POL 6625 – Généalogie des concepts politiques: Michel Foucault
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POL 6625 – Généalogie des concepts politiques: Michel Foucault
Faculté des arts et des sciences Département de science politique POL 6625 – Généalogie des concepts politiques: Michel Foucault Automne 2016 – Lundi 13h-16h Local C-4019 Professeur : Bureau : Disponibilité : Courriel : Augustin SIMARD C-4032 sur rendez-vous, le mardi de 14h à 16h [email protected] Non pas passer les universaux à la râpe de l'histoire, mais faire passer l'histoire au fil d'une pensée qui refuse les universaux. - Michel Foucault, 1979. C'est toujours au confluent de rencontres, de hasards, au fil d'une histoire fragile, précaire, que se sont formées les choses qui nous donnent l'impression d'être les plus évidentes. - Michel Foucault, 1983. Un peu plus de trente ans après sa mort, Michel Foucault occupe plus que jamais une place centrale dans l’univers de la théorie sociale au sens large. Selon le palmarès du Times Higher Education, il serait aujourd’hui l’auteur le plus cité dans le champ des sciences humaines, devançant de nombreux classiques comme Weber, Freud et Marx. Cette position dominante peut surprendre lorsqu’on sait le peu d’intérêt que Foucault portait aux grandes controverses académiques, son absence de prétention à « faire école » et la période assez courte sur laquelle s’est développée son œuvre — un peu moins de trente ans. Il est vrai que par les hypothèses provocantes qu’elle lance touchant la folie, la sexualité, la pénalité ou la gouvernementalité, elle a immédiatement interpellé les sociologues, les historiens et les juristes, qui l'ont abondamment questionnée et commentée. Si la théorie littéraire et l’épistémologie se sont intéressées assez tôt à la démarche « archéologique », héritée du structuralisme, les philosophes ont souvent attendu le dernier volume de l’Histoire de la sexualité et les entretiens américains (avec Rabinow et Dreyfus) pour approcher Foucault dans la perspective d’un soidisant « tournant éthique ». L’intérêt des politologues s’est, quant à lui, manifesté plus tard encore, au moment de la publication en 2004 des cours que Foucault a donné au Collège de France, notamment Sécurité, territoire, population (1977-1978) et Naissance de la biopolitique (1978-1979). Ce séminaire sera l’occasion pour les étudiants de science politique de s’initier à l’œuvre protéiforme, érudite et souvent déroutante de Michel Foucault. La démarche se veut délibérément candide et initiatrice, consistant en une lecture et une discussion de quelques textes marquants du philosophe-historien. Sans ambition d’exhaustivité, nous tâcherons, dans un premier temps, de dégager les deux moments d’élaboration théorique de l’œuvre de Foucault (pour faire court: le moment archéologique et le moment généalogique), de repérer les tensions qu’ils entretiennent et de mesurer leur complémentarité. Nous nous tournerons ensuite vers l’apport de Foucault à la théorie politique, insistant sur 1) la conception d’un pouvoir « producteur », qui s’élabore dans le sillage du premier volume de l’Histoire de la sexualité; 2) 2 l’apparition de la notion de « gouvernementalité » et la façon dont a elle orienté la pensée tardive de Foucault; 3) l’analyse de la spécificité du (néo)libéralisme comme régime de vérité, mode de gouvernement et dispositif de subjectivation, que Foucault propose à la fin des années 1970. Pédagogie Après les deux premières rencontres, pour lesquelles je préparerai des exposés magistraux, chacune des séances subséquentes se déroulera en trois temps : [1] d’abord, un(e) étudiant(e) présentera le texte au programme; [2] ensuite, je ferai quelques remarques complémentaires; [3] enfin, nous entamerons une discussion critique à laquelle il est attendu que tous prennent part activement. Plan des séances 1. L’archéologie des discours et les stratégies de pensée - L’archéologie du savoir (1969) - « Qu’est-ce qu’un auteur? » (1969-197) 2. Les « politiques de la vérité » et la démarche généalogique - « La vérité et les formes juridiques » (1974) - « Qu’est-ce que la critique ? » (1978) - Les mots et les choses (1966) 3. Pouvoir, assujettissement et subjectivation - Histoire de sexualité 1. La volonté de savoir (1976) - Histoire de sexualité 2. L’usage des plaisirs (1984) 4. Le libéralisme et la question de la gouvernementalité - Sécurité, territoire, population (1977-1978) - Naissance de la biopolitique (1978-1979) Évaluations - La préparation et l’animation de deux séances (2 x 15 % = 30 % de la note finale). À deux reprises au cours de la session, chaque étudiant(e) préparera un bref exposé introduisant le texte au programme de la séance. Cet exposé devra donner son impulsion à la discussion : il doit donc être bien construit et déboucher sur des questions ou des critiques bien formulées. Il ne doit pas se contenter de résumer le texte, car il est tenu pour acquis que tous ont lu avec attention. 3 - La participation au séminaire et la lecture des textes (20 %). Afin que cette composante puisse être évaluée, chaque étudiant(e) m’indiquera par courriel au moins trois heures avant le séminaire deux points qu’il (ou elle) compte soulever au fil de la discussion. Il pourra s’agir de questions (elles doivent alors être bien mises en contexte) ou de remarques critiques. - Une dissertation de 12 à 15 pages (50 %) qui prendra pour point de départ un commentaire critique portant sur l’œuvre de Foucault. Les étudiants seront invités à choisir parmi les textes de Habermas, de Deleuze ou de Veyne. Il s’agira, dans un premier temps, de reprendre les grandes lignes de force du commentaire, puis de confronter celui-ci à l’œuvre de Foucault afin d’en évaluer la force, la pertinence et les limites. Un plan schématique de la dissertation me sera remis à la fin octobre. Le travail final, quant à lui, est à remettre le 12 décembre. Éléments de bibliographie Ouvrages de Michel Foucault - Maladie mentale et psychologie, Paris, PUF, 1954. Raison et déraison. Histoire de la folie à l’âge classique, Paris, Plon, 1961. Raymond Roussel, Paris, Gallimard, 1963. Naissance de la clinique. Une archéologie du regard médical, Paris, PUF, 1963. Les mots et les choses. Une archéologie des sciences humains, Paris, Gallimard, 1966. L’archéologie du savoir, Paris, Gallimard, 1969. L’ordre du discours. Leçon inaugurale au Collège de France, Paris, Gallimard, 1971. Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, Gallimard, 1975. Histoire de la sexualité 1. La volonté de savoir, Paris, Gallimard, 1976. Histoire de la sexualité 2. L’usage des plaisirs, Paris, Gallimard, 1982. Histoire de la sexualité 3. Le souci de soi, Paris, Gallimard, 1984. - Dits et écrits. 1954-1988 [1994, 4 vol.], éd. D. Defert et F. Ewald, 2 vol. Paris, Gallimard (Quarto), 2001. - Cours au Collège de France, dir. F. Ewald et A. Fontana, Paris, Gallimard/Seuil/Hautes Études, de 1997 à 2015. Leçons sur la volonté de savoir (1971-1972) Théories et institutions pénales (1971-1972) La société punitive (1972-1973) Le pouvoir psychiatrique (1972-1974) Les Anormaux (1974-1975) « Il faut défendre la société » (1975-1976) Sécurité, territoire, population (1978-1977) Naissance de la biopolitique (1979-1980) Du gouvernement des vivants (1979-1980) Subjectivité et vérité (1980-1981) L’herméneutique du sujet (1981-1982) Le gouvernement de soi et des autres I (1982-1983) Le gouvernement de soi et des autres II (1983-1984) - L’origine de l’herméneutique de soi (1980), Paris, Vrin, 2013. - Qu’est-ce que la critique? (1978), Paris, Vrin, 2013. - Philosophie. Une anthologie, éd. A. Davidson et F. Gros, Paris, PUF, 2004. 4 Littérature secondaire Artières, Phillipe (dir), Michel Foucault, Paris, L’Herne, 2011. Audier, Serge, Penser le « néolibéralisme ». Le moment néolibéral, Foucault et la crise du socialisme, Lormont, Le bord de l’eau, 2015. Barry, Andrew, et alii (dir.), Foucault and Political Reason, University of Chicago Press, 1996. Bert, Jean-François, et Jerôme Lamy (dir.), Michel Foucault. Un héritage critique, Paris, CNRS, 2014. Bordeleau, Érik, Foucault anonymat, Montréal, Le Quartanier, 2012. Burchell, Graham et alii (dir), The Foucault Effect. Studies in Governmentality, University of Chicago Press, 1991. Dardot, Pierre et Christian Laval, La nouvelle raison du monde. Essai sur la société néolibérale, Paris, La Découverte, 2006. Dean, Mitchell, Governementality. Power and Rule in Modern Society, 2e éd, Londres, Sage, 2010. Deleuze, Gilles, Foucault, Paris, Minuit, 1986. Detel, Wolfgang, Foucault and Classical Antiquity, trad. D. Wigg-Wolf, Cambridge University Press, 2005. Dreyfus, Hubert et Paul Rabinow, Michel Foucault. Un parcours philosophique, trad. F. Durant-Bogaert, Paris, Gallimard, 1984. Éribon, Didier, Michel Foucault, 3e éd., Paris, Flammarion, 2011. Fonseca, Marcio Alves, Michel Foucault et le droit, Paris, trad. T. Thomas, L’Harmattan, 2013. Gros, Frédéric, Michel Foucault, Paris, PUF (« Que sais-je? »), 1996. Gros, Frédéric (dir.), Michel Foucault. Le courage de la vérité, Paris, PUF, 2012. Gutting, Garry (dir.), The Cambridge Companion to Foucault, Cambridge University Press, 2005. Habermas, Jürgen, Le discours philosophique de la modernité, trad. R. Rochlitz, Paris, Gallimard, 1988. Hoy, David C. (dir.), Foucault. A Critical Reader, Oxforf, Blackwell, 1986. Kelly, Mark G. E., The Political Philosophy of Michel Foucault, New York, Routledge, 2009. LaCapra, Dominick, History and Reading, University of Toronto Press, 2000. Lagasnerie, Geoffroy de, La dernière leçon de Michel Foucault, Paris, Fayard, 2012. Lemm, Vanessa et Miguel Vatter (dir.), The Government of Life. Foucault, Biopolitics, and Neoliberalism, New York, Fordham University Press, 2014. Merquior, José G., Foucault, Berkeley, University of California Press, 1985. Miller, James, The Passion of Michel Foucault, New York, Simon and Schuster, 1993. Oulc’hen, Hervé (dir.), Usages de Foucault, PUF, 2014. Terrel, Jean, Politiques de Michel Foucault, Paris, PUF, 2010. Veyne, Paul, Foucault. Sa pensée, sa personne, Paris, Albin Michel, 2008. Veyne, Paul, Comment on écrit l’histoire, Paris, Seuil, 1971. Rappel du règlement pédagogique Veuillez prendre note que le trimestre se termine le 22 décembre 2016 (incluant la période des examens). Aucune demande d’examen différé ne sera acceptée sans motif valable. Nous entendons par motif valable, un motif indépendant de la volonté de l’étudiant, tel que la force majeure, le cas fortuit ou une maladie attestée par un certificat de médecin. (Règlement pédagogique 8.5). En cas d’absence à un examen ou de retard dans la remise d’un travail, l’étudiant doit remplir le formulaire approprié et le remettre à la technicienne à la gestion des dossiers étudiants (TGDE) responsable de son dossier dans les 5 jours ouvrables suivant l’absence à un examen ou dans les 15 jours ouvrables suivant la date de remise d’un travail. Les formulaires sont disponibles sur le site web du SAFIRE ou auprès de la TGDE ou en cliquant sur les liens suivants : Demande de délai pour la remise d’un travail, Avis d’absence à un examen. 5 La pénalité imposée pour les retards dans la remise des travaux est de 10 point de pourcentage par jour. Cette pénalité est calculée en déduisant 10 points de pourcentage à la note obtenue pour le travail en question. À noter, il s’agit de la politique « par défaut » du Département; les enseignants sont libres d’imposer une pénalité plus élevée s’ils le désirent. L’étudiant qui remet son travail après 12h00 (midi) est réputé avoir remis ce travail le matin du jour ouvrable qui suit, à l’ouverture des bureaux, et les jours non ouvrables sont comptés comme des jours de retard. La boite de dépôt des travaux à l’entrée du département est dépouillée à 12h00 (midi) précises tous les jours ouvrables. La prévention du plagiat Le Département porte une attention toute particulière à la lutte contre le plagiat, le copiage ou la fraude lors des examens. Le plagiat consiste à utiliser de façon totale ou partielle, littérale ou déguisée le texte d’autrui en le faisant passer pour sien ou sans indication de référence à l’occasion d’un travail, d’un examen ou d’une activité faisant l’objet d’une évaluation. Cette fraude est lourdement sanctionnée. Tous les étudiants sont invités à consulter le site web http://www.integrite.umontreal.ca/ et à prendre connaissance du Règlement disciplinaire sur le plagiat ou la fraude concernant les étudiants. Plagier peut entrainer un échec, la suspension ou le renvoi de l’Université. Bibliothécaire N’hésitez pas à profiter des services de Mathieu Thomas, bibliothécaire disciplinaire spécialisé en science politique. Vous pouvez le rejoindre à son bureau (local 3095 de la Bibliothèque des lettres et sciences humaines, Pavillon Samuel-Bronfman) ou lui envoyer un courriel ([email protected]). Vous êtes invités aussi à visiter sa page internet, Ressources en Science politique (http://www.bib.umontreal.ca/SS/pol/).