoir." Pinter jouit aujourd'hui d'une posture de « classique moderne ». Il est souvent rapproché de la génération des «Jeunes gens en colère» comme ses collègues John Osborne, Arnold Wesker et Edward Bond. Son influence est énorme sur toute la nouvelle génération des jeunes auteurs britanniques, ainsi Martin Crimp, dont Luc Bondy a crée «La Campagne», lui avoue-t-il sa dette: « des dialogues aussi secs qu’un échange de balle au cours d’une partie de ping-pong, et puis ce suspense, ce mystère »... Dans toute l’Europe, y compris en France, Harold Pinter est, si l’on veut, l’homme qui a réconcilié un certain boulevard grand style et le théâtre de l’absurde. Pinter a aussi écrit pour le théâtre, la radio, la télévision et le cinéma (The Servant, Le Messager, La Maîtresse du lieutenant français). Il meurt le 24 décembre 2008 à Londres. Ses pièces sont depuis longtemps devenues des monuments incontournables pour les études de théâtre et d'art dramatique. 12 L’équipe artistique Gaëlle LEVALLOIS Metteur en scène / Comédienne Comédienne formée au théâtre en Midi-Pyrénées auprès de René Gouzenne, Laurent Collombert, Anne Sicco et Solange Oswald, elle travaille sur les textes de Dorothy Parker, Patrick Lerch, Jean Genêt, Ionesco, Copy, et Roland Topor. Après avoir joué et créé des spectacles à Toulouse, Gaëlle part au Canada. Elle reste 3 ans à Toronto, devient experte en body language et pratique, non sans mal, l’improvisation en anglais au sein de Second City. De retour en France, elle découvre avec bonheur le clown avec Didier Pons, Sigrid Perdulas, Christophe Tellier et Michel Dallaire. Gaëlle a également participé à une création de théâtre burlesque/ dansé avec la Cie du Petit Matin à Toulouse. Elle a été à l’initiative de la création de la Cie Modula Medulla et a participé aux premières créations de la compagnie ; elle a notamment interprété et co-mis-enscène le monologue « Portrait en pied de Suzanne » d’après Roland Topor. Depuis 2010, elle intervient auprès de publics amateurs, en collaboration avec Le Théâtre du Grand-Rond et le Foyer Rural de St Géniès Bellevue où elle développe un travail d’atelier et de mise en scène de textes de Dominique Richard, Carole Fréchette, Copi, Sylvain Levey, Stéphane Jaubertie, Karin Serres, Lewis Caroll… 13 Jérôme THIBAULT Metteur en scène / Comédien Dans le cadre de ses études d’art dramatique, il travaille avec Stuart Seide, Claire Lasne, Catherine Anne et Mohamed Rouabhi. Après une licence d’ethnologie et un passage rapide dans le travail social, il se forme sous la direction d’Anne Sicco. Comédien, danseur et marionnettiste, il joue dans Fées de Ronan Chéneau mis en scène par David Bobée, Trois petites notes d’après Nancy Huston mis en scène par Céline Garnavault, The brides d’Harry Kondoleon mis en scène par Faizal Zeghoudi, Le cas Blanche-neige d’Howard Barker mis en scène par Frédéric Maragnani, Des couteaux dans les poules de David Harrower mis en scène par Thibault Lebert, L'homme qui tombe, d'après Don Delillo avec le Collectif Crypsum , dans la création théâtre-danse Donc en résumé je continue à rêver avec la Cie des Songes et dernièrement dans la performance Micro-climats proposée par Monique Garcia et le Glob Théâtre pour Novart 2014. Il intervient pour des impromptus lors de festivals ou manifestations d’arts de la paroles (Chahuts, Escale du livre) avec la Cie la boîte à Sel, le Collectif Crypsum ou encore la compagnie Bougrelas avec laquelle il participe aux «décalages immédiats» (évènements commandés par des institutions). Par ailleurs et depuis une dizaine d’années, il est pédagogue /intervenant théâtre auprès de groupes scolaires ou dans des stages dédiés au jeu de l’acteur et a conçu un projet d’intervention aux Pays-Bas dans le cadre des cours de français d’établissements néerlandais pour appréhender une langue étrangère par le biais du théâtre contemporain. En parallèle, il poursuit sa formation grâce à des stages notamment avec Tg Stan, Mladen Materic, Arnaud Pirault du Groupenfonction, l’Atelier des Marches ou le Glob Théâtre ainsi qu’avec de nombreux directeurs de castings. Il joue régulièrement dans des productions pour la télévision et le cinéma et a participé au dernier opus de Claude Miller "Thérèse Desqueyroux" ainsi qu’à la série pour France 2 produite par Europacorp et diffusée en 2014 "Le passager". 14 Mallory CASAS Comédien Il débute le théâtre à Lyon sous la direction de Michel Véricel et Alain Peillon, puis entre au conservatoire de Toulouse pour une double formation en art dramatique et en chant. Il se forme également auprès de René Gouzenne, Didier Carette, JeanPierre Tailhade, avant d’entamer une carrière qui le mènera de la création contemporaine au théâtre d’humour en passant par la comédie musicale. Il travaille avec des metteurs en scène toulousains : JeanClaude Bastos sur « Bufonerias » de Alfonzo Zurro, Harris Burina, Jean-Jacques Mateu sur « Rouge noir et ignorant » et « L’école de village » de Edward Bond, la Cie Lever du Jour sur « Alpenstock » de Rémi de Vos, la Cie Fées et gestes sur « Deux sur la balançoire » de William Gibson, la Cie des Astronambules sur « L’incroyable destin de Cony le sapin », le Grenier de Toulouse sur « Feu la mère de madame » de G. Feydeau et « Adultères » de Woody Allen, la Cie du petit matin sur « L’homme poubelle » de Mateï Visniec au Théâtre du Pont Neuf et « Le médecin malgré lui » de Molière, la Cie Falstaff Théâtre sur "Mademoiselle Julie" d'August Strindberg. Il a déjà été partenaire d’Esther Candaës sous la direction de Gilles Ramade et de Stéphane Batlle sous la direction de Harris Burina. Son parcours le mène à Paris, où il travaille entre autres avec Jack Garfein, Daniel Kern, Vassili Sazanov, Oleg Nicolaenko, avec puis avec Emilio Production sur « Je m'occupe du café », à L'Essaïon et au Théâtre Trévise, à Paris. Dans le même temps, il fonde la compagnie La Fabrique, au sein de laquelle il effectue un travail de création et d’écriture, notamment avec le solo « Hot Dog » qu’il joue à Paris et reprend, après un travail de réécriture sous le titre « Showbiz’Art », au Théâtre du Pont Neuf, à L'Embellie de Montauban et au Théâtre des Mazades. 15 Hélène Dedryvère Assistante à la mise en scène Comédienne et metteure en scène formée auprès de Anne Sicco, Jean-Pierre Vincent, Solange Oswald, Tg STAN, l'Art Tangent, le Théâtre de Cuisine, Hélène Dedryvère pratique le théâtre en salle et dans des dispositifs qui interrogent la relation de l'acteur au public, où l'intimité se mêle volontiers à la théâtralité. S'inspirant d'univers oniriques, scientifiques, humanistes, elle aime à s'inscrire dans des formes décalées, à plusieurs niveaux de lecture. Elle travaille principalement sur des écritures contemporaines (Joyce Carol Oates, Valère Novarina, Dorothy Parker, Charles Juliet, Joyce Mansour, Jean-Pierre Dopagne, Frédéric Lordon...). Elle investit régulièrement l'espace public en participant activement aux créations de la compagnie de théâtre de rue La Passante ("Rue des Dames", "Cirquelix"), en collaborant avec l'auteure-plasticienne Lullie ("Visite guidée urbotanique") et également avec Le Théâtre de L'Echappée Belle ("L'amour en toutes lettres"). Elle se penche plus particulièrement sur la mise en scène à l'occasion de la création collective "Assez de corde pour se pendre" d’après Dorothy Parker en 2003, puis seule lors de la création de "L’histoire Nocive de Jules César" d’après le conte surréaliste de Joyce Mansour en 2009. Depuis 2011, elle intervient auprès de publics scolaires ou amateurs, en collaboration avec Le Théâtre du Grand-Rond. Elle met alors en scène différents textes de Stéphane Jaubertie, Karin Serres, Roland Fichet, Falk Richter, Mariette Navarro, Sylvain Levey, Joël Pommerat... 16 Un passé commun Gaëlle Levallois, Jérôme Thibault, Hélène Dedryvère (accompagnés de Carlos Nogaledo) adaptent en 2004 plusieurs nouvelles de Dorothy Parker et conçoivent un spectacle sous le titre de « Assez de corde pour se pendre » (Enough Rope) Redoutée pour son humour corrosif, Dorothy Parker incarne l’esprit brillant et anticonformiste des années folles. Les comportements qu’elle décrit échappent aux modes passagères et révèlent ce qu’il y a de pathétique, de dérisoire et d’immuable dans la condition humaine. Ensemble et profondément seuls, ses personnages s’agitent, s’enivrent, se donnent l’impression d’exister et ne font que se conformer, toujours plus, à une sorte de caricature d’eux-mêmes. Cette création originale, imaginée collectivement tant du point de vue littéraire que scénographique rencontre un succès dans la région Midi-Pyrénées (Toulouse et le vaste sud-ouest) mais aussi à Bordeaux et à Poitiers. 70 représentations d’un spectacle peu consensuel, à l’humour et aux situations dramatiquement burlesques. « Le quartet que composent Hélène Dedryvère, Gaëlle Levallois, Jérôme Thibault et Carlos Nogaledo réussit un véritable tour de force en nous entraînant du plus fébrile état d’euphorie au plus criant désespoir. Il rythme leur galerie de personnages mondains […] de manière subtile et originale. Un bel hommage rendu à l’humour grinçant de Dorothy Parker. » Nathalie Delage, « L'univers de Dorothy Parker est ici restitué avec la fougue et l'à propos nécessaire par les quatre comédiens […] Ceux-ci campent des individus d'une comédie humaine grinçante à laquelle ils donnent toute la véracité de leur interprétation […] Dans un décor de cordelettes tendues, se nouent et se dénouent les intrigues d’un jeu de massacre habilement manipulé. Une belle performance d'acteurs pour cette jeune troupe qui multiplie les entrées en sortant le grand jeu. » Jean-Luc Martinez, « Créé à partir de nouvelles extraites de plusieurs recueils, Assez de corde pour se pendre est un spectacle très drôle, subtilement interprété, léger et délicat, comme pour mieux imposer la noirceur du propos, sans forcément jouer des contrastes. Plus décadents que nos bobos contemporains, le quatuor de comédiens a l’élégance de ses paradoxes, valsant entre sublime et pathétique. Ensemble, ils jouent au couple, rêvent de voyager, attendent un coup de fil fébrilement, se battent, se désirent sauvagement et boivent pas mal pour mieux vivre. C’est à hurler de rire et à pleurer de désespoir. » Céline Musseau, Bordeaux « (...)il y a surtout chez les quatre acteurs de cette comédie de bonnes moeurs assez d'énergie, de talent et de connivence pour en tirer toutes les ficelles, jouer blasé ou éperdu mais toujours de blanc vêtu, corps défendants et coeurs perdus. Marionnettistes et pantins, embobineurs débobinés, ces emmêleurs de pelote révèlent en somme assez de cordes pour surprendre. Quant à se pendre... à un cou de passage, peut-être. » Jacques Olivier Badia, 17 Presse Sud Ouest , 10/11/2005, p 23 18