La fiscalité dans l`Union européenne
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La fiscalité dans l`Union européenne
La fiscalité dans l’Union européenne par Aurélie CARLIER Fiche pédagogique pour le Comité Innovations institutionnelles Conseil d’Orientation Stratégique Mouvement Européen-France La liberté de circulation des capitaux et des personnes au sein des pays de l’Union Européenne est inscrite à l’article 26 du Traité de Fonctionnement de l’Union Européenne qui définit le marché commun comme « un espace sans frontières intérieures dans lequel la libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux est assurée». La réalisation du marché intérieur, qui constitue le principal objectif économique de l’Union Européenne, implique non seulement la suppression de tout droit de douane sur les marchandises circulant d’un pays à l’autre de l’Union mais également une convergence de la fiscalité dans les différents pays de l’Union. A cet égard, l’adoption d’un système commun de TVA dès 1977 dans le cadre de la sixième directive a été un élément moteur dans la construction du marché commun et un exemple d’harmonisation fiscale réussie au niveau européen. Force est toutefois de constater que dans les autres domaines de la fiscalité, en particulier la fiscalité directe des particuliers et des entreprises, les règles applicables dans les différents Etats de l’Union divergent de façon importante ce qui constitue un frein à l’achèvement d’un véritable marché intérieur, y compris entre les 19 pays de la Zone euro. L’harmonisation des règles de TVA au niveau européen Dès 1967, les premières directives communautaires sur la TVA étaient adoptées généralisant à l’ensemble des Etats membres de la Communauté Européenne une taxe de consommation générale s’appliquant à toutes les opérations de vente de biens et de services destinée à remplacer les différentes taxes sur le chiffre mises en œuvre à l’époque dans les différents Etats membres. Ces premières directives laissaient toutefois aux Etats membres la faculté de déterminer le champ d’application de la TVA (périmètre des biens et services soumis à la taxe) ainsi que son assiette (base imposable). En 1977, la 6 ème directive imposait à l’ensemble des membres les règles d’assiette de la TVA ainsi que les contours des exonérations susceptibles d’être appliquées par les Etats membres à certains types d’activités, par exemple les activités syndicales ou les soins dispensés aux personnes. Sans fixer de taux uniforme dans l’ensemble des Etats membres de l’Union Européenne, la 6ème directive, remplacée en 2007 par la directive sur la TVA, prévoit un taux normal qui se situe entre 15 et 25 % selon les pays et un ou deux taux réduits qui ne peuvent être inférieurs à 5 %. Chaque Etat membre de l’Union Européenne peut dans ce cadre définir des taux intermédiaires et appliquer ou non des exonérations à certains secteurs d’activité énumérés par la directive TVA. S’agissant des échanges de biens ou de services intervenant entre opérateurs établis dans différents Etats de l’Union Européenne (prestations de services et livraisons de biens intracommunautaire) est mis en place pour les professionnels un numéro de TVA intracommunautaire permettant la taxation des biens et des services selon le principe de destination pour les biens et les services, sauf exception pour certaines catégories de prestations de services. La ressource TVA de l’Union Européenne, qui est une contribution des Etats membres calculée sur une assiette harmonisée de la TVA qu’ils perçoivent (1% de cette assiette pour tous les Etats membres), constitue par ailleurs une des ressources propres de l’union Européenne qui atteint plus de 11 % de son budget. Les initiatives de la Commission Européenne pour limiter la concurrence fiscale entre les Etats membres La fiscalité est un des domaines pour lequel l’adoption de dispositions au niveau communautaire exige l’unanimité des Etats membres. Le Parlement européen ne dispose par ailleurs dans ce domaine que de peu de prérogatives. Il est en outre difficile pour les Etats membres de renoncer à leur souveraineté fiscale, d’autant qu’en cette période de crise économique et budgétaire, la fiscalité des particuliers et des entreprises est un facteur exacerbé de la compétition économique internationale, y compris au sein de la Zone euro où le taux d’impôt sur les sociétés, dont l’assiette est d’ailleurs différente d’un pays à un autre, peut varier du simple au triple. Consciente de l’impact de ces disparités sur la réalisation du marché commun et des distorsions de concurrence ainsi entretenues, la Commission Européenne a lancé plusieurs initiatives afin de réduire les différences entre les systèmes fiscaux européens. Parmi les projets les plus récents dans le domaine fiscal, outre le projet de directive relative à la taxation des transactions financières qui est en débat depuis près de deux ans, la directive ACCIS (assiette commune consolidée pour l’impôt sur les sociétés) est une des initiatives les plus prometteuses. Visant à simplifier les démarches des entreprises qui opèrent au niveau communautaire et sont confrontées actuellement à 28 législations fiscales différentes, la directive ACCIS leur permettra de disposer d’un système de guichet unique au niveau de la gestion de leur impôt sur les sociétés mais également de la faculté d’agréger les bénéfices et les pertes réalisés sur tout le territoire de l’Union. Les avancées souhaitables Afin de permettre plus facilement l’adoption de dispositions fiscales harmonisées au niveau européen, il serait souhaitable que certains domaines de la fiscalité, par exemple celui de la fiscalité des entreprises, relèvent désormais d’un vote à la majorité qualifiée et non plus à l’unanimité. Afin de mettre en place plus facilement une telle réforme, cette nouvelle règle pourrait être expérimentée dans un cadre restreint, par exemple les Etats membres volontaires entre lesquels les échanges économiques sont les plus importants et pour lesquels l’absence de mise en place d’un cadre fiscal harmonisé freine la croissance des entreprises. Un des arguments importants en faveur d’une harmonisation progressive de la fiscalité des personnes et des entreprises au sein de l’Union Européenne est également la lutte contre l’évasion fiscale si coûteuse pour les budgets des Etas membres et qui se nourrit de la complexité et des disparités entre les différentes législations fiscales de l’Union.