Les effets de la violence organisée sur le processus d`intégration

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Les effets de la violence organisée sur le processus d`intégration
Les effets de la violence organisée sur le
processus d’intégration des réfugiés :
Le cas des Colombiens dans une
région du Québec
Par Roxana Cledon.
Université de Montréal
La violence organisée est un moyen de contrôler
les populations à travers l’usage de la force abusive
et l’installation progressive de la terreur
Les États dont le pouvoir légitime s’est affaibli à
cause d’une histoire d’injustice, l’utilisent pour
garder le pouvoir ou laissent la voie libre à la
croissance de groupes criminels qui utilisent
cette méthode de contrôle pour leur propre
bénéfice (Duhalde 1983,1987 ; Ulloa, 1987 ;
Rubio, 1999)
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la terreur comme méthode de dissuasion et de
démobilisation sociale
la destruction des liens sociaux
le silence par la terreur
la méfiance comme méthode de survie
impression d’absurdité
Conséquences
La violence organisée amène des conséquences sur le plan
individuel et collectif. Elle conduit à une augmentation
de la violence commune. Parmi les conséquences
identifiées on retrouve le stress post-traumatique,
concept autour duquel une discussion s’est établie.
Cette discussion démontre l’enchevêtrement entre des
conséquences individuelles et des conséquences
collectives. Finalement la violence organisée pousse les
personnes à l’exil et produit des réfugiés.
La violence politique structurerait l’apprentissage de
comportements agressifs et violents par les enfants et les jeunes
qui vivent dans ce contexte (Chaux, 2003). Les études empiriques
montrent une relation entre la violence structurelle (organisée) et
la violence interpersonnelle (Rojas Viger, 2000). L’auteure
explique que dans la vie quotidienne des familles, comme c’est le
cas entre le politique et les habitants, se reproduit un jeu de
pouvoir asymétrique, cette fois entre l’homme et la femme ainsi
qu’entre les parents et leurs enfants. Ce que l’auteure nomme
«l’intériorisation de la domination», s’installe dans l’espace
psychique et fait apparaître la violence comme un comportement
normal et les valeurs d’équité dans les relations humaines et de
solidarité s’estompent graduellement.
La confiance à la loi et à la justice garantie par
l’état disparaît, en laissant place à la violence
commune comme forme de règlement des
conflits (Rojas Viguer ; Chaux, 2003 ; Riaňo,
2005).
Les individus auraient tendance à reproduire la
violence suite à une histoire de victimisation. La
sensibilité à la violence diminuerait, la tolérance
aux comportements violents augmenterait. La
violence à l’intérieur des groupes et des familles
augmente parce que les personnes auraient
tendance à développer un désir de vengeance
(Weingarten, 2004). La violence serait apprise et
acceptée dans ce contexte (Riaňo, 2005).
Les pays dont la violence organisée s’est installée depuis
des années, comme dans le cas de la Colombie,
poussent des milliers des leurs citoyens à l’exil, une
forme de migration forcée dont l’objectif principal est
d’assurer sa propre sécurité ou de sauver la vie. Cette
forme de migration contient au départ la survie comme
seul projet. Les immigrants qui arrivent au Canada suite
à une telle histoire sont ceux de la catégorie de réfugiés
(Rojas Viger, 2000 ; Bolzman, 2001 ; Riano Alcala,
Colorado, Diaz et Osorio, 2008).
Les réfugiés Colombiens ont constitué une des
vagues migratoires les plus importantes au
Canada depuis l’année 2000 ( Riano Alcala,
Colorado,Diaz et Osorio 2008). Ce qui est le cas,
aussi, dans la région de la Haute-Yamaska où
notre recherche a eu lieu.
Les chercheurs qui ont travaillé sur le processus d’intégration des
immigrants ont souligné l’importance de l’interaction entre les
citoyens de la terre d’accueil et les immigrants réfugiés dans un
contexte politique déterminé en nommant la reconnaissance de
la personne réfugiée, son histoire et sa souffrance comme des
éléments fortement importants pour la reconstruction de leur
identité dans le nouveau contexte. Le langage et la culture sont
des éléments majeurs pour faciliter et compliquer cette
interaction (Marturana et Varela, 1989 ; Badury, 1992 ;
Altamirano, 1999 ; Rojas Viger, 2000 ; Rousseau 2000 ; Bolzman,
2001 ; Vatz Laaroussi 2000, 2001, 2003, 2007b ; Pocreau et
Martins Borges 2006).
Les personnes interviewées ont
abordé différents sujets:
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La signification de la violence
Le milieu de vie violent
La question de la dénonciation
La victimisation
Des assassinats, le discours des assassins,
l’impact sur l’entourage de la victime. Le silence
et la méfiance
Le déplacement
Conséquences:
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Modification et adaptation des habitudes de vie
Fragilisation de l’équilibre émotionnel ( état
d’alerte, rage refoulée, honte , impuissance )
Pertes: sur le plan psychologique; de liberté; sur
le plan familial; sur le plan matériel
La décision de partir
L’exile
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La peur de l’inconnu
Les enfants
Le réseau
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Reproduction de mécanismes d’autoprotection
Les conflits
Limite de tolérance à la violence
Changements des dynamiques relationnelles des
familles
Perception de la liberté
Identité
Demande d’aide
Les projets d’avenir
Quatre expériences de processus d’intégration sur
lesquelles il est possible de constater les effets de la
violence organisée
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Isolement, retrait et méfiance: sentiment de profonde
solitude
Reproduction de comportements violents par une
minorité: c’est visible, préoccupe la communauté
d’accueil, mobilise plus de ressources, préoccupe la
collectivité colombienne
Deuil prolongé: attachement à l’objet nostalgique, peu
d’investissent des projets dans la terre d’accueil
Résilience, re-signification de l’expérience vécue, réseau
facilitateur de l’intégration et vie spirituelle

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