L`Amérique centrale Le Guatemala

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L`Amérique centrale Le Guatemala
Chers membres,
Ça y est, c’est ma dernière chronique… Je vous la livre avec un curieux mélange d’enthousiasme pour l’expérience bien
spéciale que j’ai vécue au Guatemala et le sentiment d’être « en manque », de je ne sais trop quoi – probablement de
cette belle énergie qui nous fait sentir vivant et vibrant quand on a le sentiment d’être utile à son prochain, qu’il soit tout
près ou ailleurs sur la planète.
Cette chronique est différente des précédentes, plus neutre. Je souhaite simplement vous donner une idée de ce pays qui
m’a beaucoup plu. Je n’essaie pas de vous vendre un voyage, soyez rassurés. Dans le cadre d’un séjour de coopération
humanitaire où les fins de semaine (trois jours et deux jours en alternance) sont consacrées à une excursion touristique
(ou culturelle, selon le point de vue), il est possible de se faire une bonne idée d’un pays, surtout si l’on ne craint pas
quelques heures d’autobus – neuf heures entre la capitale et Tikal, sur des routes en lacets et dans un autobus scolaire
« retapé », c’est-à-dire avec des sièges individuels plus confortables. Mais pas de toilette et les amortisseurs laissent à
désirer… mais c’est un détail.
Voici donc un bref aperçu du Guatemala et de ses charmes. Si le sujet vous intéresse, je vous suggère tout de même de
consulter un guide de voyage qui saura beaucoup mieux que moi vous donner le goût de partir et vous proposer plusieurs
itinéraires.
Un bref aperçu géographique : Amérique centrale et Guatemala
Je regrette un peu le manque d’intérêt que j’avais pour la géographie quand j’étais au secondaire. Il n’y a pas longtemps
que je fais une distinction entre l’Amérique du sud et l’Amérique centrale ou que j’arrive à situer le Guatemala sur une
carte. Au cas où quelques-uns d’entre vous seraient comme moi, je joins deux cartes pour vous aider à « voir » où se
trouvent les différents lieux que je vous mentionne au fil de la présente chronique. 1
L’Amérique centrale
Le Guatemala
La Ciudad de Guatemala : quatrième capitale du Guatemala (1773)
La Ciudad de Guatemala (ou très souvent « Guatemala Ciudad »), capitale du pays depuis 1773, est la plus grande ville
d’Amérique centrale. Parmi les différents monuments et édifices qui la caractérisent, les plus anciens sont situés autour
du parc central et plusieurs datent de l’époque coloniale. Au nord du parc, le Palacio Nacional (1939-1943) a été le siège
de la présidence jusqu’en 1998. Le kilomètre zéro, point de départ de toutes les distances au Guatemala, y est situé. À
l’est du parc, la Catedral Metropolitana (1782-1809) impressionne surtout parce qu’elle a bien résisté à deux importants
tremblements de terre. Dans ce même environnement, la Biblioteca Nacional (1957) se démarque par les reliefs de sa
façade.
Le Palacio Nacional
La Catedral Metropolitana
La Biblioteca nacional
Au sud du parc, le quartier des affaires et ses nombreux édifices en hauteur appartiennent résolument à la modernité.
Traversé par la large Avenida de la Reforma, ce quartier loge la Torre del Reformador (1935) qui s’inspire de la Tour Eiffel
et a été érigée à la mémoire du dictateur « libéral » et réformateur, le président Barrios (1873-1885), qui voulait réunir
tous les pays d’Amérique centrale en une seule entité.
L’Avenida de la Reforma
El Torre del Reformador
Antigua : ville du patrimoine mondial de l’Unesco
Avec le Parc national de Tikal (au nord) et le parc archéologique et ruines de Quirigua (à l’est), l’ancienne capitale du
Guatemala (1543-1773) fait partie du patrimoine mondial de l’Unesco. Dominée par trois volcans – l’Acatenango (qui se
prête bien à l’escalade), l’Agua (célèbre pour sa coulée de boue qui lui donna son nom et détruisit la Ciudad Vieja en
1541, une catastrophe qui pourrait encore se produire) et le Fuego (encore en activité) – la ville de 35 000 habitants est
considérée comme un site exceptionnel. Antigua est célèbre pour son architecture coloniale espagnole et prospère grâce
au tourisme et à ses nombreuses écoles de langues.
Une rue typique d’Antigua
Le Volcan Fuego et ses fumerolles
Comme pour toute ville du patrimoine, il y a beaucoup à voir. Voici un petit aperçu : après les photos de la ville au pied
des volcans, celle de l’Arc de Santa Catalina Mártir (1693) est sans doute la plus caractéristique d’Antigua. L’arc avait
été construit pour que les religieuses puissent passer de leur couvent au jardin d’un terrain voisin sans être vues et
vraisemblablement sans rien voir… Pour rester dans le domaine religieux, l’église de la Merced, style baroque (17491767), est une survivante; elle a été endommagée par plusieurs tremblements de terre, mais elle a résisté à celui de 1773
qui a pourtant détruit une partie de la ville. Restaurée en 1997, elle « vaut le détour » comme disent les guides. C’est
le cas aussi pour l’ancienne cathédrale qui a remplacé (1669-1680) une église du XVIe siècle, et qui a par la suite été
ravagée par le tremblement de terre de 1773. Reconstruite en 1820, les ruines de la précédente sont présentes en fond
de scène.
Arc Santa Catalina Mártir
La Merced
Il y a aussi tout ce qu’on ne voit pas, comme les magnifiques jardins intérieurs des maisons de style espagnol. La Villa
Ramirez où je logeais durant ma semaine de cours d’espagnol en abritait plusieurs.
L’ancienne cathédrale
Villa Ramirez - jardin intérieur
Au milieu de la jungle, les ruines Maya de Tikal : fascinant
Avez-vous été fascinés par l’histoire des Aztèques, des Incas ou des Mayas? C’était mon cas! Je lisais tout ce qui me
tombait sous la main – malheureusement, c’était peu. Internet n’existait pas et il n’y avait pas de bibliothèque publique
dans mon village, uniquement quelques livres à l’école, mais… L’Encyclopédie de la jeunesse (Grolier) à la maison,
payable « à tempérament », déjà!
L’édification de Tikal a commencé au IVe siècle avant J.-C et a connu son apogée entre les années 200 et 900 de notre
ère. L’abandon du site se serait produit vers la fin du Xe siècle. L’estimation de sa population varie entre 10 000 et
90 000; ce dernier nombre serait le plus plausible, semble-t-il. Avec les populations qui vivaient dans l’environnement
du site, il pourrait y avoir eu autour de 425 000 habitants. Les indigènes et descendants des Mayas n’ont jamais oublié
l’existence de Tikal, immense cité enfouie dans les forêts tropicales du nord du pays. Mais ce n’est qu’en 1848 que le site
a été « officiellement » découvert et que des croquis ont commencé à circuler. Le dégagement de quelques ruines de la
végétation tropicale qui les dissimulait a commencé en 1881-1882. Le site de cette vaste cité maya s’étend sur 16 km2
et on estime qu’il rassemblait environ 3000 structures : temples gigantesques, palais royaux, bâtiments administratifs,
résidences, jeux de balle, peut-être même une prison. Fait à noter, il n’y a aucune ressource en eau sur ce site. L’eau de
pluie était recueillie et stockée dans dix réservoirs – dans cette région, il tombe en moyenne 1945 mm de pluie chaque
année. Au nombre des hypothèses qui sont avancées sur la raison de l’effondrement de Tikal, on mentionne qu’une
sécheresse prolongée pourrait avoir joué un rôle. Détail anecdotique : George Lucas a utilisé Tikal comme décor dans
l’épisode IV de Star Wars. Les quelques photos que je vous propose ne représentent qu’une infime partie d’un site sur
lequel on peut passer de nombreuses heures, si ce n’est des journées complètes.
Une partie de la forêt où se trouve Tikal
Jeu de balle au pied du temple
Le plus haut temple de Tikal
Pyramide tronquée
Enfoui sous la végétation
Le cebia, arbre sacré des Mayas, symbolisant l’âme de
l’univers reliant le ciel, la terre et l’inframonde
(reconstitution photographique)
Le lac Atitlán : une beauté naturelle dans un écrin volcanique
À 150 km de la Ciudad de Guatemala, la région du lac Atitlán se situe au cœur du monde maya. Les volcans y occupent
une place prédominante tout autour du lac et on craint toujours leur colère. C’est aussi le lieu où le culte de Maximón
(saint Simón) est le plus vivant et s’exerce en parallèle avec le catholicisme. C’est un « saint » que les Mayas vénèrent
partout au Guatemala; il est en quelque sorte l’incarnation de la dualité de la pensée maya, bon et mauvais à la fois. Il boit
de l’alcool fort, il fume, on le prie pour avoir de la pluie ou demander sa protection, il veille sur les récoltes mais aussi sur
les femmes dont les maris sont absents et peut même les engrosser à l’occasion, il profère des insanités et encourage à
la luxure. Tout un personnage, quoi! et qu’on retrouve parfois dans certaines églises avec les saints plus « conventionnels
» du culte catholique.
Lac Atitlán
Maximón
Près du lac, de petits villages agrémentent notre parcours et nous permettent quelques visites au marché public, ou
simplement une brève promenade dans les ruelles où les habitants portent les couleurs traditionnelles de la région.
San Antonio Palopó
Les tuk-tuk
Vers le débarcadère
Un marché public
Je terminerai ce périple avec la ville de Chichicastenango, très prisée des touristes. Le jeudi et le dimanche, la ville
devient un gigantesque marché où affluent tous les commerçants de la région. On y trouve de tout! Mais il faut
constamment se surveiller; car c’est aussi un endroit idéal pour les pickpockets, petits et grands. Sur les marches de
l’église, des fleurs et des bouteilles d’ « aguardiente » (l’alcool préféré de Maximón) peuvent être achetées pour offrir aux
saints, qu’ils soient mayas ou catholiques. À l’intérieur, marimbas, flûtes et tambours accompagnent le rituel dominical.
L’église de Chichicastenango
Marché du dimanche à Chichi
Au revoir Guatemala!
Déjà un mois que je suis de retour… Je suis encore enchantée de cette expérience que je compte renouveler l’an
prochain. Mon formulaire de demande est rempli. Il ne me reste qu’à croiser les doigts pour faire partie des heureux élus.
J’aurais plaisir à retourner sur les chantiers où j’ai travaillé et à en découvrir de nouveaux, peut-être au Salvador et au
Honduras. Merci de m’avoir lue. En ce qui me concerne, j’ai eu du plaisir à vous parler de mon séjour. C’est un excellent
exercice pour stimuler la mémoire.
J’ai failli oublier : je suis profondément reconnaissante à la Bibliothèque du voyageur Gallimard (Guatemala-BelizeYucatán), à Beauté du monde Larousse (l’Amérique centrale et les Antilles), à Wikipedia et à Google. Fantastique toute
cette information au bout des doigts!
¡Hasta luego! chers lecteurs!
Diane