Synthèse - Pôle Mécénat des Pays de la Loire

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Synthèse - Pôle Mécénat des Pays de la Loire
rencontres
rencontres
régionales
régionales
dudu mécénat
mécénat
21 mai 2015
Synthèse
21 mai 2015 - Angers
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2015 - Angers
LE MÉCÉNAT, UNE HISTOIRE DE RENCONTRES
Le mécénat est une véritable histoire
de rencontres.
C’est une relation dans laquelle
acteurs économiques, associatifs et
institutionnels peuvent s’épanouir, se
retrouver et dépasser leurs différences.
L’occasion pour une entreprise de
fédérer ses collaborateurs et de trouver
l’inspiration dans un autre mode de
fonctionnement. L’opportunité pour
un porteur de projet de mobiliser une
communauté autour de son action.
Rassembler des femmes et des
hommes convaincus de la nécessité de
contribuer, ensemble, à la vitalité et à
l’attractivité des Pays de la Loire, c’est
le défi que nous nous étions lancé en
organisant nos premières Rencontres
Régionales Mécénat, le jeudi 21 mai
2015.
Plus de 400 participants se sont joints
à nous, le temps d’un après-midi,
au Théâtre Le Quai, à Angers. Une
mobilisation qui avait d’ailleurs débuté
en amont grâce à la collaboration de
nombreux partenaires que je tiens
à remercier pour leur indispensable
soutien.
A l’heure du bilan de ce temps fort
qui promet de belles perspectives
de développement pour notre jeune
association lancée en janvier 2014,
nous ne pouvons que nous réjouir de
cette forte mobilisation, et en particulier
de celle des chefs d’entreprises
présents en nombre.
Comme en témoignent les nombreuses
initiatives qui fleurissent dans la région,
les Pays de la Loire constituent une
terre particulièrement fertile à l’éclosion
de projets et au développement du
mécénat. Il nous faut aujourd’hui
continuer d’encourager le dialogue
entre
collectivités
territoriales,
associations et entreprises afin de
préserver cette volonté de création,
d’innovation et de partage, au profit de
notre territoire.
Le mécénat est avant tout une histoire
de rencontres, et c’est là que réside
son plus grand intérêt.
Stéphane MARTINEZ
président du Pôle Mécénat
Pays de la Loire
@MecenatPDL
TABLE RONDE
« MÉCÉNAT D’AUJOURD’HUI : QUELLE SITUATION ? »
François DEBIESSE
président exécutif d’Admical
@ADMICAL
Arthur GAUTIER
directeur exécutif de la chaire
philanthropie de l’ESSEC
@essec
Laurence WEBER
directrice générale adjointe
du laboratoire Le Rameau
Philanthropie / Mécénat : quelle différence ?
Le terme « mécénat » n’existe presque que dans la langue française. Durant des longs siècles, le mécénat,
principalement de particuliers, s’est développé. Au 19ème siècle, il a pratiquement disparu. A la fin des
années 70, le mécénat a été relancé par Jacques Rigaud, créateur d’Admical, qui a pour vocation de promouvoir le mécénat d’entreprises. L’Admical définit le mécénat comme « un don d’une entreprise ou d’un
particulier, à une activité d’intérêt général. Cet engagement peut être réalisé en argent, en nature (don de
produits) ou en compétences, et concerner des domaines très variés : social, culture, éducation, santé,
sport, environnement, recherche… ».
Dans les autres pays, un seul mot est utilisé : « philanthropie ». Selon Arthur Gautier, directeur exécutif de la chaire Philanthropie de l’ESSEC, la définition de la philanthropie correspond à « l’ensemble
des transferts volontaires de ressources privées pour l’intérêt général ». Finalement, « philanthropie » ou
« mécénat », il ne s’agit que d’une question de vocabulaire et d’histoire, il n’existe pas de réelle différence…
Le mécénat en France : quelques chiffres
D’après l’étude réalisée par Admical*, 12 % des entreprises françaises sont mécènes, soit 159 000 entreprises pour un budget
global de 2,8 milliards d’euros en 2014. Toutefois, le nombre d’entreprises impliquées diminue, notamment en raison de la crise économique.
En 2012 : 31 % des entreprises de 20 salariés et plus étaient mécènes avec une contribution de 1.9 milliard d’euros. En 2014, elles
n’étaient que 21 % avec 1.8 milliard d’euros. Le volume budgétaire
global se maintient cependant grâce à la participation des grandes
entreprises. Dans ce contexte économique fragile, environ 20 %
des entreprises s’interrogent sur leur capacité à poursuivre leur investissement dans le mécénat.
Mais le mécénat c’est aussi la sphère du particulier, et il pèse environ 3 milliards d’euros, soit l’équivalent du mécénat d’entreprises.
D’ailleurs, 73% des chefs d’entreprises et cadres dirigeants sont
mécènes à titre personnel. Ces chiffres restent des estimations,
certaines données ne pouvant être comptabilisées.
* source : Baromètre du mécénat d’entreprise 2014
Le mécénat : quels enjeux ?
Selon François Debiesse, Président exécutif d’Admical, un des principaux enjeux du mécénat réside dans
« la professionnalisation, la capacité des mécènes à s’engager de façon plus professionnelle aux côtés des
porteurs de projets et de la capacité des porteurs de projets à être de plus en plus professionnels dans
l’exercice de leur métier ». Ceci permet notamment de mesurer l’impact des actions menées en faveur de
la société. Pour Arthur Gautier, directeur exécutif de la chaire philanthropie de l’ESSEC, « il faut encore
s’intéresser davantage à la valeur sociale créée par le mécénat en s’interrogeant non seulement sur ce qui
est bon pour l’entreprise, mais aussi pour la cause et les bénéficiaires.»
Le travail collectif constitue également un enjeu pour le développement du mécénat : travailler ensemble
avec les différents opérateurs : mécènes, pouvoirs publics (garant de l’intérêt général), institutions, porteurs de projets… pour accomplir du mécénat « efficace ». Le préalable indispensable pour « travailler
ensemble » ? La confiance : il est nécessaire de parvenir à créer une réelle relation de confiance en dialoguant, en écoutant l’autre et en étant intelligible sur les objectifs attendus.
Autre enjeu : la capacité du mécénat à s’ouvrir à d’autres approches. Aujourd’hui, le don n’est pas la
seule façon d’agir, d’autres techniques permettent d’avancer socialement, comme l’impact investing par
exemple (type d’investissement répondant à un besoin social et générant un retour financier « modéré »).
Les freins de la réglementation
La situation économique représente aujourd’hui un frein au développement du mécénat, mais également les sujets ayant trait à la réglementation, comme la défiscalisation, qui ne facilitent pas réellement
l’implication des entreprises. Notamment pour les TPE et PME où la réglementation ne permet qu’une
défiscalisation très faible car elles atteignent vite le plafond de réduction d’impôts fixé à 0,5% du CA HT.
Des discussions avec l’administration sont d’ailleurs actuellement en cours pour faire évoluer les plafonds.
Le mécénat : quelle évolution, quel développement ?
Depuis ces dernières années, les entreprises s’interrogent de plus en plus sur leur rôle au sein de la société. La réflexion s’est accrue avec l’arrivée de la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). Pour certaines entreprises, le mécénat est intégré dans la réflexion globale de la stratégie de l’entreprise, et ce dès
leur création. Il en est de même pour les particuliers pour qui le rôle de citoyen est devenu une nécessité.
Laurence Weber, directrice générale adjointe du laboratoire Le Rameau, précise qu’au-delà du mécénat
financier, de nombreuses actions sont menées pour la société et l’intérêt général, que ce soit sous forme
de mécénat de compétences, mais également de partenariat, d’échanges et interactions entre structures,
de coopération économique ou encore d’innovation sociétale. Mais, il est important, pour l’avenir, de
poursuivre ce développement et d’inventer de nouvelles formes de mécénat.
ATELIER 1
LES NOUVEAUX OUTILS DE MISE EN RELATION :
LE CROWDFUNDING
Le crowdfunding correspond à la mobilisation d’un grand nombre de
personnes via internet, pour financer directement des projets, sous la
forme de dons (25 %), de prêts (58 %) ou d’investissements (17 %).
Les trois types d’acteurs concernés sont les plateformes de crowdfunding, les porteurs de projets et les donateurs.
Profitant d’un cadre juridique peu contraignant (pas besoin d’être
immatriculé pour créer une plateforme, pas de plafond financier pour
les dons), les fonds collectés ont été multipliés par deux entre 2013
et 2014.
Le cadre fiscal est celui du régime du mécénat classique :
- Sociétés : 60 % de réduction d’Impôt sur les sociétés dans la limite
de 0,5 % du chiffre d’affaires HT.
- Particuliers : 66 % de réduction d’impôt sur le revenu et 75 % d’impôt solidarité sur la fortune.
Les dons doivent être faits à un organisme d’intérêt général et les
contreparties doivent être limitées (65 euros pour les particuliers, 25
% pour les entreprises).
Une campagne de crowfunding dure de 3 à 6 mois et se déroule en
quatre temps :
- Identification du besoin de financement
- Choix de la plateforme
- Préparation de la campagne et de sa communication
- Campagne de crowdfunding en elle-même
Selon Ulule, premier site de financement participatif européen, le cercle des financeurs
est d’abord composé des amis, de la famille
et des contacts proches (30% des dons), puis
les amis d’amis et la communauté existante
et enfin, une troisième catégorie avec les inconnus et les internautes. L’utilisation des réseaux sociaux, très puissants, est un des principaux facteurs de réussite. En complément,
raconter l’histoire du projet (storystelling), proposer des contreparties
attrayantes (CD ou accès aux backstages des musiciens par exemple),
animer la campagne et transformer les soutiens en ambassadeurs
sont également des points clés pour mener à bien le projet.
Le propriétaire du Château de Vair en Loire-Atlantique donne un
exemple concret de réussite en matière de crowdunfing. Une collecte de
10 000 euros était initialement prévue avant le lancement de la campagne. Ce sont finalement plus de 26 000 euros qui ont été recueillis
pour financer une partie de la restauration du château estimée à
400 000 euros. Cette opération a permis de gagner en crédibilité et en
confiance vis-à-vis des banques. Elle a également constitué un effet
levier (« élan de sympathie » malgré une vision parfois négative sur
ce type de financement) à l’égard des collectivités. Le Département
de Loire-Atlantique a étendu la part de sa subvention de 10 à 20 %.
Les autres structures (Région, Etat) se sont ensuite misent au diapason et leur participation respective s’est également élevée à 20 %.
L’expérience du Château de Vair montre cependant que le crowdfunding est chronophage : organiser des portes ouvertes, faire du
teasing sur les réseaux sociaux, élaborer des points presse, faire des
e-mailing prend énormément de temps. Pour concrétiser un tel projet, la notoriété médiatique (réseaux sociaux, presse, radio, TV...) est
de toute façon indispensable.
Exemple de restauration du Château : avant / après
Les intérêts pour un porteur de projet ne sont pas que financiers.
La campagne de crowfunding constitue un test grandeur nature et
permet d’impliquer son réseau pour qu’il devienne le premier ambassadeur du projet. En cas de succès, l’opération peut également
générer de la confiance.
Sophie FERRACCI
avocate associée
du cabinet Fidal
@FIDAL_conseils
Margaux THIERREE
Good Idea Manager
Ulule.com
@ululeFR
Baudouin ALLIZON
propriétaire du Château
du Vair (44)
ATELIER 2
LE MÉCÉNAT DE COMPÉTENCES :
UN LEVIER POUR SORTIR DES SENTIERS BATTUS
Croisine LAMARQUE chargée de développement
Fondation SNCF @SNCF
Si le mécène apporte souvent son « coup de pouce » sous une forme financière ou en
nature, il peut aussi proposer à ses collaborateurs (sur le temps de travail et sans perte
de salaire) de mettre leurs compétences au service d’une cause d’intérêt général. C’est
là que le mécénat de compétences entre en jeu… Une forme de mécénat moins utilisée mais pas non plus marginale et en progression : 15 % des mécènes l’utilisent (soit
24 000 sur 159 000 entreprises mécènes en France en 2014). Il se traduit par l’accompagnement d’associations (très souvent localisées en France) et s’exprime à travers une
volonté forte d’implication et de fédération des salariés. Les compétences mises à contribution sont alors en majorité professionnelles (à raison d’au moins 2 jours dans l’année
dans près d’un tiers des cas*) et peuvent par ailleurs s’effectuer en équipe.
Sarah EL FOUNINI ES-SALAH
juriste IMS et directrice associée
d’A.G.O Conseils @IMSEntreprendre
Les avantages pour l’entreprise sont nombreux : amélioration de son image et de sa notoriété
à travers une « exportation » de ses valeurs et une valorisation de son savoir-faire et de
celui de ses salariés (renforçant ou relançant au passage motivation, implication et cohésion en interne), montée en expertise, ou encore gestion des compétences et carrières.
Il peut aussi permettre l’accès à de nouveaux marchés.
Pour autant, afin que la démarche soit efficiente, certaines conditions s’avèrent essentielles et certains pièges sont à éviter.
•
•
Côté salariés, les missions doivent être attractives et suffisamment variées. Elles
doivent aussi être de courte durée, non chronophages et assez proches de l’entreprise.
Côté associations (ou autres structures bénéficiaires), la démarche ne doit pas être
génératrice de fausses promesses (assurance de trouver les compétences attendues, engagement dans le délai de mise à disposition…).
Béatrice TERCINIER
déléguée territoriale Pays de la Loire
du Réseau Etincelle
Des structures comme Mecenova, Pro Bono Lab, KOEO ou encore Admical sont au
service de ceux qui veulent se lancer dans la grande aventure qu’est le Mécénat de
compétences.
Christelle BERVAS
Association spécialiste du
mécénat de compétences
créée en 2011, conseille
gratuitement les associations.
www.probonolab.org
Plate-forme dédiée au mécénat de compétences
Site de mise en relation
entre associations et entreprises désireuses de mettre
en place des partenariat
www.koeo.net
Association qui diffuse la
pratique du mécénat en
France, Admical propose
outils, formations et rencontres aux professionnels
du secteur.
www.admical.org
* Source : Enquête Admical Pro Bono Lab «Mécénat de compétences : comment engager les actifs» 2014
chargée de communication et évènementiel de l’Agence Régionale
de développement économique des
Pays de la Loire
rencontres
régionales
du mécénat
21 mai 2015
ATELIER 3
LE MÉCÉNAT : OUTIL DE DÉVELOPPEMENT DU TERRITOIRE
Le mécénat, pratique relativement récente en France, prend en général la forme de fondations. Ces dernières redistribuent des fonds et travaillent au service de la communauté sur
un territoire déterminé. Le mécénat fédère une envie de construire en commun des projets
pour contribuer à l’attractivité d’un territoire et donc un projet gagnant collectif. C’est aussi une
manière très concrète, innovante et collaborative de faire avancer la société, de générer de la
valeur ajoutée sociétale et territoriale au niveau des acteurs.
Lyoko MIYOSHI
directrice associée
Agence EXCEL\TWBA
@agence_excel
Yann DESDOUETS
délégué régional Grand Ouest
Fondation de France
@Fondationfrance
Cinq comportements clés sont à respecter pour entrer dans cette démarche :
1. le partenariat et la co-responsabilité,
2. la passion et l’engagement pour une cause,
3. la mutualisation croisée des acteurs et des actions,
4. la co-construction et le mode projet,
5. la transparence, le code de comportement de l’intérêt général et en particulier son financement.
Pour collecter les fonds, les collectivités
s’adressent majoritairement aux entreprises
locales, en particulier les TPE/PME et font des
appels à dons auprès du grand public (à titre
exceptionnel, par exemple, pour les œuvres
d’art).
Les collectivités ont recours au mécénat selon deux modèles : une démarche de monoprojet et un programme pluriannuel pour financer de manière durable et pérenne les
actions publiques. La mise en œuvre prend
la forme d’un service intégré (service dédié
au mécénat, chargés de mission...) ou d’une
structure ad’hoc (extérieure à la collectivité :
fonds de dotation ou association).
Florence SCOUPE
présidente d’Angers Mécénat
@AngersMecenat
Collectivités : comment se lancer ?
Les collectivités qui s’engagent durablement
dans la démarche doivent faire face à plusieurs enjeux prioritaires :
•
•
Eric GROUD
•
président de la CCI
de Maine-et-Loire @CCI49
•
•
Delphine VANDEVOORDE
directrice de la Fondation de Lille
Une étude a été réalisée en octobre 2014 auprès des Français afin de savoir s’ils étaient
au courant de la démarche des collectivités :
37 % d’entre eux savaient que leur mairie
ou leur ville, leur département ou leur région
pouvaient collecter des fonds pour financer
un projet d’intérêt général. 74 % étaient tout
à fait partants pour ce type d’initiative et particulièrement dans 3 domaines : l’environnement ; l’art, la culture et le patrimoine ; puis
l’action sociale et solidarité.
50 % des Français étaient favorables à des
appels à dons auprès du grand public. De
plus, un tiers des Français sont donateurs
(49€euros en moyenne) pour financer un projet d’intérêt général, pour participer au développement du territoire.
La conduite de changement en interne
pour les acteurs,
L’analyse approfondie des attentes des
mécènes, avec des stratégies de ciblage
à adapter en fonction des spécificités du
tissu économique,
La transparence et l’éthique, (qui dit
argent dit reporting : il faut rendre compte
d’une manière précise et récurrente des
fonds collectés),
L’obligation de pédagogie permanente vis-à-vis des parties prenantes
internes et externes et la nécessité
d’impliquer l’ensemble de la structure
(les élus et les directeurs),
La notion de mode projet à mettre en
place, totalement nécessaire à la réussite
de cette démarche.
La valeur ajoutée territoriale passe par la collaboration de l’ensemble des acteurs. Pour
récolter des fonds, il faut être bon sur trois niveaux : le projet doit être attractif, puis bon en
évaluation et en impact, enfin bon en émotion
et être convaincant.
Pour rejoindre une structure territoriale de
mécénat, il faut avant tout être ancré dans
son territoire et créer la transversalité. Puis
un engagement de chacun des collaborateurs est indispensable. Il est important
également d’établir la confiance, zoomer
sur l’éthique et jouer avec la proximité :
cette trilogie est importante pour s’engager
dans la démarche du mécénat.
ATELIER 4
CONTREPARTIES : DES HORIZONS PLUS VASTES ET INNOVANTS
Les contreparties sont un ressort important d’une campagne de financement participatif. Elles permettent de créer de la valeur et du lien entre le porteur de projet et ses donateurs, de proposer une
expérience enrichie et unique, qui va au-delà de la réalisation du projet soutenu.
Pour le porteur de projet, l’enjeu est de bien comprendre les motivations de ses donateurs afin de
proposer des contreparties qui répondent au mieux à leurs attentes.
Pour les donateurs particuliers, les contreparties doivent permettre de valoriser la dimension humaine
qui est au centre de l’acte de don (l’envie de faire partie d’une communauté de sens, de partager des
moments exclusifs).
Pour les TPE et PME, la volonté de participer à l’attractivité du territoire et la construction d’une histoire commune motivent principalement le don. Plus de 70 % des PME et ETI et plus de 80 % des
grandes entreprises considèrent ainsi les associations comme des partenaires légitimes pour fédérer
et mobiliser les collaborateurs : les contreparties doivent donc aller également dans ce sens.
Dans un second temps, le porteur de projet identifie les sources de valeurs qu’il va mobiliser, de manière à ce que les contreparties soient en cohérence avec l’essence même du projet et les ressources
existantes de la structure, afin d’en limiter les coûts et de valoriser les lieux et les métiers.
Thérèse LEMARCHAND
co-fondatrice et présidente
de Culture Time
@CultureTime_
Créer de la valeur par les contreparties pour
dire MERCI @CultureTime #MécénatPDL
Hervé FILLON
expert comptable associé
cabinet Strego @Strego_EC
Les plus classiques des contreparties concernent
la visibilité et l’image de l’entreprise. Dans le domaine culturel par exemple, elles se traduisent
par la réalisation d’un dépliant, un CD, une entrée gratuite pour un spectacle.
Faut-il jouer sur l’originalité et créer l’innovation ?
Il faut tout simplement créer une histoire commune et partager des expertises ensemble. Certains mécènes structurent un programme de
contreparties en s’organisant tout en respectant
des dépenses minimales. D’autres ne suivent aucune méthodologie particulière.
C’est le cas de Strego, cabinet
d’expertise comptable, pour qui
l’aventure n’a pas été réfléchie
et s’est construite au fur et à
mesure des rencontres. Des
échanges avec des entreprises
et des artistes l’ont conduit à réaliser une exposition d’art dans
les bureaux des collaborateurs. Afin de créer
l’ambiance et d’associer les salariés à cette initiative, une commission a été constituée avec 5
collaborateurs qui participent au choix de l’artiste. L’idée de faire participer l’artiste au sein de
groupes de travail est en réflexion et pourrait être
une contrepartie innovante.
D’autres exemples de contreparties : valoriser les donateurs de façon nominative sur les réseaux sociaux
ou encore organiser des petits déjeuners pour échanger sur le thème du management. Il n’existe pas
de mauvaise contrepartie. Le contexte est basé sur la création de valeurs réciproques qui incitent au
respect des engagements. Le système de contreparties est positif dans la mesure où il repose sur un
remerciement envers le donateur. Cette initiative profite au final à un plus grand nombre (collaborateurs…) grâce à un partage d’expériences.
Comment pérenniser vos contreparties ?
Le premier objectif est d’associer ses salariés, le second de renforcer la fierté d’appartenance et le
sens du mécénat, puis de dialoguer avec les parties prenantes et définir des résultats.
Quelques conseils aux associations :
Il est essentiel de réfléchir sur le marketing de l’offre, se préparer, écouter et surtout échanger.
Laurence WEBER
directrice générale adjointe
association Le Rameau
renc
régi
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21 m
ATELIER 5
LE MÉCÉNAT, OUTIL DE DIPLOMATIE DES ENTREPRISES À L’ÉTRANGER
DANIEL CUILLER
musicien et fondateur de
Stradivaria
Lorsque l’on parle de diplomatie, on pense souvent Etat. C’est notamment le cas pour la diplomatie
culturelle, dont la France s’est faite la championne. Mais la diplomatie vaut aussi pour l’entreprise.
Le concept, récent, fait petit à petit son chemin. Pour s’inscrire dans son environnement, l’entreprise doit faire valoir ses intérêts tout en considérant les enjeux de ses parties prenantes (clients,
fournisseurs, médias, grand public, salariés...). Concept d’autant plus approprié à l’international.
CAROLINE DEROT
spécialiste du mécénat et
fondations d’entreprise
@LesTroisMondes
Faire de la diplomatie culturelle,
à travers le mécénat
Pourquoi cette opération « séduction » ? La culture est le vecteur par
excellence du lien et de la communication. Un choix pertinent donc
pour une entreprise qui cherche à s’implanter ou à développer un
marché. Le mécénat est le dispositif permettant d’allier les intérêts de
l’entreprise et l’Intérêt général tout en respectant des règles fiscales
et éthiques. Améliorer son image et sa notoriété, susciter le dialogue
et l’innovation, fédérer ses collaborateurs et filiales, peuvent être des
atouts de poids dans le cadre d’un développement à l’international.
Catherine MOREL
Enseignante-chercheur à Audencia
Nantes Ecole de Management
@audencia
Se lancer dans le mécénat, c’est avant tout tirer parti de ses connexions
et de ses rencontres humaines afin de détecter des opportunités. C’est
aussi adopter une stratégie : dois-je agir en tant qu’opérateur (j’ai les
compétences en interne) ou dois-je me positionner en tant que financeur et opérer via un relais local ? Quoi qu’il en soit, il est indispensable de bien choisir ses partenaires !
Comment ?
Laure CHAUDEY
directrice de l’Institut
Admical et auteur de «Mécènes
sertnosans
cner frontières - Comment les entreprises
s’engagent à l’internatioselanoigér
nal» @ADMICAL
tanécém ud
5102 iam 12
En profitant du réseau diplomatique français pour identifier les bons
appuis sur place, en encourageant ses salariés locaux (pour les cas
de filiales) à s’impliquer bénévolement dans le soutien d’associations,
ou encore en nouant des partenariats avec des ONG françaises implantées sur place. Attention également à adapter son action au pays
concerné ! Prendre le temps d’identifier les besoins locaux et les acteurs sur lesquels s’appuyer pour mener une action qui a du sens
pour la communauté d’implantation est essentiel.
ATELIER 6
LE MÉCÉNAT, FACTEUR D’INTÉGRATION ET DE BIEN-ÊTRE DES SALARIÉS
Le mécénat, c’est d’abord donner du sens à ses actions en prenant de la hauteur, voire en relativisant ses problèmes du quotidien :
« Se rendre et se sentir utile pour développer la confiance en soi
et la fierté de faire quelque chose de bien »
« Faire du bien pour se faire du bien »
« Mieux se connaître soi-même »
L’exemple d’une laiterie près d’Orléans est révélateur
Le dirigeant de la PME cherchait un moyen pour intéresser le personnel à son travail, et rapprocher deux catégories de salariés, les ingénieurs-qualité et les manutentionnaires. Une rencontre
avec une association de solidarité internationale développant des projets de micro-entreprises de
maraîchage dans les « pays du sud » a été un déclic. Cette association est venue présenter ses
projets au sein de la laiterie pendant 2 heures, à l’ensemble des salariés (l’usine a été arrêtée
durant ce temps). Un chèque correspondant au montant des 2 heures d’arrêt de chaine de production a été envoyé à l’association. Depuis, 60 000 euros sont versés tous les ans à l’association.
Deux salariés tirés au sort vont par ailleurs visiter les projets de l’association dans le monde entier
chaque année.
Le mécénat a également pour vertu de mieux connaitre les autres collaborateurs de l’entreprise,
de les découvrir sous un jour nouveau. Il permet de vivre une expérience collective, de révéler
souvent la force d’un groupe et de partager des émotions. Il peut même détecter des potentiels
et la richesse humaine des collaborateurs (valeurs, engagement, compétences...). Provoquer la
mixité et créer du lien interservices sont également un enjeu fort pour une entreprise.
Olivier VIGNERON
délégué général
du Réseau Etincelle
Stéphane FAUVY
Professeur de Gestion des
Ressources Humaines
@ESSCA_Ecole
Le mécénat a aussi pour vocation de valoriser :
•
Le dynamisme RH : développer le sentiment d’appartenance des collaborateurs à une entreprise
innovante et impliquée
•
La communication interne : valoriser l’engagement de l’entreprise, animer la vie interne
•
La communication externe : construire ou renforcer l’image de l’entreprise
Au final, le mécénat est devenu aujourd’hui un réel projet d’entreprise et non plus le projet du
dirigeant (arbitrage entre les salariés et le dirigeant).
Jérôme AURIAC
fondateur et directeur
général de Be-linked
@BeLinked_France
Illustration par le Groupe Facility - entreprise de nettoyage à Saint Nazaire - 40 salariés
ren
ré
du
21
CONFÉRENCE
« LE BONHEUR D’ÊTRE PHILANTHROPE »
Le philosophe Emmanuel Jaffelin montre que les chefs d’entreprise ne
peuvent plus ignorer leur rôle de «tisserands» de liens sociaux entre
les hommes dans un monde dominé par l’économie. Une conférence
dédiée à la cité antique de Palmyre en grand danger.
Photo prise le 18 mai 2015 de la cité antique de Palmyre en Syrie
(Photo STR. AFP)
L’entreprise poursuit deux finalités. La première est la production
de richesse. Elle est logique, non négociable. La seconde est humaniste, matrice des relations humaines : il s’agit de tisser du lien
social, ce que Platon appelle «l’entrelacement» dans son ouvrage
« Le politique ». Celui qui tient le manche dans un monde dominé
par l’économie, c’est celui qui crée de la richesse. À lui, donc, de
prendre le temps de servir, de rétablir le geste gratuit, de se faire
tisserand.
C’est à l’entreprise qu’échoit désormais la fonction politique. Les
élus ne peuvent plus être des tisserands, ils n’ont plus le contrôle
des événements. Le Préambule de la Constitution de 1946 édicte
que chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi.
Les politiques ne garantissent plus ce droit. « Ils sont cantonnés au
symbole : l’abolition de la peine de mort et le mariage pour tous,
demain l’adoption d’enfants issus de la PMA. »
Financiarisation de l’économie et management à l’américaine : danger !
La financiarisation de l’économie fait de
l’ombre au rôle politique de l’entreprise.
Des entreprises comme Nike ou Calvin
Klein ne sont plus que des cabinets de
marketing, la fabrication de leurs produits se faisant en Asie. A l’inverse, l’entreprise Unowhy (Montceau-les-Mines)
a rapatrié il y a deux ans en France la
fabrication de la tablette tactile Qooq
qu’elle sous-traitait en Asie et a ainsi
créé des emplois en France.
L’entreprise doit concourir à la vie harmonieuse de la cité. Marc-Aurèle écrivait : «Ce qui n’est pas utile à l’essaim
n’est pas non plus utile à l’abeille ».
Emmanuel Jaffelin dénonce la fascination qu’exerce le management à l’américaine sur les entreprises françaises.
Il constate que l’appauvrissement des
relations humaines dans l’entreprise se
lit dans la vacuité du vocabulaire utilisé. Il plaide pour un management par la
gentillesse. «Un patron gentil n’est pas
un homme faible, mais un homme qui
tire sa force de sa clairvoyance. Sa puissance, c’est sa bienveillance ».
Aujourd’hui, les gens n’aiment pas être
gentils parce qu’ils ont l’impression
de se placer du côté des faibles. Or,
le méchant est par essence un faible
qui croit tirer sa force de l’affaiblissement des autres. A l’inverse, le gentil
est un fort qui est en mesure de donner. L’étymologie rappelle que le méchant est quelqu’un qui tombe (choir)
mal (mes) – qui « méchoit » – et que le
gentil est un noble (gentilis en latin et
dans l’antiquité, gentilhomme et gente
dame à partir du XIe). La noblesse n’est
plus de naissance, mais d’essence ;
elle n’est plus de rang, mais d’élan,
plus exactement de cet élan qui nous
fait porter les autres. La gentillesse est
une forme d’empathie discrète mais
efficace qui tapisse notre société. Entre
l’empathie brûlante de la sollicitude
(Amélie Poulain) et l’empathie froide
du respect (laisser une place réservée
aux handicapés), la gentillesse est une
empathie chaude fondée sur une intelligence émotionnelle qui consiste à
rendre service à la personne qui me le
demande. Que l’entreprise développe
la gentillesse et c’est la bonne humeur,
matrice de sociabilité, qui s’exporte hors
d’elle quand les salariés rentrent chez
eux ou vont fréquenter d’autres lieux.
La gentillesse, contagieuse, anoblit ceux
qui la pratiquent sans souci de reconnaissance.
Anecdotes
La parabole des casseurs de cailloux
Qui sont les philanthropes ?
Les gens partent de l’idée que les philanthropes sont des
hommes heureux. Ce n’est pas si évident : la liste des hommes
heureux, mais égoïstes est longue : Picsou, Citizen Kane… Il
existe 1 226 milliardaires dans le monde dont Bill Gates et
Warren Buffet qui ont lancé en 2010 la campagne The Giving
Pledge (« promesse de don »). Ces milliardaires encouragent
leurs homologues à léguer la moitié de leurs biens (de leur
vivant ou post-mortem) à des fins philanthropiques. 137 milliardaires* ont déjà rejoint cette gentille élite !
Philanthropes et mécènes ont pendant longtemps été les rois
et les nobles. Au XIXe siècle, le paternaliste apporte aux ouvriers des avantages sociaux comme le logement et l’assistance médicale. La phase 3 de la philanthropie a été engagée en
1953 avec le livre d’Howard Bowen “ Social Responsibilities of
the Businessman” qui fonde la notion de Responsabilité Sociale de l’Entreprise. L’entreprise est un centre de décisions
qui peut résoudre les problèmes économiques et politiques.
Le chef d’entreprise qui pense le travail comme un moment de
bonheur devient alors « Gentilhomme » ou « Gente Dame ».
« La politique trouve là un nouveau terreau ».
En se rendant à Chartres, un pèlerin aperçoit sur le bord de
la route un homme qui casse des cailloux. Intrigué, le pèlerin s’arrête et demande : « Que faites-vous, Monsieur ? »
- « Vous voyez bien », lui répond l’homme, « je casse des
pierres ». Un peu plus loin sur le chemin, notre voyageur
aperçoit un autre homme qui casse également des cailloux.
« Que faites-vous, Monsieur ?» - « Je construis un mur ».
Plus loin, notre homme, rencontre un troisième casseur de
pierre. « Que faites-vous ? ». Les yeux illuminés, l’ouvrier se
redresse et déclare : « Moi, je bâtis une cathédrale ! ». Les
trois ouvriers font la même chose, mais aucun ne donne le
même sens à son travail qui n’a donc pas la même saveur.
La gentillesse qui sauve la vie
Dans une entreprise norvégienne qui fabrique des
chambres froides, le dirigeant fait une tournée d’inspection
le vendredi soir alors que les salariés ont quitté leur lieu
de travail. Il rentre dans une chambre froide dont la porte
se referme. Lundi, il sera trop tard ; il sera mort congelé.
L’homme se prépare au pire quand, une demi-heure plus
tard, la porte s’ouvre : c’est le gardien. Il emmène son patron dans son local, le réchauffe en le couvrant d’une couverture et en lui préparant une boisson chaude. Le patron
reprend ses esprits et lui demande : pourquoi avez-vous eu
l’idée d’ouvrir cette chambre froide ? Le gardien lui répond
: « Vous m’avez salué ce matin. En fin de journée, vous me
souhaitez toujours bonne soirée. Comme je ne vous ai pas
vu ce soir et que vous ne répondiez pas au téléphone, j’ai
pensé qu’il avait pu vous arriver quelque chose et je suis
parti à votre recherche ».
© R.Battistini
* source : givingpledge - chiffre actualisé de septembre 2015
Emmanuel JAFFELIN
philosophe et écrivain
Agrégé de philosophie, il a mené une carrière de diplomate en Angola et au Brésil. Il
enseigne actuellement dans les lycées Lakanal de Sceaux et Montesquieu au Plessis-Robinson (92). Son champ de réflexion relève de la philosophie morale à partir
de laquelle il interroge la société, l’entreprise... ou la prison, aussi bien que la famille
et l’école. Il prône l’émergence d’une nouvelle éthique, celle du « gentilhomme ».
Auteur de cinq ouvrages dont le dernier en date est « Apologie de la punition »,
paru en 2014.
BONUS EN IMAGES
QUELQUES TEMPS FORTS DE LA JOURNÉE
REMERCIEMENTS
Cette synthèse a été réalisée par la Chambre de Commerce et d'Industrie de Maine-et-Loire
Rédaction : Lorissa BURLOT, Fabienne POUPELIN, Grégory LOUSSOUARN, Fabien GRIMAUD,
Alain RATOUR - Mise en page : Cécile GROSBOIS - Dépôt légal : juil. 2015. Publication
en accès sur le site Internet du Pôle mécénat : www.paysdelaloire-mecenat.fr
EN PARTENARIAT AVEC :
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Conception : Direction Marketing-Communication / CCI de Maine-et-Loire / septembre 2015
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