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PHI-8091 - 30 Philosophie des sciences humaines et des sciences sociales Session: Hiver 2007 Local: W-5305 Mercredi 18h00 -21h00 Professeur: Dario Perinetti Bureau: W-5450 Téléphone: 987-3000 poste 3018 Courriel : [email protected] DE L’INCERTITUDE Je suis assis au jardin avec un philosophe; il va me répétant : « Je sais que ceci est un arbre » en montrant un arbre près de nous. Une tierce personne arrive là-dessus, l’entend et je lui dis : « Cet homme n’est pas fou : nous ne faisons que philosopher. » Wittgentstein, De la certitude, §467 I PROBLÉMATIQUE La notion de certitude semble être inextricablement liée à notre compréhension de ce qu’est le savoir. On a tendance à la penser comme une condition nécessaire (et parfois même suffisante) pour savoir. Or cette relation entre certitude et savoir est loin d’être aussi transparente qu’on ne peut le penser d’emblée. D’une part, il faut distinguer entre une notion psychologique et une notion épistémique de certitude. La notion psychologique de certitude réfère à un état mental caractérisé par l’absence de doute. La notion épistémique de certitude, considère celle-ci comme une propriété objective des propositions. La notion psychologique ne saurait être une condition suffisante du savoir, car je peux être absolument convaincu d’une proposition objectivement fausse. Certains philosophes soutiennent qu’il n’y a même aucun lien logique entre la certitude épistémique et la certitude psychologique, de sorte que la certitude psychologique ne serait pas même une condition nécessaire du savoir. Mais alors, se pourrait-il que je sache quelque chose sans en être psychologiquement convaincu? D’autre part, comme la longue histoire (et le succès) des arguments sceptiques le montre, il semble également qu’il ne soit pas très facile de trouver des exemples de certitude absolue. S’il fallait donc tenir à une identification entre certitude et savoir, bien peu de choses pourraient être sues. La question de la certitude est également liée à une compréhension de l’action humaine, car nous agissons sur la base de nos certitudes et de nos croyances. Aussi bien sur le plan de la relation entre certitude et savoir que sur celui de la relation entre certitude et action, l’exigence d’une certitude absolue s’avère hautement problématique. Car, d’une part, les sceptiques nous montrent qu’il est bien difficile de spécifier en quoi consiste cette certitude et en quoi elle est accessible à un sujet humain. Il faut bien se rendre à l’évidence et admettre que la plupart de nos connaissances ne sont pas garanties par une certitude absolue. D’autre part, si l’on considère le lien entre savoir et action, on peut bien voir qu’un sujet dont toutes les croyances seraient certaines serait un sujet qui ne saurait délibérer ou réfléchir quant au cours à donner à ses actions. Peut-on encore dire d’un tel sujet qu’il est rationnel? En vertu de quoi? Il semble qu’aussi bien du côté de la théorie de la connaissance que du côté de la théorie de l’action, ce soit bien une relation à l’incertitude qui nous permet de clarifier notre compréhension de ce qu’est la rationalité. Dans ce séminaire, nous allons examiner ce lien entre incertitude et rationalité en parcourant de manière historique certains jalons importants de la réflexion philosophique sur ce problème. Dans ce parcours, nous allons, entre autres, nous intéresser aux questions suivantes : 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. La certitude est-elle une propriété de certaines propositions ou est-elle plutôt à comprendre comme un état psychologique? Y-a-t-il un lien entre les notions épistémique et psychologique de certitude? Dans quelles conditions la relation entre preuve et croyance est-elle suffisante pour produire de la certitude? Dans quelles conditions ne produit-elle que de la probabilité? Y-a-t-il des types différents de certitude? Peut-on mesurer des degrés de certitude? Est-il nécessaire d’avoir la certitude de p pour savoir que p? Un agent omniscient (absolument certain) est-il un agent rationnel? Au cas où il ne le serait pas, quelle est la relation entre incertitude et rationalité? II. CALENDRIER 10 janvier 17 janvier 24 janvier Sujet du cours Présentation Preuves et conviction : La rhétorique d’Aristote Le scepticisme, les signes et le critère de la vérité 1 Lectures obligatoires Lecture complémentaires Aristote, Rhétorique 14;6-7;15 Allen, Inference from Signs, chapitre 1. Sextus, EP, Livre 1 : 1,2,4,6, 7,8, 10,11,12, 13,14, 15,16,17,18, 19,20,22,23,24 Sextus, EP, livre 2 : 3,4,5,6,7, 10,11; livre 3 :32. Michael Frede, « The Sceptic’s Beliefs » Gisela Striker, « The problem of the criterion » Popkin. The History of Scepticism, chapitres 1,3 et 7. Hacking, Daston 31 janvier Le scepticisme, les signes et le critère de la vérité 2 7 février La renaissance du scepticisme dans la période moderne 9 février Activité optionnelle 14 février Le doute et le cogito Mersenne, La vérité des sciences contre les sceptiques, chapitres 2 et 11. Colloque « Philosophie et scepticisme" à l’Université de Sherbrooke Descartes, Méditations 1 et 2 21 février Probabilité et incertitude Le pari de Pascal La Logique de Port-royal, Livre 4, chapitres 10-15 Pascal, « Infini-rien » David Hume : probabilité et croyance David Hume : le scepticisme La certitude morale EEH 4-6 28 février 7 mars 14 mars 21 mars 28 mars 4 avril Les arguments transcendantaux Wittgenstein 11 avril 18 avril Wittgenstein Conclusion Allen, Inference from Signs, chapitre 1, chapitre 2 Hintikka, « inférence ou performance ». Hacking, L’émergence de la probabilité. EEH 12 David Norton : Article« Certitude » dans l’Encylopédie Barry Stroud Fogelin De la certitude Strawson, Skepticism and Naturalism: Some Varieties De la certitude III ÉVALUATION • • • Deux exposés oraux valant chacun pour 20% de la note finale ....40% Dissertation finale .... 45% Participation...15% IV ÉLÉMENTS DE BIBLIOGRAPHIE ARISTOTE. Rhétorique. Texte établi et traduit pas Médéric Dufour et André Wartelle. Paris: Gallimard, 1991. ALLEN, James. Inference from Signs : Ancient Debates About the Nature of Evidence. Oxford ; New York: Clarendon Press ;Oxford University Press, 2001. ARNAULD Antoine et NICOLE PIERRE, La Logique ou l’art de penser. Éd. Clair et Girbal, P.U.F., Paris, 1965. BARNES, Jonathan. The toils of scepticism. Cambridge, Angleterre: Cambridge University Press, 1990. BORGHERO.Carlo. La Certezza e la storia: cartesianesimo, pirronismo e conoscenza storica. Milano: Franco Angeli, 1983. BRAHAMI, Frédéric. Le travail du scepticisme: Montaigne, Bayle, Hume. 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