Impact des évolutions de la réglementation bancaire sur

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Impact des évolutions de la réglementation bancaire sur
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Le système bancaire espagnol
Le secteur bancaire espagnol fait trembler l’Europe. Assis sur la bombe à retardement d’une bulle
immobilière sans précédent dans le pays (mais moins importante qu’en Irlande), les banques espagnoles
ont gagné du temps d’abord grâce au système du provisionnement ex-ante que leur imposait le
régulateur, puis à la consolidation à marche forcée qui, depuis 2009, a fait passer le nombre de grands
établissements de 50 à 14 parfois avec l’appui d’un fonds de capitalisation public, le FROB, et enfin
grâce à l’opération de LTRO. Maintenant, l’heure de vérité a sonné.
Depuis des décennies, le secteur est divisé en deux : d’un côté les grandes banques privées, cotées en
bourse avec des activités internationales diversifiées (Santander et BBVA) qui détiennent environ 35%
des actifs. De l’autre, une multitude de Cajas, sorte d’hybride entre les Sparkassen et les Landesbanken
allemandes, qui, hélas, cumulaient souvent les inconvénients des deux : une gouvernance opaque, une
politique de risque menée en dépit du bon sens et des liens beaucoup trop forts avec les gouvernements
régionaux et les autorités publiques locales.
La taille du secteur n’est pas disproportionnée (320% du PIB) et sa diversification est usuelle en Europe
(les 5 banques principales représentent environ 70% des actifs) mais il a connu une bulle colossale : les
prêts immobiliers (au sens large) sont passés de 10% du PIB en 1992 à 43% en 2009. Bénéficiant du
passage à l’Euro et de la grande bulle du crédit, les banques espagnoles ont largement financé cette
bulle sur les marchés de capitaux. L’excès de construction est tel qu’on estime jusqu’à 380Mds, les
pertes totales pouvant en résulter, une part significative revenant naturellement aux banques.
Le gouvernement espagnol a enfin pris la mesure du problème et une loi récente va organiser la
reconstruction complète du système bancaire. On peut distinguer trois grands groupes :

Les deux grandes banques internationales, BBVA et Santander, disposent de réserves et d’un
potentiel de profit suffisant pour éponger les pertes qui leur reviennent naturellement. Les
récents stress tests d’Oliver Wyman ont confirmé qu’elles n’auraient pas besoin d’aller au-delà de
ce que les stress tests EBA leur avaient imposés.

Les Cajas – qui ont souvent bénéficié d’aides du FROB – qui ont un business model viable vont
devoir se recapitaliser pour se trouver dans une situation de solvabilité suffisamment solide
pour éponger les pertes et continuer à se refinancer. Ces banques pourront bénéficier, si le
marché privé ne suffit pas, de recapitalisations par le FROB.

Enfin, les Cajas dont le business model n’est pas viable et qui ont des pertes trop importantes
seront traitées un peu comme l’ont été Northern Rock en Angleterre ou Anglo Irish Bank en
Irlande. Elles seront mises en run-off après injection de capital public pour éviter les effets
systémiques d’une faillite. Bankia BFA, qui concentre les plus grosses pertes du pays, est
naturellement le principal concerné.
Par ailleurs, pour cristalliser les pertes et éviter que le secteur immobilier ne constitue une épée de
Damoclès sur le secteur, le gouvernement espagnol veut s’inspirer de la NAMA irlandaise en créant une
bad bank chargée de reprendre (avec décote) les actifs « pourris ». Les discussions sont en cours,
notamment pour attirer des investisseurs privés, afin que la dette ne pèse pas sur la dette publique.
Document non contractuel, strictement limité à l’usage privé du destinataire, les informations fournies dans ce document proviennent de sources dignes de foi mais
ne peuvent être garanties. Les appréciations formulées reflètent notre opinion à la date de publication et sont donc susceptibles d’être révisées ultérieurement.
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Le système bancaire espagnol
L’avenir des grandes banques espagnoles (celles que nous avons citées ainsi que Caixabank, Catalunya
Caixa, Nova Caixa Galicia, Sabadell, Popular) est aujourd’hui largement dépendant de l’état des finances
publiques du pays. Santander et Sabadell sont à l’abri du fait de leurs activités internationales mais les
autres banques restent vulnérables notamment à une fuite des dépôts. Celle-ci n’a pas encore eu lieu (les
chiffres de la banque d’Espagne doivent être manipulés avec précaution car ils intègrent des effets
comptables et non économiques liés aux titrisations), en partie grâce à l’OMT, mais en cas de
dégradation massive de la situation en zone euro, elle deviendrait inévitable.
Les besoins en capitaux propres des banques seront donc sans doute inférieurs aux 100Mds€ assurés
par la facilité octroyée par la Troïka, mais le redressement des banques du pays passera aussi par une
stabilité retrouvée dans la zone euro et la certitude que les besoins en liquidités seront assurés (Union
bancaire, garantie européenne des dépôts, OMT, etc.).
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