LA VIOLENCE COMME GESTE DE RÉSISTANCE

Transcription

LA VIOLENCE COMME GESTE DE RÉSISTANCE
T
RA
T
Si
Transit:
Nom masculin /tʁɑ̃.zit/, du latin transitus (« passage »).
«Ce terme exprime de manière plus adéquate les déplacements irréguliers que le féminisme expérimente en se mesurant
avec les positions recombinées des femmes dans le monde globalisé».
Christina Vega
(3)
QU’ATTENDONS NOUS ?
(4)
Waiting, A Poem by Faith Wilding
Waiting . . . waiting . . . waiting ...
Waiting for someone to come in
Waiting for someone to hold me
Waiting for someone to feed me
Waiting for someone to change my diaper Waiting...
Waiting to scrawl, to walk, waiting to talk
Waiting to be cuddled
Waiting for someone to take me outside
Waiting for someone to play with me
Waiting for someone to take me outside
Waiting for someone to read to me, dress me, tie my
shoes
Waiting for Mommy to brush my hair
Waiting for her to curl my hair
Waiting to wear my frilly dress
Waiting to be a pretty girl
Waiting to grow up Waiting . . .
Waiting for my breasts to develop
Waiting to wear a bra
Waiting to menstruate
Waiting to read forbidden books
Waiting to stop being clumsy
Waiting to have a good figure
Waiting for my first date
Waiting to have a boyfriend
Waiting to go to a party, to be asked to dance, to
dance close
Waiting to be beautiful
Waiting for the secret
Waiting for life to begin Waiting . . .
Waiting to be somebody
Waiting to wear makeup
Waiting for my pimples to go away
Waiting to wear lipstick, to wear high heels and
stockings
Waiting to get dressed up, to shave my legs
Waiting to be pretty Waiting . . .
Waiting for him to notice me, to call me
Waiting for him to ask me out
Waiting for him to pay attention to me
Waiting for him to fall in love with me
Waiting for him to kiss me, touch me, touch mybreasts
Waiting for him to pass my house
Waiting for him to tell me I’m beautiful
Waiting for him to ask me to go steady
Waiting to neck, to make out, waiting to go all the
way
Waiting to smoke, to drink, to stay out late
Waiting to be a woman Waiting . . .
Waiting for my great love
Waiting for the perfect man
Waiting for Mr. Right Waiting . . .
Waiting to get married
Waiting for my wedding day
Waiting for my wedding night
Waiting for sex
Waiting for him to make the first move
Waiting for him to excite me
Waiting for him to give me pleasure
Waiting for him to give me an orgasm Waiting . . .
Waiting for him to come home, to fill my time.
Waiting . . .
Waiting for my baby to come
Waiting for my belly to swell
Waiting for my breasts to fill with milk
Waiting to feel my baby move
Waiting for my legs to stop swelling
Waiting for the first contractions
Waiting for the contractions to end
Waiting for the head to emerge
Waiting for the first scream, the afterbirth
Waiting to hold my baby
Waiting for my baby to suck my milk
Waiting for my baby to stop crying
Waiting for my baby to sleep through the night
Waiting for my breasts to dry up
Waiting to get my figure back, for the stretch marks
to go away
Waiting for some time to myself
Waiting to be beautiful again
Waiting for my child to go to school
Waiting for life to begin again Waiting . . .
Waiting for my children to come home from school
Waiting for them to grow up, to leave home
Waiting to be myself
Waiting for excitement
Waiting for him to tell me something interesting, to
ask me how I feel
Waiting for him to stop being crabby, reach for my
hand, kiss me good morning
Waiting for fulfillment
Waiting for the children to marry
Waiting for something to happen Waiting . . .
Waiting to lose weight
Waiting for the first gray hair
Waiting for menopause
Waiting to grow wise
Waiting . . .
Waiting for my body to break down, to get ugly
Waiting for my flesh to sag
Waiting for my breasts to shrivel up
Waiting for a visit from my children, for letters
Waiting for my friends to die
Waiting for my husband to die Waiting . . .
Waiting to get sick
Waiting for things to get better
Waiting for winter to end
Waiting for the mirror to tell me that I’m old
Waiting for a good bowel movement
Waiting for the pain to go away
Waiting for the struggle to end
Waiting for release
Waiting for morning
Waiting for the end of the day
Waiting for sleep Waiting . . .
D’après la définition par Critstina Vega,
le terme «Transit» est ici utlisé pour ne
pas parler de régression. J’ajouterais
néanmoins, que le transit ne se passe
pas que dans le mouvement féministe,
mais cette période d’attente englobe
aussi les mouvements queers et autres
minorités que nous allons aborder un
peu plus loin.
L’attente
Le titre au dessus «Qu’attendons
nous?» s’ouvre à plusieurs problématiques. Le verbe Attendre supose
que nous sommes dans l’attente de
quelque chose.
Par ailleurs, S. Fraisse et F. Orsini dé
montrent qu’il existe trois formes d’attente. L’attente tout court, la précipitation et la préservation dans le temps.
Nous allons nous intéresser à la préservation dans le temps. «Le temps pendant lequel doit se prolonger une ac
tion est trop long par rapport au temps
pendant lequel nous nous intéressons
à l’action elle-même.»
Cette conduite s’apparente à l’attente,
mais elle en est la forme inverse.
Au lieu d’être dans l’attente d’un commencement de l’action , elle est l’attente
de la fin d’action présente.
Les mouvements féministes existent depuis la fin du dix-neuvième siècle. Mais
voilà qu’aujourd’hui les choses
n’avancent pas. Nous attendons que
tout cela commence ou plutôt que tout
se termine.
Nous sommes dans l’attente que
quelque chose se passe.
Cette attente crée une certaine acception résignée qui se mue en frustation
voire en colère selon la durée.
Cependant, en tant qu’artiste,
REFUSE
Je
de porter l’étiquette
«Féministe» «Artiste Femme» «Artiste
queer». Je suis simplement artiste.
J’exprime ce que je ressens par rapport
à mon vécu, à ma condition. Je m’inspire
des faits quotidiens.
Faith Wilding,
Waiting, Performance, Womanhouse, 1972
Qu’attendons nous?
Je transforme ces ressentis en des
oeuvres plastiques.
Nous attendons l’égalité salariale.
Nous attendons la visibilité des
«femmes» artistes dans l’histoire de
l’art et dans l’art contemporain.
Nous attendons la parité dans la politique.
Mon travail et ma pratique artistique ne
se réduisent pas aux questions féministes, queers, minoritaires.
Mes oeuvres plastiques peuvent apporter plusieurs interprétations possibles.
(5)
«Un geste à l’oeuvre donne forme à une oeuvre, il fait
l’oeuvre, il est dans l’oeuvre, il est l’oeuvre. Un geste se reconnait à l’oeuvre qu’il engendre. Or le problème est qu’ainsi se
perd l’essence éphémère et évanescente du geste lui même».
Barbara Formis
LA VIOLENCE COMME GESTE DE RÉSISTANCE
Mon geste est imprégné de violence. Ceci est
une manière d’exister. Comme le souligne
B.Formis, ma violence à travers mes gestes
artistiques donne forme à une oeuvre. Elle fait
l’oeuvre. Néanmoins, l’inverse n’est pas vrai.
Mon oeuvre n’est pas violence ou n’aborde
pas le thème de la violence. Dans notre société
comme la nôtre, c’est à dire la société occidentale sous le joug du capitalisme libéralisme,
l’actualité du monde est constituée des rapports de force entre plusieurs individus.
Ces rapports de force se trouvent banalisés.
Ma violence surgit de nulle part. Elle est donc
instinctive en réponse aux relations de pouvoir
qui me sont invisibles et innommables.
Devoir expliquer ces formes de violences qui
nous sont invisibles est difficile. Pour en démontrer, il faut évoluer. Ce qui demande du
temps.
Et cette attente parfois insupportable, génère
l’agressivité. Montrer les choses en face, pour
dénoncer la violence de la société est une voie
de recours...
Cette agressivité est là parce qu’il n’y a pas
d’autres moyens d’exister. Cette volonté de
chercher le scandale pour montrer une autre
réalité. Mon art n’est nullement inoffensif. Il
est volontairement dérangeant.
Plusieurs artistes dans l’histoire de l’art ont
recours à la violence pour se faire entendre,
pour exister, pour en démontrer le choc.
goule, c’est vouloir se désidentifier. C’est aussi
refuser de montrer son visage. Porter une cagoule est en soi un acte violent surtout dans
notre société qui nous oblige à nous montrer
notre visage identifiable.
Ses actions engagées dans la physique d’une
confrontation le portent au rang de héros.
Paradoxalement dans mon travail, le héros
n’existe pas. Mes actions, au contraire, dissipent les gestes de violence en quelque chose
de décalé, d’ironique.
Chris Burden utilise son corps comme un «paratonnerre» de la violence de l’autre.
L’oeuvre existe exclusivement dans la performance, occasion pour lui de vivre une vérité en
propre.
Les performances de Chris Burden sont des
mises en relation entre lui et le public. Elles
provoquent chez le public une sensation de
malaise. Ce malaise fait aussi écho dans mon
travail.
En effet, dans son travail, l’autre, qui regarde
ses performances devient un voyeur. Mon travail implique une certaine forme de voyeurisme par ma démarche artistique. Je subtilise
des photos cachées dans les espaces publics.
Je cache mon visage et je regarde les autres
visages sans montrer mon identitée.. J’observe
les gens sans être vue. Ce rapport de pouvoir
est intéressant à exploiter.
Chris Burden
Cet artiste américain met en scène son propre
corps face aux oppressions sociales et politiques. Il refuse la passivité de la violence qui
est admise culturellement et subie au quotiden.
Mélanie Joseph
Le syndrôme des
couilles en cristal #1, Sérigraphie, 2014..
(6)
Sa performance anonyme You’ll Never See My
Face in Kansas City est basé sur un concept
de jeu dans lequel Burden se cache recouvert
d’une cagoule dans la ville de Kansas pendant
trois jours sans avoir laisser une quelconque
indication à personne. Durant cette période, il
a été impossible de le localiser. Porter une ca-
Chris Burden,
You’ll Never See
My Face in Kansas City, Photogramme, Morgan
Gallery, 1971.
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Alicia Framis
se limite pas contre ces fascistes mais implique aussi tout un réseau de relations de
pouvoir dont le corps féminin fait l’objet.
Suite à son expérience personnelle à Berlin (
Il est dangereux pour les femmes de couleurs
de se promener dans les rues en raison des
groupes de fascistes et de leurs chiens), Framis
a eu l’idée d’habiller des acteurs des robes cousus avec un matière résistante à l’agression des
chiens. Ces vêtements ont été réalisés à partir
des modèles crées par de prestigieux couturiers.
Ces habits lourds et inconfortables, posent
la question sur la notion de protection
nécessaire du corps féminin, sur la valeur politique et l’inutilité de la beauté.
En effet, ce matériau choisi pour résister aux
morsures canines, aux hommes fascistes, se retourne contre celui qui le porte. Matériellement
ce tissu est lourd. Et symboliquement, cette
robe insinue le fait de l’obligation d’être belle et
de porter l’étendard de l’industrie de la mode.
Mais cette démarche d’apparence naïve
porte un double sens. Le pouvoir que s’oppose cette performance « Anti-dog » ne
Marina Abramovic, Balkan
Baroque, Performanc, installation de 1500
os, Biennale de
Venise, 1998.
Alicia Framis,
Anti-Dog,
Installation Tissu jaune super
résistant, 2002
Marina Abramovic
Balkan Baroque est une performance solo de
Marina Abramovic qui eut lieu à la Biennale de
Venise de 97 et qui dura 4 jours et 6 heures. Les
matériaux utilisés par Marina Abramovic pour
cette performance furent les suivants : 1500
os, un seau en cuivre, une bassine en cuivre, de
l’eau et une vidéo à canaux sur lesquels figuraient ses parents ainsi qu’elle-même.
«Résister, c’est alors inventer des gestes qui, tout à la fois, défont et
surtout rélèvent des relations de pouvoir autrement visible».
Jean-Ernest Joos
Andra Ursuta
Cette installation comprend un lanceur de
balle (utilisé pour le base ball), un mur de carrelage en céramique de couleur chair et des
éléments humains (cheveux). La machine lance
des simulacres de pierres contre le mur.
L’oeuvre Stoner traite de la violence faites aux
femmes, notamment par le biais de la lapidation. Avec humour, l’artiste rapelle une tradition archaïque qui consistait à emmurer vivant
ldes êtres humains afin de conjurer le mauvais
sort dans les nouvelles constructions.
S’inspirant de ses propres peurs et de sa propre
histoire, A. Ursuta crée ainsi ses oeuvres. Ce
moyen d’inspiration fait parallèle à ma pratique artistique.
Néanmoins, elle refuse tout rapport frontal
de la violence. Parce qu’elle est déjà présente
dans notre actualité internationale. Ce qui diffère de mon travail. Ainsi la violence doit être
démontrer. Non pas pour la banaliser mais afin
de dépouiller les éléments d’une confrontation
et d’en montrer le choc.
Andra Urusta,
Stoner
Installation
Palais de Tokyo,
2013
(8)
Mais à cette brutalité n’est pas opposée à la
subtilité ni à la beauté.
Son geste répétif « frotter » connote une certaine violence.
Niki De Saint
Phalle, Shouting
Picture, poche
de peinture,
plâtre, 1961.
Elle se fait violence sur son corps par l’épuisement, l’odeur de putréfication.
Cette répétition du geste accentue le drame.
Dans une de mes vidéos, Pépé, le son du fusil
est aussi répété. Parce que faire un geste une
seule fois ne suffit pas. Ressaser pour en trouver le sens.
Marquer les esprits par la redondance du geste
est un point essentiel dans le travail d’Abramovic autant que dans le mien. Par cette répétition, nous nous libèrons nous-même du geste
traumatique.
Niki De Saint Phalle
« I was shooting as myself, society with its
injustices, I was shooting at my own violence,
and the violences of the time. »
En tirant, son intention était de venger les
blessures qu’elle avait subies, elle pensait à
son père, son frère, tous les hommes, la société, l’école, la famille et même à elle. Son geste
est clair, les éléments masculins qui se battent
l’un contre l’autre mettent en danger la survie
de l’homme. Elle ne fut pas la seule à tirer, elle
invitait aussi des artistes.
Tirer avec un fusil est un geste agressif. Néanmoins le tableau lui-même ne devient pas une
victime. Par les tirs, les poches de couleurs incrustées dans le tableau éclatent et libèrent le
liquide.
Cette férocité et cette énergie dépassent la
barrière des caractéritisques du genre. L’artiste n’apporte pas ici une touche «féminine».
Tirer est un geste masculin puisqu’il fait référence à la force. Et par cet acte, elle a vaincu sa
condition.
(9)
Il
« Le corps implique mortalité, vulnérabilité et puissance d’agir […]
Alors que nous luttons pour obtenir des droits sur nos propres corps,
ces corps pour lesquels nous luttons ne sont presque jamais exclusivement les nôtres. Le corps a toujours une dimension publique. »
Judith Butler
Michel Journiac
«Je n’avais pas la prétention en m’habillant
en femme pendant 24 heures de mettre à nu
toute la complexité de la condition féminine.
Je voulais plutôt illustrer un certain nombre de
situations, les expérimenter avec mon propre
corps, amener le public à se poser des ques-
tions, montrer aux femmes combien elles sont
piégées et aux hommes, ce qu’ils peuvent faire
d’une femme.»
Il ne se travestit pas en femme. Il est femme.
Travestir sous entend parodier un genre. Dans
le cas de l’artiste, ce n’est pas le cas.Il ne joue
pas. Il vit pleinement en tant que femme.
JEUX DE GENRE
Wiki Zone
La multitude queer se repose sur une multiplicité des corps qui s’élèvent contre les régimes
qui les construisent selon cette binarité réductrice: normaux ou anormaux.
La pensée queer retourne ou résiste aux formes
de subjectivations sexopolitiques. Les corps
de la multitude queer sont des réappropriations et des détournements des discours de la
médecine anatomique ou de la pornographie
entre autre, qui ont construit le corps straight
en oppositon du corps déviant.
Queer est un mot anglais signifiant « étrange
», « peu commun », souvent utilisé comme
insulte envers des individus gays, lesbiennes,
transsexuels… Par ironie et provocation, il fut
récupéré et revendiqué par des militants et
intellectuels gays, lesbiennes, transsexuels,
bisexuels, adeptes du BDSM, fétichistes, travestis, transgenres ou toute personne refusant la catégorisation du genre, de ses sentiments amoureux et/ou de sa sexualité. Ce
terme est apparu à partir des années 1980,
selon le même phénomène d’appropriation du
stigmate que lors de la création du mot négritude.
Michel Journiac,
24h dans la peau
d’une femme,
Performance,
1974.
Xavier Dolan,
Laurence
Anyways, Photoramme, 2012.
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14
15
Robert Gober
Elin Magnusson,
Skin,
Photogrammes,
2009.
Robert Gober,
Untitled, Installation , 1989.
L’exposition de Robert Gober dans la galerie
de Paula Cooper en 1989 abordaient les questions du sexisme, du racisme, et les thèmes
érotiques de l’hétéro et de l’homosexualité,
divisant le territoire entre le masculin et le
féminin. Le plus intéressant dans cette exposition, est la robe de mariée qui occupe le beau
milieu de la pièce, emblématique de la perte
d’identité de la femme (corps absent), de son
enfermement et de son asservissement de sa
condition d’épouse. Mais d’autres parts, cette
robe de mariée sacralise par ses fantasmes.
Elle fascine les filles parce que n’importe qui
peut se travestir en Cendrillon.
Le corps contenant la mariée est inexistant.
Cette démarche est troublante par le fait que
les vêtements nous habillent psychologiquement. Ce n’est pas juste un simple morceau
de tissu mais tout un système de relations de
pouvoir.
Vanessa Beecroft
Elin Magnusson
Skin, est une vidéo pornographique réalisée
par une artiste 'visuelle' suédoise Elin Magnusson. Nous y apercevons deux acteurs.
Ils sont vêtus de collants recouvrant toute
la totalité des corps. Initialement, nous, les
regardeurs, sommes incapable d'identifier
la nature de leur sexe. Le costume Zentaï
étant unisexe, de couleur chair et opaque,
brouille les jeux de pouvoir de la relation
Homme/Femme. Ces corps dont le genre
est indéterminé, sont neutre ou agenre.
Ces relations sexuelles est le lieu où le jeu
de représentation des genres s’opère de
manière confuse. Les fantasmes et les rapports de domination et de soumission s’y
mêlent. C’est donc un lieu où se « performe
le genre ». C’est pourquoi, le film a été
tourné sous un point de vue féminin afin
de permettre un lieu de « subversion de la
puissance normative du genre » selon les
terme de Judith Butler.
« Il me semble qu’il existe, de manière toute aussi fondamentale que
les relations économiques ou les relations discursives, des relations
de pouvoirs qui trament absolument notre existence. Quand on fait
l’amour , on met en jeu des relations de pouvoirs. Faire apparaître les
relations de pouvoir, c’est essayer de les remettre entre les mains de
ceux qui les exercent. »
Michel Foulcaut.
L’artiste installe des corps de femmes vivantes dans des galeries. Elle leur retirent
la parole. Ces femmes mannequins ou embauchées dans la rue ne doivent absolument pas bouger pendant un laps de temps.
Ces corps-clones ont à chaque fois un poids
une taille et un âge semblable. L’intention
est donc d’uniformiser. Ces femmes-objets
sont souvent nues. Elles sont soumises au
regard des spectateurs. Elles portent des
accessoires typiquement féminins ( talons,
bas de nylon, faux cils, perruques).
Le traitement de l’artiste sur ces femmes
est violent, elle les enlève leur identité,
elle leur force à leur inactivité. Le corps est
colonisé. Les visiteurs entrent dans une intimité forcée qui devrait être taboue mais
elle ne l’est pas. Car dans l’intimité, il n’y a
rien à voir. Ces femmes statues, momifiées
ont influencés par leur nudité originelle, du
jardin d’Eden, mon travail. Sur la manière
dont nous percevons les choses. de ce voile
de nudité que nous imposons dans notre
perception. Cette dimension sexuelle est
exagérée dans notre regard. Ce sont juste
des organes sexuels, au même titre que des
cheveux ou un nez. Nous avons nous-même
sacralisé le sexe à nos dépends. Changeons
notre regard !
Vanessa Beecroft, Untitled
VB3, performance installation, 2001.
Elin Magnusson,
Skin,
Photogramme,
2009.
(16)
(17)
Camp
Le style «Camp» par Susan Sontag
Le «Camp» est fondamentalement ennemi du naturel, porté
vers l’artifice et l’exagération.
38. Le «Camp», c’est une expérience du monde vu sous l’angle
de l’esthétique. Il représente une victoire du «style» sur le
«contenu», de l’esthétique sur la moralité, de
l’ironie sur le tragique.
55. Le goût «camp» est avant tout une façon de goûter, de trouver son plaisir sans s’embarrasser d’un jugement de valeur.
Le «Camp» est généreux. Son but: la jouissance. Le cynisme,
la malice: purs artifices Le goût «camp» ne propose pas de
prendre
au sérieux ce qui est de mauvais goût: il ne se moque pas de
l’œuvre achevée, du drame authentique.
Mais il parvient à apprécier, à trouver un goût de réussite à des
tentatives passionnées qui ont abouti à l’échec.
Mon mémoire est dans cet état d’esprit. Un journal revue, pour
aborder des sujets qui nous dépassent. Tout en attendant.....
(18)
Ou Pas
Camp
!?
A R
T
iS