Pour devenir une sorcière L`école Un poème L`enfant qui a la tête

Transcription

Pour devenir une sorcière L`école Un poème L`enfant qui a la tête
Pour devenir une sorcière
L’école
À l’école des sorcières,
On apprend les mauvaises manières :
D’abord ne jamais dire pardon,
Être méchant et polisson,
S’amuser de la peur des gens,
Puis détester tous les enfants.
Dans notre ville, il y a
Des tours, des maisons par milliers,
Du béton, des blocs, des quartiers,
Et puis mon cœur, mon cœur qui bat
Tout bas.
À l’école des sorcières,
On joue dehors dans les cimetières,
D’abord à saute-crapaud,
Ou bien au jeu des gros mots,
Puis on s’habille de noir,
Et l’on ne sort que le soir.
À l’école des sorcières,
On retient des formules entières,
D’abord des mots très rigolos,
Comme "chilbernique" et "carlingot",
Puis de vraies formules magiques,
Et là il faut que l’on s’applique.
Jacqueline MOREAU (née en 1929)
Dans mon quartier, il y a
Des boulevards, des avenues,
Des places, des ronds-points, des rues,
Et puis mon cœur, mon cœur qui bat
Tout bas.
Dans notre rue, il y a
Des autos, des gens qui s’affolent,
Un grand magasin, une école.
Et puis mon cœur, mon cœur qui bat
Tout bas.
Dans cette école, il y a
Des oiseaux chantant tout le jour
Dans les marronniers de la cour.
Mon cœur, mon cœur, mon cœur qui bat
Est là.
Claude Roy Jacques CHARPENTREAU
Un poème
Bien placés bien choisis
Quelques mots font une poésie
Les mots il suffit qu’on les aime
Pour écrire un poème
On ne sait pas toujours ce qu’on dit
Lorsque naît la poésie
Faut ensuite rechercher le thème
Pour intituler le poème
Mais d’autres fois on pleure on rit
En écrivant la poésie
Ça a toujours kékchose d’extrême
Un poème
Raymond Queneau (1903-1976)
L’enfant qui a la tête en l’air
L'enfant qui a la tête en l'air
Si on se détourne, il s'envole.
Il faudrait une main de fer
pour le retenir à l'école.
L'enfant qui a la tête en l'air
ne le quittez jamais des yeux,
car dès qu'il n'a plus rien à faire
il caracole dans les cieux.
Il donne beaucoup de soucis
à ses parents et à ses maîtres,
on le croit là, il est ici,
n'apparaît que pour disparaître.
Comme on a des presse-papiers
il nous faudrait un presse-enfant
pour retenir par les deux pieds
l'enfant si léger que volant.
Claude Roy, Enfantasques, Gallimard, 1974

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